| Le prix de la vengeance [Tobi/Jo] |
| | (#)Lun 30 Déc 2019 - 19:50 | |
| Un regard à gauche, un regard à droite, comme s’il s’assurait que la voie est libre avant de traverser la rue. Pourtant, si ses yeux sont à l'affût du moindre mouvement, c’est bien parce qu’il veut s’assurer que personne n’est témoin de sa présence ici. Il s’est fait coincer une première fois et cette expérience a été plus que désagréable : il préfère doubler sa garde pour éviter de se faire écraser une seconde fois sur le pavé par le poids d’un policier. Devant la porte de l’appartement des Doherty, il soupire fortement en posant son front dessus pour récupérer un peu de chaleur. Il a des frissons, Joseph, et ce n’est pas à cause de la température tropicale à Brisbane. C’est plutôt la nervosité qui assèche sa gorge et qui tend ses muscles depuis plusieurs jours. Il se déteste d’avoir accepté la proposition de Lou parce que, tous les soirs, il doit rentrer chez Deborah et faire mine d’être épuisé de son boulot de garde du corps alors que toute la journée il a été occupé à récolter l’argent noir la paume grande ouverte. Et puis, ce nouveau boulot illégal le met encore plus en contact avec la drogue qu’il essaye d’éviter parce qu’elle a commencé à le tuer depuis qu’il a glissé une aiguille dans son bras à sa sortie de prison. Il se coince lui-même dans un cercle vicieux, le garçon têtu, mais il ne peut pas s’empêcher de faire des choix qui le mettent à risque parce que c’est ce qui le fait respirer. Ça lui donne une raison de se réveiller le matin : luter pour sa survie dans une ville qui ne l’a pas choisi et qui tente tous les jours de le jeter à la mer.
Il glisse la clé dans la serrure en serrant les dents et un clic se fait entendre. Bientôt, le battant de la porte s’ouvre doucement et il entre dans l’appartement en s’assurant une dernière fois qu’il n’est pas suivi – il est peut-être un peu trop paranoïaque et son comportement le rend encore plus louche. En faisant glisser son sac à dos sur ses épaules, il entre plus profondément dans la maisonnée en balayant les premières pièces du regard à la recherche d’un visage qu’il connait. Distrait, il enfonce sa main dans la plus grosse pochette de son sac pour récupérer une liasse de billets verts qu’il coince entre ses doigts en se dirigeant vers le salon. L’appartement semble vide et ce n’est pas surprenant : les vendredis soirs sont parfaits pour sortir dans les boîtes de nuit ou pour simplement dégourdir ses jambes. Devant le coffre-fort caché dans une armoire à gauche du canapé, il se racle la gorge avant de composer la combinaison secrète avec son doigt. Évidemment, sa mémoire a enregistré les trois nombres en seulement quelques secondes et c’est là sa première qualité : il n’oublie jamais rien. Après avoir rangé l’argent dans la grosse boîte métallique, il glisse sa main un peu plus bas pour atteindre la boîte dans laquelle se cache la marchandise de drogue. Seulement, alors qu’il plonge la main au milieu des sachets, il entend un grincement derrière lui et il se retourne vivement pour faire face à un homme qu’il n’a jamais vu auparavant (enfin, c’est ce qu’il croit, son visage n’est pas assez éclairé) mais qu’il associe immédiatement à l’homme dont Freya lui a parlé. « Tobias, c’est ça ? Le frère de la famille ? » Il ne l’a pas encore rencontré, ce type. Il était absent lorsque Lou a présenté tout le groupe à Joseph. Peut-être qu’il était occupé à se branler sur la Bible (pardon). « Sors pas de flingue, j’suis dans le coup, Jo, si on t’a parlé d’moi. » Et il tourne à nouveau les talons pour se procurer une dizaine de sachets qu’il range dans son sac.
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| | | | (#)Ven 3 Jan 2020 - 23:43 | |
| Ce n’était pas une bonne idée, Tobias, que d’essayer de se faire un rail sur le rebord du lavabo. Premièrement, parce que du blanc sur blanc ça se voit quand même pas tellement ; deuxièmement parce que ça tombe par terre et troisièmement parce que n’importe quel trou du cul sait que si le lavabo en question est mouillé, la drogue va y rester accrochée. Abruti de Doherty, obligé de sniffer comme un forcené pour arriver à ses fins, et le voilà déjà avec une narine en sang ce qui, au moins, ajoute une mince touche de couleur au décor ennuyant. Tout a toujours besoin d’une petite touche de rouge, de ci de là, mais il n’attend pas longtemps avant de se fourrer du papier toilette dans les narines et de ressortir de la salle de bains aussi fier qu’un paon. Depuis qu’il a eu la merveilleuse idée que de proposer son propre appartement comme QG d’un nouveau gang de drogués, il n’est plus étonné de retrouver des têtes qu’il ne connaît pas fouiller aux pieds de son lit. C’est parce qu’il est très intelligent, aussi, Tobias, de ne pas avoir pris la peine d’assister à la réunion de présentation et de briefing.
« Tobias, c’est ça ? Le frère de la famille ? » Le frère de la famille arque un sourcil interrogateur avant de finalement hausser les épaules. S’il connait son prénom c’est que ça doit être safe. S’il connaît le code du coffre, s’il est entré sans toquer, s’il n’est pas plus effrayé qu’un mouton pendant l’aïd (pardon) : c’est que ça doit être safe. Le brun n’est pas du genre à paniquer pour un rien ou sur-réagir à la moindre alerte, il est seulement le tsunami qui prend le nom de “force tranquille”, qui se déferle seulement au gré de ses envies sans n’avoir pris le temps de prévenir personne au préalable. C’est juste ça, Tobias, et là il est dans un de ses bons jours alors l’inconnu n’a rien à craindre, encore moins s’il vient ramener quelques jolis nouveaux billets dans le coffre fort de la bande. « Sors pas de flingue, j’suis dans le coup, Jo, si on t’a parlé d’moi. » Le premier réflexe du dealer est de rigoler, lui qui n’a jamais su où il avait dernièrement déposé son arme il y a de ça des années. Il en avait une et Dieu seul sait comment ce fût difficile pour lui de se la procurer, dans ce pays de merde où plus personne ne porte d’armes à cause d’un simple petit attentat ; de quoi faire rouler ses yeux à l’infini sur leur orbite. Le fait est qu’il en a eu un pendant quelques jours et qu’il l’a perdu, voilà le fin mot de l’histoire, voilà la seule raison enfantine pour laquelle Tobias rigole alors que l’inconnu face à lui pourrait être en train de lui sortir le mensonge du siècle. ”Ouais p’tet qu’on m’a parlé d’toi, j’ai pas r’tenu les prénoms.” Il n’a pas cherché à le faire non plus, tout simplement parce qu’il n’en a rien à faire de savoir comment ses parents l’ont appelé le jour de sa naissance. Il est le mouton noir de la bande, les autres vont rapidement apprendre qu’il va leur causer plus de problèmes qu’il ne sera capable d’en résoudre. ”Tu sais que ta tête m’dit un truc, Jo ? J’ai encore plus envie d’te frapper que la plupart des gens.” Le comité d’accueil des Doherty, un incontournable de la région. Pourtant Tobias a beau être le premier des imbéciles, il a un flair qui ne le trompe que rarement, raison pour laquelle il se décide à allumer la lumière (actionnant une seule ampoule sur les trois que composent la lumière de son plafond, parce qu’il a la flemme de changer les deux autres et qu’il y voit très bien comme ça). Il réduit la distance entre eux avant de s’accroupir à ses côtés en même temps que Jo continue de remplir son sac de drogue comme si de rien n’était. Tobias n’est pas au courant des civilités, son visage est arrêté à quelques centimètres à peu de celui de l’autre dealer. ”J’t’ai déjà vu. T’traînes sur mon territoire. J’suis sûre que c’est ça. T’bossais pour qui, avant ? T’as pas une tête de solitaire.” Il a le genre de tête à se faire manger par le premier venu, si jamais vous voulez l’avis de Tobias.
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| | | | (#)Sam 4 Jan 2020 - 2:09 | |
| Ce soir, Joseph n’a pas envie que sa petite visite chez les Doherty s’éternise trop longtemps. Les présentations avaient été faites entre tous les membres de « la ruche » (ce nom est une idée des autres, Jo plaide non coupable. Les filles trouvent probablement que les abeilles c'est trop mignon.) et, franchement, l’ex taulard n’avait pas réellement éprouvé l’envie de les connaître davantage. Il a changé depuis qu’il n’a plus le cœur d’un criminel mais il laisse encore le bénéfice du doute : peut-être qu’il trouvera du positif dans ce petit groupe. Peut-être qu’il arrivera enfin à ressentir ce qu’il ressentait quand il côtoyait la famille qu’il avait trouvée quelques années plus tôt mais qui avait été réduite en cendres récemment. C’est bien ce qui l’a poussé à accepter la proposition de Lou : l’espoir d’être à nouveau comblé comme il l’a déjà été. Alors qu’il pensait pouvoir ressortir de l’appartement sans réveiller personne et sans forcer la moindre discussion avec un membre du groupe (c’est pas que le sujet de la température ne l’intéresse pas mais il préférerait retourner chez lui pour peut-être s’étendre devant la télévision avec Deborah), une silhouette fend son champs de vision et il se voit obligé de faire les présentations. De loin, il ne reconnait ni Jeremiah ni aucune des filles, à moins qu’elles aient décidé de se raser la tête dans les derniers jours. Pour tout de suite baisser les armes, il rassure l’inconnu en se présentant mais ce dernier ne semble pas éprouver davantage d’intérêt à son égard – et c’est tant mieux. Alors, Joseph retourne à ses occupations dans l’espoir de quitter rapidement les lieux. Malheureusement, l’homme s’approche de lui pour probablement l’analyser de plus près comme le ferait le curé devant un groupe d’enfants (pardon). « Tu sais que ta tête m’dit un truc, Jo ? J’en ai encore plus envie d’te frapper que la plupart des gens. » Surpris, le concerné hausse un sourcil et se redresse pour mieux faire face à celui qui se permet déjà d’être agressif. La lumière maintenant allumée, il peut observer les traits de son visage et sa mémoire d’éléphant ne lui fait pas défaut : la plus petite aiguille de l’horloge n’a pas le temps de faire un saut vers l’avant qu’il le reconnait. Il décide de cacher sa réaction derrière la surprise de découvrir un morceau de mouchoir dans le nez de celui qui essaye de se donner des airs de méchant de Disney. « T’as un tampon dans la gueule. » qu’il soulève en pointant le milieu de son visage avant de se remettre à la tâche comme si l’autre n’existait plus. Il se souvient de lui, de chaque billet vert qu’il a glissé dans sa main en échange de cocaïne et il se souvient sa volonté de rencontrer le gang de Joseph. Une volonté qui l’a fait éclater de rire. « J’t’ai déjà vu. T’traînes sur mon territoire. J’suis sûr que c’est ça. T’bossais pour qui, avant ? T’as pas une tête de solitaire. » Devant ces suppositions ratées, le plus vieux ne peut s’empêcher de cacher un rire derrière sa barbe. Il secoue la tête de droite à gauche et se déplace d’un pas vers la droite pour éviter de sentir davantage l’haleine de celui qui se prend pour un autre. Il en profite pour s’emparer d’un crayon qui traîne sur la table basse pour inscrire la quantité de drogue qu’il a sortie du coffre-fort. « J’traîne pas sur ton territoire, gamin. Ça fait presque cinq ans que j’suis hors service. » Il commence, avant d’insulter la mine du crayon qui se casse et qui se perd en dessous de l’armoire. « Mais t’y es presque, je suis certain que tu peux y arriver. On peut jouer à la charade si ça peut t’aider à t’rappeler d’la belle époque où tu m’aurais lécher les bottes pour que j’te présente à mon patron. » Agacé, il s’attaque à la pointe du crayon pour la creuser avec son ongle dans l’espoir de déterrer un recoin de graphite. |
| | | | (#)Jeu 16 Jan 2020 - 20:37 | |
| « T’as un tampon dans la gueule. » Et parce que Tobias est le plus vif des esprits brillants, il prend le temps de passer sa main près de son nez pour vérifier qu’il n’a pas confondu le papier toilette avec un des trucs que sa soeur laisse traîner partout. En plus, l’inconnu se confond dans des rires la seconde suivante, ce qui a le don d’énerver Tobias qui comprend de moins en moins ce qui est en train de se dérouler sous ses yeux. Il ne commet même aucune faute dans le protocole établi par Lou, faisant de lui un être irréprochable et c’en est plus qu’ennuyant, encore une fois. Il lui a déjà reproché d’avoir une tête à claque et a de ce fait utilisé sa seule carte joker / son cinquième as. Il serait assurément le pire joueur de poker du pays, trop franc, trop pète-sec, incapable de prendre du recul sur quoi que ce soit. « J’traîne pas sur ton territoire, gamin. Ça fait presque cinq ans que j’suis hors service. » C’était donc ça, le cheveux gris qu’il a vu traîner sur le haut de son crâne. Lou a recruté un vieux en pensant sûrement qu’il pourrait leur amener quelque chose d’aussi inutile qu’est l’expérience. Le monde du trafic change quotidiennement, l’expérience ne sert à rien, il faut au contraire être capable de s’adapter au jour le jour. « Mais t’y es presque, je suis certain que tu peux y arriver. On peut jouer à la charade si ça peut t’aider à t’rappeler d’la belle époque où tu m’aurais lécher les bottes pour que j’te présente à mon patron.” Vous le voyez, le regard de celui à qui on vient de donner toutes les pièces du puzzle mais qui n’a toujours pas compris le motif qu’il est supposé former ? C’est Tobias. Sa tête se penche peu à peu dans un sens, sûrement dans l’espoir fou de ramener tous les neurones de son cerveau dans un seul et même coin pour qu’ils puissent s’assembler. Ensuite, l’illumination. ”Oh, merde.”
Ce n’est pas un merde de désespoir, de déception ou même de honte ; c’est le merde de quelqu’un qui vient de flairer les emmerdes, et selon lui il n’y a pas de meilleur odeur dans ce monde. Ce n’est pas réellement des Manthas qu’il le connaît, c’est là où tout a commencé mais certainement pas là où s’est passé le meilleur moment. La partie la plus jouissive de l’histoire n’est arrivée que bien après et à en juger par la réaction de Joseph (vous voyez, les souvenirs reviennent peu à peu), il n’a jamais appris la plus croustillante de toutes les anecdotes du monde. ”C’était comment, la prison ?” Ses yeux sont bien décidés à ne plus le quitter, même si le second dealer est bien trop occupé à se salir les mains sur le crayon de bois - lutte acharnée contre ce dernier qu’il est d’ailleurs en train de perdre. C’est désormais à son tour de distiller les informations, pour arriver doucement mais sûrement à ce moment d’apothéose dans lequel il comprendra enfin la véritable raison de ce séjour en prison dont peu ont finalement entendu parler, en dehors des concernés. |
| | | | (#)Jeu 23 Jan 2020 - 19:49 | |
| Joseph a l’impression de faire face à un gamin de treize ans qui, un matin pas comme les autres, s’est réveillé dans le corps d’un homme dans la vingtaine et qui a décidé de jouer les malins en arborant cette carrure plus musclée. Il a beau posséder les bras pour maintenir un ours contre le sol, on dirait qu’il a oublié d’entraîner le muscle le plus important : celui dans son crâne. C’est probablement pour cette raison qu’il a accepté l’offre que lui a proposé Lou. Si Joseph lui a serré la main, à cette fille qui pense contrôler Brisbane entière, c’était pour retrouver la sensation de faire partie d’une famille mais, jusqu’à présent, il ne fait que regretter plus le temps défile. Les jours du calendrier se noircissent, s’enflamment et s’entassent en résidus de braise sur le sol sans que Joseph ne puisse éteindre l’incendie. Il a replongé et le passé lui a appris que seule la prison pourrait l’empêcher de commettre encore et encore les mêmes erreurs mais il est hors de question d’y remettre les pieds. Il n’aura pas de troisième chance tant que son cœur pompera son sang dans ses veines (c’est une autre façon de dire que seule la mort lui redonnera sa liberté).
Indifférent, le plus vieux continue de jouer les sourds et aveugles en bourrant son sac de provisions illégales. Il se souvient de Tobias maintenant qu’il a pu voir son visage dans la lumière. Tous les deux n’ont jamais entretenu une relation basée sur les compliments et les fleurs. En fait, Joseph a préféré éviter le jeune garçon lorsque celui-ci a montré de l’intérêt pour son gang : de un, il sait qu’il faut éviter d’opter pour la vie criminelle lorsque d’autres options s’offrent à nous et, de deux, il n’a jamais eu l’impression qu’eux deux pourraient s’entendre comme des frères. Alors, cette journée-là, quand le jeune délinquant avait fait part de son désir de rejoindre les rangs de son gang, il lui a ri au nez pour le protéger lui et pour protéger les manthas d’une présence néfaste - oui, il l’a jugé du premier regard sans jamais tenter d’apprendre à le connaître davantage. Il n’était qu’un client comme tous les autres dépendants, après tout. « Oh merde. » Joseph glousse et observe l’autre du coin de l’œil tandis qu’il réalise peu à peu la raison pour laquelle il a l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Avant même de le laisser enchaîner sur des insultes (il les sent venir, celles-là), il le coupe et le rassure faussement : « Au moins, t’as réussi à t’faire recruter pour la ruche, félicitations. » Son ton est sarcastique. « Lou et toi partagez plus que cette passion pour le marché noir, peut-être ? » Il s’accroche à son regard juste assez longtemps pour le laisser capter qu’il vient d’assumer que personne n’aurait envie d’engager un mec comme lui s’il n’y avait pas eu de faveurs sexuelles en second plan. Puis, il décide que Tobias ne mérite plus de se faire écouter et il dévie son attention vers la seule chose qu’il est venu faire ici : son boulot. Sa lutte acharnée contre la mine du crayon s’éternise et la voix moqueuse de Tobias s’élève une énième fois. « C’était comment, la prison ? » Le concerné se crispe et son regard se fixe un peu trop longtemps sur le crayon sans qu’il ne bouge d’un poil. Il réfléchit : il essaye de comprendre comment le plus jeune aurait pu savoir pour son incarcération. Après tout, ce n’est plus un secret, alors il ne s’inquiète pas davantage et il décide de répondre en usant encore et toujours de son bon ami le sarcasme : « Génial ! T’es en train de planifier un p’tit voyage là-bas ? » Il l’observe du coin de l’œil en mettant son opération de côté pour le moment, remarquant le regard enfantin et satirique de celui qui semble posséder trop d’informations. Il y a quelque chose de louche dans sa façon d’amener la situation, comme s’il en savait plus qu’il ne devrait. « Y’a quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? » Arrête de tourner autour du pot et laisse-moi terminer mon boulot et faire comme si on s’était pas croisés ce soir.
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| | | | (#)Mer 29 Jan 2020 - 17:33 | |
| Joseph, ça (ou il, si vous préférez) va devenir son meilleur ami. Meilleur pire ennemi. Meilleure quelque chose, en tout cas, parce qu’il amuse Tobias bien plus que quiconque n’a jamais su le faire auparavant. Tout dans son attitude est à l’opposé de Tobias, il a l’impression d’observer un miroir déformant et c’est assez plaisant. Il n’y a qu’aux Doherty que la vue d’une réalité déformée encore pire que leur quotidien pourrait plaire, de toute façon. ”On partage tout un tas d’passions, ouais.” Et si elle l’entend, elle le tue aussitôt. Et si elle ne l’entend pas, Joseph fera passer le mot un jour où l’autre et elle le tuera aussitôt. Dans tous les cas, il va commettre un impair et elle va le tuer parce que ça fait parti du contrat et qu’il n’a pas eu à lire les petits caractères pour être au courant de ça. Il savait à peu près dans quoi il s’embarquait et cela ne l’a jamais rebuté ; si en plus il peut sous entendre entretenir une autre forme de relation avec Lou alors ça l’amuse d’autant plus. Autant dire que non, il n’a pas compris un seul des sous entendu de Joseph, il pense seulement que ce dernier pourrait être jaloux de ne pas avoir tout un tas d’passions communes avec Lou lui aussi.
Leur passé plus ou moins commun (bien moins que plus) dans les Manthas ne dérange en rien Tobias maintenant qu’il a su remettre un nom et une histoire sur son visage. Il est habitué aux défaites et aux refus, ce ne sont que des raisons de plus pour lui pour continuer à vivre sa vie pour toujours être pire et faire pire. La preuve en est : on lui a refusé l’accès dans un lieu, il en a détruit ledit lieu pour en trouver un bien pire ensuite dans le nom du Club. On lui refuse quoi que ce soit et il se l’octroie de lui même ensuite, voici ce qu’il faut retenir avec Tobias. Il ne se préoccupe que peu du passé, bien trop tourné vers l’avenir et les milliers de possibilités pour rendre Joseph totalement fou. Parce que c’est devenu son but, maintenant, au plus grand dam du Keegan. « Génial ! T’es en train de planifier un p’tit voyage là-bas ? » Le brun s’énerve sur la mine de son crayon de bois alors que l’autre se satisfait d’un tel spectacle, toujours plus envahissant - mais il s’agit de son propre appartement, après tout. Il s’attend à ce que le plus vieux s’attaque à lui à la seconde où l’information tombera mais à nouveau, ce n’est pas un si petit détail qui saurait le déstabiliser. ”Tu m’conseilles les hamburgers à la mort aux rats ou la soupe à la morve ?” Il a une belle vision de la prison, ce monde duquel il a échappé par pur miracle parce qu’il devrait y être en ce moment même, voire déjà y avoir perdu la vie. Pourtant, il n’en vient pas directement à la conclusion dans laquelle Tobias est responsable de ses années volées et ça agace le dealer, lui qui pensait pourtant avoir été si clair. Il n’a aucune patience et aucun don particulier pour les énigmes, nul doute qu’il en viendra rapidement au fait parce qu’il a hâte de déjà voir l’expression de son partenaire de changer du tout au tout. « Y’a quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? » La tête du Doherty se penche encore un peu plus comme si ce réflexe allait un jour réellement lui servir à cerner son interlocuteur. Ses yeux bleus ne lui laissent pas une seule seconde de répit alors que son sourire reste faible mais ô combien présent. ”Tu t’es jamais posé la question, pour vrai ?” Son poing fermé vient doucement tapoter le haut du crâne de l’inconnu, il est arrogant au possible et ce n’est plus qu’une question de temps avant de savoir quand est ce que tout va se retourner contre lui. ”D’savoir qui c’est qu’a décidé qu’t’allais d’voir payer pour les autres.” Sa main se recule, son sourire s’agrandit au point où ses dents blanches deviennent apparentes. Finalement, la même main devient droite, toutes ses doigts liés les uns aux autres quand il la lève docilement en l’air, comme s’il était encore à l’école (et même à l’école, il n’a jamais fait ça). ”Surprise.”
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| | | | (#)Sam 8 Fév 2020 - 4:33 | |
| Déverrouiller la porte, entrer dans l’appartement, récupérer la marchandise, ressortir sans faire de drames. C’est tout ce que Joseph avait à faire, ce soir. Mais le hasard avait décidé de jouer un peu avec lui en lui envoyant l’homme le plus insolant de la bande, celui que Lou a engagé sans que Joseph ne puisse comprendre son intérêt. Il a le comportement d’un gamin et Joseph n’a pas l’impression de pouvoir rassembler assez de courage pour travailler avec lui. Il veut l’ignorer et passer son chemin mais le garçon collant décide de l’observer de plus prêt. Pour se débarrasser de sa présence envahissante, il tente de le couvrir d’insultes mais cela semble amuser Tobias plus qu’autre chose, comme s’il carburait aux joutes verbales. Le plus jeune décide de se lancer dans une voie dangereuse, celle de la prison, et l’ex taulard tente d’éviter à tout prix de montrer la moindre faiblesse, comparant la prison à un voyage. ”Tu m’conseilles les hamburgers à la mort aux rats ou la soupe à la morve ?” Il ne bronche pas, gardant toute sa concentration sur le crayon aguicheur qui, par son défaut, l’empêche de quitter l’appartement rapidement. Il faut croire que les astres ont décidé de faire une alliance contre Joseph, ce soir. ”Tu t’es jamais posé la question, pour vrai ?” Enfin, il lorgne Doherty, un sourcil haussé. Le sourire satanique tapissé sur ses lèvres le dégoûte mais il garde le visage aussi impassible que la glace. Il a compris que toute cette histoire est un jeu pour le gamin. Il veut le faire craquer, mais Joseph n’est pas du genre à exploser comme l’éruption volcanique. Du moins, c’est ce qu’il croit. Le poing de Tobias se soulève et tapote son front ; aussitôt, Joseph est pris d’un dégoût certain et il recule d’un pas en repoussant violemment cette intrusion. C’est l’incompréhension qui se lit sur son visage, jusqu’à ce que le plus jeune précise sa pensée. ”D’savoir qui c’est qu’a décidé qu’t’allais d’voir payer pour les autres.” Joseph oublie de respirer trop longtemps. Il fixe l’imbécile tandis que son poing se serre de plus en plus autour du crayon qu’il aura finalement oublié. Comme un enfant fier d’avoir obtenu un bon résultat à son examen, Tobias soulève arrogamment la main pour se désigner, admettant haut et fort qu’il est la raison pour laquelle le policier s’est autant acharné sur son cas, et celle pour laquelle des années d’incarcération ont été ajoutées à sa collection. Un long silence plane dans la pièce et les yeux de Joseph se teintent d’une couleur de vengeance. Il perd le contrôle de ses gestes et sa rage réagit à sa place en prenant les rênes du cheval qui galope dans sa tête. Pas une seconde ne s’écoule et la pointe du crayon se plante directement dans l’épaule de Tobias, s’enfonçant de quelques centimètres sous sa chair. Il profite de la surprise pour le pousser violemment vers l’arrière, ses fesses percutant brutalement le sol. Son pied s’envole et s’enfonce à plusieurs reprises dans les tripes du gamin, jusqu’à ce que ce dernier se soit recroquevillé sur lui-même, le mettant dans la position du fragile fœtus. « Et toi, tu payes aujourd’hui, connard. J’espère qu’tu as obtenu c’que tu voulais. T’es content, maintenant ? Tu veux que j’appelle une ambulance pour qu’ils viennent traîner ta carcasse dégoûtante jusqu’à l’hôpital ? Ça m’ferait plaisir de te rendre un tel service ! » Parce qu’il l’a fait, la première fois qu’il a perdu le contrôle. Il a composé le numéro des urgences et s’est enfui sans regarder en arrière. Mais, en ce moment tendu, il n’arrive pas à regretter d’avoir laissé la colère prendre le dessus sur sa raison. La prison l’a démoli et il se doit de démolir celui qui lui a volé sa liberté parce qu’il avait envie de s’amuser un peu. |
| | | | (#)Jeu 20 Fév 2020 - 19:04 | |
| Tobias prend un plaisir malsain à observer l’attitude de son partenaire changer peu à peu, virer de conquérante à vengeresse. Le sourire du brun ne cesse de s’agrandir alors qu’il ne se méfie à aucune seconde des conséquences que pourraient avoir ses actes d’il y a plusieurs années et de ses paroles de maintenant. Ce qui serait réellement étonnant avec le Doherty, ce serait qu’il se méfie de quoi que ce soit un jour dans sa vie ou même, pire encore, qu’il anticipe les conséquences que pourraient possiblement avoir ses actions. Il fait rapidement bien moins le malin lorsqu’il n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive et qu’une douleur fulgurante traverse son épaule. Ca n’a rien de crédible que de dire qu’il est en train de rager, pester, grogner alors que ce n’est qu’un bout de crayon qu’on vient de lui enfoncer dans la chair. Joseph vient pourtant de mettre tout son coeur et toute sa force dans l’ouvrage et il doit bien avouer qu’il ne l’aurait jamais cru capable de telles sautes d’humeurs - ils s’amusaient bien jusque là.
Tobias n’a pas le temps de laisser agir ses réflexes les plus primaires et d’enlever le crayon de bois de sa chair que le voilà déjà propulsé en arrière sans rien autour pour se retenir. Il chute lourdement sur le dos, sa tête heurtant le carrelage déjà brisé de la chambre. Le voilà qui vient de perdre un neurone de plus ; il ne lui en reste plus beaucoup et à force il faudra les dénombrer en négatif. Joseph profite d’un moment d’absence de la part du brun pour le frapper à plusieurs reprises de ses pieds au niveau de son ventre, encore et encore, laissant Tobias cracher du sang entre un rictus de douleur et un autre d’amusement Dohertien. Il a mal, ça oui, il ne cherche pas à le cacher, mais ce n’est pas pour autant qu’il est amusé de la situation puisque son partner in crime vient de largement perdre le contrôle. Ca signifie que Tobias a gagné, et c’est tout ce qu’il retiendra. De son épaule s’écoule un liquide rougeâtre peu ragoutant alors que son abdomen est secoué de spasmes mais la seule chose qu’il affiche est le sourire sur son visage. Il est une tête de con comme on aime à lui rappeler et aucun de ses actes ne tend à prouver le contraire. Tobias se nourrit d’adrénaline tout comme du mal qu’il peut faire aux autres, il trouve ça normal que parfois il y ait aussi de justes retours de bâtons, aussi douloureux soient-ils.
A l’aide d’une main il se traîne douloureusement sur le sol avant de poser son dos contre le mur le plus proche, ses yeux bleus posés dans ceux de Joseph. Du revers de la main il s'essuie la commissure des lèvres sans délicatesse aucune. Il n’en a que faire des mots du dealer, il sait que la douleur finira par passer comme elle le fait toujours et qu’au pire des cas sa plaie s’infectera et il aura mal un peu plus longtemps. Il attrape le crayon du bout des doigts et le retire de sa chair d’un coup sec - autant dire qu’il n’a jamais regardé tous ces épisodes de séries médicales qui stipulent qu’il ne faut pas retirer l’objet enfoncé dans la chair lequel pourrait être en train d’éviter une hémorragie. Le résultat final étant que plus de sang s’écoule encore de son épaule et que ”p’tain ça va être moche” comme cicatrice. Il envoie le crayon sur Joseph sans force aucune, simplement par besoin de montrer qu’il est un minimum féroce. Un genre de lionceau se pensant déjà roi de la savane, vous voyez le genre. "Alors, hamburger ou soupe ?" Il n'apprendra jamais à se coucher, même quand il le devrait, la paume de sa main appuyée sur l'emplacement de la plaie dont la source n'a aucune crédibilité - tout comme leur altercation.
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| | | | (#)Dim 23 Fév 2020 - 17:27 | |
| Trente grammes pour le premier client, joli garçon à la tête d’une fraternité de l’université qui donne une petite fête dont il veut s’assurer la bonne ambiance, puis trente autres pour l’usage personnel d’un propriétaire d’une porsche rouge qui a visiblement beaucoup d’insécurités à oublier dans la poudre et les gros moteurs. Le genre d’après-midi lucratifs comme je les aime. Le genre de course que l’on voudrait pas voir interceptée par les flics. J’essaye d’avoir rarement plus que ça sur moi. Entre la possession pour usage et celle pour vente, il y a une différence de dix ans de prison ; quitte à jouer avec le feu, autant ne pas tenter le diable. C’est donc avec mon sac sur le dos que je grimpe deux par deux les marches qui mènent à l’appartement des Doherty, devenue notre planque depuis ma première visite. Je ne m’amuse pas à vérifier le stock tous les quatre matins afin de faire les comptes, mais j’ai conscience qu’il serait stupide de faire entièrement confiance à ces deux-là. Dès que les ventes le permettront, il sera question de trouver une autre planque, plus grande, plus discrète. Et quand les sommes le nécessiteront, blanchir tout ça pour ne pas éveiller les soupçons. A deux cent dollars le gramme, les choses peuvent aller vite. Pour ma part, j’ai déjà pu quitter ce fichu motel où j’étais planquée ces derniers mois, claquer la porte à Anwar et payer le loyer d’un véritable appartement. Le changement de style de vie me va au teint, plus que la peur de trouver la mort au tournant. Ce n’est pas encore le Club, mais la Ruche fait son bout de chemin. J’ai envie de croire que mon équipe est assez fiable pour aller loin. Mais je place sûrement trop d’espoirs en eux ; c’est ce que je me dis lorsque j’aperçois Joseph et Tobias en train de se chamailler comme deux chiens pour un os. Je m’arrête net à la porte du salon et les dévisage, tandis que la scène se déroule au ralenti sous mes yeux. Le crayon qui trouve la chair du Dorherty, désormais par terre, la rage qui embrase le regard de Jo alimentée par les provocations de son adversaire. Je scrute, bras croisés, épaulée sur le cadre de la porte. "Trouvez-vous une chambre." je lance finalement, marquant ma présence avec la touche de cynisme qui fait toute bonne entrée en scène. Il me semble débarquer au milieu d’une bagarre d’une classe de cours préparatoire. J’approche et récupère le crayon aux pieds de Joseph, tâché de sang sur sa pointe. Heureusement qu’il n’avait pas de fourchette sous la main le jour où je l’ai débauché au bar. "Bataille de crayons de couleur, vraiment les enfants ?" Si les armes étaient autorisées dans ce pays, j’imagine que les choses auraient pu rapidement prendre une autre tournure, mais je n’aurais pas apprécié de perdre un associé, que ce soit l’un ou l’autre de ces deux abrutis. Mon regard se pose sur chacun d’entre eux ; Tobias, adossé au mur comme un animal blessé, puis Joseph, les narines dilatées comme un buffle prêt à charger à nouveau. "Je peux savoir ce qu'il vous prend ?" je demande enfin, sans intention aucune de jouer à la maman dans cette histoire et d’en prendre un pour frapper l’autre. Cependant, s’il y a de la discorde dans les rangs, j’aime autant en connaître les raisons et savoir à quoi m’en tenir -dans l’idéal, ce serait à eux, de savoir se tenir, mais comme je disais, ce serait placer trop d’espoirs. |
| | | | (#)Mer 26 Fév 2020 - 23:26 | |
| Il a craqué, une deuxième fois. Lui qui observait la mouche voler autour des plats sur la table plutôt que de la chasser à coups de journaux, il a aujourd’hui perdu le contrôle et planté la seule arme qu’il avait en sa possession dans l’épaule de celui qui lui riait au visage : un stupide crayon qui avait de toute façon mérité d’être sali par le sang. Si sa mine ne s’était pas brisée au contact du papier, Joseph aurait pu quitter l’appartement sans laisser le temps au gamin de lui étaler les plans de sa vengeance. Mais il a pu le faire et il a du même coup réveillé un volcan qui bouillait déjà dans les tripes d’un garçon qui n’arrive plus à supporter le poids de ses choix. Il n’a pas opté pour le meilleur moment pour se vanter dans le creux de l’oreille de Joseph : ce dernier a les nerfs à vif depuis quelques temps et l’alcool ne l’aide plus à détendre ses muscles, ni la drogue qu’il s’empêche de consommer sans y arriver. Dressé sur ses deux jambes devant un pauvre petit garçon assis sur le sol, il le toise en peinant pour rester impassible, bien qu’il ait envie de lui balancer une centaine d’autres coups dans les côtes : mais il ne voudrait pas faire une victime de plus. Une grimace de dégoût étire son visage quand le jeune arrache le crayon de sa chair, libérant un ruisseau de sang qui s’étend sous son t-shirt, et il détourne les yeux pour ne plus admirer son œuvre plus longtemps. Tobias agit comme s’il n’était pas blessé, comme si une bombe atomique n’arriverait pas à le faire flancher. Il ne fait que critiquer la future cicatrice et Joseph lève les yeux au ciel en tournant les talons pour juger la distance qu’il aurait à franchir pour rejoindre la sortie. Il n’a plus rien à dire et, son point, il l’a fait valoir. "Alors, hamburger ou soupe ?" Il ignore cette question des plus ridicules, ne considérant pas que cet enfant mérite davantage sa présence. Il lui a déjà fait perdre bien assez de temps – quoique Joseph ait seulement l’intention de rentrer chez lui et de claquer la porte de sa chambre comme un adolescent rebelle qui lutte contre l’autorité de ses parents. "Trouvez-vous une chambre." Il n’a pas le temps de faire un premier pas que la voix de Lou s’élève dans la pièce. Il redresse la tête, croise son regard et soupire fortement en basculant sa tête vers l’arrière pour fixer le plafond soudainement plus intéressant que le reste du monde. « J’ai pas besoin d’tes sarcasmes à toi aussi, le hamster. » qu’il souffle, incapable de réfléchir avant de délier sa langue. Il sent la présence de la patronne à ses côtés et se recule machinalement, incapable de supporter la proximité avec quiconque ce soir. "Bataille de crayons de couleur, vraiment les enfants ?" Il jette un coup d’œil curieux au crayon couvert de sang histoire de déterminer la profondeur de la plaie de Tobias. Il prend une certaine satisfaction à réaliser que ce sont au moins deux centimètres qui se sont logés sous sa chair. "Je peux savoir ce qu'il vous prend ?" Il s’autorise enfin à croiser le regard de Lou, et c’est pour la couvrir de reproches : « J’sais pas t’es allée les chercher où, tes chiens, mais t’as oublié d’vérifier si celui-là était vacciné contre l'imbécillité. » Il désigne le garçon du menton et contourne la jeune femme sans frôler le moindre de ses vêtements, ne lui envoyant qu’un courant d’air à l’arôme de clope au visage. « J’dégage, j’ai fait ma part pour la semaine, soyez pas surpris si vous m’voyez pas dans les prochains jours. J’ai besoin d’vacances. » Et, ça, c’est plus que vrai. Il a vendu plusieurs grammes, a remis une quantité honorable de billets verts à la ruche et mérite de disparaître le temps de retrouver ses esprits. « Et te vexe pas si j’réponds pas à tes messages. » qu’il ajoute à l’intention de Lou avant de claquer la porte derrière lui. |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 1:10 | |
| Lou fait certes un mètre dix les bras levés mais quand elle est dans les parages, personne n’ose réellement se dresser face à elle. Pas quand ce n’est pas le moment de se suicider, en tout cas. Elle mène la troupe à la baguette et ce ne sont pas les deux hommes qui pourraient la contredire. Même si chacun d’eux réagit bien différemment à son arrivée, aucune n’a l’idée folle de se liguer pour lui planter le crayon dans sa gorge à elle - alors que, entre nous, l’idée est plutôt bonne s’ils veulent prendre tout l’argent et s’enfuir à l’autre bout du monde.
Le brun reste adossé au mur comme s’il allait mourir dans la seconde, une main appuyée sur la blessure pour arrêter un saignement quasiment déjà inexistant. Il est d’un dramatisme absolu quand ça l’amuse, d’autant plus que maintenant il a le droit à une scène en couleurs et haut définition à quelques mètres à peine de lui : maman Lou et papa Joseph en plein affrontement. Maman Lou gagne la partie, comme toujours, mais ça l’amuse réellement que de voir l’homme fuir tant son regard que ses reproches alors que lui (la victime, rappelons le) garde un sourire en coin imprimé sur son visage. Encore une fois il est celui qui récolte le plus de blessures mais ça ne fait pas de lui autre chose que le grand gagnant du duel. Joseph a perdu son contrôle le premier, c’est tout ce qu’il retient, et c’est jouissif.
« J’sais pas t’es allée les chercher où, tes chiens, mais t’as oublié d’vérifier si celui-là était vacciné contre l'imbécillité. » Merde alors, c’est qu’il l’a vraiment vexé le petit Joseph. Dommage pour lui parce qu’à partir de maintenant Tobias se fera un malin plaisir d’aborder le sujet encore et encore jusqu’à ce qu’il décide de réellement le tuer ou que ce soit l’inverse qui arrive. Tic, tac, son sourire s’étire encore plus et il en rigole même, du sang séché entre ses doigts et le long de son avant bras. ”J’suis pas sûr d’avoir fait l’vaccin contre la rage non plus.” Il trouvait ce jeu follement amusement mais Joseph y met fin de manière prématurée sans même avoir eu la décence de prévenir qui que ce soit : quel ingrat. Il s’enfuit, il quitte le champ de bataille dans un élan de dramatisme et si Tobias n’était pas trop occupé à pouffer de rire alors il aurait soufflé de dédain. Il semble prendre la vie bien trop au sérieux et cela a le don d’ennuyer profondément le Doherty qui a compris depuis bien longtemps qu’il allait mourir prématurément ; il ne restait qu’à savoir comment.
Ses derniers mots sont tous dédiés à Lou, ce qui ne fait qu’accroître encore un peu la déception de Tobias. Il avait tout fait pour le rendre fou et le tout avait plutôt bien fonctionné jusqu’à ce que la brune n’agisse tel un tampon bien trop efficace entre eux. Même pas drôle. Il va devoir trouver une autre occupation et ça l’ennuie déjà alors qu’il retire son t-shirt devenu rougeâtre pour se diriger vers la salle de bain dans le but de nettoyer grossièrement sa plaie. Le brun remplit sa paume d’eau avant de la laisser couler le long de son bras et de venir en nettoyer le sang séché. ”C’est ton amant ou quoi ? T’vas pas pleurer s’il te répond pas à tes messages, hein, dit ?” Non pas que ça gênerait Tobias en quoi que ce soit, mais ce serait par contre extrêmement drôle. ”C’est lui qu’a commencé.” Personne n’est à un mensonge près dans cette pièce.
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| | | | | | | | Le prix de la vengeance [Tobi/Jo] |
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