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 matt&allie ≈ what you do to my soul

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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyJeu 2 Jan 2020 - 2:12

Les mots traversent la barrière de mes lèvres, mon palpitant fracasse mes côtes de désarroi comme de colère, mon sang bout de stress et détresse. J'inspire profondément un air qui me paraît beaucoup trop dense pour être contenu, comme s'il avait été intoxiqué de mon histoire morcelée par le chaos, de mes secrets révélés avec mépris ; comme si mes poumons-mêmes le rejetaient avec véhémence sous le couperet d'une incompatibilité flagrante.

Sa tête demeure immobile, son regard scotché. Le temps d'un instant, je suis terrifiée à l'idée de l'avoir brisé. Je me perçois en lui, j'imagine une déferlante choquante l'emportant tout entier, à des milles de moi, d'un utopique nous. Je crains l'avoir brisé, l'avoir placé sous pilote automatique pour une durée indéterminée, le temps qu'il accepte, tolère, cette tâche d'encre que je lui cachais, bafouant un chapitre de son existence et bavant une traînée ignoble jusqu'à son présent. Je continue, il ferme les yeux, sa tête se pose contre un mur derrière lui, il s'anime dans sa torpeur puis quand j'ose questionner son cœur, un soupir me répond.

Un soupir telle une rafale dévastatrice. J'ignore comment l'interpréter, je voue une haine viscérale envers mes propres entrailles. Mes bras se croisent, comme si je voulais me protéger de quoi que ce soit d'autre, comme si j'en étais apte. « J'ai jamais arrêté de t'aimer, Al. » Mais. Il y un mais. Un mais tonitruant qui m'incite à resserrer davantage les bras contre mon buste. « Mais je peux pas jouer à ça. » Il me tend sa cigarette, je n'esquisse pas le moindre mouvement. Un jeu, Matt ? Penses-tu vraiment qu'il s'agit d'un jeu ? « Je peux pas jouer à ce jeu-là si je connais pas les règles. » Et il continue sur sa lancée. Tu nous perçois où, Matt ? Dans une cour de récréation à troquer des pocs ? Sous des gradins à fuir les pions ? On n'est quoi, finalement, une partie qu'on a mise sur pause quand tu es parti en Angleterre, dont les batteries ont fuit et qui menace de finir en Game Over ?

Je ne décèle plus la nature des émotions qui me transpercent tant elles se mêlent et s'exacerbent. De la rancœur, de la rage, de la peur, de la tristesse, du deuil ? Un méli-mélo acerbe de passé regretté, de présent houleux, de futur espéré. Quand je cligne enfin les yeux, je suis incapable de justifier l'unique larme qui se loge au creux d'une cerne par mes yeux trop secs ou mon cœur trop meurtri. « Un jeu. Un jeu, Matt ? » Mon corps entier tremble, même si mon regard, lui, déterminé, brut, le scrute sans merci.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyVen 3 Jan 2020 - 1:49

« Un jeu. Un jeu, Matt ? »

Fais pas ça, Allie.
Et ma clope sur laquelle j'inspire, clope qu'elle a refusée, ses prunelles qui me toisent avec toute la rage du monde qui transperce ses quelques mots.
Mets pas ta carapace, Allie.
Et la cendre qui tombe à mes pieds, de laquelle je barbouille la terrasse du bout de mes baskets en regardant pas où elle est tombée, en anticipant, mes iris qui lâchent pas les siens.
Joues pas à ce jeu-là, Allie.
Celui de sauter sur un wordplay, celui d'accuser d'un détail, celui de gratter le superflu quand j'en ai rien à foutre de la surface, quand elle pourrait bien rager sur le dictionnaire entier qui serait passé dans mon discours et qui chanterait pas à son oreille quand, de toute façon, ce sont pas sur mes mots qu'elle devrait mettre son focus, mais sur mes yeux.

Elle me fixe la brune, elle a croisé ses bras sur sa poitrine, elle est immobile de fierté, elle tremble. Mon coeur qui bat dans mes tempes, mon souffle qui est difficile, et je les entends plus du tout, les gens à l'intérieur, ma soeur, Bailey, Deklan, les clients qui entrent aussi. Ça pareil, rien à foutre, parce que la seule chose que j'entends, encore et toujours, ce sont les mots de ma mère. Ce sont les accusations dont elle a assenées Allie. Celles devant lesquelles Oakheart, qui habituellement laisse sa repartie de feu faire le boulot pour elle, a faibli d'un coup d'un seul.

« Je vais te poser une seule et unique question. » la cigarette terminée, j'ai pas l'intention de m'éterniser si elle continue dans ce sens, si elle attaque alors que c'est tout, mais alors tout ce qu'il ne faut pas si on souhaite arrêter d'en être là, si on souhaite avancer vers quoi que ce soit. « Est-ce que t'es tombée enceinte de moi? »

Je lui demanderai pas pourquoi elle ne me l'a pas dit.
Je lui demanderai pas pourquoi ma mère est au courant.
Je lui demanderai pas pourquoi ça ressort qu'aujourd'hui.
Je lui demanderai pas ce qui est advenu du bébé parce que je me sens encore incapable d'assumer la suite que je déteste déjà, d'une mauvaise et âcre impression.
Je lui demanderai rien d'autre que ça.
Et c'est déjà au-delà de mes forces d'attendre la moindre seconde avant qu'elle réponde.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyVen 3 Jan 2020 - 3:45

Je le fixe, intransigeante, furibonde. Mon regard le terrasserait, le fusillerait sur place s'il en était capable. Un jeu. Ne serait-ce vraiment que tout ce que notre histoire représente ? Une pure mascarade, qu'il aura abandonnée une décennie plus tôt pour revenir par le gré du destin et non celui de son cœur ? Mon ire tonitrue, empoisonne ma raison de pensées toxiques, néfastes, falsifiées d'un homme qui, je le sais pertinemment, n'est pas mauvais. D'un homme sur lequel j'essaie de placer des torts qui ne lui appartiennent pas, certainement pas entièrement.

Et il maintient mon regard, mes ongles creusent rageusement ma chaire entre mes bras serrés fermement, solidement, contre mon buste. Mes pieds sont lourds sur la terrasse, mon terrain, ma place, mon combat. Le reste de mon corps, toutefois, tremble d'émotions, menace d'imploser, gronde de tout dévaster. J'suis pas prête pour ça. Mes bras se plaquent davantage contre ma poitrine, tentent d'étouffer ce cœur qui martèle douloureusement ma cage thoracique. Ma mâchoire est crispée, mes traits sévères, les clients continuent d'affluer autour de nous sans jouir de ma conscience. Tout est abstrait, tout tourne, sauf lui. « Je vais te poser une seule et unique question. »

Je ne cille pas, la fatidique larme se loge au creux d'une cerne, il se débarrasse de sa cigarette et je songe, auto-destructrice, à tout ce dont il pourrait se défaire aussi facilement. « Est-ce que t'es tombée enceinte de moi? » Qu'est-ce que ça peut te faire, le nombre de joueurs ?

Ma mâchoire qui se desserre, le cœur qui sombre telle une roche dévalant un terrible précipice jusqu'à ce qui me paraît être mes talons. Une de mes mains brise le poing qu'elle formait avec férocité et nécessité, comme si elle aspirait à attraper mes émotions internes au vol, des éclats d'âme propulsés en haute voltige. Mes paupières se ferment, je romps le contact visuel un instant, avant de remonter à son attention. « Oui. »

Et toute l'histoire me happe, tous les éléments, tous les événements. Les moindres secondes de cette grossesse, du début à sa fin. Mes décisions, bonnes comme mauvaises, mes regrets, mes remords, mes chagrins, mes désarroi, mes enfers. Tout remonte, tout s'expose, tout s'exhibe, submerge le regard azuré que je lui voue tandis que mes lèvres tremblotent quelques instants, lippes que je pince derechef, intransigeante, sauvage.

Je songe à tout ce que je devrais lui dire, tout ce qu'il pourrait entendre, tout ce qu'il refuserait d'écouter, les mérites, les devoirs. Les bris et les peurs et la rage et les échecs m'étreignent, m'étripent sans vergogne. Ils sont tous là, fléaux indigestes flambant mon œsophage, et tout ce que je suis apte à articuler, flot d'informations assourdissant enrobé de sentiments esquintants, est un écho, une conciliation à continuer, une prière à perdurer : « Oui. »
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyVen 3 Jan 2020 - 4:14

Alors elle me l'a caché. Alors ma mère avait raison. Alors elle l'a été. Enceinte de moi.

Oui, comme dans t'es père Matt, mes félicitations. Oui comme dans y'a peut-être ta fille ou ton fils à quelque part dans ce monde qui attend impatiemment que t'arrêtes de vivre dans le secret parce qu'elle ou il a besoin de toi. Oui, comme dans t'es parti à Londres pour ta soeur et sa nouvelle vie à porter, oui comme dans t'as abandonné celle que t'as fait germer à Brisbane along the way.

Le temps s'est fixé, même si j'ai tout autant l'impression qu'il sprinte. Je bouge pas, rien, même pas un souffle, quand dans ma tête y'a toutes les années ailleurs qu'ici qui défilent d'hier jusqu'à mon départ. L'ordre décroissant qui se cumule trop vite pour que je puisse me rattraper à quoi que ce soit. Par chance y'a le mur derrière moi, lui qui soutient ma silhouette, même si je doute qu'au point où j'en suis dans mon immobilité j'en ai à craindre de tomber.

Une question, une seule et unique, que j'avais dit. Parce que j'espérais tellement que sa réponse taise les autres qui m'étaient désormais nécessaires, vitales. Parce que j'aspirais tant à ce que ce qu'elle ajoute comble tous les trous, gère toutes les lacunes. Mais c'est pas assez. Évidemment que j'ai été idiot, bien sûr que je suis le pire des cons de croire que ce serait suffisant. Et je l'aime pas, sa larme qui stagne, qui s'est immobilisée dans sa course sur sa joue, que j'essuie du bout du pouce comme si ça, ça allait me donner le ton. Comme si ça, ça allait me dire quoi faire, quoi en faire, de nous.

J'ignore si l'enfant est en vie. J'ignore si elle l'a gardé hors de ma portée parce qu'elle veut pas de moi près de son bébé. Merde, c'est plus un bébé là, il marche, elle sait lire, il sait compter, elle sait jouer au foot, il sait grimper dans les arbres, elle sait dire papa même si j'étais pas là, même si elle en a peut-être un autre, déjà. Fuck. C'est moi maintenant qui la sent monter, la larme. Et je ravale, et je me gratte les yeux, ouais ils piquent, ouais c'est à cause de la fumée de cigarette, ouais c'est chiant ce truc et ses effets secondaires.

« C'était pas censé se passer comme ça. » que je m'entendrai ajouter, dire, promettre, rayer, je sais pas, je sais plus. Je sais juste que nous deux, ça devait pas être ainsi. Ça devait pas être des retrouvailles en dents de scie, ça devait pas être des secrets d'une autre vie. Ça aurait jamais dû finir, mais j'étais parti. J'aurais voulu que ce soit comme avant, j'aurais voulu tout savoir d'elle en un coup d'oeil, j'aurais voulu qu'elle me fasse assez confiance pour tout me dire sur sa grossesse, sur sa finalité. J'aurais voulu être impliqué. J'aurais voulu l'élever avec elle ce bambin-là. J'aurais voulu qu'on se bâtisse une vie tous les deux, une vraie, une sans ces regards qui font mal, une sans ces silences qui creusent un vide entre nous.

J'aurais voulu des tas de choses, et pourtant, on en est là.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyVen 3 Jan 2020 - 5:01

Il y a ce dolent et rebelle vide, qui croît, encore et encore. Ce trou noir qui menace de m'aspirer tout entier, me démolir à nouveau, me transformer en coquille vide qui ignore comment vivre, survivre, ressentir, qui se transperce inlassablement les bras à la recherche d'une vulgaire émotion, qui défie éhontément le destin en se mettant souverainement en danger en quête d'une minable approbation, d'une définition existentielle. Cette densité qui me terrasse, me suffoque, m'écrase. Ma main remonte contre ma gorge, mes doigts transis par l'affliction s'y resserrent, mon regard ne cesse de fixer, scruter, toiser le McGrath, comme s'il composait ma seule source d'oxygène dans un monde qui tourbillonne, qui me donne la nausée.

Mes empreintes digitales reposent contre l'amas de révélations que je maintiens, que je couve, que je contrôle ; que je suis incapable d'articuler, de libérer, de formuler. Le calvaire se déroule, les bandes de l'histoire de notre enfant se répercutent déjà contre chaque parois de ma boîte crânienne à en faire siffler mes tympans, à m'en faire bouillir le sang, à m'en brûler le cœur toujours sous forme de pierre brute et féroce paumé quelque part où il ne devrait pas. La quasi-totalité de mon organisme s'est positionné en mode instinct de survie et les tremblements ne cessent pas, me donnent l'allusion qu'ils ne cesseront jamais.

Parce qu'elle est là, maintenant. Elle est sienne, elle est nôtre. Elle n'est plus mon secret, elle n'est plus la vie que nous avons créée et que je lui cachais. Elle existe, impériale, juste, due, et elle est prête à l'accabler du lot d'émotions qu'elle génère indéniablement. J'ai le sentiment de trahir, de blesser encore plus, de faillir à aimer. Mes yeux se baissent quand il pose son pouce sous mon œil, y efface une larme que j'ai oubliée. Mon soupire se casse contre sa main et sans même oser le confronter, je devine sa désolation.

« C'était pas censé se passer comme ça. » Ma mâchoire se crispe. Non, Matt. Ça se passe jamais comme c'est censé se passer. T'as déjà oublié ? Les promesses, les idylles, les rêves, les projets, tout s'étaient envolés, comme si un accord silencieux appliquaient une date d'expiration sur la concrétisation de toutes ces belles paroles, terme justifié par la distance et l'absence de nouvelle. On ne peut faire sa vie avec un fantôme. « Suis-moi, » ma voix éraillée prononce, intonation catégorique surchargée d'intensité. Je quitte la terrasse, passe devant Deklan, emprunte les escaliers qui mènent à l'appartement de Matt. La porte se referme derrière le garçon, une de mes mains demeure recroquevillée contre ma poitrine comme si je désirais protéger le trou béant qui s'y était implicitement imposé. J'inspire profondément, gorge et yeux arides, rattrape l'éclat de ses prunelles. T'as le droit à d'autres questions, maintenant. Mes yeux lui confient, avant que ma raison ne s'emballe.

Non. Il ne peut pas tenir ces rennes encore, pas quand je ne maîtrise pas tout ce que je serai apte à lui dévoiler en conservant un minimum de ma contenance, en sachant repousser ma déraison.

« Je sais pas, comment elle a su. » La vipère qu'on éradique, sèchement, brutalement. Un revers de main, rien de plus. « Pour toi, y'avait pas d'autres solutions que Londres. Ça me semblait que ça t'était vital, naturel, le bon choix, la seule chose à faire, une évidence. Tu voulais protéger ta sœur, tu voulais faire ce que tes parents jugeaient bon, tu voulais être un bon fils, un bon frère. C'était toi, de partir. J'voulais pas altérer ça. » Et te forcer à être un père quand t'étais persuadé d'avoir d'autres rôles à assurer en priorité. Quand être mon compagnon t'était devenu secondaire. Quand j'étais pas assez pour te retenir auprès de moi, de base. Quand j'ai jamais voulu te changer, quitte à m'en morceler l'âme. « J'voulais que tu sois toi. Que tu restes toujours toi. Que tu sois libre d'être toi. » Alors oui, je t'ai privé de la vérité. Je t'ai menti par omission. Je t'ai refusé une part précieuse de ton histoire.

Et puisqu'elle est là. Puisqu'elle existe. Puisqu'elle est mienne, sienne, nôtre, je souffle, comme si je risquais de la réveiller, comme si des êtres malveillants pouvaient la heurter en appelant toute son attention via l'articulation de son prénom : « Flavie. » Je déglutis, cille, me rattache à l'âme de Matt, à son père. « Je l'ai appelée Flavie. » Et on ne peut plus la nier, maintenant, je ne peux plus le priver d'elle, même si j'ai le sentiment d'évoluer sur le pire chemin de croix de ma vie parce que l'évoquer rime à la ranimer, et la lui confier implique que son être vit à travers celui qui m'est inestimable.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyMar 7 Jan 2020 - 3:00

Et je la suis, bien sûr que je la suis. Elle sillonne le DBD et moi, je rage qu'elle ait pas pris ma main. Parce qu'à un moment, j'ai envie de me tirer. À un moment, une infime et horrible seconde, j'y pense. Qu'elle avait pas à me cacher ça, que je rage qu'elle l'ait fait. Y'a une bribe éphémère qui a même pas le temps de se déposer sur le film de mes pensées qui la déteste, qui la haït de toutes ses forces, qui la maudit à un point que j'assumerai jamais. Ç'aurait été réglé, si Allie m'avait touché, si j'avais senti le contact solide de sa paume contre la mienne. Ç'aurait été évident que ce genre de pensées malsaines ne seraient pas remontées si j'avais pu resserrer ma paume, mes doigts contre elle.  

« Je sais pas, comment elle a su. » ouais, ça c'est autre chose. Ça, ça veut dire que ça datait de pile quand je suis parti, ça, ça veut dire que ma mère l'a appris à ma place, ça veut dire qu'Allie le savait quand moi je faisais mes valises, pour être là pour ma soeur, pour pas être là pour elle. Fuck. « Pour toi, y'avait pas d'autres solutions que Londres. Ça me semblait que ça t'était vital, naturel, le bon choix, la seule chose à faire, une évidence. Tu voulais protéger ta sœur, tu voulais faire ce que tes parents jugeaient bon, tu voulais être un bon fils, un bon frère. C'était toi, de partir. J'voulais pas altérer ça. » ouais, mais non justement. Parce qu si j'avais su, parce que si je pouvais changer ça, parce que si j'avais pu... « J'voulais que tu sois toi. Que tu restes toujours toi. Que tu sois libre d'être toi. »

« Ça compte pas, ça. » que je m'entends grommeler, ma voix est raque d'avoir si peu parlé. « Tu peux pas choisir pour moi, pas pour ça. » pas pour « Flavie. » un frisson, long, glacial, qui pique tout le long de ma colonne vertébrale. « Je l'ai appelée Flavie. » « C'est un beau nom. » vas-y Matt, c'est pas si difficile, un mot, six lettres. « Flavie. »

La vague, elle remonte là. Le nom, il amène avec lui toutes les années qu'elle a vécues déjà. Toutes les choses qu'elle a vues, tous les mots qu'elle a dits, tous les souvenirs qu'elle a emmagasinés, tout ce qu'elle est, tout court. Je me demande si elle a les yeux piquants d'Allie, si elle a mon sourire de merde. Je me demande c'est quoi sa couleur préférée, son repas favori. Je me demande des tas de choses, mais surtout ceci.

« Est-ce que je pourrai la rencontrer, un jour? » j'ai bafoué ma promesse, j'ai posé une autre question. La seule qui compte.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptySam 1 Fév 2020 - 19:16

A mesure des secondes, au rythme des coups assassins que porte mon propre cœur contre ma cage thoracique, sous le couperet de chaque inspiration teinté d'acide, de sang, de haine, de peine, ma voix parvient à extraire des termes interdits. Ceux qui me détruisent encore, ceux qui ne cesseront de ressasser une période que j'aimerais ne jamais s'être déroulée, aussi abominable ceci puisse sonner. Celle que pourtant, je chéris, je protège, je cajole. Flavie est mon bonheur comme le plus profond de mes désarrois, une majestueuse boîte de Pandore qui sonne le glas de la fatalité, d'un amour bafoué, d'espoirs ruinés, d'une culpabilité aussi cinglante que sanglante, d'une prière vers le conditionnel entremêlée d'un dérisoire intransigeant. Flavie était la vie que j'aurais pu avoir, une promesse de contentement parsemée d'embûches, une rose épineuse dans toute sa splendeur. Flavie, c'est aussi celle qui aurait été si simple si elle n'avait jamais été.

Alors même si je m'ébranle lorsque Matt m'assure que je n'avais pas eu le droit de choisir - de lui imposer - son rôle dans cette histoire, lorsque mes jambes faiblissent sous le poids d'une nouvelle culpabilité : celle de lui avoir privé d'une éventuelle dose de paternité sous prétexte que je ne désirais pas déjouer des plans qui lui semblaient alors vitaux, même si ma gorge est aussi sèche que mon âme, qu'elle brûle autant que l'ire qui se développe en mon être et menace de tonitruer dans sa chambre, je lui dévoile son prénom, ma Flavie.  « C'est un beau nom. Flavie. » Et quand il articule ces six lettres choisies soigneusement, sélectionnées de la même mesure que toute sa vie en dépendait, comme si chaque courbe promettait les merveilles de tout l'univers, mon sang se glace, le rythme de ma vie s’accroît, les meubles dansent devant mes pupilles offrant une vision abstraite par le filtre d'émotions qui recouvrent mes yeux ; mon âme brisée, mon instinct sauvage et fou de survie. Notre Flavie.

« Est-ce que je pourrai la rencontrer, un jour? »
Le si fin sourire qui apparaît sur mes lèvres livides n'a rien d'heureux, n'a rien de positif. Il n'a même pas de sens ni de dessein, j'ignorerais comment l'interpréter, si ce n'est qu'il compose un simple signe comme quoi j'ai assimilé sa demande, comme quoi j'aurais aimé lui répondre comme il le fallait, comme il le faudrait. Pourtant, même si à ce moment-même, nous souhaitons ardemment tous deux la même chose, je suis incapable d'exaucer nos souhaits. La volonté ne suffit pas, encore une fois.

Mes pieds reculent vers la sortie, juste un pas, minime, pour m'assurer que mes membres suivent encore, sans pour autant lâcher l'homme de ma vie du regard, sans pour autant le quitter ou le laisser partir. J'inspire profondément, me distance, me dissocie de ma propre douleur, de mon histoire. « Elle est morte. » Il n'y a rien de poétique, pas de jolies images ou figures de style, bien qu'elle les mériterait toutes. « Elle est née morte. » Je précise, doigts triturés, palpitant émietté. Mes yeux, eux, sont rivés sur lui, sur la vie que j'insuffle et détruit si aisément, foutu cruel destin. « Ils ont dit que c'était pas ma faute. Qu'elle était juste pas viable. La faute à pas de chance. » Car même faire la vie, j'en avais pas été capable. J'étais comme ça : nocive, destructrice, incapable, dépendante. J'avais beau avoir suivi toutes les recommandations et porté cet enfant comme le plus beau cadeau que la vie m'avait jamais offert, il me l'avait ôté sans scrupule, cérémonie, pitié. J'avais donné la mort alors que je n'avais que l'amour à offrir, et en aucun cas je ne m'en pardonnerais, comme jamais je n'avais souhaité que Matt arpente ce néant d'enfant que je lui causais. Le terme de cette grossesse m'avait traumatisée, il m'avait même incité à me sentir ridicule d'y avoir tant cru, d'avoir fait tant d'efforts, d'avoir remué ma façon d'être et les rues de Brisbane à la recherche d'aide pour fournir le plus beaux des foyers à cette petite fille, fruit d'un amour unique et indéniable. Tout ça n'avait rimé à rien, comme si cette voie-là n'était pas mienne, ne le serait jamais, que je n'étais pas faite pour le bonheur, ce bonheur. Je suis robotique dans mes propos, répète tel un automate démoli les paroles mêmes des praticiens pour lesquels je n'ai toujours représenté qu'un vulgaire numéro. Un drame de plus, une vulgaire routine.

Mon deuil, je ne le ferais pas. Je la portais encore, Flavie, et je ne le cesserai jamais. Pas un seul jour ne passe sans que je me l'imagine, sans qu'elle me manque atrocement. Elle a des milliers de visages et d'alternatives de caractère comme de passion, elle a des centaines de vie que je lui dessine. Elle vit, encore, toujours, comme ça ; je la fais vivre car je suis incapable de la laisser filer et même la partager à Matt frise l'intolérable, comme s'il pouvait me la voler, me la briser, bien qu'ultimement la dynamite entre nous deux ne relève que de ma personne et j'en ai totalement conscience.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyMer 12 Fév 2020 - 14:58

Il est là l'espoir. Il est fugace, il remonte, il est minime mais il est là, il est horrible, il est ambiant, il suffoque mais il est là, je jure que putain, il est là. Même s'il a duré qu'une seule seconde, même si à l'instant où elle a vissé ses iris aux miens je savais que c'était foutu. Je la déteste, cette facilité qu'on avait à se lire si bien avant. Je la déteste parce que je l'avais presque perdue avec le temps, je l'avais perdue aussi vite que maintenant je l'avais retrouvée et de suite, je déteste ça encore plus. Je veux pas la lire Allie, je veux pas savoir, j'ai posé la question quand je savais que j'allais détester la réponse, que j'allais m'haïr encore plus de l'avoir fait, de l'entendre, de l'assimiler, de l'enregistrer. « Elle est morte. »

Il comprend rien mais il comprend tout. Il entend rien mais il entend tout. Sa respiration à Oakheart, il l'entend parce que c'est la seule chose à laquelle il se rattache, à laquelle il a l'infime force de le faire. Il est rien Matt, il est à peine une poussière, il est à peine un ramassis d'atomes qui servent à rien. Il est un instant et demain il sera rien, il est de passage comme eux tous, et ceux qui s'en souviendront de lui, ils se souviendront même pas de qui il était, ils se souviendront juste de comment ils se sentaient quand ils étaient avec lui. Mais dans l'instant il est rien, il doute même d'être quoi que ce soit à nouveau. Alors que Flavie elle, elle est tout.

« Elle est née morte. » Allie qui fait état des faits, qui annonce avec toutes les forces qui lui reste ce qui justement, leur reste. C'est un accéléré embrouillé qui passe derrière les prunelles d'un Matt dévasté, plus muet encore qu'il ne l'a été de toute sa vie. Il est incapable d'articuler quoi que ce soit de peur de réaliser que tout ça, c'est vrai, alors que même s'il y mettait toutes ses forces, même s'il se faisait violence à décider de tout oublier après aujourd'hui, il en serait humainement jamais capable. Il les imagine, les moments, il se la joue cruel, il se la joue horrible, il se la joue crève-coeur quand il n'ose même pas imaginer l'horreur avec laquelle Allie a dû passer à travers depuis toutes ces années. Les démons qui ont gratté toute la vie en elle, les démons qui la lui ont retirée comme si elle n'avait été que bref espoir, la lueur d'un renouveau qui maintenant avait le goût amer de la conclusion la plus tragique qu'il ait jamais pu même oser imaginer.

Le temps s'est arrêté et il la déteste, l'horloge de merde à son mur qui tique comme si elle avait quelque chose à lui dire, comme s'il fallait absolument qu'elle lui rappelle que la vie continue, qu'on s'arrête pas pour ça, qu'on a mal, qu'on souffre le martyr, mais qu'on apprend, qu'on avance, qu'on se reconstruit, qu'on recommence. Allie n'en a pas voulu à l'époque, des belles promesses de lumière après la noirceur. Comme Matt qui aujourd'hui, rattrape tous les moments où son coeur brisé. Vidé, désormais absent tant il ressent tellement, tant il ne veut plus rien ressentir du tout n'a pas pu être là pour panser celui de celle qui, dans un autre univers, aurait pu être la mère de ses enfants. La femme avec qui il aurait bâti chaque fraction de seconde de sa vie.

« Ils ont dit que c'était pas ma faute. Qu'elle était juste pas viable. La faute à pas de chance. » elle parle mais il se concentre sur des tas des trucs à la fois, sur tous les éléments qu'il nie comme il accepte, double tranchant. Sur tous les mots qu'il se refuse, noyé dans un chagrin qu'il ne s'autorise pas. Il a absolument rien à dire Matt, parce qu'il a perdu ce droit en partant. Il a absolument rien pour elle, aucune carte, aucun joker, aucune blague de merde qu'il se tuerait bien avant de même penser en lancer une. Il n'a rien parce qu'il est rien dans cette histoire, il a rien parce qu'il a prouvé par son absence qu'il n'était qu'inutile, qu'il n'avait rien d'un père, qu'il n'avait rien des valeurs qu'il tentait de prôner la gueule grande ouverte le torse bien bombé à toute sa famille qu'il avait lui-meme aidé à manipuler. Il a sa vie qui s'effondre Matt, et il en a rien à chier sur l'instant, parce que celle d'Allie est en lambeaux depuis bien plus longtemps qu'il l'imagine et parce que ça, d'une panoplie de raisons toutes plus obscures les unes que les autres, il s'en attribue la cause, la conséquence, et les effets.

Il a pas le droit de passer son bras autour de ses épaules mais il le fait. Il a pas le droit d'entrer dans sa bulle à Allie, il l'a quittée y'a trop longtemps pour que la date d'échéance ne soit pas venue à sa fin des dizaines de centaines de milliers de fois déjà. Et pourtant il le fait, et pourtant il la ramène vers lui, et pourtant il noie son visage dans ses mèches, et pourtant il y resterait une nuit, une vie entière s'il arrivait à s'autoriser seulement une seule larme, le droit de vivre un deuil dont il a tout juste connaissance, un deuil qu'il portera pour des années, un deuil auquel il n'a pas le droit non plus, un deuil qui le pourchassera toute sa vie.
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Message(#)matt&allie ≈ what you do to my soul EmptyDim 5 Avr 2020 - 22:31

Ses perles céruléennes se fixent, vitreuses, sur le portrait du McGrath. Allie le scrute, sans ciller, emmagasinant l'ultime et l'absolu de l'impact de sa révélation, la perte déchirante et éprouvante de leur enfant. Elle inspire ce souffle qui fut refusé à ce qu'elle considérait comme le plus précieux de sa vie, le but de son existence, l'encre même de son essence ; et à mesure des secondes qui défilent, tonnées de l'horloge pendue au mur de l'appartement du garçon, les images complètent l'infernal, les sensations les texturisent pour les apparenter au réel, à l'inoubliable.

Les mots vagabondent, alourdissant l'atmosphère de leur sévère couperet. Le teint de Matt pâlit, ses traits se dissipent, père sans l'être, cœur déconfit. La gorge de l'australienne se serre, elle se refuse de le quitter des yeux, comme si une fois le contact visuel rompu, tout ceci deviendrait scellé à jamais entre eux. Mais il n'y a plus de marche arrière, maintenant que les propos sont avoués, confiés, partagés. Le mal est fait, échangé, épousé et quand bien même elle prie tous les saints et les dieux de leur humanité, Allie sait qu'elle a perdu. Elle a perdu Flavie comme elle vient de perdre le Matt qu'elle connaît, happé par sa tragédie qui ne pourra qu'inévitablement le définir, échos de conséquences.

Les minutes agonisent et c'est lui qui s'anime, les réanime. Quelques pas, les mètres sont annihilés, éradiqués. L'air ambiant de l'appartement est transformé par le parfum salutaire du jeune homme. Le froid qui enveloppe Allie est repoussé par la chaleur du corps de McGrath, la douceur de sa joue qui se frôle à la sienne lorsqu'il noie ses traits dans sa chevelure ondulée. Elle se crispe, ses muscles sont rigides ; elle se pare à tous les coups, tous les maux, et lorsqu'elle le perçoit inspirer contre son cou, lorsque son souffle coule sur sa chaire, lorsque sa main se dépose dans son dos, Allie se mouve enfin.

Brusquement, violemment, ses bras viennent s'enrouler autour de son cou, comme si sa vie en dépendait totalement, comme si Matt composait la bouée du tsunami de sa vie. Elle s'attache à lui désespérément, l'attire contre elle amoureusement ; lui clamant le chant des interdits. Vous me manquez. Je t'aime. Je suis désolée. La larme du gérant sillonne d'un corps à un autre, à l'image de leur équation du néant créée à deux. Les paupières de la brune s’abattent sur le monde, sur leur univers, et pour la première fois de sa vie, l’impétueuse, la sauvage, ne peut se résoudre à le quitter, ne peut se distancer de lui.

C'est qu'il n'est pas question de simple au revoir, la finalité palpite entre leurs deux âmes et une fois ce moment achevé, ils ne seraient qu'éclats à recoller ou disperser, selon leurs choix.
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