| (Maevory) Every breath is a bomb |
| | (#)Sam 4 Jan - 15:25 | |
| Every breath is a bomb Maeve Fox & Gregory Morton Mercredi 8 Janvier 2020.Je me trouve en pleine réunion hebdomadaire lorsque mon portable émet le son discret mais caractéristique du SMS entrant. « RDV à 14:00 dans notre bulle. » J’échappe un soupir et entreprends un remaniement mental de mon planning. Après un déjeuner en compagnie du directeur de ma banque, je dois rencontrer un certain David Lehane, président directeur général d’une entreprise de construction automobile, mais aussi et surtout futur gros client potentiel. Merde. Je réfléchis à toute vitesse et réalise que M. Lehane n’a pas spécifiquement demandé à faire cet entretien initial avec moi : je peux donc le réorienter vers mon directeur-adjoint, qui saura (sans aucun doute possible) le harponner aussi bien que je l’aurais fait, sinon mieux. Sa longue expérience parmi nous me permet d’avoir une confiance aveugle en lui dès lors qu’il s’agit de décrocher d’importants contrats. Tout en écoutant mes subordonnés me présenter les dernières évolutions de notre entreprise florissante, je pianote sur mon MacBook Pro dernier cri, prévenant ainsi Nova, mon assistante, des dernières modifications de mon emploi du temps. Je m’occuperai moi-même d’informer Doyle (actuellement assis à ma droite) lorsque cette séance sera levée. Le déjeuner se passe sans aucun accroc. Au moment de nous séparer, le directeur me serre vivement la main, reconnaissant de mon implication dans l’immobilier de la ville. Grâce à moi, des bâtiments en ruine sont réhabilités, offrant une nouvelle chance aux quartiers négligés (voire oubliés) de Brisbane. Je le remercie à mon tour pour ses compliments autant que pour son prêt, satisfaite de la tournure de ce repas. Il m’aura suffi de me montrer chaleureuse, et de promettre la réparation des plaies (parfois honteuses tellement elles sont béantes) d’un endroit qui souhaite se montrer sous son meilleur jour pour signer un crédit d’un montant indécent. C’est donc le cœur léger à souhait que je grimpe de nouveau dans la BMW qui m’attend, moteur en marche, à la sortie du restaurant. « Retour au bureau, Ms Fox ? » demande aussitôt mon chauffeur. « Non, Kangaroo Point. Endroit habituel. Merci, Alec. » L’intéressé se contente de hocher la tête, avant de se réinsérer dans la circulation. Il n’est pas encore tout à fait quatorze heures lorsque nous arrivons sur place. A ma demande, Alec m’abandonne dans cet écrin de verdure. Il se trouvera une place de stationnement et attendra mon appel avant de revenir me chercher. Pour ma part, je déambule sur le chemin pavé longeant les falaises, profitant de la magnifique météo et d’une vue imprenable sur les gratte-ciels de Brisbane. Bientôt, le lieu exact de mes plus beaux souvenirs d’enfance m’apparaît, faisant naître un sourire presque nostalgique sur mes lèvres. Il est déjà là. Il m’attend, les yeux perdus dans le paysage. Je m’approche doucement. Mes doigts viennent frôler ce vieil arbre sur lequel nous avons gravé nos initiales un beau jour, témoin d’un lien fort, d’une amitié supposément indestructible. Je m’installe aux côtés du lieutenant, juste en-dessous du Poinciana en fleurs, sur le banc lui aussi spectateur silencieux de tous nos échanges, alors que nous nous racontions nos secrets ou refaisions le monde à l’image de notre jeunesse. A l’image d’une innocence qui nous définissait encore. Cet endroit était notre bulle, comme nous l’avions naturellement appelée au bout de quelques temps. Et en dépit des années, elle l’était restée. Ma voix s’élève enfin, presque tendre. « Greg. » Et à l’instant où son regard croise le mien, le doute devient désormais certitude : je ne vais pas aimer les raisons de ce rendez-vous de dernière minute. @Gregory Morton
Dernière édition par Maeve Fox le Sam 25 Jan - 13:37, édité 2 fois |
| | | | (#)Mar 7 Jan - 23:59 | |
| Il fallait que je fasse basculer la balle dans mon camp. Tiraillé par la peur de perdre mon boulot si je me faisais choper, et la frayeur que cette partie de moi ne soit dévoilée, elle avait fait de ma vie de lieutenant un enfer. Dans les deux cas, si ça se savait, j’étais foutu. Je perdrai mon job, ma réputation, mon rang, tout. J’avais entre mes mains le moyen de la faire chanter à mon tour, qu’elle me lâche enfin avec cette putain de confidence que je lui avais faite quand j’étais au fond du trou. J’avais la possibilité qu’elle me foute la paix avec ses trafics de merde, ses trucs qui peuvent m’envoyer tout droit derrière les barreaux. Dans les deux cas j’étais pris au piège, soit c’est elle qui me vendait, soit je me pliais à ses règles. L’avantage de la deuxième solution, c’est que je pouvais me faire du fric aussi en même temps.
Je passe mes doigts dans ma barbe fournie – trop peu entretenue ces derniers jours – pendant que je réfléchis à la façon de contacter la peste. Je finis par prendre mon téléphone posé sur mon bureau et pianote rapidement.« RDV à 14 :00 dans notre bulle. » J’engloutis en vitesse mon repas avant de quitter le poste de police pour me rendre au parc. J’en ai pour une trentaine de minutes à pied, ça me permettra de faire le vide dans ma tête et de trouver la bonne façon de formuler le tout. Je connais la route par cœur, mes pas me guident machinalement jusqu’au point de rendez-vous. Le temps passé ne semble pas être venu dans ce coin de Kangaroo Point, comme si l’univers savait qu’il nous appartenait. On y retrouve toujours les gravures d’adolescents sur l’arbre, les grosses pierres sur lesquelles nous aimions tant nous aventurer et même le vieux banc où il manque une planche. Je ne savais pas si ce lieu me réchauffait ou me déchirait le cœur. La dernière fois qu’on s’était vus là-bas, elle me posait un ultimatum : soit elle payait les gars que j’avais tabassé et leur promettait la sécurité s’ils témoignaient contre moi, soit je devais assouvir ses demandes. La sonnerie de mon téléphone me tire de ma nostalgie et me signale l’arrivée d’un SMS. Ce n’est qu’un message d’Archibald « Vous êtes partis boss ? » Je préfère le laisser en dehors de ça, il mérite mieux que ce trafic qui le foutra lui-aussi dans la merde. Je lui réponds brièvement « J’avais besoin de m’aérer et de ne plus voir ta tête de con. Je reviens vers 15h30. Avance sur le dossier en attendant, tu as du pain sur la planche. »
Je range mon smartphone dans ma poche, sachant pertinemment que Maeve ne répondra pas à mon message. Elle se contentera de pointer le bout de son nez, de son allure de grande dame et de son air hautain et méprisant. Elle avait déjà brisé sa famille, gâché notre amitié, elle était allée trop loin en venant piétiner sur le peu de bons souvenirs qu’on avait ici avec son chantage. Elle avait souillé notre endroit, notre lieu secret, notre bulle à nous. Elle m’avait convoqué ici pour me faire chanter, elle m’avait ramené ici pour me narguer, me faire comprendre qu’elle me dominait. La garce continuait de remuer le couteau dans la plaie, j’avais l’impression qu’elle prenait un malin plaisir à faire en sorte que je la haïsse encore plus chaque jour. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment est-elle devenue aussi arrogante et manipulatrice sous mon regard ? Pourquoi se sert-elle de moi ainsi si ce n’est par jouissance malsaine ? La rage au ventre, j’essaie de me calmer en me focalisant sur le paysage et le chant des oiseaux. Je fourre mes mains dans mes poches, desserre mes poings et inspire profondément.
J’aurais pu la reconnaître entre mille, cette voix qui m’interpelle. Presque douce, envoutante, mais sèche, c’est Maeve. Mon regard s’assombrit immédiatement, mes mâchoires se resserrent et je prends sur moi pour ne pas lui exploser à la figure, pour contenir ma colère. Je me retourne lentement, et mon regard croise finalement ses grands yeux bleus. J’aurais presque cru retrouver la Maeve d’avant, presque. « Tu t’es pointée finalement, Maeve. » Je lâche cette phrase avec plus de rancœur que ce que je n’aurais voulu. « J’aimerais que l’on passe un accord toi et moi. » Je joue avec elle. Je vois son regard intrigué m’interroger. Je mène la danse, et ça n’a pas l’air de lui plaire. Je jubile déjà intérieurement et retiens mon sourire narquois avec difficulté. « J’ai couvert ton cul, j’aimerais que tu me laisses tranquille avec tes conneries maintenant. Je te préviens, j’ai des preuves concluantes sur toi, ça pourrait te faire tomber. », dis-je finalement. Un blanc s’installe, j’attends sa réponse. Le dossier est dans mon sac, près à être sorti pour lui montrer les justificatifs de mes paroles.
@Maeve Fox |
| | | | (#)Dim 12 Jan - 11:44 | |
| Je ne le quitte pas des yeux alors que ses premiers mots à mon attention sont durs, presque acerbes. J’encaisse comme je le fais depuis que la vie a décidé de séparer nos chemins. De nous emmener dans des directions qui ne sont pas seulement différentes : mais violemment opposées. Gregory Morton, lieutenant de police et chef de sa propre brigade des sciences comportementales. Maeve Fox, femme d’affaires à l’apparence parfaite, dissimulant pourtant nombre d’activités illégales. Le premier voue sa vie professionnelle (voire sa vie tout court) à coincer des gens comme la seconde pour les mettre derrière les barreaux. Il est formé pour les détruire. Pour me détruire. Manque de chance pour lui, je me suis montrée jusque-là bien plus rusée (et donc plus difficile à atteindre) que la plupart des criminels à qui il a affaire. Aujourd’hui encore, il est entre mes mains, obligé de taire ce qu’il sait de moi, au risque de voir sa propre existence anéantie. Il est désormais un membre de ma meute de loups, mon oméga, sans aucune échappatoire. Je ne lui ai pas laissé le choix. Et tant que j’aurais mon mot à dire, il n’y a aucune raison pour que cela change. Je ne prends pas la peine de répondre. A quoi bon lui faire plaisir ? Je veille à toujours garder mon sang-froid, peu importe les circonstances. Et Greg ne fait certainement pas exception à la règle. « J’aimerais que l’on passe un accord toi et moi. » Mon expression change pour afficher un certain étonnement. Je hausse un sourcil, intriguée de cette demande qui sort de nulle part. Jusqu’à preuve du contraire, c’est lui l’homme soumis, tenu en laisse par certains éléments qui, s’ils étaient divulgués, mettraient un point final à sa carrière, non ? Comment peut-il oser chambouler mon emploi du temps à la dernière seconde pour exiger un accord ou plutôt, redéfinir les termes de celui déjà en vigueur ? Je marmonne pour la forme. « Ah oui ? » Je demande sans sortir de ce ton neutre, presque indifférent, qui ne m’abandonne presque jamais. Greg m’observe, l’air narquois. Je sens alors le vent tourner. Quand bien même je ne laisse rien entrevoir, j’admets que cette attitude de défiance n’augure rien de bon. « J’ai couvert ton cul, j’aimerais que tu me laisses tranquille avec tes conneries maintenant. Je te préviens, j’ai des preuves concluantes sur toi, ça pourrait te faire tomber. » Mon cœur s’emballe au moment où mon cerveau fait un travail monstre pour tenter de deviner ce que Greg me dissimule. Il n’a pas à chercher bien loin. Lorsque la connexion se fait, c’est une vague de sentiments tous différents qui me frappent en plein visage. Il y a le déni. Parce que tout a été scrupuleusement nettoyé et dissimulé. Il y a l’acceptation suivie d’une colère noire. Les responsables, ceux qui ont merdé ce soir-là, allaient payer. Et puis il y a la peur. Quels éléments Greg peut-il bien avoir sur moi ? Qu’est-ce qui avait bien pu être oublié ? Mes instructions étaient pourtant claires. La rage revient en force. Je la repousse aussitôt, consciente que ce n’est pas le moment de m’emporter. Je songe un instant à une coïncidence. Peut-être que rien de tout cela n’est lié à ce que j’ai fait le dernier soir de l’année 2019. Peut-être que Greg me parle de tout autre chose ? De soi-disant preuves que mon armée d’avocats se fera un plaisir de démonter une par une ? Auquel cas, la situation reprendrait son statut initial : celui d’un flic obligé de servir une criminelle afin d’éviter sa ruine. « Depuis le temps qu’on se connaît, tu te doutes que de simples allégations ne me suffiront pas… » J’affirme, retenant un soupir. « Je t’écoute. De quoi m’accuses-tu, cette fois ? » L’appréhension me noue l’estomac. Pourtant, rien dans ma voix ou sur mes traits ne le suppose. Je serai bientôt fixée, mais en attendant, je dois rester maître de mes émotions, même avec Greg. Surtout avec Greg, je corrige en mon for intérieur. @Gregory Morton |
| | | | (#)Mar 14 Jan - 12:40 | |
| Comme à ses habitudes, la femme qui me fait face reste stoïque. Ca me rend presque triste de la voir ainsi, de nous voir nous déchirer de cette façon. Mais c’est elle qui l’a voulu. Elle a fait ses choix consciemment, et j’ai l’impression qu’elle est bien trop fière d’être devenue cette personne-là. Elle me dégoûte. Ma main droite sort de ma poche pour venir passer mes doigts dans ma barbe, comme si cette caresse pouvait me rassurer. Je me force à cesser rapidement ce geste qui peut me décrédibiliser, qui risque de lui faire comprendre que son regard perçant me déstabilise, qu’elle possède toujours cette emprise sur moi. Ses grands yeux bleus veulent m’intimider, me soumettre encore une fois supplémentaire peut-être ? Je n’arrive plus à la cerner, la douce Maeve s’est effacée pour ne laisser qu’une femme froide et distante. Mais je ne veux pas flancher, pas cette fois. Bien que cela me révolte, je suis bien trop conscient du fait qu’elle fasse partie de moi, comme un morceau d’organe vital pourri qu’on ne peut pas retirer. Mes yeux bruns ne quittent pas les siens, et on pourrait croire de l’extérieur qu’un affrontement de cow-boy s’apprête à exploser. Elle réagit à peine à mes paroles, trop occupée à être la grande dame qu’elle essaie de montrer à tous. Mais je ne suis pas dupe Maeve, je sais que cette situation t’affecte aussi. Malgré la rancœur, je sais que tu m’aimes encore.
Lorsqu’elle daigne entrouvrir ses lèvres pour laisser un son s’en échapper, je retiens mon souffle, inconsciemment. Je fais en sorte que mes yeux ne transcrivent rien, mais elle ne me rend pas la tâche facile. « Depuis le temps qu’on se connaît, tu te doutes que de simples allégations ne me suffiront pas… » Si seulement elle savait. Cette fois-ci, son équipe a laissé des traces qui nous mèneraient directement à elle. Cette fois-ci, Maeve risquait de voir la belle image qu’elle s’était construite se faire tâcher par ce meurtre, et donc ouvrir la porte à des enquêtes sur son business illégal. « Je t’écoute. De quoi m’accuses-tu, cette fois ? » Comme si m’humilier en me traînant comme un chien dans ses affaires ne suffisait pas, elle a cette facilité de tourner les phrases pour me descendre encore plus bas sur terre. Cette fois. Je bouillonne intérieurement, mes mâchoires se resserrent et je lutte pour ne pas contracter mes poings dans mes poches au risque qu’elle le voie. J’avais fait l’erreur de lui balancer à la gueule le dossier que j’avais monté contre elle la dernière fois, par provocation, et elle s’était servie de ça pour me la mettre à l’envers et me faire chanter. « Tu sais de quoi je parle, Maeve. Arrête de faire l’innocente, ça nous fera gagner du temps. » Je parle posément, clairement, presque sans agressivité dans ma voix. « Que faisais-tu le soir du 31 décembre ? Ne me sors pas de mensonges s’il te plait, je ne suis vraiment pas d’humeur à jouer. » Les mains dans les poches, planté comme un piquet bien ancré au sol devant elle, je la fixe du regard. Je sais qu’elle cherche un moyen de se sortir de là et de retourner la situation, mais je ne flancherai pas. Ma rage a bien trop grandi envers elle ces quelques années, et je suis déterminé à reprendre le contrôle de ma vie.
@Maeve Fox |
| | | | (#)Sam 25 Jan - 12:53 | |
| Je sais que mes mots viennent de le vexer profondément. Nous ne sommes que tous les deux, sans personne pour nous entendre, sans aucun risque que cette conversation ne fuite pour jouer contre l’un de nous. Dans de telles circonstances, il espérait que je me montre tout de suite franche avec lui. Que je tombe le masque, sans passer par une question inutile autant qu’insultante. Parce que je suis supposée savoir pourquoi il m’a demandé un rendez-vous en urgence, pourquoi il se croit en position de renégocier les termes de notre accord. Ses poings se serrent, sa mâchoire se contracte et son regard devient plus ferme. Je peux presque sentir la colère noire qui monte en lui à mesure que les secondes de silence s’égrènent. Je reste stoïque. Impassible. Droite sur mon banc, comme détachée de la situation, arborant une expression des plus calmes. Pourtant, à l’intérieur de moi, ce sont bien des sentiments puissants et contradictoires qui se vouent une guerre sans merci. Il y a ceux qui veulent uniquement protéger celle que je suis devenue, et tant pis si Greg est un dommage collatéral de cette ambition. Et puis il y a ceux qui me rappellent ce que nous étions, ce qui nous liait, combien il comptait. Et qui auraient aimé ne jamais avoir à le torturer comme je le fais. Je refuserais de l’admettre, même sous la torture, mais voir Greg dans cet état à cause de moi, contre moi, me fait mal. Je ne suis cependant pas naïve, loin de là : il m’offre ce que je mérite. Ni plus, ni moins. « Tu sais de quoi je parle, Maeve. Arrête de faire l’innocente, ça nous fera gagner du temps. » Sa voix est aussi douce que la mienne un peu plus tôt. Il est trop malin pour s’emporter, quand bien même il en brûle d’envie. Et un sourire en coin vient étirer mes lèvres alors que je le laisse continuer. Je dois lui sembler curieuse voire presque amusée de cette discussion. Il est hors de question qu’il sente mes doutes. « Que faisais-tu le soir du 31 décembre ? Ne me sors pas de mensonges s’il te plait, je ne suis vraiment pas d’humeur à jouer. » Ses yeux sont plongés dans les miens et il me fixe sans sourciller, certain d’avoir regagné l’avantage sur moi. Je réalise qu’il tient peut-être un élément sérieux, un élément destructeur, et mon cœur s’emballe aussitôt. Incapable de soutenir son regard perçant, je dévie mon attention sur le magnifique paysage qui nous fait face, laissant mes iris traverser la rivière avant de longer les courbes de Brisbane. Mes traits sont sereins, cependant je sais que Greg saura lire entre les lignes. Il a raison. Il serait inutile de lui mentir au stade où nous en sommes. « J’ai protégé une vie. Peut-être davantage. » Je finis par lâcher, me concentrant de nouveau sur Greg. Les souvenirs de cette soirée me reviennent et je reprends. « C’est même certain. » Car l’absence de remords de celui qui s’en était pris à Lizzie avait achevé de me convaincre qu’il serait beaucoup mieux six pieds sous terre. Pour ma nièce, et pour toutes ses autres victimes, passées ou futures. Maintenant que les faits sont établis, j’ai besoin de savoir ce que Greg a pu récupérer contre moi, et de quelle manière il a pu me relier à cet assassinat. Des têtes allaient tomber, au sein de mon équipe de l’ombre. Le ou les coupables allaient doublement regretter leur manque de professionnalisme : sachant que leurs actes auraient pu (et pourraient encore) me coûter très cher, Dominic se montrerait mille fois plus dur que d’habitude. Ils vivaient certainement leur dernier jour sur Terre sans en avoir encore conscience. Je hausse un sourcil puis j’interroge, sans me départir de mon ton posé. « Comment tu as su ? » Cette fois, c’est à moi de ne pas quitter Greg des yeux. Je ne partirai pas d’ici sans avoir tous les détails en main. Il fallait que je reprenne le contrôle. Coûte que coûte. @Gregory Morton |
| | | | (#)Mer 29 Jan - 16:52 | |
| Elle me lâche du regard. Serait-ce un début de faiblesse ? Mes yeux restent rivés sur elle, mon cœur s’emballe un peu plus : avoir l’ascendant sur elle, c’est jouissif. Ma mâchoire est toujours serrée mais je sens qu’un sourire veut s’échapper. Je le ravale immédiatement en me pinçant les lèvres inférieures de mes incisives, cette expression est trop provocatrice pour le moment. « J’ai protégé une vie. Peut-être davantage. » Elle l’avoue. Elle sait qu’elle est dans la merde, qu’elle peut chuter elle-aussi. « C’est ce que tu dis à chaque fois, Maeve. C’est ce que tu te dis quand tu veux te rassurer, te convaincre que tu n'es pas une mauvaise personne. » Elle plonge son regard dans le mien à nouveau, et comme d’habitude j’ai du mal à rester neutre face à elle. « Qui est cette personne à qui tu tiens tant ? Qui te fait risquer ta réputation et toute ta vie ? » Je lui demande ça comme si c’était impossible qu’elle aime sincèrement une personne, qu'elle ait quelqu’un de réellement important dans sa vie, elle qui n’hésite pas à envoyer ceux qui ne lui servent plus sous les roues d’un camion dès qu’elle en a fini avec eux. Je la vois mal se lier d’amitié avec quelqu’un, et encore moins risquer tout ce qu’elle a construit pour une seule personne. Elle ne pense qu’à sa gueule Maeve. « Après tout, la seule personne que tu aies gardé aussi longtemps dans ta vie, c’est ton homme de Cro-Magnon, et je suis certain qu’il peut se défendre tout seul avec ses gros bras poilus et ses airs de yéti. » Ma rancœur se fait ressentir. Combien le paie-t-elle pour qu’il lui soit autant loyal ? Comment fait-il pour être aux côtés d’une manipulatrice comme elle ? Je ne sais pas quelle est leur relation, mais je sais qu’ils sont proches. Il a certainement pris la place que j’occupais jadis, le confident, le meilleur ami, le frère, bref, celui qui sera toujours là pour elle.
Je fais abstraction du pincement au cœur que je ressens en me rappelant à quel point nous nous sommes éloignés aujourd’hui elle et moi, à quel point elle me manque. Ressaisis toi Greg putain. Focus. « Comment tu as su ? » Sa voix me réancre au sol. Je lâche un petit rire incontrôlé. « Je suis lieutenant Maeve, un putain de bon lieutenant. Ne me dis pas que tu doutes de mes capacités à te foutre en taule ? » J’ai un sourire sournois qui étire mes lippes, et je fais mon possible pour ne pas lui rire au nez pendant qu’elle me fusille de ses yeux bleus. J’ai une colère noire qui me bouffe les entrailles, et si je l’écoutais je l’enverrai directement derrière les barreaux. Mais je n’arrive pas à passer par-dessus cette affection que je lui porte, par-dessus tous nos souvenirs, par-dessus tout ce qu’elle représente pour moi. Je brise cette dynamique de défi de regards en me baissant pour ouvrir mon sac. Le bruit du zip perturbe le bref silence qui s’était imposé à nous, la tension étant montée d’un cran. Je saisis la grande enveloppe en papier kraft qui contient tous les éléments qui peuvent la descendre, et je joue carte sur table avec elle. « T’as un gars pas très fiable dans ton équipe. Venant de toi, j’aurai pensé que tu aurais fait attention à ça. » Je m’avance vers elle, l’enveloppe dans ma main qui tremble légèrement. J’ai du mal à contenir mes émotions. Je ne sais pas si c’est à cause de la haine ou de l’amour que je m’efforce d’effacer. J’entends mon cœur qui bat la chamade, cette boule au ventre qui me crie de m’arrêter là, de ne rien lui dire et de m’enfuir avec ces informations pour tous les foutre en taule. Mes jambes me trahissent, continuent de m’approcher d’elle. Je sens son doux parfum, celui qui me rappelle à quel point je l’aime, celui qui me supplie de rester pour lui donner une chance de s’échapper, et une chance de se faire pardonner en me laissant en dehors de sa merde. J’ai l’impression d’être à l'extérieur de mon corps, de ne plus rien contrôler. Ma main se tend vers elle pour lui donner l’enveloppe. « Tiens. » Je regrette déjà mon geste.
@Maeve Fox |
| | | | (#)Dim 2 Fév - 16:53 | |
| Je peux aisément deviner son bonheur de me sentir enfin à sa merci. Il tente de le cacher mais son masque dur et froid est incapable de me tromper. Le temps de la servitude et de la résignation sera bientôt révolu. Il tient en main la clé de sa liberté. C'est une chance inespérée pour lui, une chance qu'il n'a aucune intention de laisser passer sans la saisir au vol. Nos rôles se sont inversés. Il est désormais en position de force et moi, en position de faiblesse ultime. Je n'ai pas d'autre choix que de réviser les termes de notre accord, sans quoi il s'empressera de mettre fin à mon empire. Du moins, selon lui. La réalité est qu'il se sent pousser des ailes, mais que celles-ci ne tarderont sans doute pas à finir en cendres pour avoir volé trop près du soleil. Je sais tout ça parce que je connais Greg mieux que personne. Mieux que ceux qui le côtoient au quotidien. Je peux lire en lui comme dans un livre ouvert, devinant les sous-entendus derrière ses mots ainsi que les émotions sur ses traits, imperméable à tous ses efforts pour les dissimuler. Je reste cependant consciente d'une chose : cette force n'est pas à sens unique, au contraire. Elle est notre lot à tous les deux. Elle est le résultat de presque un demi-siècle de relation, même si la teneur de notre lien est différente aujourd'hui de celle qui existait à l'époque de notre enfance. Lui mentir est donc inutile, surtout si les éléments qu'il semble avoir en sa possession sont réellement incriminants. Je lui avoue alors avoir sauvé des vies, ce qui n'est rien d'autre que la vérité, et sa réaction ne se fait pas attendre. « C’est ce que tu dis à chaque fois, Maeve. C’est ce que tu te dis quand tu veux te rassurer, te convaincre que tu n'es pas une mauvaise personne. » Je hausse un sourcil sans le quitter du regard, mais préfère garder le silence. Nous sommes en désaccord sur ce point et le serons toujours. A quoi bon perdre de précieuses minutes dans un débat sans fin ? « Qui est cette personne à qui tu tiens tant ? Qui te fait risquer ta réputation et toute ta vie ? » Mon esprit me ramène à ma jeune et douce nièce, Lizzie. Mais ça aurait pu être toi. Je l'aurais fait pour toi aussi, Greg. Ma gorge se serre. Je déteste celle que je deviens lorsque je suis avec lui. A mille lieues de moi-même. « Après tout, la seule personne que tu aies gardé aussi longtemps dans ta vie, c’est ton homme de Cro-Magnon, et je suis certain qu’il peut se défendre tout seul avec ses gros bras poilus et ses airs de yéti. » J'éclate de rire face à la comparaison, heureuse que le concerné ne soit pas là pour se défendre. Greg n'aurait certainement pas fait le poids face aux gros bras poilus de Dominic. « Je ne manquerai pas de lui transmettre tes salutations. Il appréciera certainement. » Je me contente de rétorquer, un sourire en coin. Car l'urgence n'est pas aux sentiments que je porte pour Dom, ni pour ma nièce. Il faut que je sache pourquoi je suis là. Qui a merdé, comment, et jusqu'à quel point cela me met en danger. « Je suis lieutenant Maeve, un putain de bon lieutenant. Ne me dis pas que tu doutes de mes capacités à te foutre en taule ? » « Si j'avais le moindre doute là-dessus, je ne serais pas là. Et toi non plus, d'ailleurs. » Parce que si je le pensais incompétent, je n'aurais eu aucune raison de le mettre dans la confidence de mes activités illégales. Ni de lui faire du chantage pour m'assurer protection et loyauté. Là-dessus, Greg se baisse et sort une grande enveloppe kraft de son sac avant de se rapprocher. « T’as un gars pas très fiable dans ton équipe. Venant de toi, j’aurai pensé que tu aurais fait attention à ça. » Je peux voir l'hésitation dans ses yeux et mon coeur se met à battre plus fort. Pas tant pour le contenu de l'enveloppe que pour ce que je lis en Greg. Il semble en proie au pire des combats intérieurs. Je l'encourage d'un simple regard et il finit par me tendre le dossier. « Tiens. »J'attrape l'enveloppe, l'ouvre et sort le papier qu'elle contient. C'est un rapport mentionnant les résultats d'un certain ADN trouvé sur le corps. Mon sang ne fait qu'un tour en reconnaissant l'un de mes employés de longue date. Alexander Jones. Certes, cela ne me relie pas directement au meurtre, mais qui sait ce que Jones pourrait dire lors de son interrogatoire, lorsqu'il n'aura plus rien à perdre ? Cet homme est un solitaire. Il n'est pas marié et n'a pas d'enfant. Je ne suis pas sûre de pouvoir obtenir quelque chose qui le fera taire. Je comprends la position délicate dans laquelle je me trouve. Et l'immense effort que cela a demandé à Greg pour m'en parler. Si Jones dévoile tout ce qu'il sait, ce sera ma fin. Ni plus ni moins. « Merci. » Je souffle alors, reportant mon attention sur Greg. Je ne lui demande pas pour quand est prévue l'arrestation de Jones. Si nous sommes là, à cet instant précis, c'est qu'il m'accorde tacitement un délai pour régler le problème avant de rendre ce résultat officiel. Parce que je ne le vois pas dissimuler cette preuve, risquer sa carrière (plus qu'il ne le fait déjà) pour m'éviter la prison. Je remets la feuille de papier dans l'enveloppe, puis décide que Greg a, au minimum, droit à un morceau de l'histoire. « Tu sais déjà que ce monstre n'était pas inconnu de tes services. » J'avais moi-même fait mes propres recherches avant de le prendre en chasse. « Il a sexuellement agressé plusieurs femmes. Et il y a quelques temps, il s'en est pris à… ma nièce. » Je vois les traits de Greg changer alors qu'il essaie de comprendre. Je ne lui ai jamais parlé de Lizzie. « Darren a une fille. Il nous l'a cachée. Je n'ai appris son existence qu'en 2008, quand notre père est mort et que j'ai étudié ses finances pour l'héritage. Il s'avère que Darren, via un compte en banque de William, payait la mère pour qu'elle garde le secret sur sa paternité. Darren ne voulait pas reconnaître son propre enfant. » Je soupire avant de conclure. « Lizzie a grandi en croyant que son père est mort avant sa naissance. Et elle le pense encore aujourd'hui. » Je me tais enfin, laissant Greg mesurer toute l'ampleur de la situation. Je sais que ce ne sera pas facile à accepter, lui qui a toujours admiré Darren et qui m'en veut tellement de l'avoir envoyé derrière les barreaux. Et voilà que son héros devient le méchant de l'histoire...@Gregory Morton |
| | | | (#)Lun 3 Fév - 19:01 | |
| Elle n’a pas d’autres choix que de m’écouter, de me faire face, de me regarder la défier. Elle ne répond pas à mon agressivité, se contente de me dévisager, son sourcil relevé en guise de mépris. Je cherche à la faire réagir, je tente, de mes mots accusateurs, de percer la coquille solide qui l’enveloppe, mais c’est seulement quand je m’attaque à Dominic qu’elle entrouvre ses lèvres pour me rire à la gueule. « Je ne manquerai pas de lui transmettre tes salutations. Il appréciera certainement. » Elle me sourit, répond à cette ultime provocation par ses airs de grande dame. « Tu sais que je n’ai pas peur de lui ? Il ne m’impressionne pas ton chien docile. » C’est faux. Son yéti m’aurait fracassé au sol en moins de trente secondes, et c’est certainement la raison pour laquelle je ne peux me retenir de le rabaisser à nouveau, de l’humilier par fierté. Comme un caniche qui aboie plus fort que son voisin le gros chien, n'ayant que sa grande gueule pour se défendre. En lui tendant l’enveloppe, je sais que je lui fais une faveur. Je la dévisage alors qu’elle en découvre le contenu, ses sourcils s’étant légèrement froncés et trahissant une position inconfortable en voyant les résultats ADN. Je la reconnais en train de réfléchir au sort de cet Alexander Jones, et je n’éprouve aucune difficulté à deviner ce qu’elle compte faire de lui. Elle me regarde à nouveau et essaie de contenir les émotions qui passent sur son visage sans qu’elle ne le veuille. Je sais qu’elle meurt d’envie de m’interroger sur mes intentions quant à ces résultats, mais ses lèvres restent serrées et elle ne demande rien. Je lui facilite la tâche, une dernière fois. « Dans vingt-quatre heures, Alexander sera foutu en taule. C’est la dernière information que tu auras sur l’enquête. » Elle range le papier dans l’enveloppe, et j’aurai pensé qu’elle m’aurait quitté là, feignant un semblant de remerciement avant de s’éclipser. J’allais donc lui rappeler à nouveau de me laisser en dehors de son trafic illégal mais, à ma grande surprise, Madame délie finalement sa langue, m’interrompant dans ma démarche.
« Tu sais déjà que ce monstre n'était pas inconnu de tes services. » Alexander ? Oui bien sûr, il a fini en cellule de dégrisement quand il s’est battu avec un autre pochtron dans un bar. « Il a sexuellement agressé plusieurs femmes. » Ah, non, elle parle du gars qu’elle a tué. Tu vas quand même pas essayer de te dédouaner de tes actes Maeve ? « Et il y a quelques temps, il s'en est pris à… ma nièce. » À sa nièce ? Mon attitude moqueuse se heurte à ce qu’elle vient de dire. Comment est-ce possible ? Darren aurait une fille ? A-t-elle d’autres frères et sœurs dont je ne connais pas l’existence ? Son père avait-il une deuxième famille ? Mon regard se perd dans celui de Maeve pour essayer de déchiffrer ce qu'elle venait de m'annoncer, une expression d’incompréhension tracée sur mon front. « Darren a une fille. Il nous l'a cachée. Je n'ai appris son existence qu'en 2008, quand notre père est mort et que j'ai étudié ses finances pour l'héritage. Il s'avère que Darren, via un compte en banque de William, payait la mère pour qu'elle garde le secret sur sa paternité. Darren ne voulait pas reconnaître son propre enfant. » Les informations inondent mon cerveau et je suis dans l’incapacité de répondre quoi que ce soit. Darren a-t-il vraiment une fille ? Pourquoi ne l’a-t-il jamais reconnue ? Leur père était-il au courant ? « Lizzie a grandi en croyant que son père est mort avant sa naissance. Et elle le pense encore aujourd'hui. » Elle m’achève d’un dernier coup de massue. Mon regard s’était perdu sur le sol, mes méninges tentant d’analyser ce que Maeve venait de me balancer à la gueule. Je relève lentement mon visage, déglutis difficilement avant de la regarder à nouveau. Ses yeux semblent compatir, comprendre qu’il me faut du temps intégrer tout ça. Ma bouche est entrouverte, inspirant et expirant l’air qui devient un peu trop lourd. Et puis, je me rappelle de la date qu’elle a énoncée. 2008. Ma mâchoire se resserre dans une inspiration, et mon coeur recommence à taper plus fort. Cette fois-ci, je n'arrive plus à me contenir.
« Putain mais tu sais tout ça depuis 2008 et tu m’as rien dit ?! Bordel ! Mais pourquoi, Maeve ?! » Je retrouve la haine qui me bouffait les entrailles revenir au galop. « Je n’étais pas en droit de le savoir, ça ? Tu sais à quel point Darren compte pour moi. Je ne sais pas la raison pour laquelle ton frère nous a caché ça, mais pourquoi est-ce que toi tu as attendu douze ans pour me le dire ? Parce que tu penses qu’à ta gueule, c’est ça ? Ca change pas, pourquoi est-ce que ça m’étonne encore. Tu penses pas que j’aurais voulu la connaitre, Lizzie ? Tu m’as retiré Darren, tu l’as salement envoyé en taule comme si ce n’était qu’un pauvre voyou que tu avais rencontré une fois dans ta vie, et tu viens m’annoncer ça aujourd’hui ? Putain t’es vraiment pas possible, Maeve, t’es vraiment pas possible… » Je reprends mon souffle, les yeux noircis de colère et de reproches. J’avais fini par m’époumoner sur elle, lui criant toute la frustration accumulée ces dernières années. Ce qu’elle venait de m’annoncer là, c’était la goutte de trop. Je ne comprends pas pourquoi Darren s’était donné autant de mal pour cacher sa fille à sa famille, mais il devait certainement avoir une bonne raison. Ce n'était pas lui que je voulais blâmer, c’est bien à Maeve que j’en voulais, depuis le début.
@Maeve Fox |
| | | | (#)Dim 9 Fév - 11:07 | |
| Je décide de ne pas rebondir plus que nécessaire concernant Dominic. Je n'aime pas perdre mon temps (que je considère comme précieux) et encore moins pour des discussions aussi inutiles. Ma réponse est donc neutre et laconique, appelant mon interlocuteur à aller de l'avant. Ce qui semble être un échec. « Tu sais que je n’ai pas peur de lui ? Il ne m’impressionne pas ton chien docile. » Manifestement, Dominic Aleksandrov est un sujet des plus sensibles pour Greg. Une part de moi se demande encore pourquoi il lui inspire une telle aversion. Est-ce seulement à cause de ses responsabilités réelles au sein de mon entreprise ? Autrement dit, parce qu'il est un criminel avéré et devrait se retrouver derrière les barreaux ? Ou bien cela cache-t-il autre chose ? « Je sais. » Faux. Greg peut parfaitement se débrouiller, puisque cela fait partie de son travail. Mais il ne ferait pas le poids contre Dom. Et comme il n'est ni stupide ni prétentieux, il en a forcément conscience. Je ne sais pas vraiment ce qui le pousse à un tel mécanisme de défense vis-à-vis de Dom, mais encore une fois, je préfère mentir plutôt que de chercher à savoir lequel des deux a la plus grosse. Ah, les hommes et leur ego… Je me retrouve vite avec un élément important de l'enquête entre les mains, et je découvre non sans surprise (et non sans irritation) que l'un de mes employés les plus sérieux a fait preuve d'une terrible négligence en laissant traîner son propre ADN sur le cadavre. Manque de chance pour lui ainsi que pour moi, qui me retrouve donc indirectement mêlée à cette affaire, Jones est fiché. Dom va me tuer. J'aurais dû me souvenir de cette bagarre et l'écarter de la mission juste au cas où, mais je me suis basée uniquement sur son ancienneté et sur la confiance que j'avais en lui. Je n'ai pas pensé à tout. Pas comme l'aurait fait Dominic. Il va m'en parler jusqu'à la fin de mes jours. « Dans vingt-quatre heures, Alexander sera foutu en taule. C’est la dernière information que tu auras sur l’enquête. » Je hoche la tête avant de le remercier. Sincèrement. Parce qu'il aurait pu ne rien dire. Laisser cette histoire entacher ma réputation, quand bien même mes avocats auraient sans doute pu démentir tous les propos de Jones. J'ai du mal à savoir pourquoi il est venu à moi avec cet élément. S'imaginait-il que je lui aurais fait payer ce silence une fois le dossier clos et mon nom blanchi ? Ou bien préfère-t-il simplement l'échanger contre une réévaluation de notre accord ? Est-ce là les deux seules raisons possibles ? J'aimerais me dire qu'une petit partie de lui l'a fait pour moi, et uniquement pour moi. En souvenir de ce que nous étions. Mais je sais qu'il me hait aujourd'hui. Et c'est ma faute. Je pourrais me contenter de partir. Mais au final, peu importe ce qui l'a poussé à me faire part de ce morceau de l'enquête afin que je couvre mes arrières. Il l'a fait, et c'est le plus important. Alors, je tiens à lui donner quelque chose en retour. Je lui révèle les circonstances qui ont menées à la mort de Cole. Ce qui implique la vérité à propos de Lizzie. La réaction de Greg ne se fait pas attendre. D'abord sans voix, essayant tout bonnement de gérer ces nouvelles informations, il finit par planter des yeux assassins dans les miens. « Putain mais tu sais tout ça depuis 2008 et tu m’as rien dit ?! Bordel ! Mais pourquoi, Maeve ?! » C'est tout ce qu'il a retenu et je sais que je vais passer un sale quart d'heure. J'ai vu juste : il continue son petit laïus, haussant le ton à chaque mot. Je me sens soudain vulnérable. Nous sommes dans un lieu public et Greg est en train de perdre le contrôle. Alors qu'il mentionne l'incarcération de Darren, je ne peux plus garder le silence. « Calme-toi, bon sang ! » Je lâche entre mes dents, m'assurant que personne ne soit assez près pour entendre. Fort heureusement, les premiers passants à la ronde se trouvent à une bonne centaine de mètres. « Putain t’es vraiment pas possible, Maeve, t’es vraiment pas possible… » Il est furieux mais je crois qu'il est surtout déçu de ne pas avoir été mis dans la confidence. Et sans que je ne sache ni pourquoi, ni comment, un étrange sentiment de culpabilité me noue les tripes, bien vite remplacé par la colère. Une colère sourde et profonde. « Je te conseille faire plus attention à tes mots, Greg. » Je le préviens tout d'abord. Je passe bien trop de temps à soigner mon image, il est hors de question que son monologue attire une attention indésirable. Sans me départir d'un calme exemplaire, je soutiens son regard puis finis par secouer la tête, plus amère que jamais. « Après tout ce qu'il a fait, tu continues à le défendre. William et lui voulaient me jeter en pâture aux loups ? J'ai sauvé ma peau de la seule manière possible. Il refuse de reconnaître sa propre fille ? Je suis présente pour elle, de loin et du mieux que je le peux. Mais ce n'est pas suffisant, non ! » Les larmes me brûlent les paupières. Mon ton change, devenant plus froid, plus dur. Je suis révoltée. « Darren par-ci, Darren par-là ! Il a abusé de ma confiance, il a abandonné son enfant ! Je la protège, et sans rien dire à personne parce que c'est justement ce que Darren voudrait, et c'est quand même à moi que tu fais des reproches ? » Je secoue la tête alors que la réalité me saute aux yeux : les derniers mots de Greg font écho à ceux de mon père, me ramenant bien des années en arrière. Je quitte le banc d'un mouvement vif. J'ai besoin de respirer. Il faut que je m'en aille d'ici. « Tu voulais ta tranquillité ? Accordé. » Je laisse passer trois secondes de silence, pas plus. « Au revoir, Greg. » Sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, je fais volte-face et commence à marcher en direction du chemin tracé dans la verdure, chassant une larme d'un geste nerveux. J'ai la terrible impression d'avoir été trahie à nouveau. Mais cette fois-ci fait tellement plus mal que les autres… @Gregory Morton |
| | | | (#)Lun 10 Fév - 9:03 | |
| On dit que ce sont les personnes que l’on aime le plus qui sont susceptibles de nous blesser au plus profond de nous, et notre relation le démontrait parfaitement. On s’est aimés avec Maeve. tellement fort, mais les souvenirs agréables s’effacent petit à petit pour laisser place à de la haine et de la rancœur. La trahison fait désormais partie intégrante de nos échanges, les deux enfants toujours collés l’un à l’autre aujourd’hui devenus les pires ennemis, prêts à dégainer le premier pour trouer un peu plus le cœur de l’autre. Elle sait appuyer où il faut pour me faire mal, mais je sais aussi comment l’atteindre, c’est l’avantage et l’inconvénient de si bien se connaître. Je n’ai pas réussi à contenir ma colère, et j’en ai très clairement rien à foutre qu’elle me dise de la fermer parce que ça risque de salir son image. Son « Calme-toi, bon sang ! » renforce bien au contraire le fait de ne plus contrôler le volume de ma voix et la volonté de m’emporter encore plus, la défier, une fois de plus. Les traits durs qui sont fixés sur mon facière doivent certainement en impressionner plus d’un, mais pas Maeve. Elle, elle n’a pas peur de moi, elle lutte simplement pour ne pas m’envoyer sévèrement chier. Elle finit par me menacer, comme si elle pouvait m’effrayer avec ses sanctions. Mes maxillaires se resserrent, et mes poings fourrés dans mes poches suivent le mouvement.
« Après tout ce qu'il a fait, tu continues à le défendre. William et lui voulaient me jeter en pâture aux loups ? J'ai sauvé ma peau de la seule manière possible. Il refuse de reconnaître sa propre fille ? Je suis présente pour elle, de loin et du mieux que je le peux. Mais ce n'est pas suffisant, non ! » Elle justifie ses actes en parfaite innocente, elle cherche à se donner le beau rôle, bordel. « De quoi t’as sauvé ta peau ? Aux dernières nouvelles, c’est pas toi qui moisit en taule. En revanche, c’est bien toi qui a vendu ton père et ton frère, ta propre famille. Dis-moi Maeve, il n’y a que la trahison de tes proches qui t’ont fait avancer dans la vie ? » Je n’ai pas envie de faire face à mes torts sur Darren, je ne suis pas prêt à m’avouer vaincu. Alors je dis rien, je préfère l’attaquer là où ça fait mal. Et je sais reconnaître ses expressions quand elle retient ses larmes, quand ses émotions se bloquent dans sa gorge et qu’elle lutte pour ne pas se montrer fébrile. Je la vois faiblir, et cette image m’arrache un semblant de regret, mais je ne peux pas flancher, pas moi. « Darren par-ci, Darren par-là ! Il a abusé de ma confiance, il a abandonné son enfant ! Je la protège, et sans rien dire à personne parce que c'est justement ce que Darren voudrait, et c'est quand même à moi que tu fais des reproches ? » Elle marque un point. Mais je n’ai pas envie de la croire, je n’ai pas envie qu’elle ait le beau rôle. Elle cherche à se défendre, et c’est la première fois que cela arrive de toutes les disputes qu’on a eues à ce sujet.
Je sens que ça l’affecte, et j’ai l’impression qu’elle m’a laissé entrevoir une mince brèche dans son cœur noir. Eprouve-t-elle des remords ? Je ne sais plus sur quel pied danser, les contradictions se bousculent dans ma tête et je n’ai pas le temps de réfléchir. Elle finit par se barrer face à mon silence, elle s’en va. Putain, elle s’en va Greg. J’ai envie de lui crier que je m’en contrefous si elle me tourne le dos, qu’elle ne compte pas, et que tout sera désormais plus facile pour moi. Mais au fond, je me demande si le chantage qu’elle me faisait n’était pas le dernier lien qui nous unissait, et la raison principale pour laquelle j’avais finalement accepté. Qu’elle me fasse souffrir moi, mon égo, qu’elle détruise ma réputation, mon job, la vie que je m’étais construite, c’était une chose que je ne souhaitais pas. Mais la perdre définitivement n'était pas une chose que je voulais considérer non plus. Elle s’éloigne de moi, et je sens que c’est définitif. Je sens que si je la laisse partir, je la perdrai à jamais. Elle tiendra sa parole, Maeve, elle me laissera tranquille, mais je n’entendrai absolument plus parler d’elle. Elle me rayera complètement de sa vie, et fera le nécessaire pour que je ne croise plus jamais son chemin. Est-ce que j’avais envie de ça ? Est-ce que j’avais envie de perdre cette partie de moi pour toujours ? Je n’en sais rien, mais mes jambes décident de se mettre en marche et de lui courir après. Qu’est-ce que tu fous Greg, laisse-la partir, t’es enfin libre. Le claquement de ses talons sur le chemin goudronné résonne dans mes oreilles, et se heurte à mes pensées incohérentes. Ma main se dirige inconsciemment vers la sienne quand j’arrive à sa hauteur, et, d’une poigne ferme, je l’arrête. « Maeve, s’il te plait. » Je la supplie de s’arrêter, de se retourner, de me regarder. Je ne sais pas quoi lui dire, je n’ai rien à lui dire. « S’il te plait, Ma… » Et sans le vouloir, je ressors le surnom que je lui donnais quand on était gamins, quand on partageait encore nos secrets, quand elle était mon tout. Je ne sais pas ce que je cherche, mais je sais que je ne veux pas la perdre, je ne peux pas la perdre. Ma colère s'est cachée sous un sentiment de peur, trahissant l'amour que j'éprouve pour elle à travers mon regard transparent à ses yeux. Tout ce que j'arrive à faire, c'est de resserrer un peu plus mâchoire pour éviter que les émotions ne me montent aux yeux, et je deglutis difficilement à travers ma gorge asséchée. Les mots ne sortent pas, je sais qu'elle attend des excuses mais je n'y arrive pas. J'ai déjà mis mon ego de côté en lui courant après, je n'arriverai pas à sortir des simples excuses sans me justifier, et ça ne la conviendrait pas, je le sais. Alors j'espère qu'elle lise dans mon regard tout ce que je pense, que je suis désolé, que je l'aime mais que je lui en veux. Je t'en veux Maeve de m'avoir écarté de ta vie, je t'en veux d'avoir pris la décision d'envoyer ton père et ton frère en prison sans m'en avoir parlé, je t'en veux de t'être éloignée de moi, de m'avoir abandonné, de faire en sorte que je me plie à tes exigences. Mais je m'en veux aussi de ne plus faire partie de ta vie, de t'avoir laissée seule devenir cette femme que je ne reconnais plus, d'avoir laissé la meilleure partie de toi s'enfouir sous ce masque pour ne laisser transparaître qu'une personne froide, distante, cassante et méprisante avec ceux qui ne te disent pas oui à tout. Et... Je m'en veux aussi d'avoir perdu ta confiance au point que tu ne me mettes pas dans la confidence pour Lizzie. Je ravale sauvagement mes larmes d'un grognement insatisfait de les sentir monter. Les muscles de ma mâchoire me font mal à force d'être contractés, mais je ne peux pas faire autrement si je ne veux pas craquer. S'il te plaît Maeve, ne me laisse pas pour de vrai cette fois... Mes pensées se heurtent à une bouche fermée, aucun son ne sort, et Maeve se retrouve face à mon silence depuis que je l'ai retenue.
@Maeve Fox |
| | | | (#)Jeu 13 Fév - 14:11 | |
| Personne ne sait combien il est douloureux pour moi de côtoyer Lizzie sans qu'elle ne soit consciente de ce qui nous unit vraiment. Du lien de sang que nous partageons. Même Dominic ne peut pas en prendre toute la mesure. Je serai moi-même bien en peine de décrire la douleur sourde qui me transperce la poitrine à chaque fois que mon regard croise celui, lumineux, de ma nièce. J'ai pu me faire une petite place dans son existence en tant que mentor, âme bienveillante qui lui ouvre certaines portes du bénévolat. Je sais qu'elle apprécie notre relation à sa juste valeur. Mais cela est loin, vraiment très loin de me combler. Nous nous voyons trop peu à mon goût. Nous ne sommes pas assez proches non plus. Je ne suis pas celle vers qui elle se tourne si elle rencontre des problèmes. Ni si elle a besoin de conseils, ou d'une épaule réconfortante sur laquelle pleurer. Au-delà de tout le reste, c'est ce qui me fait le plus mal dans les reproches que Greg m'envoie en pleine figure. J'ai choisi de respecter la volonté de Darren, en dépit de sa trahison et en dépit de la rancœur que je ressens encore envers lui. Chaque moment passé en compagnie de Lizzie sans pouvoir lui dire la vérité me fait mal, mais je le supporte pourtant. Pour lui. Pour mon frère. Et voilà comment je suis remerciée, aujourd'hui. Avais-je vraiment pris la bonne décision ? Bien sûr, je ne compte pas baisser les yeux face aux accusations de Greg, et ne manque pas de lui répondre d'une voix glaciale. Mais il est loin de se radoucir. Il n'a pas envie de comprendre. Je suis coupable selon lui, un point c'est tout. « De quoi t’as sauvé ta peau ? Aux dernières nouvelles, c’est pas toi qui moisit en taule. En revanche, c’est bien toi qui a vendu ton père et ton frère, ta propre famille. Dis-moi Maeve, il n’y a que la trahison de tes proches qui t’ont fait avancer dans la vie ? » Je me retiens de lui mettre une baffe et essaie plutôt de calmer la rage qui monte en moi. Comment ose-t-il ? Incapable de soutenir son expression assassine, je me détourne de lui et en quelques syllabes, lui fait comprendre que nous en avons terminé. Alors que mes premiers pas m'emmènent sur le petit sentier, je lutte pour retenir mes larmes. La réaction de Greg me tue. Je ne peux pas croire ses mots. Je lui en veux terriblement de me ramener des dizaines d'années en arrière, à une époque où je ne comptais pas, où je n'avais droit à rien alors que mon frère avait tout sans faire le moindre effort. En cet instant précis, Greg a pris le visage de mon père. Darren est le seul qui importe et je n'existe pas. Greg m'en veut de l'avoir mis en prison, et pourtant c'est lui qui espérait me vendre aux flics en cas de problème. Il m'en veut de lui avoir caché l'existence de Lizzie, et pourtant c'est bien Darren qui voulait garder le secret. J'avoue que je suis perdue. A quel moment Greg a-t-il cessé d'être mon ami pour devenir celui de mon frère ? Je sais que nos relations sont pour le moins tendues depuis quelques années, mais je n'imaginais pas que Darren en était la cause principale. Vraiment pas. Je sens une main attraper mon poignet. « Maeve, s’il te plait. » J'ai envie de continuer mon chemin mais il me tient fermement. Il n'a pas l'intention de me laisser partir, pas sans un dernier échange. Je fais doucement volte-face. « S’il te plait, Mae… » Coup au cœur. Cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas entendu prononcer le seul surnom que j'ai jamais toléré de toute mon existence et qui, bien évidemment, lui était réservé. Mes yeux sont humides, les larmes menacent de couler, je ne peux plus le lui cacher maintenant. Je me bats contre cette émotion en serrant les mâchoires. A mon tour de me laisser envahir par les contradictions. En cet instant précis, j'ai autant envie de le frapper que de me laisser aller dans ses bras. A une époque, les mots étaient presque superflus entre nous. Je remarque qu'ils peuvent toujours l'être. Ses lèvres restent closes, mais son regard en dit long, très long, sur ce qu'il ressent. Incapable de parler sans fondre en larmes moi-même, je lui réponds de la seule autre manière possible, celle-là même qu'il vient d'utiliser avec moi. Je te confiais tout, quand on était plus jeunes. Parce que je n'avais confiance en personne sauf toi. Tu sais à quel point j'ai souffert de la terrible indifférence de mon père, qui ne jurait que par son fils, comme s'il n'avait jamais eu de second enfant. Darren était considéré comme un roi à la maison, et moi j'étais invisible. Tu le sais, Greg. Tu l'as vue, cette plaie béante, tu l'as vue et tu m'as aidée à la refermer, à la cicatriser. Alors pourquoi aujourd'hui, c'est toi qui t'acharnes à la rouvrir, à la faire saigner de nouveau ? Je t'en veux. Je t'en veux tellement de me faire passer pour la méchante de l'histoire. Ce n'est pourtant pas moi qui ai usé de la pire des trahisons en premier. Et toi, tu étais où, tout ce temps ? Tu étais où quand Darren et William ont décidé de faire équipe pour m'enfoncer des poignards dans le dos ? Tu étais où quand j'avais besoin de toi pour ne pas sombrer ?Je me rends compte assez vite que je tremble. Est-ce l'effet de la tristesse que je lis dans ses yeux, aussi brillants que les miens ? Ou bien est-ce à cause de ma propre détresse ? Pourquoi se fait-on autant de mal, tous les deux ? A nouveau, je détourne mon visage pour ne plus avoir à le regarder. « Il faut que j'y aille, Greg. » Ma voix est discrète, presque imperceptible. Parler cause une vive douleur dans ma gorge serrée, qui se bat pour retenir des sanglots trop longtemps enfouis. Il n'y a que lui pour m'affecter autant. Pour me causer une telle douleur. Je me dégage lentement de son emprise, comme à contrecœur. « Je te rappellerai. » Une phrase jetée dans le vent, sans véritable signification, qui veut tout dire et ne rien dire en même temps. Mais malgré la violence de notre discussion, je ne peux pas m'en aller en laissant Greg croire que c'est terminé, qu'il n'entendra plus parler de moi. Pour être franche, même si je le voulais vraiment, j'en serais incapable. Je porte mon attention sur lui une dernière fois. Il hoche simplement la tête, et je sais alors qu'il ne cherchera pas à me retenir. Je lui offre un infime sourire, rempli de nostalgie. Et, peut-être aussi, de regrets. Je déteste ce que je lui fais subir. Je me déteste pour ça. Pourtant, demain, quand la peine sera passée, quand il ne sera plus en face de moi, capable de me toucher jusqu'au plus profond de mon âme simplement en liant son regard au mien, je recommencerai. Parce que le détruire est devenu ma seule manière de l'aimer. ----- SUJET TERMINE ----- @Gregory Morton |
| | | | | | | | (Maevory) Every breath is a bomb |
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