New year’s eve. T’es sur la plage avec des potes. Pas de grosse soirée avec de drogue qui coule à flot cette fois. Tranquille. Calme. On commence la nouvelle année du bon pied. Enfin, ça c’est ce que t’avais dit, pas ce qu’ils ont fait. Tes potes. Ca circule la weed et tu tires même un peu dessus. Mais ça reste gentil. Tes amis sont tous dans des relations bien posé maintenant et c’est sûrement pour ça qu’ils ont tous acceptés la soirée au calme. Parce qu’ils veulent pas faire les cons devant leurs partenaires. Sauf que toi, avec Rosa, c’était avec elle que t’étais le pire. Elle était si parfaite pour toi. Elle te manque tous les jours et t’es même pas trop jaloux de tes potes parce que même s’ils sont bien dans leurs couples, t’as l’impression que c’est pas aussi fort que ça ne l’était avec ta Rosa. Tu te vois pas en eux. Ma BFF me manque. Tous les jours. Et ce soir c’est à elle que tu penses quand il est minuit et qu’ils sont tous en train de s’embrasser pour se souhaiter la bonne année.

« Viens par là le Fisher. »

Et y’a Marcus qui t’embrasses sur les lèvres comme le con qu’il est. Il est parfait. Tu l’aimes beaucoup. Y’a des gens qui vous rejoignent sur la plage, des potes de potes de potes, tu sais pas. Mais c’est toujours fun de faire de nouvelles rencontres. T’es quasi sûr que Marcus a manigancé un truc pour que tu sois pris en embuscade de jolies personnes et que tu trouves ta moitié. Il peut toujours essayer. Mais jusque là tu l’as cramé à chaque fois et ça n’a jamais été le coup de foudre. Ca ne le sera jamais.

Juste en shorts et un t-shirt sur toi, y’a quelqu’un qui vient s’installer à côté de toi, sur le bout de serviette libre où t’es assis. Tu tournes la tête vers cette personne et tu lui fais un sourire.

« Jordan. »

Tu te présentes toujours. T’aimes savoir les prénoms des gens avec qui tu parles. T’es toujours ouvert à la conversation avec tout le monde. T’as toujours de quoi apprendre. De quoi t’inspirer d’une façon ou d’une autre. Ouais on peut dire que t’es carrément émerveillé d’un rien souvent. Tu t’intéresses à énormément de choses.

Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait là. Des amis de la fac, de ceux qui ignoraient tout de la vie qu’elle menait en dehors des murs de l’établissement. Illusion parfaite de l’étudiante pas tout à fait modèle mais pas sur le banc de touche pour autant. C’était avec eux qu’elle était venue ce soir, invitée par un pote à les rejoindre sur un bout de plage pour fêter la nouvelle année calmement. Pourquoi pas, après tout. C’était ce qu’elle s’était dit quand elle avait haussé les épaules et qu’elle avait dit oui. Au moins, dans cette soirée en plein air, elle pouvait emmener Otis, son rottweiler de quelques jeunes années. Une partie de la soirée, elle l’avait passé avec son ami en question et puis au fur et à mesure, elle s’était ouverte à de nouvelles têtes, le chien aidant férocement à attirer l’attention et à faire de nouvelles connaissances aisément. Si elle avait été stressée de la possible tournure de la soirée – elle n’était pas dupe quant à l’odeur qui flottait dans l’air, elle-même consommatrice de temps en temps – elle avait fini par se détendre en constatant, qu’en effet, la soirée restait calme en dépit du nombre de personnes. Alors elle avait profité, avec deux ou trois bières, entre deux rires et trois minutes de jeu avec Otis. Un nouvel an qui parvenait à lui faire oublier qu’elle était un peu différente des autres, sur divers plans.

Elle avait fini par s’asseoir, sur un bout de serviette, face à la mer. Surveillance oblige quand un gros toutou comme le sien était lâché en liberté, entouré de monde et surtout jouant au bord de l’eau, aboyant après les vagues quand elles lui touchaient les pattes, pour mieux leur courir après quand elles s’en allaient ou les fuir quand elles s’approchaient. Ouais… il n’avait pas toute sa tête ce chien mais elle l’aimait quand même. Sa surveillance était alors quelque peu interrompue par le mec auprès de qui elle venait de s’asseoir. Un dernier coup d’œil au chien et son regard pivotait à sa droite, rencontrant celui de son interlocuteur. « Sin. » Donner son prénom entier, elle aurait pu le faire si elle n’était pas aussi habituée à se faire surnommer de cette façon. « Sinead pour être un peu plus précise mais tout le monde m’appelle Sin, so. » So, il était autorisé à le faire aussi, ça ne la dérangeait pas le moins du monde. « Excellente année à toi. » Sourire tendre sur son visage de poupée, c’était le premier réflexe qu’elle avait eu pour entamer la conversation. Elle n’allait pas lui claquer une bise mais l’intention y était, sa voix portait assez le message pour ne pas y associer de geste qui aurait pu vite devenir gênant compte tenu de l’absence de connaissance qu’ils avaient l’un envers l’autre. « C’est quel ami qui t’a traîné jusqu’ici ? » Elle aurait pu faire des suppositions. Ce type qui l’avait embrassé quand minuit avait sonné, par exemple, mais elle était bien incapable de se souvenir que c’était Jordan qui avait reçu ce pseudo baiser.

Spoiler:

« Sin. »

« Wow. »

Ca c’est clairement un prénom excellent et tu t’attendais pas à entendre ça. Peut être qu’elle vient de m’ordonner de pécher. On sait pas. On sait très bien que non. C’est son prénom.  « Sinead pour être un peu plus précise mais tout le monde m’appelle Sin, so. » Parce qu’elle a compris que t’étais un peu con et que t’as besoin de plus d’explication vu ta réaction.

« J’adore ton prénom. »

Ca t’inspire grave. C’est un sujet qui revient très très souvent dans les chansons que t’écoutes ou que t’écris même. T’as jamais pensé que quelqu’un pouvait être appelé comme ça. Je suis jaloux. « Excellente année à toi. » Tu hoches la tête, c’est vrai, c’est la nouvelle année ça y est. Tu n’es pas le genre de personne qui pense à souhaiter quoi que ce soit à quiconque. Tu oublies toujours, ça te passe au dessus de la tête.

« Ah ouais, bonne année ouais. »

T’es maladroit mais c’est juste comme ça que t’es, tu portes pas trop d’importance à la nouvelle année. C’est juste un chiffre de plus sur le calendrier. Tous les jours sont fait pour être vécu à leurs max. Mais c’est vrai que la vibe 2020 donne une petite touche d’autre chose en plus. La nouveauté. Mais t’es pas enthousiasmé à fêter la nouvelle année particulièrement. Vous en faites un tas de soirées. « C’est quel ami qui t’a traîné jusqu’ici ? » Elle te fait rire alors que tes yeux se détournent vers son chien que t’as bien vu. Elle le surveille.

« J’ai envie de dire Marcus mais la vérité c’est que c’est moi qui ait eu l’idée de venir sur la plage donc… Techniquement c’est moi qui les ait tous traînés. »

Tu bois une gorgée de ta bière que t’as dans la main parce que c’est pas une soirée sans un peu d’alcool. Tu restes très très sage cependant. Comme tout le monde, ou du moins, tes potes à toi. Vu le monde qui s’est ramené tu sais pas comment ça va virer.

« Et toi ? T’es venu de ton plein gré à ma soirée ? »

Tu plaisantes, tu te fais rire. Il t’en faut peu.

« Une bonne soirée nan ? La playlist est cool. »

Parce que t’as mis ton veto sur la musique et c’est une de tes playlists qui passe. T’as été gentil t’as mis des trucs que tout le monde devrait connaître. C’est d’ailleurs du Justin Bieber qui passe là maintenant. Aucune honte, absolument aucune.

Sa réaction l’étonnait puis la faisait rire. Si Jordan ne s’était pas attendu à entendre un tel prénom au cours de sa vie, Sinead ne se serait jamais attendue à une telle réaction non plus. « Merci. Je remercierais mes parents de m’avoir donné un prénom cool apparemment. » Elle en riait mais elle était tellement habituée à l’entendre – logique – qu’il sonnait bien trop naturel pour elle, pas vraiment exceptionnel. Elle en profitait alors pour lui souhaiter une excellente année, un vœu qu’il lui retournait, sans grande conviction visiblement. Ça ne semblait pas être son truc, pas plus que ça en tout cas alors elle ne s’était pas attardée et avait simplement poursuivit la conversation, la dérivant davantage sur la soirée en elle-même bien plus que sur son thème.

Le rire du jeune homme la rendait un peu perplexe avant qu’il ne lui explique le pourquoi du comment, la faisant rire à son tour. « Ah merde, désolée. » elle se trouvait bien ridicule tout à coup. Il était l’organisateur de la fête, personne ne l’avait vraiment ramené ici. Etrange d’ailleurs qu’une personne organise une soirée pour le nouvel an et s’en soucie si peu de cette nouvelle année. C’était peut-être une occasion de plus pour faire la fête, rien de plus. Bref. De son côté, elle s’était faite trainer d’ami en ami d’ami. Un vrai business de bouche à oreille cette soirée finalement. « Ouais ça va, on m’a pas kidnappé pour me ramener. Je suis venue avec Alec, enfin avec son groupe d’amis mais je ne les connais pas vraiment. C’est lui qui m’a proposé de venir et voilà quoi, ça s’est fait comme ça, comme pas mal de monde ici je crois. » Un instant de flottement puis son rire, de nouveau, qui perçait la nuit. « C’est sur le coup que tu me balances que non, tu connais tous ces gens et je suis la seule à avoir été ramenée comme une pièce rapportée. J’aurais bien l’air conne encore. » Et ça pourrait tellement être le cas, elle avait le don pour ça, se mettre dans des situations impossibles et/ou ridicules.

« Je t’avoue que je fais pas spécialement attention à la musique quand je suis en soirée, je préfère discuter. » Parce qu’en dehors de la faculté et de ces fameuses soirées où on l’invitait, elle n’avait pas vraiment d’interaction sociale, seule dans la rue. Elle ne tenait pas franchement à ce que ses proches soient au courant de sa situation, ne souhaitant pas voir la pitié dans leur regard, alors la plupart du temps, elle était simplement seule, avec Otis, devenu son meilleur ami. Néanmoins, maintenant qu’il en parlait, elle tendait un peu l’oreille, reconnaissant sans mal le petit chanteur à mèche blonde devenu adulte. « C’est moderne. » Elle se retenait de faire un commentaire, négatif ou positif, et ça se voyait à son visage, à ce sourire amusé qu’elle arborait et qu’elle ne mettait pas de temps à expliquer. « Est-ce que ta question était une question piège ? » Elle en riait parce que c’était bête mais il aurait pu lui poser la question comme une espèce de test pour la cerner, elle et ses potentiels goûts musicaux. Pas vraiment de chance pour lui pour le coup, elle ne s’intéressait pas plus que ça à la musique. « Tu as des goûts de jeune pour un mec marié. » Une remarque anodine, une boutade même, parce qu’elle l’avait vu cette alliance qu’il portait, reflétant les flammes du feu pas très loin d’eux.

« Merci. Je remercierais mes parents de m’avoir donné un prénom cool apparemment. » Vraiment t’es un gars qui pense beaucoup trop à la mort parce que la première chose à laquelle tu penses après sa réponse, c’est qu’elle a encore ses deux parents sur cette planète. Loin de toi l’idée de faire une remarque à voix haute. Tu gardes ça pour tes pensées. Par contre le fait qu’elle est à ta soirée, non, tu le partages tout de suite. « Ah merde, désolée. » Ca te fait beaucoup rire qu’elle se sente obligé de s’excuser. Cute.  « Ouais ça va, on m’a pas kidnappé pour me ramener. Je suis venue avec Alec, enfin avec son groupe d’amis mais je ne les connais pas vraiment. C’est lui qui m’a proposé de venir et voilà quoi, ça s’est fait comme ça, comme pas mal de monde ici je crois. » Tu hoches la tête. Tu sais même pas qui est Alec. Mais plus on est de fou, plus on rit. « C’est sur le coup que tu me balances que non, tu connais tous ces gens et je suis la seule à avoir été ramenée comme une pièce rapportée. J’aurais bien l’air conne encore. » Ton rire se fait plus franc là.

« Nan nan, j’ai aucune idée de qui est Alec. T’es safe. »

Comme le passionné que t’es, tu mets la musique sur le tapis. « Je t’avoue que je fais pas spécialement attention à la musique quand je suis en soirée, je préfère discuter. » Elle a pas fait gaffe à la musique et tu retiens cette info. T’es pas du tout comme elle de ce côté-là. T’es genre un scanner la musique peu importe où tu vas. « C’est moderne. » Tu la trouves cool à faire un commentaire sur la musique alors qu’elle ne s’y intéresse pas. « Est-ce que ta question était une question piège ? » Elle te fait rire. T’as ton sourire bien affiché sur tes lèvres.

« Pas du tout ! Je trouve ça déjà bien sympa de ta part d’avoir pris la peine de dire un truc sur la playlist. »

Elle rit aussi donc tu sais que c’est pas sérieux tout ça et  ça te plaît plutôt bien. « Tu as des goûts de jeune pour un mec marié. » T’étais en train de remonter ta bière à tes lèvres quand tu l’as entendu et tu t’es arrêté dans ton geste. Amusé, surpris.

« Tu fais pas attention à la musique mais t’as cramé mon alliance. »

Ca te fait vraiment rire. Tu poses une main sur ta poitrine et prend un ton assez officiel.

« Jordan Fisher. Marié et jeune en même temps. Pour te servir. »

Tu inclines la tête un peu comme une petite révérence sans lever tes fesses du sable.

« A la recherche de l’âme sœur ? »

Parce que tu te dis si elle a remarqué c’est que ce genre de détail est important pour elle d’une certaine façon.

« Si ça se trouve il a fait genre qu’il connait des gens et il m’a traîné dans une soirée où il connait personne cet enfoiré. » Elle en riait mais putain, il en était tellement capable ce taré de pote. C’était tellement rapide – surtout au sein d’une université – d’entendre parler d’une méga fête et de s’y rendre. Alec aurait pu faire ça, c’était tout à fait son genre, même pour des fêtes plus petites comme celle-ci mais assez imposante pour que des inconnus s’y incrustent sans vraiment se poser de question. La musique arrivait rapidement sur le tapis et elle avouait sans mal qu’elle ne s’y intéressait pas plus que ça, dans une soirée en tout cas. Comme tout à chacun, elle écoutait de la musique – sans être capable de la choisir en revanche puisqu’elle l’écoutait seulement sur la radio de sa voiture, bien trop pauvre pour avoir un appareil qui lui permettrait d’avoir une quelconque playlist personnalisée – elle aimait certains morceaux mais dans le cadre d’une soirée, elle préférait sociabiliser. « Désolée, la question pouvait paraître con mais il y a tellement de gens qui en jugent d’autres juste parce qu’ils écoutent telle ou telle musique alors que, clairement, c’est très loin de définir une personnalité. » Elle ne comptait plus, dans ce cas précis de Justin Bieber, le nombre de personnes qui ont pu cataloguer les autres de cas sociaux ou de gamins parce qu’ils écoutaient ses musiques. Décidément, elle passait son temps à s’excuser.

Elle pensait d’ailleurs qu’en faisant cette petite remarque sur ses goûts de jeune, il allait continuer la conversation sur le thème musical mais non, il préférait se concentrer sur la seconde partie de sa phrase, non sans un sourire amusé sur le visage. Elle l’avait bien remarqué depuis quelques minutes qu’elle le faisait rire/sourire à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. « J’y peux rien, elle est juste sous mon nez quand tu bois. » Et ça la rendait naturellement curieuse. « ... elle brille trop en plus, ça se voit direct. » Ok, c’était une excuse bidon et même elle, elle se faisait rire tant c’était peu crédible pour cette fois. « Fais gaffe, je pourrais te prendre aux mots pour la soirée à venir. » Être à son service. Evidemment qu’elle en profiterait, il faudrait être fou pour ne pas le faire. Surtout dans son cas où l’on passe le plus clair de son temps à se dépatouiller seule, à devoir tout faire par soi-même, de temps en temps, ça ne faisait pas de mal d’avoir quelqu’un pour faire les choses à sa place, même quand il s’agissait juste de lever son cul pour aller chercher une bière, par exemple, pour rester dans le thème. « Non, pas spécialement. » disait-elle en secouant la tête. Trouver l’amour ne faisait pas partie de ses priorités. « Je suis pas contre l’idée mais je ne suis pas en recherche non plus, ça me dérange pas d’être toute seule. » Question d’habitude probablement. « Je dirais pas non mais si ça me tombe dessus mais ce n’est pas une finalité. » finissait-elle d’argumenter en haussant les épaules. « Ça fait combien de temps que tu es marié ? » Il l’avait dit lui-même. Il était jeune, jeune et marié, alors forcément, sa curiosité était d’autant plus piquée et elle s’engageait davantage dans cette conversation sans en connaître les aboutissants. Etre marié à son jeune, il y avait bien une raison non ? Enfin à son âge… elle l’ignorait encore... « Tu as quel âge d’ailleurs ? Si ce n’est pas trop te demander, je sais que je peux être soûlante avec mes questions, il ne faut pas hésiter à m’envoyer balader si jamais je vais trop loin. » … Mais pas pour longtemps. C’est sûr que de demander son âge quand elle venait de lui poser une question sur son mariage, c’était aller trop loin… Sinead et sa logique légendaire.

« Si ça se trouve il a fait genre qu’il connait des gens et il m’a traîné dans une soirée où il connait personne cet enfoiré. »  C’est totalement le genre de truc que tu as déjà fait. Donc tu hoches la tête avec ton sourire toujours accroché aux lèvres. Combien de soirées tu t’es incrusté juste parce que y’avait du monde et de l’alcool. Des centaines. Des milliers. T’as pas tenu le compte. « Désolée, la question pouvait paraître con mais il y a tellement de gens qui en jugent d’autres juste parce qu’ils écoutent telle ou telle musique alors que, clairement, c’est très loin de définir une personnalité. »  Tu la trouves vraiment chou à s’excuser comme ça.

« Je suis pas une de ces personnes. » T’écoutes tellement de musique. T’aimes tout le temps tout. Avec des préférences bien évidemment mais t’es jamais fermés à écouter tel ou tel type de musique. T’as au moins 200 playlists sur ton Spotify dont une cinquantaines qui sont à thème que tu mets à jour régulièrement avec des chansons que tu découvres au fur et à mesure. Les calant là où elles feraient un beau complément.  « J’y peux rien, elle est juste sous mon nez quand tu bois. » Elle te fait vraiment rire à se justifier comme ça. Very cute.  « ... elle brille trop en plus, ça se voit direct. »  Tu jettes un coup d’oeil à ton alliance qui est en or blanc. Deux anneaux simples, un beaucoup plus fin que l’autre très discret, le tout entrelacé. Un doux sourire sur tes lèvres. Tu repenses à ce que Rosa a dit quand elle a choisi l’alliance. Tu l’entends avec sa voix dans ta tête. « Fais gaffe, je pourrais te prendre aux mots pour la soirée à venir. »  Cette fille est vraiment très drôle. T’es content qu’elle soit venu. Ca t’évites de devoir répondre aux questions de Marcus qui cherche encore et toujours à te caser. Il comprend pas que tu te sens pas seul. Que t’as pas besoin de tirer un coup pour te faire du bien comme il dit. « Non, pas spécialement. » C’est ce que tout le monde dit mais pas ce que tout le monde pense. Tu ne la crois pas de surcroit mais tu ne vas pas commenter parce que chacun son business. Tu sais que toi t’aimerais bien trouver une autre de tes âmes soeurs vu que Rosa n’est plus. « Je suis pas contre l’idée mais je ne suis pas en recherche non plus, ça me dérange pas d’être toute seule. » Ah voilà. Là tu comprends totalement parce que tu es dans la même situation. « Je dirais pas non mais si ça me tombe dessus mais ce n’est pas une finalité. »  Nouveau hochement de tête de ta part.  « Pareil. » « Ça fait combien de temps que tu es marié ? » Elle s’intéresse quand même et toi t’aimes tellement Rosa et que tu aies pu te marier avec elle en fin de compte, que tu donnes cette info à qui la veut. « Ca fait presque deux ans. »

« Tu as quel âge d’ailleurs ? Si ce n’est pas trop te demander, je sais que je peux être soûlante avec mes questions, il ne faut pas hésiter à m’envoyer balader si jamais je vais trop loin. » Nouveau sourire sur tes lèvres. Elle est prévenante et tu aimes beaucoup ça. T’es pareil « J’ai 29 ans. Si tu dis que c’est vieux je t’exile de la soirée. » En tout bien tout honneur bien sûr. Mais oui, c’est pas vieux. Objectivement c’est pas vieux. Plus vieux que certains ne le seront jamais, c’est sûr. Mais on peut pas ressusciter les morts.

« Ca me ferait mal au coeur parce que j’aime bien tout ce que tu m’as dit jusque là. T’as l’air d’être quelqu’un de bien. » Parce qu’elle te fait penser à toi donc c’est que forcément une bonne personne. « Tes questions me dérangent pas. C’est marrant de voir ce qui t’intrigues. » Et puis t’as une idée. « On peut faire une partie de Quickfire. » T’expliques. « Je te pose cinq questions, tu réponds dans l’ordre que tu veux mais j’ai pas le droit de répéter les questions. Et puis c’est ton tour d’en poser cinq mais interdit de poser une question qui a déjà été posé. »

Tu ressors souvent ce vieux jeu inventé par une amie. C’est toujours aussi fun quand les gens s’y prête. D’ailleurs tu attends pas plus et tu poses tes questions sans véritablement attendre de voir si elle est partante. Si elle répond pas c’est qu’elle est pas partante. « Comment s’appelle ton chien? Quel titre tu pourrais donner au livre qui raconte ta vie ? T’as quel âge ? T’as déjà volé un truc? » Tu réfléchis à ce que tu peux demander en dernier. « Romeo ou Juliette? »

Spoiler:

Elle ignorait pourquoi mais la discussion prenait soudainement un virage. Ils glissaient sur un sujet beaucoup plus personnel. Pourtant, Sinead n’était pas ce genre de fille à se confier aisément, à parler de sujet aussi intime – parce qu’avant même de parler de sexe, l’Australienne était étrangement de la vieille école et considérait les sentiments amoureux déjà fort intimes. Elle ne comptait plus le nombre de fois où ses frères s’étaient amusés de son rougissement intense simplement en parlant des sentiments qu’elle avait pu éprouver pour ses petits-amis. Alors non, elle ne comprenait pas vraiment comment elle avait pu faire dériver la conversation dans ce sens, d’autant plus lorsque c’était de son fait. Peut-être parce qu’elle n’était pas amoureuse ces temps-ci et qu’il était ainsi plus facile pour elle de répondre à ce genre de question sans avoir la sensation de se livrer un peu trop. L’ambiance aussi, sa façon qu’il avait de lui sourire et de rire de ses mots, leur attitude clairement chill, sans prise de tête. Ça coulait de source entre eux, finalement. Jusqu’au moment où elle tiquait un peu. Il lui avait dit être marié et dès l’instant où elle disait qu’elle ne dirait pas non à l’amour si ça lui tombait dessus, il répliquait du tac au tac que c’était la même chose pour lui. De quoi la déstabiliser un peu. « Est-ce que je dois comprendre que tu n’es plus amoureux de ton épouse ? » Oh non, elle n’allait pas le juger s’il faisait partie de ces gens qui restaient mariés par convention/habitude. Ça ne serait pas le premier couple à rester ensemble par peur de l’inconnu ou l’absence de désir de recommencer à zéro avec quelqu’un d’autre. Ni le premier, ni le dernier parce qu’il n’était pas aisé de sortir de sa zone de confort.

« Putain, non ! » Elle s’offusquerait presque d’une telle demande. « Heureusement que 29 ans c’est pas vieux. Si c’était le cas, pitié, arrêtez-moi au club des 27. » Elle riait mais elle avait encore un peu de temps devant elle avant d’atteindre ce fameux club – club qu’elle comptait dépasser, rassurez-vous. Rapidement, le blond lui proposait un jeu qui consistait, au final, d’apprendre à se connaître vite et bien, avec la possibilité de brouiller les pistes en ne répondant qu’avec un mot… et c’est bien ce qu’elle comptait faire, quant bien même il était difficile de mélanger les pistes avec de telles questions. « Attends, je réfléchis un peu quand même. » Parce qu’elle voulait bien jouer mais elle voulait être précise aussi tout de même et ne pas oublier une seule question pour ne pas oublier une seule réponse. Quelques secondes de silence, histoire de répéter en boucle ses réponses dans son esprit pour ne pas se gourer. Puis, elle les balançait d’une traite. « 23 ans. Oui. Divergente. Otis. Juliette… même si je trouve ça débile de se tuer par amour, elle, elle a au moins la jugeote d’essayer un stratagème au lieu de se flinguer sans se poser de questions. »

Et évidemment, dès l’instant où son chien avait entendu son prénom, il accourait vers eux, tout content qu’on lui porte de l’attention… et surtout tout mouillé ! Ce petit enfoiré avait profité de l’inattention de sa maîtresse pour faire un petit tour dans les vagues, ne se gênant absolument pas pour venir se frotter à elle, réclamer des câlins. « Otis, stooop, tu me fais perdre au jeu. » se mettait-elle à rire en tentant en vain de repousser son lourdaud de chien. Ça serait croire au père noël que de penser que Jordan n’allait pas subir le même traitement. Evidemment que le chien se faisait un plaisir de lui en réclamer aussi en constatant que sa maîtresse ne lui donnait pas satisfaction. « Je suis désolééééée. Il est comme moi quoi, un peu bourru. » Est-ce qu’elle allait aider Jordan a se débarrasser du chien ? Bah non, c’était bien trop drôle de le voir se débattre avec cette grosse boule d’amour d’Otis. Et puis c’était l’occasion pour elle de poser ses questions, avec un peu de chance, Jordan serait moins attentif et il allait galérer à lui donner les réponses sans oublier de question. « Tu fais quoi dans la vie ? Tu es un vrai ou faux blond ? Tu as des animaux ? Combien de meufs et/ou de mecs tu as déjà eu ? Pour quoi/qui tu te passionnes ? »

« Est-ce que je dois comprendre que tu n’es plus amoureux de ton épouse ? » Tu sens un truc dans ta poitrine en l’entendant dire ces mots là. Tu fais non de la tête. T’es toujours éperdument amoureux de Rosa. C’est la seule personne qui t’a fait ressentir tout ça. En plus c’était réciproque. T’as eu grave de chance. Au jour d’aujourd’hui tu te demandes toujours comment une meuf si parfaite pour toi qu’elle a pu s’enticher de ta personne. T’as eu trop de cul. Mais vous enchaînez la conversation.« Putain, non ! » Large sourire sur tes lèvres. « Heureusement que 29 ans c’est pas vieux. Si c’était le cas, pitié, arrêtez-moi au club des 27. » Tu souris de la voir rire. Ah le club des 27. Ca t’a toujours fasciné. Ton année des 27 ans, t’as pas arrêté de penser que ce serait une bonne année pour se faire… Mais non. T’as vécu. Parce que la vérité c’est que tu veux vivre Jordan. Ca aurait été cool quand même. T’es tellement morbide à parler de la mort comme un truc cool. Et puis tu veux en apprendre plus sur elle. Tu poses tes questions. « Attends, je réfléchis un peu quand même. » Elle se prend au jeu, t’es content. Il t’en faut peu. Tu bois un peu de ta bière en la regardant réfléchir à ses réponses. « 23 ans. Oui. Divergente. Otis. Juliette… même si je trouve ça débile de se tuer par amour, elle, elle a au moins la jugeote d’essayer un stratagème au lieu de se flinguer sans se poser de questions. » Ca te fait rire la complémentarité de sa réponse. Tu hoches la tête.

« Ouais… » Tu visualises Di Caprio en train de se tuer. Ca te brise le coeur. Il est trop beau pour mourir. « Otis, stooop, tu me fais perdre au jeu. » Le chien de Sin était revenu dans le coin et tu te gardes bien de le toucher. T’espères bien qu’il va rester vers elle, sur elle, pas sur toi. Il est énorme en plus. T’es sûr qu’il te ferait tomber à la renverse. Nah je suis plus grand que lui quand même.  Mais voilà, ce que tu craignais arriva, le chien te saute dessus et tu as un mouvement de recul. « Je suis désolééééée. Il est comme moi quoi, un peu bourru. » Tu te tiens reculé, un bras devant toi pour te protéger comme s’il allait te faire du mal. On sait jamais. Tu le connais pas. Il te connait pas. Il pourrait sentir des mauvaises vibes ou peut être que les planètes sont alignés de façon à ce qu’il soit programmé à t’attaquer. Il te lèche un peu la peau du bras que tu gardes devant toi en guise de bouclier et tu fronces le nez de tout ce contact.

« Tu peux le reprendre vers toi ? Parce que ça me dérange mais… Ca me dérange ouais. » T’es honnête et elle elle continue le jeu. « Tu fais quoi dans la vie ? Tu es un vrai ou faux blond ? Tu as des animaux ? Combien de meufs et/ou de mecs tu as déjà eu ? Pour quoi/qui tu te passionnes ? » Et tu sais pas si c’est la voix de sa maîtresse qui change quelque chose mais le chien se calme un peu sur ses léchouilles. T’es soulagé mais il ne se défait pas de toi pour autant. Au contraire. Il se cale complètement sur tes jambes. Au moins, t’es plus en train d’être assaillit de bave. Tu le laisses comme ça et t’essaies de te souvenir des questions qu’elle a dit alors que t’étais en train de gérer la bête sur toi.

« J’ai pas d’animaux non. Je pense que ça s’est remarqué. » Parce que t’es juste un vrai manche avec Otis là. Pas l’habitude du tout. T’en as jamais eu de ta vie. Le chien est assis sur toi et tu cherches pas à le caresser comme toute personne amoureuse des bêtes le ferait. Nope. Pas toi. Pas tactile pour un sou avec qui que ce soit.

« J’ai pas compté avec combien de mec et de meufs j’ai couché mais je n’ai jamais aimé que ma femme. » Et ouais, t’as couché avec pas mal de monde. C’était un mécanisme pour gérer ta vie de merde à une époque. Pour penser à autre chose. Ca marchait mais pas assez longtemps à ton goût. C’était pas du tout une solution saine, tu le sais très bien mais ça t’a pas empêcher de continuer des années.

« Et… Comme j’étais en train de me faire agresser par ton chien je me souviens pas des autres questions. » Ca te fait rire mais c’est vrai. Aussi c’est vachement curieux de se rendre compte de quelles questions tu t’es rappelé. Tu reprends de réfléchir à des questions pour elle, afin de continuer le jeu, mais y'a un feu d'artifice qui apparaît dans le ciel et tout le monde de votre petit groupe est focus là dessus. T'as un sourire aux lèvres, c'est une bonne soirée, même si t'avais pas forcément envie de faire un truc ce soir. Ca marque une année supplémentaire qui commence que Rosa ne connaîtra jamais. J'en profiterai pour deux.