ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
« Est-ce que tu vas encore avoir mal ? » La timide, fluette, voix de Joy résonne dans l'habitacle de mon véhicule. Mon sang se glace derechef, mon regard se fige avec intransigeance, mes traits sont aussi impassibles que les siens ; son visage si sérieux pour une fillette, si dénué d'émotions que je suis persuadé qu'elle a déjà appris à arborer un masque pour ne pas laisser transparaître ses sentiments - et ce constat me brise, m'effraie. J'observe avec attention le reflet de l'écolière dans le rétroviseur, intérieurement submergé par la vision de ce portrait qui laisserait croire qu'elle n'a jamais exposé le fait qu'un tel doute la taraudait. « Pourquoi tu dis ça ? » Je questionne, intonation douce et calme, invitant la brune à se confier, se dévoiler, oser partager la charge émotionnelle qui l'écrase sous ses côtes. « Tu me rappelles comment tu étais quand tu me disais que tu te battais. » J'use de toutes mes forces pour demeurer de marbre quand les mots si justes de ma nièce m'accablent sans merci. Elle me happe sans merci ni cérémonie, l'insupportable déferlante de honte, la conviction d'avoir failli à protéger cette enfant de mes démons et de lui causer des maux malgré moi. L'esquisse du rôle du dommage collatéral de mes agissements comme mes échecs imposé injustement à Joy me hante, m'abomine. « C'était juste une mauvaise suite d'événements à cette époque, Joy. J'ai pas su garder mon sang-froid quand on m'a provoqué. » J'explique, voix posée, cœur battant. J'ai conscience que j'enjolive la situation, sous-estime honteusement les obscures circonstances passées, mais il m'est inconcevable de plonger davantage la petite dans mes tourments. « T'as pas à t'inquiéter pour moi, d'accord ? » Je prie, certifie, regard insistant et sincère. Elle m'analyse un moment, avant d'acquiescer, aussi prudente que méfiante. « Va t'amuser, tes copines t'attendent avec impatience. Je viendrais te chercher demain matin et s'il y a quoi que ce soit, tu n'hésites pas à m'appeler. » J'enchaîne avec entrain et enthousiasme, reçoit un nouveau hochement de tête en guise de réponse. Le sourire en coin de la gamine s'accentue cependant au fil des secondes, se gaillardise de celui que je parviens à lui adresser, ricoche sur les rictus enjoués des fillettes qui trépignent de démarrer son inauguration au monde sélectif des pyjama parties.
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Un long soupir glisse sur mes lèvres tandis que je laisse mollement tomber mes clefs dans la soucoupe près de l'entrée prévue à cet effet. Mes mains se posent sur la surface fraîche du comptoir, je ferme les yeux momentanément, tentant de réduire mon rythme cardiaque enivré par l'angoisse. Le sommeil m'est devenu une denrée rare, l'insomnie ou les fausses bonnes raisons rejetant Morphée de mon quotidien. Je gratte quelques minutes ici et là, une heure tout ou plus, mais finalement, le résultat demeure inchangé : les funèbres scénarii, les idées sombres, les peurs perfides, les souvenirs désastreux et conversations esquintantes, les constats disproportionnés voués qu'à faire mal et torturer l'esprit, règnent en maître et me régissent exponentiellement. Le sentiment d'être irréparable m'accapare et j'ai tant conscience qu'il est tout sauf le moment de lâcher prise que j'ai la sensation que je vais imploser, que ce fichu palpitant va se propulser hors de ma cage thoracique parce qu'il n'en pourra plus de subir toute cette pression que je m'impose et me crée de toutes pièces, stupidement malade. Je fronce les sourcils, exténué, furieux envers ma propre personne, réelle pollution qui se répand chez mes proches par ma faute. Mon poing rageur s'abat sur le comptoir et je me rends avec dynamisme vers la chambre à coucher où j'attrape ma boîte de médicaments. Cette dernière quasiment pleine en main, je redescends à la cuisine, fantômes tonitruants, mirages horrifiants, et m'installe derrière le comptoir. Un coup d’œil vers Azrael qui joue dans son arbre à chat, mes dents mordent distraitement, nerveusement, ma lèvre inférieure, mes doigts font sauter le couvercle du contenant. Je les compte, les attrape, les fais tourner sur la surface lisse du plan de travail. Je les arrime, les aligne, boîte ouverte impériale qui les surplombe et les assombrit en s'unissant aux faibles rayons du soleil couchant. Un rictus désolé étire mes lèvres. Elle est là, la dose que je devrai prendre, celle dont j'ai besoin, celle qu'il ne sert à rien de diminuer, celle que je suis condamné à absorber, malgré toute ma volonté à guérir, en dépit de mes innombrables supplications dédiées à un univers malheureusement peu réceptif à ce sujet.
Il me monte de suite aux oreilles, le bruit sourd. C’est son poing qu’il vient de cogner sur le comptoir de la cuisine, je le réalise que lorsque je fais un pas dans la pièce, et dix autres vers lui. Je sais pas du tout ce qui s’est passé, ou même ce qui se passe. Je sais rien du tout sauf que c’est urgent, impératif que je me faufile entre le meuble et Isy, que je m’assure que « Tu t’es pas fait mal? » en quittant son visage de mes prunelles une seconde une seule pour m’assurer que ses jointures vont bien, que ça, au moins, va bien.
J’aime pas ce que je vois au creux de ses iris voilés, j’aime pas ne pas avoir été là une poignée de minutes plus tôt, non plus. Parce que j’ignore ce qui l’a mis dans cet état, parce que je suis au courant de rien, parce que je n’oserai jamais être impolie au point de lui demander de se confier, que je ne serai jamais imbue au point de le forcer à me dire ce qui se passe quand j’ai absolument pas le droit de le secouer s’il ne veut rien dire. Alors j’attends, alors je m’assure d’être proche, juste là, avec lui.
De passer mes bras autour de ses épaules, de me hisser sur la pointe des pieds pour poser mes lèvres sur son front, y poser ensuite le mien en n’arrivant pas à retenir un soupir de franchir mes lèvres. Faible, chaud, mais soulagé le soupir, d’être arrivée à ce qui me semble être le pire comme le meilleur moment. Son silence me fait du bien comme me fait craindre le pire. Mais j’écoute tout, attentive, plus que je l’ai rarement été dans ma vie. J’écoute le calme à proximité qui me suggère qu’on est seuls. J’écoute sa respiration haletante qui lentement mais sûrement reprend un rythme normal. J’écoute chaque détail qui me confirme qu’Isy est là, qu’Isy bouge pas, qu’on bouge pas, le temps qu’il faudra.
Je viens à peine de rentrer de Berlin, j’ai encore les cheveux emmêlés du vol, j’ai laissé mon sac dans l’entrée, j’ai encore une surprise pour lui au creux de ma poche, mais ça aussi, j’ai oublié. Quand mes doigts remontent le long de sa nuque, et se perdent à la naissance de ses mèches, composent de la musique inventée, tracent des lignes imaginaires qui sont supposées, je l’espère, le ramener à ici, le ramener à maintenant, le ramener à nous.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Ils trônent, flocons de chimie prescrits pour inhiber mes démons, réceptacles de particules voués à apaiser des maux que je juge encore intrusifs, clandestins. Dans moins de trois mois, cela fera deux ans que j'ai attenté à mes jours. Deux années durant lesquelles j'ai bataillé chaque heure du jour comme de la nuit contre la dépression et l'anxiété, milité sans relâche pour tenter de recevoir les bons soins, les traitements adéquats, vers une convalescence qui apparaît douloureusement relever du mythe.
J'ai le sentiment d'être devenu dépendant à ces médicaments, en proie intégrale à la personne que je compose naturellement et qui ne saurait survivre sans ces additifs quotidiens. J'aurais tant aimé être assez fort, assez impassible, assez juste pour gérer mes tourments sans aide aucune, annihiler cette maladie de ma définition, la terrasser à force de temps, d'outils bâtis, d'épreuves traversées. La vérité demeure toutefois que même si une partie de mon être espérait encore pouvoir un jour cesser de devoir absorber ses médicaments pour garder la tête hors des déferlantes d'assassins tourments et préserver mon esprit des fatales idées sinistres qu'il érigeait doublées d'anxiétés infernales, comme Ginny avait pu le faire des mois plus tôt, il fallait me rendre à l'évidence que ce soleil, autant pouvais-je le supplier, ne s'était pas encore levé.
Alors mon poing s'abat contre la surface dure et fraîche du comptoir. Ma rage, mon désespoir et ma culpabilité tentent de s'anesthésier sous l'impact de la douleur physique vive mais éphémère que je m'afflige. « Tu t’es pas fait mal? » L'inquiétude de Ginny remplace le silence spontanément, son corps se rapprochant du mien sans hésitation aucune. Mon regard croise le sien, ancré sur mes traits, à la recherche des termes que je n'articule pas encore, des indices sur un état que je tais par automatisme, par réflexe, par volonté d'épargner et soutenir continuellement celle que j'aime.
Ses bras se logent sur mes épaules, ses lèvres se déposent sur son front, précédant le sien. Son soupire ricoche contre le mien, tous deux munis cependant de divergentes émotions. Ma main se pose sur sa taille affectueusement, appréciant et chérissant sa présence, en dépit de la guerre interne que je me mène sans merci. Ses doigts parcourent ma nuque, je baisse les yeux, me réconforte comme puise mes forces en sa présence, sa patience, sa douceur. « Ça va, » je réponds, piteux mais en partie honnête, convaincu que ça ira, que ça ne va pas si mal que ça. Je ne m'autorise pas autrement, de toute façon.
Je croise promptement ses pupilles, âme fuyante. La vérité est que je désirerais être plus fort pour elle, être invulnérable en son nom pour chasser tous ses assaillants. J'aimerais être assez pour résoudre ses problèmes et lui garantir le bonheur, quoi qu'il en coûte. Je souhaiterais ne jamais la soucier, ne pas être celui qui pourrait soudainement dégringoler et flirter avec la Mort, ne pas composer l'homme à risques qu'il en inquiète même sa nièce quand cette dernière est sensée ne ni remarquer, ni connaître, ces tares-là. « C'est juste que... » Je débute, désireux d'être authentique avec elle, comme je lui avais promis, malgré toute la difficulté que j'éprouve à me confier, à exhiber cette part que je refuse d'adopter, d'accepter, de tolérer. Je soupire doucement, las, ravisé. « Je veux guérir. » Ils y sont, mes efforts. J'ai toujours pu démontrer ma bonne volonté à avancer, même au cœur de mes plus profondes pénombres où il avait fallu que je sollicite de l'aide - son aide. Néanmoins, sans doute voulais-je encore aller trop vite, trop fort, peu méticuleux lorsqu'il était question de jauger mes propres aptitudes à surmonter ma réalité. « Je veux être quelqu'un de bien pour toi. Quelqu'un de sain. » Épris de ces confidences, mes yeux affrontent enfin sincèrement les siens, avides de lui assurer à quel point j'aspire à devenir l'homme stable auprès duquel elle s'épanouirait.
Les cachets s'étalent sur le plan de travail, mais je les vois pas, je vois que lui. Je vois que son regard qui est épuisé, les étincelles qui s'y logeaient avant que je parte semblent désormais disparues. Les cernes ont commencé à se creuser sur son visage, même visage sur lequel ma paume s'égare, sur lequel mes doigts s'affairent à panser les marques de stress, à glisser sur elles comme si le simple contact de ma peau sur la sienne arriverait à régler tous ses mots. Il n'en est rien et mon coeur se serre de le constater cruellement, incroyable naïve que j'ai été de croire que j'y arriverais, que je serais suffisante. Tell me it's not too late.
« Ça va, » rien, rien dans sa silhouette n'est en accord. Rien dans ses coups d'oeil ne l'est non plus. Son front a pris appui sur le mien bien plus que l'inverse, mes paumes tentent maintenant d'alléger les noeuds dans sa nuque, de dégager ceux nichés dans ses épaules. « Laisse-moi regarder ça, alors. » que je souffle enfin, me détachant avec retenue de quelques millimètres à peine le temps de descendre une main vers la sienne, d'examiner là où je juge que l'impact a eu lieu. Ses jointures ne sont pas blessées, elles sont simplement rouges, j'y pose tout de même mes lèvres le plus stupidement du monde, comme si un enfantin baiser aiderait à guérir tous les démons qu'il exprimait plus tôt. Peine perdue. « Je veux guérir. » son bras s'est depuis un moment enlacé à ma taille, j'ai entraîné d'une délicate pression sur sa nuque sa tête à venir se poser au creux de mon épaule, ses mots à venir s'y nicher à travers.
« Je veux être quelqu'un de bien pour toi. Quelqu'un de sain. » mes paupières se ferment par automatisme, mon souffle tente de calmer celui du Jensen, non sans se perde entre les inspirations et les expirations inégales. « Tu es quelqu'un de bien. » c'est moi qui te mérite pas, c'est moi qui mériterai jamais quelqu'un comme toi. Il n'a pas à se mettre dans un tel état pour ma personne, il n'a pas à douter de lui une seule et unique seconde. Jamais je ne le laisserai faire à nouveau que je me promets, plus jamais je ne le laisserai mettre en doute à quel point il est extraordinaire, à quel point il est nécessaire, vital. Ses mots font mal parce qu'il ne devrait pas penser une telle chose, ses paroles me brisent le coeur parce que c'est ma faute, parce que j'ai tout gâché, parce que je gâche toujours tout et par-dessus tout, parce que jamais oh grand jamais il mériterait de se mettre dans un tel état, pour moi ou pour qui que ce soit d'autre. « T'es parfait comme tu es. » parfaitement imparfait, et c'est ce qui fait sa force, ce qui me rend fière de lui jour après jour. Et je chuchote à son oreille. Je chuchote la vérité, je chuchote l'évidence, je chuchote ce qu'il devrait savoir, ce que je sais déjà pertinemment.
Mon épaule qui se soulève lentement, qui l'encourage à redresser la tête pour pouvoir attraper son coup d'oeil au vol. Pour ne voir que lui, pour qu'il ne voit que moi, pour qu'on le vive à deux, ce moment-là. « Et tu seras un merveilleux papa. » seras, dans un peu moins de 9 mois.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Sa main froide passe tendrement contre mes traits tirés. Je l'imagine avide d'y gommer ces fantômes récalcitrants du passé mêlés aux maux insufflés depuis de nombreuses semaines désormais. Ses cheveux sont en bataille, son bagage lourd de souvenirs trône en des lieux que je me refuse d'imaginer. Les récipients de médicaments me toisent, la chimie me fixe, les comprimés me narguent. Un sourire désolé étire mes lippes, le cœur se serre, la vérité transperce. « Ça va, » Sauf qu'il n'y a plus rien de réel et même si je me considère aller, gérer, imperturbablement, encore et toujours, l'aura de conditionnel m'étouffe, m'étripe, éhontément.
Son portrait se rapproche, beauté de porcelaine, femme des mes songes, reine de mes rêves. « Laisse-moi regarder ça, alors. » Ses doigts créent des sillons dans ma nuque, comme pour en extirper les poids ; ils glissent ensuite jusqu'à ma main insensible, rêche de panser les blessures des autres sans savoir soigner leur maître. Sa bouche se pose contre mes jointures, mes termes se dérobent, maladroits « Je veux guérir. » Elle se rapproche, mon souffle est court, mes cauchemars valsent avec ma vision des choses. Est-ce que je provoque mon malheur ? Est-ce que j'ai si peur du pire, que je le précipite ? Est-ce que j'ai le droit de douter quand je lui ai accordé l’entièreté ma confiance et qu'elle s'est œuvrée de promesses, qu'elle m'a prodigué un souffle, qu'elle m'a propulsé vers ce futur qu'elle a accepté ensuite être enlacé au sien, qu'elle m'a autorisé à croire, appris à faire de nouveau confiance en la vie et tout ce qu'elle englobe ? Est-ce que je suis naïf d'être persuadé que l'amour est plus fort et que la place que je lui voue est beaucoup trop souveraine pour rimer avec misérable finalité ? Est-ce que je suis trop crédule pour être convaincu que l'essentiel ne peut disparaître si subtilement ? Ai-je fauté en me reconstruisant grâce à elle, comme il me le semblait invité ? Manque-je tant de bon sens ? Ma lucidité est-elle si étrangère ?
« Je veux être quelqu'un de bien pour toi. Quelqu'un de sain. » C'est peut-être ça, le problème. C'est sans doute moi. Ma façon d'être et tout ce qui en ressort. Je suis prêt à tout sacrifier pour elle, parce qu'elle compose ce qui m'est le plus précieux au monde, que mon seul souhait est de pouvoir l'aimer à l'infini. Que suis-je pour elle ? N'ai-je constitué qu'un leurre ?
« Tu es quelqu'un de bien. » Mais pas juste, n'est-ce pas ? Je le vois, dans son regard, le doute assassin aux odieuses consonances de fatalité. Pourquoi ne me le dis-tu pas ? N'as-tu pas promis la transparence, sous l'immensité des étoiles qui composaient jadis le toit de notre refuge, le fil de notre histoire ? Elles me paraissent dorénavant teintées d'autres textures.
« T'es parfait comme tu es. » Elle chuchote à mon oreille, tel un secret, bien que sa voix n'est que franchise.
J'inspire profondément, sa frêle épaule m'incite à croiser les noisettes chaleureuses de ses iris, nuances que je n'oublierais jamais, qui sauraient toujours me réconforter. « Et tu seras un merveilleux papa. »
Elle explose, l'euphorie réelle, la pointe de contentement lancinante. Le rêve se réalise, l'enfant sauvage créé à s'aimer si fort qu'il en brutalise toutes les barrières pour être. La résilience dans toute sa splendeur, le bonheur parfait de former la vie à deux, un héritage d'une affection unique dans son sensationnel.
« J'ai pensé... » Je commence, radieux, les palpitations de la félicité tambourinant contre ma poitrine, faisant vibrer ma voix de ravissement. « Si c'est une fille, j'aimerais qu'on l'appelle Stella. »
Parce que c'est sous les étoiles que je suis tombé amoureux d'elle et c'est le firmament qui a inspiré, à mes yeux, notre fabuleux élixir d'émotions.