Cela fait des jours que je repousse d’aller faire des courses, par flemme complète, je l’avoue. J’ai un emploi du temps plutôt chargé ces derniers temps avec le montage du film, mon temps entre le refuge et l’association ‘grand frère’ et du coup je suis assez claqué le soir en rentrant, ce qui fait que je ne suis toujours pas allé faire de course. J’ai épuisé toutes les dernières sources de paquets de pâtes, de boites d’œufs et j’ai même plusieurs fois commandé à manger, mais là il faut vraiment que je remédie à cela. Essayant donc de me motiver, je monte dans ma voiture et prends la direction du supermarché le plus proche de chez moi. Cette fois-ci, j’ai bien prévu de faire des grosses courses, comme ca je suis tranquille pour au moins deux semaines. J’ai beau avoir un métier qui fait qu’il m’arrive d’être reconnu, je dois avouer que je suis bien content que cela n’arrive pas si souvent. Je n’ai jamais fait de films à gros budget ou très reconnu, ce qui fait que les gens qui me reconnaissent dans la rue restent assez rares. En bossant dans les métiers du cinéma, je sais que les acteurs n’ont pas souvent ce genre de luxe, et c’est pour cela que je ne suis pas fait pour devenir acteur. Je regarde un peu autour de moi avant de faire le tour du magasin, remplissant au fur et à mesure mon cadi. Une petite heure plus tard, je crois que j’ai pris assez et je me dirige vers la caisse. Heureusement, à cette heure-ci de la journée il n’y a pas grand monde ce qui fait que je passe rapidement et que quelques minutes plus tard je suis en train de ranger les courses dans le coffre de ma voiture. Je vais reposer le cadi vide et au moment de revenir vers ma voiture, je remarque une dame qui fait tomber quelque chose de son sac à main. Je me baisse pour le ramasser. « Hmm, excuse me Miss?! You dropped th… » Alors que la jeune femme devant se retourne, je reconnait Chloe. Dans une ville grande comme Brisbane il faut croire que je finis toujours par tomber sur des gens que je connais. « Chloe? » Elle a un peu changé depuis la dernière fois que je l’ai vu c’est vrai, mais au fond pas tellement et je l’aurais reconnu entre cent. Chloe, je l’ai rencontré en 2016, en arrivant à Brisbane et lorsque j’ai acheté ma maison à Toowong. Elle vivait avec son fiancé de l’époque, Isaac, juste à côté de chez moi. Nous étions devenus assez proche, elle et moi, ayant pas mal de choses en commun, mais lorsqu’elle c’était séparé d’Isaac, j’avais eu de moins en moins de nouvelles jusqu’à ne plus en avoir du temps. Je dois bien avouer que cela m’a fait un peu du mal, parce que j’ai toujours beaucoup aimé Chloe, et je lui en ai toujours un peu voulu de ne jamais avoir gardé contact, mais après tout je ne peux pas la forcer non plus. « It’s been long… How are you? » Malgré le fait que je lui en veux, je tiens toujours à la jeune femme.
Elle était revenue à Brisbane il y avait quelques jours à peine. Les Fêtes de fin d'année qu'elle avait divisées un peu chez ses parents, un peu à la ferme Blythe, l'impression d'ajouter lâchement des jours et des heures plutôt que d'accepter d'en retirer au calendrier au fur et à mesure que les vacances avançaient. L'espoir d'avoir la motivation de remettre le pied dans la ville qui l'avait vue tout perdre, tout détruire et peiner à se reconstruire depuis maintenant presque deux ans.
Mais elle est passée maître dans l'art de porter des masques Chloe, de laisser sa mélancolie pour les instants où personne ne la voit, sa tête plongée sous l'eau bouillante de sa douche, sa silhouette recroquevillée à travers. Alors qu'elle sillonne les allées et suit à la lettre la liste d'achats qu'elle s'est faite, qu'elle gère quelques courriels et autres urgences sur son portable avant de dédier toute son attention au rayons des salades, tout passe, tout semble aller. Elle sourit au commis des fruits et légumes, elle prend des nouvelles de la tortue de compagnie de la caissière qui est maintenant devenue sa régulière avec le temps. Elle sait Cohen, qu'elle devrait éviter de faire ses courses dans le même marché où elle venait du temps où elle était en couple avec Isaac, mais c'est devenu un automatisme maintenant de faire comme si, de toujours s'assurer de rester de glace, en contrôle de la situation.
En contrôle de tout, sauf de son portefeuille qu'elle échappe au sol en quittant le commerce, venant tout juste de raccrocher la ligne avec une collègue qui apparemment ne vit pas aussi bien qu'elle le retour au boulot. « Hmm, excuse me Miss?! You dropped th… » oui, oui, elle l'a entendu le bruit, elle gère, comme tout dans sa vie. Et elle est déjà au sol à attraper l'échappé, quand il se penche avec elle, quand il le lui tends d'abord. « Chloe? » « Matthias. » ça fait mal. Ça fait mal de dire son prénom plutôt que son surnom. Ça fait mal de mettre une distance, mais c'est ce qu'elle fait depuis si longtemps qu'à force, elle se dirait presque immunisée. « It’s been long… How are you? »
It's been long, and I'm sorry. I'm not good. Can't you see?
« I'm fine. » son air désolé, ses prunelles voilées, tout ça, ce sont des signes qu'il ne manquera pas, il la connaît assez pour le remarquer direct. Alors bien sûr qu'elle s'échappe, bien sûr qu'elle se redresse, bien sûr qu'elle cherche la première chose de laquelle discuter pour ne pas entrer dans les sujets qui font mal. Jamais. « You should be careful. » du menton, elle pointe le coffre de sa voiture encore ouvert, un fin sourire amusé venant se dessiner au coin de ses lèvres. « People are gonna think you're opening a self-service foodtruck if you keep your trunk open for too long. » elle reconnaît sa voiture, elle reconnaît les souvenirs qu'elle y avait, elle reconnaît sa vie d'avant. Et elle ravale, sèchement.
J’ignore exactement depuis combien de temps je n’ai pas vu Chloe. J’ignore si cela fait des semaines, des mois ou des années parce qu’au final le temps passe trop vite. Cependant le temps a beau passé rapidement, cela n’enlève pas vraiment la douleur que cela représente. Chloe a été pendant une année une de mes amies les plus proches, une amie a qui je me suis confié sur ma vie, sur mon divorce mais lorsqu’elle c’était séparé d’Isaac, elle avait également abandonné d’autre personne. Du jour au lendemain je n’avais plus eu de nouvelles, même pas un au revoir. Il m’était arrivé de temps en temps d’essayer de l’appeler, mais je n’avais jamais eu de réponse alors j’ai fini par abandonné. Je lui en veux, parce que de la perdre comme cela m’a fait du mal. Pourtant lorsque je vois son visage, son regard qui transmet tellement tristesse, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle. Cora me dit souvent que j’ai un trop bon cœur, que je suis trop gentil, mais je ne peux pas faire autrement lorsqu’il s’agit de mes proches. A défaut de ne jamais avoir eu de famille proche, de ne jamais avoir connu tout cela, j’ai toujours tenu énormément à mes amis, quitte à des fois me montrer trop protecteur. « Matthias. » Sa voix ne sembla pas en colère. Je lui adresse un léger sourire et ne peux m’empêcher de lui demander comment elle va, parce que oui cela m’intéresse vraiment et que si elle a pris ses distances c’est sûrement qu’elle devait avoir des raisons. J’ai appris par Isaac que leur relation s'est vraiment fini, qu’elle l’avait trompé à plusieurs prises, mais je ne suis pas du genre à prendre une partie, pas du genre à juger les gens pour leurs erreurs. J’ai plutôt tendance à prendre le meilleur d’eux. « I'm fine. » C’est quelque mots disent qu’elle va bien, mais tout le reste de son corps cri le contraire. Elle a l’air fatigué, triste et à vrai dire, je n’ai qu’une envie c’est de la serrer dans mes bras, mais je ne le fais pas. J’ouvre la bouche pour prendre la parole mais la brune est plus rapide que moi. « You should be careful. » Je me tourne vers le coffre de ma voiture ouverte, y ayant mis les courses dedans quelques minutes plus tôt. « People are gonna think you're opening a self-service foodtruck if you keep your trunk open for too long. » Je me tourne à nouveau vers mon amie, ou ex amie ? et hausse les épaules. « Don’t worry about it. It’s fine. » Je presse un petit bouton sur la clé de voiture que je tiens dans la main et le coffre la voiture se ferme tout seul. La technologie. Je fronce légèrement les sourcils. « I miss you, you know. » J’avoue sincèrement à demi-mots. Parce que c’est la vérité, Chloe me manque, son amitié me manque, nos conversations à pas d’heures me manque. « You sure you’re okay? Because you look like you’re gonna burste into tears… » Je pose automatiquement ma main sur son bras. Je devrais lui en vouloir, être en colère et pourtant tout ce que je peux faire c’est m’assurer qu’elle va bien, ce qui n’a vraiment pas l’air d’être le cas.
« Don’t worry about it. It’s fine. » oh, these words. Elle ravale sa salive sèche, elle tente de faire bonne contenance Chloe. Une mèche qu'elle glisse derrière son oreille, un tic qu'elle a depuis adolescente quand elle est mal à l'aise, quand elle ne se sent pas à sa place. Ça l'énerve de lui donner le tout si facilement, mais il l'a prise au dépourvu la Cohen. Un fantôme du passé qui apparaît près d'elle et qui lui pose ce genre de questions, ça devient rare. La famille d'Isy, Noa, quelques collègues même ; elle n'avait pas eu droit à un traitement de faveur de la part d'eux, et elle ne s'y attendait absolument pas.
Elle assumait. Elle avait mal, elle ne le nierait jamais, mais elle assumait. Enfin. « I miss you, you know. » elle inspire. C'est tout ce qu'elle arrive à faire dans l'instant, quand sa silhouette entière est crispée, quand son regard ne baisse pas, ne lâche pas le sien, mais qu'elle est tout de même immobile, muette. « You sure you’re okay? Because you look like you’re gonna burste into tears… » « Don't. » et elle l'arrête, de suite. Elle ne veut pas de sa pitié, elle ne veut pas de son inquiétude. Elle a coupé toute communication pour éviter ce genre de scène, elle est restée silencieuse si longtemps pour ne pas se retrouver à avoir ce genre de conversations, ce genre d'altercations en plein milieu d'un stationnement qu'elle se jure sur l'instant de ne plus jamais visiter.
« I miss you too. » qu'elle commence, Chloe, beaucoup moins directive, beaucoup moins dure qu'elle l'a été précédemment. « But I had to do it. I had to cut things short. It was getting too painful, for everyone involved. » elle n'a jamais pu lui expliquer la brune, le pourquoi derrière. Elle croyait qu'il aurait compris de lui-même, quand au final elle réalise qu'elle se voilait la face, qu'elle tentait de justifier le tout à ses yeux, qu'à quel point disparaître sauverait tout. Sauverait Isy ; ce qui n'a pas été le cas. La sauverait elle ; ce qu'elle avouerait à demi-mot comme erroné. Sauverait tous ceux impliqués de près ou de loin ; ce qui, dans l'instant, lui semble dérisoire.
Une seconde passe, dix autres. Elle n'a pas bougé pourtant, et lui non plus. « You look like you're fine. The real kind of fine. » not like me. Chloe qui accepte pourtant, qui est honnête aussi. Pour une fois - et ça lui fait un bien fou.
Je n’ai jamais compris pourquoi Chloe a disparu du jour au lendemain, je n’ai jamais réussi à vraiment l’avaler complètement à vrai dire. Une partie de moi à envie de lui pardonner, parce que je vois bien que cela n’a pas été une décision facile, mais l’autre partie de moi lui en veux aussi. Lorsqu’elle a cessé de donner des nouvelles je me suis posé des tonnes de questions. Je sais que sa rupture avec Isaac a été compliqué, douloureuse, mais je ne comprends pas ce que j’ai à voir la dedans. Bien sûr nous nous sommes rencontrés grâce au brun, alors peut être que de me voir lui rappeler trop son ex fiancé, je n’en sais rien. Pourtant face à elle, je vois son malaise, je vois sa douleur, et je n’aime pas cela. Je n’aime pas savoir que les gens à qui je tiens ne vont pas bien. Je finis alors par avouer à demi-mot qu’elle me manque, parce que c’est la vérité, parce que notre amitié, nos moments ensemble, nos conversations me manquent. Bien sûr, je suis toujours bien entouré, j’ai toujours de très bons amis, mais j’aimais cette relation simple que je partageais avec Chloe. Puis je finis par lui demander si elle va vraiment bien. « Don't. » Elle me coupe presque, d’un ton un peu froid. Elle veut mettre fin à cette conversation, je le sens mais pourtant aucun de nous deux bouge. Je ne laisserais pas tomber cette fois-ci.
« I miss you too. » Mon cœur se serre un peu dans ma poitrine et je voudrais la soulager un peu de cette douleur qu’elle laisse paraitre. J’ai vécu un divorce, je sais à quel point les séparations peuvent être difficile, et encore, pour ma part j’étais revenu dans mon pays natal, laissant cette vie derrière mois aux Etats Unis. « But I had to do it. I had to cut things short. It was getting too painful, for everyone involved. » Douloureux, oui je sais que c’est douloureux. « Listen Chloe I… » A vrai dire je ne sais même pas vraiment par quoi commencer, mais je ne la laisserais pas, ca j’en suis certains. « Look, I don’t know how you feel, I can only imagine, but you need people around you. You need to talk to someone about everything. If it’s not me, fine, but I won’t let you down again. » Je soupire légérement. « You’re my friend, as much as Isaac, and what happened between you two doesn’t concern me. It’s not my business, and I’m here for you. » Les amis pour moi c’est la famille, et dans une famille personne ne reste derrière. On se soutient, on s’entraine et dans les moments difficiles on se relève ensemble.
« You look like you're fine. The real kind of fine. » Je hausse les épaules. « I am. » Parce que oui, en soit je vais bien. Je pense beaucoup, comme tous le temps, mais au fond je vais bien. « But please, don’t push me away again. » J’ajoute à demi-mot. Je n’ai jamais été doué pour parler de mes sentiments, mais si il fallait que je lui fasse réaliser qu’on a besoin l’un de l’autre, alors je le ferais.
Elle devrait pas, mais elle le fait tout de même. Scruter ses traits, de demander ce qui a changé depuis la dernière fois où elle l'a vu. Passer son profil, sa silhouette au radar, détailler les détails, rattraper futilement le temps perdu en enregistrant les nouvelles variables que dégage son ancien ami. « Listen Chloe I… » rien de bon ne commence par ces mots-là, jamais. « Look, I don’t know how you feel, I can only imagine, but you need people around you. You need to talk to someone about everything. If it’s not me, fine, but I won’t let you down again. » ses lèvres qu'elle pince, la culpabilité de Matthias qu'elle ne peut pas encaisser, qu'il ne devrait jamais avoir à ressentir par sa faute à elle. « You did not let me down. » I did. I let you down. Look at us now.
Elle aurait pu partir. Elle aurait dû. Lui éviter de se replonger dans des scènes qui avaient 2 ans d'âge et des poussières, dans des drames qui avaient déchiré bien trop de gens, provoqué bien trop de dommages collatéraux. « You’re my friend, as much as Isaac, and what happened between you two doesn’t concern me. It’s not my business, and I’m here for you. » elle ne peut s'empêcher de se demander s'il a eu le même discours pour le Jensen. S'il était là pour lui, s'il l'a écouté, s'il ne l'a pas laissé seul. Elle s'en veut Chloe, parce qu'elle ne devrait pas penser à ça, parce qu'elle n'a pas le droit, parce qu'elle l'a perdue, l'autorisation de prendre soin d'Isaac y'a très longtemps maintenant. Pourtant, elle doit se faire violence pour bifurquer, pour ne pas être transparente, pour ne pas demander dans un souffle. « I'm a big girl, I can handle it on my own. You don't have to put that kind of pressure on you. » elle savait dans quoi elle s'embarquait lorsqu'elle avait cessé de le voir, lorsqu'elle avait disparu. Elle savait ce à quoi elle serait confrontée en prenant cette décision. Pourtant, elle avait sous-estimé Chloe, à quel point elle en aurait le coeur brisé aujourd'hui.
At least, he looks fine. « I am. » at least, one of us is. « But please, don’t push me away again. » et sa voix. La voix du brun qui perce, catégorique. Sa voix qui lui provoque une longue inspiration à Chloe. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle jouait nerveusement avec ses clés depuis quelques secondes déjà. À en laisser des marques dentelées sur ses doigts. « I really messed up, didn't I? » sur toute la ligne, toutes catégories confondues. Elle a tout gâché, elle l'a même fait volontairement à certains moments. Elle en récolte encore bien plus de mal qui quiconque pourrait s'en douter.
« I'm sorry, I just- » et les voilà, ou du moins, la voilà, sa tentative d'excuses. Elle ravale, sa gorge est sèche, ses mains se resserrent sur son trousseau un peu plus fort. « I can't believe we're having this conversation right between a football field format family and a whole year supply of oranges. » y'a un rire sec, las, fatigué qui s'échappe d'entre ses lèvres. Quand la famille à l'infinité d'enfants fait un vacarme à la sortie du supermarché, quand les gamins courent l'un à la suite de l'autre dans le stationnement et qu'elle et sa portion abusée d'oranges accumulées en caisse ont l'air bien obsolètes. « I was in a bad place, for a long time. I'm trying to get out of it the best I can since then. » ses prunelles n'ont pas quitté celles de Matthias, et elle poursuit, le plus sincèrement dont elle est capable. « I'm sorry you were caught in the middle. »
« You did not let me down. » Pourtant j’ai l’impression du contraire. J’ai l’impression que j’aurais dû insister, que j’aurais du l’appeler plus souvent, passer la voir, que j’aurais du trouver un moyen de sortir de cette rupture difficile. Parce que oui, je le vois qu’elle aurait eu besoin d’avoir du monde pour la soutenir autour d’elle. Je me contente pourtant simplement de hausser les épaules parce qu’elle ne me fera pas vraiment changer d’avis sur cela. Deux ans ont beau avoir passé depuis la dernière fois ou j’ai vu Chloe, elle ne semble vraiment pas au meilleur de sa forme et je ne peux m’empêcher de m’inquiéter. Je finis par lui dire que je suis là pour elle. Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attends dans sa réponse, à ce qu’elle m’envoie chier ou à ce qu’elle me laisse l’aider, mais je ne suis pas surpris lorsqu’elle prend la parole. « I'm a big girl, I can handle it on my own. You don't have to put that kind of pressure on you. » J’hausse une nouvelle fois les épaules. « Well, actually I do. You’re my friend, and I really care about you, whethere you believe it or not. » Parce que oui, cela a beau faire deux ans que je n’ai pas eu de nouvelles de la brune, il m’arrive souvent de penser à elle, de me demander ce qu’elle devient, comment elle va. Au fond, j’ai toujours tenter de me rassurer en me disant qu’elle devait aller bien, qu’elle devait reconstruire sa vie, peut être avoir quelqu’un d’autre, mais pourtant, je me suis trompé sur toute la ligne.
Puis c’est à elle de me dire que j’ai l’air d’aller bien. Depuis le temps, depuis l’adolescence, j’ai appris à aller bien, à ne plus me soucier de petites choses, à avancer sans regarder en arrière. Même si cela n’a pas toujours été simple, si grandir avec une mère comme la mienne, qui passait son temps à me descendre, n’avait pas été simple, j’ai appris à ne plus voir ce genre de choses. Alors bien sur je ne vais pas bien tous les jours, mais j’ai appris à faire avec. « I really messed up, didn't I? » Je vois l’inquiétude de Chloe, je vois son regard brisé et je viens doucement poser ma main sur les siennes avant de lui adresser un léger sourire qui se veut rassurant. « You didn’t Chlo. You were lost, it can happen to anyone. » Oui ca peut arriver à tous le monde, je ne le sais que trop bien et j’en ai des cicatrices pour me le rappeler tous les jours. Life is not easy.
« I'm sorry, I just- » Je ne dis rien, la laissant chercher ses mots, la laissant essayé de trouver ce qu’elle a besoin de dire. « I can't believe we're having this conversation right between a football field format family and a whole year supply of oranges. » Je ris légèrement et l’attrape par le bras pour l’attirer un peu plus loin, prêt de ma voiture. « I was in a bad place, for a long time. I'm trying to get out of it the best I can since then. I'm sorry you were caught in the middle. » Je caresse doucement sa main qui se trouve dans la mienne pour tenter de lui faire desserrer son emprise sur sa paire de clé de voiture. « You don’t have to apologize you know. » Oui je lui en ai voulu, c’est vrai, d’avoir disparu comme cela du jour au lendemain, mais au final je ne peux plus être en colère contre elle. « Come here. » Et je la prends doucement dans mes bras, caressant doucement son dos. « I’m here for you. » Je me recule à nouveau un peu et lui adresse un léger sourire. « You know what? We’re gonna go to my house, I’m gonna cook you a nice homemade meal, and we’re gonna talk. Or watch a movie or do whatever you want actually. »
« You don’t have to apologize you know. » et pourtant, c'est la seule chose qu'elle sent, honnête, authentique, nécessaire, franchir ses lèvres. « I know. But I want to. » elle lui demandera rien d'autre. Elle lui demandera pas de prendre parti, elle lui demandera pas d'écouter sa version du début, de croire qu'elle n'a jamais voulu faire de mal à personne même si c'est ce qu'elle a fait de tous ses mots, de tous ses gestes. Elle ne lui demandera pas de la pardonner, quand elle-même ignore si elle arrivera à se pardonner un jour. Pourtant, qu'il accepte ses excuses c'est tout ce qu'elle souhaite, c'est tout ce qu'elle espère, c'est tout ce qu'elle supplie, à demi-mot.
Et il s'avance Matthias, il réduit la distance précaire entre eux pour lui laisser une chance de souffler. « Come here. » elle en oublie son panier Chloe, elle en oublie ses achats et son sac jeté à la va vite sur le bitume pour céder à l'étreinte. « I’m here for you. » quand elle ne le méritait pas, quand elle n'aurait jamais pensé que qui que ce soit de sa vie d'avant lui fasse une place dans leur vie, maintenant. « You know what? We’re gonna go to my house, I’m gonna cook you a nice homemade meal, and we’re gonna talk. Or watch a movie or do whatever you want actually. » ce qu'elle veut. Il le lui propose sur un plateau, et ce serait mentir de dire qu'elle n'étire pas les secondes Cohen, le nez niché au creux de sa nuque. Avant de se détacher, de doucement plonger son regard encore et toujours voilé dans le sien.
« Can we make it a talk-free night? » parce qu'elle lui promet, de tout son silence et de tout ce que ses prunelles lui confirment, qu'ils en parleront. Qu'elle lui dira tout ce qu'il voudra entendre, qu'elle lui donnera tous les faits, tout ce qu'elle lui a arraché en s'arrachant à son quotidien il y a encore trop peu, déjà. « Can we post-poned this conversation, just so we spend the next few hours as old friends who just catch up, not as trying-to-be-friends-again that are trying to pick up all the pieces but don't know where to start? » elle ne demande que ça et elle demande tout ça aussi, c'est énorme, c'est égoïste, elle en est consciente.
Mais elle est lâche Chloe, elle espère aussi. Que de repousser l'inévitable lui permettra de profiter encore un peu du cocon de confort qu'il a toujours su lui infliger à sa façon, le plus naturellement du monde. « I don't have the right to ask you this. But that's what I need. Please. »
« I know. But I want to. » Je lui adresse un sourire. Je sais à quel point la vie peut être dure, cruelle des fois, et malgré le fait qu’elle a surement fait des erreurs, elle ne mérite pas d’être seule, elle ne mérite pas que tout le monde la laisser tomber. Les amis c’est sacré, et si il y a bien une chose dont on est sur lorsqu’on me connait c’est que je n’abandonne personne aussi facilement. Cela fait peut-être longtemps que je n’ai pas vu Chloe, longtemps que je n’ai pas eu de nouvelle, qu’elle m’a poussé hors de sa vie, je ne compte pas la laissée faire une nouvelle fois. De un parce qu’elle n’a jamais cessé de compter à mes yeux et qu’elle a toujours été l’une de mes amies les plus proche, et de deux parce qu’elle a clairement besoin d’avoir quelqu’un pour prendre un peu soin d’elle. Alors sans réfléchir plus que cela, je viens la prendre dans mes bras, comment avant que tout cela ne se passe. Je caresse doucement son dos, et reste quelques minutes comme cela, sans un mot. Lorsque je me sépare d’elle, j’ai bien l’intention de ne pas la laisser partir, et de ne pas la laisser dans cet état ou elle semble perdue et blessée. Je viens déposer un baiser sur son front avant de l’inviter chez moi, ou plutôt de ne pas trop lui laissé le choix. « Can we make it a talk-free night? » Je lui adresse un sourire tendre avant de lui répondre. « We can do whatever you want. » Parce que je ne veux pas la forcer à parler de choses dont elle n’a pas envie de parler. Je veux simplement être là pour elle, même si c’est dans le silence ou devant un film débile à nous bourrer de Junk food.
« Can we post-poned this conversation, just so we spend the next few hours as old friends who just catch up, not as trying-to-be-friends-again that are trying to pick up all the pieces but don't know where to start? » Encore une fois, je vois dans son regard à quel point elle semble détruire et cela me fait mal au cœur. « I don't have the right to ask you this. But that's what I need. Please. » « Okay. Let’s not talk about all that then. » Je saisis ses sacs par terre et les mets dans le coffre de ma voiture avant de m’installer au volant. Je démarre la voiture mais me tourne vers elle. « I would never force you to talk about anything you know. I just want to be here for you. » Un nouveau sourire et je démarre, quittant le parking et prenant la direction de ma maison.
Il ne nous faut pas plus de vingt minutes avant que je me gare devant chez moi. Je sors de la voiture et viens récupérer mes sacs de courses avant de venir ouvrir la porte de la maison. « I’m gonna put that away, just get comfy. » Je vais rapidement à la cuisine ranger les courses et il ne faut bien sur pas plus de deux secondes pour que Nanka, ma chienne débarque au salon pour venir renifler Chloe. Elle lui fait la fête, bien qu’elle ne la connaisse pas. J’ai récupérer Nanka dans un refuge alors qu’elle était minuscule, après que Chloe ait disparu de ma vie. Une fois les courses rangées, je les rejoins au salon. « Chloe, this is Nanka. I adopted her about a year ago. »
Tout va trop vite, et elle s'y attendait pas Chloe. Elle avait naïvement rangé avec soin tous ceux et toutes celles qui étaient communs à sa relation avec le Jensen. Personne d'autre n'avait reçu ce traitement, pas ses copines de fac, pas sa famille présente. Le groupe qu'ils se partageaient, par contre, s'était vu retiré tout accès d'aborder la brune, alors qu'elle s'était éloignée d'un coup d'un seul, se brisant le coeur pour la simple et unique raison qu'elle avait brisé celui de l'homme qui l'avait probablement plus aimée que quiconque d'autre, de toute sa vie.
« Okay. Let’s not talk about all that then. » « Thank you. » il le sentira sûrement, entre le soupir de soulagement qu'elle lâche contre son torse et sa silhouette entière qui se détend. Mais elle est rassurée Chloe. Il avait toujours eu cet effet sur elle, Matthias lui donnant l'impression de ne jamais dire un mot plus fort qu'un autre, de ne jamais vouloir brusquer quelque mouvement que ce soit. Et elle le suit dans sa voiture Cohen, laisse la sienne sur le parking, oublie ses craintes de rester prise au piège un temps. Il agit comme un baume calmant, il trouve les mots qu'il faut, ils se réapprivoisent, en somme.
« I would never force you to talk about anything you know. I just want to be here for you. » le moteur démarre et là, de suite, ils ne sont qu'eux deux. « I know. » l'habitude qu'elle a toujours prise de laisser ses prunelles couler vers l'horizon qu'elle rattrape, tournant la tête vers lui non sans prendre le temps de rapatrier les bons mots, les bonnes idées dans sa tête. « I can't. Now. But someday I will. » ça sonne comme une promesse, ça en est probablement une. Elle n'en fait jamais Chloe, sachant à quel point elle déçoit qui que ce soit s'approche trop d'elle en prenant ses distances dès qu'elle étouffe. Pourtant, elle a envie d'y croire là. Croire qu'elle lui dira tout, lorsqu'elle sera prête. Elle a envie d'y croire pour lui, et encore plus pour eux.
La maison de Matthias est exactement comme elle se souvient, même si chaque pièce semble sortir d'un souvenir d'il y a des années tant elle n'a pas mis les pieds ici depuis longtemps. « I’m gonna put that away, just get comfy. » il part à la cuisine, elle erre au salon. Son attention passe des cadres à photos, aux livres, aux divers films qui sont posés ça et là sur les meubles. Elle réapprend ses goûts même si elle ne les avait pas oubliés. Elle aime les détails Chloe, sa mémoire qui revient doucement au galop. « Think she's the one getting comfy now, isn't she? » seul nouvel élément au compteur, le chien qui vient se loger entre ses chevilles, qui zigzag autour d'elle comme si elle était le nouveau jouet en vogue, la nouvelle curiosité.
Lorsque Matthias revient au salon les rejoindre, la brune s'est installée dans le canapé qu'elle investissait toujours, avant. « Chloe, this is Nanka. I adopted her about a year ago. » les couvertures de part et d'autre du canin qui s'est niché contre elle, les coussins qu'elle a savamment empilés. « A year ago. » ses doigts grattent entre les oreilles de Nanka, elles font connaissance toutes les deux maintenant que Cohen laisse les mots filer tous seuls contre ses lèvres, qu'elle réfléchit doucement à travers. Sa nostalgie qu'elle secoue de la tête, avant de replonger ses iris dans ceux de son ami. « Tell me something good. » elle commence, elle implore, l'ambiance candide, douce d'avant qu'elle souhaite de tout coeur ramener. « Tell me something awesome that happened to you. Last year. » ainsi ils mettront l'accent sur le beau de cette année-là. Et pas le reste.
« Thank you.» Je suis le premier à ne pas avoir envie que l’on me force à parler lorsque je n’en ai pas envie. Je suis même la preuve vivante que, des fois, il y a des choses dont on n’a jamais envie de parler. Très rare sont les gens dans ma vie qui connaisse vraiment mon passé, à qui j’ai parlé de mon enfance, de ma mère ou même encore de la tentative de suicide que j’ai fait lorsque j’étais adolescent. De ce fait, je n’ai jamais été le genre de mec a forcer mes proches à parler. Je sais que Chloe a vécu des choses difficiles, et que si un jour elle ressent le besoin d’en parler je serais là, mais jamais je ne la forcerais. Mais je serais toujours là pour elle, d’autres manières, que ce soit en tentant de changer les idées ou en étant simplement présent. C’est d’ailleurs ce que je lui dis après l’avoir rapidement serré dans mes bras et l’avoir inviter à déjeuner ainsi qu’à rattraper un peu le temps perdu. « I know. I can't. Now. But someday I will. » Je lui adresse un sourire rassurant en démarrant la voiture. « There is no rush, I’m not going anywhere. » Et ca, c’est une promesse. Je serais toujours là pour Chloe.
Je la laisse pénétrer dans ma maison, en profitant pour me faufiler jusqu’à la cuisine pour y ranger mes courses avant que les glaces que j’ai achetées ne fondent complètement. Cela fait maintenant un peu plus de trois ans que je vis dans cette maison, la première maison que j’ai acheté et c’est vraiment l’endroit ou je me sens chez moi ici. J’y ai assez de places pour accueillir des amis, pour profiter de mon jardin, de ma piscine et pour mes animaux. Nanka, ma chienne, ne met d’ailleurs pas beaucoup de temps à venir renifler Chloe et réclamer des calins. Une vraie peluche. « Think she's the one getting comfy now, isn't she? » Je ris légèrement et lui présente ma chienne. J’ai adopté Nanka il y a maintenant un an, alors qu’elle avait été abandonnée par sa mère toute petite. Si je ne l’avais pas trouvé elle n’aurait d’ailleurs pas survécu longtemps. « A year ago. » Je remarque alors une vague de nostalgie, ou de tristesse, je ne sais pas trop, dans les yeux de la brune qui gratouille la tête de la chienne. « Tell me something good. Tell me something awesome that happened to you. Last year. » Mon regard se bloque dans le sien quelques secondes avant que je ne vienne m’installer en face d’elle. Je pourrais avoir des tonnes de choses à lui raconter à vrai dire. Sur mon film qui sort bientôt, à propos de Cora, ou alors de ma cousine retrouvée. « Well, I don’t know if you know but I signed my first big movie a bit more than a year ago. » Je souris. « I spent about a year filming around Australia and I just finished putting everything together, so… That’s quite exciting. » exciting and terrifying. « It’s kind of a huge project for my carrier and it’s probably gonna open a lot of doors for me. I just hope that people will like it. » Mon premier film à gros budget, et mon premier film attendu. « I think that’s my big news. Otherwise… Not much. Life. »
Il se prête au jeu et il réfléchit et elle ne s'en cache pas Chloe, du soupir de soulagement que la fine ride de concentration entre les sourcils de son ami lui occasionne. Ils refont quelques pas ensemble, ils réapprennent à s'apprivoiser. « Well, I don’t know if you know but I signed my first big movie a bit more than a year ago. » elle s'en veut la brune, de ne pas savoir. Elle s'en veut de ne pas avoir été là pour célébrer la nouvelle avec lui, encore plus de ne pas avoir été là avant, pour lui tenir la main dans l'attente d'une confirmation menant à cette réussite.
Mais elle hoche de la tête Cohen, elle se veut éternelle supporter des rêves de Matthias depuis aussi longtemps qu'elle le connaît, n'ayant pas besoin de voir la lueur dans ses yeux pour savoir à quel point il chérit la suite, à quel point elle la chérira avec lui. « I spent about a year filming around Australia and I just finished putting everything together, so… That’s quite exciting. » il lui fait le synopsis d'un projet qui a duré toute une année et elle se retrouve dans des récits qu'elle ne touche que du bout des doigts, aujourd'hui seulement. Pourtant elle se replace entre les coussins, s'assure de tourner sa silhouette entièrement vers lui, d'écouter chaque bribe de son passé en tentant de l'y imaginer de la plus claire des façons, comme si elle y avait légitimement été. « It’s kind of a huge project for my carrier and it’s probably gonna open a lot of doors for me. I just hope that people will like it. » si elle n'a pas pu être là pour l'avant et le pendant, elle se fait la promesse aussi solennelle que muette d'être certainement à ses côtés pour l'après.
« I think that’s my big news. Otherwise… Not much. Life. » « Not much? Matt that's truly amazing! » qu'elle reprend, et ses mots et son enthousiasme du revers. Il diminue tout et elle ne le laissera certainement pas faire, bien trop occupée à lui sourire plus franchement encore que tout ce qu'elle a pu lui offrir depuis leurs retrouvailles inopinées, improvisées.
Et elle reprend l'australienne, elle se conforte dans son bonheur, elle s'y joue caméléon pour partager la nostalgie d'une année qui s'est terminée avec leur retour l'un dans la vie de l'autre. « Do you have anything you can show me? » sa paume qu'elle hausse à la hauteur des yeux de son ami, une moue aussi sérieuse qu'espiègle se dessinant sur son visage de porcelaine. « I swear I won't tell. » elle se doute qu'il n'a probablement que des bobines, que des extraits pour les initiés. Elle ose tout de même Chloe, elle respire mieux, aussi.
Je ne parle pas du passé, ni d’Isaac, parce qu’après tout ca ne sert à rien de la forcer si elle n’ai pas prête. Je ne vais pas la forcer à se confier si elle a besoin de temps, si elle besoin de guérir avant de m’en parler, avant de s’ouvrir un peu. Je comprends que cela ne soit pas facile alors je lui donne de mes nouvelles, me perdant un peu dans mes explications sur mon film. C’est un sujet dont je pourrais parler pendant des heures alors j’essaye d’être rapide, de ne pas trop m’emporter pour ne pas ennuyer la brune. Pourtant elle me connaît, elle sait à quel point je suis passionné alors elle m’écoute. Elle m’écoute parler du tournage en Australie, du montage qui a pris du temps et de tout le reste. Et pendant tout ce temps elle ne dit rien, elle m’écoute, patiemment et elle sourit. « Not much? Matt that's truly amazing! » Je laisse échapper un rire avant de lui sourire sincèrement. Elle m’a vraiment manqué. Chloe a toujours été une personne avec qui j’ai toujours aimé parler de mes projets parce qu’elle n’a jamais peur de me donner son véritable avis et surtout de me supporter dans les choix que je fais. « Thanks. It’s been a crazy year and a half to be honest. » Mais une année folle dont j’ai grandement eu besoin. Me mettre à fond dans le boulot m’a permis d’oublier un peu tout ce qu’il se passait autour, avec mon ex-femme, mon divorce, la fausse-couche et tout le reste. Cela m’a fait du bien de pouvoir me mettre un peu dans mon travail à deux cents pourcent sans penser à rien d’autres.
« Do you have anything you can show me? I swear I won't tell. » Et il ne me faut pas plus que la moue adorable qui suit pour être convaincue. Il ne faut pas non plus me le demande deux fois parce que lorsque l’on s’intéresse à mes projets, je suis toujours le premier à m’emporter et à vouloir tout montrer. « I do. I can show you two things actually juste… Don’t move. » Je me lève, un peu précipitamment et attraper mon pc portable avant de fouiller dans des dossiers pour en sortir le trailer du film dont je viens de lui parler. « Okay, I want your honest opinion so if it’s shitty, just tell me okay ? » Chloe est la première à voir le trailer du film, je ne l’ai encore montré à personne et cela me rend soudain un peu nerveux. Je m’installer à côté d’elle et lance la vidéo avant de reporter mon attention sur son visage, guettant chaque expression sur le visage de mon amie.
« Thanks. It’s been a crazy year and a half to be honest. » il ne pourrait pas mieux dire, et il ne le réalisera jamais tant elle dégaine son calme olympien, Cohen. Elle hoche de la tête et ravale le reste, son sourire de Mona Lisa bien en place et pas le moindre signe qu'elle cédera à ressasser, qu'elle retournera flirter avec sa fausse nostalgie. Du moins, pas aujourd'hui.
Alors elle mise sur une valeur sûre qui intéressera Matthias, elle gratte à peine sous la surface pour lui offrir un sujet qui les emballera autant l'un que l'autre. Elle est curieuse Chloe, elle veut véritablement s'impliquer dans sa vie après l'année et demie qui s'est écoulée sans qu'elle ne soit présente pour lui, et si un petit détail peut lui permettre de chasser la malédiction qu'elle a elle-même ramenée sur eux, grand bien lui en fasse. « I do. I can show you two things actually juste… Don’t move. » she won't. Elle s'est promis de ne plus bouger, elle s'est promis de rester là, véritablement là, et elle tiendra sa promesse. Elle était jadis fidèle la brune, elle tente de l'être maintenant pour ceux qu'elle a abandonnés en croyant le faire pour le mieux. « Okay, I want your honest opinion so if it’s shitty, just tell me okay ? » sa paume qu'elle lève en l'air, son visage de porcelaine qui laisse une étincelle de malice transparaitre dans ses traits. « Swear on Nanka's head. »
Elle pouffe alors que la principale intéressée redresse le museau à entendre son nom, avant de se blottir un peu plus contre les coussins et s'assurer de bien voir la bande-annonce dans son intégralité. Elle reste muette Chloe, elle est attentive, pas une seule fois même elle ne laisse sa respiration être autre chose que camouflée par le plaid qu'elle a ramené sur ses épaules avant que Matt ne lance le trailer. « So? What do you think? »
Elle inspire l'australienne, attend qu'il se tourne vers elle pour le gratifier du sourire le plus rassurant qu'elle a en banque. « It looks good - but the end, it's quite predictable. » sa voix est douce, elle n'apporte en rien un reproche, elle est simplement franche comme elle a promis. Franche, et le plus utile possible. « Can you move this scene first? » la seconde d'après ses doigts prennent possession du clavier, remonte à la scène en question, ses notes qu'elle tente d'organiser au fur et à mesure de ses paroles. « Just so we get to see this part before this one? »
Et la seconde d'après par contre, elle s'arrête, elle ne s'emballe plus, elle se calme même si son ton l'était déjà. « I mean, this ain't my job and I'm telling you what to do like I know how to do it. » elle pouffe la pauvre, roulant des yeux au passage. « The whole VIP screening got me all cocky. »
A crazy year and a half… Oui c’est le cas de le dire, et surement encore plus pour Chloe que pour moi. Si elle tente tant bien que mal de rester calme, je vois bien qu’elle se force à sourire. Je connais assez Chloe pour voir que quelque chose la met mal à l’aise, qu’elle pense à bien trop de chose mais qu’elle n’a pas envie d’en parler. Mais, bien sûr, comme je lui ai promis, je ne relève pas et je ne cherche pas à savoir ce qu’il se passe dans sa tête. Elle en parlerait quand elle sera prête, quand elle aura décidé de le faire, même si ce n’est pas avant des mois et des mois. Je respecte sa décision, je comprends sa décision et mieux que personne je sais que des fois ce n’est pas facile de parler de certaines choses. Alors plutôt que de gratter la petite bête, je réponds aux questions qu’elle me pose sur ma carrière, sur le film que je viens de finir. Je tente de ne pas trop me laisser emporter dans mes explications et fini par me lever pour aller chercher mon pc. Ca sera surement plus simplement de lui montrer sur quoi je bosse plutôt que de lui expliquer. « Swear on Nanka's head. »
Nerveusement je lui montre alors le trailer de mon nouveau film. Comme toujours lors des premiers visionnages par les personnes qui n’ont pas bosser dessus, je suis nerveux, tellement nerveux que ma jambe tressaute mais cela n’a pas l’air de déranger la brune qui a le regard fixé sur l’écran devant elle. Des fois de montrer ce genre de choses à des personnes extérieur aux procédés de montage peut être très instructif, surtout que je bosse dessus depuis maintenant tellement de temps que d’avoir un regard neuf ne fera pas de mal. « It looks good - but the end, it's quite predictable. » Je hoche la tête et il ne me faut pas plus que ces quelques mots pour saisir mon notebook sur la table basse et le style qui se trouve à côté. Je note ce qu’elle vient de me dire, me promettant d’en parler aux gens qui bossent dessus avec moi et de retravailler cela. « Can you move this scene first? Just so we get to see this part before this one? » J’hoche à nouveau la tête et note à nouveau quelques trucs sur le notebook. « Yeah, I see what you mean. So it’s less obvious for the rest. » Je comprends son point de vue et me perd alors quelques secondes dans mes pensées, notant quelques autres choses.
« I mean, this ain't my job and I'm telling you what to do like I know how to do it. » « No, no it’s perfect. I always need a fresh eye to help me through the final process. » je lui adresse un sourire et note les minutes de la vidéos, les quelques idées qui me sont venu en tête pendant que la brune me suggérait des choses. « The whole VIP screening got me all cocky. » Je relève la tête vers elle et lui sourit. « Nah, it’s actually gonna help a lot. Thanks C. » Je lui adresse un nouveau sourire. « Anything else you think is too predictable? » Ce n’est jamais facile de monter un trailer, de donner envie au spectateur mais sans pour autant donner tout le plot du film et sans révéler la fin. C’est surement l’une des choses les plus difficiles à réaliser à mes yeux.
Accueil
Cela fait des jours que je repousse d’aller faire des courses, par flemme complète, je l’avoue. J’ai un emploi du temps plutôt chargé ces derniers temps avec le montage du film, mon temps entre le refuge et l’association ‘grand frère’ et du coup je suis assez claqué le soir en rentrant, ce qui fait que je ne suis toujours pas allé faire de course. J’ai épuisé toutes les dernières sources de paquets de pâtes, de boites d’œufs et j’ai même plusieurs fois commandé à manger, mais là il faut vraiment que je remédie à cela. Essayant donc de me motiver, je monte dans ma voiture et prends la direction du supermarché le plus proche de chez moi. Cette fois-ci, j’ai bien prévu de faire des grosses courses, comme ca je suis tranquille pour au moins deux semaines. J’ai beau avoir un métier qui fait qu’il m’arrive d’être reconnu, je dois avouer que je suis bien content que cela n’arrive pas si souvent. Je n’ai jamais fait de films à gros budget ou très reconnu, ce qui fait que les gens qui me reconnaissent dans la rue restent assez rares. En bossant dans les métiers du cinéma, je sais que les acteurs n’ont pas souvent ce genre de luxe, et c’est pour cela que je ne suis pas fait pour devenir acteur. Je regarde un peu autour de moi avant de faire le tour du magasin, remplissant au fur et à mesure mon cadi. Une petite heure plus tard, je crois que j’ai pris assez et je me dirige vers la caisse. Heureusement, à cette heure-ci de la journée il n’y a pas grand monde ce qui fait que je passe rapidement et que quelques minutes plus tard je suis en train de ranger les courses dans le coffre de ma voiture. Je vais reposer le cadi vide et au moment de revenir vers ma voiture, je remarque une dame qui fait tomber quelque chose de son sac à main. Je me baisse pour le ramasser. « Hmm, excuse me Miss?! You dropped th… » Alors que la jeune femme devant se retourne, je reconnait Chloe. Dans une ville grande comme Brisbane il faut croire que je finis toujours par tomber sur des gens que je connais. « Chloe? » Elle a un peu changé depuis la dernière fois que je l’ai vu c’est vrai, mais au fond pas tellement et je l’aurais reconnu entre cent. Chloe, je l’ai rencontré en 2016, en arrivant à Brisbane et lorsque j’ai acheté ma maison à Toowong. Elle vivait avec son fiancé de l’époque, Isaac, juste à côté de chez moi. Nous étions devenus assez proche, elle et moi, ayant pas mal de choses en commun, mais lorsqu’elle c’était séparé d’Isaac, j’avais eu de moins en moins de nouvelles jusqu’à ne plus en avoir du temps. Je dois bien avouer que cela m’a fait un peu du mal, parce que j’ai toujours beaucoup aimé Chloe, et je lui en ai toujours un peu voulu de ne jamais avoir gardé contact, mais après tout je ne peux pas la forcer non plus. « It’s been long… How are you? » Malgré le fait que je lui en veux, je tiens toujours à la jeune femme.