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 (vittaïa) rythm of the evening

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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptySam 11 Jan 2020 - 22:11

Vittorio & Gaïa

Hope when you take that jump you don't fear the fall, hope when the water rises you build a wall, hope when the crowd screams out they're screaming your name, hope if everybody runs you choose to stay. Hope that you fall in love and it hurts so bad, the only way you can know is give it all you have

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Il fait chaud, très chaud. Dans quelques heures, la nuit sera tombée et la chaleur sera peut-être un peu plus supportable. Mais pour le moment, la température est définitivement trop élevée, et ce n’est pas le pauvre éventail en papier que je me suis fabriqué à la va-vite qui va y changer quelque chose. N’y tenant plus, je me lève et rejoins la cuisine où une bouteille d’eau m’attend dans le réfrigérateur. Il va falloir sérieusement que je pense à investir dans un ventilateur, ça ne pourrait être qu’un bon investissement étant donné que le climat ne va pas s’adoucir dans les jours - les semaines - qui viennent. Je dois rejoindre Vittorio chez lui dans la soirée, mais depuis un moment déjà, je me tâte à y aller plus tôt. Le fait qu’il habite désormais seul, avec son chien mais sans colocataire, me donne plus de liberté quant à l’heure à laquelle je veux débarquer, comme lui le fait si souvent. Il y a quelques jours à peine, j’ai croisé Nino en pleine rue, par hasard. Et il n’était pas seul. Il était accompagné d’une petite fille d’environ un an, et cette gamine -adorable- se trouve être sa fille. Sa fille. Et il est tout simplement impossible que Vitto ne soit pas au courant de ça. Mais il ne me l’a pas dit, préférant rester vague quant à pourquoi son frère avait décidé de rester sur le territoire, préférant me laisser croire que c’était pour une fille, chose que j’avais de grandes difficultés à imaginer. En soi, l’Italien ne m’a pas menti, il a juste omis de préciser que cette fille qui le retenait, c’était son enfant. Et ça m’agace. Je ne suis pas en colère ou quoique ce soit de ce genre, juste frustrée qu’il ait omis ce détail. Après une dernière longue minute de réflexion, je décide de partir maintenant, et peu importe si j’ai plus d’une heure d’avance. Je prends quand même le temps de me changer, préférant enfiler un haut et une jupe plutôt que de sortir en petite tenue. J’attrape mon sac et sors de mon appartement oubliant, oubliant presque de refermer derrière moi. Puis je prends la direction de l’appartement de Vittorio, bien décidée à y arriver le plus vite possible.


Et je mets un temps record, on ne va pas se mentir. Néanmoins, je marque une pause une fois arrivée devant la porte, comme pour reprendre mon souffle. Le fait est que je reste immobile quelques minutes, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être que c’est le fait de savoir que je vais devoir lui parler de Nino qui me fait hésiter, je ne vois pas pourquoi autrement. Dans tous les cas, je ne vais pas y aller par quatre chemins, et je vais mettre les pieds dans le plat dès mon arrivée, pour me débarrasser de ce poids. Levant le poignet, je trouve enfin l’énergie pour frapper, et un aboiement étouffé me répond. Patiente, j’entends des pas se rapprocher, et finalement, la porte s’ouvre sur Vittorio. Peu vêtu, comme à son habitude. Étant donné la chaleur, c’était couru d’avance, et je ne vais pas m’en plaindre -je ne m’en plains jamais.
« Salut. Il faut qu’on discute de quelque chose. »
La surprise passée, il s’écarte pour me laisser rentrer, et je me faufile à l’intérieur, sans attendre que la porte ne soit complètement ouverte. Je viens embrasser le coin de ses lèvres en passant, avant de me diriger tout droit vers le canapé. M’asseyant sur l’accoudoir je retire mes escarpins, pas mécontente de libérer mes pieds après avoir marché jusqu’ici. Brusco, que j’avais entendu mais pas vu jusque là, déboule de nulle part pour venir poser sa grosse tête sur mes genoux, pour quémander de l’attention. Je capte le regard de Vittorio, qui a l’air vaguement inquiet alors qu’il se rapproche de moi. Je me rends compte alors que débarquer en avance en lui lançant « faut qu’on parle » n’est pas vraiment rassurant, ça ne l’est pour personne, c’est même souvent annonciateur de mauvaises nouvelles. Mais pas cette fois, alors je m’empresse de rajouter quelque chose, pour l’apaiser.
« Rien de grave, pas de panique. »
L'Italien semble se détendre légèrement alors qu’il arrive près de moi. Je gargouille distraitement le haut du crâne du chien, qui semble apprécier l’attention. Reste plus qu’à mettre le sujet sur le tapis, qu’il soit au courant que je sais, une bonne fois pour toutes.
« Je croisé Nino il y a quelques jours. En pleine rue. »
Si Vittorio semblait avoir retrouvé son calme, je le vois se raidir quand j’aborde le sujet de son frère. Un sujet sensible, si pas le plus sensible un des plus délicats. Mais j’ai besoin de savoir pourquoi il a préféré éviter ce point avec moi, alors qu’en soi, ce n’est en rien compliqué ou difficile à comprendre, même si le fait de savoir Nino père me laisse encore un peu perplexe.
« Il a une fille. Je suis sûre que tu le sais. »
L’Italien semble accuser le coup. Dans ma tête, soit il aurait préféré me l’apprendre de lui-même, soit il aurait préféré que je ne l’apprenne pas du tout. Dans tous les cas, il n’a pas l’air ravi de ce que je viens de lui annoncer, il a même l’air vaguement gêné. Peu désireuse d’amorcer un conflit qui n’a pas vraiment lieu d’être, je reprends d’un ton plus doux.
« Pourquoi est-ce que tu ne m’en as pas parlé? »
Ce n’est pas un reproche, loin de là. C’est simplement une question, et j’entends bien qu’il me réponde cette fois, même si la dernière chose que je veux est qu’il se sente agressé. Au contraire.


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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyLun 17 Fév 2020 - 20:15

Bien qu’elle ne se soit pas donné la peine de venir réclamer quoi que ce soit d’autre après avoir récupéré ses affaires personnelles sur le pas de la porte, Vittorio entreprenait peu à peu de réarranger l’appartement selon ses propres goûts sans plus aucune colocataire pour lui traîner dans les pattes et apposer son véto, parfois pour le simple plaisir de ne pas lui donner satisfaction. Sa première pierre à l’édifice avait été de se débarrasser du canapé de récup’ qu’il avait toujours trouvé laid, et dont il n’osait même plus imaginer ce qui avait pu passer dessus en son absence en plus de la drogue découverte entre deux coussins et ayant mis le feu aux poudres – sans mauvais jeu de mots. La table basse avait subi le même sort dans la foulée, et à l’image de l’appartement qu’il avait occupé pendant quelques années dans le quartier romain de Tuscolano, celui de Bayside était redevenu aussi impersonnel et minimaliste, vide des souvenirs que l’italien ne possédait pas et des babioles qu’il n’achetait jamais. Malgré tout, la présence de Brusco dans les parages insufflait à cet appartement un peu de la vie que Vittorio n’était pas capable de lui donner seul, et la présence plus récurrente de Gaïa depuis qu’il n’avait pu à se soucier de voir débarquer l’autre occupante des lieux s’occupait de parfaire le tableau. Bien qu’il ait taché de ne rien en laisser paraître, sa compatriote avait été la source de nombre de ses réflexions des dernières semaines, le poussant à une introspection plus contrainte que volontaire à propos de leur relation, du sérieux qu’il était décidé à y accorder – pas qu’il n’ait la moindre intention d’en faire part à la principale concernée, cela dit – et de l’importance que lui conférait malgré elle le fait d’être la seule chose continuant de le lier à son existence romaine. Il avait retourné dans tous les sens l’éventualité de l’accompagner en Italie, y voyant tour à tour une proposition en l’air qui ne valait pas le coup de s’y attarder, une éventualité tentante car l’Italie lui manquait à en crever, une mauvaise idée pour leur relation autant que pour leur sécurité, ou une curiosité non-assumée de se glisser dans la peau de celui que Gaïa choisissait d’avoir à son bras pour un événement plus personnel que tous ceux auxquels ils avaient jusque-là eu l’occasion de se retrouver, à deux ou chacun de leur côté. Il y avait tellement réfléchi que la veille encore il était certain d’avoir pris une décision à ce sujet, certain de ce qu’il dirait et de comment il le dirait … Et finalement au lieu de lui porter conseil la nuit l’avait fait douter à nouveau, assez pour sentir une pointe d’anxiété appuyer sur son plexus en jetant un coup d’œil à l’horloge de la cuisine et en réalisant que la jeune femme serait là dans moins de deux heures. Tel un rituel visant à prouver la constance inépuisable de la race canine, Brusco le fixait sans broncher depuis qu’il s’était mis en cuisine, assis sur le tapis de l’évier et le regard glissant silencieusement au gré de chaque geste effectué par le maître – sait-on jamais qu’un bout de n’importe quoi s’évade du plan de travail pour s’écraser contre le carrelage, n’attendant plus que d’être dévoré par ses soins. Le risotto marinait dans le vin blanc à feu prudent, et les légumes coupés avec application attendaient sagement sur un coin le moment d’être jetés dans la poêle … Mais la véritable vedette du repas, c’était cette mozzarella fumée directement venue du pays à la botte et sur laquelle l’italien avait tenté au mieux de ne pas se jeter comme un morfal lorsqu’il l’avait trouvé dans l’épicerie de Spring Hill où il était allé flâner l’avant-veille, de façon totalement hasardeuse. Sans doute que l’épicerie de Livia en proposait de temps à autres, voilà l’autre chose que son esprit n’avait pas manqué de lui susurrer, mais passé maître dans l’art d’éviter les sujets fâcheux Vittorio s’était contenté d’ignorer cette idée, et était rentré chez lui son trésor bien calé au fond de son sac à dos.

Mais parlant de sujet fâcheux, il avait senti le vent tourner à peine était-il allé ouvrir alors qu’on sonnait à la porte, son chien sur les talons, pour découvrir Gaïa avec une bonne heure d’avance, mais surtout avec sur le visage cette moue illustrant à la perfection le « Salut. Il faut qu’on discute de quelque chose. » avec lequel elle s’était invitée à l’intérieur. S’effaçant sur le côté de la porte pour la laisser entrer, réagissant à peine au baiser furtif qu’elle avait déposé sur ses lèvres avant de gagner le salon, l’ancien juriste avait pincé ses lèvres d’un air dubitatif et posé un « En voilà un ton sérieux. » qui l’avait persuadé d’enfiler le tee-shirt jusque-là abandonné nonchalamment sur le dossier du canapé neuf, comme on enfilait une armure en se préparant à parer les coups d’épée. Il était pourtant certain de n’avoir rien à se reprocher, et de ne s’être rendu coupable d’aucun écart … « Rien de grave, pas de panique. » Retirant les talons sur lequel elle était perchée, accordant à Brusco un peu d’attention et de caresses, elle n’était pas parvenue à faire redescendre l’entièreté de la méfiance que son « il faut qu’on parle » avait instantanément provoquée chez Vittorio, et relevant les yeux vers lui après quelques secondes elle avait enfin décidé d’en venir au fait. « J’ai croisé Nino il y a quelques jours. En pleine rue. » Loin de le rassurer, cet aveu avait fait naître chez l’italien tout un tas de questionnements supplémentaires et réveillé la crainte latente que son frère ait finalement craché sur la promesse de ne plus chercher à rentrer en contact avec la journaliste. « Qu’est-ce que … » - « Il a une fille. Je suis sûre que tu le sais. » Vaguement atteint par l’accusation qui se cachait derrière l’affirmation, la mâchoire du bonhomme s’était serrée et la façon dont il avait avalé sa salive trahissait le malaise dans lequel la situation était en train de le mettre. « Pourquoi est-ce que tu ne m’en as pas parlé ? » Elle tentait d’y mettre les formes, il pouvait le voir, et malgré tout il n’avait pas été capable d’empêcher le sarcasme d’être le premier à réagir à sa place. « Pourquoi, tu lui aurais envoyé carte de félicitations si je te l’avais dit ? » L’acidité de sa remarque ne lui sautant vraiment aux yeux qu’une fois sortie de sa bouche, il s’était mordu la lèvre inférieure avec une pointe de regret et s’en était finalement tenu à un soupir, haussant les épaules d’un air las. « C’est pas plus tes affaires que les miennes. » Aucune attaque là-dedans, mais un désir certain de se distancier lui-même de cette histoire par la même occasion, à défaut de vouloir admettre – y compris à lui-même – qu’il y avait sans doute aussi une histoire de confiance là-dedans. « Et puis je tenais pas vraiment à entendre de vive-voix ton jugement à ce sujet. » La voyant tiquer face à ce qui ressemblait à une accusation, il avait tenté de reformuler la chose « C’est pas un reproche, j’ai jugé de la même façon à la seconde où je l’ai appris. Et c’était après la naissance de cette gosse. » Elle en était là, la relation qu’il entretenait actuellement avec son cadet : la confiance n’était que partielle et ils n’en pouvaient l’un et l’autre s’en prendre qu’à eux-mêmes. Cela remettrait sans doute les choses en perspective dans le cas où Gaïa avait eu le temps de s’imaginer que Nino et lui étaient subitement redevenus cul et chemise, et que le fait qu’il ait hérité d’une nièce fasse automatiquement de lui un oncle ... Les choses n’étaient pas aussi simples, la situation avec Livia en était la preuve, et dans un cas comme dans l’autre Vittorio n’avait pas trouvé de meilleure option que celle de faire l’autruche. « On ne peut pas vraiment dire que mon frère ait été un sujet de discussion qui nous réussisse, jusqu’à maintenant. » avait-il finalement fait remarquer d’un ton prudent, s’asseyant sur l’accoudoir du canapé sans quitter Gaïa des yeux. Au fond il espérait qu’elle se satisfasse de cette dernière justification et ne cherche pas à gratter le vernis à la recherche d’une éventuelle sous-couche.
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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyLun 17 Fév 2020 - 22:45

Vittorio & Gaïa

Hope when you take that jump you don't fear the fall, hope when the water rises you build a wall, hope when the crowd screams out they're screaming your name, hope if everybody runs you choose to stay. Hope that you fall in love and it hurts so bad, the only way you can know is give it all you have

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C’est la mine sérieuse que j’affichais en arrivant qui a induit cette moue incertaine chez l’italien,  cette mimique qui m’a collée à la peau quand je me suis faufilée dans l’appartement. Et malgré mes efforts pour faire redescendre la pression que j’avais moi-même fait monter en flèche, la situation demeure tendue, simplement parce que le nom de Nino a été évoqué. La tête de son colocataire canin toujours posée sur mes genoux, j’observe Vittorio et je le vois presque se décomposer.
« Qu’est-ce que … »
Sachant parfaitement que si je m’arrête maintenant je ne parviendrais pas à dire ce que j’ai à dire, je continue, en lui coupant la parole. Je le vois qui serre les dents à la mention de la fille de Nino, et face à mon ton vaguement accusateur. Loin de moi l’idée de vouloir l’acculer, mais il semble soudain mal à l’aise, et je me rends bien compte que j’ai raté mon coup. C’est pour cela que lorsque je reprends, mon ton est plus doux.
« Pourquoi est-ce que tu ne m’en as pas parlé ? »
Son silence sur le sujet m’a blessée plus que je ne voudrais l’admettre, et tout ce que je veux à cet instant, c’est une réponse.
« Pourquoi, tu lui aurais envoyé carte de félicitations si je te l’avais dit ? »
Première réaction, je fronce les sourcils face à la raillerie, avant de secouer la tête en négation. Non, il ne faut pas rêver, si les choses ont fini par s’apaiser entre Nino et moi, nous permettant d’avoir un semblant de discussion sans insultes ni menaces, nous sommes encore à des années lumières de nous envoyer de petites cartes. De son côté, Vittorio lâche un soupir, haussant les épaules.
« C’est pas plus tes affaires que les miennes. »
Ça, je l’ai dit à Nino lors de cette rencontre impromptue. Que ce n’était pas mes affaires. Et bizarrement, ça ne l’a pas empêché de me répondre, contrairement à Vittorio… Mais ce qui me fait tiquer, c’est le fait qu’il ne considère pas cela non plus comme faisant partie de ses affaires. Qu’il se considère comme étant aussi étranger à la situation que je ne le suis.
« Et puis je tenais pas vraiment à entendre de vive-voix ton jugement à ce sujet. »
Je lève les mains en défense, presque immédiatement. Il le voit et tente immédiatement de corriger ce qu’il vient de dire, cherchant une tournure de phrase moins agressive.
« C’est pas un reproche, j’ai jugé de la même façon à la seconde où je l’ai appris. Et c’était après la naissance de cette gosse. »
Je me radoucis. En même temps, sa déclaration m’apprend ce que je soupçonnais déjà: la relation entre les deux frères est toujours aussi fragile, à deux doigts ou deux actions de pouvoir se briser à nouveau, et le fait qu’il ne m’en ait pas parlé me paraît soudain un peu moins pesant, et égoïstement, je me sens un peu mieux.
« Je ne te le cache pas, j’ai été surprise quand je l’ai appris. Et si tu veux tout savoir, c’est même lui qui me l’a dit. »
Tout simplement. Sans même relever la pique que je venais de lui envoyer à la figure, et dont je ne suis pas très fière, avec le recul.
« J’ai eu un peu de mal à y croire. Nino père, c’est bien la dernière chose que j’aurais pu imaginer, surtout au vu de notre passé. Mais… Il est différent avec elle. »
Et c’est en le voyant auprès de sa gamine que j’ai finalement réussi à l’intégrer, cette idée qui m’a paru tellement saugrenue au départ. Et j’en suis même venue à me persuader que si Nino ne sera pas forcément le meilleur des pères, il ne sera pas non plus le pire. Vittorio se rapproche, jusqu’à venir s’assoir à côté de moi, sur l’accoudoir du canapé. Brusco laisse échapper un soupir que j’entends à peine, trop absorbée par le regard de l’Italien, ancré au mien.
« On ne peut pas vraiment dire que mon frère ait été un sujet de discussion qui nous réussisse, jusqu’à maintenant. »
J’ai un sourire. Ce sujet on l’a évité maintes et maintes fois, et maintenant qu’on réussit à l’aborder, on parvient à le faire de façon un peu plus sereine, même si la sensation de marcher sur des oeufs est toujours bien présente.
« C’est vrai. Mais on s’améliore non? Après, on ne peut pas dire que la vie de ton frère m’intéresse tant que ça. J’aurais juste apprécié que tu m’en parles, va savoir pourquoi. »
Peut-être parce que je pensais que ça avait de l’importance pour lui, et que j’espérais qu’il ait envie de me parler de ces choses importantes. Je secoue la tête et reporte mon attention sur le chien, toujours à nos pieds, qui nous observe du coin de l’oeil.
« Mais passons. Pas besoin de s’éterniser là dessus. »
On aura tout le temps d’y revenir plus tard, si besoin. Ce n’est qu’à ce moment que je prends conscience de la délicieuse odeur qui règne dans la pièce. Abandonnant Vitto sur le canapé, je file vers la cuisine, le chien sur les talons bien évidemment, tout en lançant:
« Je t’ai interrompu pendant que tu cuisinais? Ça sent très bon. »
Vraiment très bon. Et ça fait remonter des souvenirs, qui datent de plusieurs années maintenant. De l’époque où j’étais encore en Italie, où nous l’étions encore tous les deux. La cuisine de ma mère, puis certains restaurants de Rome… « Ça me rappelle la maison. » que je murmure, sans vraiment chercher à ce que quiconque m’entende. Ça fait longtemps que je n’ai pas ressenti ça. Et c’est quand je me retourne vers l’Italien, après avoir inspiré une dernière fois, que je m’aperçois de son air.
« Tu vas bien? »
À croire qu’il n’y a pas que la cuisson du risotto que j’ai interrompu, mais aussi son flot de pensées.

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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyDim 29 Mar 2020 - 23:00

Il en avait tellement pris l’habitude, que la simple mention de Nino suffise à mettre le feu aux poudres dans ses conversations avec Gaïa, qu’il peinait à prendre pour acquis le calme avec lequel elle semblait décidée cette fois-ci à les mettre sur le tapis, lui et le gremlin qu’il avait engendré. Que Nino ait choisi de prendre ses responsabilités n’était pas tant une bonne surprise que la moindre des choses aux yeux de son aîné, la condition sine qua non au fait de ne pas devenir le même genre de spécimen que leurs pères respectifs, mais au bout du compte reste que de son humble avis son frère aurait tout aussi bien fait d’apprendre à se servir d’une capote, en premier lieu. Que la journaliste se rassure néanmoins, si l’information n’avait pas transité jusqu’à elle c’était avant tout parce que Vittorio lui-même ne se sentait pas directement concerné par la question – la question de la confiance encore trop fragile n’arrivait qu’en seconde position. « Je ne te le cache pas, j’ai été surprise quand je l’ai appris. Et si tu veux tout savoir, c’est même lui qui me l’a dit. » Malgré lui, la précision de Gaïa lui avait tout de même arraché un léger mouvement d’yeux. Parfois c’était à se demander comment Nino était parvenu à ne pas encore s’être fait plomber, quand on voyait la manière dont il distillait aux quatre vents des informations que le premier venu pourrait réutiliser contre lui à la moindre occasion. « J’ai eu un peu de mal à y croire. Nino père, c’est bien la dernière chose que j’aurais pu imaginer, surtout au vu de notre passé. Mais … Il est différent avec elle. » Et voilà qu’elle le défendait maintenant, pour un peu Vitto se serait pincé pour vérifier qu’il n’était pas en train de divaguer. « Peut-être, j’en sais rien … Je sais pas. » Mal à l’aise, car tout bonnement incapable de commenter une situation dont il ne savait lui-même toujours pas quoi penser, l’italien était apparu un brin bourru au moment d’admettre « Si ça pouvait au moins lui donner une bonne raison de rester loin des emmerdes et d’arrêter les combines foireuses … » avec néanmoins l’espoir sincère qu’il en soit ainsi. Il était temps que la lignée des pères problématiques de cette famille touche à sa fin. La ride du souci toujours creusée entre ses deux yeux, le brun avait laissé échapper un soupir et s’était finalement assis sur le rebord du canapé, pas d’humeur à se justifier mais encore moins d’humeur à provoquer une dispute ; Et Nino était de ces sujets de taille à en démarrer une. « C’est vrai. Mais on s’améliore non ? » lui avait pourtant opposé Gaïa avec calme, lorsqu’il l’avait fait remarquer. « Après, on ne peut pas dire que la vie de ton frère m’intéresse tant que ça. J’aurais juste apprécié que tu m’en parles, va savoir pourquoi. » Et il aurait pourtant bien aimé le savoir, pourquoi. Mais le mal était fait, et à peu près certain qu’il ne referait pas les choses différemment si on lui en donnait l’occasion, Vitto s’était contenté d’acquiescer sans pour autant présenter d’excuses, se contentant de faire remarquer « Je te dirais bien que je le saurais pour la prochaine fois, mais je vais surtout prier pour qu’il n’y ait pas de prochaine fois. » non sans un brin d’ironie. Nino avait bien assez d’un seul mouflet. Et Livia ? La question s’insinuant dans son esprit tel un poison, il l’avait ravalée tant bien que mal, et lorsque Gaïa avait annoncé « Mais passons. Pas besoin de s’éterniser là-dessus. » il en avait fait son parti.

Abandonnant ses chaussures au pied du canapé, elle s’en était extirpée pour rejoindre la cuisine, son compatriote la suivant du regard un instant avant d’échanger un coup d’œil silencieux avec Brusco, lequel l’avait bientôt abandonné pour rejoindre Gaïa. Laissant échapper un nouveau soupir, Vitto avait suivi le mouvement à son tour et gagné la cuisine, son regard glissant aussitôt vers la plaque de cuisson pour s’assurer que l’interlude provoqué par l’arrivée de la journaliste n’avait pas laissé à quoi que ce soit le temps de brûler. « Je t’ai interrompu pendant que tu cuisinais ? Ça sent très bon. » Evoluant d’un bout à l’autre du plan de travail d’un air songeur, il l’avait entendue murmurer « Ça me rappelle la maison. » et s’était demandé à quelle maison au juste elle faisait référence. Etait-ce à sa vie romaine qu’elle songeait, ou sa nostalgie remontait-elle à plus loin ? « Je n’ai jamais autant cuisiné italien que depuis que … bah, depuis que j’y suis plus. » C’était là toute l’ironie de la chose, les clichés n’étaient rien d’autre que cela mais ils avaient l’avantage de l’aider à surmonter un mal du pays qui ne faiblissait pas. Ce n’était plus seulement sa vie là-bas qui lui manquait mais le pays tout entier, dans ses bons côtés comme dans ses plus mauvais, et se perdant à nouveau en divagations il avait fallu que Gaïa demande « Tu vas bien ? » pour qu’il sorte de ses pensées. « Moi ? Oui pourquoi ? » Plus machinale que sincère, sa réponse n’avait fait qu’accentuer le regard suspicieux que la journaliste avait posé sur lui, et forçant un sourire sur ses lèvres il avait détourné le regard avant de se diriger vers le frigo « J’ai mis du vin au frais, je t’en sers un verre ? » N’attendant pas la réponse pour sortir la bouteille, il en avait fait de même avec deux verres dans le placard et s’était armé du tire-bouchon, faisant mine de ne pas remarquer la lourdeur qu’il donnait à l’ambiance par son attitude faussement nonchalante. Tendant l’un des verres à la jeune femme, il s’était muré dans un silence trop inhabituel, même pour lui, et n’y tenant plus il avait subitement changé son fusil d’épaule « Ok non, moi aussi y’a un truc dont il fallait que je te parle. » Le vin abandonné sur le plan de travail sans qu’il n’y ait trempé ses lèvres, il avait croisé les bras. « Deux, en fait. Mais ta réponse au deuxième dépendra du premier, alors … » Ou pas vraiment, mais c’était l’intuition qu’il en avait. « Tu m’as jamais demandé pourquoi l’Australie. » C’était un peu bête, quand on y pensait. Ils étaient tous là, à des milliers de kilomètres de chez eux, elle, lui, Nino … et elle ne savait toujours pas ce qui avait déclenché tout cela. « J’ai une sœur ici. Enfin une sœur, c’est un bien grand mot … C’est la fille légitime que mon père a eu à peu près à l’époque où il sautait ma mère. » Il aurait pu prendre la peine de châtier un peu son langage, mais est-ce que son géniteur le méritait ? Assurément pas. « Et je sais pas, fallait que je quitte l’Italie dans tous les cas alors je me suis dit … Il avait haussé les épaules à nouveau. Curiosité malsaine, je suppose. » Envie de voir à quoi ressemblait celle qui avait connu le père, quand lui n’avait connu que les chèques envoyés chaque mois pour que sa mère garde le silence, argent dépensé en futilités et poisons dont ni Vitto ni Nino n’avaient jamais profité. « Mais entre Nino, et le reste … Disons que ça lui a apporté plus d’emmerdes qu’autre chose. À elle et à son fils. » Et dire qu’il s’était promis de ne plus en parler à personne. Était-il en train de faire une erreur ? Dix minutes plus tôt il raillait Nino de trop en dire, et voilà qu’il faisait la même chose. Cretino. « T’aurais préféré que je t’en parle pour Nino, donc, voilà. » Et si elle ne s’offusquait pas de ce qu’elle pourrait considérer comme une couche de mensonge supplémentaire, il pourrait bien boire cul sec le verre de vin auquel il n’avait pas encore touché. La soirée tournerait peut-être plus court qu’il ne l’avait espéré, en fin de compte.
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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyMer 6 Mai 2020 - 13:06

Vittorio & Gaïa

Hope when you take that jump you don't fear the fall, hope when the water rises you build a wall, hope when the crowd screams out they're screaming your name, hope if everybody runs you choose to stay. Hope that you fall in love and it hurts so bad, the only way you can know is give it all you have

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Les effluves du risotto cuisiné par Vitto rameute tout un tas de souvenirs qui commencent sérieusement à vieillir, et tout ça me file vaguement le blues. Pourtant, lorsque je me retourne vers l’Italien, c’est moi qui lui demande s’il va bien, devant son air pensif et ses yeux perdus dans le vague.
« Moi ? Oui pourquoi ? »
Je fronce les sourcils devant la réponse qui me paraît tout sauf sincère, à la limite de l’automatisme. Il se contente d’un sourire qui sonne faux, avant de se détourner dans la seconde, pour changer de sujet aussi vite que possible.
« J’ai mis du vin au frais, je t’en sers un verre ? »
Sans attendre une quelconque réponse de ma part, qu’il connaît déjà assurément, il commence à s’affairer, récupérant la bouteille avant de fouiller dans son placard pour récupérer des verres. Je ne prends pas la peine d’ajouter quelque chose oralement, juste un hochement de tête machinal qu’il ne verra peu-être même pas en l’observant remplir les verres, avec de temps en temps un coup d’oeil dans ma direction. Le temps s’étire, jusqu’à ce que le silence commence à se faire pesant. Quand il revient vers moi pour me donner l’un des verres, il ne dit rien de plus et le malaise commence à se faire réellement sentir. C’est étrange, ce genre de situation n’arrive pratiquement jamais, d’habitude il y a toujours l’un ou l’autre pour ajouter quelque chose à la discussion ou pour relancer la conversation. Mais là… Rien. C’est au moment où je bois une première gorgée de vin, commençant presque à me faire à l’idée que je ne vais plus entendre un mot de sa part ce soir, qu’il se réveille, me faisant quasiment sursauter.
« Ok non, moi aussi y’a un truc dont il fallait que je te parle. »
Il repose son verre et croise les bras. Je me raidis, incertaine de ce qu’il va m’annoncer. Et ça empire quand il continue.
« Deux, en fait. Mais ta réponse au deuxième dépendra du premier, alors … »
Je prends un longue inspiration pour me calmer les nerfs, ne comprenant pas pourquoi la situation a généré autant de stress en aussi peu de temps. Je suis à deux doigts de le prendre par les épaules pour le secouer comme un prunier - ou essayer du moins - en le pressant de cracher le morceau, mais je m’efforce de garder mon sang froid.
« Ti ascolto, vai avanti. »
Malgré la tension qui m’anime puisque j’ignore tout du sujet qu’il va aborder, je reste quand même curieuse, à la limite de l’impatience.
« Tu m’as jamais demandé pourquoi l’Australie. »
Non c’est vrai. J’avoue que la question m’a trotté dans la tête il y a quelques années, à partir du moment où j’ai retrouvé sa trace jusqu’au moment où j’ai posé le pied sur le sol Australien. Là, il est resté dans un coin de ma tête quelques heures, jusqu’à être balayé par la colère déclenchée par la vue de l’Italien à l’époque. Et depuis… Plus rien.
« Pourquoi l’Australie? »
Mieux vaut tard que jamais si on peut dire.
« J’ai une sœur ici. Enfin une sœur, c’est un bien grand mot … C’est la fille légitime que mon père a eu à peu près à l’époque où il sautait ma mère. Et je sais pas, fallait que je quitte l’Italie dans tous les cas alors je me suis dit… »
L’information m’étourdit. Il hausse les épaules, pendant que je reprends contenance. Dans un coin de mon esprit, une petite voix en profite pour me signaler que si j’ai manqué cette information quand je faisais des recherches sur lui à l’époque, ce n’est pas pour rien. Bizarre. Je secoue la tête, chassant cette pensée dérangeant, et me reconcentre sur Vitto.
« Tu t’es dit pourquoi pas. Après tout, t’avais plus rien à perdre. »
La faute à qui? Je soupire.
« Curiosité malsaine, je suppose. Mais entre Nino, et le reste … Disons que ça lui a apporté plus d’emmerdes qu’autre chose. À elle et à son fils. »
Et voilà que Vittorio se retrouve doublement tonton, alors qu’il a toujours eu les enfants en horreur, ou presque. Enfin, tonton est peut-être un grand mot, voire même un gros mot. Oncle paraît plus approprié, quand on connaît le contexte familial. Après tout, je ne sais pas s’il compte s’investir dans la vie de sa nièce et de son neveu, s’il l’a déjà fait, ou si il va simplement rester à l’écart autant que possible.
« T’aurais préféré que je t’en parle pour Nino, donc, voilà. »
S’en suit un nouveau silence. Sans un bruit, j’intègre ce qu’il vient de m’apprendre, tout en essayant de comprendre ce que ça signifie, démêlant les espoirs et les doutes qui sont venus s’entremêler pour former un beau bordel. Contre toute attente, je ne remets absolument pas en cause ce que Vittorio vient de me dire. Pour moi, c’est la pure vérité. Il n’a rien à retirer d’un mensonge, ça ne lui apportera rien de plus, et surtout, s’il mentait, il n’aurait pas l’air aussi gêné et aussi peu sûr de lui, à cet instant. Ce qui m’intrigue autant que ça me fait plaisir, c’est qu’il ait décidé de m’en parler. Juste parce plus tôt, je lui ai dit que j’aurais aimé savoir pour Nino et sa fille. Alors il a prit les devants. Pourquoi?
« Merci. Je… Ça me touche. »
Ridicule… Va savoir pourquoi, j’en ai perdu mes moyens. Peut-être parce que je ne pensais pas qu’il me ferait un jour suffisamment confiance pour me parler de ce genre de choses, ces trucs importants qui touchent à la famille.
« Est-ce que tu la vois encore, au moins de temps en temps? »
Le retour de la curiosité, qui a repris le dessus sur le reste. J’ai tellement de questions à lui poser. Mais je ne m’attarde pas trop sur le sujet, étant donné que l’Italien a toujours l’air aussi mal à l’aise. Alors je m’efforce de changer de sujet rapidement, quand certains de ses mots me reviennent en tête.
« Y avait un autre truc dont tu devais me parler. C’est quoi? »
Si je me souviens bien, ma réponse à ce deuxième truc devait même dépendre de sa première déclaration, ce qui m’intrigue encore plus. Je bois à nouveau dans mon verre, et m’aperçois en même temps que sans même m’en rendre compte, je l’ai quasiment vidé pendant les tirades de Vitto. Brusco émet un jappement étouffé, et je suis à deux doigts de croire qu’il essaye d’encourager son maître.



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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyDim 24 Mai 2020 - 23:55

Intérieurement l’italien s’en agaçait, de cette incapacité de plus en plus criante à manier le mensonge sans une once de remord, pourvu que cela serve ses intérêts. Vittorio avait toujours été bon menteur, certaines mauvaises langues vous diraient même que c’était ce qui en avait fait un bon juriste, mais les mois – les années – passant sa conscience le titillait plus qu’elle ne le faisait à une époque, et le goût de culpabilité qui lui venait dans la bouche chaque fois qu’il manquait d’honnêteté lui déplaisait bien plus que l’idée du mensonge lui-même. Il n’avait pas de scrupules Vitto, il avait toujours fait passer ses propres intérêts avant ceux des autres avec l’infinie certitude que personne ne serait là pour les servir à sa place, et pendant longtemps cet égoïsme latent ne lui avait posé aucun problème de conscience … Mais ce n’était plus le cas. Maintenant la conscience lui pesait, la mauvaise surtout, et le regard fuyant il ne se sentait simplement plus capable de donner le change lorsque son honnêteté lui faisait défaut et que le regard de Gaïa était posé sur lui. Et si elle n’était pas étrangère au phénomène, il aurait malgré tout préféré avaler sa langue que d’admettre qu’elle puisse être la source de ses remises en question – il blâmerait l'Australie, l’hémisphère sud ou même l’air du Pacifique, comme il savait si bien le faire. Et « Pourquoi l’Australie ? » d’ailleurs, lui avait-elle finalement demandé dans un écho au fait de ne pas l’avoir fait jusqu’à présent, par absence de curiosité peut-être, ou par crainte de la réponse qui en découlerait. Sans la moindre certitude de ne pas regretter cet aveu au même titre qu’il en gardait tant d’autres pour lui, il avait néanmoins levé le mystère sur l’existence de Livia, le simple fait de la mentionner lui serrant la gorge d’une façon désagréable et le « Tu t’es dit pourquoi pas. Après tout, t’avais plus rien à perdre. » rétorqué par Gaïa lui arrachant un vague soupir. Il y avait peut-être autant de cela que de la curiosité malsaine qu’il avait de son côté décidé d’avancer en guise de justification … Mais des raisons il y en avait d’autres, moins avouables, et que l’italien préférait garder pour lui. Des desseins plus malveillants, nourris par la colère et le ressentiment, et dont Livia aurait peut-être fait les frais plus frontalement si leur rencontre – et celles qui avaient suivi – s’était passée autrement.

Et s’il ne ressentait aucun soulagement ni aucune impression de s’être défait d’un quelconque poids sur les épaules, Vittorio avait en revanche accueilli avec une certaine surprise la réaction de Gaïa à ce sujet. Son « Merci. Je … Ça me touche. » lui avait arraché un regard surpris, le sourcil légèrement arqué et l’air presque interdit, comme s’il attendait un quelconque revers de bâton qui finalement n’était pas venu. Timidement, un sourire s’était alors étiré sur les lèvres de l’italien – sa manière à lui de tenter de lui prouver qu’il essayait, qu’il avait envie de lui refaire confiance sans toutefois oser le formuler en ces termes. Son sourire néanmoins s’était fané lorsqu’elle avait osé demander « Est-ce que tu la vois encore, au moins de temps en temps ? » et secouant la tête pour indiquer que non, il avait répondu par une autre question « Pourquoi faire ? » avec dans la voix un brin de résignation. « Elle a une vie tranquille ici … elle n’a pas besoin que je vienne tout mettre sens dessus-dessous. » Et puis ce n’était que de la biologie au fond, partager quelques gênes ne faisaient pas d’eux une famille. Un vaste sujet, la famille, rarement limpide, et il savait Gaïa suffisamment distanciée de la sienne pour ne pas craindre qu’elle s’engouffre tête baissée dans une quelconque volonté de le pousser à donner une nouvelle chance à Livia. Sans le savoir néanmoins elle avait raccroché les wagons à ce sujet en questionnant à nouveau « Y avait un autre truc dont tu devais me parler. C’est quoi ? » et tandis qu’elle terminait son verre de vin lui avait reposé le sien sur le plan de travail. « Je m’attendais un peu à ce que mon manque de transparence te donne envie de faire demi-tour, pour tout t’avouer. » D’où son impression, peut-être un peu faussée, que sa réaction à son premier aveu aurait tout à voir avec sa réponse au second point. N’accordant qu’un bref regard à Brusco, qui espérait probablement récolter quelque chose à grignoter, Vitto avait pincé ses lèvres d’un air hésitant mais s’était tout de même jeté à l’eau. « J’y ai un peu réfléchi depuis la dernière fois, et j’ai encore certains trucs à régler qui seraient probablement gérés plus vite en étant sur place, alors … » Il avait commencé par la fin, lui d’ordinaire pourtant si bon en argumentaire, et s’éclaircissant la gorge il avait repris aussitôt « … enfin, je me demandais si ta proposition tenait toujours. Pour le mariage de ton frère. » Si l’éventualité le laissait déjà incertain, de l’avoir ainsi formulé à voix haute le convainquait encore moins, aussi n’avait-il pas manqué d’ajouter « Mais enfin je dis ça comme ça, si tu t’es déjà arrangée autrement on oublie et on fait comme si j’avais rien dit. » un peu maladroitement et avec un brin de précipitation. Après avoir admis de plus être en contact avec sa propre demi-sœur, sauter ainsi à pieds joints dans un événement familial lié à Gaïa semblait n’avoir aucun sens … Et malgré tout, aussi incertain était-il de sa proposition elle lui semblait toujours moins terrifiante que de se confronter une nouvelle fois à Livia après la manière dont ils s’étaient quittés la dernière fois qu’ils s’étaient vus.
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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyMer 29 Juil 2020 - 17:51

Vittorio & Gaïa

Hope when you take that jump you don't fear the fall, hope when the water rises you build a wall, hope when the crowd screams out they're screaming your name, hope if everybody runs you choose to stay. Hope that you fall in love and it hurts so bad, the only way you can know is give it all you have

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Par curiosité, je lui demande s’il la voit encore, sa demi-soeur. Le sourire qui commençait à éclairer ses traits se fige, et il retrouve une expression plus neutre, plus distante. Il secoue la tête de droite gauche, de gauche à droite, en négation.
« Pourquoi faire ? »
Parce que c’est un membre de ta famille, et que la famille pour toi, c’est important. Il suffit de connaître son passé avec Nino, entre autres, pour le savoir. Et parce que sa curiosité,  « malsaine » comme il la qualifiait, avait été l’une des raisons pour lesquelles il avait choisi le sol australien plutôt qu’un autre, j’aurais pensé qu’il aurait plus insisté pour établir un lien avec elle, même minime. Mais non.
« Elle a une vie tranquille ici … elle n’a pas besoin que je vienne tout mettre sens dessus-dessous. »
Je hausse un sourcil, et le toise de haut en bas. Cette fois-ci, je ne peux pas m’en empêcher, et réplique. C’est la meilleure de l’année ça.
« Tu rigoles j’espère? C’est pas toi qui mets la vie des autres sens dessus-dessous, c’est ceux que tu côtoies la plupart du temps qui viennent chambouler la tienne. »
Les exemples sont nombreux… Mais parmi les plus importants, si on peut dire: Nino, Ariane, son grand-frère le taulard professionnel, et… Moi. Je serais bien hypocrite d’oublier de me compter parmi les troubles fêtes.
« Justement, ta présence apporte un équilibre. Regarde Nino, il s’est calmé depuis quelques temps. Grâce à sa fille, c’est certain, mais je suis sûre que le fait que tu sois pas loin de lui ça l’aide aussi. »
Ce n’est qu’une hypothèse, mais je serais prête à en mettre ma main au feu. Je préférerais aussi me cramer un membre plutôt que d’admettre à voix haute que je fais partie de ceux à qui il apporte ce fameux équilibre dont je lui parlais à l’instant. Il est malin, il devinera tout seul s’il arrive à percevoir ma gêne soudaine. Je détourne les yeux, avant de balancer un « Mais bon, fais comme tu le sens, si tu préfères en rester là avec ta demi-soeur c’est ton choix. », pour clore cette partie de la conversation. Libre à lui d’essayer d’établir un lien ou non, ce n’est pas mes affaires. e finis par me souvenir qu’il y avait une seconde chose dont il voulait me parler. La première étant réglée, il ne reste plus qu’à demander.
« Y avait un autre truc dont tu devais me parler. C’est quoi ? »
Je termine mon verre de vin et le repose aux côtés de celui de Vitto, qui est déjà vide depuis un moment. Curieuse, je le toise de haut en bas. Brusco fait irruption, émet un bruit étouffé. S’il attire mon attention le temps d’une seconde, il ne capte pas celle de Vittorio. Il hésite, assez longtemps, mais finit par se lancer.
« Je m’attendais un peu à ce que mon manque de transparence te donne envie de faire demi-tour, pour tout t’avouer. »
Une courte pause.
« J’y ai un peu réfléchi depuis la dernière fois, et j’ai encore certains trucs à régler qui seraient probablement gérés plus vite en étant sur place, alors … »
Je me fige. Dans toutes les pensées qui fusent dans  dans mon esprit, l’une d’entre elles s’illumine et supplante toutes les autres. Est-ce qu’il est vraiment en train de parler de ce que je crois qu’il est en train de parler? Maladroitement, certes, mais quand même. Je dois avoir les yeux tellement ronds que Grace en aurait tapé un fou rire si elle avait été dans le coin. Il s’éclaircit la gorge, l’air visiblement mal à l’aise par le nouveau sujet de conversation, qu’il a lui même lancé. Mais il continue quand même.
« … enfin, je me demandais si ta proposition tenait toujours. Pour le mariage de ton frère. »
Donc il est bien en train de parler de ce que je lui avais proposé il y a quelques temps, à savoir de m’accompagner au mariage de mon petit frère. Chose que j’avais proposé sur un coup de tête, et sur laquelle j’avais fait une croix la dernière fois, lorsqu’il avait décliné. Mais maintenant que le sujet est de nouveau sur la table, je me rends compte qu’il me restait une lueur d’espoir dissimulée quelque part dans mon esprit, et que sa dernière phrase vient de la raviver. J’ai du mal à formuler une phrase tant je suis abasourdie, et c’est surement ce silence dans lequel je me suis figée qui pousse l’Italien à reprendre la parole.
« Mais enfin je dis ça comme ça, si tu t’es déjà arrangée autrement on oublie et on fait comme si j’avais rien dit. »
Il faut que j’arrive à dire quelque chose avant qu’il ne décide de faire marche arrière toute et qu’effectivement, on doive faire comme s’il n’avait rien dit.
« Non. »
C’est sorti tout seul.Presque sans une once d’hésitation, et je vois dans l’instant son visage qui s’assombrit légèrement. Je suis à deux doigts de commencer à paniquer face à sa réaction.
« Je veux dire, non, je ne me suis pas arrangée autrement. Je n’ai même pas encore pris les billets d’avion. Je croyais partir seule pour tout te dire, je pensais que ça ne te disait rien de m’accompagner. »
J’ai vraiment traîné pour ça, alors que tout le reste est prêt. Toute la famille est prévenue de quand je dois arriver, de quand je repars ensuite. Il ne me restait plus qu’à réserver le vol, et pourtant, je ne l’ai pas fait. Peut-être à cause de cette lueur d’espoir que je pensais éteinte par son premier refus poli.
« Alors oui, la proposition tient toujours, tu es le bienvenu. »
Reste à faire savoir à la famille que finalement je ne serais pas toute seule, et que Vitto a décidé de vaincre sa prétendue peur de l’avion pour pouvoir m’accompagner. Il ne le sait pas encore, mais il va se faire interroger en bonne et due forme, par à peu près tous les membres de ma famille, c’est à dire par beaucoup de monde. Mais autant éviter de le faire angoisser maintenant, il le découvrira bien assez tôt. Après lui avoir adressé un long regard, sans ajouter un mot, je secoue la tête en souriant et détourne les yeux. Son annonce me fait plaisir, tellement que c’en est presque ridicule. Pour m’occuper les mains et retrouver une contenance, je décide de nous resservir du vin.
« C’est quoi ces fameux trucs que tu as à régler sur place? C’est important? Ça va t’obliger à me fausser compagnie à un moment ou à un autre je suppose. »
Je lui tourne le dos, alors je ne vois pas sa réaction, mais je suis quasiment certaine qu’il vient de se tendre. Brusco est à mes pieds et observe le moindre de mes mouvements, alors que je me rapproche du risotto.
« C’est bientôt prêt, Chef? Je meurs de faim. »


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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyJeu 27 Aoû 2020 - 19:50

Une partie de lui aurait probablement préféré que Livia ne soit pas la personne douce et bienveillante qu’il avait rencontrée. Les choses auraient été plus simple s’il avait pu la détester sans le moindre scrupule, si elle s’était révélée aussi méprisable que le géniteur qu’ils partageaient, si elle avait été un peu plus comme lui, et un peu moins comme celle à qui Vitto s’était confronté lorsqu’il était enfin sorti de l’ombre. Il ne savait pas ce qu’il attendait lorsqu’il avait décidé de sauter dans un avion pour aller la rencontrer elle, dont il ne partageait rien si ce n’était une moitié de code génétique, mais dans un sens comme dans l’autre il n’avait pas assisté à ce à quoi il attendait et n’en avait tiré ni satisfaction ni soulagement. Non, au lieu de cela il s’était senti fautif, parce qu’arrivé dans son sillage il y avait eu Nino, et que leurs rancœurs fraternelles avaient éclaboussé une Livia qui n’aurait jamais dû y être mêlée. « Tu rigoles j’espère? C’est pas toi qui mets la vie des autres sens dessus-dessous, c’est ceux que tu côtoies la plupart du temps qui viennent chambouler la tienne. » Il n’assumait que moyennement les papillons que le fait que Gaïa se range de son côté au mépris de l’objectivité faisait voler dans son estomac, mais si l’intention était louable elle ne suffisait pas à convaincre. « T’es bien indulgente, pour quelqu’un qui a grossi la liste des dommages collatéraux. » D’amertume, il avait pris une gorgée de vin supplémentaire. C’était ce torchon qu’elle avait écrit qui avait mis le feu aux poudres, mais c’était bien la guerre fraternelle que se livraient les deux frères qui en avaient fait une cible à qui donner une leçon pour Nino – elle n’avait pas oublié, il le savait. Il suffisait de moindre grain de sable la rappelant à se souvenir pour voir son visage s’assombrir. « Justement, ta présence apporte un équilibre. Regarde Nino, il s’est calmé depuis quelques temps. Grâce à sa fille, c’est certain, mais je suis sûre que le fait que tu sois pas loin de lui ça l’aide aussi. » Et cette fois-ci c’était le visage de l’italien que l’on avait vu s’assombrir un peu. Pas de savoir son frère enfin sur la bonne pente, mais de savoir que malgré tous les efforts qu’il avait déployé dans ce sens il n’avait, contrairement à ce que pensait la jeune femme, que très peu contribué à ce changement d’attitude. Il jalousait Lucia, quelque part, aussi ridicule et puérile cela puisse-t-il paraître, car Lucia avait réussi du fond de son berceau à accomplir ce que Vittorio n’avait pas su faire en trois décennies. « Il a plus changé en quelques mois qu’en toute une vie … Crois-moi, j’aurais voulu, mais je n’ai rien à voir là-dedans. » avait-il alors simplement répondu en baissant la tête, un sourire las s’étirant sur ses lèvres tandis que Gaïa clôturait d’elle-même le sujet Livia et qu'il s'abstenait de renchérir à ce sujet.

Car avant que la conversation ne débute sur un sujet inattendu celui que l’italien avait prévu d’aborder avec sa compatriote lorsqu’elle rentrerait était tout autre. Il n’avait pas bien décidé quand et comment il mettrait le sujet sur le tapis, s’il évacuerait la question d’entrée de jeu, s’il laissait d’abord passer le dîner et si un verre de vin suffirait à lui délier la langue, mais puisque Gaïa avait mis les pieds dans le plat dès son arrivée question sujet qui fâchait il n’avait eu d’autre choix que de lui emboîter le pas – et tant pis si cela devait gâcher le goût du risotto. Difficile de dire qui d’elle ou de lui considérait de manière beaucoup trop solennelle l’idée de se rendre au bras l’un de l’autre à un événement tel qu’un mariage, la grimace de déception de Gaïa lorsqu’il avait décliné l’offre la première fois n’ayant rien à envier à celle de Vitto tandis que la jeune femme se fendait d’un « Non. » auquel, c’est vrai, son ego ne s’attendait pas. Il ne pensait pas être déçu, avait voulu se persuader qu’il ne le serait pas et que cette histoire de mariage n’avait aucune espèce d’importance, et malgré tout la réponse négative de Gaïa venait de retentir comme une claque et l’avait sonné un instant – car en vérité, Vittorio n’était pas habitué à ce qu’on lui dise non. Et la déception, au bout du compte, avait été à la hauteur du brin d’euphorie qui s’était emparé de lui lorsque l’italienne avait repris avec précipitation « Je veux dire, non, je ne me suis pas arrangée autrement. Je n’ai même pas encore pris les billets d’avion. Je croyais partir seule pour tout te dire, je pensais que ça ne te disait rien de m’accompagner. » Elle le faisait passer pour une girouette, mais au fond il l’avait bien mérité. Et surtout il était bien trop satisfait de la réponse pour songer à lui en tenir rigueur. « Alors oui, la proposition tient toujours, tu es le bienvenu. » Tâchant néanmoins de conserver un enthousiasme raisonnable, il avait agité la tête, puis reposé son verre sur le plan de travail avant de le reprendre aussitôt lorsqu’un « Cool. » un peu maladroit lui avait échappé. « Que tu aies encore rien réservé, je veux dire. » Et qu’elle n’ait pas fait d’autres plans définitifs impliquant de partir sans lui, ou pire, de partir avec quelqu’un d’autre. Mais pour d’obscures raisons il n’était pas parvenu à ajouter ces deux points à voix-haute. Détournant la conversation en leur resservant du vin, Gaïa avait néanmoins fini par questionner « C’est quoi ces fameux trucs que tu as à régler sur place ? C’est important ? Ça va t’obliger à me fausser compagnie à un moment ou à un autre je suppose. » et récupérant son verre Vittorio y avait plongé ses lèvres pour se donner le temps de réfléchir à une réponse acceptable. Une réponse qui ne soit pas un tissu de mensonges mais ne le force pas à mettre sur le tapis d’autres sujets épineux. « Rien de très intéressant. De la paperasse, des trucs à voir avec mon avocat. Mais ça fait longtemps que tu n’as pas vu ta famille, vous devez avoir des tas de choses à rattraper sans que je sois dans vos pattes. » Ou peut-être pas, au fond il n’en savait rien. Il n’avait aucune idée de comment fonctionnaient les choses dans une famille « normale » et dans celle de Gaïa en particulier, la question n’ayant jamais vraiment été creusée jusqu’à présent. Elle ne semblait pas mal vivre l’éloignement géographique, c’était la seule chose dont il était à peu près certain. « C’est bientôt prêt, Chef ? Je meurs de faim. » Allant flâner du côté de la plaque de cuisson, elle avait rappelé à Vittorio qu’il surveillait justement celle de son repas avant qu’elle n’arrive, et son verre reposé sur le plan de travail il avait récupéré sa cuillère en bois d’une main et laissé l’autre glisser furtivement autour de la taille de la jeune femme en prétendant « J’irais probablement plus vite avec un peu d’encouragements. » Puis piquant un baiser contre son épaule il s’était néanmoins reconcentré sur sa cuisine. Hors de question de brûler le dîner.
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Message(#)(vittaïa) rythm of the evening EmptyDim 18 Oct 2020 - 20:56

Vittorio & Gaïa

Hope when you take that jump you don't fear the fall, hope when the water rises you build a wall, hope when the crowd screams out they're screaming your name, hope if everybody runs you choose to stay. Hope that you fall in love and it hurts so bad, the only way you can know is give it all you have

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Je retiens un sourire face à sa réaction un peu maladroite. Et face à cela, je ne peux m’empêcher de me féliciter pour avoir tardé à réserver les billets d’avion. C’est d’autant plus étonnant que d’habitude je ne laisse pas trainer ce genre de choses, au contraire. Peut être que finalement, la petite lueur d’espoir que j’avais encore et que je ne parvenais pas à réprimer brillait plus fort que ce que je voulais bien avouer. Une nervosité inhabituelle s’insinue sournoisement dans mon esprit à l’idée de ce que cela peut bien signifier, le fait que Vitto ait finalement décidé de m’accompagner à ce fameux mariage Italien. Et même s’il m’a avoué que ça lui permettrait de régler certaines affaires propres à notre patrie natale, je ne peux m’empêcher de penser qu’il vient principalement pour profiter de ma compagnie et avant cette histoire d’affaires, et pas l’inverse. Pendant un instant, je pense qu’il va ajouter quelque chose, mais il se tait et je prends sur moi, bridant ma curiosité maladive à ce sujet, pendant qu’il nous ressert du vin. Cependant ne peux pas m’empêcher de le questionner sur ces affaires sont il me parle.
« C’est quoi ces fameux trucs que tu as à régler sur place ? C’est important ? Ça va t’obliger à me fausser compagnie à un moment ou à un autre je suppose. »
Je le vois qui réfléchit, et bizarrement ça ne me rassure pas tellement. Mais il finit par donner des explications qui me paraissent un peu bancales.
« Rien de très intéressant. De la paperasse, des trucs à voir avec mon avocat. Mais ça fait longtemps que tu n’as pas vu ta famille, vous devez avoir des tas de choses à rattraper sans que je sois dans vos pattes. »
Un peu déçue par le fait qu’effectivement, il pourrait disparaître pendant un moment durant le séjour italien, je tente de le dissimuler en portant mon verre à mes lèvres, savourant une gorgée. Je grimace néanmoins à sa réflexion, vaguement angoissée par les imminentes retrouvailles avec mon père. Une scène qui promet d’être plus que glaciale. Si une bonne majorité de ma nombreuse  famille continue à se manifester pour demander des nouvelles et en donner, certains autres, dont mon père, conservent un silence absolu depuis que j’ai décidé de rester sur le sol australien.
« Des trucs administratifs alors. Ça n’a pas l’air très palpitant tout ça, mais bon je suppose que tu n’as pas vraiment le choix. »
Je prends un instant pour inspirer, longuement, pour boire aussi, comme pour me redonner le courage dont j’ai besoin pour admettre certains problèmes familiaux.
« En ce qui concerne ma famille, pas tant que ça. Je ne les ai pas vus depuis longtemps c’est certain, mais ceux qui veulent encore avoir de mes nouvelles savent parfaitement se manifester. Les autres… Tant pis pour les autres. De plus, te voir m’abandonner pour aller faire je ne sais quoi risquent de faire jaser certains autres… Mais on trouvera bien une histoire à leur raconter, n’est-ce pas Eugène? »
Ne désirant pas m’attarder davantage sur le sujet, du moins pour l’instant, je déambule dans la cuisine et me rapproche de sa tambouille sur le feu, qui sent divinement bon.
« C’est bientôt prêt, Chef ? Je meurs de faim. »
Ma réflexion semble le sortir de la léthargie dans laquelle il s’était plongé, et après avoir récupéré sa grande cuillère en bois précédemment abandonnée, il se précipite sur sa casserole, laissant au passage trainer sa main libre sur ma taille, lorsqu’il arrive à mon niveau.
« J’irais probablement plus vite avec un peu d’encouragements. »
Il plaque un baiser léger sur mon épaule avant de se concentrer, tandis que je reste silencieuse, troublée par ce geste doux et spontané, et ce malgré la demande qu'il vient de formuler. Je le regarde cuisiner, si on peut dire. En vérité, je le vois à peine, mon cerveau bien trop occupé à élaborer des excuses à servir à ma famille, sur le changement d’avis de mon camarade de jeu qui a finalement décidé de venir, sur le fait qu’il risque de disparaitre à un moment donné pour une durée peut être indéterminée. Et j’essaye aussi de minimiser le fait qu’il va certainement me servir de pilier durant ce mariage, comme un bouclier face aux membres hostiles. Même si j’ai du mal à me l’avouer, sa présence nouvelle a enlevé un poids de ma poitrine. J’aurais survécu à l’évènement sans lui sans l’ombre d’un doute, mais le fait qu’il soit là va me faciliter les choses, c’est certain.
Bientôt, le repas est prêt, et nous nous installons à table, la bonne humeur revenant en même temps que des sujets plus légers. Nous aurons bien le temps de nous triturer les ménages plus tard, en nous mettant au point sur les choses à dire et à ne pas dire lors de cet évènement qui s’approche de plus en plus.

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