Le charme de Brisbane est prenant. Malgré la période compliquée dans laquelle le pays est. Les feux, les pauvres animaux. Je n'avais pas choisi la bonne période pour arriver. Mais.. je m'étais dit que je pouvais aider.
Ça faisait quelques jours que j'étais arrivée. J'avais pu voir Arthur. Et aussi stressé que j'étais, j'étais plutôt contente de voir que tout allait bien. Que rien avait changé entre nous malgré la vingtaine d'année qui s'étaient passés entre nos deux rencontrent. Et j'avais pu être accueillit par Marius aussi. En soit, il ne s'était pas passé quarante ans depuis notre dernière rencontre mais ça m'avait fait beaucoup de bien de le voir. Même s'il a toujours une tête de bougon. J'avais l'impression d'être revenu il y a quelques années en arrière. Et, je dois avouer que ça me fait du bien.
Ce matin, j'étais levé plus tôt que lui. Ce qui est assez rare quand on me connait réellement. Il était gentil avec moi de m'héberger pendant quelques temps. Alors, je voulais lui rendre la pareille comme je pouvais. Il n'acceptait pas d'argent de ma part. Alors.. Je pouvais faire à manger ou d'autres trucs de ce genre. Et j'avais bien envie de pancake ce matin. Je suppose que ça peut lui plaire aussi. Sauf que Monsieur Warren n'a rien qui puisse me permettre d'en faire.
- Bon, il va falloir que je m'habille...
Moi qui voulait rester en pyjama. Autant dire que ce n'était pas possible. Bon, j'ose espérer qu'il ne se lèvera pas entre temps. Je passe rapidement dans la chambre que j'occupe et m'habille. Rien de bien extravagant, un jean et un t-shirt suffira amplement. J'attrape mes chaussures, ma veste et j'active Google Map. Meilleur ami pour moi depuis mon arrivée. Il ne manquait pas grand chose. De la farine et des oeufs.
Il ne me fallut qu'une vingtaine de minute avant de pousser discrètement la porte. Bon, pas de bruit à l'horizon. Je retire mes chaussures, ma veste et me revoilà de retour dans la cuisine. Mon estomac se met d'ailleurs à crier famine. L'enfoiré. J'attrape un saladier et me met en route. Je n'avais jamais été vraiment bonne en cuisine. Clairement. Mais les petits trucs comme des pancakes ou des gaufres, ça allait plutôt bien. Je me rappelle avoir mis le feu à une casserole après l'avoir oublié sur le feu trop longtemps. Depuis, j'essaye de faire attention à ce que je fais. Minuteur, réveil. Au cas où.. J'ai tendance à ne jamais être concentré. Ma mère me dirait que je suis sur tout les tableaux et que je n'arrive pas à être concentré sur un seul sujet à la fois. Je crois qu'elle n'a pas vraiment tord.
J'allumais la télévision et baissait le volume. Juste pour que je puisse entendre la musique et éviter le réveil de Monsieur Bougon, l'ours mal léché. Parce que je voulais lui faire plaisir alors si je le réveille et qu'il est de mauvais poil. On va éviter. Je ne voulais pas commencer à déranger ou être un fardeau pour quiconque. C'est bien ce qui me gène dans le fait d'être avec les autres. Autant je n'aime pas être seule, autant forcé les autres à m'entourer. Non. Je perd un peu la notion du temps en m’attelant à mes pancakes. J'en fais une petite dizaine et les met sur la table. Nous sommes deux, inutile d'en faire cinquante. J'attrape la farine, un peu trop violemment et je renverse la moitié sur le sol.
- Fuck... Quelle conne, putain..
Je frappe mon visage de ma propre main et redresse la farine. J'attrape la pelle, la balayette et m'assois par terre pour venir nettoyer. Enfin, jusqu'à entendre du bruit dans la pièce. Je lève la tête et découvre Marius. Je viens ricaner.
- Salut ! Bien dormi ? J'ai fais des pancakes !
Je pointe l'assiette et reprends mon nettoyage. La conne, putain. Je me redresse, jette le tout et nettoie le sol pour retirer le reste de farine. Je jette les coquilles d'oeufs et ajoute.
C’est un bruit et des jurons qui te réveillent ce matin. Tu te réveilles brusquement, paniqué à l’idée que quelqu’un se trouve dans ta cuisine à une heure pareille. Et puis, aussi rapidement que cette panique est apparue, elle disparaît car tu te rappelles que tu n’es plus seul à vivre dans ton loft. C’est temporaire mais tu as une colocataire pour les prochains jours et c’est quelque chose à quoi tu n’es pas habitué. Solitaire dans l’âme, tu n’as jamais cherché à faire des colocations, aimant le calme et la tranquillité de ton appartement. Toutefois, quand Jodie t’avait appelée pour te dire qu’elle débarquait à Brisbane, tu n’avais pas hésité très longtemps à lui proposer de rester chez toi le temps qu’elle se trouve un endroit où vivre. Tu avais la place, ton loft se composait d’une seconde chambre dont tu te servais la plupart du temps de bureau mais qui pouvait accueillir quelqu’un. Cela avait bien fait rire Beth quand elle avait vu cette deuxième pièce car tu n’avais jamais été du genre hospitalier. Tu n’avais pas voulu lui dire que c’était pour Moïra que tu avais voulu cette deuxième chambre. Encore aujourd’hui, tu te demandais comment tu avais pu être si optimiste et penser que ta nièce pourrait venir dormir chez toi de temps en temps. Cela faisait deux ans que tu étais de retour en ville et au mieux, tu ne la voyais que quelques heures par mois. Mais tu ne te plaignais pas, tu ne te plaignais jamais parce que ce n’était pas ton genre et que tu savais que cela ne changerait rien. Et puis cela permettait à Jodie de prendre d’assaut cette chambre et de la faire sienne pendant quelques temps. Elle était arrivée depuis un petit moment mais la plupart du temps, c’était toi qui étais debout avant elle désirant commencer ta journée de travail le plus tôt possible. Alors que le week-end commençait, il semblerait que tu te sois laissé emporté par le sommeil et que tu en aies profité pour dormir un peu. Te passant une main sur le visage, tu soupirais avant de sourire légèrement. Cela t’amusait d’entendre Jodie se débattre avec tu ne savais quoi dans ta cuisine. Certes, tu aimais le calme et la solitude mais des fois, il fallait avouer qu’elle était pesante. Et tu connaissais assez bien Jodie pour que sa présence soit agréable à tes côtés, tu n’avais pas à jouer un rôle, tu n’avais pas à faire attention à chacune de tes paroles et c’était agréable. Il était peut-être temps pour toi de te lever et d’aller affronter la tornade qui avait dû ravager ta cuisine. Parce que Jodie avait le don d’être très maladroite quand elle le voulait et si elle s’était mise à jurer, c’était qu’elle n’avait pas dû faire les choses à moitié. Tu te lèves et tu enfiles un t-shirt et un pantalon de pyjama. Tu n’as jamais aimé dormir autrement qu’en caleçon mais tu n’es plus assez jeune ou arrogant pour sortir ainsi dans ton salon quand tu as des invités. Tu quittes donc le sanctuaire qu’est ta chambre pour te diriger vers la cuisine où tu trouves Jodie en train de nettoyer le sol alors que ta cuisine semble recouverte d’une petite poudre blanche. Auras-tu encore de la farine après cet incident ? Peut-être pas … Un sourire amusé se dessine sur ton visage et la jolie blonde lève le regard vers toi : « Salut ! Bien dormi ? J'ai fais des pancakes ! » Tu n’avais pas fait attention jusqu’ici à l’odeur qui s’était installée dans ton appartement mais la vue des pancakes fit grogner un peu ton ventre qui avait besoin d’être rempli. Tu te sentis saliver mais avant d’en attraper un et de le couvrir de sirop d’érable et de confiture, tu retournais ton regard vers Jodie : « J’ai très bien dormi et toi ? Je ne te savais pas si matinale. » Lui dis-tu pour la taquiner. Tu la laissais finir de nettoyer, ne voyant pas ce que tu pouvais faire pour l’aider à ce niveau-là. A la place, tu allais chercher deux assiettes, deux verres et des couverts pour les installer sur le comptoir de la cuisine en face de la plaque électrique. « Je t'ai pas réveillé avec mon bordel, au moins » Oh un petit peu mais tu ne lui en tenais pas rigueur. Il était temps que tu te lèves et tu étais plutôt bien reposé finalement. Sortant les différents éléments nécessaires à ce petit déjeuner du frigo, tu lui répondis : « Non ne t’en fait pas, il était temps que je me lève. » Tu t’installais en face d’elle avant de lui demander : « On ne s’est pas trop vus depuis ton arrivée. Comment se passe tes premiers jours à Brisbane ? Heureuse d’être ici ? » Jodie était une globetrotteuse, tu espérais qu’elle se plairait assez à Brisbane pour y rester mais cela n’était pas du tout sûr.
Je vois bien sur son visage qu'il se moque de moi. Je rigolais avec lenteur pour essayer de me donner une sorte de contenance. J'avais arrosé sa cuisine de farine et alors que j'avais essayé de lui rendre son aide, je ne fais que salir le tout. Et il a raison. Je suis rarement matinale. En général, il est levé bien avant moi ! Pour une fois, c'est l'inverse. Je rigole d'avantage et ajoute alors.
- Haha ! Que veux-tu, je prends ton exemple de temps en temps ! J'ai bien dormi !
Mais justement. Puisqu'il dormait rarement très tardivement, j'avais tout de suite demandé si j'étais à l'origine de son réveil. Enfin.. Même si c'était le cas, je suis persuadé qu'il ne me le dirait pas.. Marius est comme ça. Enfin, tout le monde l'est un peu, j'ai l'impression. Une fois mon petit ménage fini, je me redressais et nettoyer mes mains.
- Tu pouvais dormir encore. C'est rare que tu te lèves tard. Ça fait du bien, de temps à autres.
Heureusement que je n'avais pas de travail nécessitant des horaires précis. Sinon.. Eh bien, disons que je n'aurai pas de travail du tout. J'admire ceux qui sont capable de se lever tous les matins très tôt pour aller travailler. Je venais m'installer en face de lui, sourire aux lèvres. J'avais l'habitude de beaucoup sourire. Pas parce que je me sentais constamment heureuse. J’avais mes moment comme tout le monde. Mais parce que j'avais appris que faire la tête n'aidait en rien. Après tout, si je souris, je pourrais peut-être faire sourire les autres et alléger le tout pour eux aussi. Le sourire est communicatif.
- Eh bien plutôt bien ! Jusqu'à présent, je n'ai rencontrer que des gens plutôt sympathique ! J'ai vu Arthur aussi ! Je t'avoue que j'avais un peu peur quand même. Après tant d'année, j'avais peur de ne pas le reconnaître.
Et je ne parlais pas physiquement. J'avais pu apprendre les raisons derrière son départ. Et découvrir aussi que je n'étais en rien responsable de son départ. Ça m'avait beaucoup miné. Mais retrouver mon frère et bientôt Isla. Je me sentais bien.
- Il m'avait manqué. Je suis contente d'avoir les réponses à mes questions. Et puis Brisbane est magnifique ! J'ai déjà pu faire pas mal de photo ! Je pourrais les ajouter à la collection de toi enfariné !
Je ricane comme une idiote. Ca, c'est pour la taquinerie sur le côté matinale que je n'ai pas. Je rigole mais j'adore Marius. J'adore le taquiner autant qu'être présente pour lui. Je prenais un pancake et venais déjà ajouter.
- Plus sérieusement, je pense que.. ça ira. Comme un peu partout, ça dépayse forcément ! Et puis, j'ai remarqué qu'on se moque pas mal de mon accent! Je pensais que c'était juste les Français mais apparemment, c'est universel.
Mon accent est assez prononcé. Encore plus lorsque je parle rapidement ou sous stress. Mais ça fait parti de moi et j'ai appris à ne plus me soucier de ce que pense les autres.
- Et toi ? Comment vas tu depuis la dernière fois ?
Cohabiter, voilà quelque chose que tu n’avais pas fait depuis des années … Tu n’étais pas un fanatique de la colocation car cela voulait dire faire des compromis sur ton espace et tes habitudes ce qui n’était pas quelque chose qui te venait spontanément. Toutefois, tu n’avais pas hésité à héberger Jodie quand elle t’avait contacté et un peu de changement dans ta vie ne pouvait pas te faire de mal. Réveillé par la jeune femme qui avait pris ta cuisine en assaut, tu ne pus t’empêcher de la taquiner sur l’heure matinale qui était plutôt ton heure de réveil à toi. « Haha ! Que veux-tu, je prends ton exemple de temps en temps ! J'ai bien dormi ! » Tu étais ravi de l’entendre. C’était important pour toi que tes invités se sentent comme chez eux et puissent se reposer. Enfin ton invitée, tu n’en avais pas très souvent. « Tu pouvais dormir encore. C'est rare que tu te lèves tard. Ça fait du bien, de temps à autres. » Un lève tôt depuis ton plus jeune âge, les grasses matinées étaient bien rares pour toi et pas aussi longues que pour la plupart des gens. Voilà pourquoi tu considérais que tu avais déjà dépassé ton quota d’heures au lit pour la journée. Passant une main dans tes cheveux, tu répondis à la jolie blonde : « Pour moi, aujourd’hui c’est me lever tard. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. « Je suis ravi de savoir que tu as bien dormi, assez pour te sentir d’attaque pour cuisiner apparemment. » Rajoutas-tu pour la taquiner gentiment. Tu étais quelqu’un d’assez calme et gentil même si tu savais devenir une personne sèche et méchante au besoin, ton frère cadet en avait fait les frais à plusieurs reprise. Avec ton emploi du temps à l’université, tu n’avais pas vraiment eu le temps de te poser avec Jodie jusqu’ici alors tu pris le temps de lui demander comment se passait son arrivée à Brisbane. « Eh bien plutôt bien ! Jusqu'à présent, je n'ai rencontrer que des gens plutôt sympathique ! J'ai vu Arthur aussi ! Je t'avoue que j'avais un peu peur quand même. Après tant d'année, j'avais peur de ne pas le reconnaître. Il m'avait manqué. Je suis contente d'avoir les réponses à mes questions. Et puis Brisbane est magnifique ! J'ai déjà pu faire pas mal de photo ! Je pourrais les ajouter à la collection de toi enfariné ! » Tu es bien placé pour savoir que ce n’est pas toujours évident de retrouver des personnes qui nous sont chers mais que l’on a pas vu depuis longtemps et que l’on a perdu de vue. Tu étais le roi de ce genre de situations, en particulier après ton dernier passage à Paris où tu n’avais pas gardé contact avec grand monde ce qui avait entraîné un retour à Brisbane plutôt compliqué. « Je suis content pour toi que tu aies pu retrouver Arthur et que tout se soit bien passé. Tu vois, tu t’es inquiétée pour rien. » Lui dis-tu car tu avais été de ceux qui avaient essayé de la rassurer avant cette rencontre. « Tu pourras me montrer tes photos ? » Lui demandas-tu curieux en laissant la taquinerie de côté. C’était de bonne guerre et une habitude avec Jodie. Mais tu étais curieux de découvrir ses photos, elle avait toujours eu l’oeil pour en prendre de magnifiques, même quand c’était toi peu à ton avantage. « Plus sérieusement, je pense que.. ça ira. Comme un peu partout, ça dépayse forcément ! Et puis, j'ai remarqué qu'on se moque pas mal de mon accent! Je pensais que c'était juste les Français mais apparemment, c'est universel. Et toi ? Comment vas tu depuis la dernière fois ? » Tu laissais Jodie se remettre à la préparation de votre petit déjeuner alors que tu te préparais un café. « Ton accent est prononcé certes mais ne le perds pas, il te rend unique. » Lui dis-tu très sérieusement. Tu n’avais jamais perdu ton accent australien, même quand tu étais en France en train de parler un Français que tu espérais être presque parfait. Cela faisait parti de ton identité. « Moi je vais très bien. Je continue d’enseigner avec un plaisir non dissimulé, je participe et lance des projets à droite à gauche et j’essaie de jouer un rôle dans la vie de ma nièce. La routine quoi. » Lui dis-tu en haussant les épaules avant de prendre une gorgée de ton café. « Qu’est-ce que tu comptes faire à Brisbane ? Tu as déjà des plans ? » Lui demandas-tu curieux. Parce que même si Jodie était flexible, elle devait forcément avoir quelque chose sous la main.
Il est évident que pour Marius, la définition de se lever tard était différente de celle que je pouvais avoir. Pour moi, ça voulait dire que je pouvais dormir jusqu'à midi voir début d'après-midi. Ce petit ose me taquiner en plus. Mon sourire s'agrandit et je me met à rire avec douceur.
- J'avoue que c'est une des premières fois que je me sens d'attaque pour faire un truc à manger! Estime toi heureux, c'est rare!
J'avouais assez facilement à Marius que tout se passait bien. J'avais pu voir mon frère et mettre les choses au clair. J'avais pu aussi voir des paysages magnifiques. Malgré les problèmes de feu, bien entendu. Marius avait les informations sur mon frère. Pas toutes, c'est normal. Mais il connaissait les grandes lignes comme je connaissais celles de sa famille.
- Eh bien, je me suis inquiété jusqu'à la fin. Je pensais que j'étais responsable de son départ.. Mais.. non. Ce n'est pas moi et ça m'enlève un poids sur les épaules.
J'adorai Marius. C'est une personne importante pour moi. Et même si je le taquine énormément, tout est bonne enfant. Je n'irai jamais jusqu'à lui faire du mal. Je hoche la tête avec rapidité quand il demande à montrer mes photos. Bien sûr que je le ferais. J'avais pu en prendre pas mal en peu de temps ici. Mais il avait raison, mon accent était fort prononcé. Après tout, toutes les accents anglais, écossais et irlandais étaient de ceux que l'on remarquait assez facilement. Sourire aux lèvres, je viens retorqué.
- Unique mais incompréhensible par moment. On m'a dit de répéter plus d'une fois. Apparemment, on ne me comprends pas quand je parle trop vite.
J'avais reposé mon attention sur lui. Marius n'était pas du genre à se livrer énormément. Mais j'avais été contente de voir qu'une certaine réciprocité avait pu s'installer sur nos confidences respectives. Il avait fallu du temps. Mais c'était le cas. Je m'inquiétais toujours beaucoup pour lui en fait.
- Je suis heureuse que tu ailles bien ! C'est l'important! De toute manière, si ça ne va pas, je le verrais ! Et je viendrais te remonter le moral !
Je m'installais à table après avoir mis les pancakes dessus. Je mourrais de faim moi. Je reposais les yeux sur son visage. Il était conscient que même si Brisbane était le moyen de pouvoir retrouver mon frère, il était aussi synonyme de renouveau. Parce que.. je ne savais simplement pas trop quoi faire de ma vie à l'origine.
- Eh bien.. Je pense que je vais continuer à être photographe. Ici, il y a beaucoup de ressource. En parallèle, j'aimerai.. j'aimerai travailler sur moi-même. Je veux dire, j'ai 34 ans et je ne sais toujours pas trop quoi faire.
Une légère moue se dessine sur mon visage alors que je joue avec le pancake situé dans mon assiette. Ca me mine un peu de ne pas savoir quoi faire. La plupart des adultes que je connais ont des plans pour l'avenir. Je fini par relever la tête vers Marius et ajoute.
- Je me dis que j'aurai déjà du savoir et avoir une voie depuis.. Mais rien ne me vient. Tu crois que c'est normal ?
Exigeant, c’était un mot que l’on utilisait pour te décrire. Tu l’étais avec tes élèves pour leur bien à tes yeux et peut-être que tu l’étais trop de temps en temps avec tes proches mais c’était un défaut que tu avais du mal à corriger. Tu attendais tellement de toi-même que tu n’arrivais pas à ne pas attendre quelque chose des autres. Pourtant, quand Jodie avait aménagé chez toi, tu ne t’attendais à strictement rien et la voir en train de te préparer le petit déjeuner te convenait parfaitement : « J'avoue que c'est une des premières fois que je me sens d'attaque pour faire un truc à manger! Estime toi heureux, c'est rare! » Levant les deux mains de chaque côté de ta tête, tu lui dis : « Est-ce que je me suis plains ? J’attends de goûter cependant. » Lui dis-tu pour la taquiner. Cela ne te dérangeait pas de cuisiner pour deux quand Jodie te prévenait qu’elle rentrait manger à l’appartement le soir mais c’est vrai que le petit déjeuner n’était pas un repas sur lequel tu t’attardais. Au contraire, tu attrapais un café sur le chemin de l’université ou dans ton bureau et tu mangeais un fruit ou un gâteau pour tenir jusqu’au déjeuner. Jodie te parla ensuite de ses retrouvailles avec son frère qui étaient la raison pour laquelle elle débarquait en ville. « Eh bien, je me suis inquiété jusqu'à la fin. Je pensais que j'étais responsable de son départ.. Mais.. non. Ce n'est pas moi et ça m'enlève un poids sur les épaules. » Tu avais trouvé étrange la possibilité que Jodie soit la raison pour laquelle son frère avait quitté le pays et tu le lui avais souvent répété sans qu’elle ne te croie vraiment. Apparemment elle avait eu besoin de l’entendre de son frère et tant mieux s’il avait pu la rassurer. « Il t’a dit pourquoi il était parti ? » Lui demandas-tu curieux. Tu ne rencontreras certainement jamais le frère de Jodie ou du moins, tu doutais devenir assez proche avec cet homme pour lui poser cette question. « Tu penses que vous allez pouvoir recréer un lien fraternel ? » Parce qu’avec toutes ces années sans se voir, cela ne devait pas être évident. Et tu étais bien placé pour savoir que toutes les familles n’étaient pas destinées à s’entendre parfaitement ou ne serait-ce qu’un peu en vérité. Jodie te fit ensuite remarquer que personne ne semblait la comprendre pourtant, ce serait dommage qu’elle perde son accent complètement : « Unique mais incompréhensible par moment. On m'a dit de répéter plus d'une fois. Apparemment, on ne me comprends pas quand je parle trop vite. » C’était toujours le problème avec les accents mais des fois, cela peut aussi arriver quand deux personnes parlent la même langue, il ne faut pas s’en formaliser. « En t'installant en Australie, ton accent s’atténuera de lui-même, assez pour être comprise mais ne cherche pas à le gommer totalement, ce serait dommage. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu aimais la variété des accents, des langues et des cultures mais Jodie était libre de faire comme elle l’entendait. Répondant à sa question sur ton état à toi, tu souris à sa réponse : « Je suis heureuse que tu ailles bien ! C'est l'important! De toute manière, si ça ne va pas, je le verrais ! Et je viendrais te remonter le moral ! » Lui répondant au tac au tac tu lui dis : « Je n’en attends pas moins de toi. » Et c’était la vérité, Jodie avait toujours su être là au bon moment et de la bonne manière malgré les distances qui vous séparaient. Sachant qu’elle prévoyait de rester sur Brisbane pour son frère notamment, tu lui demandais si elle avait mis en place un plan d’attaque parce que la demoiselle n’était pas du genre à ne rien prévoir à court terme. « Eh bien.. Je pense que je vais continuer à être photographe. Ici, il y a beaucoup de ressource. En parallèle, j'aimerai.. j'aimerai travailler sur moi-même. Je veux dire, j'ai 34 ans et je ne sais toujours pas trop quoi faire. ?e me dis que j'aurai déjà du savoir et avoir une voie depuis.. Mais rien ne me vient. Tu crois que c'est normal ? » Jodie avait fini de préparer les pancakes alors tu t’installais avec elle pour les savourer. Tu amenais avec toi ta tasse de café alors que tu réfléchissais à ce qu’elle venait de te dire. La société aimait vous faire penser que vous deviez avoir tout décidé à un certain âge mais si elle n’était pas malheureuse de sa situation, pourquoi se forcer si elle n’en sentait pas le besoin ? Prenant une gorgée de ton café, tu lui dis : « Si tu n’en ressens pas le besoin, ne te force pas. Ce n’est pas parce que certains sont mariés et ont trois enfants à trente-quatre ans que tout le monde doit avoir dessiné son plan de vie sur les vingt prochaines années. Pour moi ce n’est ni normal, ni anormal, c’est juste ton rythme à toi. » Comme c’était le tient d’ailleurs. Tu avais toujours su où tu voulais amener ta carrière mais dans ta vie professionnelle, tu avais arrêté de faire des plans il y a bien longtemps. « Tu en ressens le besoin ? » Lui demandas-tu sérieux en prenant une bouchée de pancakes. « C’est délicieux. » ajoutas-tu une fois que tu eus savouré cette dernière.
Il osait douter de mes capacité en cuisine alors ? Bon, des pancakes étaient tout de même une valeur sûre. Il fallait vraiment faire une grosse bêtise pour pouvoir les rendre immangeable. Je ne répondis rien à ce sujet, rien qu'un sourire amusé encré sur mon visage. La discussion se penche un peu plus sur mon frère. J'étais vraiment persuadé que j'étais la raison de son départ. Pourquoi ? Aucune idée. J'étais jeune et mes parents ne m'avaient pas donner d'explication du tout. Pire, ils semblaient même heureux de ne plus le voir.
- Oui, il me l'a dit. C'est en rapport avec un amour de jeunesse qui a perdu la vie. Pour pouvoir s'en sortir, il fallait qu'il s'éloigne. Et.. je peux comprendre.
J'avais confiance en Marius. Suffisamment pour lui donner des informations suffisamment importantes. Je sais qu'il les gardera pour lui. De toute manière, Marius ne ferait rien de mal. C'est une bonne personne. Mon sourire s’agrandit déjà et je me dépêche de hocher la tête avec force. Je devais avoir l'air d'une gamine à réagir comme ça. Mais Marius me connaissait suffisamment pour que je n'ai plus à cacher les traits de ma personnalité.
- Je pense que oui! C'était déjà le cas par mail mais ce n'est pas pareil en face à face. Mais il me semblait tellement triste. Il pense finir sa vie seul parce qu'il est trop vieux. Il est bête.
Arthur était haut en couleur. Mais il est vrai qu'il était assez pessimiste la dernière fois qu'on s'est vu. Il se disait trop vieux pour pouvoir trouver quelqu'un. Et je trouvais que c'était faux. Entre ses activités, sa personnalité, il restait aussi quelqu'un de beau. J'adorai mon accent mine de rien. Parce que ça me permettait d'être unique entre guillemet. Beaucoup avait le même accent de moi mais bon. C'était quand même une particularité que j'aimais. Marius me rassure et je me met à sourire d'avantage. Je tapote déjà son épaule et ajoute alors.
- Je m'en voudrais de ne pas avoir à me répéter quand tu comprends pas.
Et oui. Même à Marius, ça arrivait de me faire répéter. Moins maintenant qu'il est habitué à ma façon de parler, ce n'était quasiment plus le cas. Sauf quand je parle dans certain dialecte propre à mon pays d'origine. Autrement dit, uniquement quand je suis hors de moi. Ce qui est relativement rare. Je me sens bien quand Marius est là et les rares moments où j'étais en colère en France, il a eu une facilité déconcertante à me calmer. Un vrai ange gardien.
Assise finalement à table pour commencer à manger, j'expliquais le peu de projet que j'avais à présent. Brisbane était l'occasion de me trouver un peu. Et je lui indique notamment les quelques peurs et doutes que je peux avoir à ce moment précis. J'avais peur de ne finir par rien faire dans ma vie. Par me retrouver à point de ma vie sans plus bouger du tout. Les yeux sur le visage de Marius, j'écoutais son point de vue. Et il me rassure vraiment. Plus qu'il ne pourrait l'imaginer au départ. Est-ce que j'en ressent le besoin? Non. Pas du tout. J'agitais la tête de droite à gauche avant de m'expliquer.
- Je n'en ressens pas le besoin. En fait.. Je ne ressens aucun besoin. Je me dis que.. si rien n'est encore arrivée maintenant, c'est que ce n'est peut-être juste pas le moment? Je veux dire, j'aime mon métier et ce que je fais. Je ne regrette pas d'avoir pris cette voie.
Pas du tout même. Ce métier m'a permis de voir du pays, de voir des paysages et de grandir à ma manière. Il permet de m'exprimer comme je l'entends mais aussi de rencontrer du monde. C'est ce que j'aime. Mais en réalité, ce qui me fait peur, ça doit être le regard des autres sur ma vie.
- Je crois que c'est le jugement des autres surtout. Même si je me dis que je ne dois pas les écouter parce que c'est ma vie. Ils sont toujours là à me dire que je devrais peut-être me caser, avoir des enfants ou peut-être trouver un métier plus stables. En général, je les balaye d'un revers de la main mais... tu as toujours ta petite voix interne qui te dit.. mais est s'ils avaient raisons au final ?
Je jouais un peu avec mon pancake avant de vraiment me mettre à manger. Et je danse un peu sur ma chaise quand il dit que c'est bon. Haha! Je savais quand même faire des pancakes. Ma bouche finie, je lui souris d'avantage.
- Je suis contente que tu aimes! Je m'en voudrais de t'empoisonner.
La famille pouvait aussi bien être une bénédiction qu’une malédiction. Tu faisais parti de la deuxième catégorie car au lieu de pouvoir t’appuyer sur ta famille tout au long de ta vie, tu avais dû t’en méfier la plupart du temps. Trop d’incompréhensions, trop de non dits, trop de jalousie et trop de coups dans le dos pour que cela fonctionne. Petit à petit, alors que les années passaient, vous commenciez à mettre certaine chose derrière vous mais à une telle vitesse que vous serez morts quand vous pourrez espérer bien vous entendre. Pour toi, l’essentiel était que les choses s’arrangent assez pour que tu puisses voir Moïra régulièrement, tu n’en demandais pas beaucoup plus. Que Jodie ait plus de chance avec sa famille était rassurant. « Oui, il me l'a dit. C'est en rapport avec un amour de jeunesse qui a perdu la vie. Pour pouvoir s'en sortir, il fallait qu'il s'éloigne. Et.. je peux comprendre. » Tu sentis ta gorge se serrer à ces paroles. Elles venaient rappeler des souvenirs bien trop vifs chez toi. Même si les circonstances n’avaient rien à voir, Alice avait perdu la vie et ton deuil avait été aussi difficile à faire que si tu avais été toujours avec elle. Changer de lieu, changer d’air devait forcément aider. « Perdre un être cher est difficile à vivre, chacun réagit à sa manière. C’est dommage qu’il ne t’en ait pas parlé avant. » Lui dis-tu simplement. Car la laisser penser qu’elle était l’une des raisons de son départ si ce n’était pas le cas n’était pas la meilleure des choses à faire. Mais c’était leur histoire et tu n’allais pas t’en mêler. Elle avait au moins la chance que son frère veuille se rattraper, le tient n’avait jamais eu ce genre de remords : « Je pense que oui! C'était déjà le cas par mail mais ce n'est pas pareil en face à face. Mais il me semblait tellement triste. Il pense finir sa vie seul parce qu'il est trop vieux. Il est bête. » Décidément, le frère de Jodie et toi aviez quelques points communs. Tu ne te considérais pas trop vieux pour trouver quelqu’un, les sentiments n’ont pas d’âge mais tu te considérais trop vieux pour construire une famille alors que c’était un désir que tu avais depuis longtemps. « Ça lui tombera dessus au moment où il s’y attendra le moins j’en suis certain. Et puis je doute que tu le laisses se morfondre ainsi. » Dis-tu à Jodie sachant très bien qu’elle ne le laisserait pas dans cette situation. Elle avait l’habitude de te sortir de tes plus mauvaises passes et plus mauvaises pensées à Paris, tu n’avais aucun doute que son frère allait recevoir le même traitement. Tu rassurais ensuite la blondinette sur le fait que son accent était sans aucun doute fort mais à tes yeux, il serait dommage de le perdre. « Je m'en voudrais de ne pas avoir à me répéter quand tu comprends pas. » Tu laisses échapper un petit rire en secouant la tête car tu n’as pas de mal à comprendre Jodie, tu es habitué désormais. A Paris, tu avais eu un peu de mal au début mais cela était vite passé alors que vos rencontres s’étaient multipliées.
Assis à table en train de déguster vos pancakes, Jodie te parla de ses doutes et de ce qu’elle prévoyait de faire à Brisbane. « Je n'en ressens pas le besoin. En fait.. Je ne ressens aucun besoin. Je me dis que.. si rien n'est encore arrivée maintenant, c'est que ce n'est peut-être juste pas le moment? Je veux dire, j'aime mon métier et ce que je fais. Je ne regrette pas d'avoir pris cette voie. Je crois que c'est le jugement des autres surtout. Même si je me dis que je ne dois pas les écouter parce que c'est ma vie. Ils sont toujours là à me dire que je devrais peut-être me caser, avoir des enfants ou peut-être trouver un métier plus stables. En général, je les balaye d'un revers de la main mais... tu as toujours ta petite voix interne qui te dit.. mais est s'ils avaient raisons au final ? » Cette voix chez toi c’était celle de ta mère. Et ce n’était pas une petite voix dans ta tête, ta mère t’appelait au moins une fois par semaine en plus de ta visite hebdomadaire pour tes faire des réflexions sur ta vie amoureuse. Mais cela ne suffisait pas à tes yeux pour justifier que tu te mettes soudain en couple avec une inconnue et que tu commences à te reproduire. C’était plus compliqué que cela pour toi et tant pis si ta mère ne pouvait pas le comprendre. « Pourquoi ils auraient raison ? Parce qu’une femme est faite uniquement pour avoir des enfants ? » Lui demandas-tu en sachant pertinemment que ce que tu étais en train de dire était sexiste et horripilant. « Tu ne dois rien à personne. Il faut que tu fasses ce qui te rend heureuse toi. Si avoir des enfants c’est ce que tu veux, alors pourquoi pas ? Mais si tu préfères continuer à avoir ta liberté pour pouvoir exercer ton métier, n’y renonces pas juste pour faire plaisir à un ‘on’ non défini qui n’a pas son mot à dire. » Dis-tu simplement. Oui, tu voulais des enfants et une famille mais tu n’étais pas prêt de sacrifier ta carrière pour cela. Et tu ne les voulais pas à n’importe quel prix alors tu étais prêt à prendre le risque de ne jamais en avoir plutôt que de t’enfermer dans une relation et une famille que tu seras amené à détester.
Je crois que c'est qu'en expliquant que je me rend compte que le sujet peut-être un peu compliqué pour Marius. Je ne veux pas lui raviver des souvenirs trop douloureux. Et je suis persuadé que je le fais à ce moment précis. Je devrais faire attention aux mots que j'utilise. Il n'a pas tord. J'aurai aimé qu'Arthur m'en parle avant. Mais c'était sa façon de me protéger. Et.. Je ne lui en veux plus maintenant.
- Je ne laisse personne se morfondre autour de moi. Que ce soit ma famille ou mes amis.
Je crois que je n'ai jamais aimé que mes proches ne soient pas bien. Parce que ça à tendance à me rendre triste. Je crois que j'ai un peu trop d'empathie. Et que le moindre truc négatif peut me faire pleurer comme une idiote. Je n'aime pas la sensibilité dont je fais preuve. Je m'attardais un peu sur mes problèmes. Je ne voulais pas embêter Marius la dessus. Alors même si je voulais être brève, je me suis un peu surprise à me confier un peu plus que prévu. Enfin, ce n'était pas la première fois que je me confiais à Marius. Mais, j'avais toujours l'impression d'embêter les autres avec mes problèmes alors qu'ils en avaient tous autant à surmonter. J'essayais d'être clair, le plus clair possible pour qu'il puisse comprendre où je voulais en venir. Mais même dans ma tête, c'était un peu le capharnaüm ambulant.
Je me met à sourire à sa remarque sexiste. Je sais ce qu'il sous entend et je suis de son avis. De toute manière, je ne me vois pas avoir des enfants. Pas maintenant. Peut-être plus tard quand ma situation sentimentale me le permettra, je pense.
- Si on en croit ma mère...
Ma mère et la religion, une histoire d'amour. De ce fait, une femme doit procréer. Point final. Alors, savoir que j'approche de la quarantaine.. J'entends souvent les gens me dire que je commence à être trop âgé et que ça sera peut-être compliqué par la suite. Pour moi ou l'enfant. Ah.. Je n'aime pas penser à ça. Je relève les yeux sur le visage de Marius. Ce qu'il me dit me rassure et me fait du bien. Une légère moue se dessine sur mon visage et je repose simplement ma fourchette. Je me lève et viens contourner la table pour l'enlacer un peu. C'est spontané et il me côtoie depuis suffisamment longtemps pour ne plus être choqué. Enfin je pense.
- Merci beaucoup, Marius.
Et aussi soudain que ça puisse paraître, je le lâche et me rassoit en face de lui. Ca me fait du bien de lui parler. Parce que je sais qu'il n'est pas bête et que si je suis sur une pente glissante, il me le dira. Je souris avec douceur avant de reprendre.
- Tu me rassures. J'aimerai continuer un peu plus ma carrière avant de faire quoi que ce soit. Et puis.. même si je voulais des enfants, il me faudrait l'homme avant.
Et ça, c'était plutôt le néant complet. Enfin, non pas vraiment. Il est vrai que je suis entouré d'homme. Que ce soit des amis, des connaissances ou autres. Mais je ne suis pas casé et avoir des enfants sans un minimum de structure. Non. Pas trop mon truc. Non pas que je dénigre les mères célibataires mais il faudrait que je change trop de chose chez moi pour y arriver. Alors sans soutien.. Mon dieu non. Je fini mon pancake et ajoute déjà.
L’arrivée à Brisbane de Jodie semblait être quelque chose de positif pour sa relation avec son frère. Vu qu’elle était venue en ville en grande partie pour lui, tu étais ravi que les choses se déroulent comme elle le voulait. Tu aurais aimé que ton retour à Brisbane se passe ainsi, que l’on t’accueille à bras ouverts mais cela avait été le contraire. Pour te rassurer, tu préférais te dire que les personnes que tu avais depuis longtemps dans ton entourage aujourd’hui sont des personnes qui t’apprécient vraiment car tu les as fait passer par toutes sortes d’humeur. « Je ne laisse personne se morfondre autour de moi. Que ce soit ma famille ou mes amis. » Jodie l’ayant fait avec toi en France, tu ne doutais pas qu’elle le referait à Brisbane et qu’elle étendrait cela à son frère. Comme toute personne dans la trentaine qui n’avait pas d’enfants, Jodie était à ce moment de questionnement. Tu savais que c’était une période pas toujours simple à traverser. Quoi que l’on dise, le poids de la société pour se poser, fonder une famille était bien présent et tu te doutais que pour une femme cela devait être encore pire. Tes soeurs ne faisaient que te le répéter quand le sujet était abordé. « Si on en croit ma mère... » Si les parents de Jodie étaient aussi conservateurs que les tient, il n’y avait aucun doute que sa mère pensait qu’une femme n’était faite que pour rester à la maison et s’occuper des enfants. Mais vos parents étaient nés dans un monde différent du vôtre, ce n’était pas comparable à tes yeux. Si tu regrettais de ne pas avoir des enfants, c’était parce que tu en voulais, parce que tu avais toujours rêvé d’avoir ta petite famille à toi, pas parce que ta mère voulait absolument avoir des petits enfants. Tu essayais donc de rassurer Jodie au mieux et de ne pas la diriger vers le choix d’une pause si ce n’était pas ce qu’elle voulait. « Merci beaucoup, Marius. Tu me rassures. J'aimerai continuer un peu plus ma carrière avant de faire quoi que ce soit. Et puis.. même si je voulais des enfants, il me faudrait l'homme avant. » Ah l’éternel problème … Tu ne le connaissais que trop bien celui-là. En vérité, Jodie pouvait coucher avec un homme te tomber enceinte, c’était peut-être aussi simple que cela mais il faudrait une femme très indépendante pour vouloir ce genre de famille. Un dernier recours auquel tu n’avais de toute manière pas accès. Et puis tu ne voulais pas un enfant pour avoir un enfant, ce n’était pas ça le sujet, tu voulais une famille. « Prend le temps qu’il faudra et qui sait ? Peut-être que l’homme se cache à Brisbane ? » Après tout, Jodie n’était jamais venue en Australie et elle allait découvrir de nouvelles personnes alors pourquoi ne pourrait-elle pas y trouver l’amour ? Vous finissiez tous les deux de déguster les pancakes qu’elle t’avait préparés quand elle te demanda : « Tu as quoi de prévu aujourd'hui, dit moi ? » Buvant une gorgée de ton café, tu haussais les épaules. Tu ne savais pas exactement ce que tu allais faire, tu n’avais rien de prévu, du moins rien qui ne te prenne plus d’une heure ou deux. « J’ai des trucs à corriger pour mes élèves mais sinon je n’ai encore rien prévu. Tu avais une idée de tête ? » Lui demandas-tu. Si ce n’était pas le cas, tu trouveras de quoi t’occuper et peut-être que Jodie reverrait son frère aujourd’hui.
Si j'avais du aider un peu Marius à ne pas se laisser tomber plus bas que terre, j'étais persuadé qu'il ferait la même chose pour moi. Parce que notre relation était comme ça. C'était assez réciproque. Et Marius était capable de me rendre le sourire assez facilement et de me rassurer comme il était en train de le faire. C'était un peu compliqué dans ma tête en ce moment. Mais j'étais suffisamment entouré pour pouvoir compter sur certaines personnes.
Je lui parle du manque d'homme à l'équation. Non pas que j'en ai vraiment besoin d'un mais disons qu'une partie de lui même est quand même bien nécessaire. Et Marius me dit que l'homme se cache peut-être ici. Et à cette phrase, je me met à rire avec douceur et agite la main droite de droite à gauche. Je ne cherche pas à me caser. Ca viendra si ça doit venir comme on dit. De toute façon, je ne pense pas que les relations de couple soient si simples que ça. Alors bon...
- Et idem pour toi, jeune homme.
Parce que bon, c'est bien beau de penser à ma vie sentimentale. Mais Marius devait aussi penser à la sienne. Je connaissais son désir d'avoir une famille. Et je ne pense pas que Marius aurait de grande difficulté à se caser s'il mettait plusieurs blessures de côté. Mais encore faut-il faire en sorte que les blessures se referment correctement. C'était toujours un peu compliqué. Je reposais mes couverts dans l'assiette, attendant patiemment que Marius ne répond à ma question. S'il était occupé, je ne comptais pas trop le déranger. Je sais qu'il travaille beaucoup. Des trucs à corriger alors. Je penche la tête avec douceur et ajoute déjà.
- Je sais qu'il y a un musée pas loin d'ici, tu viendrais avec moi ? Juste pour faire le tour et je te libère après pour tes trucs à corriger !
J'aurai pu embêter Marius avec plein de chose. Me faire visiter la ville, l'embarquer dans une randonnée soudaine. Mais je voulais y aller doucement. Et comme il est professeur d'histoire de l'art. Les musées peuvent être un endroit qui plaisent ? Enfin, je pense. J'adorai les musées. Parce que je pouvais découvrir beaucoup de chose du pays dans lequel je me trouvais. Ceux en France sont tellement sublimes que j'ai du y passer plus de temps que dans n'importe lequel.
- Mais, je ne te force pas ! Si ça ne te tente pas. Je t'ai déjà suffisamment embêté en te réveillant.
Même s'il m'avait dit le contraire. J'étais persuadé que mon fracas et mon juron avait du le tirer un peu de son sommeil. Pour le coup, il est sûr que je sois là, au moins.
Proposer à Jodie de venir habiter quelques temps avec toi était venu naturellement. Toutefois, tu avais été légèrement anxieux à cette idée. La dernière fois que tu avais vécu en colocation c’était avec Moïra, ta nièce et avant ça c’était quand tu étais à l’université. Tu n’aimais pas beaucoup que l’on envahisse ton espace mais ne pas proposer à ton amie une chambre le temps qu’elle trouve un logement ne t’avait pas traversé l’esprit. Cela ne faisait que quelques jours que Jodie était là mais tu étais rassuré de voir que la colocation se passait bien. Tu faisais ton maximum pour que la blondinette se sente à l’aise et elle te connaissait assez bien pour savoir que des fois, tu avais juste besoin d’un peu d’espace et de temps pour toi. Tu étais heureux d’avoir pu rassurer Jodie. Si elle avait envie de se mettre en couple et de commencer une vie de famille, tu seras le premier à l’encourager dans cette direction mais elle ne semblait pas y être prête et puis il lui manquait la personne avec qui elle partagerait cela. Il ne fallait pas qu’elle se force, il fallait qu’elle prenne le temps tout simplement. « Et idem pour toi, jeune homme. » Un petit sourire se dessina sur tes lèvres. Tu savais qu’il faudrait que tu prennes tes propres conseils à la lettre mais tu avais du mal à te voir tomber amoureux, à te voir te lancer dans une vie de couple de nouveau. Enfin de nouveau … Te lancer dans une vie de couple tout court parce que cela faisait quinze ans que tu n’avais pas eu ce type de relation, pas depuis que tu avais quitté Alice en France … Tu chassais Alice de ton esprit avant de te concentrer sur la conversation et confirmer à Jodie que tu n’avais pas grand chose de prévu. Si elle avait une idée en tête, tu seras certainement tenté de la suivre : « Je sais qu'il y a un musée pas loin d'ici, tu viendrais avec moi ? Juste pour faire le tour et je te libère après pour tes trucs à corriger ! Mais, je ne te force pas ! Si ça ne te tente pas. Je t'ai déjà suffisamment embêté en te réveillant. » Un rire amusé sortit de ta bouche. Tu ne disais jamais non à la visite d’un musée, même quand tu l’avais visité plusieurs fois comme cela serait certainement le cas. Mais cette visite serait unique vu que tu auras Jodie à tes côtés pour t’accompagner. « Tu ne m’as pas embêté, il était temps que je me lève. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu n’en voulais pas du tout à ta colocataire temporaire à ce sujet et elle te proposait une activité intéressante. « Ce sera avec plaisir pour le musée ! Il est temps que tu découvres la beauté de l’art australien. » Il n’avait rien à voir avec l’art français et ce qui se trouvait dans les musées à Paris mais c’était tout de même très beau. « Je vais aller me préparer, on part dans une heure ? » Ton loft ne comportait qu’une salle de bain, le temps que vous soyez prêts tous les deux, une heure te semblait pas mal. Jodie hocha la tête et tu l’envoyais dans la salle de bain pendant que tu rangeais le petit déjeuner. Elle avait préparé, tu lui devais bien ça. Souriant, tu sentais que la journée allait être bonne et rien que ça, c’était suffisant.