| The eighth wonder | timlie |
| | (#)Lun 13 Jan 2020 - 1:04 | |
| A la première contraction, ses doigts se sont resserrés avec force autour du verre. A la seconde, elle l’a laissé tomber, elle l’a laissé s’éclater en mille morceaux sur le carrelage derrière le comptoir et pendant une seconde elle a voulu aller chercher le balais pour rattraper sa maladresse. Pendant une seconde, elle a elle même cru à une erreur humaine, à un réflexe inexistant, à n’importe quoi mais pas ça. Elle aurait aimé, que ce soit tout sauf ça, elle aurait aimé y croire quelques temps de plus encore, au lieu id'instantanément laisser place à la panique. Elle a un calendrier dans la tête, elle a la date du 1er mars entourée au feutre rouge avec des flèches tout autour. Et le premier mars c’est loin, très loin de la mi janvier. C’est tout sauf normal que son corps réagisse ainsi, qu’elle soit prise de contractions alors qu’elle en est encore au stade de commander des peluches et les renvoyer en les trouvant trop petites, trop dangereuses, trop rêches, trop douces, trop bleues, trop roses. Elle en est encore au stade où elle se fait fureur pour ne pas déjà préparer sa valise pour la maternité alors qu’elle meurt d’envie de pouvoir tenir son fils dans ses bras. Mais pas comme ça. Pas maintenant.
Pas déjà. Tous les examens étaient normaux, on n’avait évoqué aucun problème aux futurs jeunes parents et ils prenaient peu à peu le temps de panser leurs plaies, d’apprendre à se découvrir autour de leur enfant à naître. Pourtant, à nouveau, le doux rêve de normalité se mue lentement en un cauchemar. ”Tim, quelque chose … quelque chose cloche.” Charlie est à moitié pliée sur elle même, une main sur son ventre comme pour soulager sa peine. Elle respire par saccades, n’a pas le temps d’envelopper ses mots dans du papier bulle. Le brun réagit aussitôt, suivi par un Matt paniqué - bien sûr qu’il est paniqué, sans doute qu’il l’est même plus que la blonde. Ils en ont fait des exercices pour l’arrivée du bébé et le McGrath lui a fait apprendre toute une liste de noms de code selon la situation et le niveau de douleur. Et elle les a appris, ô qu’elle les a appris, mais les répéter serait bien la dernière chose dont elle aurait besoin. Dès qu’il est assez proche d’elle, la jeune femme enroule ses doigts osseux autour de ceux de Tim sans délicatesse aucune, trop occupée à penser à respirer pour se concentrer sur quoi que ce soit d’autre. ”C’est trop tôt. C’est juste une fausse alerte. C’est trop tôt.” Si elle le répète assez, peut être sera-t-elle capable de s’en convaincre. Si elle le répète plus encore, ce mensonge pourrait devenir vérité. Dans une autre vie, sans doute, tout ceci aurait été possible.
Dans cette vie là, elle fait de son mieux pour ne pas marcher dans le verre brisé et lance un regard à Matt, le plus désolé qui soit à cause de la casse causée, avant de laborieusement avancer jusqu’à une des banquettes du café. ”Si qui que ce soit appelle une ambulance, je lui fais la peau. Ce n’est pas un accouchement. Je jure que ce n’est pas ça ...” Une nouvelle contraction la bloque dans ses paroles, elle grogne de rage et de peur. Ses poings se referment aussitôt, avec vigueur, enfonçant ses ongles tant dans sa propre chaire que celle du père. Le déni est immense, au moins à la hauteur de tous les sentiments qui se bousculent et s’enchainent dans son esprit. En tête de file, le plus fort et le plus difficile à supporter : celui de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir su protéger son propre enfant dans son ventre prendre neuf mois. Le visage de la blonde est crispé de douleur et dans l’attente d’une sentence, n’importe laquelle - tout sauf ’le bébé arrive, Charlie’. Au milieu de tout ce désordre qu’est sa vie, elle a toujours des mots pour Tim ; souvent mal choisis, certes, mais ô combien importants à ses yeux. "Je suis désolée."
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| | | | (#)Lun 13 Jan 2020 - 1:23 | |
| La vie reprenait son cours normal, Tim essayant de lire mille bouquins sur la parentalité. Il n'était pas rare de le voir durant une pause au DBD, lunettes sur le nez, les sourcils froncés à essayer de comprendre des concepts qui paraissaient totalement obscurs à quelqu'un qui n'avait pas encore croisé la frimousse de son enfant. Cela dit, rien ne le freinait parce qu'il était fier du rôle qu'il allait endosser sous peu, même s'il n'était pas certain d'être prêt. Qui l'était en réalité? A aucun moment on ne pouvait se préparer à un tel bouleversement au sein d'une existence et Decastel essayait à tout prix de lâcher du lest pour reprendre le contrôle sur son existence. Il paniquait moins en conséquence, arrivait bien mieux à répondre présent lorsqu'on avait besoin de lui, même s'il était toujours relativement médiocre en tant que serveur. Ce n'était pas ce qui comptait vraiment, pas au moment où il relâcha son livre parce qu'il entendit le son caractéristique d'un verre brisé et forcément, il était toujours là pour s'assurer que ce n'était qu'un accident sans importance et pas Charlie qui se tordait de douleur. La deuxième option n'était pas sa préférée mais c'était celle qu'il allait devoir gérer, se précipitant tout de suite vers elle, l'attrapant par la main et la soutenant aussi fermement que possible, constatant le déni de la jeune femme. Il hocha la tête à son tour, il fallait qu'elle aie raison parce qu'il était trop tôt pour que leur fils naisse, n'est-ce pas? Timothy voulait juste espérer que ce n'était que des contractions sans conséquence, rien qui puisse nécessiter un séjour à l'hôpital qui l'inquiéterait pour les deux amours de sa vie. "Sûrement mais on va s'asseoir, Charlie, OK? T'as besoin de te reposer. Prends ton temps. Détends toi." Il la laissa écraser sa main en l'aidant à marcher jusqu'à la banquette, la faisant s'asseoir avec un regard tendre alors qu'il passa une main dans une mèche blonde de Villanelle, espérant qu'il pourrait la calmer un peu, même si c'était clairement vain vu qu'elle montrait clairement qu'elle souffrait le martyr à l'heure actuelle. Par conséquent, lui aussi. C'était ainsi que leur duo était censé fonctionner et Tim n'était pas prêt à changer leur dynamique, certainement pas dans un tel instant. Ses yeux bleutés se penchèrent vivement vers ceux de Charlie, elle avait l'air si fragile là, à s'excuser alors qu'elle n'était en rien responsable de ce qui leur arrivait, la vie voulait cela, ils ne contrôlaient pas ce genre d'événements. "T'y es pour rien. Tu t'excuses pas, ma sirène, ça va aller, tout est sous contrôle. J'appelle pas l'ambulance mais je t'emmène à l'hôpital, d'accord? Tu peux me laisser faire ça?" Elle devait sinon ils couraient sûrement un sérieux danger, elle et l'enfant. Tim baissa les yeux un instant et il savait qu'il n'y avait plus de retour en arrière possible, plus maintenant, même si la jeune femme se détesterait sûrement pour ce qui se passait. "T'as perdu les eaux. On panique pas, je t'emmène, tout va bien se passer, tu m'écoutes et tout ira bien." Il faisait preuve d'un contrôle de ses émotions incroyable alors qu'à l'intérieur, c'était une cacophonie infernale. Tim ne se laissait pas happer par le torrent cela dit, soulevant Charlie fermement avant de l'entraîner vers la sortie, ne la lâchant pas des yeux alors qu'il l'aidait à marcher et respirer comme elle pouvait. Il serait là pour elle, à chaque instant et il assumait mieux qu'on l'aurait envisagé, il était comme cela, Tim, surprenant. |
| | | | (#)Jeu 16 Jan 2020 - 20:32 | |
| Elle a le visage crispé par la douleur et l’inquiétude et même si les mots de Tim sont les plus rassurants qu’elle n’ai jamais entendu ils ne semblent désormais plus être suffisants. Elle lui a dit, elle l’a prévenu, elle l’a répété mille fois que leur fils allait devenir sa priorité numéro une, qu’il allait faire de l’ombre à n’importe quel autre humain sur cette terre parce qu’il allait être le plus important de tous. Elle l’a dit, elle l’a répété, mais elle n’aurait jamais pu croire que le moment en question allait arriver aussi tôt. Son corps entier ne lui obéit plus, ses pensées elles même sont occupées par bien trop de choses pour arriver à se concentrer sur quoi que ce soit. Elle pense à ce verre que quelqu’un doit ramasser avant qu’un client ne finisse par se blesser, elle pense à la peinture dans la chambre de l’enfant sur laquelle ils sont encore supposés mettre une seconde couche, elle pense au second prénom dont ils n’ont pas parlé, elle pense à tous ces sujets qu’ils n’ont pas encore abordé parce qu’ils étaient supposés avoir du temps.
Tim use de compromis pour la raisonner et même si elle nie encore l’arrivée imminente de leur enfant, elle n’a d’autre choix que de se plier à ses paroles. Il a une voix calme et assurée, tout le contraire de la blonde, et ce calme apparent a pour effet de l’apaiser quelque peu. ”T’as pas intérêt de griller un seul feu rouge.” Elle prévient quand même, la future maman qui se croit encore et toujours capable de tout gérer quand bien même les différentes douleurs mettent à mal tout son corps. Ses yeux restent résolument ancrés dans ceux de Tim, lui qui devient son seul point de repère puisqu’elle n’en désire aucun autre, parce qu’elle n’a besoin de personne d’autre non plus. Il est suffisant. Il a toujours été suffisant et bien plus que ça, il a toujours été tout.
Il se fait voix de la raison, lui annonce qu’elle a perdu les eaux et même si elle refuse encore de le croire, elle accepte cependant de le suivre jusqu’à l’hôpital. Là bas, ils lui diront que ce n’est rien, ils lui diront que ce n’est qu’un genre de douleur rare mais bel et bien existant chez les femmes enceintes et qu’il n’y a absolument aucune raison de s’inquiéter. Là bas, ils lui diront que personne n’a à être désolé, que le bébé va encore bien et qu’il ira toujours très bien jusqu’à sa naissance, dans quasiment deux mois. Là bas, ils lui diront tout ceci parce qu’elle refusera d’écouter autre chose que ces mots ci. Alors elle lui concède une visite à l’hôpital, se relève avec difficulté et s’accroche aussitôt à l’épaule du brun pour marcher jusqu’à sa voiture. Elle insiste pour s’installer à l’avant pour pouvoir surveiller qu’il ne panique pas à son tour et les lance dans une course folle, se jure par la même occasion de minimiser autant que possible ses douleurs et ce même si son corps tout entier se contracte à intervalles régulières toujours plus rapprochées, la laissant tremblante. ”Tout ira bien.” Elle assure, se rassure, répète les mots de Tim en même temps que la voiture démarre et que ses ongles s’enfoncent dans le siège. ”Tu le promets ?” Un oui, c'est tout ce qu'elle désire entendre.
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| | | | (#)Sam 18 Jan 2020 - 17:46 | |
| Tout allait si vite et aucune préparation n'avait pu être effectuée jusqu'au bout, c'était effrayant pour quelqu'un d'aussi angoissé que Timothy. Pourtant, il devait tenir la barre à l'heure actuelle parce que Charlie paniquait à ses côtés de constater qu'elle était en proie aux contractions près de deux mois avant le terme. Decastel n'était pas dans un meilleur état qu'elle à l'heure actuelle, du moins à l'intérieur, mais il la soutint aussi fermement que possible jusqu'au moment de refermer la portière de la voiture. L'urgence était bien présente et Tim ne comptait pas mettre en danger ni Charlie ni l'enfant alors il se dépêcha de mettre le véhicule en route, sentant le caractère de maman poule de Villanelle revenir au galop. Non, il n'allait pas griller un seul feu rouge, même si sa remarque le fit sourire et il le fit constater à la blonde en se tournant vers elle. Il pouvait paraître si relaxé quand on le voyait comme cela mais c'était surtout dû au fait que le soldat avait conscience des enjeux. S'il n'était pas parfaitement à sa place en cet instant précis, les conséquences pouvaient être désastreuses pour leur petite famille. Alors, il fit du mieux qu'il put en conduisant, sa main s'attachant à celle de Charlie dès qu'il pouvait la retirer du levier de vitesse, elle avait clairement besoin de tout le soutien possible à l'heure actuelle et ce n'était pas Tim qui allait empêcher cela, surtout pas maintenant. Voire jamais. Il sentait bien le stress émaner d'elle, jusqu'à ses terribles mots qui le firent tourner la tête une petite seconde pour la regarder et surtout lui rappeler qui ils étaient, lorsqu'ils étaient ensemble. Invincibles. "Bien sûr que tout ira bien, Charlie. Même si tu accouches maintenant, il y a pas de raison que ça se passe mal. On peut jamais faire comme tout le monde, tu te rappelles? Alors, c'est comme d'habitude pour nous. T'en fais pas." Tim osa lui caresser la joue avant de reposer sa concentration sur la route. Ni une ni deux, ils arrivaient à l'hôpital et Tim accourut pour aller ouvrir la portière à Charlie, interpellant le personnel dans la région qu'une femme enceinte avait besoin de toute leur attention en ce moment même. En un rien de temps, ils pénétraient dans l'établissement et la main de Timothy s'accrocha à celle de la blonde, son regard ne la lâchant pas une seule seconde parce qu'elle se devait d'être rassurée. Tout irait bien. Il était là. Ils étaient ensemble et c'était le principal. |
| | | | (#)Dim 19 Jan 2020 - 0:20 | |
| Dure journée pour l'unique sage-femme du St Vincent Hospital. Autant dire qu'elle ne chômait pas, et qu'elle était partout à la fois, abattant la masse de travail qui aurait nécessité au moins deux professionnels de santé plutôt qu'une seule. Malheureusement, le concours de circonstance avait fait que sur les deux collègues qui auraient dû être là avec elle, l'un était en formation, l'autre avait appelé tôt le matin pour annoncer qu'elle était malade. Les autres étaient soit en repos obligatoire pour avoir déjà trop forcé sur les alternances possibles entre jours de travail et jours de congés pour combler les trous, donc impossible de venir, les autres se trouvaient en vacances, et pas forcément dans le coin ! Bref, Heïana se retrouvait avec largement de quoi faire. Voilà plus de dix heures qu'elle allait d'un rendez-vous gynécologique basique à un accouchement, puis d'un suivi de grossesse à un passage dans les chambres de jeunes mamans... Heureusement, ses collègues infirmières soulageaient un peu sa tâche là où elles en avaient les compétences. D'ailleurs, l'une d'elle ne tarda pas à l'appeler; la métisse décrocha son téléphone, le calant entre son épaule et son oreille, ses cheveux attachés en une queue de cheval basse tombant dans son dos. Allô, Serah ? Tu peux venir chambre 402 ? On y a installé un couple, jeune femme d'une vingtaine d'année qui est à sept mois et demi de grossesse mais qui a perdu les eaux. La brune fronça les sourcils; pourvu que l'avance du bébé ne compromette pas sa santé. Ok, j'arrive. La jeune femme quitta la nouvelle maman à qui elle avait donné quelques conseils vis-à-vis de l'allaitement, l'aidant notamment à repositionner le nourrisson sur son sein, tout en lui recommandant de ne pas hésiter à rappeler les infirmiers si besoin.
D'un pas rapide, la jeune femme fit en sorte de respirer profondément en même temps. Le but était de paraître aussi sereine que possible, afin de ne pas stresser les futurs parents plus que de raison. En tout cas, si la poche des eaux était percée, il n'y en avait plus que pour quelques heures tout au plus avant que le bébé arrive. C'est donc sans être essoufflée ni nerveuse que la franco-australienne arriva devant la porte dite; elle frappa trois coups assez rapides, et elle entendit quelqu'un lui répondre. Une voix masculine par ailleurs assez familière, mais un peu trop lointaine et calfeutrée pour qu'elle la resitue bien. Bon, le verdict serait vite donné de toute façon. Heïana entra. Bonjour ! dit-elle d'un ton aussi posé que positif en entrant, refermant la porte derrière elle. Je suis... mais alors qu'elle levait les yeux, elle les vit. Timothy. Charlie. Ensemble. Un ange passa.
Bonjour, Charlie, Timothy. Le professionnalisme de la Tahitienne reprit le dessus, et ce même si son petit coeur de guimauve battait à tout rompre dans sa poitrine; elle ne devait pas se laisser perturber par le contexte, même personnel. Bon, pas la peine de me présenter, commenta-t-elle simplement avec un sourire mi-gêné, mi-amusé. Je suis la seule sage-femme présente aujourd'hui, donc je m'occuperai de vous. Elle s'approcha, demandant à Charlie: On m'a dit que tu as perdu les eaux. As-tu eu le temps de passer chez l'anesthésiste, ces dernières semaines ? Histoire que dans le cas où je te pose une péridurale, je connaisse tes potentielles contre-indications. Si non, il faudra juste répondre à quelques questions. La brune appuya sur le petit pousse-pousse à lotion désinfectante pour s'en enduire les mains, et les frotta énergiquement l'une contre l'autre. Ressentant bien le stress des deux jeunes gens, elle leur lança un regard qui se voulait apaisant. Respirez, on va faire au mieux pour que tout se passe bien. Elle retira ensuite deux gants fins d'une boîte qui attendait patiemment sa venue, et commença à les enfiler. Elle demanda, afin de piocher de premières informations sur l'avancement du processus: Tes contractions sont rapprochées ? Charlie étant déjà allongée sur le lit mis à disposition, elle s'approcha et fit tomber la barrière au niveau des pieds afin de plus se rapprocher d'elle, tout en lui expliquant. Je vais devoir vérifier à quel point le col de l'utérus est ouvert. Tu veux bien retirer ton pantalon et ton sous-vêtement ? Elle désigna les bas de Charlie, totalement trempés par ailleurs. Nous te fournirons ensuite une couverture pour te garder au chaud.
- Spoiler:
Voilà ! Si quelque chose ne vous convient pas, n'hésitez pas à me le dire
@Charlie Villanelle @Timothy Decastel |
| | | | (#)Dim 19 Jan 2020 - 19:02 | |
| Elle a la respiration saccadée, dans la voiture. Chacun de ses gestes est arrêté en plein milieu et elle n’arrive finalement à rien si ce n’est paniquer encore un peu plus au fond de son esprit. La blonde tente un maximum de ne pas faire part de ses craintes à Tim, de seulement se concentrer sur les gestes tendres qu’il a à son encontre parce que c’est la seule chose qui arrive à la calmer ou tout du moins l’empêcher de paniquer davantage. A défaut de pouvoir monopoliser l’attention du brun pour qu’il lui raconte n’importe quoi, elle tente de faire de son mieux elle même et de se contrer sur les bandes au sol, sur la route qui défile sous leurs yeux, sur l’ombre laissée par le soleil placé dans leur dos. Tout est prétexte à une concentration intense de sa part pour qu’elle en oublie la contraction à venir, pour que pendant un instant elle ne panique pas à l’idée d’avoir mal avant même que la sensation n’arrive. Elle a surtout peur du moment où elles ne seront quasiment plus espacées, lorsque son fils naîtra bien avant le terme sans certitude aucune qu’il sera en bonne santé.
Tim lui promet que tout ira bien, pourtant, et son corps tout entier ne veut que le croire alors elle hoche faiblement la tête en même temps qu’elle retient sa main près de sa joue une simple seconde salvatrice de plus. L’instant d’après ils sont de retour dans cet hôpital qu’elle ne commence que trop bien à connaître et on la prend rapidement en charge, le brun toujours à ses côtés, bien plus qu’elle ne l’aurait jamais cru pendant cette épreuve. Sa présence la rassure bien plus que sa fierté n’aurait jamais voulu l’avouer et le fait qu’elle soit dans une chambre d’hôpital contribue largement à la chose. Désormais les mots de Tim prennent sens et tout ira réellement bien, parce que les médecins sont compétents et ce n’est pas la première femme à qui ça arrive. Tout ira bien parce que ça ne peut se passer autrement.
Quand elle découvre que la sage-femme chargée de s’occuper d’elle n’est autre qu’Heïana, la blonde souffle longuement et resserre aussitôt les doigts de Tim dans sa main. Elle est largement épuisée et n’a pas la force de demander qui que ce soit d’autre, sans doute déjà rassurée qu’elle représente un visage familier même si leur dernière entrevue s’est mal terminée. Respirant encore bien plus vite que la normale, la blonde fait de son mieux pour répondre aux questions d’Heïana. Elle sait que cette fois-ci, plus rien n’a à voir avec elle et son ego mais qu’il en va de la santé de leur fils. Elle a déjà bien trop joué de cette dernière, il est temps pour elle de devenir une bonne mère. ”C’est ok. Pour la péridurale. C’est ok.” Et le plus tôt sera le mieux qu’elle se susurre à elle même, que les doigts de Tim doivent acquiescer en silence.
”J’ai pas l’impression qu’elles s’arrêtent, jamais.” Les contractions l’ont surprises mais désormais elle n’arrive plus à les calmer, encore moins maintenant qu’elles se sent prise de bouffées de chaleur alors que ses mains et ses pieds semblent glacés. Elle prend pourtant sur elle et sur ses douleurs lorsqu’on lui demande de se déshabiller et c’est ce qu’elle fait aussitôt sans plus de cérémonie, sans doute aussi largement désireuse de gagner une couverture pour palier au froid qui semble envahir le bas de son corps. ”Est ce qu’il ira bien ?” C’est son métier, à la Tahitienne. Elle est la mieux placée pour répondre, elle sait ce qu’elle dit et surtout, surtout, elle ne répondra pas “oui” seulement parce que c’est ce qu’elle veut entendre. Charlie a un dernier regard pour Tim dans lequel se cachent mille remerciements, le premier étant de toujours être à ses côtés malgré tout ce qu’ils ont vécu ; surtout tout ce qu’ils ont vécu. Ses doigts sont toujours contractés par la douleur mais elle les desserre un instant des siens pour venir les replacer de manière à lui faire moins mal, parce qu’il ne mérite pas ça.
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| | | | (#)Dim 19 Jan 2020 - 19:42 | |
| L'angoisse était à son paroxysme au moment où Heïana débarquait dans la chambre où on les avait placés. Tim aurait certainement voulu avoir des retrouvailles plus chaleureuses avec son amie mais les circonstances ne leur permettaient pas de se laisser aller à de quelconques effusions de joie. Il y avait urgence là, pour la santé de Charlie et du bébé, Tim savait quelle était donc sa priorité. Il voulait juste que tout ce petit monde aille parfaitement bien et qu'ils puissent repartir à trois au lieu de deux, c'était le seul voeu qu'il avait à l'heure actuelle mais il n'avait aucune idée sur l'issue qu'on lui offrirait. Il n'était qu'un spectateur dans tout cela et il détestait réellement sa position parce que c'était évident que Timothy ne pouvait rien faire. Il pouvait juste rester là, à écouter les mots de Heïana en hochant la tête, n'en comprenant pas la moitié parce qu'il n'était sacrément pas concentré là dessus. Ce qui occupait son esprit, c'était la manière dont Charlie resserrait son étau autour de ses doigts et il sentait qu'elle souffrait. Pourquoi était-il si impuissant? Il aurait tant aimé, là, pouvoir prendre sa place pour qu'elle aille mieux, qu'il ait à souffrir pour elle mais ce n'était pas dans les cartes, cela ne le serait jamais. C'était à la femme d'assumer ce rôle difficile et le brun ne pouvait que garder sa main dans la sienne, acceptant qu'elle lui coupe la circulation sanguine, ce n'était franchement pas cela qui allait le déranger. Charlie était en place et ses contractions s'enchaînaient à vive allure, il n'y avait sûrement plus le temps pour que tout le monde se mette à réfléchir sur la marche à suivre. "Heï', tout est sous contrôle, hein? Je veux dire, c'est normal?" Que Charlie souffre autant, qu'elle accouche avant huit mois de grossesse, que rien de tout cela ne demeure une situation isolée et exceptionnelle. Lui, tout ce qu'il pouvait faire, c'était venir déposer un baiser sur la tempe de Villanelle, en douceur, en espérant que cela apaiserait son stress parce qu'il devait être fort pour deux, en ce moment même. "Tout ira bien, ma sirène parce que Heï fait toujours du super boulot et bientôt, on sera tous les trois, OK?" Il avait murmuré ces mots rien que pour elle, en espérant que Charlie serait assez alerte pour les entendre parce que, pour la suite, Tim n'avait plus aucune carte en main. Il ne pouvait qu'attendre, et espérer. |
| | | | (#)Dim 19 Jan 2020 - 21:57 | |
| Heïana se retint d'hausser un sourcil lorsque la future mère lui dit que tout était ok pour la péridurale; elle souffrait, c'était visible, alors avait-elle répondu honnêtement ? La sage-femme se devait normalement de le vérifier, et elle le ferait dès qu'elle aurait une seconde. Cependant, son bon coeur avait envie de faire confiance à la blonde, et elle décida intérieurement qu'à moins de souci majeur dans son dossier médical, elle la lui ferait dès que possible. Voir une personne souffrir inutilement n'était jamais quelque chose d'agréable à voir, même pour un personnel de santé habitué à entendre la douleur autour de lui. La brune s'installa donc entre les jambes de Charlie, après avoir laissé le temps à celle-ci de retirer son pantalon et sa culotte. Sept mois et demi, c'était tôt mais pas une urgence vitale si en dehors de son avance sur le terme, le bébé allait bien. Ainsi, Heïana affichait une mine aussi sereine que prudente alors qu'elle s'affairait autour du couple. Des contractions plus que régulières ? Ça présageait d'un bon avancement dans l'ouverture du col; de toute façon, elle le vérifierait vite.
La métisse prit le soin d'enduire sa main gantée de lubrifiant puis elle la glissa avec autant de délicatesse que possible entre les cuisses de Charlie. Elle glissa sans aucun souci un doigt dans le col de l'utérus, la première phase, celle de latence, était donc largement passée. Tout en faisant son examen, elle répondit de son mieux aux inquiétudes du couple. A Charlie, d'abord. Elle lui glissa un regard se voulant rassurant: Je ne connais pas encore ton dossier, mais si rien d'alarmant n'avait été noté, alors ça devrait aller. Toujours parler à l'imparfait, avec des précautions, tout en recherchant à tranquilliser la femme enceinte, d'autant plus une nullipare. Voilà un exercice délicat qu'Heïana avait appris à maîtriser au fil des ans. Puis, elle sourit brièvement à Tim, ressentant tout autant son inquiétude et ne voulant pas l'exclure plus qu'il ne se sentait déjà. Je ne vais pas vous mentir, et vous le savez: c'est trop tôt, un mois et demi d'avance. Il n'y a rien de dramatique cependant; aujourd'hui, on connaît des accouchements de prématurés de juste six mois. Elle ne précisa cependant pas que sous les sept mois, les décès n'étaient pas rares; là n'était pas leur cas de toute façon. Quant à la douleur... les femmes sont incroyablement fortes. commenta-t-elle finalement. Pendant ce temps, elle avait ajouté - sans trop tarder non plus pour ne pas être présente en même temps qu'une contraction - jusqu'à quatre doigts. Elle les écarta, graduellement. Ok. Elle se retira et se leva, allant jeter son gant, se désinfecta à nouveau les mains, puis alla prendre une épaisse couverture - la blonde avait de la chance, elle sortait juste du pressing et était encore chaude du séchage - plus un coussin pour ajouter au confort de Charlie. Revenant vers elle, elle expliqua aux deux-très-bientôt-parents le topo: Ton col est ouvert à sept centimètres. On va attendre encore un peu avant de t'amener en salle d'accouchement, pas avant d'être aux neuf centimètres. Elle aida la jeune femme à se redresser puis ajouta le coussin dans son dos, veillant à ce qu'elle se ré-installe bien; suite à cela, elle ajouta la couverture sur elle. J'estime l'attente à deux heures trente, mais ça peut venir plus vite. En cas de besoin, n'hésitez pas à sonner, et je viendrai aussi vite que possible. Là, je vais aller préparer la péridurale, et je reviens vite. Est-ce-que vous avez besoin de quelque chose en particulier, avant que j'y aille ?
Une fois qu'elle en eut terminé, la brune sortit de la chambre, leur laissant quelques instants d'intimité, et fila chercher le matériel dont elle avait besoin. Avant toutes choses, le dossier médical de la Villanelle. Elle fronça les sourcils devant une certaine mention. Il allait falloir clarifier les choses. Elle soupira, la blonde ne pouvait-elle donc rien faire simplement ? Non, bien sûr, c'est toujours tellement mieux de se compliquer la vie. Enfin... La sage-femme revint dans la chambre avec le petit chariot rempli de la seringue et produit nécessaire à faire la péridurale; mais avant de la préparer, elle planta son regard droit dans celui de la jeune femme, n'oubliant pas non plus d'observer les réactions de Timothy. Je dois te poser une question. Es-tu sous l'influence de substances illicites ? Elle ne lui laissa pas le temps de se mortifier avant d'ajouter: Ce n'est pas une question piège, et ça n'aura pas de conséquences pour votre avenir avec l'enfant si c'est le cas; je le garderai pour moi. Et Dieu sait qu'elle mettait sa carrière en jeu en faisant ça, mais aussi et surtout, qu'elle espérait ne pas se tromper en leur donnant sa confiance. Elle explicita son intention: Seulement, je ne pourrais pas te faire la péridurale si tu as déjà autre chose dans les veines. Je ne prendrai pas le risque de mettre ta vie, ou celle du bébé, en danger.
@Charlie Villanelle @Timothy Decastel |
| | | | (#)Jeu 23 Jan 2020 - 17:05 | |
| Les mots de Tim agissent tel un cataplasme et même si elle n’est pas réellement capable de lui répondre pour le rassurer à son tour, elle peut au moins plonger ses yeux dans les siens l’espace d’un instant. Ils se sont promis moultes fois que tout allait bien se passer pour finalement en arriver à aujourd’hui, où tout doit bien se passer parce qu’ils ne sauraient accepte aucune autre issue possible à cette situation. Tim l’a dit : ils seront trois. La maïeuticienne va dans leur sens, les rassurant à propos de la santé de leur enfant à naître et finalement c’est la seule chose que la blonde voulait entendre et aussi la seule qu’elle retiendra si jamais un ‘mais’ vient pointer le bout de son nez.
Les respirations se font par saccades, ses préoccupations dérivent entre la main de Tim qu’elle doit cesser de malmener, la santé de leur enfant, tout ce qu’ils auraient dû préparer mais qu’ils n’ont pas encore faire et tout ce dont ils n’ont même pas parlé et … tout. Absolument tout. Ses pensées dérivent, ne se fixent nulle part, l’angoissent encore plus que de raison alors qu’elle pensait naïvement avoir été capable de vaincre ses peurs enfouies. Même s’il elle accueille la couverture avec un sourire aux lèvres, sa réaction est bien différente quand on lui annonce qu’elle ne pourra pas accoucher de suite. Sa mâchoire se referme et son expression se fige tant d’incompréhension que de tristesse. ”On n’a besoin de rien.” Elle tranche, pourtant, son ego blessé ayant gagné le droit à la parole.
Le retour d’Heïana aurait dû être accompagné de bonnes nouvelles et d’une péridurale à venir mais il n’en est finalement rien ; elle est en plein scénario catastrophe. ”Je dois te poser une question. Es-tu sous l'influence de substances illicites ?” Elle grogne, soupire, ne dérobe pas une seule seconde son regard de celui de Heïana, brûlant au possible. La maïeuticienne est supposée être son ami mon toute son âme lui crie le contraire et ne voit en elle que dangers ; la suite de ses paroles n’y changent rien, Charlie ne saurait pas lui accorder sa confiance aujourd’hui alors que seul son enfant en payerait le prix si elle faisait une erreur. ”J’ai rien pris. J’ai absolument rien pris putain !” Elle s’agite dans ce lit trop grand pour elle, rejoue la scène qu’elle avait détesté observer en tant que simple spectateur alors que c’était Tim qui était alité. Elle rêve d’être partout ailleurs, partout sauf ici où on l’accuse de vouloir compromettre la santé de son enfant comme la sienne avec. Ses yeux bleus cherchent ceux de Tim, cherchent à savoir si lui au moins il la croit parce que c’est réellement tout ce qui compte à ses yeux aujourd’hui. Il sait qu’elle revient de loin, qu’elle a dû se battre, qu’elle a perdu parfois mais gagné souvent et qu’aujourd’hui elle est prête à devenir une bonne mère même si les conditions ne sont pas optimales. Et ça, tout ça, ça se fera bien loin de toute sorte de drogue ; elle a promis d’être forte tant pour lui que pour Gabriel. "Il a fallut que ce soit toi, aujourd’hui …” La blonde grommelle pour elle même sans faire semblant une seule seconde de ravaler sa rage, pensant naïvement que si ça avait été qui que ce soit d’autre la question de la drogue ne se serait pas posée.
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| | | | (#)Dim 26 Jan 2020 - 15:41 | |
| Tim sentait bien que la situation lui échappait totalement parce qu'il ne pouvait qu'observer les échanges entre les deux jeunes femmes et se sentir complètement inutile. A la rigueur, il se devait de jouer le rôle du tampon, quelque chose qu'il savait faire depuis des années pour avoir aidé des familles endeuillées et en colère. Heïana prenait de grands risques en posant une telle question, surtout quand on savait tous les efforts que Charlie avait faits ces derniers mois pour réparer cette fichue erreur qu'elle avait pu faire lors des premières semaines de sa grossesse. Timothy la sentit s'agiter et il dût arrêter de regarder Heïana pour attraper les deux mains de Charlie et la surplomber, son regard si aimant et tendre posé sur elle, cherchant à tout prix à la calmer parce qu'il savait que l'enjeu était important, qu'il s'agissait de la vie de leur enfant si rien ne se passait comme prévu. "Hey, ma sirène, Heï demande juste ça pour faire son travail... Je sais que t'as rien pris. Elle a rien pris, Heï, fais lui la péridurale, fais nous confiance. Et ça va bien se passer, Charlie, tu peux te détendre... Je sais que t'as mal, je sais que c'est dur mais là, j'ai besoin que tu sois forte pour nous deux et que tu respires, d'accord?" Il avait emmêlé ses doigts aux siens, ne la lâchant pas des yeux durant une bonne minute avant de hocher la tête envers Brooks pour qu'elle fasse son travail. Il faisait confiance à Charlie alors le monde devait en faire autant et tout irait bien.
L'attente devenait insupportable cela dit et Tim rongeait son frein à chaque minute qui passait. Il essayait de ne rien dire, de ne pas appuyer sur le bouton d'appel à chaque contraction de Villanelle mais le pressentiment n'était pas bon pour autant. Et si quelque chose clochait? Personne n'était là pour vérifier que les choses avançaient réellement et tout ce qu'il pouvait constater à son échelle, c'était la rapidité avec laquelle les contractions s'enchaînaient désormais et la manière dont Charlie souffrait, il ne pouvait le supporter alors, sa main encore dans la sienne, il choisit la seconde pour appeler les renforts. "Je peux pas te laisser comme ça, ma sirène, Gabriel va arriver maintenant et on va te libérer de cette douleur, hein?" Il avait bien évidemment peur que les choses tournent mal, son instinct lui hurlant qu'il y avait quelque chose qui ne pouvait pas tourner rond dans cette affaire. Néanmoins, il resta fièrement debout aux côtés de Charlie, à lui caresser les cheveux, sa main, faire tout ce qu'il pouvait à son échelle pour qu'elle s'apaise. Même si c'était sûrement rien à côté de ce qu'elle ressentait et de ce qu'elle allait vivre à partir de maintenant et là, il serait impuissant, c'était terrible pour lui mais il allait devoir vivre avec. |
| | | | (#)Lun 27 Jan 2020 - 23:55 | |
| Heïana grimaça un peu lorsqu'elle entendit les protestations véhémentes de la blonde, qui jurait contre elle comme un chartier. Heureusement qu'elle était d'une patience quasi-angélique, encore plus envers une femme sur le point d'accoucher, sachant non par expérience vécue mais par le nombre de délivrances effectuées, à quel point la douleur pouvait être insupportable, pouvant amener la plus gentille des filles à devenir la pire des pestes pour quelques heures. N'empêche que c'était jamais agréable à entendre, sur les derniers mots que Charlie eut pour elle: "Il a fallut que ce soit toi, aujourd’hui …” . Son ton acerbe planta un petit pieu dans le coeur guimauve d'Heïana. Quoi, croyait-elle que ça lui faisait plaisir de lui poser une telle question ? La connaissait-elle si peu que ça ? Tout ce qu'elle essayait de faire, c'était d'être professionnelle, et la femme enceinte ne lui facilitait clairement pas la tâche. La maïeuticienne prit une grande inspiration pour canaliser cette foule de sentiments pas très agréables qui se déchaînaient en elle à cet instant; ils ne l'aideraient en rien pour aider Charlie à mieux vivre son accouchement. Heureusement, Tim intervint à cet instant pour résoudre sa... copine ? Mère de son enfant ? Qu'importe, la brune ne voulait plus rien à voir avec ça. Elle ferait l'accouchement comme elle se le devait, puis les laisserait vaquer à leurs problématiques. Elle hocha la tête lorsque l'homme lui confirma que Charlie n'avait rien prit depuis un moment, et se mit à préparer la péridurale: désinfecter des mains pour la é-nième fois, sortir la piqûre de son emballage stérile, y insérer le liquide magique qui ferait disparaître la plupart des douleurs ressenties par la jeune femme... Bien. Elle alla se placer derrière la blonde en faisant au mieux pour que celle-ci ne voit pas l'aiguille, dont la taille avait tendance à stresser inutilement les nullipares, sachant qu'au final la plupart supportaient très bien l'injection. Elle lui demanda de s'asseoir bien dos à elle, et de se pencher en avant pour qu'elle puisse piquer. Allez, à 3, tu prends une grande inspiration et tu bloques. 1... 2... 3. Le tout fut réglé en moins de dix secondes.
Bien, je vous laisse tranquillement entre vous. D'ici cinq minutes maximum, tu n'auras presque plus mal, Charlie. A tout à l'heure. La jeune femme s'éclipsa, laissant les futurs parents seuls. Une fois dehors, elle exhala un long soupir, relâchant la pression ressentie. Cet accouchement ne serait pas de tout repos, tiens; elle ne savait pas encore à quel point elle avait raison... Elle se nota tout de même d'appeler un médecin pour qu'il soit auprès d'elle lors de l'accouchement de la Villanelle; le fait que l'accouchement soit prématuré, plus le fait que le col se soit dilaté aussi vite après que la poche des eaux ait percé ne présumait pas forcément le meilleur.
Ce fut ainsi que trois heures plus tard, ils se retrouvèrent tous en salle d'accouchement, avec la blonde en train de pousser. Le médecin laissait Heïana faire en ce qui concernait le bébé, mais ses sourcils étaient froncés. La brune n'était pas dupe non plus: Charlie perdait trop de sang. Une femme perdait normalement 0,5 litres de sang lors d'un accouchement; là, rien qu'à la vue, elle en perdait plus, sans que ce soit dramatique, sans quoi elle aurait été endormie depuis longtemps et une césarienne aurait été effectuée. Le médecin annonça aux parents qu'il y aurait besoin d'une opération, rien de dramatique, mais cela s'annonçait nécessaire dès que l'accouchement serait fait.
Allez, pousse Charlie, tu y es presque ! L'encouragea la brune, laissant de côté leurs différents et les mots secs de sa connaissance pour l'aider autant que possible. Soudain, des pleurs. Le bébé était né. Heïana venait de le réceptionner entre ses mains habituées, et l'enroula dans un linge en le posant sur la poitrine de la blonde, tenant à ce qu'elle ait son petit au moins quelques secondes avant de partir pour une opération. Félicitat... Mais son oeil alerte la ramena à surveiller l'entrecuisses de la blonde. Que... Ce fut in extremis que la sage-femme réceptionna un deuxième bébé. Comment cela était-il possible ? Ils auraient dû le voir aux échographies, entendre un deuxième coeur battre... Le bébé ne pleurait pas. Ni une ni deux, la jeune femme partit poser le nourrisson sur une table à côté, percevant un très faible pouls. Elle commença à le frictionner, à lui donner les premiers soins pour lui permettre de vivre. Une si belle petite fille...
Pendant ce temps, l'équipe médicale lança le branle-bas de combat. L'aîné fut pris en charge par une infirmière qui avait été formée aux accouchements afin de pouvoir soutenir l'équipe des maïeuticiennes. Charlie fut endormie rapidement, avec pose de cathéter et masque à gaz en plus, puis emmenée en bloc opératoire.
Soudain, une deuxième série de pleurs, et une exclamation de joie de la Tahitienne. L'enfant vivra.
- Spoiler:
SURPRISE
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| | | | (#)Jeu 30 Jan 2020 - 22:33 | |
| Elle s’était promis de rester calme et de ne pas alerter inutilement Tim mais un jour elle devra se rendre compte que les promesses ne sont pas son fort. La blonde lutte contre elle même et pour sa famille, elle fait de son mieux pour calmer cette hargne nouvelle contre le reste du monde. Son corps entier lui fait mal en même temps que la fatigue l’enveloppe petit à petit ; pourtant ses doigts ne se délient en aucun cas de ceux de Tim comme ses yeux ne se dérobent pas des siens non plus. Son visage se crispe de douleur à de bien nombreuses reprises mais la blonde sait que ce n’est qu’un mauvais moment à passer et qu’au final, un jour, ils seront heureux. Tous les trois.
Ses doigts s’enroulent autour du pouce du brun, elle écoute ses mots et fait de son mieux pour respirer comme il le lui montre. Elle fait de son mieux pour tout, la blonde, elle tente d’omettre la douleur, elle tente de ne pas la montrer, elle garde sa myriade de doutes et d’appréhensions pour elle. Elle fait tout pour lui, tente de rattraper à sa manière tout le mal qu’elle a pu lui faire subir pendant tant de mois. C’est le moment pour elle de lui offrir ce qu’il mérite, de lui offrir un fils aussi beau qu’en bonne santé. Tim déclenche l’alarme alors qu’elle commençait à s’habituer à la douleur et à l’attente, las. Les douleurs sont bien moins franches depuis sa péridurale, elle est seulement l’enfant hyper excitée qu’on vient de coller au fond d’un lit d’hôpital pour amener la vie dans ce monde. Et dans cette phrase ci, absolument rien ne va. Elle n’est pas prête pour rien et le destin la force à devenir mère plus tôt que prévu, alors que rien ne l’y prédestinait, sans doute encore moins avec Tim. Malgré la fatigue, malgré la douleur, malgré la peur et tout le reste, pourtant, elle ne regrette pas tous les choix l’ayant mené jusqu’ici. Elle aime Tim comme elle aime déjà leur fils et c’est pour eux qu’elle rassemble ses dernières forces pour venir au bout de son accouchement.
Heïana est revenue prendre sa place auprès de la blonde alors que Tim ne l’a jamais quitté. Le temps semble s’arrêter, ou, au contraire, ne plus jamais s’écouler. Elle ne sait plus trop quoi penser et n’a pas la force de parler. La seule chose qu’elle arrive à faire, désormais, c’est obéir tant bien que mal aux demandes de la maïeuticienne et tenter de se calmer par la présence rassurante du brun à ses côtés. Charlie se concentre sur ses doigts qu’il mêle affectueusement à ses cheveux emmêlés, elle se concentre sur tout ce qu’il y aura après quand la douleur et la pression du maintenant sera passée. Son corps ne lui répond plus vraiment, le monde entier semble arriver dans sa chambre et parler d’eux alors qu’elle ne peut rien faire. L’impression d’inconfort est à son paroxysme et même si c’est la première (et dernière, à son avis) fois qu’elle accouche elle sait que quelque chose ne va pas. Appelez ça l’instinct maternel ou comme vous voulez, le fait est qu’elle sait.
Elle sait que ce n’est pas parce qu’elle entend son fils pour la première fois que tout va bien. Elle sait que ce n’est pas parce qu’il a l’air bien portant qu’il l’est réellement. Elle sait que ce n’est pas parce qu’elle peut enfin sentir sa peau contre la sienne que tout ira bien. Pourtant, tout ceci lui procure un bien fou. Elle s’autorise à souffler, elle s’autorise à sourire. Les larmes s’autorisent d’elles même à couler. Ce sont des perles de joie, bien sûr, une nouvelle preuve qu’elle relâche peu à peu la pression maintenant que le pire est passé. Elle n’a plus d’yeux que pour lui, son fils devenu le plus merveilleux être vivant qui soit. L’instant de bonheur n’est que de courte durée, pourtant, puisque la seconde qui suit est rythmée par le défaite de son corps. Il s’avoue vaincu, la lâche peu à peu, cesse de lutter maintenant que son fils est en vie et qu’il n’a plus besoin d’elle. Charlie voudrait rester et le tenir dans ses bras encore quelques dizaines d’années de plus mais elle n’en a pas la force, se contente finalement de le laisser être pris par une infirmière alors qu’elle ne peut déjà plus subvenir à ses besoins. Ses doigts luttent pour s'accrocher quelques instants de plus à ceux de Tim mais elle est finalement contrainte à l'abandonner lui aussi. Encore.
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| | | | | | | | The eighth wonder | timlie |
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