100, 300, 600... le nombre de kilomètres affiché montait à une vitesse folle alors qu'il était encore à zéro il y un mois, Anastasia avait donc fait un très bon investissement en s'achetant une voiture puisqu'elle s'en servait tous les jours, elle avait pris le soin d'acheter un petit modèle très banal qu'elle voyait un peu partout depuis qu'elle était en Australie, ainsi il y avait peu de chance qu'on sache qu'elle est dans le coin rien qu'en voyant son véhicule de stationner quelque part. La jeune femme était une véritable exploratrice, une sorte de version féminine et moderne de Christophe Colomb puisqu'elle passait tout son temps à visiter son nouveau pays, elle commençait à avoir une petite collection de cartes sur lesquels elle mettait des croix lorsqu'elle jugeait que les endroits visités étaient intéressants. La russe ne se contentait pas de juger si les villes étaient bonnes ou non, elle se renseignait également sur certaines personnes, plus particulièrement sur celles qui trempaient dans des affaires pas très nettes et qui gagnaient pas mal d'argent. Elle ne se renseignait pas sur eux pour jouer à la justicière ou à Robin des bois, mais parce qu'elle savait très bien que ce genre de personnes allaient très rarement signaler les vols, ils étaient donc des victimes idéales. Idéal c'était un bien grand mot, en s'en prenant à ces gens elle pouvait s'attirer de gros ennuis, mais jusque là elle s'en tirait plutôt bien alors elle continuait sur sa lancée. Cette semaine Anastasia était sur un dossier en particulier, celui d'un homme vivant à une cinquantaine de kilomètres de Brisbane, c'était quelqu'un qui participait régulièrement à des élections, un bonhomme qui avait pour ambition de devenir sénateur ou quelque chose dans le genre et qui trafiquait les votes, une personne pour laquelle elle n'aurait aucune pitié donc puisqu'il lui rappelait énormément les sales types qui étaient à la tête du gouvernement de son pays natal.
La cambrioleuse s'était arrêtée dans un endroit désert afin de pouvoir se changer, elle ne mettait jamais sa combinaison noire plusieurs heures à l'avance puisqu'elle savait qu'elle vivait dans une ville comportant de nombreuses caméras, il ne fallait donc pas que l'on remarque qu'une demoiselle brune aux yeux foncés sortait régulièrement d'un immeuble en étant toujours habillée de la même manière, cela aurait l'air bien louche, surtout qu'elle dormait presque toujours chez Stanislas alors elle ne variait presque pas les endroits dans lesquels elle passait la nuit. Comme à son habitude elle était confiante, elle avait tout planifié de A à Z, elle avait déjà repéré le lieu et ce qu'il y avait aux alentours alors tout devait se passer comme prévu, sans encombres. Anastasia suivi une personne se rendant dans l'immeuble de sa future victime, elle se faufila derrière elle afin de pouvoir entrer sans avoir le digicode, elle attendit que l'inconnue se rende chez elle avant de monter les escaliers. Une fois arrivée devant la porte de sa cible, elle sortit les outils de sa sacoche et força la porte, une porte qui cédera bien facilement puisque même pas deux minutes plus tard elle se retrouva à l'intérieur de l'appartement. Tout était calme, parfaitement calme, elle avait donc l'impression d'avoir bien choisi l'heure du crime, elle retira sa capuche et se rendit dans la chambre de l'homme sans attendre et commença à fouiller ses affaires. Anastasia ne trouvera rien d'intéressant, du moins pas avant de s'attaquer à ses tiroirs qui semblaient regorgés de trésors. Elle s'empara d'une grosse boîte sur lequel était inscrit le nom d'une marque de luxe et l'ouvrit. « Waw mais quelle beauté. » La russe sortit la grosse montre dorée qui se trouvait à l'intérieur et l'essaya sur son poignet.« Elle me va bien en plus. »Chuchota-t- elle en l'admirant. Elle s'égarait et elle s'en était rendue compte puisqu'une minute plus tard elle la retira et la plaça dans son sac avant de continuer sa fouille.
Calvin a pris l’habitude de m’appeler chaque fois qu’il a besoin d’une femme pour l’accompagner à ses soirées mondaines. Je ne refuse pas, généralement, parce qu’au fond, j’aime porter les jolies robes qu’il m’offre, j’aime sentir le regard des gens sur moi quand je me pavane à son bras. J’aime manger du caviar à la petite cuillère et du champagne dans des coupes en cristal. « Dis donc Cal’, ça fait plusieurs fois que tu viens avec cette jolie créature, tu aurais-donc fini par te poser ? » J’esquisse un petit sourire fin, tout en adressant à mon acolyte de la soirée un regard complice. « Ça se pourrait bien, oui ! » Je m’approche un peu de lui, glissant ma main dans son dos pour être un peu plus crédible. Et j’approche finalement mon visage pour lui glisser quelques mots à l’oreille. « Et si on rentrait… » Mes pieds me brûlent à force de piétiner, mes joues me font mal à force de sourire à tout le monde, j’ai juste envie de me retrouver avec lui, chez lui, sans artifices. Il m’adresse un sourire et ne se fait pas prier pour congédier son ami qui n’en est pas vraiment un. Sans plus tarder, nous quittons la réception pour entrer dans sa voiture et rentrer chez lui.
Une fois chez lui, dans son immense maison sur deux étages, nous ne perdons pas de temps pour rejoindre sa chambre, son lit. Il faut dire que c’est aussi un bon point pour Calvin, il n’a pas seulement beaucoup d’argent, il est aussi plutôt très doué au lit. Et surtout, il me traite comme une princesse, et ça, j’aime bien. Je ne vais pas le nier. C’est au bout d’une heure que nous nous étendons, à bout de souffle et en sueur sue les draps de soie. Comme beaucoup d’hommes, il ne lui faudra pas longtemps avant de s’endormir comme un bébé. Et moi, en tant que bonne insomniaque que je suis, je commence par le regarder dormir. Au bout d’une quinzaine de minutes, j’ai l’impression d’entendre du bruit dans la maison. Mon coeur s’emballe un peu, un nouveau bruit. J’hésite à réveiller Calvin, mais je me décide à aller voir par moi-même. J’en ai sûrement vu d’autres. Je prends mon courage avec moi, j’enfile la chemise de Calvin que je commence à boutonner et je me dirige à pas feutrés vers l’endroit où je pense entendre le bruit. La chambre d’amis. Je pousse doucement la porte, et vois une ombre devant la commode. J’avoue qu’à cet instant, j’hésite entre hurler et m’enfuir. Mais j’allume finalement la lumière pour découvrir le visage de cet intrus. Mon coeur tambourine dans ma poitrine. « J’appelle la police ! » Le cambrioleur de retourne d’un seul coup et je suis surprise de découvrir un visage féminin. Je fronde un peu les sourcils. Pire, un visage familier. J’ouvre grand la bouche, choquée de ce que je suis en train de voir, et j’amène finalement mes mains devant ma bouche. Je n’en reviens pas. « Birdie ? » C’est pas possible.
C'était une véritable caverne d'Ali Baba ce meuble, le politicien était enfaite encore plus riche que ce qu'Anastasia s'imaginait et c'était tant mieux, elle était déterminée à embarquer le maximum de choses. Elle était dans sa bulle, elle n'entendait rien et ne voyait rien mis à part les luxueux objets de Calvin. La russe ne restera pas sourde indéfiniment puisqu'une voix féminine vint la déranger, une demoiselle venait de débarquer et de dire qu'elle allait appeler la police. Merde mais que ce qu'elle foutait là celle-là ? Il n'avait pas de femme à ce qu'elle sache, du moins pas officiellement... Elle avait oublié que les politiciens étaient bien souvent des pervers qui profitaient de leurs statuts pour avoir quelques femmes dans leurs lits pour égayer leurs journées. Anastasia se retourna de façon quasi immédiate et dit : « Non non c'est un malentendu ce n'est pas ce que... »Alors qu'elle s'apprêtait à vouvoyer la jeune femme qui se trouvait en face d'elle, elle s'interrompit lorsqu'elle l'entendu dire Birdie. La cambrioleuse ne savait pas si c'était une bénédiction ou une malédiction qu'elle connaisse sa sœur jumelle, mais en attendant elle allait en profiter pour se tirer de cette galère. «... tu crois. Qu'est-ce-que tu fais là ma chérie ? Je ne savais pas du tout que tu étais installée ici... quelle bonne surprise. » Anastasia ne savait pas du tout si l'inconnue entretenait de bonnes relations avec sa frangine, mais elle avait l'impression qu'elle était choquée de manière positive alors elle pensa immédiatement qu'elle devait bien l'aimer. Elle retira sa capuche enfin de dévoiler sa longue chevelure brune et fit quelques pas en avant, voyant que la blonde ne reculait pas elle la prise dans ses bras. La jeune femme renifla l'odeur de la jeune femme et tira la grimace. « J'aimerais te dire que tu sens toujours aussi bon mais ça serait un vilain mensonge. »
Anastasia avait la désagréable impression qu'elle avait été en sueur il y a peu, une impression qui était bonne puisqu'elle finira par comprendre qu'elle portait un chemisier masculin une fois qu'elle la lâcha, c'était un habit qui en disait long sur ce qu'elle avait fait. « Alors comme ça on a une aventure avec un politicien ? Tu as trouvé la voie de la... richesse ? Tu comptes l'épouser pour finir par le faire tomber dans les escaliers et amasser toute sa fortune ? » Elle afficha un petit sourire, elle savait que ses questions étaient indiscrètes, qu'elle risquait de la trouver bizarre, mais elle préférait plaisanter pour montrer qu'elle était détendue, alors qu'en réalité à l'intérieur elle paniquait un peu, c'était la première fois qu'elle avait affaire à une connaissance de sa sœur et elle ne pensait pas que cela arriverait un jour, encore moins en dehors de Brisbane. Anastasia manquait cruellement d'informations sur la vie de Birdie, sur comment elle se comportait en général, ses mimiques, elle savait juste qu'elle était souriante puisqu'elle souriait sur presque toutes les photos d'elle qu'elle avait pu trouver sur internet. La cambrioleuse aurait aimé en savoir plus que cela mais, même si sa sœur était présente sur les réseaux sociaux contrairement à elle, elle était quand même discrète puisqu'elle bloquait presque tous les accès, en particulier de ceux menant à ses listes de contacts, ce qui se révélait encore plus embêtant maintenant qu'elle était avec une femme dont elle ne connaissait même pas le nom. Elle allait se contenter de l'appeler ' ma chérie ' ou même ' ma jolie ' , le deuxième nom lui allait bien puisqu'elle était très agréable à regarder, cela ne lui serait pas difficile de sortir ces deux mots-là, ils lui viendraient tout naturellement et elle avait justement besoin d'être la plus naturelle possible.
Mon coeur bat à tout allure, j’ai bien peur de ne pas réussir à gérer ce genre de situation. Je pourrai simplement appeler les flics, sans même interpeller la personne en question, me faire toute petite, attendre patiemment qu’ils arrivent et surprennent le cambrioleur en pleine action. Je pourrai réveiller Calvin et lui signifier qu’il y a quelqu’un chez lui, mais au lieu de ça, je fais porter ma voix, je ne sais même pas pourquoi ni comment. « Non non c'est un malentendu ce n'est pas ce que... » Ce visage. Ce visage autrement connu, bien qu’il ait changé. Je sais que c’est elle, elle lui ressemble trop pour que ce soit quelqu’un d’autre. En dix ans, on change, mais pas suffisamment pour ne pas reconnaître une personne qu’on a connue, avec qui on a été intime. Je n’en crois pas mes yeux, je reste là, bouche bée. «... tu crois. Qu'est-ce-que tu fais là ma chérie ? Je ne savais pas du tout que tu étais installée ici... quelle bonne surprise. » Dix ans. Dix ans se sont écoulés, et sa voix a quelque peu changé, muri. Mon coeur s’est accéléré encore plus, je suis rassurée que ce soit elle, mais je suis choquée. Parce qu’elle est devenu, ses activités, mais surtout le fait de la voir ici, en face de moi. Elle retire sa capuche et mes yeux se posent sur ses longs cheveux bruns dans lesquels j’adorais passer mes doigts pendant des heures entières. Elle s’approche, doucement, je ne bouge pas, comme paralysée par ce qui est en train de se passer. Elle fond rapidement dans mes bras, et je ne peux même pas m’empêcher de resserrer mon étreinte autour d’elle. Je l’entends renifler comme un petit chien, et ça m’extirpe un sourire. « J'aimerais te dire que tu sens toujours aussi bon mais ça serait un vilain mensonge. » Cette fois, c’est un petit rire qui s’échappe d’entre mes lèvres. Je dois sentir l’homme, puisque je porte la chemise de Calvin. L’homme et la sueur, n’ayant pas vraiment eu le temps de prendre une douche après nos ébats. Birdie se recule et me regarde de haut en bas, malgré la pénombre. « Alors comme ça on a une aventure avec un politicien ? Tu as trouvé la voie de la... richesse ? Tu comptes l'épouser pour finir par le faire tomber dans les escaliers et amasser toute sa fortune ? » Je ris à ses bêtises, rassurée du fait qu’elle n’ait pas perdu son humour légendaire qui avait le don de me faire craquer. « Non, c’est plus compliqué que ça. » Je penche un peu la tête sur le côté, lui signifiant qu’il y a beaucoup à dire. « Mais toi tu… » Je secoue un peut la tête, plissant les yeux. « Qu’est-ce que tu fabriques ? Depuis quand tu rentres comme ça chez les gens pour leur voler des bijoux ? » Je la sens mal à l’aise et je soupire un peu. Je récupère son sac, fais quelques pas vers la commode pour le vider dans le premier tiroir, avant de lui rendre son bien. Suite à ça, je récupère sa main, le plus naturellement du monde, et l’entraîne dans les couloirs de la villa. « Viens, on va se boire une bonne vodka, je crois qu’on a du temps à rattraper. » Je tourne la tête pour la regarder, lui adressant un sourire sincère, avant de lâcher sa main. Nou descendons à l’étage inférieur pour nous retrouver dans la cuisine de la villa, et j’allume la lumière, avant de récupérer deux verres à shooters et une bouteille de Vodka. « Bon, elle sera pas aussi bonne que celle de chez nous, mais c’est le rituel ! » Je trinque avec elle, et nous buvons notre verre cul sec, comme le veut la tradition. Je m’assieds sur le tabouret de bar, en face d’elle, et la regarde longuement, sans aucune gêne. « Comment t’en es arrivée là ma belle…? »
Anastasia ne savait pas qui était la plus effrayée des deux, elle ou l'inconnue, elle devait sûrement s'imaginer qu'elle avait un couteau ou pire un flingue planqué quelque part sur elle et qu'elle était prête sortir son arme à tout moment, mais Anastasia n'en avait aucune, elle ne trouvait pas cela nécessaire d'en emmener pour un vol d'une aussi petite envergure. De toute façon même si elle en avait elle ne s'en aurait pas servi, elle n'aimait pas s'en prendre à des personnes innocentes, qui étaient arrivés aux mauvais endroits aux mauvais moments, encore plus lorsqu'il s'agissait de femmes. C'était la première fois qu'elle se faisait prendre, elle avait fait une erreur digne d'une débutante en n'ayant pas pris le temps de se placer en face du logement pour surveiller les allées et venues, mais elle n'avait pas eu la moindre envie de perdre des heures à surveiller ce qu'il se passait dans la rue, c'était pour cela qu'elle avait été aussi... hâtive et inconsciente. Heureusement que Stanislas n'était pas avec elle ou il se ferait du mouron. Là personne ne l'attendait, personne ne pouvait la sauver, elle ne pouvait compter que sur elle-même. La Russe se fia à son instinct, chose qu'il lui réussit puisqu'une fois qu'elle pris la blonde dans ses bras celle-ci resserra l'étreinte, preuve qu'elle avait vu en pensant qu'elle appréciait sa jumelle. Le stress était retombé, le pire était désormais évité enfin normalement, étant donné qu'elle ne savait rien de la jeune femme elle ne savait pas si celle-ci était imprévisible ou non, elle le saurait bien assez tôt puisqu'elle restait avec elle au lieu de s'en aller. Elle lui souriait, rigolait à cause de ses remarques, à croire qu'elle était convaincante en Birdie puisqu'elle ne se doutait de rien. Il était indéniable qu'Anastasia avait du talent, elle maniait l'art du mensonge comme personne, mais là en prenant l'identité d'une personne qui existait réellement, à qui elle n'avait jamais parlé et qu'elle n'avait jamais vu au lieu de personnages inventés prouvait qu'elle se surpassait constamment. Dire que son coéquipier avait dit que c'était une mauvaise idée de continuer de se faire passer pour sa sœur, elle lui aurait bien fermé son clapet s'il avait vu la scène. La partie de rigolade cessa lorsque l'inconnue lui demanda ce qu'elle fabriquait ici, elle lui demandait depuis quand elle entrait chez les gens pour les voler, si elle arrivait à imaginer que Birdie ait pu faire plusieurs victimes cela voulait dire qu'elle n'était pas blanche comme neige, qu'elle pourrait lui faire gober des choses plus aisément. « Hé bien je n'en suis pas fière mais c'est la première fois que je me mets à voler... »Elle n'aura pas le temps de lui donner des explications puisqu'elle s'empara de son sac pour le vider et remettre les objets volés dans le meuble, elle devait bien l'aimer ce Calvin pour prendre la peine de lui rendre ses affaires. Juste après l'avoir vidé de son butin elle tira sur son bras pour l'entraîner dans les couloirs, mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir en tête ? Elle ne comptait tout de même pas rester plusieurs heures si ? Lorsqu'elle lui proposa de boire une vodka elle se contenta d'acquiescer d'un signe de la tête, même si cela voulait dire qu'elle acceptait de " rattraper le temps perdu ", mais elle espérait profondément que cela ne s'éternise pas. Une fois dans la cuisine Anastasia ne se fera pas prier pour boire et trinquer, même s'il était vrai que sa vodka n'était pas aussi bonne que celle du pays, c'était même à la limite d'être du pipi de chat.« Mmmh la prochaine fois on se boira un bon alcool, un vrai hein. »Cela lui ferait sûrement plaisir de savoir qu'elle comptait la revoir et c'était le but, elle voulait se la mettre dans la poche. Anastasia posa son verre sur la table avant de s'attaquer au fâcheux sujet du vol puisque c'était de cela dont voulait discuter la blonde, pas question de se défiler, elle allait trouver un bon mensonge comme elle le faisait toujours. « J'en suis arrivée là parce que je suis dans la merde, la grosse merde. » Elle marqua une courte pause afin de réfléchir à la suite de sa phrase. « J'accumule les dettes depuis un bout de temps, je n'arrive plus à joindre les deux bouts... je n'arriverais jamais à tout rembourser dans les temps avec mon pauvre petit travail et je ne veux surtout pas devoir mendier à ma famille la moindre somme... j'ai trop honte pour ça. »Anastasia baissa des yeux pour avoir l'air la plus crédible possible. « Je manque déjà de légitimité en n'étant pas de leur sang alors en leur réclamant de l'argent je serais vraiment une fille indigne. »Allait-elle réussir à faire pleurer dans les chaumières avec une réplique comme celle-ci ? Elle faisait de son mieux pour l'apitoyer sur son sort.
J’ai du mal à croire qu’elle est bel et bien là. C’est à la fois étrange, et totalement excitant. Je ne peux m’empêcher de laisser trainer mes yeux sur son visage, ses traits fins, ses yeux noisette, ses longs cheveux ébène. Mon regard se pose sur ses lèvres au moment où elle parle, et tous mes anciens sentiments que je pensais enfouis semblent revenir à a surface. Birdie, ma Birdie. J’aurai presque encore le goût de ses lèvres sur les miennes. Mais depuis, nous avons grandi, changé, tout ça, c’est du passé. Sauf qu’au moment où elle me prend dans ses bras, mon coeur s’emballe un peu plus, comme si le passé resurgissait d’un seul coup, en pleine face, sans crier gare. Si j’avais su qu’en passant la nuit ici je tomberai sur elle. La vie nous réserve parfois des surprises vraiment étranges. « Hé bien je n'en suis pas fière mais c'est la première fois que je me mets à voler... » J’ai envie de la croire. Elle n’a pas la tenue d’une cambrioleuse aguerrie, et surtout, je viens de la prendre la main dans le sac. Je suppose que quelqu’un qui fait ça souvent serait plus alerte à un son, ne serait-ce qu’un craquement de pas sur un parquet ancien. Et puis je crois qu’au fond, j’ai envie de la croire. Alors sans plus tarder, je vide son sac et empoigne la main de mon amie - je pourrai dire ancienne amie, mais j’ose croire que quand on a vécu ce que j’ai vécu avec elle, on reste amies jusqu’à notre mort - et nous guide jusqu’à la cuisine. Calvin a un sommeil très profond, je sais qu’il ne se réveillera pas avant demain matin. On est tranquilles. Nous buvons toutes les deux notre Vodka australienne et je grimace un peu. Pas parce qu’elle est forte, au contraire, mais parce qu’elle est particulièrement dégueulasse. « Mmmh la prochaine fois on se boira un bon alcool, un vrai hein. » Je ris doucement, et plonge mon regard azur dans le sien. Elle insinue qu’on pourrait bien se revoir, une autre fois, dans un autre contexte ? Un sourire reste bloqué au coin de mes lèvres. C’est bon de la voir là, après si longtemps. Mais je ne perds pas de temps avant de lui demander pourquoi elle en est arrivée là. « J'en suis arrivée là parce que je suis dans la merde, la grosse merde. » Je fronce un peu les sourcils, ne la lâchant pas des yeux. « J'accumule les dettes depuis un bout de temps, je n'arrive plus à joindre les deux bouts... je n'arriverais jamais à tout rembourser dans les temps avec mon pauvre petit travail et je ne veux surtout pas devoir mendier à ma famille la moindre somme... j'ai trop honte pour ça. ». Ses parents ont toujours été adorables avec elle, ils l’ont traitée comme leur fille, même quand elle a eu sa période rebelle à l’adolescence. Ils n’ont jamais eu énormément d’argent, et je comprends qu’elle ne se sente pas de leur demander une chose pareille. « Je manque déjà de légitimité en n'étant pas de leur sang alors en leur réclamant de l'argent je serais vraiment une fille indigne. » Elle me brise le coeur. Je me pince un peu la lèvre, et ne peux m’empêcher de faire le tour du bar pour la rejoindre. Je passe ma main dans son dos doucement, comme avant, puis dans ses cheveux avant d’attraper son menton pour lui faire relever le visage dans ma direction. « T’es plus toute seule maintenant, je vais t’aider à trouver une solution, d’accord ? J’ai pas envie que tu finisses derrière les barreaux ! » Je lâche son menton et viens lui faire une tendre caresse sur la joue, avant de la prendre à mon tour dans mes bras. « C’était long sans toi, et pourtant j’ai l’impression que c’était hier. » Je ferme les yeux et respire son odeur, sa peau, ses cheveux. Tout d’elle m’a manqué. Finalement je reprends un peu de distance et lui souris doucement. « Alors, raconte-moi. Qu’est-ce que tu fais ici en Australie ? Tes parents ont décidé de revenir dans leur pays natal et tu les as suivi, c’est ça ? » J’ai envie de discuter, d’en savoir plus sur elle, savoir ce qu’elle est devenue, ce qu’elle a fait pendant ces dix dernières années.
La manière dont l'inconnue la regardait n'était pas anodine, elle semblait détailler la moindre parcelle de son visage avant de s'attarder sur ses lèvres. Ce n'était pas comme cela qu'on regardait une simple amie ou même une meilleure amie, c'était plutôt une manière de regarder une personne dont on était amoureuse. Anastasia ressentait tout cela, elle n'avait pas besoin qu'elle n'essaye de l'embrasser pour avoir la certitude qu'elle lui plaisait ni qu'elle le lui dise, elle lisait en elle comme dans un livre ouvert. La russe s'estimait chanceuse qu'elle n'essaye pas de cacher ce qu'elle ressentait, ainsi elle pouvait comprendre le lien qui l'unissait à sa sœur, enfin elle essayait deviner quelle était la nature de leur relation. La cambrioleuse ne connaissait pas du tout la sexualité de sa sœur, elle s'était simplement imaginé qu'elle serait hétérosexuelle comme la plupart des gens, en réalité elle n'était peut-être pas dans la norme comme elle se l'imaginait, elle pensait qu'elle avait une vie très banale à côté de la sienne. La blonde avait l'air de boire ses paroles, elle se contentait d'écouter attentivement et ne répondait pas, tant mieux moins elle posait de questions et moins elle pourrait comprendre que ce n'était pas Birdie qui était en face d'elle. Sa tranquillité ne durerait pas longtemps et elle le savait, sinon elle ne l'aurait pas trainé jusqu'en bas, elle voulait certainement la cuisiner au maximum avant de lui rendre sa liberté. Anastasia ne commettra pas d'erreur notables puisque l'inconnue ne lui fera pas la moindre remarque, elle tenait le bon bout. La demoiselle n'avait pas l'air de se préoccuper du propriétaire, elle faisait comme si elle était chez elle, elle ne parlait pas une seule seconde de lui, elle n'avait pas du tout peur qu'il ne débarque et ne la voit avec elle, elle devait sûrement avoir une bonne raison de ne pas avoir à s'inquiéter alors elle ne lui posera pas de questions sur lui, elle se concentra sur son jeu de rôle. L'inconnue s'approcha d'elle, passa sa main dans son dos avant d'attraper son menton, elle se laissera totalement faire, se faire toucher par quelqu'un qu'elle ne connaissait pas ne la dérangeait pas et puis ce n'était pas comme si elle avait d'autres choix. Qu'elle était mignonne de vouloir lui proposer son aide, Anastasia doutait fortement qu'elle soit capable de régler des dettes, si elle avait de l'argent elle ne serait certainement pas ici, ne coucherait pas avec un homme corrompu qui n'avait pas grand-chose pour lui. « C'est gentil de vouloir m'aider mais ce n'est pas si simple tu sais de trouver une solution, sinon je n'en serais pas venue à là. » Anastasia la regarda avec un air des plus désespérés. « Toi aussi tu m'as manqué ma jolie. » Pendant que l'inconnue fermait les yeux et reniflait son odeur, la Vosesviatski déposa sa main sur sa tête afin de la caresser légèrement. Toucher sa chevelure n'était pas désagréable, elle était particulièrement douce, elle n'avait jamais touché des cheveux aussi doux auparavant. Même si elle avait envie de la caresser plus longtemps, elle retira sa main lorsque celle-ci recula. Anastasia écouta ses nouvelles questions, elle lui facilitait la tâche en lui demandant si c'était à cause de ses parents qu'elle se trouvait ici, elle n'allait donc pas s'embêter à inventer quelque chose puisqu'elle allait se servir de cela.« Oui je les ai tout bêtement suivi, mais j'avais besoin de changement alors cela m'arrangeait de changer de continent... ici je peux profiter de magnifiques plages et de chaleur, j'en avais vraiment marre du froid. »Elle esquissa un sourire en coin.« C'est fou que l'on se retrouve là maintenant, dans le même pays, il faut croire que nous étions destinés à nous retrouver. »Anastasia remarqua qu'une mèche de cheveux de l'inconnue s'était placée devant l'un de ses yeux, elle la déplaça délicatement à l'aide de son index avant de lui caresser longuement la joue. « Tu es toujours aussi... belle, je ne me lasse jamais de te regarder. » Elle marqua une pause.« Mais... pourquoi tu couches avec des types comme Calvin ? Tu mérites tellement mieux ma chérie, ne t'abaisse pas à aller dans le lit de ce genre de connards qui ne pensent qu'à eux, je suis sûre qu'ils sont de mauvais coups en plus. »
« C'est gentil de vouloir m'aider mais ce n'est pas si simple tu sais de trouver une solution, sinon je n'en serais pas venue à là. » Je soupire un peu et baisse les yeux une seconde. Je me doute bien qu’elle a tout essayé pour trouver autre chose que de devoir cambrioler une maison. Cela dit, je ne l’ai pas trouvée si stressée que ça quand je l’ai prise la main dans la commode de Calvin. J’ai fait plusieurs conneries dans ma vie, plus ou moins grosses, mais cambrioler une maison, je n’y ai jamais pensé. Je pense que je n’en serai même pas capable. « Toi aussi tu m'as manqué ma jolie. » Sa voix m’a aussi beaucoup manquée. Je peux sentir sa main sur mes cheveux, et je me sens étrange. Je ne sais pas exactement ce qui se passe en moi à cet instant. Sûrement l’excitation de la retrouver. On a été séparées alors qu’on était proches, plus que de simples amies. Aujourd’hui, après dix ans, je crois qu’au fond j’espère qu’on retrouvera ne serait-ce qu’un peu de ce que nous avions à l’époque. « Oui je les ai tout bêtement suivi, mais j'avais besoin de changement alors cela m'arrangeait de changer de continent... ici je peux profiter de magnifiques plages et de chaleur, j'en avais vraiment marre du froid. » Je laisse échapper un rire. C’est exactement ce que j’avais pensé la première fois en arrivant ici. Même si ça a été dur de m’acclimater parce que passer du très froid au très chaud. Aujourd’hui, je suis ici comme chez moi. « C'est fou que l'on se retrouve là maintenant, dans le même pays, il faut croire que nous étions destinés à nous retrouver. » Je plonge mon regard azur dans le sien, avant de lui sourire un peu. J’aime qu’elle dise ça, ça me réconforte un peu sur le fait qu’elle est heureuse de me retrouver. Peut-être pas autant que moi, mais qui sait, peut-être après tout. « Oui, le destin n’est pas toujours clément, mais il lui arrive de nous faire des faveurs, quand on s’y attend le moins ! » Je la regarde s’approcher un peu plus, remettant en place une de mes mèches de cheveux, avant de caresser ma joue. Je ferme les yeux un instant pour apprécier ce contact, et réouvre finalement le regard pour croiser le sien. « Tu es toujours aussi... belle, je ne me lasse jamais de te regarder » Mon coeur tambourine plus fort dans ma poitrine, je ne pensais pas qu’après tout ce temps je ressentirai des sentiments aussi fort encore à son égard. Je reste silencieuse, ce qui est un exploit, quand on me connaît un tant soit peu. « Mais... pourquoi tu couches avec des types comme Calvin ? Tu mérites tellement mieux ma chérie, ne t'abaisse pas à aller dans le lit de ce genre de connards qui ne pensent qu'à eux, je suis sûre qu'ils sont de mauvais coups en plus. » Je baisse les yeux et laisse échapper un petit rire sur la fin de sa phrase. « Détrompe-toi, Calvin est plutôt doué dans son genre ! » Je penche un peu la tête sur le côté. « Enfin… j’ai connu mieux quand même ! » Je me mordille un peu la lèvre et continue de la regarder, parce que je ne peux pas faire autrement. C’est plus fort que moi. Je me rends compte que je n’ai pas répondu à sa question, ce à quoi je vais essayer de remédier, sans m’étaler trop non plus. « Je crois qu’on est là toutes les deux pour la même chose ! » Je marque un pause et laisse aller mon regard sur ses lèvres, qui se fendent dans un mince sourire. « Calvin a de l’argent, et c’est toujours agréable de vivre de temps en temps dans une maison comme ça, porter de jolies robes dessinées par de grands couturiers, l’accompagner à des soirées cocktail… A défaut de pouvoir me payer ça toute seule, je rends service à Calvin, et lui me laisse entrer dans son monde. » Je soupire légèrement, me rendant compte de ma situation. « Personne n’est parfait ! »
Anastasia ne savait pas si sa jumelle gagnait toujours de l'argent de manière légale, mais elle savait qu'en ce moment même elle n'était pas sans-emploi, il fallait donc faire croire à la blonde qu'elle gagnait trop peu d'argent pour effacer des dettes qu'elle avait décrit comme considérables. L'inconnue ne cherchera pas à insister, elle devait croire qu'elle avait tout essayé avant d'en arriver à là, si elle savait... la cambrioleuse n'avait jamais eu d'argent propre, elle n'avait jamais signé de contrat de sa vie, tout ce qu'elle connaissait c'était le marché noir et le marchandage avec d'autres criminels ou de richissimes clients. L'amante de Calvin parlait peu, elle devait sûrement être plongée dans ses pensées, dans ses souvenirs, elle était sûrement en train de se remémorer tous les moments passés avec sa sœur. C'était mieux ainsi, moins elle posait de questions et moins il y avait de chances qu'elle ne découvre l'entourloupe. Tout ce qui sortait de la bouche d'Anastasia semblait l'enchanter, elle ne cessait jamais de sourire, c'était une vraie baratineuse.« C'est ce que j'appelle la beauté du hasard. »Elle lui sourit à grandes dents, laissant apparaître la blancheur impeccable de sa dentition, qu'elle essayait de garder par tous les moyens parce qu'il n'était pas évident d'avoir un beau sourire quand on se drogue de manière régulière, heureusement qu'elle avait trouvé un bon dentiste. C'était le genre de petits éléments dont elle se préoccupait, il ne valait mieux pas qu'on puisse deviner trop facilement qu'elle était une droguée, non seulement sa sœur n'en était peut-être pas une, mais en plus cela pourrait éveiller des soupçons, l'on imagine plus une camée commettre des actes criminels qu'une demoiselle propre sur elle. La caresse qu'elle donnait à sa joue lui était agréable, l'inconnue avait fermé les yeux pour mieux profiter de cet instant. Lorsqu'elle ouvrit ses yeux elle sentit une certaine tension, jusqu'à ce qu'elle rigole au moment où elle avait sorti les mots ' mauvais coups '. Elle lui disait que son amant était pas trop mal dans son genre, mais qu'elle avait connu mieux, Anastasia ne pu s'empêcher de lui répondre ceci :« Oui tu as connu mieux, tu m'as connue moi. » Anastasia lui lança un petit regard coquin. Elle lui expliqua qu'elles étaient dans la même situation, la cambrioleuse pencha la tête sur le côté. « Quelle tristesse qu'on soit dans la même situation. » La russe avait l'impression qu'elle avait des points en commun avec elle, tout comme elle elle aimait les belles choses, celles qui étaient trop chères pour le commun des mortels, sauf qu'elle appréciait se montrer à des soirées mondaines, ce qui n'était pas du tout son cas, elle n'aimait pas se mêler à la foule, encore moins lorsqu'elle était peuplée de gens bon chic bon genre.« Tu n'es pas parfaite mais je ne le suis pas non plus alors je ne vais pas te le reprocher... en plus j'aime l'imperfection, il n'y a rien de plus vrai et de plus excitant. »Anastasia s'avança de quelques pas, elle était à limite d'être collée à la jeune femme, elle la regarda droit dans les yeux avant de déposer sa main droite sur sa nuque, elle poussa sa tête vers elle et s'empara de ses lèvres. Persuadée que sa sœur ferait de même à sa place, elle lui donna un baiser des plus fougueux.
« C'est ce que j'appelle la beauté du hasard. » C’est une manière poétique d’appeler nos retrouvailles. D’ailleurs, je ne peux m’empêcher de lui sourire, faisant écho au sien. Je ne peux m’empêcher de la regarder, le moindre détail est passé au crible, rien n’est laissé au hasard. C’est comme si au fil des secondes j’essayais de me remémorer notre passé commun, ces heures passées allongées dans le même lit à discuter, rêver, se câliner. A part quelques baisers, nous n’avons rien échangé de plus, si ce n’est beaucoup d’affection, peut-être même un peu d’amour. Et j’avoue que de la retrouver là cette nuit me fait quelque chose d’étrange. Depuis qu’Elio est entré dans ma vie, j’ai du mal à me séparer des pensées qui ne sont focalisées que dans sa direction - malgré moi - et ce soir, je ne pense plus à lui. Mon attention n’est portée que vers elle. Inlassablement. Suite à sa question, je lui réponds que Calvin n’est pas si mal que ça au lit, mais que j’ai quand même connu mieux. A cet instant, un petit air de canaille se pose sur les lèvres de Birdie et elle ne se prive pas pour me répondre du tac au tac « Oui tu as connu mieux, tu m'as connue moi. » Je penche la tête sur le côté, les lèvres pincées dans un petit sourire aussi coquin que le regard de la brune. Nous n’avons jamais succombé au plaisir de la chair, du moins, pas totalement. Il nous est arrivé quelques fois de laisser aller nos caresses à des choses un peu plus osées mais ça n’est jamais allé très loin. Assez rapidement, j’essaie de changer de sujet. Je crois que je suis un peu troublée quand même. Je ne pensais pas qu’après dix ans, on se retrouverait là, en face l’une de l’autre, en train de se draguer ouvertement. « Quelle tristesse qu'on soit dans la même situation. » Je hausse un peu les épaules d’un ait nonchalant. Je me cache bien de lui donner ma vraie situation. Par honte sûrement. Mais ça attendra. Un peu au moins. « Tu n'es pas parfaite mais je ne le suis pas non plus alors je ne vais pas te le reprocher... en plus j'aime l'imperfection, il n'y a rien de plus vrai et de plus excitant. » Mon regard plongé dans le sien, je n’arrive pas à bouger, je suis électrisée, et ce n’est rien comparé à ce sentiment au moment où elle réduit la distance entre nous. Mon coeur se met à battre plus vite, jusqu’à ce qu’il en vienne à exploser au moment où elle vient plaquer ses lèvres contre les miennes. Sa main dans ma nuque de fait frissonner, et la fougue qu’elle met dans ce baiser fait remonter tous mes anciens souvenirs. Sans trop tarder, je viens à mon tour encadrer son visage de mes mains fines et ma langue vient caresser la sienne. Je ne sais plus où l’habite, ni même comment je m’appelle. Mon cerveau s’est déconnecté au moment même où le contact entre nos lèvres est survenu. Je la plaque doucement contre le bar alors que mes mains glissent dans ses cheveux. Elle me fait pousser des ailes. Mais ce moment est de courte durée, puisque j’entends déjà une voix m’appeler, et me sortir de ce moment divin. « Kyrah ? Tu es là ? » Merde ! Calvin ! Pourquoi il dort pas ce con ? Je sépare rapidement mes lèvres de celles de Birdie et plaque mon index sur celles-ci avant de lui murmurer. « Planque-toi, je m’en occupe. » Je prends une distance à contre coeur et me précipite vers le couloir là d’où venait la voix de Calvin. « Je suis là, qu’est-ce qui se passe ? » Il est complètement nu, et il ne tarde pas à me prendre dans ses bras. « J’ai entendu du bruit, je me demandais où tu étais passée. » « Tout va bien, tu sais très bien que je suis insomniaque…et j’avais un petit creux, tu m’as donné faim ! » Je souris légèrement, espérant faire passer la pilule. « Tu reviens te coucher ? » « Tu m’as pas laissé le temps de manger ! Remonte te coucher, je mange un bout et j’arrive d’accord ? » Je passe une main sur sa joue et dépose un baiser sur ses lèvres. Il hoche la tête et fait demi tour avant de lâcher, tout en montant les escaliers. « Elle te va bien cette chemise. Mais tu es plus jolie sans… » Je fais quelques pas en arrière en me mordant la lèvre avant de me retourner, faisant face à Anastasia, dans la cuisine. J’avoue que j’ai eu peur qu’elle soit partie aussi vite qu’elle est arrivée, ou pire, que tout ça ne soit qu’un mirage. Je ne sais même plus quoi dire, je me contente de la regarder, je ne rêver que d’une chose, c’est de me retrouver seule avec elle quelque part pour nous laisser aller à de vraies retrouvailles.
L'amante de sa jumelle ne parlant pas des masses, Anastasia s'attardait sur les yeux de celle-ci, ils étaient si clairs, si transperçant, seules les femmes de l'Est pouvaient avoir d'aussi beaux yeux, elles lui avaient toujours fait plus d'effets que les femmes des autres coins du monde, elle arrivait plus facilement à oublier son hétérosexualité avec elles qu'avec les autres occidentales. Enfin oublier c'était un bien grand mot, elle ne s'était jamais considérée comme bisexuelle, le premier baiser qu'elle avait eu avec une personne du même sexe n'était pas aussi bon que le premier qu'elle avait eu avec le sexe opposé, elle n'avait pas réussi à avoir les mêmes sensations dans les deux cas, mais la plus grande différence restait sur le plan sexuel, hélas les demoiselles ne pouvaient pas la faire jouir comme ces messieurs, ce qui la confortait dans son orientation sexuelle, elle aimait les hommes et elle couchait majoritairement avec eux. Bien évidemment la blonde qui était en face d'elle n'en saura rien, il n'y avait pratiquement aucune chance pour qu'elle lui parle de ses préférences, ne sachant pas qu'elles étaient celles de sa sœur. La Russe avait laissé sortir son arrogance naturelle en lui disant que l'inconnue avait connu mieux que celui qui l'hébergeait, c'est-à-dire elle et elle ne sera pas contestée là-dessus, cela la poussa à aller un petit peu plus loin dans son jeu en s'approchant dangereusement d'elle et en s'emparant de ses lèvres. Elle la traita comme elle traitait les hommes qui la faisaient brûler intérieurement, en l'embrassant avec fougue, une manière d'embrasser qu'elle ne réservait qu'aux personnes qui lui faisaient vraiment de l'effet. Alors qu'elle pensait contrôler entièrement son corps, son rythme cardiaque s'accéléra légèrement lorsqu'elle encadra son visage, ne comprenant pas ce qu'il lui arrivait elle fronça les sourcils l'espace de quelques secondes, avant d'être sauvée par une voix masculine. « Kyrah ? » C'était donc ça son fichu prénom ? Elle ne l'aurait jamais deviné, heureusement que le propriétaire s'était réveillé, il venait de lui donner une bonne raison de fuir. Anastasia voulait carrément sortir de la demeure, mais son interlocutrice lui dit d'aller se planquer, qu'elle s'occuperait de la situation, au lieu de faire ce qu'elle voulait elle l'écouta puisqu'elle s'exécuta, elle partit se réfugier derrière le frigo. La cambrioleuse resta parfaitement immobile, silencieuse, elle écoutait tout ce qu'ils disaient avec attention. Lorsqu'il lui dit qu'elle était mieux sans sa chemise elle grimaça, qu'il s'en aille ce sale pervers, elle ne voulait pas s'éterniser plus longtemps, pourvu qu'il ne la prenne pas sur le comptoir. Une fois qu'elle l'entendit monter les marches de l'escalier, elle pencha sa tête et sortit doucement de sa cachette. « Kyrah... il faut que j'y aille maintenant, ce n'est pas prudent pour moi de rester ici. » Avant qu'elle ne puisse lui répondre, elle déposa lui déposa un dernier baiser, cette fois-ci sans la langue.« On se reverra... plus tard. »Elle profita du fait qu'elle soit perturbée pour se faufiler à toute vitesse, en l'espace de quelques secondes elle disparu de son champ de vision.