Après une semaine assez chargée au boulot à cause des multiples incendies qui ravagent l’Australie depuis des mois, j’ai fait une grasse matinée. Par grasse matinée je veux dire bien sur que j’ai réussi à dormir jusqu’à neuf heures. Depuis la naissance de Liam, et même un peu avant, je n’ai jamais vraiment dormi tard. Avec un bébé, j’étais souvent réveillé entre six heures et sept heures du matin, puis même en grandissant, Liam est encore un lève-tôt et même si il lui arrive des fois de dormir jusqu’à dix heures, mon corps c’est bien trop habitué à ce réveillé tôt pour savoir faire une grasse matinée. N’ayant cependant rien à faire en cette matinée, j’en ai profité pour trainer un peu au lit avant de profiter un peu de la piscine. Liam est chez son père, ce qui fait que la maison est calme, très calme et malgré le fait que Joshua et moi avons divorcé il y a maintenant un peu plus d’un an, je ne m’habitue toujours pas à cette garde partagée. Je suis tellement habitué à avoir mon fils avec moi, qu’il m’arrive souvent de ne pas savoir quoi faire lorsqu’il n’est pas dans les parages. Je me mets souvent à dessiner, ou à trainer devant la télé, des fois sortant avec mes amis. Cette après-midi, j’ai d’ailleurs prévu de passer du temps avec Elia. J’ai connu Elia l’année de mes dix-sept ans, alors que Joshua et moi annoncions notre relation à sa famille. Elia est la fille de May, la sœur de Josh, et assez rapidement nous nous sommes beaucoup attachés l’une à l’autre. À l’époque, du haut de ses dix ans j’ai eu l’impression de me retrouver un peu en elle, gamine calme, souriante et posée. Puis Liam été né, Joshua et moi nous sommes mariés et Elia est devenue ma famille. Avec le temps nous nous voyons souvent et avec la mère qu’elle a, j’ai toujours pris soin d’être là pour elle. Malgré le divorce, je suis resté proche d’Elia, et nous avons continuer à très bien nous entendre et à nous voir aussi souvent que possible. Je lui ai donc promis de passer l’après-midi avec elle et de l’emmener au marché organisé pour soulever des fonds pour les incendies.
Il est donc presque quatorze heures lorsque je me gare devant l’appartement qu’elle partage avec ses nombreux colocataires. Je lui envoie un message pour la prévenir et il ne faut que quelques minutes pour que sa chevelure blonde apparaisse. Je lui adresse un sourire alors qu’elle se hisse sur le siège passager à côté de moi. « Salut ma belle, comment tu vas ? » Je viens rapidement la serrer dans mes bras et embrasse rapidement sa joue. J’aime véritablement beaucoup Elia, et je suis ravie à l’idée de passer l’après-midi avec elle. « Alors, on va faire un tour au marché puis après on va a la maison profiter de la piscine. Ca te va comme programme ? Tu peux même rester dormir si tu veux, je ne bosse pas non plus demain. » Je lui adresse un sourire et redémarre la voiture.
Mon regard azuré étudie avec perfectionnisme mon reflet dans le miroir posté à l'entrée de l'appartement que je partage avec ceux que je considère telle une deuxième famille. Je me suis discrètement maquillée aujourd'hui : une touche de mascara et de rouge à lèvres. Mes cheveux lisses tombent doucement sur mes frêles épaules et j'ai enfilé une robe aux motifs printaniers ainsi qu'une paire de ballerines. J'avais prévu passer la soirée avec Arrow, l'ex de mon oncle que j'estimais cependant toujours telle ma tante et comme une deuxième mère. La Jacobs avait représenté une figure maternelle stable et fiable tout au long de mon adolescence et encore aujourd'hui, je recherchais toujours à recueillir son avis sur mes dilemmes et mes doutes.
J'entends mon téléphone vibrer sur la surface boisée du meuble de l'entrée et prends connaissance de l'arrivée d'Arrow. Je quitte l'appartement après avoir salué mes colocs présents et rejoins la vétérinaire dans son automobile. « Salut ma belle, comment tu vas ? » « Salut, ça va et toi ? » Je lui adresse avec un sourire en répondant affectueusement à son étreinte. La vérité était que je ruminais depuis quelques semaines, surtout à l'approche de la Saint-Valentin. J'allais avoir vingt-deux ans cette année et j'étais toujours célibataire, sans aucune expérience avec un homme. J'en repoussais et rejetais certes parce qu'ils ne cherchaient pas l'histoire que j'attendais avec grande impatience : dans ma tête, je désirais me trouver un petit ami et avoir mes premières fois avec lui. Cependant, au rythme où les choses décantaient, je risquais de ne jamais tomber sur un garçon de ce genre. « Alors, on va faire un tour au marché puis après on va a la maison profiter de la piscine. Ça te va comme programme ? Tu peux même rester dormir si tu veux, je ne bosse pas non plus demain. » Je hoche la tête à l'affirmative, assurant : « C'est parfait. » Je bouclais ma ceinture de sécurité et questionnais Arrow : « Quoi de neuf ? Liam va bien ? » Je me retenais de demander si elle avait revu mon oncle Josh ces derniers temps. Autant je n'avais jamais voulu que mes parents se remettent ensemble après s'être séparés, autant j'espérais avec force qu'Arrow et Josh puissent reprendre leur histoire romantique.
Elia est une jeune femme adorable, que j’ai toujours beaucoup apprécié. Je l’ai rencontré, il y a presque douze ans, alors qu’elle n’avait que neuf ans et que je commençais à fréquenter Joshua, son oncle. On s’est tout de suite bien entendu et il ne m’avait pas fallut longtemps pour la prendre un peu sous mon aile, pour être là pour elle et pour développer une relation forte. May, la sœur de Josh, n’a jamais été une mère modèle, bien loin de là et même si je ne me considère pas comme une non plus, j’ai toujours fait de mon mieux pour aider Elia durant son adolescence. Malgré mon passé, et une adolescence un peu difficile, je me suis toujours promis d’être là afin qu’elle ne vive pas la même chose que ce que j’avais vécu. Alors lorsque je la regarde aujourd’hui, lorsque je vois la jeune femme qu’elle est devenue, dans le fond je ne peux m’empêcher de me sentir fière d’elle. Elle est devenue une jeune femme formidable. Passer du temps avec elle est toujours un plaisir pour moi et donc l’idée de passer l’après-midi avec elle me ravie. Il ne me faut pas longtemps pour me garer devant chez elle et sonner à la porte. « Salut, ça va et toi ? » Je lui adresse un sourire. « Ca va aussi. »
Je me dirige avec elle vers la voiture en lui demandant si le programme prévu lui convient. J’ai également prévu de lui annoncer ma grossesse, parce qu’après tout, avec un après-midi piscine elle allait bien vite se rendre compte que mon ventre c’est arrondi. Cela peut encore mettre le doute, mais Elia me connaît plutôt bien alors je ne doute pas qu’elle allait deviner la chose. « C'est parfait. Quoi de neuf ? Liam va bien ? » Je démarre la voiture et me mets en route vers le marché. « Ben écoutes pas grand-chose. Avec les feux qui se réduisent, on a enfin un peu moins de boulot au sanctuaire. Et Liam est en pleine forme. Il était un peu déçu de ne pas pouvoir te voir aujourd’hui, mais son père l’amène au zoo je crois. Mais il a laissé un dessin à la maison pour toi d’ailleurs. » Depuis que j’ai annoncé ma grossesse à Josh, j’ai presque l’impression qu’il m’évite encore plus, ou tout du moins qu’il ne veux pas penser à notre nuit ensemble et à ce que cela a créé. Au fond cela me pince le cœur et me fait mal, mais peut être qu’il a simplement besoin de temps pour accepter les choses. « Et toi alors, quoi de beau ? Tu dois avoir pleins de choses à me raconter depuis la dernière fois. » Je lui adresse un sourire avant de me garer sur une place de parking. Je sors de la voiture et attrape un panier sur le siège arrière.
La journée était consacrée à passer du temps avec Arrow, que je considérais toujours officiellement comme ma tante bien qu'elle ne soit plus en couple avec Joshua. De plus, la Jacobs avait à mes yeux bien plus occupé le rôle de mère dans ma vie que celle qui m'avait officiellement donné la vie, si bien que je perpétuais à l'estimer hautement et chèrement dans mon histoire. « Ça va aussi. » La jeune mère me répondit avec un sourire, que je lui rendais sincèrement.
Je bouclais ma ceinture de sécurité et écoutais le programme concocté par la vétérinaire : marché et piscine, de quoi me réjouir. « C'est parfait. Quoi de neuf ? Liam va bien ? » Je questionnais, curieuse et attentionnée de ce qui se tramait dans la vie d'Arrow et de son fils. « Ben écoute pas grand-chose. Avec les feux qui se réduisent, on a enfin un peu moins de boulot au sanctuaire. Et Liam est en pleine forme. Il était un peu déçu de ne pas pouvoir te voir aujourd’hui, mais son père l’amène au zoo je crois. Mais il a laissé un dessin à la maison pour toi d’ailleurs. » Mon sourire s'élargit. C'était très rassurant de savoir que les incendies étaient de plus en plus maîtrisés en Australie, ceux-ci étant réellement dramatiques. De plus, je n'étais pas très à l'aise avec les enfants et j'avais assez de mal à me prêter à leurs jeux ou me lier avec eux. Souvent, j'étais plutôt ignorée voire crainte bien que je n'avais jamais agit de manière méchante ou spécialement froide, mais mon attitude réservée dans ces temps-là conduisait à ce comportement de la part des tous petits. Cependant, avec Liam, c'était différent. Le garçonnet avait su m'adopter et j'adorais passer du temps avec lui. « C'est rassurant d'entendre ça pour les feux... Et c'est super gentil de la part de Liam. Je l'accrocherai dans ma chambre. » Je promettais, attendrie par ce geste de l'écolier.
« Et toi alors, quoi de beau ? Tu dois avoir plein de choses à me raconter depuis la dernière fois. » Je hochais la tête à l'affirmative, déclarant avec entrain : « J'ai commencé à travailler à L'Interlude, c'est juste génial. J'adore ! Puis quand Caleb a du temps, il me montre encore plein de techniques et tactiques. J'aime beaucoup l'ambiance et la carte, je regrette pas du tout d'avoir quitté mon poste pour faire partie de sa brigade ! C'est une des plus belles choses qui me soient arrivées ! » Je m'exclamais avec bonheur. Il en fallait peu pour me réjouir et j'avais travaillé fort et dur pour réussir dans le domaine de la gastronomie qui composait ma passion depuis que j'étais enfant. Certes, j'avais un rôle modeste dans la brigade de Caleb, dû à mon jeune âge, mais je n'avais pas dit mon dernier mot et je comptais bien prouver mes compétences afin de monter l'échelle encore et encore. J'étais ambitieuse et perfectionniste et désirais saisir toutes opportunités pour me perfectionner et devenir une cheffe réputée.
Arrow se gare et sort un panier du coffre de sa voiture. Je la suis puis lui suggère : « Si tu veux, je pourrais te cuisiner quelque chose de la carte de L'Interlude pour ce soir ? Ou pour toi et Liam ? » J'avais aussi la tendance de toujours être aux fourneaux même pendant mon temps libre. Il n'était pas rare que j'apporte des plats préparés chez mes parents - en échange je leur demandais simplement leur avis pour pouvoir m'améliorer -. Je serais ravie de faire de même pour Arrow. « Arrow, j'peux te poser une question indiscrète ? » J'interroge par la suite, disciplinée à obtenir son feu vert avant de lancer timidement : « Comment tu as su, que tu étais amoureuse ? Que oncle Josh était le bon ? » Parce que oui, à mes yeux, mon oncle et Arrow restaient faits pour être ensemble, même s'ils s'étaient séparés. Ils étaient simplement... En pause.
Je donne des nouvelles à Elia de Liam, mais également un peu de moi alors que l’on s’installe dans la voiture. Je sais qu’Elia a toujours beaucoup aimé Liam, et que Liam le lui rend bien. Quand ils se retrouvent tous les deux ils adorent parler pendant des heures et j’aime beaucoup voir Elia avec lui. Elle fait preuve d’une patience énorme et prend toujours un grand plaisir à lui expliquer pleins de choses. Lorsqu’il était plus petit en particulier, elle adorait jouer avec lui aux petites voitures, ou bien à construire des tours avant qu’il ne s’amuse à taper dedans pour tout faire tomber. Maintenant qu’il est un peu plus âgé, qu’il sait lire, écrire et dessiner, il adore faire cela avec Elia et lui raconte souvent toute la vie de ses super-héros préférés. « C'est rassurant d'entendre ça pour les feux... Et c'est super gentil de la part de Liam. Je l'accrocherai dans ma chambre. » Je lui souris avant de tourner dans une petite rue. « Oui, c’est sur que c’est bien rassurant, on a déjà perdu assez d’animaux avec tout ca. »
C’est ensuite à mon tour de questionner ma nièce sur ce qu’elle vit en ce moment. Si on se voit un peu moins qu’avant à cause du divorce, à mes yeux Elia est toujours ma famille, cela ne changera jamais. Nous passons toujours énormément de temps à nous envoyer des messages ou à nous appeler. Je l’ai vu grandir au cours des dernières douze années et je suis fière de la jeune femme qu’elle est devenue. « J'ai commencé à travailler à L'Interlude, c'est juste génial. J'adore ! Puis quand Caleb a du temps, il me montre encore plein de techniques et tactiques. J'aime beaucoup l'ambiance et la carte, je regrette pas du tout d'avoir quitté mon poste pour faire partie de sa brigade ! C'est une des plus belles choses qui me soient arrivé ! » Je ne peux m’empêcher de sourire en l’entendant être aussi heureuse. J’aime savoir qu’elle a trouvé quelque chose qui lui plaît, quelque chose ou elle a trouvé sa valeur. « C’est génial ca El, je suis contente que tu ai trouvé quelque chose te plaise tu sais. Mais j’avais aucun doute que tu finirais par trouver. » J’ai toujours cru en Elia, et si j’ai toujours été un peu comme une seconde maman à ses yeux, je ne peux donc m’empêcher de me sentir fière. « Si tu veux, je pourrais te cuisiner quelque chose de la carte de L'Interlude pour ce soir ? Ou pour toi et Liam ? » Je lui adresse un sourire alors que je sors avec elle de la voiture et attrape les paniers dans le coffre de la voiture. « Tout ce que tu veux ma belle, ca serait avec grand plaisir. Liam et moi on peut même te servir de cobayes autant que tu veux pour de nouvelle recettes. »
Je prends le bras de la belle blonde et me mets à avancer doucement dans les rangées du marché. C’est une activité que nous faisions souvent ensemble depuis qu’Elia est petite et cela me rappelle de bons souvenirs. Des souvenirs ou pourtant j’étais encore heureuse avec Josh… Des souvenirs ou tout était beaucoup moins compliqué entre nous. « Arrow, j'peux te poser une question indiscrète ? » Je sors de mes pensées et tourne la tête vers la jeune femme à côté de moi. Je fronce un peu les sourcils surprise avant d’hocher la tête. « Bien sûr. » Je lui adresse un sourire. « Comment tu as su, que tu étais amoureuse ? Que oncle Josh était le bon ? » « Oh… » J’ai presque l’impression que c’est une question piège. Une question piège parce que malgré notre divorce l’amour que j’ai pour Josh n’a jamais diminuer et que je porte son nouveau bébé dans mon ventre. Sur le coup, je suis un peu prise de cours, un peu surprise de la question de ma nièce. Il me faut quelques secondes avant de retrouver la parole. « Je… J’étais bien avec lui. Je me sentais en sécurité. Quand il n’était pas là il me manquait. Avec lui je n’ai jamais eu l’impression de devoir forcer quoi que ce soit tu sais, c’était simple, facile et j’avais l’impression… J’avais l’impression de vivre un peu sur un nuage. Bien sur ce n'était pas tout rose tous le temps, mais la plupart du temps je me sentait bien. » Je reste silencieuse quelques secondes. « Ton oncle n’est pas l’homme le plus romantique du monde, mais il a toujours su me faire rire, me faire sourire. J’ai toujours eu l’impression que ma place était à ses côtés. J’ai jamais aimé quelqu’un autant que je l’aime tu sais. » J’adresse un sourire à la blonde avant de regarder mon ventre pendant quelques secondes. « Pourquoi tu me demandes ca ? »
Installée dans la voiture d'Arrow, en direction le marché fermier, j'entends celle que je considère comme une tante m'indiquer que son enfant a réalisé un dessin à mon attention. Ravie, je promets l'accrocher dans ma chambre, touchée de ce geste émis par Liam à mon égard. Mes traits empruntent par la suite une mine rassurée lorsque la vétérinaire m'apprend que les incendies qui ravagent notre pays sont de plus en plus sous contrôle. « Oui, c’est sûr que c’est bien rassurant, on a déjà perdu assez d’animaux avec tout ça. » J'acquiesce, sensible à cette tragédie. Je n'aurais jamais pu m'appliquer à une profession où l'on côtoie les maux et la douleur comme la Jacobs le faisait. Ça me dévasterait d'être en permanence confrontée à la souffrance, sans compter que jamais je ne serais capable de poser le moindre soin à un être vivant affaibli de peur de lui causer encore plus de mal. Je n'avais pas les tripes nécessaires pour endosser un tel métier, puis la gastronomie avait toujours composé ma passion. Depuis mon enfance, je désirais devenir une grande cheffe cuisinière. Intégrer la brigade de L'Interlude me paraissait telle une opportunité en or pour me rapprocher de mon rêve, ce que j'expliquais avec grand enthousiasme à mon interlocutrice. « C’est génial ça El, je suis contente que tu ai trouvé quelque chose te plaise tu sais. Mais j’avais aucun doute que tu finirais par trouver. » Je conservais un sourire heureux, fière du chemin que j'avais parcouru et aussi ambitieuse qu'impatiente pour la suite de ma carrière. D'ailleurs, j'essayais de grossir le rangs de mes cobayes dans les personnes d'Arrow et Liam... « Si tu veux, je pourrais te cuisiner quelque chose de la carte de L'Interlude pour ce soir ? Ou pour toi et Liam ? » « Tout ce que tu veux ma belle, ça serait avec grand plaisir. Liam et moi on peut même te servir de cobayes autant que tu veux pour de nouvelle recettes. » Manifestement, la jeune maman avait lu dans mes pensées. Je gardais une mine radieuse en sortant de la voiture, excitée de partager ma passion avec deux des personnes chères à ma vie. « Qu'est-ce que vous aimez comme aliment ? Non, non, attends, c'est quoi votre aliment préféré à tous les deux ?! » J'interrogeais, excitée comme une puce, me défiant de leur concocter un plat français qui leur serait mémorable - dans le bon sens du terme -, tout en respectant le régime végan que suivait la vingtenaire.
Sortie de la voiture, paniers en main, nous nous dirigeâmes vers les différents stands. A mesure que nous passions devant les vendeurs, mes songes vagabondèrent vers une question qui me taraudait depuis toujours et ces derniers temps, de plus en plus : l'amour et plus particulièrement, comment sait-on qu'on l'a trouvé. Avec l'accord d'Arrow, j'essayais d'en découvrir davantage grâce à son expérience. Néanmoins, son « Oh… » n'augurait pas une réponse aisée de sa part. Je conserve le silence, patiente et polie, n'osant pas brusquer la jeune femme dans sa réflexion. Alors que je m'apprêtais à lui assurer qu'elle n'était pas obligée de me répondre, craignant de l'obliger à ressasser des mauvais souvenirs et de peiner la vétérinaire, cette dernière pris la parole : « Je… J’étais bien avec lui. Je me sentais en sécurité. Quand il n’était pas là il me manquait. Avec lui je n’ai jamais eu l’impression de devoir forcer quoi que ce soit tu sais, c’était simple, facile et j’avais l’impression… J’avais l’impression de vivre un peu sur un nuage. Bien sur ce n'était pas tout rose tous le temps, mais la plupart du temps je me sentais bien. Ton oncle n’est pas l’homme le plus romantique du monde, mais il a toujours su me faire rire, me faire sourire. J’ai toujours eu l’impression que ma place était à ses côtés. J’ai jamais aimé quelqu’un autant que je l’aime tu sais. » J'observais la surfeuse, à la fois admirative et rêveuse. Il n'y avait pas vraiment de notion de coup de foudre ou de passion dans son récit, mais un sentiment d'appartenance et de naturel que je trouvais magnifique. Puis, à l'entendre, Josh détenait un réel talent pour la rendre heureuse. « Est-ce que tu as toujours été qu'amoureuse de lui ? Ou vous étiez qu'amis au début ? » Autrement dit, est-ce qu'il est possible de passer d'ami à amant ? L'inverse est-il envisageable également ? Est-ce qu'on peut être ami avec quelqu'un pendant des années avant que des sentiments de nature romantique ne se développent ? Ou la fameuse friend zone est-elle si intransigeante ? « Pourquoi tu me demandes ça ? » J'inspire profondément, et hoche une épaule timidement. « Je me demandais juste si l'amour ne fonctionnait que par coup de foudre... » S'il était nécessaire que le hasard fasse bien les choses pour tomber sur la personne qui nous était destinée et si on la manquait, nous étions voués à demeurer tristement esseulés. « Il y a des gens, ils sont toujours en couple. Ils trouvent chaussure à leur pied, puis quelques mois plus tard finalement ça leur convient plus, alors ils rompent et pouf, quelques semaines plus tard, de nouveau en couple ! Un succès dingue... » J'explique, impressionnée - et inavouablement jalouse - par ce phénomène, moi qui était incapable de trouver le moindre soulier susceptible de me seoir. « Comment ils font, pour aimer et être aimé si facilement ? » Je me questionne, intriguée et touchée de ne détenir cette facilité déconcertante à me dénicher un petit ami digne de ce nom. « Est-ce que tu crois qu'ils ont à chaque fois un coup de foudre ? Ou c'est juste des gens qu'ils aiment bien comme ça et ils pensent qu'ils vont tomber amoureux à force ? Est-ce que tu crois qu'on peut tomber amoureux à force d'être avec quelqu'un ? Est-ce qu'ils essaient avec n'importe qui jusqu'à tomber sur la bonne personne ? » Je marque une pause, me rendant compte que cela faisait beaucoup de questions d'un coup pour Arrow. Je laissais filer un rire nerveux. « Enfin, désolée, ça fait beaucoup de questions bêtes de ma part... On peut parler d'autres choses plutôt, si tu veux... Ce serait peut-être mieux. » Je me défilais, le rose me montant progressivement aux joues, embarrassée de m'être tant étendue sur le sujet, bien que ce dernier me tenait férocement à cœur.
Je n’ai jamais douté un seul instant d’Elia, du fait qu’elle finirait par trouver sa voie, par trouver un métier qui lui plairait, et au final j’avais eu raison. La voilà maintenant dans une cuisine d’un grand restaurant, sûrement à donner tout ce qu’elle a pour faire ses marques et pour épater tout le monde comme je sais qu’elle en est capable. Même si Elia n’a jamais eu une mère très présente pour elle et qui ne l’a jamais trop supporté dans ces choix, je tente de remplacer un peu cela, de la pousser à suivre ses rêves tout comme je le fais avec Liam. Avec Elia notre relation a toujours été facile, nous avons confiance l’une en l’autre et elle peut se confier à moi tout comme je sais que je n’ai pas à prendre des pincettes avec elle. Je sais que c’est une gamine forte et qu’elle tient de son père pour cela. « Qu'est-ce que vous aimez comme aliment ? Non, non, attends, c'est quoi votre aliment préféré à tous les deux ?! » Je réfléchis quelques secondes, mais quand j’y pense nous aimons à peu près tout Liam et moi. Il n’a jamais été un gamin compliqué et à part quelques légumes, il mange absolument de tout. « Tu sais que pour un gamin de huit ans son plat préféré c’est toujours les pates. » Je ris avant de tourner la tête vers Elia. « Non sérieusement, tout ce que tu veux sauf petits-pois et épinard, on aime pas trop ca. » Je lui adresse un sourire.
Alors que nous marchons tranquillement à travers les stands du marché, j’écoute ma nièce me questionner sur Josh. Comment est-ce que j’ai su que je l’aimais, qu’il était l’homme avec qui je voulais passer ma vie, mais qui pourtant aujourd’hui n’en fait plus partie. De repenser à tout cela me donne un légèrement pincement au cœur et me fait penser au temps ou les choses étaient plus simple entre nous, ou tout ce que je me demandais c’était ce que j’allais faire à manger pour le soir même. Je réponds alors avec attention à la réponse de la blondinette. « Est-ce que tu as toujours été qu'amoureuse de lui ? Ou vous étiez qu'amis au début ? » Cette question me fait sourire. Lorsque j’ai rencontré Joshua pour la première fois j’avais douze ans, j’étais terrifié de débarqué dans une famille dont je ne connaissais rien et qui m’a pourtant accepter comme l’une des leurs. « Non pas toujours. Quand j’ai rencontré ton oncle j’avais 12 ans tu sais. J’avais passé un an en foyer. A l’époque il était juste le meilleur ami de Noa, rien de vraiment plus, j’étais trop jeune. » J’étais trop jeune et j’avais surtout vécu des choses trop marquante pour penser à ce genre de chose. Mes parents biologiques avaient perdu la vie à peine un an plutôt et j’avais subi des attouchements dont personne n’a jamais été au courant. Je secoue alors la tête pour ne pas penser à ses souvenirs douloureux. « J’étais que la gamine d’à côté à ses yeux, mais il a toujours été adorable avec moi, dès le début. Je suppose que c’est ce qui a fait que je suis tombé amoureuse de lui 4 ans plus tard… » Je lui adresse un sourire.
Je me demande pourquoi Elia me demande tout cela, pourquoi tout d’un coup elle veux savoir les détails de mon histoire avec Josh. A-t-elle rencontré quelqu’un ? Est-elle amoureuse ? A son âge je me mariais avec Josh après tout. « Je me demandais juste si l'amour ne fonctionnait que par coup de foudre... » Elle a encore cette innoncente de fin d’adolescence et cela me fait tendrement sourire. Je crois sincèrement que dans une relation il faut travailler, il faut faire des sacrifice, il faut parler, discuter et ne jamais se fermer à l’autre. Et il ne faut surtout jamais cacher des choses ou mentir… Comme l’avait fait Josh. « Il y a des gens, ils sont toujours en couple. Ils trouvent chaussure à leur pied, puis quelques mois plus tard finalement ça leur convient plus, alors ils rompent et pouf, quelques semaines plus tard, de nouveau en couple ! Un succès dingue... Comment ils font, pour aimer et être aimé si facilement ? » J’hausse les épaules. « Ca je sais pas. Tout le monde est différent tu sais. » Pour ma part, je ne pense pas pouvoir aimer un jour quelqu’un d’autre que Josh. « Est-ce que tu crois qu'ils ont à chaque fois un coup de foudre ? Ou c'est juste des gens qu'ils aiment bien comme ça et ils pensent qu'ils vont tomber amoureux à force ? Est-ce que tu crois qu'on peut tomber amoureux à force d'être avec quelqu'un ? Est-ce qu'ils essaient avec n'importe qui jusqu'à tomber sur la bonne personne ? Enfin, désolée, ça fait beaucoup de questions bêtes de ma part... On peut parler d'autres choses plutôt, si tu veux... Ce serait peut-être mieux. » « Ce n’est pas bête du tout ma belle. C’est normalement que tu te poses des questions tu sais. » je lui adresse un sourire et viens replacer une de ses mèches blonde derrière son oreille. « Mais je pense que ca dépend si tu y crois tu sais. Certaines personnes pensent que l’amour marche par coup de foudre, qu’il n’y a qu’une seule personne pour chacun. D’autres… » J’hésite quelques secondes. « D’autres, comme moi, pense que l’amour ca prends du temps, que ca demande du travail et que ce n’est pas facile tous les jours. Je pense qu’il faut connaitre une personne pour tomber amoureux, que c’est en découvrant quelqu’un que l’on se rend compte de ces petits côtés que l’on veut avoir près de soi tout le temps. C’est en passant du temps avec ton oncle que je suis tombé amoureuse de lui. Pour certains c’est rapide et pour d’autres cela prend plus de temps. » Je fini par m’arrêter et venir me placer face à la blonde. « Est ce qu’il y a quelqu’un dans ta vie pour que tu poses toutes ces questions ? »
J'étais ravie qu'Arrow m'autorise à lui concocter des plats ainsi qu'à son fils. Excitée, regorgeant d'entrain, je m'intéressais déjà à leurs aliments favoris, m'adressant le challenge de les utiliser pour produire le repas le plus savoureux que mes proches aient jamais goûté. Certes, j'avais conscience être très ambitieuse sur ce coup-là, mais je désirais vraiment me donner des objectifs d'envergure de manière à me surpasser. « Tu sais que pour un gamin de huit ans son plat préféré c’est toujours les pâtes. » J'acquiesçais, sérieuse : des pâtes en base, c'était noté. « Non sérieusement, tout ce que tu veux sauf petits pois et épinard, on aime pas trop ça. » Un large sourire s'affichait sur mon minois, trépignant d'impatience de me mettre aux fourneaux pour la maman et son fils. « Super ! J'ferai ça ! Vous allez vous régaler ! » Je promettais avec joie.
Nous nous avancions dans le marché fermier et songeuse, le thème qui me taraudait et occupait mes esprits fréquemment ces derniers temps resurgit : l'amour. Je me questionnais beaucoup à ce sujet et ces derniers mois encore plus qu'à l'accoutumée. En septembre, je passerai le cap des vingt-deux ans et je commençais sincèrement à me demander ce que je faisais de mal pour n'avoir jamais été en couple. Les jeunes de mon âge ont déjà eu de nombreuses expériences quand mon tableau demeurait impeccablement vierge. Bien sûr, je n'en parlais à personne, honteuse, mais je me questionnais si je m'y prenais pas mal avec les garçons, ou si ma vision des choses était tout simplement incompatible avec la vérité. Il me fallait sortir le nez de mes romans à l'eau de rose et demander une connaisseuse sur le réel : Arrow. Puis, j'avais entièrement confiance en l'australienne que je considérais comme ma tante et par sa nature et je soupçonnais qu'on recherchait les mêmes choses dans la vie. Nous n'étions pas des femmes volages. Il n'y avait pas beaucoup de personnes à part elle avec qui je m'autorisais à aborder ce sujet. « Non pas toujours. Quand j’ai rencontré ton oncle j’avais 12 ans tu sais. J’avais passé un an en foyer. A l’époque il était juste le meilleur ami de Noa, rien de vraiment plus, j’étais trop jeune. » Un fin sourire étirait mes lèvres. J'imaginais mon oncle Josh et Arrow à cet âge-là et ce qu'ils pouvaient bien vivre à cette époque. Je remarquais mon interlocutrice secouer la tête et l'observais avec interrogation. « J’étais que la gamine d’à côté à ses yeux, mais il a toujours été adorable avec moi, dès le début. Je suppose que c’est ce qui a fait que je suis tombée amoureuse de lui 4 ans plus tard… » « Quatre ans plus tard ! » Je m'exclamais, épatée par la durée que l'amour avait pris pour naître. Je fronçais les sourcils, confuse. Une relation pouvait-elle évoluer de la sorte aussi chez les adultes ? Est-ce que les sentiments qu'Arrow vouait à Josh étaient devenus amoureux quatre ans après leur rencontre parce que douze ans était trop jeune pour vraiment aimer ? « Est-ce qu'oncle Josh t'a aimée aussi quatre ans plus tard ? » Je demandais, comme si l'âge des seize ans était magique et ouvrait la voie vers l'amour.
Mon interlocutrice s'interroge sur la source de mes questions et légèrement embarrassée, je lui confie que je me demandais si l'amour ne fonctionnait pas que par coup de foudre. Je lui exposais ma vision des choses, mon étude, ce phénomène des personnes qui se remplacent si facilement, qui forment des couples pour mieux se séparer et reprendre une histoire avec un autre. Ces méli-mélos amoureux me perturbaient, je n'étais pas quelqu'un qui donnait ma confiance facilement et j'étais très pudique. Je m'imaginais mal butiner comme le faisait beaucoup de gens de mon âge de ma connaissance pour trouver chaussure à mon pied. Puis, je ne pensais pas en avoir la possibilité non plus... Mes amis avaient un succès fou, l'amour paraissait si simple pour eux. Manquais-je simplement d'audace ? « Ça je sais pas. Tout le monde est différent tu sais. » Un rictus triste apparut momentanément sur mon portrait. Arrow avait raison : tout le monde était différent. Mais qu'est-ce qu'il pouvait être difficile d'assumer sa différence.
Je ne démordais pas de ma notion de coup de foudre. Il fallait bien une forte attirance pour débuter une histoire, non ? Il devait bien y avoir de l'amour, au milieu de ces histoires ? Étais-je trop romantique ? L'amour était-il qu'un rêve, un mythe ? Comment faisaient les gens pour s'épanouir à deux ? Ça semblait un jeu d'enfants, pourtant, toutes les règles m'échappaient. Je m'excusais d'interroger avec tant de véhémence la Jacobs qui se montrait derechef compréhensive. « Ce n’est pas bête du tout ma belle. C’est normalement que tu te poses des questions tu sais. » Je soupirais de soulagement, retrouvant un discret sourire. « Mais je pense que ça dépend si tu y crois tu sais. Certaines personnes pensent que l’amour marche par coup de foudre, qu’il n’y a qu’une seule personne pour chacun. D’autres, comme moi, pense que l’amour ça prend du temps, que ça demande du travail et que ce n’est pas facile tous les jours. Je pense qu’il faut connaitre une personne pour tomber amoureux, que c’est en découvrant quelqu’un que l’on se rend compte de ces petits côtés que l’on veut avoir près de soi tout le temps. C’est en passant du temps avec ton oncle que je suis tombée amoureuse de lui. Pour certains c’est rapide et pour d’autres cela prend plus de temps. » Les explications de la jeune maman était censées. Pour développer de l'affection, nous nous devons de connaître la personne et voir si elle nous correspond. Cependant, qu'en était-il de l'attirance ? Qu'en étaient-ils des fameux crushs ? Est-ce qu'ils n'étaient que des folies ? « Tu n'as jamais eu de crush ? » Je ne savais plus sur quel pied danser, si j'étais toquée de tomber amoureuse facilement - si encore je tombais réellement amoureuse -, si j'avais une chance de trouver mon prince charmant un jour sur cette planète. Je soufflais discrètement, dépitée. « Est ce qu’il y a quelqu’un dans ta vie pour que tu poses toutes ces questions ? » Je haussais une épaule, résignée. « Oui et non. C'est l'homme parfait à mes yeux, on se connaît depuis toujours, mais lui, il me voit comme sa petite sœur. » Encore plus brutal que la friends zone. « Je pense que je vais finir seule avec des chats. » J'annonçais, avec une petite dose d'humour, bien que mon appréhension de terminer vieille fille et de n'avoir jamais connu l'amour était bien réelle. « J'ai quelques idées de prénoms... » Je me consolais, forte de caractère malgré tout. Je n'étais pas du genre à me laisser abattre, mon père m'avait appris à être forte et ne pas m’apitoyer sur mon sort. Il y avait toujours du positif à chaque situation et manière à en reprendre le contrôle. « Tu voulais acheter quoi d'autres ? » J'interroge en démontrant du menton le panier contenant quelques légumes autour du bras de la vingtenaire.
Je ne dis jamais non à de la bonne nourriture, surtout lorsqu’on me le propose comme cela, et je sais bien que Liam est exactement pareil. Lui et moi nous ressemblions beaucoup sur ce point-là, nous sommes tous les deux très gourmands et à part certaines choses rares, nous mangeons de tout. Alors être le cobaye d’Elia dans ses tests culinaire ne me pose aucun problème, surtout que je sais qu’elle est vraiment douée et qu’elle cuisine toujours de bonnes choses. « Super ! J'ferai ça ! Vous allez vous régaler ! » me dit Elia qui semble soudain trépigner d’impatience et cela me fait rire légèrement. Je lui adresse un tendre sourire. « Ca je n’en doute absolument pas tu sais. J’ai déjà hâte de goûter tout ca. »
Arrivé sur le marché, j’attrape le bras de la blondinette et commence à me frayer un chemin à travers les stands. Ma nièce, parce qu’à mes yeux elle sera toujours ma nièce, commence alors à me questionner sur l’amour, sur Josh et même si je ne sais pas vraiment si je suis là mieux placer pour répondre, je tente de le faire. Je sais bien que sur ce genre de sujet elle ne demandera sûrement pas à sa mère, et je suppose que d’en parler avec Josh est différent. Elle a sûrement besoin d’une voix féminine, d’un avis de quelqu’un du même sexe qu’elle. Alors je lui parle un peu de notre histoire, et si cela me rend heureuse de parler de tout ca, c’est également difficile et un peu douloureux. Josh n’est jamais sorti de ma tête. Si il a fallu quatre ans pour que je me rende compte qu’il était l’homme de ma vie quand j’avais seize ans, je n’ai pas la moindre envie que cela me prenne quatre ans pour lui avouer que je l’aime toujours. « Quatre ans plus tard ! » Je lui adresse un petit sourire, un peu triste. Il me manque, et parler de lui me le rappel une fois de plus. L’amour ce n’est pas simple, ce n’est pas comme cocher une case sur un papier, ca demande des efforts, des concession, des sacrifices, et pourtant avec Josh je n’ai jamais eu l’impression de devoir trop changer. Entre nous les choses avaient toujours bien marché, jusqu’à ce mensonge, cette histoire et tout mon monde s’est effondré sans que je n’arrive à le sauver. « Est-ce qu'oncle Josh t'a aimée aussi quatre ans plus tard ? » « Je pense oui, sinon on ne se serait jamais mis ensemble. » Josh est plus âgé que moi, c’est le meilleur ami de Noa et cela a bien compliqué les choses au début, mais au final ces ‘obstacles’ n’ont pas été pénible très longtemps. « Pour avoir sa version, je crois que c’est à lui qu’il faut que tu poses la question tu sais. » Je lui souris tendrement.
Et elle me parle de coup de foudre, d’amour instantané et cela me fait sourire. Je ne crois pas au coup de foudre, pas vraiment du moins, mais je pense qu’il y a des personnes qui sont mieux faites pour aller les unes avec les autres. « Tu n'as jamais eu de crush ? » Sa question me fait sourire doucement. Pour moi l’adolescence a été une période difficile, pleine de doutes, de peurs. J’ai débarqué à douze ans dans une famille totalement inconnue, après avoir passé un an en foyer et avoir subi des choses dont je n’ai jamais parlé. Il m’a fallu du temps pour m’adapter, pour guérir l’anorexie que j’ai développé jeune. Mais tout cela, Elia l’ignore, elle ne connaît pas vraiment ce côté de ma vie dont je ne parle pas vraiment. Elle était trop jeune pour savoir ce genre de choses jusqu’à maintenant et je n’aime pas vraiment en parler. « Pas vraiment non… Mais tu sais j’ai eu une adolescence… Compliqué. Il m’a fallu du temps pour faire confiance aux gens, pour être prête pour ce genre de choses. Josh a… » Je cherche mes mots. « Lui et ma sœur sont l’une des raisons pour lesquels je m’en suis sortie. C’est grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui. Ton oncle m’a fait découvrir ce que c’est d’être amoureuse, de vouloir passer ma vie avec quelqu’un, de vouloir une famille à moi, d’accepter qui je suis et comment je suis. » Josh et Noa ont changé ma vie, pour le meilleur.
C’est à mon tour de devenir curieuse, de me demander pourquoi la blondinette me demande tout cela. Serait-elle amoureuse ? Y aurait-il quelqu’un qui fait battre son cœur de jeune adulte. L’idée me donne envie de la protéger, de rencontrer ce jeune homme, ou cette jeune femme, pour être sûr qu’Elia n’en souffre pas. Elle est comme une petite sœur pour moi, une fille alors je ne veux pas qu’elle tombe sur quelqu’un de malhonnête. « Oui et non. C'est l'homme parfait à mes yeux, on se connaît depuis toujours, mais lui, il me voit comme sa petite sœur. Je pense que je vais finir seule avec des chats. » Je secoue la tête, réfléchissant un peu aux amis que je connais dans la vie d’Elia, mais personne ne me vient en tête. « Tu ne finiras pas seule Elia, tu es une jeune femme formidable, tu trouveras quelqu’un qui t’aime à ta juste valeur. » J’embrasse sa joue. « Et si ce jeune homme ne t’aime pas de la même manière, peut être que ce n’est juste pas le bon moment, ou la bonne personne. » Je lui adresse un sourire tendre.
« J'ai quelques idées de prénoms... » qu’elle me dit, changeant complètement de sujet. C’est bien Elia ca. Cela me fait doucement rire et je pose ma main sur mon ventre. « Ah oui ? Dis moi tout. » Je suis toujours ouverte à des idées de prénoms, après tout Josh et moi n’avons encore rien défini. « Tu voulais acheter quoi d'autres ? » Je secoue la tête. « Non, on peut rentrer. » Et je reprends le chemin de la voiture avec elle.
Je pétille de bonheur comme d'impatience à l'idée de concocter un plat sur mesure à Arrow et Liam. J'étais passionnée de cuisine depuis mon enfance et ambitieuse comme joueuse, j'adorais me lancer des défis de toutes sortes. Certes, je finissais d'humeur massacrante lorsque je ne parvenais pas à atteindre ou surpasser la barre que je m'étais fixée, dotée d'un tempérament compétiteur et perfectionniste, mais je mettais tout en application pour réussir en tant que chef cuisinier et également en tant que personne. Je ne tenais pas spécialement à me métamorphoser en mégère. « Ça je n’en doute absolument pas tu sais. J’ai déjà hâte de goûter tout ça. » Les propos de la jeune maman eurent l'effet d’agrandir encore davantage mon sourire si cela était possible, accueillant ses encouragements avec félicité et reconnaissance. Malheureusement, je ne me sentais pas soutenue de la même manière par ma mère, qui me paraissait toujours à côté de la plaque en ce qui concernait mon existence ou mes aspirations.
Curieuse et soucieuse, j'interroge Arrow sur l'amour. Bien vite, je m'enflamme sur le sujet, assaillant mon interlocutrice de nombreuses interrogations. Patiente, la vingtenaire me relate son expérience avec mon oncle et je bois avidement ses paroles, réagissant sur certains éléments, comme le fait que cela avait pris quatre ans pour que la Jacobs éprouve des sentiments amoureux et les révèle au principal intéressé, qui, selon elle, devait probablement être au même stade. « Pour avoir sa version, je crois que c’est à lui qu’il faut que tu poses la question tu sais. » Je hoche la tête, agréant avec ses paroles, bien que secouée par le fait qu'il leur ai fallu quatre ans pour démarrer leur romance. Je priais pour ne pas attendre si longtemps, même si pour moi cela en valait le coup pour Josh et Arrow. Bien qu'ils soient actuellement séparés, j'avais toujours espoir qu'ils se remettent ensemble car à mes yeux, ils étaient des âmes sœurs.
J'évoque le sujet du coup de foudre et me désole un peu que l'australienne n'y croit pas. Aussi, elle n'a même jamais eu de crush ! Inconcevable à mes oreilles. « Pas vraiment non… Mais tu sais j’ai eu une adolescence… Compliquée. Il m’a fallu du temps pour faire confiance aux gens, pour être prête pour ce genre de choses. Josh a… Lui et ma sœur sont l’une des raisons pour lesquels je m’en suis sortie. C’est grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui. Ton oncle m’a fait découvrir ce que c’est d’être amoureuse, de vouloir passer ma vie avec quelqu’un, de vouloir une famille à moi, d’accepter qui je suis et comment je suis. » Je pose un regard compréhensif et bienveillant sur la jeune femme. Je lisais entre les lignes de ses explications que son adolescence avait dû être beaucoup plus rude que la mienne et ça m'attristait considérablement qu'une personne comme Arrow ait tant eu à souffrir. « Est-ce que t'as déjà aimé quelqu'un d'autre ? » J'ose questionner.
La vingtenaire me demande le moteur derrière toutes mes questions et si je suis amoureuse. Je lui explique qu'il y a bien un homme sur lequel j'ai des vues mais que cette relation semble vouée à n'être qu'amicale. Désespérée, j'essaie de me faire à l'idée de terminer vieille fille avec des chats pour seule compagnie. « Tu ne finiras pas seule Elia, tu es une jeune femme formidable, tu trouveras quelqu’un qui t’aimes à ta juste valeur. » me rassure Arrow en m'embrassant affectueusement la joue. « Et si ce jeune homme ne t’aime pas de la même manière, peut être que ce n’est juste pas le bon moment, ou la bonne personne. » J'acquiesce, entendant toute la logique et vérité dans le constat de mon interlocutrice. « C'est juste compliqué d'attendre et de voir tout le monde être heureux, amoureux, faire sa vie pendant que je reste sur le carreau et ai personne à l'horizon. » Un rictus étire mes lippes, avant que je n'ajoute : « Ça ne devrait pas exister, l'amour à sens unique. »
« Ah oui ? Dis moi tout. » m'invite Arrow lorsque je lui annonce avoir quelques idées de prénoms. Je souris, malicieuse, jouant avec le suspens : « J'vais tous te les dire en même temps plus tard... » Je conserve un sourire facétieux et acquiesce lorsque la vétérinaire m'indique qu'elle avait tout ce qui lui fallait du marché. « Ok, on rentre alors ! » J'annonce de bonne humeur, reprenant le chemin vers le véhicule.
Avec Elia j’ai toujours eu l’impression de faire partie de la famille, de faire partie de ce petit groupe de gens qui sont important à mes yeux. Si mes relations avec May, sa mère, ont toujours été assez compliquées et tendues parce qu’elle ne me porte pas dans son cœur, ma relation avec Elia en est bien l’inverse. Je ferais tout pour la jeune blonde qui a toujours été un peu comme une fille à mes yeux et j’ai été vraiment soulagé de voir que même après mon divorce avec Josh elle a continué de me voir comme sa tante et non comme quelqu’un qui a fait du mal à son oncle. J’ai fait du mal à Josh, c’est vrai, notre relation amoureuse s’est brisée mais si cela a brisé le cœur du brun, ca a également briser le mien. Depuis notre divorce il n’y a pas un seul jour où je ne pense pas à lui, ou je ne me dis pas que notre rupture a été une erreur parce que je l’aime toujours. Je sais bien que j’y suis pour beaucoup de ce qui s’est passé entre nous, mais lui aussi a des torts. Alors parler de lui avec Elia me brise un peu le cœur, mais me fait également du bien parce que cela me permet de penser au temps ou tout était plus simple. Je m’ouvre un peu à la blondinette, je le dis qu’il n’y a toujours eu que Joshua dans ma vie et qu'à travers mon adolescence compliquée il m’a énormément aidé. « Est-ce que t'as déjà aimé quelqu'un d'autre ? » Je lui adresse un sourire tendrement avant de secouer la tête. Il n’y a toujours eu que Josh, il est et restera toujours l’amour de ma vie et je ne me vois pas vraiment avec quelqu’un d’autre un jour. Et je me doute au fond si Josh lui a trouvé quelqu’un, si lui a déjà retrouvé l’amour et qu’il m’a oublié. « Non, jamais. »
Je la questionne alors à mon tour sur les raisons de toutes ces questions qu’elle me pose à propos de l’amour. Je me doute un peu de la réponse, du fait que quelqu’un fait battre son cœur de jeune adulte et lorsqu’elle m’en parle un peu, je l’écoute avec attention. « C'est juste compliqué d'attendre et de voir tout le monde être heureux, amoureux, faire sa vie pendant que je reste sur le carreau et ai personne à l'horizon. » Je serre doucement sa main. « Je sais, crois moi ma belle. » Parce que oui, mes amis sont heureux, en couple pour la plus part et moi je me retrouve divorcé, enceinte de mon ex-mari que je n’arrive pas à oublier. Je ne dirais pas que je suis malheureuse, pas vraiment, mais je ne sais pas vraiment comment construire ma vie sans lui. « Ça ne devrait pas exister, l'amour à sens unique. » Je lui adresse un sourire tendre. « Je sais, mais tu finiras par trouver quelqu’un qui te correspond, j’en suis certaines. »
Nous parlons un peu du bébé qui grandi en moi et lorsqu’elle m’annonce avoir des idées de prénoms, ma main vient se poser sur mon ventre arrondi. « J'vais tous te les dire en même temps plus tard... » J’hoche la tête alors que nous prenons la direction de la voiture. « Ok, on rentre alors ! »
Il nous faut une petite demi-heure de voiture avant que je ne me gare devant la maison ou je vis depuis mon divorce. Je me gare et récupère les courses que je vais ranger avant de me tourner à nouveau vers la blonde. « Va enfiler ton maillot, je vais nous faire du smoothie puis j’irais enfiler le mien. » Si je rentre encore dedans… Parce que je n’ai pas vraiment pensé à cela je dois bien l’avouer.