Eireen en apprenait un peu plus sur Madison et les non-relations qu'elle avait pu avoir avec des hommes. Elle était plus sage que l'irlandaise. Parce que depuis qu'elle s'était séparée de Camael, elle avait quelque peu enchaîné les relations d'un soir sans chercher plus loin à dire vrai. Parce que ... Parce qu'elle n'avait pas tourné la page totalement. Et parce qu'elle avait envie de s'amuser. Et de papillonner à droite et à gauche. Alors oui, quand elle rencontrerait quelqu'un qui en valait la peine, oui, elle ferait des efforts. Et elle redeviendrait la gentille petite fille sage qu'elle était auparavant. Mais selon elle, ce n'était pas demain la veille, pour sûr. Enfin, comme on le dit si souvent, ne jamais dire jamais. "C'est moche je trouve ... J'étais comme toi. Avant Camael. Maintenant, j'en profite. J'devrais peut-être pas mais bon." C'était comme ça. Elle n'y pouvait pas grand chose. En tout cas, Madison lui expliquait qu'elle était comme Eireen. Ou du moins, qu'elle avait pensé la même chose qu'elle. D'abord la carrière. Ensuite un homme. Mais elle s'était tellement concentrée sur son boulot qu'elle ne pensait pas à se trouver quelqu'un. Ou bien qu'elle pourrait se trouver quelqu'un ... mais ça aurait un rapport avec son boulot et ça ne serait pas une bonne chose du tout. Eireen fronça quelque peu des sourcils. Elle avait l'impression que Madison savait de quoi elle parlait. Qu'elle avait un vécu dans ce domaine là. "C'est ce qui t'es arrivé ? T'as fait une fixette sur un de tes clients ?" avait-elle fini par lui poser la question. La question qui tue, en quelque sorte. Question qui était peut-être un poil trop personnelle. Mais peut-être que Madison ne voudrait pas lui répondre. Qu'elle allait l'envoyer sur les roses. Qu'importe. Elle avait tenté le coup quand même. Elles parlèrent de l'estomac d'Eireen. Les chewing-gum, pas son fort. Les escargots, jamais essayé et elle ne savait pas si elle essayerait d'ailleurs. C'était visqueux. Et ça ne donnait pas vraiment envie. Du tout même. Elle lui raconterait cette petite mésaventure qu'elle avait eu ... avec un citron au restaurant. "Ouais. Mais j'aurais le temps de te raconter tout ça." Parce que l'avion était en train de décoller et que Eireen était légèrement en mode flipette. Pas très longtemps. Parce qu'elle avait fini par s'endormir.

Arrivées sur Paris, elles avaient donc emprunté un taxi qui les avait menées jusqu'à l'hôtel. Un sacré hôtel d'ailleurs. C'était grand. C'était immense. La chambre était juste à tomber. Elle était ... luxueuse. Elle était sympathique. La vue était géniale. Et encore, elles n'avaient pas tout vu. Oui. Eireen en avait plein la vue. Pour sûr. L'irlandaise avait déposé ses affaires et les bras écartés, elle s'était laissée tomber en arrière, sur le lit. Vachement confortablement également. "Tu sais ce qu'on dit ... On ne vit qu'une fois." Exit les sandales pour se retrouver nus pieds. Elle avait regardé le plafond durant quelques instants et avait fini par se retrouver sur le ventre. Sympa le lit, y'avait pas à dire. "Tu veux commencer par quoi ? On déballe nos affaires ou bien direction déjà les boutiques ?" avait fini par lui demander Eireen. Parce que oui, s'extasier sur leur chambre, c'était pas mal. Mais elles n'étaient pas là que pour cela non plus.

Camael et elle ? C'était fini, certes. Mais elle l'aidait. Avec sa cure de désintox. Elle essayait de l'aider pour qu'il arrête de boire. Et honnêtement, elle avait peur. Elle avait peur que ça ne l'aide pas. Que ça l'enfonce au contraire. Elle avait peur que ça réveille des choses entre eux. Des choses auxquelles elle n'avait pas spécialement envie de revenir. Alors oui, Eireen était un peu paumée en ce moment. Peut-être que ce petit séjour à l'étranger, ces vacances allaient lui permettre de faire le point. Et de tourner la page, une bonne fois pour toute. Ouais, fallait espérer. "Mouais ... sans doute que tu as raison." s'était-elle contentée de répondre. Peut-être qu'elle devait tester, ouais. A voir. En tout cas, à ce que Eireen avait compris, Madison avait commis l'ultime escroquerie, si on peut dire cela comme ça. Enfin, c'était pas vraiment une escroquerie. Mais elle était tombée sous le charme d'un de ses clients. Et ça, c'était moche. Très moche. Alors oui, Eireen avait eu une grimace sur le visage. Elle secoua la tête. "C'est moche." Et encore plus moche de savoir qu'elle devait s'occuper de lui, de son mariage. "J'parie que ça doit pas être évident à vivre." Du tout même. Le voir. Sans pouvoir le toucher, ou bien lui dire qu'elle avait un faible pour lui. Etre à ses côtés, mais ne rien pouvoir tenter. Sentir son parfum, regarder ses lèvres et se demander s'il embrassait bien, sans pouvoir le vérifier. "Il est au courant que t'as un faible pour lui ? Ou tu fais comme si tu n'éprouvais rien ?" A sa place, Eireen serait folle mine de rien. Mais elle n'était pas à sa place. Une chance pour Eireen mine de rien. Elle ne voulait même pas penser à ce qu'elle ressentirait, à ce qu'elle pouvait éprouver si elle était dans une telle situation.

En tout cas, cet hôtel, cette chambre, c'était de la balle à dire vrai. Y'avait pas à dire. Maintenant, restait à savoir si elles allaient en profiter un peu en se reposant. Ou si elles allaient partir directement à l'assaut des boutiques. Elle laissait Madison choisir. Parce qu'après tout, c'était elle qui l'avait traînée jusqu'à Paris. Oh, bien sûr, Eireen aurait pu refuser. Mais qui refuserait des vacances à l'oeil ? Seul un fou ou une folle le ferait. Alors, son amie lui parla de Rivoli. Eireen ne savait pas du tout ce que c'était. Elle cligna des yeux, attendant une explication sur ce que c'était. Sans doute un grand centre commercial. Du moins, elle le supposait. "Okay ... Mais c'est quoi Rivoli ?" lui avait-elle demandé en la regardant. Elle avait ouvert sa valise. Histoire de récupérer une paire de sandales qui lui tenaient bien aux pieds et qui lui éviterait, également, d'avoir mal aux pieds. Parce qu'elle se doutait qu'elles n'allaient pas rentrer tout de suite après cela. Et qu'elles reviendraient avec, peut-être, les bras chargés de sac.

Eireen se mit à rire tandis que Madison lui disait qu'elle devrait peut-être embrasser un ou deux crapauds avant de trouver le bon. "Possible que je tombe effectivement sur une ou deux pommes pourries et que je finirais par trouver." Elle avait souri. Elle n'y croyait pas trop. Elle avait flirté à droite, à gauche cette année. Et elle n'avait pas trouvé chaussures à son pied. "Bah, de toute manière, c'est pas comme si le célibat m'embêtait. J'dirais pas que j'suis bien comme ça, mais j'suis pas malheureuse non plus." Papillonner à droite, à gauche, ça pouvait avoir ses avantages aussi. Enfin. En tout cas, Madison vivait une situation difficile. Des sentiments pour un de ses clients qui allait se marier, c'était la merde mine de rien. La grosse merde. Eireen espérait qu'elle échapperait à cela, quand elle serait devenue avocate. Bon, si elle était toute seule et si le mec n'était pas marié, ouais, ça serait pas gênant. Mais bon, elle évitait de se faire un film et de penser à cela. "Sinon, si ça devient trop dur pour toi, faudra songer à lui demander de ne plus venir pour organiser le mariage. Parce qu'après tout, normalement, c'est plutôt un truc de filles." Donc, que ça soit lui qui s'en occupe, c'était un peu louche selon Eireen. Sauf si c'était pour faire une surprise à sa fiancée. Alors là, ça changeait la donne, mais bon, c'était pas certain que ça soit le cas.

Rivoli, c'était un drôle de nom. Ca lui faisait penser à ravioli, mais elle se doutait que ça n'avait aucun rapport avec ces pâtes fourrées à la viande. Alors, Madison lui expliqua ce que c'était. Une rue commerçante. Avec plein de boutiques. Fringues, chaussures, sacs, bijoux. Tout pour se faire plaisir à dire vrai. Madison avait prévu tout un programme. D'abord le shopping. Peut-être dîner. Parce que ça serait sans doute l'heure du dîner. Et après, à voir. "Programme intéressant. Partons à l'assaut, alors, des boutiques de Paris." Ses chaussures plates aux pieds, Eireen avait fini par se redresser. Elle avait récupéré son plus petit sac. Sonc sac à main quoi. Un check rapide pour vérifier qu'elle avait tout et qu'elle n'avait rien oublié. Manquerait plus qu'elle ait pas sa CB avec elle et qu'elle puisse rien s'acheter. Ca serait con. Même très con. Alors, elle avait préféré vérifier avant. "Ouais, c'est bon, j'ai tout." Son téléphone également dans son sac, elle était fin prête. Elle avait fini par franchir la porte et Madison avait refermé derrière elle. Direction la rue. "Ah, au fait ... J't'ai jamais dit ... Mais j'suis pas trop fan des ascenseurs. Bon, quand on en a plein les bras, c'est pratique oui. Mais sinon, j'préfère les escaliers. Donc ... on s'rejoint en bas." lui avait-elle dit dans un clin d'oeil. Madison serait sûrement arrivée avant elle, sauf si l'ascenseur avait un peu de retard. Ou sauf si elle l'accompagnait. Mais bon, les escaliers, au moins, pas de risque de rester coincée. Sauf si elle faisait un faux pas et qu'elle se pétait la gueule. A espérer que ça n'arrive pas. Ca gâcherait les vacances sinon.

Le célibat, ça lui allait plutôt bien. Non pas qu'elle n'avait pas envie de se caser. Mais pas dans l'immédiat. Elle était plutôt bien comme ça. Ca lui permettait de faire connaissance à droite, à gauche. Ca lui permettait de vivre un peu. D'en profiter. Elle n'avait été qu'avec une seule personne durant si longtemps que ... Et bien, oui, maintenant, elle en profitait. C'était peut-être pas bien, elle le concevait. Elle faisait comme ces messieurs. Elle testait. Et elle jetait. C'était pas bien, oui. Mais c'était pas comme si elle changeait de partenaires toutes les semaines ou bien tous les jours. Non, c'était bien moins que cela. Et puis, depuis Aaron, elle s'était tenue à carreau. Ouais, ça faisait un petit moment qu'elle s'était pas envoyée en l'air avec quelqu'un. Bien quatre mois pratiquement. Ca ne lui manquait pas pour autant. Elle avait été pas mal occupée par ses examens. Ca aidait aussi. Enfin, passons. En tout cas, Eireen trouvait bizarre que ça soit un mec qui soit venu la voir pour les préparations du mariage. "Han, si ça se trouve, c'est un gay qui se marie par obligation pour faire taire les rumeurs sur lui." Elle haussa des épaules. "C'est simple au final de savoir. Tu lui fais du charme et tu vois s'il répond favorablement à tes avances ou pas." Pour Madison, y'avait peut-être d'autres explications. Le fait qu'il pouvait se marier par obligation, et non pas par envie. Ou alors, c'était pour faire une surprise à sa fiancée. "Pi'être. Mais ça cache quelque chose quand même. Va falloir que tu te renseignes avant de te faire des idées sur lui et de fantasmer surtout." Autant éviter qu'elle se fasse du mal pour rien.

Aller, shopping maintenant. Eireen lui avait avoué qu'elle n'était pas très copine avec les ascenseurs. Du tout. Elle détestait cela même. Madison lui fit une remarque concernant l'Infinity Tower. "J'ai fait un stage là-bas. Ca m'a pas dérangé de monter et descendre les escaliers. Ca m'a fait de jolies fesses." avait-elle dit dans un hochement de la tête. "Les jours où j'étais vraiment crevée, oui. J'ai pu emprunter les ascenseurs. Mais c'était rare." Elle préférait se taper les étages à pied. "D'ailleurs, j'aurais pris les escaliers au lieu de prendre l'ascenseur pour aller récupérer des documents, j'aurais pas croisé Camael. Et j'serais pas restée coincée avec lui. Et on n'aurait pas discuté non plus." Un mal pour un bien, non ? "A ti suite." Et hop, Eireen avait laissé Madison. Elle était descendue les escaliers, tranquillement, sans trop chercher non plus à se dépêcher, pour éviter de louper une marche et de se péter la gueule. Elle retrouva Madison qui l'attendait et qui lui expliquait la prochaine étape. "J'te suis." Elles avaient donc quitté l'hôtel, longeant la rue afin de rejoindre l'arrêt de bus. Un chemin de courte durée mais qui ne les empêcha pas de discuter de tout et de rien. Elles restèrent debout afin d'attendre le bus qui était pas encore arrivé.