I should've known better. Can't even pretend like I don't want it again. On the brain all the time, Thinkin' of all the things that we did. You did somethin', 'Cause shit like this don't happen too often. It's the way you put it down, I don't want no one else around. Got me takin' a step on the wild side, Cuttin' all ties With them other guys, When you, when you look in my eyes Lovin' me nice and slow
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Entre ses doigts tremblants Eliott fait tourner le petit morceau de papier sur lequel il a écrit le numéro d’un spécialiste censé l’aider dans toute cette histoire, une personne de confiance qui lui a été recommandée vivement après de longues heures de recherches sur internet. Il faut que tout ça s’arrête. Il a promis de ne plus jamais retomber dans les méandres d’un quotidien uniquement dicté par le jeu, une promesse solennelle qu’il tient à tenir, pour lui comme pour sa famille qui doit subir son énervement et la tension qui règne dans la maison dès qu’il y pose le pied. Comme un alcoolique en plein sevrage Eliott affronte les pires moments de ce début de désintoxication. Le téléphone n’arrête pas de vibrer et les messages de ses anciens partenaires de jeu s’accumulent dans la boîte de réception. Il n’a pas le droit de trahir sa parole. Dans un soupir las le présentateur range le morceau de papier dans la poche de son jean en se promettant de trouver le courage de composer le numéro dès qu’il sortira du boulot. « Tu fermeras en partant ? » La voix de l’assistant le sort de ses pensées, et alors que le Lynch affiche un sourire fatigué suivi d’un hochement de tête il aperçoit la silhouette d’Eva qui trace dans les couloirs. Elle qui est au courant de tout, qui l’a un jour surpris en pleine partie et qui avait toujours tenu sa promesse de ne jamais rien dévoiler si il continuait de faire son boulot convenablement. Soudainement pris par l’envie de tout raconter à sa patronne Eliott avait complètement ignoré l’assistant dont les yeux fatigués avaient suivi le mouvement de fuite du présentateur. Se glissant derrière la brune avant d’appuyer sa main sur son épaule pour qu’elle se retourne Eliott l’avait salué d’un sourire courtois avant de lui proposer un café dans son bureau, histoire de ne pas attirer les oreilles traînantes de tout le personnel qui ne manquerait pas de déformer les paroles entendues. Si Eva n’était pas forcément la bonne personne pour lui donner des conseils tant ils entretenaient une relation simplement professionnelle Eliott se devait de lui dire la vérité sur les choses qui composeraient son quotidien à partir de maintenant. Des rendez-vous auxquels il serait obligé de se rendre, des congés qu’il prendrait pour passer plus de temps avec sa famille, les banalités d’usages saupoudrées des dernières révélations sur sa vie nocturne et secrète. Du moment qu’il faisait bien son boulot, qu’elle avait répété avant de lui adresser un maigre sourire et de tourner les talons. Un poids en moins sur les épaules le Lynch avait tenu son rôle durant la matinale en distribuant les informations sur les feux dont l’Australie était en proie, avec ce sourire de façade qu’il positionnait toujours sur ses lèvres pour accentuer le côté ‘proche des gens’ qu’on lui avait appris à tenir. Sept heures d’émission et de café plus tard le brun avait pris le chemin de la maison en s’arrêtant tout de même dans la boulangerie française qui faisait l’angle de la rue, paré de bonnes intentions pour rejoindre sa femme dont la journée avait été libérée. Anna et Sam à l’école le couple n’aurait pas de mal à se retrouver pour une discussion qui était devenu le point d’ancrage du présentateur qui s’accrochait à tous les espoirs qu’il pouvait trouver. Saddie avait été la première à l’accueillir, récoltant une caresse entre les deux oreilles alors que le brun cherchait sa femme du regard dans l’immensité du salon. « Mila ? » Elle avait pourtant bien été claire sur le fait qu’elle serait à la maison aujourd’hui et il n’avait pas reçu de contre-indication sur un changement d’emploi du temps. Déposant les paquets sur le comptoir de la cuisine tout en s’enfilant un pain brioché en guise de repas du midi Eliott avait pris la direction de la chambre principale qu’il avait réintégré petit à petit, ne laissant plus les draps vides et froids toute la nuit. « T’es là ? J’ai ramené des… » Sans réussir à terminer sa phrase le brun était entré dans la chambre pour y découvrir un massacre. La plupart de ses chemises avaient perdues leur manches, d’autres étaient maintenant couvertes de trous, et les clubs de golf qui dormaient d’habitude dans l’armoire étaient maintenant disposés à côté du lit, prêt à servir. « Mes chemises… » En penchant pour attraper l’une des victimes Eliott avait entrouvert la bouche sans pouvoir rétorquer quoi que ce soit à part un long balbutiement qui n’avait aucun sens. « Pourquoi tu fais ça ? » Il avait fait des efforts pour redevenir un époux et un père présent, mais – à cet instant – le regard de sa femme avait pour effet de le transpercer de part et d’autre. Elle était en colère, les yeux rougies par une tristesse qu’il ne comprend pas mais qui ne tarderait pas à être expliquée par la brune dont tout le corps tremblait. « C’est toi qui me l’as offerte celle-là… » Ça n’était ni le lieu ni le moment d’ajouter un trait d’esprit à toute cette situation mais Eliott ne voyait rien d’autre qu’un coup de folie pour expliquer le geste de sa femme, ou alors une très vilaine grippe qui était en train de manger son cerveau. « Tu veux bien arrêter de massacrer cette Givenchy et me dire enfin ce qu’il se passe ? » Les bras croisé sur la poitrine, complètement réticent à l’idée de faire le moindre geste pour ne pas se prendre un couteau de ciseaux dans la cuisse, Eliott avait attiré le regard de sa femme dans l’attente d’une explication.
@Eliott Lynch & Mila Lynch ⊹ I'll be your light, your match, your burning sun, I'll be the bright, and black, that's making you run, and I feel alright, 'cause we'll work it out. I'll be doin' this, if you ever doubt, 'til the love runs out.
L'ambiance à la maison était devenue étrange (du moins, plus que d'ordinaire) et si Eliott avait admis avoir un problème, Mila mentait en affirmant qu'elle avait compris son mari, qu'elle était capable de passer au dessus des révélations qu'il lui avait faites dans un moment suspendu quelques nuits plus tôt. La jeune femme avait passé ces derniers jours à ressasser les paroles du Lynch, à tenter de les intégrer et à se faire à l'idée qu'elle devrait l'aider à vaincre une addiction à laquelle elle avait bien du mal à l'identifier, encore aujourd'hui. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas, plutôt que les deux mondes n'allaient pas ensembles, qu'à ses yeux Eliott était Eliott. Le père de ses filles, celui qui avait installé deux systèmes de sécurité à la piscine, qui avait voulu qu'ils investissent dans un kit de survie ultra performant pour leurs dernières vacances à Bali, alors comment ? Comment pouvait il se changer en cette sorte d'adepte des salles obscures ? Longtemps la brune s'était imaginé qu'il la trompait. Qu'il y avait quelqu'un d'autre, car au delà des draps froids qu'il lui laissait chaque nuit, ses chemises n'avaient pas la même odeur, son téléphone était devenu une sorte de forteresse à laquelle elle n'avait plus accès. Eliott était devenu un cliché, mais elle l'avait cru lorsqu'il s'était mis à nu devant elle, qu'il l'avait tenue dans ses bras en lui affirmant avec aplomb qu'il allait changer. Bullshit. « Mila ? » Elle avait entendu son prénom alors qu'elle attaquait la troisième Calvin Klein, la voix de son mari lui provenant du rez de chaussée. "Mila, Mila ... il avait pas l'air de dire Mila tout à l'heure." Le tissu ne se déchirait pas si facilement, ce qui lui permettait d'extérioriser toute sa rage, toute sa colère alors que les larmes avaient rendu son visage noirci par le mascara. Et dire qu'elle avait voulu lui faire une surprise en passant par ABC pour le retrouver. Conneries. Foutues conneries. Une main glissée sur l'épaule d'Eva Adams, un passage dans ce bureau qui ne semblait rien avoir de professionnel, et des images qui avaient germé dans l'esprit de l'épouse sans qu'elle n'ait besoin de forcer. « T’es là ? J’ai ramené des… » Il n'avait pas mis longtemps à la retrouver, mais la brune ne relevait pas le menton du massacre qu'elle faisait au milieu de cet amas de chutes grises et bleues. « Mes chemises… » Oui. Tes putains de chemises. Celles que t'as retiré en compagnie de ta boss. Et dire qu'elle avait commencé à intégré qu'il avait un problème (du moins, essayé) qu'elle s'était remise en question. Et dire qu'elle se faisait des films, surtout. « Pourquoi tu fais ça ? » Pourquoi ? Vraiment ? Se saisissant d'un club de golf, Mila se releva comme dans un bond, s'approchant de son mètre cinquante sept face à son mari en tremblant comme une feuille. Connard. Foutu connard qui lui brisait le cœur. « C’est toi qui me l’as offerte celle-là… » Comme beaucoup d'autres qui avaient fini en lambeaux. Le regard d'Eliott s'était perdu sur une chemise de marque qu'elle avait taillé en crop top, établissant un constat à quelques milliers de dollars. « Tu veux bien arrêter de massacrer cette Givenchy et me dire enfin ce qu’il se passe ? » Si elle voulait qu'il arrête de massacrer ses fringues, alors elle pouvait décemment passer à autre chose. Pas de problèmes Lynch. "Et dire que t'as le culot de m'avoir fait croire que t'avais des problèmes, d'avoir joué avec mes sentiments en me faisant penser que t'étais plus là parce que ... parce que ..." Pour le règlement de compte dans la dignité mieux valait repasser ; la voix de Mila se brisait, et une volée de larmes brouillait sa vue alors qu'elle bousculait son mari pour descendre les escaliers. Il avait beau mesurer une tête de plus que lui, armée de son club de golf et aussi déterminée que possible, la brune était prête à en découdre ; la jolie Mercedes du présentateur en ligne de mire. "Je suis venue te voir au bureau tout à l'heure. Parce que je voulais te voir, passer du temps avec toi, qu'on ... discute" Sans préavis, et à peine la porte d'entrée franchie, Mila s'était dirigée avec calme vers la voiture, explosant littéralement la vitre côté conducteur sans hésiter une seconde. La violence la libérait ; la faisait pleurer aussi, mais cela n'avait pas grande importance. Toutes ces journées de noirceur, tous ces ascenseurs émotionnels qu'Eliott lui avaient fait vivre ... tout était trop, bien trop pour ses épaules. Elle était à bout de nerfs, et cette vision qu'elle avait eu cet après midi entre Eva Adams et son époux avait suffit à cristalliser toute cette colère qu'elle renfermait depuis des jours. Elle souffrait. Tellement. "Tu te fous de ma gueule Eliott. C'est elle la vraie raison de tes absences hein ? C'est avec elle que tu couches pendant que tu me faisais croire que tu bossais." Cette fois ce fut le capot qui prit un coup, puis deux, puis six. Mila ne pensait pas ce qu'elle disait, n'avait strictement aucun avis sur ce qu'elle avait vu cet après midi. Imaginer que le père de ses filles la trompait était bien plus simple que d'intégrer quelque chose qu'elle ne comprenait toujours pas, car cette addiction qu'il lui avait présentée ne trouvait toujours pas de sens dans son esprit. Et ça la rongeait. Intégralement.
I should've known better. Can't even pretend like I don't want it again. On the brain all the time, Thinkin' of all the things that we did. You did somethin', 'Cause shit like this don't happen too often. It's the way you put it down, I don't want no one else around. Got me takin' a step on the wild side, Cuttin' all ties With them other guys, When you, when you look in my eyes Lovin' me nice and slow
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Il se noyait dans un océan d'incertitudes, n'arrivant pas à redresser la barre alors que toutes les solutions s'offraient à lui pour vaincre cette addiction qu'il n'avait jamais eu le courage de combattre jusqu'à présent. Eliott faisait des efforts pour passer du temps avec ses filles et sa femme qui essayait tant bien que mal de comprendre tout ce qui se tramait chez son époux, rendant l'ambiance à la maison un peu plus étrange qu'à l'ordinaire. Si le présentateur avait retrouvé le chemin de la chambre à coucher et ne ratait maintenant plus une seule histoire de princesses, il n'en restait pas moins que Mila avait toujours du mal à se faire à cette situation. Elle faisait des efforts, pourtant, afin de s'assurer que son époux ne retombe dans le mensonge qui avait toujours été la solution de replis. En empruntant le même chemin qu'à l'habitude afin de rentrer chez lui Eliott avait fait un crochet par la boulangerie française histoire de marquer le coup de cette journée que le couple pourrait passer seuls, car si il était hors de question pour Eliott de perdre sa femme il fallait faire des efforts pour essayer de lui prouver qu'elle avait eu raison à cette deuxième chance. Pas un bruits dans la maison alors qu'il avait déposé le paquet sur le comptoir et sa main sur le museau de Saddie qui avait été la seule à l'accueillir là où la chef avait promis d'être présente. Les sourcils froncés, le regard soudainement pris de panique à l'idée que quelqu'un ait pu s'introduire dans sa maison disposant pourtant de toutes les alarmes possibles et imaginables, Eliott avait monté les marches le séparant de sa chambre aussi vite que sa jambe le lui permettait. Dans un amas de tissu à plusieurs milliers de dollars il était entré horrifié dans ce qui ressemblait maintenant à la chaîne de fabrication d'une usine de coton qui avait explosée, et la brune se tenait au milieu de tout ça, une paire de ciseaux à la main et un regard qui en disait long sur la situation. Il avait foiré quelque part mais n'arrivait pas à mettre le doigt sur l’élément déclencheur, le regard oscillant entre ses Calvin Klein auxquelles il manquait des manches et les club de golf qu'elle avait sorti du placard. La brune s'était approché sans même lui lancer un regard, assez en colère pour lui faire peur, forçant son crétin d'époux à reculer d'un pas. « Et dire que t'as le culot de m'avoir fait croire que t'avais des problèmes, d'avoir joué avec mes sentiments en me faisant penser que t'étais plus là parce que ... parce que ... » Les mots de Mila n'avaient pas encore de sens pour Eliott dont l'esprit essayait de tirer au clair toute cette situation grotesque, et lorsqu'elle l'avait bousculé pour descendre les marches en vitesse le présentateur avait compris qu'elle ne s'arrêterait pas aux chemises et qu'il avait tout intérêt à la suivre au plus vite avant qu'elle ne défonce la voiture garée dans l'allée. « Mais de quoi tu parles ? Tu veux bien poser ce putter avant de te faire mal ? » Pas la meilleure façon de désamorcer la situation, encore moins de la faire redescendre alors qu'elle se dirigeait vers la Mercedes qui n'avait rien demandée à personne. « Je suis venue te voir au bureau tout à l'heure. Parce que je voulais te voir, passer du temps avec toi, qu'on ... discute. » Elle était donc passée au bureau au moment où Eliott avait entraîné sa patronne à l'écart pour discuter de ses soucis. Il n'y avait que ça comme explication, et ça prenait tout son temps tant le présentateur avait simplement levé les yeux au ciel dans le dos de sa femme, lui qui avait tendance à toujours oublier qu'il lui était interdit de dire bonjour à une femme sans risquer de retrouver sa collection de montres dans le mixeur. « Qu'est-ce que tu as vu ? Histoire que je te raconte tou... » Les mots étaient restés en suspens alors que la brune éclatait maintenant la vitre côté conducteur de la voiture qui lui avait coûté un bras et qu'il considérait comme un objet de grande valeur. « Mais arrête ! » Ça non plus ça n'était pas le meilleur moyen pour stopper Mila dans les larmes faisaient couler son mascara alors qu'elle se dirigeait avec calme vers l'avant de la voiture, club de golf en main pour extérioriser toute la rage qu'elle gardait en elle depuis trop longtemps. C'était de sa faute, uniquement. Les bras tombant contre ses flancs Eliott avait accepté de se voir ainsi reléguer au rang de menteur, de lâche, et pire encore, de mari trompeur. Elle en avait besoin, et il la laissait faire sans bouger le moindre muscle, incapable de réagir alors qu'elle essayait tant bien que mal de détruire le capot de la voiture. « Tu te fous de ma gueule Eliott. C'est elle la vraie raison de tes absences hein ? C'est avec elle que tu couches pendant que tu me faisais croire que tu bossais. » Impuissant devant la colère de sa femme Eliott avait croisé les bras sur sa poitrine, formulant mentalement la dernière prière pour cette voiture qu'il adorait et qui devrait bientôt se rendre dans sa dernière demeure. Il ne manquait plus que le mot « cheater » en gros sur la portière pour que le tout soit parfait. « Je couche avec personne, encore une fois. » Du coin de l'oeil le présentateur avait tout de même vérifié qu'aucun voisin n'avait passé la tête par dessus leur grillage de trois mètres, histoire de ne pas s'attirer en plus toutes les commères du quartier qui ne manqueraient pas de relayer l'information au plus vite. « Si c'est Eva dont tu parles sache qu'elle est mariée, que c'est ma patronne, et que je voulais juste la prévenir de mes prochains rendez-vous … tu sais, pour la thérapie. » Sans aucun énervement dans la voix Eliott avait fait le tour de la voiture avec lenteur pour essayer de balayer les morceaux de verre en dehors du passage où les filles adoraient faire du vélo. « S'il te plaît écoutes moi... » Il ne valait mieux pas risquer de se prendre un coup au passage, son visage étant important pour sa vie professionnelle, mais le brun avait tout de même tenté une approche en gardant les mains en l'air en signe de paix. « Je sais pas pourquoi tu crois que je te trompe Mila … mais tu penses vraiment que j'arriverai encore à draguer à mon âge ?» Le maigre sourire sur ses lèvres s'était vite effacé alors qu'il s'arrêtait à quelques mètres de sa femme dont la colère n'était pas encore retombée. « Écoutes, je te promet sur tout ce que j'ai de plus cher que je lui ai juste parlé de mes rendez-vous. Je voulais pas le faire devant tout le monde et c'est pour ça qu'on est allés dans mon bureau. » Un nouveau regard vers la voiture maintenant criblée de coups et de marques avant de finalement baisser les mains devant la brune, le regard plus désolé que jamais auparavant de constamment la faire douter d'elle, de ce mariage, de lui.
@Eliott Lynch & Mila Lynch ⊹ I'll be your light, your match, your burning sun, I'll be the bright, and black, that's making you run, and I feel alright, 'cause we'll work it out. I'll be doin' this, if you ever doubt, 'til the love runs out.
Les chemises avaient fini en lambeaux, passant sous ses coups de ciseaux, sous ses poings, sous sa rage débordante dans laquelle se mêlait la colère, la panique et la tristesse. Mila ne savait plus où elle en était, oscillant entre l'envie de croire son mari, de s'apitoyer sur leur sort, et l'envie d'écouter une partie d'elle même qui lui hurlait que tout cela n'était qu'un amas de mensonge, qu'Eliott avait une maîtresse et qu'il se foutait d'elle depuis le début. C'était ce qu'il y avait de plus simple à comprendre puisque le brun ne pouvait pas être cet homme qu'il dépeignait. Il ne pouvait pas avoir une addiction si dévastatrice, il ne pouvait pas mettre leur famille en péril pour une chose aussi stupide que l'amour du jeu. Pour une femme elle aurait pu comprendre (bien que c'était signer son arrêt de mort) mais pas pour ça, et cette incompréhension la foutait en l'air depuis des jours. Lorsqu'elle l'avait croisé avec Eva Adams plutôt dans la journée, la Lynch s'était octroyé le droit de péter les plombs, d'ouvrir les vannes et de laisser ses émotions prendre le pas sur sa raison. Eliott aurait mieux fait d'attendre qu'elle redescende avant de passer le bout de son nez dans leur chambre, et alors que ses doigts s'étaient emparés de ce club de golf, la brune semblait être repartie de plus belle dans son envie de laisser s'exprimer sa colère la plus profonde. « Mais de quoi tu parles ? Tu veux bien poser ce putter avant de te faire mal ? » Loin, très loin de se mettre en danger d'ordinaire (ses doigts étant son outil de travail après tout) Mila n'avait pourtant pas hésité une seule seconde avant de partir à la rencontre de la Mercedes hors de prix d'Eliott pour lui faire payer ce qu'elle mettait sur le dos de son propriétaire. « Qu'est-ce que tu as vu ? Histoire que je te raconte tou... » Qu'est ce qu'elle avait vu ? C'était vraiment ça la question ? ... et bien rien. Strictement rien. Mais la jeune femme souffrait depuis des jours, laissait les incompréhensions s'accumuler et obstruer son bon sens. Une main sur une épaule était suffisant à faire exploser tout le baril de dynamite qu'elle contenait en elle. Malheureusement. « Mais arrête ! » Le verre volait, remplissait le silence d'un fracas qui ne la libérait même pas de toute sa peine alors que les larmes continuaient à couler de façon totalement incontrôlée. Foutus sentiments. S'acharnant désormais sur le capot de la voiture, Mila livrait à Eliott le fond de sa pensée, et comme elle s'y attendait, ce dernier se fendait d'excuses. Après tout il ne la trompait peut être pas. Bien sûr que si. « Je couche avec personne, encore une fois. » A d'autres. Épuisée par son acharnement sur la carosserie, Mila en aurait presque laissé tomber son club sur les pavés si son mari n'avait pas poursuivi. « Si c'est Eva dont tu parles sache qu'elle est mariée, que c'est ma patronne, et que je voulais juste la prévenir de mes prochains rendez-vous … tu sais, pour la thérapie. » Eva. Il l'appelait par son prénom en plus. Et puis ... eh merde. Cette foutue thérapie qu'il ramenait sur le tapis. Qui rendait les choses plus concrètes. Lorsqu'Eliott lui avait dit qu'il allait consulter, Mila lui avait apporté son soutien de façon mécanique, sans trop comprendre ce que cela impliquait. Qu'il admette avoir un problème était un pas de géant, et c'était sans doute pour respecter cet effort que la brune n'osait pas lui dire qu'elle ne comprenait toujours pas. La crise de larmes recommençait de plus belle, jusqu'à lui en filer mal au crâne. Elle aurait préféré qu'il lui fasse mal d'une autre façon. Ou qu'il n'en fasse rien. « S'il te plaît écoutes moi... » Il avait fait le tour de la voiture avec prudence, relevant les mains comme pour montrer patte blanche face à son épouse hystérique et son arme qu'elle tenait entre les mains. Reprends toi Mila, t'es ridicule. "Je t'écoute quand tu me parles. Je fais que ça. J'arrête pas." qu'elle crachait presque en commentant, se reculant d'un pas à mesure que lui approchait. Son breakdown avait brisé quelque chose ce soir, avait cristallisé son besoin de prendre ses distances. Physiquement. Moralement. Émotionnellement. « Je sais pas pourquoi tu crois que je te trompe Mila … mais tu penses vraiment que j'arriverai encore à draguer à mon âge ? » Oh non, pas ça Eliott. Pas cette carte là. "Tu veux vraiment me sortir la carte du mec qui n'attire plus personne pour me rassurer alors que je me ronge les sangs depuis des semaines à compter les nuits où t'étais pas là ?" Son trait d'humour était des plus maladroits, et si la brune laissait tomber à ses pieds son bâton de fer tordu de toutes parts, ce n'était pas en signe de paix. Loin de là. « Écoutes, je te promet sur tout ce que j'ai de plus cher que je lui ai juste parlé de mes rendez-vous. Je voulais pas le faire devant tout le monde et c'est pour ça qu'on est allés dans mon bureau. » Stop, stop, stop. Qu'il arrête. Qu'il arrête bon sang. Tout était si réel dit ainsi, tout semblait si concret. La descente aux enfers annoncée, actée, rendue officielle dans tous les recoins de leurs vies. Mila fermait les paupières un instant, sans trop savoir quoi penser de tout ce qu'Eliott avait à lui dire, sans trop savoir si elle faisait cette scène parce qu'elle pensait vraiment qu'il la trompait où si elle manifestait simplement son besoin de péter les plombs alors que l'idéal familial vers lequel ils tendaient se faisait la malle sous ses yeux. Quelque part elle connaissait la réponse, et rouvrant les yeux, elle prit une grande inspiration pour s'approcher de son mari et lui planter son index sur le torse. "J'en ai rien à faire de ce que t'avais à lui dire. Plus jamais tu me caches que t'as des confidences à faire à quelqu'un. Plus jamais." Ce qui serait sûrement très compliqué pour Eliott, mais à situation de crise, réactions disproportionnées ; Mila en était à un point où un rien la faisait vriller complètement. En témoigne l'état de sa voiture pour une simple main sur l'épaule. La confiance s'était tirée ; celle qu'elle lui accordait, tout comme celle qu'elle s'accordait à elle même. "Je ... j'arrive pas à comprendre Eliott. J'ai essayé, mais j'ai besoin de prendre du recul. Ça fait des mois que tu me laisses toute seule et tu reviens avec une explication que je ... que je comprends toujours pas. Pourtant j'essaie mais je ... je vais ... je veux qu'on s'éloigne. Toi et moi." Cela lui brisait littéralement le coeur de le dire, et si sa voix n'était qu'un murmure, qu'un souffle que les larmes rendaient à peine compréhensible, Mila n'en était pas moins en pleine détresse, et déterminée à se sauver du brasier auquel elle était en proie. Elle avait besoin de temps pour comprendre. De plus qu'une semaine. "Je suis en train de craquer." admit elle en posant ses poings contre ses paupières, se laissant retomber sur la voiture. "Je veux pas que les filles en pâtissent. J'arrive pas à tout gérer. Je sais plus quoi penser. Et tu peux rien faire pour changer tout ça. Mais ... si tu t'approches de quelqu'un comme tu l'as fait avec elle encore une fois. Je te promets que je fais plus qu’abîmer ta foutue voiture Lynch." La colère parlait, et il y avait un regain d'énergie dans le bout de sa phrase. Elle ne voulait pas qu'ils se séparent, ni qu'il jette l'éponge. Simplement prendre du temps pour digérer les faits, sans quoi ces scènes risquaient de devenir courantes. Il fallait qu'elle retrouve confiance. Pour eux. Pour Sam et Anna. Pour un avenir encore incertain auquel il fallait pourtant croire.
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Pendant leur dix ans de mariage Eliott avait essuyé les bons comme les mauvais côtés de son couple, passant au travers de la jalousie de sa femme afin de se concentrer sur les innombrables qualités qu'elle possédait et qui faisaient d'elle sa personne préférée sur terre. Mais aujourd'hui Mila avait décidé de n'écouter que son cœur, de faire ce qu'elle s'était résigné à mettre de côté pendant des mois alors que la rage la consumait un peu plus chaque jours. Déchirant, malmenant, découpant au hasard des trous et des symboles sans formes dans les chemises de son époux afin d’atténuer un peu la douleur et de calmer ses nerfs à vifs. Il avait tout essayé, le présentateur, pour lui faire comprendre qu'il n'y avait jamais eu personne d'autre qu'elle dans sa vie, dans son cœur, dans ses yeux qui la cherchait constamment dans toutes les pièces de la maison. Parce que la brune était son repère, la seule chose qui le fasse encore tenir dans cet océan d'incertitudes sur lequel il tentait tant bien que mal de naviguer. C'était la fois de trop, le petit détail qui avait fait passé la chef d'une épouse cherchant des solutions à une femme endeuillée par l'absence et le mensonge. Impassible, les bras tombant contre ses flancs, Eliott avait assisté au massacre de ses chemises de marque sans même trouver le courage d'essayer d'en sauver une, pour faire bonne figure. Parce qu'il comprenait, dans le fond. Mila ne faisait pas ça uniquement pour passer sa colère, elle essayait de l'atteindre en lui montrant qu'il était en train de tout foutre en l'air, de jouer avec les sentiments d'une femme qui l'avait toujours aimé malgré les peurs insupportables et sa fâcheuse tendance à ne jamais rien vouloir faire sous peine de se blesser ou de mourir. Elle tenait pour lui, pour les filles qui commençaient à ne plus rien comprendre de cette histoire. Papa qui n'était plus là, qui revient soudainement en essayant de leur offrir plus que durant ces derniers mois, puis qui s’absente à nouveau. Les choses étaient difficiles à suivre, à concevoir, à imaginer. Eliott laissait des cœurs brisés sur son passage, inconscient du mal qu'il avait pu faire aux femmes de sa vie sans le vouloir, incapable de mettre un mot sur cette addiction qui lui bouffait la vie, l'empêchant de redevenir l'homme qu'elle avait épousé et qu'elle attendait tous les soirs, impatiemment. Courant après sa femme comme il aurait du le faire depuis le début de cette histoire, Eliott l'avait suivi du regard alors qu'elle s'emparait d'un club de golf pour aller passer ses nerfs ailleurs que sur les chemises qui n'étaient maintenant plus qu'un amas de tissu de couleurs répandu sur le sol de leur chambre. Que pouvait-il faire ou dire de plus ? Les mots restaient coincés dans le fond de sa gorge, sur le bout de sa langue, alors que Mila défonçait la vitre conducteur de la Mercedes garée dans l'allée, encore chaude de la route qu'il avait parcouru pour rentrer du boulot. Ce même boulot où Mila s'était rendu pour lui faire une surprise, pour mettre de côté toutes les questions brûlantes afin de passer du temps avec lui. Lui qui avait eu la maladresse de glisser sa main sur l'épaule de sa patronne avant de l'entraîner à l'écart pour lui confier ses secrets. Le présentateur faisait tout de travers, n'arrivait pas à redresser la barre malgré les efforts surhumains pour ne pas se saisir de son téléphone le soir venu afin de trouver l'adresse de la prochaine partie. Mila s'était acharnée sur le capot de la voiture et lui avait levé les mains devant lui en signe de paix avant de faire doucement le tour pour la rejoindre, évitant avec soins les morceaux de verre sur le sol pour ne pas s'en planter un dans le pied, bien qu'il n'aurait que ce qu'il mérite de la faire ainsi souffrir alors que tout ce qu'il souhaitait c'était de la voir heureuse. « Je t'écoute quand tu me parles. Je fais que ça. J'arrête pas. » Mécaniquement la brune avait reculé d'un pas, brisant le cœur d'Eliott dont la tentative s'était arrêté nette devant ce refus. Elle ne voulait pas être approchée, avait besoin d'une distance de sécurité pour ne pas exploser plus fort encore et lui foutre le putter dans la gueule, ce qu'il aurait également mérité. « Alors dis-moi ce que tu veux entendre plutôt que de m'écouter parler.» Le brun essayait de temporiser la situation, de trouver des alternatives à tout ça avant de se voir condamné à vivre dans le garage, ou pire encore, loin de chez lui et de cette bulle de confort qu'il ressentait à chaque fois qu'il franchissait la porte d'entrée. En jouant la carte de l'humour Eliott avait tiré un peu plus sur la corde sensible, enfonçant son épouse dans une rage qui faisait glisser les larmes sur ses joues. Crétin. « Tu veux vraiment me sortir la carte du mec qui n'attire plus personne pour me rassurer alors que je me ronge les sangs depuis des semaines à compter les nuits où t'étais pas là ? » Touché. Eliott, les bras tombants contre ses flancs, avait soutenu le regard de Mila pendant une demi-seconde avant d'abdiquer, préférant contempler les petits morceaux de verres brisés sur le sol, comme toute sa vie qui se fendait devant ses yeux. « Pardon. » Comme un enfant puni, mis au coin, qui n'as rien d'autres à la bouche que des excuses et des sanglots. Eliott redevenu gamin qui cache les larmes derrières des dents serrés alors que son père le force à ce tenir debout dans un coin de la pièce, pour lui faire comprendre que tous actions à des conséquences. Le bruit du club de golf tombant sur le sol l'avait sorti de ses pensées, de cette léthargie rigide qui le faisait avancer comme un robot depuis quelques jours, profitant de cet instant pour mettre les points sur les 'i' de toute cette histoire qui n'avait aucun sens mais qui avait suffit à attiser toute la colère de la brune. Insuffisant. Comme lui. Insuffisant comme mari, comme père, contraint de devoir vivre seul jusqu'à la fin de ses jours sans rien d'autre que ses yeux pour pleurer. L'index de Mila contre son torse, la promesse qu'elle ne s'arrêtera pas là, qu'elle laisse tomber, qu'elle le laisse tomber. « J'en ai rien à faire de ce que t'avais à lui dire. Plus jamais tu me caches que t'as des confidences à faire à quelqu'un. Plus jamais. » La bouche pâteuse, le regard perdu dans un océan de larme qu'il essayait de refouler derrière un demi rictus crispé, Eliott avait hoché la tête sans pour autant la relever vers sa femme. « Ok. » Simplement soufflé du bout des lèvres là où, avant, il aurait bataillé pour son droit à un minimum de professionnalisme au boulot. Le présentateur était devenu l'ombre de son ombre, n'offrant plus rien de vivant à Mila dont la colère n'avait toujours pas été domptée. « Je ... j'arrive pas à comprendre Eliott. J'ai essayé, mais j'ai besoin de prendre du recul. Ça fait des mois que tu me laisses toute seule et tu reviens avec une explication que je ... que je comprends toujours pas. Pourtant j'essaie mais je ... je vais ... je veux qu'on s'éloigne. Toi et moi. » Comme un couperet qui s'abat, une vision qui lui glace le sang alors que – dans un mouvement de recul sur lequel il n'a aucun contrôle – Eliott s'en viens à se planter les ongles dans les paumes pour ne pas hurler, pour ne pas que son corps ne s'écroule. Lentement, de cette allure robotique qui prend le dessus quand tout menace de lâcher, le présentateur fait le tour de la voiture devenue épave pour ouvrir le coffre, sortant les affaires d'équitation d'Anna qu'il avait préparé en avance d'une surprise à la gamine. « Je vais appeler Spencer, il viendra me chercher. » Un putain de robot, commandé par la petite voix dans sa tête qui le pousse à ne plus rien ressentir pour se préserver. « Je suis en train de craquer. » Et ça se voyait dans les larmes, s'entendait dans la voix brisée de Mila dont le corps reposait maintenant sur la carrosserie, secoué par les sanglots qu'elle ne cherchait même pas à combattre. « Elle a équitation, demain. Il faut dire à la monitrice que le cheval qu'elle a en ce moment est trop grand. » Rien de tout ça n'allait arranger les choses entre Mila et lui, mais c'était les seuls mots qu'il arrivait à sortir sans avoir une impression de sang dans la bouche. Si la brune voulait du temps alors Eliott n'avait pas d'autres choix que de lui en donner. « Je veux pas que les filles en pâtissent. J'arrive pas à tout gérer. Je sais plus quoi penser. Et tu peux rien faire pour changer tout ça. Mais ... si tu t'approches de quelqu'un comme tu l'as fait avec elle encore une fois. Je te promets que je fais plus qu’abîmer ta foutue voiture Lynch. » Le brun avait acquiescé d'un hochement de tête, les lèvres pincées, sans pour autant trouver le courage de regarder sa femme dans les yeux alors qu'elle était en détresse, qu'elle avait besoin de lui malgré tout ce qu'elle voulait bien lui faire croire. « J'approcherai plus personne. Je vais me contenter de la thérapie. » Si il avait la force d'appeler le numéro toujours coincé dans la poche arrière de son jean, une chose qu'il aurait voulu faire avec elle, son seul pilier. « Tu pourra donner ça à Sam ? » Lynch avait tiré un bracelet en plastique, le genre avec des perles colorées qu'on trouvait dans les boules en plastique dans les machines de supermarché, le genre de choses que la gamine adorait. « Elle l'avait laissé sur mon bureau, dans une tasse à café et je suis tombé dessus ce matin. » Dans un réflexe encore présent il avait tendu la main vers Mila avant de se résigner, posant l'objet sur le capot détruit de la voiture. « Je vais préparer mes affaires. » L'océan menaçant ses pupilles dilatées par la tristesse Eliott s'était penché pour ramasser le club tordu avant de le jeter dans le coffre grand ouvert de la Mercedes décédée. Le petit robot à la place du cœur, Eliott dirigé en pilote automatique.
@Eliott Lynch & Mila Lynch ⊹ I'll be your light, your match, your burning sun, I'll be the bright, and black, that's making you run, and I feel alright, 'cause we'll work it out. I'll be doin' this, if you ever doubt, 'til the love runs out.
Elle était littéralement en train de perdre la raison, de se sentir glisser vers un cliché, de ne plus se reconnaître. Mila était pourtant incapable de se raisonner, d'agir différemment, comme si d'avoir vu Eliott poser la main sur une autre femme avait suffit à déclencher toute la panique qu'elle refoulait depuis des jours, des semaines. Une part d'elle même savait pertinemment que ce n'était rien de plus qu'un geste familier, sans doute maladroit. Il n'y avait certainement rien entre Eva et son époux, pourtant il lui était beaucoup plus facile de prendre cette main sur l'épaule comme la cause de tous ces maux, car à ses yeux, Eliott ne pouvait toujours pas être en proie à une addiction. Mila ne voulait pas entendre la vérité, ne voulait pas l'intégrer. Elle se perdait, elle se noyait, mais n'avait pas d'autre choix que de tenir. Pour elle. Pour les filles. Pour eux, Eliott compris. Il était son mari, son ami, son amant, son amour. Il était son tout, et si elle réagissait de cette façon, c'était car sa vie toute entière était chamboulée par son comportement, et qu'elle n'avait pas la moindre envie de voir tout ce qu'ils avaient bâti réduit en cendres parce qu'elle avait laissé son cœur parler avant sa raison. Massacrer ses chemises, sa voiture, lui faire payer ses erreurs par des mots trop durs ... tout était bon pour extérioriser sa peine, sa douleur qui la rendait si affaiblie. C'étaient dix ans de sa vie qui se faisaient la malle sous ses yeux, alors lorsque le Lynch s'avançait pour tenter de la ramener à la raison, Mila agissait comme un animal blessé, se reculant d'un pas pour s'épargner la souffrance de se retrouver trop proche de la source de ses maux. « Alors dis-moi ce que tu veux entendre plutôt que de m'écouter parler. » Avait elle seulement envie d'entendre quelque chose de sa part ? Des excuses ? des paroles visant à la rassurer ? Pas vraiment. Pas du tout même. Elle avait besoin de temps, sans trop savoir s'ils en avaient encore devant eux. Les filles ne méritaient pas de voir leurs parents se détruire de la sorte ; elles n'avaient rien à voir la dedans. On ne pouvait pas retirer à Eliott le fait qu'il essayait tout ce qui était à sa portée pour détendre l'atmosphère, mais rien ne prenait sur Mila qui n'avait de cesse de pleurer, de se terrer dans la colère en tremblant comme une feuille adossée à la voiture. « Pardon. » Il pouvait être désolé, mais s'obstinait à ne pas regarder sa femme, à rester sagement à l'écart ; sans doute que cette attitude était plus sage. Rien n'aurait pu la calmer, aussi avait elle fini elle même par mettre fin à tout ce massacre en réduisant l'écart pour planter son index contre le torse du brun, l'informant qu'elle vrillerait davantage si jamais elle venait à le revoir (trop) près d'une autre qu'elle, car la confiance s'en était allée. « Ok. » Il cachait mal ses émotions, tout comme elle cachait mal le fait qu'elle était au bord du précipice. Après quelques secondes elle avait toutefois fini par mettre des mots sur son malaise, par expliquer ce qu'elle voulait. S'éloigner. Prendre du recul, du temps pour elle. Pour comprendre ce qui lui arrivait. Il lui avait été difficile de le faire, son cœur s'était brisé en des dizaines de morceaux lorsque ses lèvres avaient lâché le morceau, mais Mila en avait eu besoin, bien que la réaction d'Eliott n'était pas exactement celle qu'elle attendait. « Je vais appeler Spencer, il viendra me chercher. » Le présentateur avait contourné la voiture pour se rendre dans son coffre, en sortant des affaires appartenant aux filles sans qu'elle n'y comprenne grand chose. Une dernière fois elle avait essayé d'expliquer qu'elle craquait, qu'elle arrivait à bout de ce que son moral pouvait supporter, mais là encore les mots d'Eliott n'étaient pas pour l'aider à avancer. « Elle a équitation, demain. Il faut dire à la monitrice que le cheval qu'elle a en ce moment est trop grand. » Bordel. Il pensait qu'elle le foutait dehors ? Qu'elle allait demander le divorce ? Qu'ils ne reverrait plus ses filles ? C'était quoi cette scène qu'il lui faisait là ? "Attends." soufflait-elle, balayant ses larmes du revers de la main pour s'interposer entre la carrosserie et la silhouette de son mari. "Tu lui diras toi même. Et n'appelle pas Spencer. On a assez de place ici. Je veux pas que Sam et Anna s'imaginent qu'on ..." qu'on est séparés. Car ce n'était pas le cas, et il était hors de question que leurs deux trésors ne se mettent à croire que la situation était définitive alors que Mila elle même ne savait pas encore ce qu'elle voulait, ni même si Eliott était prêt à changer. Elle lui répétait d'ailleurs qu'elle voulait les épargner, bien qu'elle soit perdue. Bien trop perdue. « J'approcherai plus personne. Je vais me contenter de la thérapie. » Le brun ne la regardait toujours pas, se contentant d'approuver les lèvres pincées. « Tu pourras donner ça à Sam ? » De sa poche, il avait tiré un bracelet coloré, et pour toute réponse Mila secouait la tête négativement. "Eliott .. reste, s'il te plaît. C'est moi qui veut qu'on prenne de la distance. Elles n'ont rien demandé." Sam et Anna ne méritaient pas de pâtir des affaires de grands, du fait que leur mère pétait les plombs au moment où leur père se décidait à lui livrer son secret le plus difficile. Mila se mordait les doigts d'avoir échoué, de ne pas se montrer à la hauteur, mais plus les jours passaient, et moins ils devenaient supportables. « Elle l'avait laissé sur mon bureau, dans une tasse à café et je suis tombé dessus ce matin. » Il avait tendu une main vers elle, et au moment où les larmes revenaient de plus belle, que ses sanglots étouffés n'arrivaient plus à être contenus, la brune refusait d'un mouvement du crâne, se sentant vaciller alors qu'il poursuivait : « Je vais préparer mes affaires. », comme s'il laissait tomber. Attrapant son club de golf pour le replacer dans le coffre, Eliott semblait résigné là où Mila se laissait encore plus sombrer vers la noirceur. "C'est tout ce que t'as à me dire ? Tu laisses tomber si facilement ? Pourquoi tu me retiens pas ? Pourquoi t'acceptes de quitter notre monde ? Pourquoi ? Pourquoi tu te bats pas pour moi ?" Il avait eu besoin d'adrénaline, de prendre des risques. Se faire mettre à la porte de leur chambre par sa femme n'en était pas un suffisant ? Que pouvait il bien lui passer par la tête pour subir et ne pas se battre ? Eliott avait toujours eu cette façon d'éviter les conflits, d'éviter les disputes. Prudent à l'extrême, il n'aurait jamais mis sa famille en péril, mais c'était pourtant exactement ce qu'il faisait, car Mila avait besoin d'une réaction, avait besoin qu'il soulève des montagnes pour la ramener sur terre, pour la raisonner.
I should've known better. Can't even pretend like I don't want it again. On the brain all the time, Thinkin' of all the things that we did. You did somethin', 'Cause shit like this don't happen too often. It's the way you put it down, I don't want no one else around. Got me takin' a step on the wild side, Cuttin' all ties With them other guys, When you, when you look in my eyes Lovin' me nice and slow
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La vérité résidait sans doute dans le fait que Mila n'arrivait pas à donner de sens à cette histoire, qu'elle se refusait à croire qu'il avait pu tomber si bas dans le cliché du pauvre type qui cherche l'aventure plutôt que de rester bien à l'abri avec sa famille. C'était peut-être elle qui avait raison en fin de compte. Eliott n'était rien de plus qu'un stéréotype ambulant n'arrivant même pas à se défaire de l'emprise qu'avait le jeu sur sa vie. Ce personnage que l'on détestait d'être aussi con, de ne rien faire pour ouvrir les yeux sur le véritable problème de tout ça, lui-même. Tout était parti de ce geste malheureux qu'elle avait surpris et qui, même si il ne voulait rien dire, avait suffit à mettre le feu aux poudres. Mila était à bout de nerfs, Eliott à bout de force. Plus rien ne fonctionnait dans le couple qui avait toujours essayé de faire de la communication la plus simple des choses, la plus efficace aussi. Eux qui s'étaient toujours parlés de tout pour ne pas laisser s'installer une routine dont ils ne voulait pas, eux qui avaient toujours été des modèles enviés dans les soirées et par leurs amis, eux qui se disputaient maintenant à grands coups de reproches et de club de golf dans les vitres de la bagnole. Le présentateur voulait tout se mettre sur le dos pour ne pas qu'elle porte les poids de ses propres erreurs, mais il avait encore du mal à réagir devant la tristesse de sa femme dont les pleurs n'étaient que des appels au secours, les gestes des moyens de lui faire prendre conscience qu'elle avait besoin de plus et qu'elle en avait besoin maintenant. Devenu un inconnu dans ce foyer qui avait toujours été son havre de paix, Eliott en était maintenant rendu à attendre que la crise de Mila se termine pour espérer trouver un moyen de la raisonner, si seulement il arrivait à trouver les mots pour lui faire comprendre qu'il faisait des efforts et que tout se passerait bien. Est-ce que c'était seulement la vérité ? Ou simplement quelque chose dont il essayait de se persuader lui-même ? Le brun avait envie d'aller mieux, de mettre un terme à tout ça pour retrouver sa place dans la maison, auprès de ses filles qui lui manquaient terriblement, aux côtés de sa femme qui avait toujours été son repère le plus important et le plus précieux. A tâtons, comme on s'approche d'un animal blessé, Lynch avait fait le tour de la voiture pour ne trouver finalement qu'une porte close là où il aurait voulu un dialogue. La brune avait mal, se protégeait en effectuant un pas en arrière pour ne pas avoir à le regarder en face, et ça lui brisait le cœur de savoir qu'il était le responsable de tous ses maux. Elle ne voyait plus en lui que les mauvais côtés. Un mari absent, un père qui ne faisait plus attention à ses filles, le genre d'homme qui n'hésite pas à tromper sans penser aux conséquences. Mais dans la longue liste des choses qu'Eliott ne pouvait pas faire il y avait clairement la mention 'tromper sa femme', et ça elle ne voulait pas l'entendre, trop blessée pour y croire. Elle n'avait qu'à lui dire, lui dicter les choses qu'elle voulait entendre plutôt que d'avoir à l'écouter parler encore et encore sans comprendre le sens de ses mots. Eliott se serait plié à toutes les volontés de Mila si elle avait réussi à les formuler. Qu'il se jette à ses pieds en lui promettant de ne plus jamais approcher la moindre femme n'aurait même pas suffit à calmer sa colère. C'était trop. Juste trop. Tout ce qu'elle voulait c'était assez de temps pour réfléchir à tout ça, pour réussir à redescendre sans avoir constamment l'impression d'exploser. Le cœur brisé en tout autant de morceaux que les petits bouts de verres sur la chaussée, le présentateur avait réduit ses émotions au silence en agissant comme un robot pour ne pas souffrir, acceptant la demande de la brune sans même trouver la force de les repousser pour lui prouver qu'il en avait quelque chose à faire. C'était fini. Le morceau de papier resterait dans sa poche, il resterait chez Spencer à se morfondre pendant que le monde continuerait de tourner autours de lui. Les épaules baissés, les yeux noyés dans des larmes qui ne voulaient pas couler, Eliott avait fait le tour de la voiture pour déposer les affaires sur le pavé, acceptant son sort comme on accepte la mort. « Attends. » La voix de Mila, comme un échos lointain, qui tentait de le faire revenir alors qu'il blablatait des paroles incohérentes sur les prochaines séances d'équitation d'Anna, comme si il n'en avait rien à faire de tout ça. Les lèvres pincées il avait tenté de regarder sa femme dans les yeux, sans succès, incapable de soutenir son regard alors qu'elle s'interposait entre lui et la Mercedes meurtrie. « Tu lui diras toi même. Et n'appelle pas Spencer. On a assez de place ici. Je veux pas que Sam et Anna s'imaginent qu'on ... » A cet instant il comprend, le Lynch, que la distance qu'elle veut mettre entre eux n'est pas forcément la situation dont elle rêve mais celle dont elle à besoin. « Qu'on quoi ? » Pour la première fois depuis de longues minutes il arrive à plonger son regard dans celui de Mila qui tente, une dernière fois, de lui tendre la main avant d'y renoncer pour de bon. « Qu'on arrive plus à se parler sans que ça tourne au pugilat ? Et on leur dira quoi quand elles demanderont pourquoi papa dors sur le canapé ? » Sans doute pas les mots qu'elle avait envie d'entendre, mais si elle voulait une réaction de sa part alors celle-ci en était une. Eliott avait tous les torts du monde dans cette histoire, mais Mila devait reconnaître que sa jalousie prenait le pas sur sa raison et qu'elle n'acceptait toujours pas que son mari soit plongé dans cette addiction. L'adultère plutôt que la faiblesse. En promettant de ne plus approcher personne et de se contenter de la thérapie, en priant pour que la personne ne soit pas une femme, Eliott avait sorti le petit bracelet de sa poche pour que la brune se charge de le remettre à Sam qui l'avait cherché pendant des jours. « Eliott .. reste, s'il te plaît. C'est moi qui veut qu'on prenne de la distance. Elles n'ont rien demandé. » Non, elles n'avaient rien demandé, mais Anna et Sam étaient assez grandes pour comprendre que rien de tout ça n'était normal et que quelque chose n'allait pas entre maman et papa. « Qu'est-ce que tu veux, Mila ? Vraiment ? Parce que tu me dis que tu as besoin d'espace avant de me dire que je dois rester ... » Le brun avait clairement baissé les bras mais s'offrait tout de même le culot de répondre à sa femme dont la seule réaction avait été de refuser la main tendue de son mari qui avait fini par déposer le bracelet sur le capot de la voiture en ajoutant qu'il préparerait ses affaires au plus vite afin de lui laisser tout l'espace possible. « C'est tout ce que t'as à me dire ? Tu laisses tomber si facilement ? Pourquoi tu me retiens pas ? Pourquoi t'acceptes de quitter notre monde ? Pourquoi ? Pourquoi tu te bats pas pour moi ? » Elle était injuste et ne s'en rendait même pas compte. Les poings serrés le présentateur avait fait demi tour en se mordant la lèvre pour ne pas être trop violent, pour ne pas laisser la tristesse prendre le dessus sur la raison. « C'est ce que je fais putain ! » Le ton de sa voix était monté dans les aigus alors qu'il se paraît d'une carapace hostile, celui de l'homme qui avait été blessé par les paroles de sa femme. « Tous les soirs quand je décide de pas répondre aux appels et de rester à la maison, c'est ma façon de me battre pour toi. » A son tour il s'était approché de Mila non sans prendre des pincettes, incapable de se montrer colérique avec elle, complètement terrifié à l'idée de réveiller en elle un sentiment d'insécurité en sa présence. « Mais tu préfères voir tout ce que je fais de mal plutôt que de t'avouer que j'ai vraiment un soucis. » Redevenue plus claire et nettement moins emportée la voix d'Eliott s'était brisée à la fin de sa phrase alors qu'il laissait tomber son corps sur le capot de la voiture défoncée, à quelques mètres seulement de la brune. « Je sais que j'ai encore des efforts à faire, que rien ne se réglera en un claquement de doigts...Mais je fais de mon mieux Mila... » Le présentateur se montrait vulnérable, bien plus qu'il ne l'avait jamais été auparavant. « Dis moi ce que tu attends de moi.» Parce qu'il était prêt à n'importe quoi pour regagner la confiance de sa femme, parce qu'elle valait la peine qu'il se batte jusqu'au bout, peu importe le prix à payer.
@Eliott Lynch & Mila Lynch ⊹ I'll be your light, your match, your burning sun, I'll be the bright, and black, that's making you run, and I feel alright, 'cause we'll work it out. I'll be doin' this, if you ever doubt, 'til the love runs out.
La situation lui échappait sans qu'elle ne sache trop comment arrondir les angles, comment sauver son mariage du désastre dans lequel elle fonçait tête baissée. C'était un océan d'incompréhensions qui l'assaillait, qui la détruisait jour après jour, car Mila était incapable de comprendre ce qu'il se passait alors même qu'Eliott s'était ouvert à elle de la façon la plus sincère qui soit. Il ne pouvait pas être tombé dans une addiction, il ne pouvait pas mettre leur vie en l'air pour une connerie qu'elle jugeait si stupide. Pourtant la vérité s'imposait à elle, la poussait dans ses derniers retranchements, et commençait doucement à la faire craquer. Laissant exploser sa rage contre (feu) la mercedes d'Eliott, Mila avait pourtant fait machine arrière en comprenant que son mari était prêt à partir vivre chez son frère le temps que ... que quoi ? Qu'ils aillent mieux ? Qu'ils se séparent ? Tout était bien trop flou, bien trop instable, et la brune ne savait pas où elle en était. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était de prendre du temps pour intégrer les choses, ou à défaut, d'y voir plus clair. Interposée entre la carrosserie et son mari, elle avait manifesté son besoin de le voir rester chez eux, dans leur maison. Les filles ne supporteraient pas de voir leur père vivre autre part, et elle ne voulait pas les chambouler. Pour rien au monde, et surtout pas pour des problèmes qui ne les concernaient pas. « Qu'on quoi ? » Eliott avait remonté le menton vers elle pour la première fois depuis de longues secondes, se confrontant à son regard dans un mouvement qui suffisait à chasser ses larmes l'espace de quelques secondes. Elle ne s'y attendait pas. « Qu'on arrive plus à se parler sans que ça tourne au pugilat ? Et on leur dira quoi quand elles demanderont pourquoi papa dort sur le canapé ? » Mieux valait qu'il soit sur le canapé plutôt que chez Spencer. Mieux valait qu'il soit là plutôt que dans le fin fond d'un bar à s'adonner à une partie de poker qui l'éloignait de cette famille qu'ils construisaient depuis dix ans. "Tu dors après elles. Tu te lèves avant elles. Elles verront rien. Et moi ... je veux pas te savoir autre part que chez nous." Sa jalousie, sa peur panique de le voir disparaître refaisait surface, et avec elle ses pires démons. Mila avait besoin de tout contrôler, au travail comme dans sa vie de couple. Qu'est ce qu'elle s'en voulait de n'avoir rien vu. De ne pas avoir compris. « Qu'est-ce que tu veux, Mila ? Vraiment ? Parce que tu me dis que tu as besoin d'espace avant de me dire que je dois rester ... » Un contact qu'elle refusait, et le Lynch commençait doucement à comprendre que sa femme n'était prête à rien, qu'elle était perdue bien que peu (voire pas du tout) encline à lâcher du lest. "Et je fais quoi ? Si tu quittes cette maison tu sais comme moi que tu reviendras pas." Non, elle n'en savait rien, mais la peur la gagnait, et la brune était terrorisée à l'idée de voir son monde s'effondrer car elle n'était pas prête à mettre un pas devant l'autre. Qu'elle ne comprenait rien du tout à ce qui leur tombait dessus bien qu'elle affirme se sentir suffisamment forte pour aider Eliott à revenir vers la lumière. Une dernière volée de reproches, puis le brun avait fait demi tour, lançant d'une façon qui la glaçait : « C'est ce que je fais putain ! ». Il avait l'air de faire preuve de self control, mais Mila ne le cernait toujours pas. Le couple vivait dans deux mondes complètement différents, dans deux univers parallèles, et la brune était sans doute la seule à ne pas voir l'évidence qui se dressait devant eux. « Tous les soirs quand je décide de pas répondre aux appels et de rester à la maison, c'est ma façon de me battre pour toi. » Sa façon de se battre pour elle. Sa façon de se battre pour elle. Les mots tournaient, viraient, tentaient de s'imprimer sans succès. Mila n'avait jamais vu son mari de cette façon, n'avait jamais vu cette flamme qui animait son regard. Il semblait au bord du précipice, tout comme elle l'était. Se battre ou abandonner ; Eliott avait fait son choix en haussant le ton, en livrant le fond de son cœur à sa femme, et ça, elle ne pouvait pas le lui retirer. « Mais tu préfères voir tout ce que je fais de mal plutôt que de t'avouer que j'ai vraiment un soucis. » Oui. Très clairement. Les larmes refaisaient surface, la colère aussi. Posant ses mains à plat contre le torse de son époux, Mila s'était approché d'un pas, refermant finalement ses poings avant de les rouvrir, comme en proie à une lutte intérieure qu'elle semblait perdre depuis des jours. "Je veux pas entendre que t'as vraiment un souci. Je veux pas Eliott. Je suis pas prête à ça. Pas maintenant. Pas maintenant ni jamais." Ses mots n'étaient que des murmures, et c'était à son tour de ne pas oser regarder cet homme qu'elle aimait, qu'elle avait une peur panique de perdre bien qu'il soit à l'origine de son cœur brisé et qui lui faisait un mal de chien. « Je sais que j'ai encore des efforts à faire, que rien ne se réglera en un claquement de doigts...Mais je fais de mon mieux Mila... » Une part d'elle le savait, mais comme il l'avait souligné, la brune n'était pas en capacité d'y être sensible. "Tu m'as laissée seule pendant des nuits entières. J'ai cru que c'était moi. J'ai cru que c'était mon boulot. J'ai cru que c'était parce que je voulais qu'on ait un autre enfant. J'ai cru qu'il y avait une autre femme. J'ai ..." La liste aurait pu être encore longue, et cela ne soulageait pas vraiment Mila de la confier à son mari. Elle avait eu mal, au delà de ne pas vouloir assumer l'addiction d'Eliott, et c'était purement égoïste de sa part. « Dis moi ce que tu attends de moi. » Le savait elle seulement ? La jeune maman secouait le menton, sans trop savoir quoi dire, quoi faire, ou peut être ... "Sam et Anna. Je veux que tu sois là pour Sam et Anna. Je sais pas où j'en suis ... je peux attendre qu'elles aillent mieux. J'irais mieux si elles sont rassurées. Ralentis sur ton boulot pour elles. S'il te plaît." C'était la première fois que Mila se montrait calme depuis qu'il était revenu à la maison ce soir, et finalement, après s'être détachée, elle s'autorisait à croiser son regard à nouveau, se maudissant intérieurement de se montrer si affaiblie, presque trop excessive.
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Elle mettait ça sur le dos des filles et de leur besoin d’avoir Eliott tout prêt pour ne pas se retrouver devant l’incompréhension la plus totale à un si jeune âge, et pourtant le brun avait gardé un maigre espoir que les paroles de sa femme ne cache en vérité son désir à elle de le voir rester à la maison. Spencer n’aurait pas posé des questions, acceptant avec un sourire gêné la présence de son frère dans le petit studio qu’il possédait au-dessus de sa boutique, mais les conversations entre les deux frères auraient vite tournées à l’interrogatoire, et le présentateur n’était pas certain de supporter l’attention toute particulière qu’on pourrait lui porter à cet instant. Lui, le lâche, l’ingrat qui avait mis de côté sa propre famille, pour quoi ? Rien de ce qu’il n’avait pu faire au cours de ces soirées passées à jouer n’allait servir le bien de Mila ou des filles. En avait-il vraiment besoin pour se sentir vivant ? En branchant son cerveau sur pilote automatique Eliott était devenu plus colérique, moins patient, surprenant le regard de Mila posé sur lui alors qu’il relevait la tête pour lui faire ça. Dans toutes les conversations qu’ils avaient le brun était toujours dépeint comme le seul fautif de cette histoire, un rôle qu’il acceptait sans sourciller tant la brune pouvait lui reprocher de ne pas avoir été là pendant des mois. Mais la jalousie de Mila couplait avec son indécision avait tendance à mettre le Lynch sur les nerfs. Que voulait-elle de plus qu’il ne faisait pas déjà ? Ces derniers jours Eliott avait lutté pour ne pas choisir la solution de facilité, pour ne pas replonger dans le cercle vicieux afin de faire comprendre à sa femme qu’il mettait toutes les chances de son côté pour aller mieux, pour guérir de cette addiction. Une simple main sur l’épaule avait suffi à faire valser toutes ses tentatives pour faire à nouveau parti de la famille. Mila avait cette vision biaisée de la situation, préférant croire qu’il l’a trompait plutôt que d’admettre l’idée qu’il avait besoin d’aide, qu’il avait besoin d’elle. Les filles se poseraient forcément des questions en voyant la silhouette de leur père sur le canapé plutôt que dans son lit, et elles étaient assez intelligentes pour additionner 2+2 et comprendre que quelque chose était en train d’arriver à leurs parents. Lui non plus n’avait pas envie de le faire souffrir plus encore, mais de se voir ainsi repousser dans le salon par sa femme le foutait en plus bas que terre. « Tu dors après elle. Tu te lèves avant elles. Elles verront rien. Et moi… je veux pas te savoir autre part que chez nous. » Chez nous. Le brun s’était mordu la lèvre pour empêcher les mots de faire encore plus de mal à Mila. Parce que si il avait longtemps considéré sa maison comme un havre de paix il n’était maintenant plus question d’y trouver un minimum de réconfort. « Comme tu voudras. » Eliott se pliait aux envies de la brune pour ne pas accentuer encore plus sa rage, mettant de côté sa fierté masculine qui le poussait à prendre les devants en exprimant le fait qu’il ne dormirait pas ailleurs que dans son lit. Mais elle avait besoin de temps, d’espace, et lui avait besoin d’elle plus que jamais auparavant. C’était à n’y plus rien comprendre. Un coup oui, un coup non. La tête dodelinant sur le côté comme un robot cassé Eliott avait sorti toutes ses tripes pour enfin demander à la brune ce dont elle avait, ce dont elle avait besoin. « Et je fais quoi ? Si tu quittes cette maison tu sais comme moi que tu ne reviendras pas. » Et ça lui brisait un peu plus le cœur que de comprendre qu’elle avait perdu confiance en lui, en elle, en ce couple qu’ils formaient depuis des années et qui avait toujours attisé la jalousie. « Bien sûr que si … je reviendrai pour toi, pour elles aussi. » Elles étaient la seule chose qui le faisaient encore tenir debout, la seule solution à ce problème, et même si Mila ne voulait pas encore accepter que son mari ait besoin d’aide, elle devait au moins le croire quand il lui promettait de ne jamais la quitter pour une autre. Complètement abattu, les épaules baissées, Eliott s’était dirigé vers la porte pour se préparer à quitter son foyer, si c’était vraiment ce dont elle avait envie. La colère contenue dans ses poings, dans ses yeux qui se paraient de larmes, le brun avait essuyé une nouvelle salve de reproches qui l’avait poussé au bord du gouffre. Mila était dure, dans ses mots et dans ses gestes, inconsciente du mal qu’elle pouvait lui faire tant elle souffrait elle aussi. C’était trop. Le ton de sa voix emportée par la brûlure qu’elle avait laissé en lui reprochant tout et n’importe quoi, le présentateur avait laissé parler ce côté sombre de lui qu’il redoutait tant et qui pouvait la faire fuir pour toujours. Elle ne comprenait pas tous les efforts qu’il faisait pour ne pas replonger, toutes ses soirées où il préférait éteindre son téléphone plutôt que de se laisser tenter par une toute petite partie. C’était ça, sa bataille à lui. Dans ses paumes les ongles laissent des traces alors qu’il exulte, que son corps tout entier se tend devant Mila, prêt à tout pour la faire réagir, pour qu’elle comprenne qu’il en avait plus qu’assez de cette situation. Il voulait son couple, son foyer, tout ça valait la peine de se battre. Appuyé contre la carrosserie démontée Eliott avait étouffé un sanglot alors que les mains de Mila se posaient contre son torse. Une approche nécessaire, salvatrice. La dernière qu’elle ferait pour lui. « Je veux pas entendre que t’as vraiment un souci. Je veux pas Eliott. Je suis pas prête à ça. Pas maintenant. Pas maintenant ni jamais. » La tête hochant lentement de haut en bas, le brun avait glissé ses mains contre celles de Mila avant de lui prendre les doigts doucement. Ce contact le brûlait tout comme il le libérait. « Pourtant il va falloir mon amour … parce que j’y arriverai pas sans toi. » Non, il n’avait aucune chance de s’en sortir si elle refusait d’être là pour lui, si elle se forçait à croire qu’il n’avait pas de problème, que tout ça était faux. Eliott avait encore tout à prouver, rien n’était gagné et tout restait encore possible. Mais le simple d’avoir reconnu son addiction était un grand pas, celui d’avoir cherché un moyen de s’en sortir, un pas de géant. « Tu m’as laissée seule pendant des nuits entières. J’ai cru que c’était moi. J’ai cru que c’était mon boulot. J’ai cru que c’était parce que je voulais qu’on ait un autre enfant. J’ai cru qu’il y avait une autre femme. J’ai… » La liste était encore longue mais le brun n’avait pas envie de l’entendre, préférant soulever doucement le menton de sa femme entre ses doigts pour qu’elle le fixe enfin dans les yeux. « Mila … J’ai jamais dit que je voulais pas un autre enfant j’ai juste … on est très occupés et je voulais pas qu’on se lance sans avoir complètement étudié la question … » Bien sûr qu’il voulait un autre enfant, mais était-il seulement prêt à recommencer cette aventure encore une fois ? Pas aujourd’hui, pas tant qu’il ne réglerait pas ses problèmes d’abord. Il fallait qu’elle lui dise quoi faire, comment agir, quelle décision prendre. Mila avait toujours eu le contrôle sur sa vie, et si elle avait besoin d’avoir le contrôle sur lui alors Eliott était prêt à lui donner l’accès libre à tous ses faits et gestes. « Sam et Anna. Je veux que tu sois là pour Sam et Anna. Je sais pas où j’en suis … je peux attendre qu’elle aillent mieux. J’irais mieux quand elles seront rassurées. Ralentis sur le boulot pour elles. S’il te plaît. » Acquiesçant d’un mouvement de la tête Eliott n’avait pas lâché les mains de sa femme toujours posées contre sa poitrine. « Tout ce que tu voudras. » Tout. « Je vais poser un congés, pour être là tous les jours. Tu pourras te focaliser sur ton boulot et moi sur les filles. C’est promis. » Il en avait fait beaucoup, des promesses, mais celle-ci avait une valeur toute particulière dans le cœur du Lynch qui tentait le tout pour le tout pour se retrouver, pour la retrouver.
@Eliott Lynch & Mila Lynch ⊹ I'll be your light, your match, your burning sun, I'll be the bright, and black, that's making you run, and I feel alright, 'cause we'll work it out. I'll be doin' this, if you ever doubt, 'til the love runs out.
Il lui était impossible d'envisager qu'Eliott ne vive plus avec elles sous le même toit, même provisoirement. Mila ne désirait pas faire une croix sur leur mariage, simplement s'éloigner quelques temps pour comprendre ce qui lui tombait dessus, ce qui leur tombait dessus en cessant de tout remettre sur les épaules d'Eliott. C'était sa faute, et elle lui en voulait énormément d'être tombé dans ce milieu si éloigné de l'idéal vers lequel ils tendaient, mais elle avait promis qu'elle ne romprait pas ses promesses ; pour le meilleur et pour le pire, dans la joie comme dans la peine. « Comme tu voudras. » Elle avait l'impression qu'il n'irait pas à l'encontre de ses volontés, pas après avoir manqué de la perdre, de tout perdre, et d'être encore un peu sur le fil du rasoir. Mila oscillait entre le fait de se savoir rassurée en sentant le brun faire des efforts, mais se disait aussi qu'il ne lui livrait pas le fond de sa pensée de crainte de se mettre à dos la boule de nerfs et de jalousie qu'elle était devenue. Elle venait de réduire en lambeaux des milliers de dollars de fringues, d'exploser les vitres de la voiture avec son club de golf en fibre de carbone ; la brune était devenue un cliché à elle seule et s'en voulait de potentiellement perdre son mari à son tour en se montrant si différente de ce qu'elle était dans le fond. La tristesse la rendait hystérique, et elle avait véritablement besoin de temps pour se retrouver, pour intégrer le fait qu'Eliott avait un problème et que cette nouvelle la bouleversait plus que sa fierté n'était capable d'avouer. Elle était persuadée que s'il quittait cette maison pour vivre chez son frère il ne reviendrait pas, même s'il lui affirmait le contraire et semblait sincère. « Bien sûr que si … je reviendrai pour toi, pour elles aussi. » Des paroles, des promesses, et si Mila se mordait le bout de la langue pour ne pas lui resservir le fait qu'il avait passé ces dernières semaines à lui mentir, une partie d'elle même avait besoin de se nicher dans ses bras. Parce qu'il lui manquait terriblement. "Dis pas ça." murmurait elle presque, non pas parce qu'elle n'y croyait plus, mais pour s'épargner une nouvelle salve de larmes qui menaçaient chaque fois de la réduire en un sanglot immense. Les mots les plus durs fusaient ensuite, et finalement, le ton employé par Eliott l'avait fait redescendre un peu ; car elle ne s'y attendait pas, qu'il semblait tirer la sonnette d'alarme et qu'elle avait franchi la ligne rouge. Rendue entre la carrosserie et son mari, Mila avait fini par hésiter longuement avant de le retenir en posant ses mains contre son torse, maintenant par la même une distance qu'elle jugeait nécessaire. Elle confiait dans un souffle ne pas être prête à traverser cette épreuve, qu'elle ne voulait pas l'être non plus, mais le brun avait fait glisser ses doigts contre ses mains, réveillant ce manque de contacts qui la tenaillait depuis des semaines. « Pourtant il va falloir mon amour … parce que j’y arriverai pas sans toi. » Non. Elle non plus n'y arriverait pas, ne se sentait pas capable d'avoir ce poids sur les épaules alors qu'elle avait toujours trouvé en eux la clé d'un bonheur absolu. "Dis pas ça ..." répétait elle à nouveau, prouvant ainsi qu'elle n'était pas encore prête, qu'il lui fallait quelques jours pour reprendre le dessus, et qu'elle n'était pas aussi forte que la femme qu'elle l'avait toujours prétendu être. Lui confiant d'ailleurs le fond de sa pensée, la brune avait baissé la garde, rendu les armes, laissant même son mari remonter son menton pour capter son regard rougi par les larmes. « Mila … J’ai jamais dit que je voulais pas un autre enfant j’ai juste … on est très occupés et je voulais pas qu’on se lance sans avoir complètement étudié la question … » Ces explications sonnaient fausses, et si aujourd'hui elle comprenait qu'il y avait plus que leurs boulots respectifs, dans le fond elle ne lui avouerait jamais à quel point sa façon de se soustraire à la discussion l'avait blessée. "On sera toujours occupés. Enfin je ... c'est plus au programme maintenant de toute façon, mais j'aurais aimé que ça se passe différemment." Anna leur avait laissé tout juste deux mois pour se préparer à devenir parents, Sam était arrivée quelques semaines à peine après l'ouverture du restaurant ... ils avaient toujours été occupés, et alors qu'elle se remémorait brièvement ces souvenirs qui dataient de quelques années maintenant, la jeune femme se heurtait à un constat ; ils s'éloignaient de plus en plus de ce qu'ils étaient avant. Avant le Red. Avant qu'ABC ne prenne cette place dans leur vie. Avant qu'elle ne laisse Eliott se terrer dans ses peurs, avant qu'elle délaisse la cuisine pour passer sur le devant de la scène. Avant. "Étudié la question, hein. Tu te souviens quand tu voulais qu'on appelle Anna Gwenevere ?" Quand on dansait dans la cuisine, quand je bataillais pour qu'on reconnaisse mon travail au Garden, quand tu faisais du journalisme, quand on avait le monde à nos pieds, avant qu'on ne passe de deux ambitieux à ce couple prudent digne des cartes postales les plus clichés ? "... je crois que c'est pour ça que je voulais qu'on recommence. T'as raison. C'était ... peut être pas une bonne idée." et ce n'était pas quelque chose qui lui plaisait, Mila était d'ailleurs nostalgique, et un brin amère face à cette prise de conscience qui la brisait encore un peu plus. Malgré tout, pour l'heure, seules leurs filles importaient, et alors qu'elle se plaçait volontairement en retrait, la brune demandait une faveur à son mari : être là pour Sam et Anna, rattraper le temps perdu, car il leur avait manqué autant qu'à elle. « Tout ce que tu voudras. Je vais poser un congés, pour être là tous les jours. Tu pourras te focaliser sur ton boulot et moi sur les filles. C’est promis. » Poser congés n'était peut être pas la meilleure des solutions pour l'aider à aller vers l'avant, à remettre le pied à l'étrier, aussi Mila secouait la tête négativement, fuyant à nouveau son regard pour préciser : "Greta sera là, essaie de prendre du temps pour toi. Je dois partir à Sydney pendant trois jours la semaine prochaine." A vrai dire elle n'avait pas encore accepté ce déplacement facultatif, mais se gardait bien de le préciser. Il fallait qu'elle prenne du recul, qu'elle s'éloigne pour réfléchir, car chaque fois qu'elle se tenait près de lui ses sentiments reprenaient le dessus. Eliott était son mari, son âme sœur, et quoiqu'il fasse, la brune avait l'impression qu'elle l'aimerait toujours plus que sa raison ne le cautionnait. "... ce sera ça de moins à expliquer si jamais les filles te surprennent à dormir dans le canapé." Car elle lui laisserait son lit, leur lit, en espérant que ces trois jours de séparation l'aideraient à faire le point sur ce qu'elle voulait vraiment.
I should've known better. Can't even pretend like I don't want it again. On the brain all the time, Thinkin' of all the things that we did. You did somethin', 'Cause shit like this don't happen too often. It's the way you put it down, I don't want no one else around. Got me takin' a step on the wild side, Cuttin' all ties With them other guys, When you, when you look in my eyes Lovin' me nice and slow
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Mila voulait s’éloigner, prendre du temps pour réfléchir à toute cette situation qui était en train de lui faire perdre la raison à défaut de l’aider à trouver du sens à tout ça. Eliott était résigné à l’idée qu’elle le foutait à la porte, qu’elle en avait finalement eu marre de son petit manège et des excuses qu’il répétait à tout bout de champ pour tenter de la garder au plus près de lui. Le présentateur n’avait jamais été du genre égoïste, sauf que ça concernait sa famille qu’il avait beaucoup de mal à partager avec les autres. De voir la brune se dérober ainsi devant ses yeux l’avait plongé dans une léthargie nouvelle qui le poussait à agir comme un robot sans aucune émotion. Il avait préféré faire passer ses envies après celles de sa femme en acceptant toutes les demandes plutôt que de chercher à la combattre. Mila voulait de lui ici, alors il resterait. Elle voulait du temps pour réfléchir, alors il lui en donnerait. Lynch était prêt à tout pour sauver son mariage, quitte à agir comme le parfait chien docile que l’on foutait à la niche après une connerie. Pourtant il avait cette folle envie de lui répondre, de faire parler ses sentiments plutôt que sa raison en expliquant à Mila qu’elle avait – certes – tous les droits d’être en colère mais qu’elle se voilait encore la face quant au fait qu’il avait un réel problème d’addiction. Elle refusait de le voir, de le reconnaître, d’imaginer même qu’il aurait besoin d’elle pour affronter la tempête sous peine de se noyer en pleine mer. Mila, Anna et Sam. Les trois personnes les plus importantes de sa vie souffraient de son absence, de ce silence qu’il n’arrivait pas à briser pour mettre des mots sur ce qui fait mal, ce qui atteint sous la carapace pourtant bien épaisse. Eliott avait peur de beaucoup de choses, des araignées en passant par les échafaudages, mais l’idée seule de perdre sa famille le terrifiait bien plus que les crashs d'avions. La chef lui refusait l’idée de prendre ses distances physiques en trouvant refuge chez Spencer qui aurait eu la politesse de ne pas chercher à comprendre, mais qui se serait inquiété quand même. Elle le voulait là, tout prêt, afin d’être sûre qu’il ne gâchait pas sa promesse de tout faire pour s’en sortir. Egoïstement il aurait voulu qu’elle lui dise que c’est parce qu’elle ne peut pas vivre ici sans lui, mais le présentateur se contentait des miettes en attendant qu’elle aille mieux, qu’ils aillent mieux. Sans la brune dans sa vie Lynch était perdu, elle était son phare dans la tempête, et il aurait fait tous les efforts du monde pour lui prouver qu’il avait assez de courage et de force pour se battre jusqu’au bout. « Dis pas ça. » Les lèvres pincées il avait accepté les paroles de Mila alors qu’elles l’enterraient encore plus bas que terre. La confiance c’était envolée dans le couple, mettant à mal tout ce qu’Eliott pouvait bien dire à sa femme pour la rassurer. Plus rien ne fonctionnait, lui brisant le cœur un peu plus alors que les larmes avaient de nouveau pris possession des yeux de la brune. « C’est la vérité. » Comme toutes les autres phrases qu’il avait sorti à sa femme aujourd’hui. Une vérité sincère, même ça Mila avait encore du mal à l’entendre. Si il fallait qu’il lui tienne tête pour la faire réagir alors le présentateur n’hésiterai pas une seule seconde, incapable de la laisser filer entre ses doigts, mortifié à l’idée de la voir s’échapper alors qu’elle était toute sa vie. La conversation était montée d’un ton entre les deux avant que la chef ne fasse le premier pas en déposant ses mains sur son torse pour le retenir, imposant tout de même une distance qu’elle jugeait nécessaire et qui avait attiré la tristesse dans les yeux de son époux. Elle était présente et absente à la fois, complètement assaillie par les mots du brun qui déclarait avoir besoin d’elle pour aller mieux. Encore une fois la plus sincère des vérités. « Dis pas ça… » Trop tôt. Trop tard. Le présentateur avait hoché la tête lentement sans risquer d’ajouter quoi que ce soit aux paroles de Mila. Elle lui balançait tout ce qu’elle retenue jusqu’à présent, le désir d’un nouvel enfant qu’il avait fait disparaître d’un mouvement de la main en prétextant être trop occupé pour y penser, toutes ces nuits qu’elle avait passée seule dans les draps froids, tout ce qu’elle s’était imaginé pendant des semaines. Impassible, mais les doigts toujours appuyés contre les mains de sa femme, Eliott avait préféré relever son menton pour la rassurer, la forcer – aussi – à soutenir son regard. « On sera toujours occupés. Enfin je … c’est plus au programme maintenant de toute façon, mais j’aurai aimé que ça se passe différemment. » Mila était née pour être mère. Les filles avaient une chance inouïe que de pouvoir l’appeler ‘maman’ et la brune avait toujours fait passer sa famille bien avant son boulot. Qu’est-ce qu’il pouvait être fière d’elle, de tout ce qu’elle avait accomplie durant des années, de tout ce qu’elle était. « Que ça se passe comment ? Dis-moi. » Il avait besoin d’entendre tout ce qu’elle retenait au plus profond, toutes les choses qu’elle n’avait jamais osé lui dire. C’était ça, aussi, sa façon de se battre pour elle. Faire plus attention aux détails, aux réflexions qu’elle pouvait avoir, à tout ce qui composait son quotidien, de la plus grande des informations à la plus banale. Refaire de Mila sa femme et non pas celle qui partage simplement sa maison. « Étudier la question, hein. Tu te souviens quand tu voulais qu’on appelle Anna Gwenevere ? » Un sourire avait pris place sur les lèvres du Lynch alors qu’il se remémorait avec précisions la longue bataille entre Mila et lui pour choisir le prénom. Une blague innocente avec laquelle il avait fait tourner la brune en bourrique pendant des mois. « T’as toujours détesté cette idée… mais ça aurait eu du charme. » Un charme de Moyen-Âge qui aurait rendu la vie impossible à la fillette durant l’adolescence. Les souvenirs d’avant lui remontaient en pagaille dans l’esprit alors que Mila baissait les yeux pour ne pas avoir à le regarder, plus vulnérable que jamais alors que la tension s’établissait de nouveau entre le couple. « … je crois que c’est pour ça que je voulais qu’on recommence. T’as raison. C’était … peut-être pas une bonne idée. » Non. Il avait tort, comme toujours. Eliott s’était pincée les lèvres en s’imaginant accueillir un nouvel enfant, tout recommencer encore une fois et être le plus heureux du monde comme il l’avait été pour la naissance de ses filles. « C’est pas une bonne idée, pour le moment. Ça ne veut pas dire que ça ne le sera pas quand ça ira mieux. » Il n’était pas fermé à l’idée bien qu’elle semble à impossible à réaliser pour l’instant, mais Eliott étant bien décidé à récupérer sa femme et sa vie de famille il gardait la pensée dans un coin de sa tête pour un autre moment que celui-là. Coupant le contact entre sa peau et celle du brun Mila avait exprimé la volonté de le voir rester pour les filles alors qu'elle prendrait du temps pour elle, se donnait ainsi l'opportunité de trouver un sens à tout ça. Un temps nécessaire bien que douloureux, où Eliott deviendrait à nouveau le papa modèle pour ses deux princesses. Il le fallait. « Greta sera là, essaie de prendre du temps pour toi. Je dois partir à Sydney pendant trois jours la semaine prochaine. » Le brun avait froncé les sourcils, soudainement abattu devant la pensée que Mila ne lui faisait pas confiance pour prendre soin d'Anna et de Sam. Bien que souvent absent ces derniers temps le présentateur avait toujours mis un point d'honneur à s'assurer que ses filles ne manquaient de rien, avoir Greta sur le dos ne ferait que renforcer ce sentiment qu'il avait de ne plus être bon à rien. « Je sais prendre soin de nos enfants Mila. Et j'ai pas besoin d'avoir le kaiser sur le dos qui me hurle que je suis trop laxiste avec elles. » Les mains bien enfoncées dans les poches, piqué au vif par la remarque pourtant innocente de sa femme, Eliott s'était mordu la lèvre pour ne pas répondre qu'il savait encore comment faire pour rendre ses filles heureuses. « Tout se passera bien. Tu peux partir l'esprit tranquille ... enfin essayer. » Dans toutes les épreuves, même les plus dures, Eliott avait toujours fait son possible pour soutenir sa femme dans sa vie professionnelle, conscient qu'elle sortait en dehors de sa zone de confort avec ce nouveau challenge qu'elle réussirait, comme tout ce qu'elle entreprenait. « ... ce sera ça de moins à expliquer si jamais les filles te surprennent à dormir dans le canapé. » C'était le canapé, donc. « Je dirai que j'étais trop fatigué pour grimper les marches. » Il répondait sans trop d'entrain mais avec assez de légèreté dans la voix pour que sa femme n’interprète pas ses paroles comme un manque d'application. Eliott s'était relevé pour jeter un dernier coup d'oeil à la voiture maintenant décédée sur la chaussée, la seule témoin de toute cette querelle qui prenait fin pour laisser place à l'incompréhension la plus totale. « Je suis fier de toi tu sais. Et j'espère qu'un jour tu le sera à nouveau de moi. » Un demi-sourire fatigué sur les lèvres Eliott avait rejoint l'intérieur de la maison, le corps las de cette journée qui n'en finissait plus, avec pour seul désir celui de dormir jusqu'à demain.
@Eliott Lynch & Mila Lynch ⊹ I'll be your light, your match, your burning sun, I'll be the bright, and black, that's making you run, and I feel alright, 'cause we'll work it out. I'll be doin' this, if you ever doubt, 'til the love runs out.
Elle voulait se distancer de son mariage, s'y soustraire l'espace de quelques jours même si ce besoin qu'elle s'autorisait à manifester la peinait autant que de l'avouer à voix haute. Qu'Eliott lui dise qu'il reviendrait, qu'il serait toujours là après ces dernières semaines d'absence qu'il lui avait fait vivre la faisait craquer complètement. Mila perdait pieds, répétait ses paroles, et alors qu'il poursuivait d'un : « C’est la vérité. » elle sentait les larmes la gagner de plus belle. Si le contact avait été rétabli (et le club de golf relâché au sol) la brune n'en était pour autant pas prête à passer le cap d'un retour à la normale. Il leur faudrait du temps avant de pouvoir redevenir un couple aussi soudé qu'ils l'étaient, tout comme il faudrait du temps à Eliott pour redevenir le père et le mari qu'il était avant de glisser du mauvais côté. Mila était sans doute trop dure dans son jugement, aussi finissait elle par se raisonner afin d'éviter d'aller trop loin, et se contentait de lui livrer le fond de son cœur en arrondissant les angles. Elle l'avait voulu, ce troisième enfant, cette nouvelle grossesse, retrouver ce bonheur qui les avait comblés autrefois. Il n'en était plus question aujourd'hui, plus maintenant ni demain, mais la réponse de son mari -à l'époque- l'avait fait douter, et ce n'était pas la suite des événements qui l'avait aidée à s'apaiser, loin de là. « Que ça se passe comment ? Dis-moi. » La brune ne pouvait pas se soustraire au regard du brun, et n'en avait pas vraiment envie. Ils ne s'étaient pas parlé à coeur ouvert depuis des jours, des semaines entières ... et n'avaient jamais eu cette discussion au sujet de ce bouleversement que la jeune femme aurait voulu voir s'opérer une dernière fois dans leur vie. "Je me demande si c'était une bonne idée d'accepter cette émission. Si je l'avais pas fait tu serais ... peut être resté. On aurait peut être eu plus de temps, comme tu voulais." Avoir ce bébé n'avait jamais été une finalité, car ils avaient déjà Sam et Anna. Mila l'avait désiré pour connaître la maternité une dernière fois, pour éventuellement mettre au monde un garçon. Elle ne se serait pas rongé les sangs si Eliott l'avait refusé, mais cette sorte de non-réponse l'avait frustrée... et lui avait brisé le cœur d'une certaine façon. Leurs enfants les avaient toujours rendus heureux, et à se rappeler la le choix du prénom de leur aînée, la brune avait fait naître un demi sourire sur le visage de son mari. « T’as toujours détesté cette idée… mais ça aurait eu du charme. » Aucun. Mila secouait d'ailleurs doucement du menton, toujours réfractaire bien que près de dix années s'étaient écoulées. "Non et tu le sais." soufflait elle en fermant les paupières un bref instant, se laissait envelopper par le souvenir des mains du brun contre son ventre, de son visage contre son cou. Tout était si différent maintenant. Elle n'osait plus le regarder en face, de peur de voir à nouveau son monde s'écrouler, et même si Eliott précisait : « C’est pas une bonne idée, pour le moment. Ça ne veut pas dire que ça ne le sera pas quand ça ira mieux. » la brune n'y croyait toujours pas. Pas vraiment du moins. Le voudrait elle encore après toutes ces épreuves ? Amener un nouveau bouleversement dans leurs vies ne devrait pas être au programme, tout comme se projeter à si long terme. "T'es pas obligé de me protéger." répondait-elle alors, espérant ainsi lui faire comprendre que son désir n'était pas un besoin, et qu'il l'était d'autant moins aujourd'hui. Il fallait avant tout qu'ils prennent du temps pour eux, individuellement (du moins en ce qui la concernait) et annonçant qu'elle quittait Brisbane pour Sydney l'espace de quelques jours, la brune récoltait un froncements de sourcils de la part d'un Eliott qui se méprenait sur le sens de ses paroles. « Je sais prendre soin de nos enfants Mila. Et j'ai pas besoin d'avoir le kaiser sur le dos qui me hurle que je suis trop laxiste avec elles. » Bien sûr qu'il s'avait, et elle remontait sa main contre sa joue, s'autorisait un contact avec sa peau brûlante pour la première fois depuis que ses nerfs avaient lâchés. « Tout se passera bien. Tu peux partir l'esprit tranquille ... enfin essayer. » Il la connaissait bien, suffisamment pour savoir que laisser sa famille la rendait toujours nerveuse. Toujours. "C'est pas pour elles que je m'en fais. C'est pour toi. Je sais que tu sais prendre soin des filles, ce que je te demande c'est de prendre soin de toi. S'il te plaît." Eliott avait d'ailleurs promis. Et les promesses avaient un sens nouveau chez les Lynch désormais. Le nouveau départ qu'ils devaient prendre nécessitait qu'ils recommencent sur des bases saines, et même s'il ne s'agissait pas du constat le plus évident au monde alors qu'elle était adossée au vestige d'une Mercedes ayant fait les frais de sa jalousie, Mila y mettrait vraiment du sien pour que ça fonctionne, même si pour le moment la brune préférait faire chambre à part. Le temps d'y voir plus clair. « Je dirai que j'étais trop fatigué pour grimper les marches. » Elle hochait le menton, sans trop savoir quoi répondre à un fait qu'elle désirait autant qu'elle le détestait. Le ton du Lynch semblait léger mais ne trompait pas ; lui aussi était brisé, happé par ce tourbillon qui les tiraient vers le fond, aussi lorsqu'il s'éloignait en ajoutant que : « Je suis fier de toi tu sais. Et j'espère qu'un jour tu le sera à nouveau de moi. » Mila avait senti les larmes la gagner à nouveau, incapable de répondre quoique ce soit d'intelligible à cette remarque qui lui prenait le coeur en otage.