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 I've come to talk with you again

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Message(#)I've come to talk with you again EmptyJeu 23 Jan 2020 - 21:34




I'VE COME TO TALK WITH YOU
Mon déménagement, je l’ai préparé. Je n’avais aucune envie de me pointer à Brisbane à l’improviste et d’être forcé de demander à mon frère de m’héberger. Je l’aimais du fond du cœur, mais j’étais en colère. Kelly et lui, parrain et marraine respectifs de Sofia, tenaient les rôles ingrats de grands coupables dans mon imagination. Ils étaient sur place, avec elle, je leur avais confié sa sécurité et son bien-être et ils avaient juré. Ils m’avaient promis qu’ils veilleraient sur elle comme si elle était leur progéniture. Or, ils faillirent à leur tâche. Ils ne remarquèrent rien de son mal-être et de sa déchéance. Ils demeurèrent aveugles aux signaux qu’elle laissait traîner derrière elle. Moi, je n’étais pas là. Je ne me sentais pas moins coupable de son décès, mais je m’employais à me trouver des circonstances atténuantes pour ne pas devenir complètement fou. Je me persuadais que, si j’avais eu tout le loisir d’être à ses côtés quelques minutes par jour, j’aurais remarqué qu’elle portait désormais des vêtements plus amples, que ses pupilles s’éteignaient à vue d’œil et qu’elle perdait du poids. Je me répétais inlassablement que j’aurais été plus attentif parce que ça rend mon échec plus tolérable, mais c’est profondément injuste. Sarah et moi avons décidé seuls d’accepter qu’elle s’installe à Brisbane avec l’une ou l’autre de ses copines, histoire d’y suivre des études valorisantes et de se rapprocher de son petit-ami. Dans les faits, nous ne pouvions nous en prendre qu’à nous-mêmes si la vie nous arracha notre bébé. Sauf que je ne peux plus m’empoisonner l’existence à ressasser l’immuable. J’ai besoin de me mettre en mouvement, de me sentir utile à une cause juste, bien que personnelle. N’ai-je pas déjà perdu trop de temps à me lamenter sur ma perte et à m’apitoyer sur mon sort alors que les criminels courent toujours ? Les criminels ! Le mot est dur, choisi sans parcimonie et, surtout, avancer sans preuve. Rien ne laissait présager que sa mort fut le fruit d’un meurtre commis par un cerveau malade. J’avais cependant bien du mal à envisager que les dealers qui vendent leur came à l’entrée des écoles de la ville ne sont pas des assassins. Indirectement, ils contribuèrent à la chute fulgurante de l’étudiante cher à mon cœur et, d’après moi, la clé du mystère de sa mort se cachait au milieu de ses fréquentations. ça ne faisait aucun doute et, de mémoire d’hommes, je ne connaissais qu’une jeune adulte capable de m’éclairer sur celle qui contribua à détruire Sofia.

Remonter la trace de Charlie ne fut pas bien compliqué. Un coup de téléphone à quelques uns de ses proches suffit à récolter les adresses de son boulot et de son domicile. Aussi, pressé d’adoucir enfin ma douleur et soucieux de rattraper le temps perdu, je ne m’en accordai aucun à apprivoiser mon nouveau chez moi. Ce n’était jamais qu’un studio sans standing au cœur d’un quartier pourri de la ville. Le voisinage ne m’intéressait pas et réfléchir à la manière dont je l’agencerais n’aurait aucun sens : je l’avais loué meubler. De plus, j’étais convaincu que ma volonté m’aiderait à dénicher le Graaal assez rapidement pour rentrer chez moi dans le courant de l’année. Je rêvais éveillé évidemment, mais je n’en avais encore conscience. En grimpant dans ma voiture – je déposai mon maigre paquetage sur le seuil de la porte – j’étais bien trop occupé à réfléchir à la manière la plus douce d’aborder Charlie pour obtenir d’elle ce que j’attendais. Je ressentais, pour cette gamine, une affection sincère. Dans mon souvenir, elle rayonnait tel un soleil d’été et brillait d’intelligence. Elle méritait que je la ménage. Elle l’aimait, son amie. Elles s’étaient rencontrées un peu bêtement, par le fruit du hasard, mais la distance ne parvient pas à la séparer. Aussi était-il primordial de ne pas réveiller ce mal atténué par son deuil. J’avais à cœur de le respecter, sans l’envier, prêt à me réjouir de son bonheur sans ma fille.

Garé devant le bar dans lequel elle s’usait – à cette heure, elle devait s’y trouver – j’avoue avoir quelque peu déchanté. Charlie était, comme Sofia, promise à un avenir lumineux et je me surpris à espérer qu’il ne s’agissait que d’un job d’appoint destiné à s’offrir l’université. Je m’accrochais toujours à cette supposition lorsque je reconnus sa chevelure feu et que j’approchai. « Bonjour Charlie. » la hélais-je avec douceur, heureux d’en être toujours capable. « Je suppose que tu te souviens de moi. » Le contraire m’aurait étonné, mais je m’emploie tout de même à vérifier. Beaucoup d’eau à couler sous les ponts depuis le jour funeste de notre dernière rencontre. « Je suis le papa de Sofia. Tu crois que tu aurais quelques minutes à m’accorder ? » Bref. Concis. Précis également. Je reste fidèle à moi-même, d’autant que je suis certain qu’elle a toujours su que ce jour viendrait, qu’elle l’a peut-être inconsciemment souhaité. Du moins, c’est ce que je crois deviner dans le fond de son regard.






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Message(#)I've come to talk with you again EmptyDim 9 Fév 2020 - 18:07

A travailler dans un bar et être appelée par des dizaines de voix différentes chaque jour, elle a appris à reconnaître les différents timbres et intonations de chacune pour déjà se préparer à ce qui l’attend la seconde suivante dès lors qu’elle se retournera avec un sourire de façade, emploi oblige. Elle sait reconnaître ceux qui ont déjà trop bu, ceux qui la pensent déjà dans son lit, ceux qui ont du mal à se faire entendre au milieu du brouahaha ambiant et d’un Matt hurlant d’un bout à l’autre de la pièce sans raison aucune. Cette voix là cependant n’a rien à voir avec tout cela. Elle a un timbre triste, si triste qu’il briserait presque déjà le coeur de la blonde sans qu’elle ne sache rien de plus à propos de la situation. Charlie se retourne au ralenti, anticipant déjà une mauvaise nouvelle à venir alors que le bar est rempli par une belle ambiance comme d’habitude. « Je suppose que tu te souviens de moi. » Les yeux bleus de la jeune femme s’écarquillent doucement en même temps qu’elle déglutit avec difficulté à la vue de ce fantôme du passé. Le père de Sofia a subit les affres du temps depuis leur dernière rencontre mais elle sait qu’elle pourrait toujours le reconnaître entre mille, grâce ou plutôt à cause de tout ce qu’ils ont eu à vivre ensemble. La mort d’un proche change les gens et soude les personnes de manière assez paradoxale. Sofia n’était après tout qu’une amie pour Charlie et aussi proches avaient-elles pu être cela ne saurait jamais être comparable à un lien de parenté aussi proche qu’un père et sa fille. Depuis qu’elle a appris pour sa grossesse, la situation est d’autant plus compliquée pour elle à accepter, entre mille sautes d’humeur dues aux hormones.

La mâchoire crispée à la simple vue de l’homme, elle arrive tout de même à hocher la tête de la positive. « Je suis le papa de Sofia. Tu crois que tu aurais quelques minutes à m’accorder ? » Entendre le prénom de son ancienne amie lui provoque encore quelques frissons parsemés le long de son dos et de ses bras, elle affiche une moue désolée devant Amos, loin de pouvoir arranger la situation d’aucune façon. Elle a beau tenter de faire de son mieux, cela n’est jamais le résultat final de ce qu’elle tente d’entreprendre. ”Bien sûr, oui.” On l’interpelle à nouveau dans le bar mais cette fois-ci la blonde s’y refuse et lève sa main pour le signifier à l’inconnu. Un coup d’oeil à Decklan lui permet de lui faire comprendre qu’il doit prendre le relais pour le moment. Elle n’a pas besoin d’ajouter de mots à tout cela et sans même qu’elle ne lui expliquera jamais ce qu’Amos et elle pourront se dire mais elle sait qu’il saura se contenter de ce qu’elle lui donnera. ”Vous avez besoin de quelque chose … ? Enfin … Je .... Vous voulez à boire ?” Elle tâtonne, cherche ses mots, ne les trouve pas, fait marche arrière et retourne dans sa zone de confort consistant à proposer à boire ou à manger pour occuper l’esprit et la bouche et ne pas avoir à parler de quoi que ce soit de douloureux. Pas encore.
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Message(#)I've come to talk with you again EmptyDim 9 Fév 2020 - 21:35




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Je sus, à la manière dont ses yeux s’arrondirent en me voyant que ma question était inutile. Elle se souvenait évidemment. Comment aurait-il pu oublier le jour de notre dernière rencontre ? J’enterrais ma fille et, plus tard, lors de la cérémonie d’hommage, celle au cours de laquelle chacun est supposé se rappeler des souvenirs heureux avec le défunt, mais qui n’est un qu’en réalité qu’un repaire à pique-assiette, je m’enfermai dans un silence morne, abattu. La tête baissée, je n’avais pas cherché à dénombrer qui, de ses amis, était présent ou non. Celle de Charlie, pourtant, ne m’échappa pas vraiment. Elle comptait parmi les membres étendus de cette famille tantôt excessive tantôt bienveillante. Mon entrée en matière n’en était que plus bancal, mais j’ai toujours davantage brillé par ma maladresse que par mon éloquence. Aussi, me contentais-je d’un sourire engageant et reconnaissant qu’elle m’accorde un peu de son temps. Elle était bien assez nerveuse comme ça. Elle butait sur les mots, mais je ne lui en tins pas rigueur. En plus de m’arracher un rire que j’espérais plus détaché, elle me tendait une perche que je saisis sans hésiter. « Je veux bien un whisky. Sans glace. S’il te plait. » De l’alcool, pur, que j’avais bel et bien l’intention de régler. « Et, tu n’as pas tout à fait tort tu sais. J’ai bien besoin de quelque chose mais... » Comment exprimer ma démarche simplement et sans paraître complètement fou ? Comment lui demander de puiser dans ses souvenirs qu’elle avait sans doute profondément enfoui dans sa mémoire de sorte qu’il ne puisse la réveiller durant la nuit ? Comment ?

Opter pour la vérité nette, tranchante, brute, presque violente ? Peut-être, à condition que je parvienne à rassembler assez de délicatesse pour ne pas l’effrayer. Je pouvais faire. J’en étais capable avec Sofia. J’arrivais à trouver de jolis mots pours soulager ses peurs d’enfants, la rassurer et la réconforter. Certes, c’était plus facile. Il s’agissait de mon enfant. J’étais libre de m’aider en la prenant dans mes bras, aurais-je besoin de ça puisque c’est pour elle que je suis là ? « Tu sais, quand il est arrivé ce qui est arrivé. » Je me répugne encore, malgré les années, à qualifier la mort de ma fille, faute à l’absence de preuve convergeant vers l’une ou l’autre des hypothèses. Le dossier, chez les flics, n’était pas fermé encore. Ils enquêtent toujours – si tant est qu’il le fasse – et je mentirais si je prétendais que ça ne rend pas mon deuil plus compliqué encore. « J’étais trop choqué pour assumer pleinement, mais aujourd’hui, je… je me dis qu’il y a des choses qui ne collent pas dans cette histoire. » La drogue, sa nudité et autres preuves versées au dossier, mais sur lequel je n’avais aucun droit de regard. « Je… » J’hésite, encore un peu, je cherche du soutien dans le bois dans la table, par la fenêtre, au milieu de ses gens qui s’amusent pendant que je pourris la sérénité de cette jeune fille. Suis-je dégueulasse et égoïste ? « Enfin, c’est pas pour ça que je suis venu. Je voulais savoir si elle t’a dit des choses, des choses que tu as peut-être déjà dit à la police, je sais, mais… Elle avait un petit ami quand elle est arrivée, qu’est-il devenu ? » Tout ce qui lui passerait pas la tête serait le bienvenu et, réalisant que dans ma détresse, je l’attrapai par le poignet, je l’ôtai aussitôt, comme si ce contact m’avait brûlé la paume en punition devant tant d’indélicatesse. « Excuse-moi. Pour ça. Tu dois me prendre pour un fou. Et ce n’est pas juste de te demander de revivre tout ça, mais… j’en ai besoin. » Aurais-je été aussi loin si j’avais remarqué qu’elle était enceinte ? Si j’avais simplement pris la peine de mieux la regarder au lieu de contempler mon nombril ?  


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Message(#)I've come to talk with you again EmptyDim 1 Mar 2020 - 1:08

Simplement avec le choix de boisson de l’homme, la blonde sait qu’il veut traiter d’un sujet sérieux. Si jamais elle avait été sourde et aveugle, elle l’aurait su rien qu’avec son choix de whisky. Ce dernier ne fait que conforter l’idée selon laquelle la situation n’a rien de rose, encore moins de parfait. La vie a le don de basculer de tout à rien en un simple claquement de doigts, ce que la visite d’Amos vient de prouver encore une fois. Lui même butte sur ses mots et Charlie lui laisse le temps de le faire, patiente, à l’écoute. Ils ont un lourd passé commun et c’est sûrement la raison de sa venue ici aujourd’hui, cela pousse à nouveau la jeune femme à avoir le sourire le plus doux et le plus franc possible alors qu’elle lui prépare le verre commandé. D’un geste de la main, elle prévient Decklan qu’elle prend une pause sans pour autant préciser combien de temps elle s’absentera, ne le sachant pas elle même. Le sujet est toujours aussi douloureux et les jours et mois qui se sont écoulés depuis le drame ne semblent pas prêts d’y changer quoi que ce soit.

Le verre glisse sur le comptoir en bois alors que les yeux bleus de Charlie ne semblent pas prêts à quitter ceux de l’homme. « Tu sais, quand il est arrivé ce qui est arrivé. » Elle hoche doucement la tête, laisse ses mèches blondes se poser de part et d’autre de son visage, pince le bout de ses lèvres à cause de la gêne. Ce qu’il est arrivé restera le plafond de verre de cette discussion, l’un comme l’autre n’étant pas capable de poser les véritables mots sur ce qu’il s’est justement passé. Rester flou, parler de choses sans jamais les définir, … Ca leur convient parfaitement, ça leur suffit tout à fait aussi. « J’étais trop choqué pour assumer pleinement, mais aujourd’hui, je… je me dis qu’il y a des choses qui ne collent pas dans cette histoire. » Oh. C’est dorénavant au tour des sourcils de Charlie de se froncer, la jeune femme ayant bien du mal à comprendre où est ce qu’il veut en venir. Ou justement, elle ne comprend que trop bien la tournure qu’est en train de prendre leur discussion alors qu’elle ne se serait jamais attendue à entendre de tels mots de sa part. Elle a bien du mal à être aussi sereine qu’avant maintenant qu’il cherche à nouveau ses mots, maintenant qu’elle craint non pas d’entendre sa voix se briser mais plutôt des révélations inédites qu’elle préférerait égoïstement ne jamais avoir à connaître. Elle ne reviendra plus et aussi droite soit-elle, Charlie serait plutôt d’avis à garder les secrets enfouis si cela ne peut qu’aider le monde à mieux dormir. Ce serait horrible à formuler à voix haute, encore plus devant Amos, pourtant c’est réellement le pour et le contre qu’elle est en train de penser dans son esprit en même temps qu’elle enroule ses doigts autour d’un verre empli seulement d’eau. Sûrement qu’elle se serait servie du whisky à son tour si elle l’avait pu.

Le contact brusque la rebute encore largement à en juger par les derniers événements, c’est pourquoi elle a un mouvement de recul instinctif lorsque l’homme lui attrape le poignet. Il ne pensait pas à mal et elle le sait, pourtant son corps a peur du contraire et réagit bien avant qu’elle ne puisse y penser. C’est aussi pourquoi elle s’en veut et ouvre déjà la bouche pour le rassurer alors que lui se confond en excuses qui n’ont pas lieu d’être, pas après cet enterrement auquel ils ont tous deux eu à assister, mine fermée. Il fait part de ses besoins à coeur ouvert, il se confie bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé et la blonde est touchée de la délicatesse avec laquelle elle le surprend encore à parler de Sofia, malgré les années passée. Pourtant il n’est pas le seul à souffrir encore de cette histoire et l’exercice est douloureux pour Charlie qui pensait naïvement pouvoir laisser tout ça dans le passé. Elle le fait, pourtant, elle ressasse les souvenirs, elle ressasse ces nuits passées sur la plage à regarder les étoiles et ne parler de rien, elle ressasse l’annonce de sa mort et celui de la gradation de son année. Elle ressasse l’annonce de sa mort, le visage fermé, les yeux embués, la gorge nouée et son corps aussi tremblant que brûlant. Tout ça, en une seconde. Et bien plus encore durant les longues autres secondes de silence qui s’ensuivent. ”Tu penses à quoi exactement ?” Des idées farfelues, elle en a des milliers. Des films policiers, elle en a vu des centaines ; et pareil pour les séries. Elle aime s’extasier devant les scènes réalistes à la télévision, beaucoup moins quand ses paroles ont un goût de déjà-vu, encore moins quand la première référence lui venant à l’esprit répond au nom de Seven - et ça ça craint, ça craint vraiment. ”Elle traînait avec de nouvelles personnes, depuis quelques temps. Personne ne les connaissait et ils avaient l’air … louches. Je … Je sais pas, je dis ça parce que j’y pense maintenant mais c’est sûrement rien, je ne connaissais pas toute sa vie, ça veut sûrement rien dire.” Elle parle, elle parle, elle en oublie de respirer mais pas d’ajouter une tonne de mots à toutes ses paroles pour cacher son mal être et le noyer au milieu de tout le reste. ”Je sais juste qu’elle avait dû prendre un second boulot pour boucler les fins de mois.” Ca semble évident maintenant qu’on lui pose directement la question mais avant elle n’aurait jamais osé douter de quoi que ce soit. ”Mais elle allait bien. Elle avait vraiment l’air d’aller bien.” La voilà déjà qui s’en veut, la blonde, de ne pas avoir su être une bonne amie et de se rendre compte de tout maintenant qu’il est déjà trop tard. Dans les yeux d’Amos, elle attend la confirmation, elle attend des mots rassurants, elle attend des excuses et un retour en arrière en disant ‘non c’est moi, oublie’. Elle attend un miracle, comme toujours.
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Message(#)I've come to talk with you again EmptyLun 2 Mar 2020 - 21:39




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Je déteste cette position, celle où je me présente devant des jeunes femmes qui ont certainement mal vécus la mort de leur amie. Je les mets mal à l’aise sans doute parce que ma peine est palpable et ma curiosité oppressante. Celle-là, elle le fruit de ma soif de vengeance, de ce besoin de savoir par où commencer mes rechercher, histoire de pallier l’inefficacité des forces de l’ordre. Elles, elles n’ont pas fait grand-chose pour moi. Les inspecteurs de police chargés de l’enquête ont débouté mes questions et ont refusé mon aide. J’allais jusqu’à douter qu’ils aient interrogés toutes ces personnes que je rencontrais depuis mon arrivée à Brisbane. A mes yeux, elles étaient toutes détentrices d’informations. Pour certaines, elles étaient révélatrices. Pour d’autres, il s’agissait de détails infimes, mais elles constituaient toutes les pièces d’un puzzle. Pour en assembler un, il faut de la patience et de l’abnégation. Il faut souffrir d’une passion dévorante pour la déduction et, fort heureusement, je n’en suis pas dénué. L’armée apprend à se fier à l’instinct, mais elle ne nous dit pas comment se comporter devant les autres et comment mener à bien un interrogatoire. Est-ce bon d’éluder le cœur de la conversation ? De le sous-entendre sans le nommer ? Qu’aurait-elle fait à ma place, Olivia ? N’aurais-je pas dû l’appeler ? Non ! Elle se dévouerait à ma cause corps et âme et j’estimais qu’elle avait d’autres combats à conduire, des combats dont elle devait se relever, pour sa propre fille décédée, pour son mari endeuillé qui a besoin d’elle. Aussi, me suis-je débrouillé seul, feignant d’ignorer ô combien Charlie, en face de moi, est désarçonné par ma présence et par mes questions. Certes, elle hoche de la tête. Elle m’écoute, prend le temps, ne me presse pas tandis que je cherche mes mots. Je bredouille, mais elle ne cille pas. Elle attend que je dépose sur cette table, à côté de mon verre de whisky, le cœur de mes préoccupations. Etait-ce la remarque de trop ? Est-ce que pour cette raison qu’elle s’est tendue alors que, par instinct de « supplication », j’ai saisi son poignet ? Cet acte, anodin à mes yeux, parce que nous nous connaissions et qu’elle avait grandi avec Sofia, l’a visiblement heurté. Elle a immédiatement retiré son bras et, moi, je me suis demandé si le bon sens n’exigeait pas que je me lève et que je m’en aille.

A défaut, je lui présente de sincères excuses et j’affirme. J’affirme haut et clair que ma démarche relève de la nécessité et non du caprice. Elle semble le comprendre et, pour m’obliger à me détendre, pour garder mon cerveau en ébullition sous contrôle, j’ai bu une longue lampée de whisky. Il m’a brûlé l’œsophage, j’ai grimacé, mais je m’en suis senti aussitôt mieux, à moins que ça ne soit Charlie et ses quelques révélations qui m’ont rassuré. Elle n’est pas froissée. Peut-être pourrons-nous avancer puisqu’elle semble intéressée par ma théorie. « Je pense qu’elle a surtout été piégée. » Et je ne parle pas en tant que père qui lisse l’image de son enfant. Non, je m’exprime en toute objectivité. « Et, si je me trompe, je pense qu’elle a contracté une dette, pour je ne sais quelle raison. » Un petit ami dans l’ennui qu’elle aura voulu aider, une bourse d’étude qu’on lui aurait refusée pour avoir commis une erreur ou rater un examen. L’endettement des jeunes universitaires, en quête d’indépendance, n’est pas rare et, quelque fois, ils s’arrangent pour que l’état de fait échappe à leur parent. « Et qu’on a exigé d’elle de…. Enfin, tu vois. » L’évocation du drame aurait été trop douloureuse à nommer. Je lui ai préféré, une fois de plus, le sous-entendu. « Je sais que ça a l’air complètement fou. » Mais, l’est-ce vraiment si elle définit les fréquentations de Sofia sans user d’adjectifs élogieux. Louche, ça veut tout dire et rien à la fois. Louche, ça suggère tout un tas de stéréotypes. « Charlie. Evidemment qu’elle allait bien. Et même si ce n’était pas vrai, elle aurait tout fait pour que tout le monde le croie. » Parce qu’elle avait toujours peur de déranger mon bébé. Elle détestait que l’on s’inquiète pour elle d’ailleurs. « Dis-moi, ces gens qu’elle fréquentait, tu saurais les reconnaître si je te les montrais en photo ? »

Il y avait peu de chance qu’elle puisse reconnaître Mitchell Strange. Ça me semblait peu probable. Mais son dossier contenait des photos de groupe et j’avais bon espoir qu’elle puisse identifier les traits de l’un d’entre eux. « Est-ce qu’elle t’aurait dit, par hasard, où elle les aurait rencontré ? Tu aurais un nom ? » Le débit de paroles est lent. J’y veille pour ne pas la crisper et la tendre. « Tu sais, tous les détails sont importants. » Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières. « Tu sais... » ai-je soupiré, bigrement embêté de réveiller en elle ce qu’elle a forcément essayé d’oublier. Peut-être même y était-elle parvenue. « Je ne veux pas t’importuner, te faire mal au cœur ou autre. » Dieu seul sait quelle émotion pourrait l’agiter. « On est pas obligé d’en parler tout de suite. Si tu veux, tu peux prendre du temps pour y penser. » Ce serait légitime. « Et me rappeler si quelque chose te revient. » Elle ne serait pas obligée de le faire. « Elle est arrivée à Brisbane avec un jeune homme, son petit copain. » J’ai grimacé, car à mes yeux, il comptait parmi la liste des responsables. Je l’avais reçu chez moi. Il avait mangé à ma table. Je la lui avais confiée à lui aussi puisqu’elle semblait assez amoureuse pour me réclamer d’avoir confiance en elle et en lui. Dans ce genre de situation, il faut impérativement s’accrocher à l’idée que notre faute est partagée. Au contraire, on tombe et on ne se relève plus. « Je ne sais pas si tu t’en souviens. Est-ce que tu as gardé contact avec lui ? Est-ce que tu saurais par hasard où je pourrais le joindre ? Il semblerait qu’il a changé de numéro de téléphone. » Et, ça aussi, c’était bizarre à mon sens. Je refusais d’envisager de ce que c’est la normalité des jeunes que de devenir anonyme au gré de leur envie. C’est la technologie qui veut ça.



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Message(#)I've come to talk with you again EmptyMer 11 Mar 2020 - 13:08

La manière dont Amos pose ses questions a tout pour être la plus rassurante possible alors que le sujet n’a rien de sain. Il est calme, il ne force à rien, il a compris la limite imposée par les gestes supposés rassurant et il s’en tient désormais loin. Ils se forgent doucement leur propre cocon dans lequel ils tentent tous d’eux d’évoluer à leur rythme, pour le bien de Sofia, paradoxalement déjà dans un autre monde. Elle s’est même fait à son haleine laissant imaginer que le verre qu’elle lui a servi n’est pas le premier de sa journée ni n’en sera le dernier. Elle n’a pas le droit de juger qui que ce soit à ce sujet, la blonde, elle qui continue de s’amuser encore et toujours avec ce qui a coûté la vie à son ancienne amie.

Elle se bat pour Sofia, elle respire pour elle, elle pose ses mains autour de son ventre déjà arrondi pour elle aussi, pour se trouver un point d’ancrage pour ne pas chavirer à défaut d’avoir les épaules suffisamment solides pour affronter la tempête toute seule. Il soulève bien des questions auxquelles elle n’avait jamais pensé et même s’il ne veut pas absolument à mal, il chamboule tout ce qu’elle pensait naïvement solide et acquis dans sa vie. Son amie avait des problèmes bien plus immenses que tout ce qu’elle ne s’autorisait à penser et elle ne l’a pas vu. Elle n’a pas vu ni ça ni sa lente descente en Enfer ayant mené à sa mort, d’une manière ou d’une autre. Piégée, selon ses dires. Le mot tourne encore et encore dans l’esprit de la blonde aux yeux arrondis. La vie n’est pas supposée être une série policière, la vie n’est pas supposée s’arrêter de manière si précipitée la vingtaine à peine entamée. La vie n’est pas supposée être faite de pièges.

”Un meurtre ?” Elle chuchote à peine, s’avance vers lui pour que les mots ne soient audibles qu’eux deux. Égoïstement, elle a réellement besoin de poser un mot sur toutes les suspicions pour être certaine qu’ils parlent malheureusement bien de la même chose. Les sourcils froncés, elle attend la réponse d’Amos laquelle ne pourra que se résumer par un ‘oui Charlie, un meurtre’. La jeune femme se demande bien pourquoi il a jugé utile de venir vers elle, elle qui est encore coincée cinq minutes plus tôt et qui écoute les questions sans être capable d’y répondre au bout moment. Il veut savoir, il fouine, il gratte, il fait tout ce que a police aurait dû faire à sa place alors qu’elle comprend maintenant que ce n’a pas été le cas. Il a besoin d’avoir des réponses et la future mère qu’elle représente ne peut que trop bien le comprendre. Elle n’a pas encore donné la vie mais si elle devait se la voir retirer alors elle ne pourrait pas même assurer qu’elle serait capable de se battre avec tant de hargne que le fait Amos. Alors elle l’admire, vraiment, et elle fait de son mieux pour l’aider dans sa quête tant de rédemption que de réponses. ”Je pourrais peut être les reconnaître mais je ne promets rien, vraiment rien.” Les événements commencent à se faire vieux et à l’époque elle n’aurait jamais cru que devoir mémoriser leur visage lui aurait été utile un jour. Elle laissait Sofia divaguer et être elle même et ça passait aussi par le choix totalement libre de ses fréquentations. ”On … Elle ne nous donnait pas de noms, en fait. Ni aucune autre information. On sait seulement que personne ne les connaissait sauf elle, qu’ils n’étaient pas à l’université non plus. Ils avaient l’air plus vieux, aussi.” Maintenant qu’elle est forcée d’ajouter les informations les unes à la suite des autres et qui plus est à l’oral, le tableau se précise et les remords allant avec aussi. Tout tend à démontrer que Sofia avait besoin d’aide et qu’elle s’était aventurée dans quelque chose de bien trop immense pour elle ; et personne ne l’a vu. ”Je te dis tout ce que je sais maintenant, et si jamais d’autres choses me reviennent je t’en parlerai mais pour le moment … C’est tout, c’est vraiment tout. J’aurais jamais cru avoir à parler de tout ça un jour. Pas comme ça. J’ai perdu tout contact avec les gens de l’université, même son petit ami. J’ai une adresse, peut être, si rien n’a changé depuis. Je suis désolée j’aurais vraiment aimé faire plus.” Agrippant une serviette du bout des doigts, elle laisse apparaître une adresse de son stylo mal assuré.
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Message(#)I've come to talk with you again EmptySam 14 Mar 2020 - 23:14




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Je ne l’aurais pas expliqué en ses termes, par délicatesse. Sans avoir accès au rapport d’autopsie, il m’était également difficile d’envisager avec certitude que la mort de Sofia n’était pas la conséquence d’une overdose. Mais, je ne rejette pas l’hypothèse. Je ne l’exprime pas aussi ouvertement de peur d’avoir l’air d’un fou, d’un pauvre type qui refuse d’affronter la vérité en face, qui s’en tient à ce que sa souffrance lui dicte dans l’espoir de l’apaiser et non pas à ce que la réalité tend à supposer. Outre ma fierté, mon cœur de père n’y survivrait pas, si bien qu’une vive douleur m'assaille dès lors que le mot « meurtre ». Bien sûr que ça m’avait traversé l’esprit. Ce serait hypocrite que de ne pas l’accepter pour moi-même. Je préfère cependant le taire, me taire et ne pas réagir. Je la laisse digérer l’information. Je contente à peine d’un haussement d’épaules équivoque. Il dit tout et son contraire. Il rapporte que « quelque chose ne tourne pas rond, mais je crains de perdre la tête ». Il avoue ce qu’elle voudra bien entendre ou comprendre tant que cette enfant se rallie à ma cause. Je l’avais sentie sur la défensive et à juste titre. J’avais débarqué sur son lieu de travail sans prévenir. C’est inquiétant d’être surpris au milieu de ses habitudes et d’être assommé de questions. Et, puisque j’en suis conscient, je ne surenchéris pas. J’attends. J’attends qu’elle ouvre la bouche et mon cœur, transi d’espoir, s’est mis à battre à nouveau. Elle allait m’aider. Tout du moins, elle m’accorderait de son temps et ferait plier sa mémoire sous la pression d’un exercice difficile qu’est se rappeler un visage. « Essayer, c’est déjà énorme, Charlie. » la rassurais-je alors que je sens poindre en elle le souci de ne pas être à la hauteur. Or, au vu du nombre de portes qui m’ont été fermées durant ses six derniers mois, je la bénis de ne pas me la claquer au nez à son tour. J’ignore ce qui la motivait en émotion, mais je m’accommoderais de sa pitié si c’est tout ce qu’elle avait à offrir. Étonnamment, je ne m’en offusquerais pas. « Plus vieux comment ? Plus vieux au point que ça aurait pu paraître indécent ? » ai-je suggéré pour me mettre sur la piste. Il était question pour moi de faire un tri parmi les clichés que j’épinglerais sous ses yeux et qui étaient là, juste dans ma poche, enregistré dans la mémoire de mon téléphone. Ne pas l’accabler. C’est le plus important d’autant que mon regard, suivant ses mains se posant sur ventre, me souffle que le geste n’est pas anodin.

Je l’aurais reconnu entre mille. Sarah était animée d’un réflexe similaire lorsqu’elle était enceinte. Se pourrait-il que… ? J’observai mon interlocutrice, perplexe, soupçonneux, mais sur l’heure, je ne pipai mot de mes déductions, quoique je songe déjà à la remercier et à prendre congé. Si, comme je me l’imagine, elle porte le monde, elle n’a pas besoin de mes tracas en plus des siens. « Est-ce que je peux te poser une question indiscrète ? » m’assurais-je néanmoins décidé à l'exprimer. Mon téléphone était déjà sur la table et, la serviette qu’elle me tendit, sagement rangée dans la poche intérieure de ma veste. Là, elle est en sécurité, comme le Graal caché par les templiers. « Tu es enceinte ? » Je manquai de me lever avant qu’elle me réponde, histoire de mieux apercevoir son ventre arrondi, mais je me suis retenu. Ce serait indiscret, déplacé et je suis plus poli que je n’en aie l’air. « Parce que si j’ai bien deviné, je…. » J’aurais préféré que tu l’annonces tout de go ? Pourquoi ? J’aurais fait demi-tour ? Rien n’était moins sûr. « Je t’aurais abordée différemment. J’aurais été moins brutal. » Malgré mes efforts pour l’être le moins possible. « Si tu préfères, le temps que tu assimiles tout ça, je peux t’envoyer les photos par mail. Tu n’auras qu’à me répondre quand ça te chante, si tu en trouves la force. » proposais-je avec aménité. « Je te demanderai juste de me dire si elle le voyait toujours, son copain. » Celui que j’avais reçu chez moi tel un allié alors que, d’emblée, je le détestai d’avoir volé – ou d’y songer – l’innocence de mon bébé. « J’aurais aimé te revoir en d’autres circonstances. Est-ce que je dois te féliciter ? » Et je le ferais si elle confirmait. Je ne poserais aucune question sur le père. Je n’étais pas le sien. Je m’inquiéterai peut-être un peu pour elle. Elle était vouée à un brillant avenir, Charlie. Elle avait opéré des choix, mais les avait-elle désirés ? Est-ce à moi d’en juger finalement ? Est-il bon de la mettre en garde pour son futur ? Non ! Assurément, et je n’ai dès lors plus rien ajouté.




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Message(#)I've come to talk with you again EmptyJeu 19 Mar 2020 - 16:55

”Plus vieux au point que ça aurait pu paraître indécent. Oui.” Elle répond les mots d’Amos dans un souffle, confirme ses doutes et ses craintes par la même occasion alors qu’elle aurait préféré pouvoir lui apporter de bonnes nouvelles et lui dire que sa fille est simplement ailleurs, dans un endroit bien mieux qu’ici. Un ailleurs qui ne soit pas entouré de mort aurait été préférable. Ils essaient tous deux de protéger l’autre au mieux sans jamais réellement y arriver, le besoin d’information étant pour le moment plus important. La gêne n’est que passagère et nul doute qu’un jour ils arriveront à la surmonter pleinement. Plus vite ils trouvent des réponses à leurs questions et plus vite ils pourront panser leurs plaies.

Les mains de la blonde cessent de caresser son ventre une fois la question d’Amos posée, comme si elle venait d’être prise sur le fait pour un délit impardonnable. Est-ce si évident que ça ? Le sujet de sa grossesse n’est pas encore connu de tous et pour certains il est encore préférable d’attendre. Amos, pourtant, n’a rien à voir avec les histoires personnelles de la jeune femme et elle ne pourra jamais lui en vouloir pour avoir été perspicace. ”Oui.” Elle pourrait expliquer depuis combien de semaines elle porte la vie, elle pourrait expliquer qu’elle est heureuse même si elle n’en a pas l’air, … Elle pourrait expliquer tout et n’importe quoi mais cela n’a pour le moment pas sa place dans leur discussion alors qu’elle en est tout sauf le sujet principal.

Il lui propose déjà une esquive pour remettre la discussion à plus tard et son coeur battant la chamade n’arrive pas à la convaincre d’aller au bout des choses maintenant, tant qu’il en est encore temps. Elle fuit, elle esquive, elle repousse à plus tard encore une fois alors que tout aurait pu se terminer aussi rapidement que leur discussion avait pu débuter. Elle est lâche, Charlie, et il n’y a absolument rien de nouveau ni même d’étonnant là dedans alors qu’elle se dépêche d’hocher la tête de la positive pour accepter la proposition d’Amos. Dans des mails. Plus tard. Tout sera plus facile, à travers un écran. Elle en mettra la luminosité au maximum, elle fera défiler les images vitesse grand V, elle boira deux ou trois verres de vodka avant (oups, non, le bébé) et le problème sera réglé. Tout sera plus facile plus tard, quand elle aura pu crier et pleurer et quand elle pourra être elle même, sans un millier de regards pourtant tous bienveillants braqués sur elle. ”Elle ne nous en parlait pas mais elle le voyait toujours.” C’était évident. C’était bien trop évident pour que qui que ce soit ne puisse passer à côté, pas même elle. Tout le monde savait et personne n’en parlait, respectant sans doute un peu trop religieusement le jardin secret de leur amie à tous. Voilà ce qu’il en coûte. ”Pas besoin de félicitations, ne t’en fais pas.” Les réjouissances seraient artificielles, tant pour lui que pour elle, ils peuvent donc parfaitement s’en passer.

”Amos ?” Elle demande son attention une dernière fois avant de le laisser s’en aller avec ses questions en suspens. ”Elle t’aimait. Tu as fait tout ce que tu pouvais.” Il n’a pas à être rongé par la culpabilité, il ne devrait pas.


Dernière édition par Charlie Villanelle le Sam 21 Mar 2020 - 18:52, édité 1 fois
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Message(#)I've come to talk with you again EmptyVen 20 Mar 2020 - 22:44




I'VE COME TO TALK WITH YOU
Plus vieux au point d’être indécent. Elle confirme mon intuition, sans me surprendre, et pourtant, je sens dans mon torse mon cœur qui se déchire. Dans quel pétrin s’est-elle fourrée, ma petite fille ? Quelle merde a-t-elle brassée après son exode jusqu’à Brisbane ? Toutes ces questions me rendaient fou au point que j’en oublie de regarder autour de moi et de m’inquiéter des autres. La grossesse de Charlie m’avait échappée, preuve de mon égoïsme latent et inédit et, plus triste encore, je n’envisage pas, au départ, de trouver réponse à mes doutes sans avoir obtenu celle qui m’empêche de respirer.  Mais, où se cache-t-elle, ma bienveillance ? À quel moment m’a-t-elle fait faux bond ? Quand suis-je devenu cet égocentrique qui passe plus de temps à s’observer le nombril que de se pencher sur le sort des autres ? Je ne peux tolérer que, devant cette amie sincère qui partagea l’existence de ma fille, d’être réduit à un défaut aussi insultant. Alors, je me lance et, une fois encore, elle m’étonne à peine. Un sourire avenant étire aussitôt mes lèvres. « C’est bien. » Tout du moins, je suppose. Je n’ose pas lui demander si sa grossesse fut pour elle une heureuse nouvelle ou le contraire. Je me confonds plutôt en excuse pour mon indélicatesse. Je n’en déborde pas. J’entends que la tournure de la conversation l’oppresse et qu’elle souhaite y mettre un terme. « Je t’enverrai tout ça. Tu me donnes ton mail ? » Elle s’exécuta, sur un autre bout de serviette qui rejoint le précédent renfermant l’adresse et le numéro de téléphone de l’ancien petit ami de Sofia. Comment s’appelait-il encore ?

La mémoire me fait défaut à cause de l’alcool. J’enchaîne les verres sans précaution et, quoique je sache qu’il s’agit là d’un travers, je bois une gorgée de celui sous mes yeux et autour duquel mes doigts sont enroulés pour contenir ma nervosité à son minimum ou, tout du moins, au minimum acceptable. « Et tu peux prendre le temps qu’il te faudra. Je ne suis pas pressé. » Ce n’était ni faux ni vrai. Dison, pour être exact, que je ne suis plus à une semaine près, voire une deuxième. L’important, sur le moment, était de racheter ma conscience et de me soucier d’elle, autant qu’elle me l’autoriserait.  « Et, si, quand même. Je peux encore être heureux pour les autres, tu sais. Donc, félicitations à toi et au papa. » Et, pour appuyer cet aveu, je lui sers une grimace agréable et réjouie. « Tu es heureuse ? » me suis-je permis, prétextant cet enfant à naître, alors que l’interrogation est plus générale. A priori, elle travaille ici. Elle avait abandonné ces idées. Était-ce en raison de son état ou, au contraire, était-ce un choix réfléchi qu’elle ne regretterait pas ? Était-il de bon ton de chercher une explication ? Non. Évidemment. Je me contenterai du « largement » tandis que je termine mon verre d’un trait. Il n’est plus question de s’attarder désormais. Je m’apprête à prendre congé, fort de ma confiance en elle, et à patienter jusqu’à recevoir des nouvelles. Je vais m’en aller avec en poche l’illusion que je pourrai avancer enfin quand elle m’arrêta pour un crève-cœur. Ma fille m’aimait. J’avais fait tout ce qu’il fallait. J’étais somme toute convaincu de sa première révélation, mais la seconde, c’était une autre paire de manches. Ma culpabilité est devenue une amie avec le temps. Elle ne me dérange plus ou plus tout à fait. « Merci, Charlie. » J’estimai qu’il n’était pas utile de préciser que ses sentiments étaient réciproques. « Tu es sa meilleure amie. Si elle s’est éloignée de toi. » Je n’en doutais pas un instant. « Elle t’aimait aussi, tu sais. Elle aurait voulu que tu sois heureuse. » Et elle aurait levé les bras au ciel d’enchantement face à sa grossesse. « Tu me tiens au courant, pour le reste et pour le bébé ? » Peut-être pourrons-nous en discuter autour d’un verre sans que l’amorce soit si lourde. « Surtout pour le bébé ? » J’aurais certainement un cadeau pour elle, en son temps, lorsque je me sentirai autorisé à quelques indiscrétions et également par égard pour mon enfant.  



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Message(#)I've come to talk with you again EmptySam 21 Mar 2020 - 21:41

Les questions ne trouvent pour le moment que des réponses partielles mais ils sont tous sur la bonne voie et empruntent calmement le chemin de la rédemption, chacun pour des raisons qui lui sont propres. Les coordonnées sont échangées et les promesses prononcées, la blonde se préparant déjà à se replonger quelques mois et années en arrière pour répondre au mieux à toutes les requêtes d’Amos. Elle le fera tant pour elle que pour la mémoire de Sofia, que pour le besoin de son père que de connaître la vérité. Tout se joue sur plusieurs niveaux et elle n’a même aucune idée d’où a tout ça ira, ni même réellement d’où tout a commencé. Elle se contente égoïstement de gratter la surface sans vouloir aller trop loin de ne peur de ne pas aimer ce qu’elle pourrait découvrir. Elle veut la justice pour Sofia mais elle veut aussi naïvement protéger sa propre vie et, surtout, son enfant.

Elle le regarde boire sans dernier verre sans faire aucun commentaire de plus que pour ceux qu’il a pu descendre avant, cette guerre ci n’étant pas la sienne. « Tu es heureuse ? » La question est presque devenue une habitude désormais, comme l’est tout autant la tête que fait Charlie pour y répondre, sourire enfantin sur le bout des lèvres alors que ses paupières battent doucement la mesure. Tout dans ses gestes affirment qu’elle est heureuse alors que la réalité est toute autre, fort heureusement elle n’a pas promis à Amos de lui dire la vérité alors voilà le seul mensonge qu’elle s’accorde pour la journée, persuadée de prendre là la meilleure décision. Il a dit être heureux pour elle et ce devrait être suffisant pour deux, d’autant plus quand il a des problèmes bien plus graves à gérer en parallèle et que la grossesse d’une quasi inconnue ne devrait pas faire partie de ses priorités.

Les dernières confidences redonnent un peu de baume au coeur à la jeune femme, autant, elle l’espère, qu’elle a peut être pu en redonner à Amos qui le mérite terriblement. Elle n’a pas encore donné la vie qu’elle n’imagine même pas comment pouvoir se remettre de la perte de cet être si cher et c’est bel et bien de l’admiration qui se lit dans le regard de la Villanelle. ”Je te tiens au courant.” Elle assure, répond avec enthousiasme avant de se lever à son tour. Une de ses mains se retient encore à la table pour faire face au flot de nouvelles informations. ”Pour tout.” Le bébé, les informations, n’importe quoi.


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