Un enterrement. Un de plus. T’as été à plus d’enterrement que de mariage dans ta vie. C’est limite normal pour toi d’être entouré de fantômes. D’aussi loin que tu te souviennes. Les cimetières, les crématorium, c’est la maison. Peut être pas. Mais ouais, c’est triste que ce soit un truc si commun pour toi. La mort fait parti de la vie. Tu le sais depuis ton plus jeune âge. Depuis que t’as compris que quand on dit que ta mère est au ciel, c’est pas parce qu’elle est hôtesse de l’air. Nope. Elle est au paradis. Un jour t’as compris. T’étais petit. Mais tu t’en souviens comme si c’était hier. Et là aujourd’hui, alors que tu es dans le jardin de la maison familiale de Vinny, tu te perds dans tes pensées. La dernière fois que t’es venu ici c’était y’a des années lumières. Jamais dans ce monde tu aurais pensé que ce serait pour ses funérailles que tu reviendrais ici. C’était un ami proche y’a quelques années de ça et puis vos chemins se sont un peu séparé parce que justement il touchait trop à la drogue. Ca fait plusieurs années que tu n’es plus consommateur régulier de ton côté. Tu sais te gérer. Tu n’en as aussi plus besoin comme avant. T’es en paix avec toi même. Tu sais que c’est pas facile à faire. Chacun son parcours, chacun sa façon de gérer la vie. T’as fait ce que t’as pu pour l’aider mais sans jamais le forcer à quoi que ce soit. Si les gens ne veulent pas s’aider, ça sert à rien. C’est comme ça que tu vois les choses. T’as rien pu faire de plus que l’aimer et t’éloigner petit à petit parce que ça fait mal de voir quelqu’un qu’on aime se détruire. Quelqu’un qui prend pas les mains que tu lui as tendu maintes et maintes fois. Ca n’empêche que t’es là aujourd’hui parce que vous vous appeliez toujours deux fois dans l’année. Son anniversaire et le tiens. Tes yeux se retrouvent sur un bout de la clôture en bois qui est cramé. C’est toi qui avait fait ça. Il y a bien longtemps. Tu t’approches et tu vas passer tes doigts dessus.« Là. Prend de quoi manger. » Tu reconnais la voix de la mère de Vinny. Tu tournes la tête pour la voir te tendre une assiette qu’elle a rempli de mini sandwich du buffet froid. Mais genre, y’a une pile carrément, une montagne. Ca te fait marrer.
« Toujours dans l’extrême. »
« T’es trop maigre. » Elle te fait trop rire et y’en a plein qui pourrait dire que c’est déplacé de rire avec la mère du défunt mais la vie continue malgré tout ce qu’on peut en dire. Et Kristen est comme une tante que tu n’as jamais vu assez mais qui prenait toujours des nouvelles de toi malgré tout. C’est ça de la connaître depuis que t’as 15 ans.
« Je suis pas trop maigre. »
Elle fait « non » de la tête. Elle est pas du tout d’accord avec toi et elle est déjà en train de filer parce qu’elle est pas d’humeur et tu comprends. Evidemment. Sauf que tu vas la rattraper, une main qui tient ton assiette pleine à craquer et l’autre qui va la passer autour de ses épaules pour aller lui faire un hug et un baiser sur sa joue.
« Merci. »
Tu sais ce qu’elle fait là. Elle prend soin de toi parce qu’elle peut plus prendre soin de Vinny. « Ca va ça va. » Et elle se défait de toi comme si elle était saoulé mais elle est restée contre toi bien trop longtemps pour que ce soit le cas. Tu n’en fais pas état. Cette journée, et toutes les autres qui vont suivre, seront difficiles pour elle. Tu la regardes filer et tu prends un mini sandwich que tu mets dans ta bouche avant de croiser le regard de Aylin non loin. Tu lui tends ton assiette si elle a faim. Y’en a vraiment trop juste pour toi là. Je peux tout manger facile.
Et encore un nouveau qui venait de partir… encore une fois la drogue venait de prendre une de ses connaissances et Aylin savait qu’il ne serait pas le dernier. Comme à chaque fois, elle n’avait pas été très étonné quand elle avait reçu un appel de sa mère pour l’informer de cette nouvelle. C’était la cinquième personne qu’elle connaissait qui été morte d’une overdose et à chaque fois elle ressentait la même amertume. Surtout lorsqu’elle entendait certaine personne dans le fond de la salle dire qu’il l’avait cherché lui-même en se droguant. Ce genre de comportement l’horripilait, ils ne savaient pas ce que c’était de sentir le manque et le vide que cela pouvait faire en nous, que des fois c’était pour certain leur seul moyen de se sentir exister. La blonde se sentait énormément chanceuse d’avoir réussi à arrêter mais tous les jours restaient un défi qu’elle essayait de relever avec plus au moins de succès. Vinny n’était pas un mauvais bougre, il avait pris de mauvaises décisions comme beaucoup ici. Elle reconnaissait pas mal de tête qu’elle n’avait pas vu depuis un long moment et cela lui faisait bizarre de les revoir pour ce genre d’occasion. Vinny l’avait aidé quand elle avait été dans de nombreuses galères, dépannage de drogues, un lieu pour dormir quand elle n’avait rien, elle l’avait toujours porté dans son cœur. Et puis elle avait fait de sacrées soirées avec lui, elle n’avait aucun souvenir négatif qui lui venait en tête. Elle ne lui avait plus parlé depuis qu’elle était clean, à vrai dire elle avait évité toutes les personnes dont leur présence pourrait refaire surgir en elle la tentation. Mais Aylin n’avait pas imaginé une seule seconde que leur retrouvaille se ferait en étant elle devant son cercueil. Lorsque la cérémonie avait été finie, elle était allée une dernière fois voir le cercueil. Elle se disait que ça aurait pu être elle, il y’a un peu plus d’un an si elle n’avait pas été retrouvé dans les temps. Enfin si surtout une des personnes avec qui elle avait été ce jour-là n’avait pas été assez sain d’esprit pour appeler une ambulance. C’était pendant ce genre de moment qu’elle se rappelait à quel point la décision qu’elle avait prise été importante. Elle ne pouvait pas imaginer son frère, ses sœurs et sa mère dans la même situation que celle qui vivait la famille de Vinny aujourd’hui.
Tout le monde avait bougé chez la mère du jeune homme après la cérémonie, c’était beau de voir que tant que monde appréciait ce bougre. La blonde n’avait pas réellement l’intention de rester encore très longtemps, l’ambiance des funérailles était toujours trop lourde et lui rappelait toujours l’enterrement de son père. Alors qu’elle essayait de discrètement se faufiler pour aller vers la sortie la mère du jeune l’arrêta.
- Aylin, merci encore d’être venue je suis contente de te voir. Tu as l’air en pleine forme maintenant. La jeune femme sourit, il est vrai que la dernière fois qu’elle l’avait vu, elle était dans un piteux état. Elle l’avait accueilli pour la nuit car sinon elle aurait dû aller dormir sur un banc. Son ami avait dû lui parler de sa cure, c’était pour ça qu’elle ne l’avait plus vu dans les parages depuis quelques mois.
- C’est gentil, j’essaye de me tenir à l’écart des problèmes maintenant.
La femme lui attrapa la main puis lui serra et Aylin fit de même, elle allait finalement rester un petit peu plus longtemps. Elle l’invita à aller manger, alors qu’elle allait attraper une assiette pour se servir son regard croisa celui d’une vieille connaissance. Elle le salua avec un sourire Jordan et s’approcha lorsqu’il lui tendit son assiette, remplit comme si il n’avait pas mangé depuis 10 jours. Elle attrapa un mini sandwich et prit une bouchée. Cela faisait une éternité qu’elle ne l’avait pas vu non plus.
- Quelle journée pourrie hein ? J’aurais jamais pensé qu’on se recroiserait pour ce genre d’évènement.
Tellement de visages que tu n’as pas vu depuis longtemps ici. Tellement de gens que tu es sûr d’avoir fini en mauvais termes parce qu’à une époque, t’étais tout le temps high ou ivre. Du coup c’est facile pour que ça dérape. Tu oses pas du tout aller vers eux parce que tu te souviens pas. Tu veux pas lancer un drame alors que vous êtes là pour saluer la vie de Vinny. C’était un gros bordel ça changerait pas grand chose Et puis il y a le visage de Aylin qui est déjà plus réconfortant. Elle était aussi high que moi. Ouais, les plupart des fois que vous vous êtes vu par le passé. Mais tu sais aussi qu’elle a changé sa vie et c’est aussi ton cas. Tout ça pour dire, que vous vous comprenez et ressemblez sur bien des facettes. C’est donc naturellement que tu lui offres une invitation silencieuse à te rejoindre. Ce qu’elle fait et tu apprécies beaucoup. - Quelle journée pourrie hein ? J’aurais jamais pensé qu’on se recroiserait pour ce genre d’évènement. Tu hoches la tête.
« Ouais… »
T’es un peu dans tes pensées, en train de manger un des milliers de mini sandwich de ton assiette. J’aurai dû venir voir la mère de Vinny plus souvent. Tu sais pas pourquoi tu penses ça parce que t’en sais rien si ça aurait changé quoi que ce soit. Tu essaies de chasser cette pensée parce que tu sais pertinemment que des « si » ne servent à rien du tout. Voir la mère de Vinny prendre tant soin de toi, ça te rempli le coeur et t’es sûr qu’elle n’a pas eu beaucoup d’occasion de s’occuper de quelqu’un depuis longtemps. Et toi. T’as jamais eu de mère et elle autant que ta belle-mère Maria te donnent l’illusion de ce que ça aurait pu être. Tu sors de tes pensées en réalisant que tu fixes Aylin depuis peut être trop longtemps.
« T’as super bonne mine. »
C’est vrai. Les principaux souvenirs que t’as d’elle, elle était loin de rayonner comme ça. Tu sens le regard de quelqu’un sur toi et tes yeux dévient légèrement vers ladite personne qui tourne la tête aussi pas discrètement et tu roules les yeux.
« Est-ce que toi aussi y’a des gens qui te dévisagent mais tu te souviens pas du tout d’eux ? Ou bien je suis juste parano ? »
Ca te fait un tout petit peu sourire parce que tu essaies de dédramatiser la situation. T’es parano. Ca t’arrives. Tu l’étais à la puissance mille quand tu étais high. T’aimais pas ce feeling là du tout. Horrible.
« Heureusement ils ont l’air tous assez civilisé et ils viennent pas se jeter sur moi pour me mettre une droite. »
Nouveau léger rire. Je suis trop drôle.
Dernière édition par Jordan Fisher le Mer 26 Fév 2020 - 10:04, édité 1 fois
Même si Aylin était heureuse de voir tout ce monde à l’enterrement de Vinny elle se sentait aussi un peu inconfortable. Tant de gens de sa vie passé avec qui elle avait coupé les ponts, entre ceux qui n’acceptait plus de la voir car ils pensaient qu’elle n’était plus capable de s’amuser et ceux qu’elle ne voulait pas voir car elle aurait été capable de craquer en leur présence, la blonde n’osait pas approcher grand monde. Elle avait surtout parlé avec des gens que la famille du jeune homme qu’elle connaissait, mais voir les nombres de personnes qu’il y’avait aujourd’hui lui rappelait que même dans la galère, l’entraide était souvent présente. Par chance son chemin avait croisé celui de Jordan aujourd’hui, elle savait qu’il n’avait pas fait un changement drastique comme elle mais qu’il s’était calmé. Sur le coup la jeune femme se demanda si comme les autres il allait lui lancer des regards noirs mais elle fut soulagée de voir que c’était tout le contraire. Elle accepta son invitation et s’approcha de lui, elle n’arrivait toujours pas à croire que Vinny soit mort mais bon malheureusement ça ne serait pas le dernier enterrement qui la surprendrait comme ça. Aylin continue de mâchouiller le sandwich qu’elle a dans les mains tout en souriant à la remarque de Jordan.
- Merci, qui aurait su qu’essayer de ne pas se tuer à petit feu ferait autant de bien à la peau ? Tu as bonne mine aussi.
Elle rigola un instant car se tuer à petit feu était un euphémisme vu tout ce qu’elle avait pu avoir dans le sang à une certaine période de sa vie. Mais il était certain que aujourd’hui elle respirait un peu plus la bonne santé, elle avait même prit du poids. Jordan aussi respirait un peu plus la forme c’était peut-être pour ça qu’ils étaient tous les deux autant regardé. Ils représentaient un peu les deux membres d’un groupe qui étaient passés à autres choses.
- Je t’avoue que j’ai une tellement grosse partie de ma vie dans le brouillard que pour moi la moitié des gens qui nous dévisagent sont de parfait inconnus. Je pense pas que tu le sois complétement.
Peut-être qu’elle l’était aussi un peu mais Aylin savait très bien qu’elle avait de gros trou de mémoire. Ça lui arrivait encore de croiser des gens qui se montrait super proche d’elle et lui demandait des nouvelles comme des vieux amis et qu’elle avait beau essayer de se souvenir, rien ne revenait. C’était très étrange comme sensation, elle avait l’impression qu’une partie de sa vie avait été aspiré dans un néant. Mais bon c’est ce qu’elle avait cherché pendant des années et cela avait finalement plus réussi qu’elle ne le pensait. Elle rigola à la remarque de son ami, lui aussi avait l’air d’avoir beaucoup d’amis maintenant, en si peu de temps tellement de choses avait l’air d’avoir changé.
- Je pense que c’est pas que toi, je suis certaine que je m’en souviens pas mais je dois surement de l’argent à quelques-uns. Elle lâcha un petit rire. Tu penses qu’ils se jettent sur nous dans pas longtemps, je dirais dès que la drogue sera un peu redescendue.
- Merci, qui aurait su qu’essayer de ne pas se tuer à petit feu ferait autant de bien à la peau ? Tu as bonne mine aussi. Elle est drôle. Elle est souriante. C’est exactement ce qu’il te fallait là tout de suite. Quelqu’un qui n’a pas peur de rire de soit. De sa déchéance passée. Parce que tu t’identifies bien trop à ça. C’est exactement ton parcours aussi. T’as pas peur d’en parler non plus. Signe que ça va vraiment mieux maintenant. Tout va bien. Et elle aussi va bien. - Je t’avoue que j’ai une tellement grosse partie de ma vie dans le brouillard que pour moi la moitié des gens qui nous dévisagent sont de parfait inconnus. Je pense pas que tu le sois complétement. Vraiment, vous vous comprenez trop bien. Tu hoches la tête. Vous êtes pareil. - Je pense que c’est pas que toi, je suis certaine que je m’en souviens pas mais je dois surement de l’argent à quelques-uns. Tu lâches un gros rire. Tu penses que toi aussi sûrement. T’as pas toujours eu l’aisance que tu as maintenant depuis que t’as gagné au loto et que tu as du succès dans ton travail. Tu penses qu’ils se jettent sur nous dans pas longtemps, je dirais dès que la drogue sera un peu redescendue.
« Oh gosh, c’est grave salaud ce que t’as dit ça. C’est la strict vérité en même temps. »
T’es pas mieux qu’elle. Vous pouvez rire de ce sujet et ça fait un bien fou. T’aimes pas quand les gens s’offensent pour un rien. Malheureusement c’est la plupart des gens de nos jours. Tes yeux sont attirés vers la mère de Vinny qui est un peu plus loin, avec une sale mine. Normal. Tu perds ton sourire et tu te perds aussi dans tes pensées avant de reprendre la parole.
« C’était quand la dernière fois que tu l’as vu ? »
Bien sûr tu parles de Vinny.
« Je me souviens plus quand je l’ai vu en dernier, ça remonte à trop loin…Mais je l’ai eu au téléphone pour mon anniversaire. Il est un des rares qui prenait encore le temps de téléphoner plutôt que de mettre un message sur facebook. »
Il te manquait déjà. Il va te manquer jusqu’à la fin de tes jours maintenant. Trop dommage qu’il s’en soit pas sorti…
Aylin préférait prendre la situation avec un peu d’humour que de se morfondre. Malheureusement la drogue lui avait apporté son lot de connerie. Cette mauvaise décision avait créé des conséquences qu’elle ne pourrait jamais changer, elle était à présent stérile et avait des problèmes d’humeurs qui étaient restés. Si cela avait été un long processus d’acceptation à présent elle était capable de blaguer sur son passé. Ca ne servait à rien de pleurer ce qui avait été fait était fait et elle ne pouvait rien changer et juste accepter. Il n’y avait que maintenant qu’elle pouvait le faire, il y’a 3-4 mois encore elle en aurait été incapable. La blonde se rendit d’ailleurs compte avec les propos de son ami qu’elle n’était pas la seule présente aujourd’hui à ne pas être la bienvenue par les autres personnes hors la famille. Lorsqu’elle regarda autour d’elle, la jeune femme remarqua encore plus de regard mauvais que ceux qu’elle avait pu avoir toute seule durant la cérémonie. Ils avaient l’air tous les deux dans le même bateau, sur le coup elle fut un peu rassurée de voir qu’elle n’était pas seule. Comme quoi sortir de la drogue était bien pour la santé mais pour le social il allait falloir repasser. Ça lui fait du bien de retrouver Jordan, ils avaient toujours été sur la même longueur d’ondes, elle pouvait se rappeler un certain nombre de soirées avec lui et toujours cela avait été génial, que ce soit les concerts ou les soirées posées. La jeune femme avait entendu dire qu’il avait stoppé lui aussi même s’il n’avait jamais été à son niveau mais le voir être d’accord avec elle et pouvoir plaisanter, lui enlever un certain sentiment de solitude. Dommage que cela soit dans une telle situation, elle aurait préféré le recroiser dans un bar ou autre. Comme à son habitude Aylin n’hésita pas à dire le fond de sa pensée en rigolant pour savoir à quel moment un des deux se ferait attaquer. Son côté très franc pouvait parfois choquer surtout qu’elle ne le faisait pas exprès mais de voir son ami rigoler, la fit rire aussi en haussant les épaules.
- Bah quoi c’est la vérité, je pense que un tente il tombe le nez en premier sur la table. Je crois pas que je vais faire de vieux os ici.
Elle rigola de plus belle mais pas trop fort en voyant des regards suspect se tourner vers elle, il ne fallait pas qu’elle oublie la raison de sa venue. Puis ses rires se fanent à la demande de Jordan, comprenant directement de qui il parle et devient songeuse un instant. Elle se souvient d’un certain moment dans sa tête mais elle ne sait pas si c’est réellement le dernier en tout cas si ce n’est pas le cas c’est le plus marquant à ses yeux.
- Je ne sais plus trop… Je crois que la dernière fois c’était peu avant mon overdose. J’étais venu lui demander de me dépanner de la cock car j’avais plus rien et on s’étaient engueulés car il avait pas voulu. A ses yeux je sombrais de plus en plus et ça l’inquiétait, je l’ai envoyé chier et au final il avait raison, 3 jours après overdose.
Elle l’écoutait lui raconter son dernier échange avec lui et c’est là qu’Aylin se rendait compte à quel point c’était un chic type. Il aurait pu être un connard avec elle et lui filer un truc comme plein d’autres camés avaient pu le faire mais non. Même si elle lui en avait voulu, la blonde lui était maintenant reconnaissante mais c’était trop tard.
- Franchement il me manquera celui-là, y’en avait pas 36 des gens comme lui. Il était toujours là pour nous aider et se rappeler qu’on existait.
Ça lui mina le moral pendant un instant et puis elle entendit la mère de Vinny à ce moment précis éclater en sanglot. Elle grimaça puis se regarda de nouveau Jordan.
- Ça te dit qu’on sort un instant ? J’ai besoin de fumer… Je crois que c’est trop pour moi là.
- Bah quoi c’est la vérité, je pense que un tente il tombe le nez en premier sur la table. Je crois pas que je vais faire de vieux os ici. Tu ris avec elle. Elle y va pas avec le dos de la cuillère et c’est vraiment bien. Un peu de bonne humeur dans cette journée triste. Et toutes les autres qui vont suivre. Que tu penses quand tes yeux se posent sur la mère de Vinny. C’est une journée pour se souvenir de lui. Il vous réunis tous ici aujourd’hui alors tu commences à parler de souvenirs. La dernière fois que tu as eu de ses nouvelles. Tu manges un nouveau sandwich alors qu’elle prend le temps de te répondre. - Je ne sais plus trop… Je crois que la dernière fois c’était peu avant mon overdose. J’étais venu lui demander de me dépanner de la cock car j’avais plus rien et on s’étaient engueulés car il avait pas voulu. A ses yeux je sombrais de plus en plus et ça l’inquiétait, je l’ai envoyé chier et au final il avait raison, 3 jours après overdose. Tu hoches la tête. T’étais pas au courant de cette histoire. Vinny voyait les gens se détruire mais il ne voyait pas ce qu’il se faisait à lui-même en même temps. C’est tellement ironique. On veut aider les autres mais ne pas s’aider en premier alors qu’on est la personne la plus importante de notre vie après tout. Ca te fait très chaud au cœur d’apprendre cette partie là de la vie de Vinny et Aylin. - Franchement il me manquera celui-là, y’en avait pas 36 des gens comme lui. Il était toujours là pour nous aider et se rappeler qu’on existait. Tu hoches la tête à ses mots. La réalité qui te remet une claque. Il est parti. Ca y est. Tu ne le reverras plus jamais. Tu sais même plus quand était la dernière fois que tu l’as vu, c’est triste. La vie est compliqué. T’as fait ce qu’il fallait pour toi avant tout. Il n’a pas voulu t’écouter. Tu n’as rien à te reprocher. - Ça te dit qu’on sort un instant ? J’ai besoin de fumer… Je crois que c’est trop pour moi là. Tu hoches la tête de nouveau et la suit à l’extérieur où tu te sens le mieux. Pas comme si t’étais dans une prison dans la maison mais, là y’a de l’air, tu peux respirer. Et elle prétexte devoir fumer mais t’es sûr qu’il y a autre chose de plus là-dessous.
« Sinon, t’habites dans quel coin maintenant ? Tu fais quoi ? » Parce que ça fait vraiment beaucoup de bien de la revoir après tout ce temps. De la revoir en si bonne santé. « Moi je suis à Fortitude Valley depuis genre 5 ans. » Le quartier que tu squattais tout le temps plus jeune. Le quartier où tu proposais toujours de vous voir avec le gang. Où souvent ils te disaient d’aller te faire foutre parce que c’était trop loin. Et t'enfournes un nouveau sandwich. Apparemment tu vas tous les manger si tu continues à ce rythme. J'ai pas grand chose chez moi. Donc tu fais ton repas du soir maintenant.
Aylin essayait de se souvenir des bons moments avec Vinny, car au fond c’était un très bon gars. Certes elle avait eu des embrouilles avec mais à cette époque elle s’était au moins embrouillée une fois ou plus avec tout le monde surtout quand elle était en manque. L’anecdote qu’elle raconte à Jordan lui fait encore plus en prendre conscience s’il faut, ce soir-là vu l’état dans lequel elle avait été, c’était elle qui se serait retrouvée dans un cercueil. Quoi qu’elle avait presque réussi à le faire à la deuxième overdose mais cela avait été un peu l’effet recherché… La blonde préfère rire des regards assassin qu’ils se prennent l’un comme l’autre, ça montre juste qu’elle est passée à autres choses et que si ces gens-là ne voient pas qu’elle peut toujours s’amuser c’est qu’ils sont simplement con. La jeune femme espère juste qu’aucun d’entre eux ne viendra l’emmerder car elle est réellement persuadé qu’elle doit de l’argent à un moins un dans le lot. Mais bon elle a espoir qu’ils auront l’intelligence de respecter la mémoire d’un mort même si on sait tous que le manque peut faire oublier beaucoup de courtoisies. Finalement voyant la mère de Vinny exploser en larmes, une boule dans sa gorge se crée et lui rappelle sa mère à la mort de son père. Elle avait été inconsolable et de son côté Aylin n’avait pas été dans un meilleur état. Une enfant de 10 ans incapable d’accepter de ne plus revoir son père une autre fois, son héros. La jeune femme regarde son ami et lui demande de sortir, l’ambiance devenant un peu trop suffocante à ses yeux. Heureusement Jordan ne pose pas de question et la suit sans rien dire, en sortant elle attrape directement sa vapoteuse et prend une bouffée dans la foulée. Elle sourit face aux questions du blonde, il ne lui demande pas ce que c’était à l’instant et se contente simplement de prendre des nouvelles. Quand elle apprend où elle habite, Aylin se dit qu’ils sont si y faut voisins mais que cela serait con qu’ils ne se soient pas tombés dessus jusqu’à présent.
- Figure toi que j’habite à Fortitude aussi mais depuis quelques mois. Après ma cure je suis allée vivre chez mon frère un an car j’avais nulle part d’autre où aller. Puis me voir après 5 ans sans nouvelles dans un hosto ne la pas motivé à me laisser repartir dans la nature comme si de rien n’était. J’ai trouvé un taff dans une association contre les addictions, je m’occupe de l’accueil. Le boulot est pas ouf et ma collègue un peu chiante mais ça me permet de rester dans le droit chemin. Elle fait une pause le temps de reprendre une autre bouffée et de souffler, en regardant de nouveau son ami. Le changement avait été radical entre sa sobriété et avant, maintenant elle avait un boulot qui durait et un toit sous la tête. L’exact opposé de l’époque où elle changeait toutes les semaines de lieux squattant les canapés qu’on lui proposait au jour le jour.
- Et maintenant j’ai mon propre appart à Fortitude. Et toi tu deviens quoi ? Toujours branché musique ? Si tu savais à quel point je rêve de me refaire un concert, ça me manque.
- Figure toi que j’habite à Fortitude aussi mais depuis quelques mois. Après ma cure je suis allée vivre chez mon frère un an car j’avais nulle part d’autre où aller. Puis me voir après 5 ans sans nouvelles dans un hosto ne la pas motivé à me laisser repartir dans la nature comme si de rien n’était. J’ai trouvé un taff dans une association contre les addictions, je m’occupe de l’accueil. Le boulot est pas ouf et ma collègue un peu chiante mais ça me permet de rester dans le droit chemin. Ta cure toi c’est quand t’as retapé la maison que t’as acheté. Tu t’es mis corps et âme là dedans même si techniquement c’est pas toi qui a fait tous les travaux mais tu étais là à tous les instants. Tu as mis la main à la patte. Surtout dans la peinture pour dire la vérité. T’as beaucoup trop aimé pouvoir faire des graffiti sur ton mur librement sachant qu’après ce serait recouvert. Sauf que t’y as pris beaucoup trop goût et t’as fini par écrire un tas de paroles. Certaines que t’avais déjà sous le coude et d’autres sur l’inspiration du moment. T’as l’impression d’être entouré de tes mots chez toi sans que personne ne le sache. Et sans que tu ne t’en rendes compte, t’avais pas touché à la drogue pendant plus de trois mois. T’avais un nouveau fix. Ta maison. C’était sain. Ca l’est toujours.
« C’est super cool ton job. T’as vraiment le background qu’il faut pour. » Tu sais qu’elle peut véritablement aider les gens parce qu’elle est passée par là. Pas comme tous les professionnel qui voient juste des patients et sont dans leurs théories. Elle, elle l’a vécu. Ca vaut tous les diplômes du monde à ton avis. Les gens vont plus la croire elle qu’un autre. Raconter ton histoire aussi ça a aider certains. T’as bien retenu la fin de son speech. Ca l’aide à rester dans le droit chemin. C’est clairement pas facile tous les jours. Elle était très très dépendante. « Je suis fier de toi. » Parce que c’est pas facile.
- Et maintenant j’ai mon propre appart à Fortitude. Et toi tu deviens quoi ? Toujours branché musique ? Si tu savais à quel point je rêve de me refaire un concert, ça me manque. Large sourire sur tes lèvres. Tu hoches la tête. « Toujours. » C’est ce qui t’a tenu en vie toutes ces années et qui continue encore. Tu peux pas t’arrêter. C’est ta thérapie. « Suffit de demander. Y’a Polaris bientôt mais je sais pas si tu kiffes. » Parce que c’est du lourd. « J’y vais en tout cas si jamais tu veux passer la soirée avec un fanboy, c’est ta chance. » Surtout que c’est tes potes les gars. « Je t’invite. » T’es trop généreux. Si elle aime pas la musique au moins elle aura pas payé. C’est pas faux. T’as oublié d’approfondir sa première question. Tu t’es envolé passionnément dans la conversation sur les concerts à venir ou le concert dans ce cas là.
Aylin savait que son boulot était un pilier essentiel pour l’aider à ne rien toucher, déjà le fait qu’elle eut la motivation nécessaire était un miracle. Alors le fait qu’elle continue à rester dans cette optique en était un autre, surtout que cela lui avait traversé plus d’une fois de reprendre quelque chose. Certes l’optique de penser à ses gens proches, surtout sa famille était une bonne source de motivation. Mais c’était surtout le fait qu’elle bosse dans un centre qui l’aidait. Chaque jour elle voyait des gens comme elle, vouloir s’en sortir et des gens dans un pire état dont la blonde se disait que cela aurait pu être elle si elle avait continuait ses conneries. Comme les réunions où la jeune femme allait un peu moins mais qui continuait à lui rappeler qu’elle n’était pas la seule à avoir vécue des années merdiques et lui rappelait que la joie qu’elle avait pu sentir sous l’emprise de produit n’était pas forcement réelle.
- Oui c’est pas mal, je me sens un peu utile comme ça même si la plupart du temps je fais juste les renseignements et l’accueil. Mais en tout cas ouais c’est sûr que c’est mieux d’avoir quelqu’un qui a vécu la même chose que toi en face au début, que tomber sur quelqu’un qui n’a aucune idée de la merde que ça peut-être et qui te prend de haut.
Aylin parlait en connaissance de cause, la première fois qu’elle avait tenté d’arrêter bien avant sa deuxième overdose. Elle était tombée sur une nana qui l’avait fait sentir comme une merde et elle était parti dans tous ses états en se disant que plus jamais elle ne refoutrait les pieds dans une assoc’. La blonde pouvait donc comprendre que lorsqu’on venait savoir que la personne en face te comprenait un minimum était important. Elle sourit lorsqu’il lui dit qu’il était fier d’elle, ça lui changeait de parler avec quelqu’un de son ancienne vie qui au contraire ne lui disait pas qu’elle avait fait une connerie d’arrêter.
- Je suis fier de toi aussi !
Jordan était vraiment un mec cool, il n’y avait pas à dire. Elle trouvait qu’il avait toujours de bons plans niveau musique et le nombre de groupe qu’il lui avait fait découvrir et super concert qu’ils avaient eu était mémorable. Une des rares personnes où elle devait se souvenir d’un peu toutes ses soirées avec. En parlant musique, elle se rend compte que c’est toujours autant un passionné. Ça se voit immédiatement dans son regard qu’elle a touché LE sujet qu’il fallait.
- Oh sérieux ? Merci beaucoup pour l’invit’ ! Je connais pas mais je fais confiance en tes gouts pour savoir que dans tous les cas ça sera un groupe de qualité. Donne-moi ton num’ je l’ai perdu en changeant de téléphone. La blonde attrapa son téléphone manière de rentrer de nouveaux ses coordonnées. En levant les yeux, Aylin ne peut s’empêcher de remarquer de nouveaux regards pesant sur eux deux, ce qui commence petit à petit a réellement la gonfler.
- Ça te dit qu’on aille boire un coup dans un bar ? Je t’avoue que me sentir cerné par des gens qui me donnent l’impression qu’ils veulent me sauter dessus me fatigue.
- Oui c’est pas mal, je me sens un peu utile comme ça même si la plupart du temps je fais juste les renseignements et l’accueil. Mais en tout cas ouais c’est sûr que c’est mieux d’avoir quelqu’un qui a vécu la même chose que toi en face au début, que tomber sur quelqu’un qui n’a aucune idée de la merde que ça peut-être et qui te prend de haut. Et ça ça vaut tout l’or du monde à ton avis. T’écoutes beaucoup plus les gens qui ont vécu un truc que ceux qui ont juste lu dans les livres. - Je suis fier de toi aussi ! Un sourire sur tes lèvres. Vraiment vous en avez fait un sacré bout de chemin tous les deux. Vous êtes si beaux. Vous êtes si responsable. A des années lumières de l’époque où vous vous fréquentiez. Tu dis pas non faire un concert avec elle en étant pas high pour une fois. - Oh sérieux ? Merci beaucoup pour l’invit’ ! Je connais pas mais je fais confiance en tes gouts pour savoir que dans tous les cas ça sera un groupe de qualité. Donne-moi ton num’ je l’ai perdu en changeant de téléphone. Tu sors aussitôt ton téléphone qui n’est jamais bien loin de toute façon. Tu lui donnes ton numéro. - Ça te dit qu’on aille boire un coup dans un bar ? Je t’avoue que me sentir cerné par des gens qui me donnent l’impression qu’ils veulent me sauter dessus me fatigue. Tu remarques les gens qui détournent leur tête quand tu relèves la tienne. Tu roules les yeux.
« Je vais dire au revoir à Kristen et ouais. Je te suis. »
Parce que de toute façon tu sais qu’elle va être occupé avec tout le monde ici pendant encore de longues heures. Y’a qu’elle qui est importante pour toi ici. Tu repasseras demain quand ce sera plus calme. Tu as déjà dans l’idée d’acheter un gateau au chocolat ou de la glace ou des tablettes. Du chocolat en tout cas. Vous allez vous empiffrer tous les deux. C’est ça ton plan chill du lendemain. Le plan pour avoir un petit peu de plaisir malgré les souffrances de l’âme. C’est donc sans aucune gêne que tu coupes la conversation que Kirsten a l’air d’avoir avec quelqu’un que tu ne connais pas. Tu la prends doucement dans tes bras et dieu sait que ce n’est pas un geste que tu fais à beaucoup de monde. Tu embrasses sa joue doucement.
« Je repasses demain. »
Elle hoche la tête et tu sens qu’elle s’accroche à toi. Tu frottes doucement son dos et la garde contre toi un moment non négligeable. Elle en a besoin. Peut être que toi aussi. Ca fait longtemps que t’as pas hug qui que ce soit. La tendresse ça fait du bien. Les câlins. Ouais ouais. Fait pas genre Jordan. Tu te rends même pas compte que t’es en manque de douceur. Je suis très bien comme ça. Alors il serait temps de lâcher Kristen. Encore quelques secondes… Et un baiser sur la tête supplémentaire, elle se détache et tu fais genre tu ne remarques pas ses yeux humides. Un dernier clin d’oeil et un sourire avant de faire un signe général de la main pour tout le monde dont tu en as rien à cirer qui sont là. Et te voilà en train de sortir de la maison, piquant un dernier mini sandwich pour la route.
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