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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyMer 29 Jan 2020 - 23:23




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Kelly Ward & Amos Taylor #1

@Kelly Ward
Certes, lorsque mon père m’avertit de l’accident de mon frère, je fis mine de ne pas m’en tracasser, de m’en désintéressé complètement, mais ce n’était jamais qu’une façon de le houspiller, de rappeler à Taylor senior que Chad nous avait tous abandonné, sciemment, volontairement, en se retournant à peine. Il nous avait tous laissé, y compris Sofia dont il avait la responsabilité. La présence du couple de parrain et marraine qui formait avec Kelly fut la condition sine qua non au déménagement de la gamine pour la grande ville. Pour sa mère et moi, c’était semblable à un déchirement que de la laisser nous fuir en partie. Elle me rappela mon sentiment d’abandon quand, égoïste, Chad choisit de quitter la ferme familiale au profit d’un métier plus lucratif, plus intellectuel, un qu’il jugeait sans doute plus noble. Je n’avais jamais été en accord avec son choix, mais face au désir de ma fille, confronté à son ambition, j’appris à estimer la route empruntée par mon cadet. Aussi, m’inquiétais-je souvent pour lui, à l’image du grand-frère en culotte courte qui distribuait les beignes dans la cour de récré pour le protéger, sans se soucier qu’il ait besoin ou non de mon intervention. De mon point de vue, il était le plus fragile de la portée. Ses armes à lui, c’était celles de l’esprit et, sans le jalouser – ce sentiment n’existe pas dans notre fratrie – je l’admirai en silence. J’eus mille fois l’occasion de lui confier ma fierté envers sa réussite. Le jour de son mariage par exemple s’y prêtait plutôt bien. Ma pudeur à confesser ce que je ressens est et restera un frein dans mes relations humaines et, aujourd’hui, si je pense toujours qu’il a de quoi s’engoncer dans un manteau de vanité, je préfère crever que de l’admettre. Il est mon frère, mon sang, mais je suis en colère. Je lui en veux de s’être trop regarder le nombril quand ma gosse avait besoin de lui. Je lui en veux autant qu’à son ex-femme, mais ça ne change pas grand-chose à mon affection. Elle lui est entièrement dévouée, d’autant que je sais qu’il n’est pas seul à blâmer. Le père, dans cette sordide histoire, c’est moi. C’est à moi qu’incombait le rôle de veiller sur ma vie. Dès lors, tandis qu’il git sur un lit d’hôpital, à défaut de lui déclamer mon admiration, je lui rends visite. Je le ferai aussi longtemps que durera son séjour, parce que c’est ce qui se fait entre frères. Dussions-nous nous claquemurer derrière le silence, ma place était auprès de lui.

Le deuxième jour de son hospitalisation, je ne pus me vanter de jouir de la même chance que la veille. En poussant la porte, je le trouvai profondément endormi. Je me fis la réflexion qu’il avait l’air aussi paisible qu’un gamin. Je l’enviai, un peu, parce que je n’avais pas souvenir d’avoir pu profiter, ces dernières années, d’un tel plaisir réparateur. Toutefois, loin de moi l’envie de le réveiller – j’avais tout mon temps – je me retirai en catimini. En chemin, je croisai cette infirmière qui, le jour précédent, m’horripila au possible. Je la saluai, froidement, soucieux de ne pas réveiller en elle une envie subite de bavarder et ça fonctionna. J’étais plus allègre tandis que je me dirigeais vers la machine à café. Depuis ma dispute avec Raelyn, mes nuits étaient courtes. Ce n’était pas de son seul fait évidemment. La réaction de Sarah face à mon appel à l’aide contribua à mes états d’âme, mais pas autant que je ne me le serais imaginé. Je la détestais d’être obnubilée par son divorce, mais j’avais toujours en stock de quoi le retarder. En revanche, en ce qui concernait la jolie blonde que j’avais malgré moi malmené, je me sentais outrageusement impuissance. L’adverbe était à peine exagéré. Ignorant comment agir pour initier entre nous une discussion salvatrice, j’étais habité d’une vague d’impuissance qui alourdissait mon humeur. Cet après-midi là, elle n’était pas au beau fixe, si bien qu’en croisant le regard de Kelly, je ne sus dire si j’étais ravi ou, a contrario, contrarié de tomber sur elle. Je l’appréciais, mon ex-belle-sœur. En plus de son éclat et de son élégance, je la trouve loyale, honnête et droite. Si j’avais eu mon mot à dire à propos de sa connivence avec mon frère, je ne lui aurait pas souhaité d’autre partenaire de vie. Je fus blesser par le divorce, mais ça ne justifiait pas que j’oscille, à présent, entre joie et déception de tomber sur elle. J’en suis là parce qu’elle compte parmi la liste de ceux qui partage ma responsabilité dans la mort de Sofia. « Bonjour Kelly. » lui lançais-je puisqu’il m’est clairement impossible de me dérober. « Fidèle au poste visiblement. Tu veux un café ? » Je lui offrirais de bon cœur, bien que je ne nous envisage pas nous perdre au cœur d’une grande conversation.





Dernière édition par Amos Taylor le Mer 12 Fév 2020 - 16:12, édité 1 fois
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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyMar 11 Fév 2020 - 23:22

Son long kimono fluide virevoltait derrière elle à chacun de ses pas comme une traîne de soie. Enveloppée dans le tissu, Kelly se sentait plus en sécurité. Elle croisait les bras en avançant d’un pas rapide, rongeant nerveusement l’ongle de son pouce. Elle ne s’était plus rongé les ongles depuis l’école primaire. Ses hauts talons claquaient avec autorité sur le sol du hall de l’hôpital, le traversant comme un courant d’air jusqu’à ascenseur qu’elle partagea avec un jeune garçon en fauteuil roulant. Quelques mèches brunes s’échappaient d’un large chignon noué au sommet de son crâne à la va-vite, elle tentait frénétiquement de les bloquer derrière ses oreilles mais en vain. L’inquiétude semblait rendre ses pommettes plus saillantes qu’elles ne l’étaient déjà. Elle n’avait passé qu’un rapide coup de mascara sur ses cils, songeant que cela suffirait à lui rendre quelques heures de sommeil. Et puis, il n’y avait personne à impressionner, dans un hôpital.

La jeune femme était venue la veille dans un état de stress bien plus grand. Indescriptible. Première au courant de l’accident de Chad, elle s’était ruée à son chevet aussi rapidement que ce que sa chère coccinelle verte lui avait permis de traverser le trafic de Brisbane. Elle n’avait pas réfléchi à deux fois, quand bien même n’avait-elle pas prévu de le revoir aussi tôt. Elle n’y était pas préparée, non. Mais le destin avait récemment tendance à se moquer royalement que Lee soit prête ou non à recevoir chacun de ses défis. Ayant mémorisé le chemin jusqu’à la chambre de son ex-mari, son esprit n’accordait aucune attention au monde autour d’elle. On lui avait pourtant dit que ce n’était pas grand-chose, et Chad s’était montré aussi rassurant que possible, néanmoins, l’inquiétude serait son unique état général tant qu’il serait ici, dans ce bâtiment, et non au dehors. Au moins, tout le monde était assuré d’une chose ; elle ne le détestait pas assez pour souhaiter sa mort. Mais cette éventualité n’était pas suffisante pour étouffer cette animosité à son encontre.

Les portes de l'ascenseur s’ouvrirent, et Kelly reprit son chemin dans le dédale de l’hôpital jusqu’à la salle d’attente où son regard rencontra instantanément la silhouette de son ex-beau frère. Parce que, dans pareil cas de figure, on ne renoue pas qu’avec un seul Taylor ; on croise toute la brochette. Et cela sonnait un peu trop comme le bon vieux temps. Kelly s’était toujours merveilleusement entendu avec sa belle-famille, notamment ses beaux-parents dont elle partageait la ferveur religieuse. Cette harmonie qu’ils entretenaient avait trouvé comme point culminant le jour où Amos lui avait proposé l’honneur d’être la marraine de sa fille. Le décès de la pauvre petite n’en fut que plus tragique à ses yeux, elle qui n’était pas destinée à porter d’enfant à elle, lui laissant un lourd sentiment d’impuissance. L’aîné de la fratrie Taylor était devenu amer, depuis. Elle ne lui en tenait pas rigueur, lui souhaitant surtout de retrouver la lumière avant que la culpabilité ne le dévore tout entier. « Bonjour Kelly. Fidèle au poste visiblement. » fit-il lorsqu’elle vint à sa rencontre, près de la machine à café. Dans ces situations, mieux valait se soutenir mutuellement. Elle n’évoquerait pas Sofia s’il ne lui parlait pas du divorce et de l’état de sa relation avec son frère, se dit-elle. Après tout, s’ils étaient assez adultes pour en débattre, ils pouvaient également l’être assez pour fermer les sujets sur ces sujets quelques instants. Du moins, elle l’espérait ; ni son coeur, ni sa tête, n’étaient en condition pour justifier sa manière de sortir Chad de sa vie. « Tu veux un café ? » lui proposa Amos, poliment, et bien qu’elle eut conscience que la mixture crachée dans les gobelets en plastique n’avait du café rien d’autre que le nom, Lee accepta avec un timide signe de tête. "Oui, pourquoi pas. Ça ne peut pas me faire de mal." Peut-être même qu’une boisson chaude, malgré un goût non-identifié, pourrait lui être d’un semblant de réconfort. “Allongé, extra-sucre” précisa-t-elle. Alors la pièce roula dans le compartiment, le doigt du brun s’écrasa sur les boutons, et la machine commença à vrombir et trembler comme un vieux moteur décadent. Sans ce bruit, le silence aurait été l’un de ces étranges moments flottants où personne ne sait quoi dire, ni si dire quelque chose est nécessaire. Kelly, elle, était partisane de la conversation, aussi futile soit-elle. Quoi qu’elle n’avait aucune futilité à partager qui vaille la peine de harceler les oreilles d’Amos en plus du son nerveux de la machine à café. Il lui semblait mal venu de faire une remarque sur l’humidité étouffante de l’été australien. Alors elle observa ses doigts se torturer entre eux pendant un instant. "C'est bien que tu sois là. Je suis sûre qu'il apprécie." dit-elle, frôlant dangereusement le sujet d’une relation fraternelle plutôt ambivalente entre les deux Taylor. "En tout cas, moi oui." Elle esquissa un sourire. Un long bip leur notifia que le café était prêt. Lee se saisit du gobelet terne au contenu brunâtre et prit soin de mélanger le sucre tombé tout en fond délicatement. Elle avait horreur des cafés amers jusqu’à la dernière gorgée bourrée de sucre condensé, cela lui arrachait toujours une grimace écoeurée. De toute manière, cette boisson allait être une rude insulte à son délicat palais. "Des nouvelles ?" demanda-t-elle après une gorgée. Amos pourrait lui éviter la corvée d’aller vérifier l’état de son ex-mari elle-même et donc, d’avoir affaire à lui. La fois dernière était suffisante aux yeux de Kelly et elle avait amplement prouvé toute son inquiétude pour la santé de Chad, miettes de l’affection débordante qu’elle lui portait avant qu’il ne lui brise le coeur. Savoir qu’il se portait bien lui suffirait pour tourner les talons, sans que sa conscience ne la rappelle à l’ordre.
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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyMer 12 Fév 2020 - 19:14




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Kelly Ward & Amos Taylor #1

@Kelly Ward
C’est moi qui proposai à Sarah que le couple formé par mon frère et Kelly endossent respectivement les rôles de parrain et marraine pour Sofia, mais je n’eus pas la bousculer pour qu’elle accepte. Elle sautilla sur ses deux pieds, jurant qu’ils seraient parfaits, qu’elle en était persuadée. Moi aussi d’ailleurs. A cette époque, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Sauf que rien ne dure, jamais. Ce que la vie offre, elle s’amuse à le reprendre à quiconque baisse la garde et nous l’avons fait. Nous avons méprisé la prudence. Nous avons oublié qu’un jardin de rose, avant d’être grandiose, s’arrose quotidiennement. Entre divorce, dispute et décès, il ne restait plus grand-chose de notre complicité. Nous ne nous réunissons plus autour de la table de mes parents. Nous ne rions plus ensemble non plus. Nous sommes simplement là, quand le destin le décide. Nous sommes ici ou ailleurs, forcés de nous côtoyer à nouveau, forcés de nous observer en chien de faïence. J’étais, de tous, certainement le plus froid. Quant à Kelly, je m’amusais à la qualifier de psychorigide, non pour la vexer, mais parce qu’avant la mort de Sofia, je n’étais pas le dernier à taquiner mes proches. Aujourd’hui, mon cœur ne s’abandonne plus à ce genre de bêtises. Je suis plus froid, éteint et tandis que j’attends que la machine à café crache plus d’eau que de graines torréfiées dans un gobelet en plastique, je songeai que nul ne pourra me reprocher de ne pas avoir fait d’efforts cette fois. Tout en moi me mettait en garde contre ce tête-à-tête avec Kelly. Et, pourtant, je lui propose de quoi me tenir compagnie. Serais-je devenu complètement fou ? Est-ce ma spécialité que de tendre le bâton pour me faire battre ? Force est d’admettre que je brille sous les projecteurs du bon sens en ce moment. Qu’à cela ne tienne, difficile d’opérer une marche arrière à présent. Aussi, je jette un coup d’œil sur ma voisine. Est-ce toujours mon droit que de lui demander comment elle se sent ? Ai-je envie de savoir ? Pas exactement. Une part de moi serait heureux d’apprendre qu’elle va bien, qu’elle s’est relevée plus forte des épreuves qui jalonnèrent notre existence, mais je redoutais l’idée de l’envier, de la jalouser un peu et peut-être de lui en vouloir de ne pas se morfondre sous la culpabilité par rapport à Sofia. Je le craignais tant que, baissant la tête, je trouvai un nouvel intérêt à mes pompes. Je ne suis pas mal à l’aise avec le silence, au contraire de ma voisine. Elle le brise et sa remarque, teintée de bienveillance, me firent froncer les sourcils. S’imaginait-elle que, mon frère à l’hôpital, je me serais terré dans mon appartement plutôt que de faire un geste vers lui ? Sous quel prétexte ? Quel argument avancerait-elle pour prêter tant d’indifférence ? Les conflits et les non-dits qui gangrènent ma relation avec mon petit frère ou mon état d’esprit en général ? Dois-je m’en vexer ? Accueillir pour ce qu’il est ? Et, qu’est-il d’ailleurs ? Je peine à statuer alors je me tais, un instant durant. Je la considère d’un regard chargé de dédain qui n’est qu’une mascarade finalement.

Kelly est une femme douce et intelligente qui a su gagner le cœur de tous les Taylor, ma fille y comprise. Sans doute est-ce pour cette raison que je m’emploie à ne plus la côtoyer et à la garder le plus loin possible de moi. Elle me confronte à ces souvenirs des fêtes de famille durant lesquelles ma belle-sœur ne s’intéressait qu’à la petite. Elle la couvait de baisers et de câlins et lui racontais des histoires, le soir, pour l’aider à s’endormir quand la fête battait son plein à la salle à manger. Je reconnais également à l’élégante blonde à mes côtés qu’elle a le jugement sur et efficace. Bien sûr, je préférerais souffrir mille morts que de l’admettre à voix haute, mais elle compte parmi ceux qui, de temps à autre, sont parvenus à me pousser à l’introspection. Elle a toujours été pour nous un point de repère solide, car rien ne semblait pouvoir l’ébranler. C’est ce qui rend cette rencontre compliquée finalement. Je n’ai pas envie de revivre tous ces instants de bonheur révolus, de me confronter à ses morales et d’être envahir par l’impression que je suis faible, bien trop pour me relever de la tragédie qui détruit mon couple. « Où voulais-tu que je sois exactement ? » m’enquis-je, interrompu par le signal strident et mécanique de l’engin à bout de course. J’aurais pu le récupérer et le lui tendre, mais elle a réagi plus vite que moi. « Tu sais que je pourrais te dire la même chose. » repris-je alors avec moins d’humeur. Elle avait l’air mal à l’aise, comme si sa place était justement ailleurs. « Il a certainement plus besoin de toi que de moi, en réalité. » Et je n’en doutais pas. Qu’importe la déroute de leur couple et, peut-être, de leur sentiment, j’aurais mis main au feu qu’il déborde toujours d’estime l’un pour l’autre. « Viens, on va s’asseoir. » Il n’est rien de plus grotesque, à mon sens, que deux êtres statiques devant une ruine qui sert du jus de chaussette à prix d’or. « Et, non, je n’en ai pas plus qu’hier en tout cas. Je suppose donc que tu en sais autant que moi, peut-être même plus. » surenchéris-je en m’installant et en buvant une gorgée de mon café. Un silence morne nous entoura et j’aurais juré – mais ce n’est que supposition – qu’elle aurait tout donné pour s’enfuir, ce qui ne lui ressemblait pas. Mon inconscient prête à Kelly une vigueur qui m’empêche de l’imaginer fébrile, et pourtant… « C’est tout ? » la provoquais-je en pivotant sur mon siège. « Il s’est passé quoi entre hier et aujourd’hui, Kelly ? »



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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptySam 21 Mar 2020 - 0:14

Différents et destins divergents se poussent jamais des frères à totalement se tourner le dos. Du moins, Kelly en avait l’intime conviction, bien qu’elle n’avait pas de frère ou de soeur à elle pour étayer son hypothèse. Qu’importe à quel point le deuil avait éloigné Amos du reste de la famille, il était présent pour son frère. La jeune femme songeait que l’inquiétude liée à cet accident était la dernière chose dont le brun avait besoin. Les blessures de Chad étaient finalement superficielles, mais la simple idée que le feu aurait pu lui ôter son frère en plus de sa fille était certainement un coup dur suffisant. « Où voulais-tu que je sois exactement ? » demanda-t-il, faisant passer la remarque de Kelly à propos de sa présence comme la dernière des stupidités. Elle haussa les épaules sans s’en vexer. “Je n’en sais rien. L’église, peut-être. Ou auprès du reste de la famille.” Et dans la mesure où c’était un membre de la famille qui se trouvait dans une chambre à quelques mètres d’eux, c’était bel et bien l’endroit où Amos se trouvait. Lee trouva un maigre réconfort dans le constat qu’il était venu seul, et qu’elle n’aurait pas à croiser ses anciens beaux-parents. Ils continuaient de lui envoyer leurs meilleurs voeux à chaque Noël, comme si rien n’avait changé. Elle aurait tant aimé que ce soit le cas. « Tu sais que je pourrais te dire la même chose. » ajouta Amos. Lee laissa s’échapper un petit rire. “Je suis la première surprise, crois-moi.” Il était même plus étonnant de voir l’ex-femme ici que le frère, au final. « Il a certainement plus besoin de toi que de moi, en réalité. » Elle fronça les sourcils. En quel honneur ? Chad avait-il seulement eu plus besoin d’elle que l’inverse, finalement ? Il avait été l’outil des ambitions de la brune, le mari parfait. Qu’avait-elle eu à donner, elle ? “J’en doute.” souffla-t-elle. Il n’avait plus besoin de personne maintenant. Il volait de ses propres ailes. Il se bâtissait une vie telle qu’elle aurait dû être dès le départ, fidèle à lui-même, et surtout, sans elle. Alors, oui, elle se sentait de trop, elle se sentait même ridicule d’être venue. « Viens, on va s’asseoir. » Elle acquiesça et le suivit jusqu’à deux chaises libres. « Et, non, je n’en ai pas plus qu’hier en tout cas. Je suppose donc que tu en sais autant que moi, peut-être même plus. » Kelly en savait définitivement plus que lui à propos de son frère, à propos de choses qui n’avaient strictement rien à voir avec l’objet de son entrée à l’hôpital, mais là n’était pas ce que l’aîné pouvait supposer. Cependant, depuis les révélations de son ex-mari, elle n’était plus sûre de ce qu’elle savait ou non à son sujet. Avait-il vraiment aimé ce gâteau chocolat-pruneaux qu’elle lui avait fait pour son trente-deuxième anniversaire ? Jusqu’où allait le mensonge ? Mais c’était un autre débat. Une constante remise en question intérieure qui la rendait particulièrement muette. La voix d’Amos l’arracha à ses pensées. « C’est tout ? Il s’est passé quoi entre hier et aujourd’hui, Kelly ? » Le contenu douteux de son gobelet sembla tout à coup follement captivant tandis qu’elle tentait, sans conviction, d’éluder la question. “Rien.” Difficile de faire moins convainquant. La vérité allait au-delà de sa visite de la veille, au-delà de cet accident, et provoquait un bouleversement plus profond encore que le divorce. Et elle ne pouvait pas se confier à cet ex-beau-frère comme elle l’aurait souhaité. “J’ai juste… J’ai réalisé qu’il était trop tôt pour moi, pour le revoir, que je n’étais pas prête. Depuis notre dispute d’il y a quelques mois, tout a changé et il y a beaucoup trop de choses à digérer pour moi.” Malgré tout, Kelly ne détestait pas assez Chad pour renoncer à lui rendre visite lorsque celui-ci avait besoin de soutien alors qu’elle aurait tant aimé être capable de le haïr et lui tourner le dos. Elle n’était même pas fichue de se tenir à sa propre décision de le jeter hors de sa vie, elle ne pouvait pas s’empêcher de venir, d’être là. Toute autre comportement ne serait tout simplement pas elle. “J’aurais simplement dû appeler vos parents et rester en dehors de ça.”

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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptySam 21 Mar 2020 - 19:08




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Kelly Ward & Amos Taylor #1

@Kelly Ward
A l’église. Moi. Mon expression ébahie se mue en éclat de rire. Il n’est pas moqueur. Je le décrirais plutôt comme une preuve de mon dépit et de mon incrédulité. Je n’ai jamais été un fervent croyant au désespoir de mon épouse, qui embrassa la carrière de pasteur et celui de ma mère dont la meilleure amie est sa Bible. Toutefois, il est vrai qu’à une époque, pour satisfaire mes proches, je poussais les portes des lieux sacrés pour m’asseoir aux côtés des miens. Depuis la mort de Sofia, je n’y ai plus jamais mis les pieds. L’injustice de son sort me détourna de ce que certains nomment le droit chemin. Ma seule église, finalement, était cette famille imparfaite qui me regarde parfois comme si j’étais un paria. Malgré leur jugement, j’aime tous les membres profondément, y compris ceux qui, par la force des choses, s’en sont éloignés, volontairement ou non. Kelly était de ceux-là et, quoiqu’elle en dise, j’étais moins étonné par sa présence qu’elle ne l’était elle-même. Elle avait été un pilier dans la vie de Chad. Je peinais à croire qu’il ne reste plus rien de leur amour, tout comme j’avais du mal à saisir l’ampleur des certitudes de celle que j’appelais toujours ma belle-sœur. J’en fronçai les sourcils et, soucieux, je l’invitai à s’asseoir un moment avec moi avec au cœur le désir de comprendre ce malaise perceptible. Depuis quand ne sent-elle plus à sa place aux côtés de celui qu’elle a aimé ? Est-ce qui pend au nez des divorcés ? Le sentiment d’être un intrus lorsque l’autre traverse l’adversité ? Etait-ce qui nous arriverait, à Sarah et moi, lorsque j’accepterai de me défaire de ce que nous avions construit ? Est-ce qu’une fois les papiers signés, le lien que l’on croyait indéfectible se dénoue naturellement ? Je refusais d’y croire. On ne balaie pas d’un coup de stylo les souvenirs. On ne se débarrasse pas aussi simplement des années de vie commune durant lesquels on a aimé, on s’est disputé, on a crié, pleuré, pour mieux se réconcilier. Quelque chose m’échappait et, l’homme déterminé qui se dissimule derrière mon regard vide et mon détachement, brûle désormais de tout savoir. Aussi, l’ai-je questionnée sans préavis.

Ce “rien“, à peine audible me fait un drôle d’effet. Dans ma tête, les feux de l’intérêt s’allument. Elle me cache quelque chose, c’est évident. Elle est franche, Kelly. Elle semble sculptée dans un bois de chêne solide et indestructible. Son tempérament appuyait ses opinions puisque dès lors qu’elle ouvre la bouche, tout le monde l’écoute Kelly. Elle est sûre d’elle, du moins en apparence. Je m’étais contenté de ce portrait jusqu’ici. Or, je dois admettre avec altruisme qu’elle me parait soudainement plus fragile qu’à l’habitude. Est-ce lié à la santé de Chad ? Lui aurait-on décelé une maladie dévastatrice grâce à cet accident ? Souffrait-il de séquelles qui le priverait de ses passions ou de son métier ? A moins qu’il ne s’agisse de tout autre chose, d’un sujet en rapport à l’intime et sur lequel elle ne s’épancherait pas ? Est-ce cependant un mal d’essayer de lui tirer les vers du nez ? Sa réponse est trop laconique pour que j’ignore ce que j’ai sous les yeux. Dès lors, je creuse au mépris de la discrétion. Je creuse résolument. « Et c’est ce que tu as fait ? Tu les as prévenus et tu es quand même là, parce que le contraire n’aurait pas été normal, peu importe ce que tu as réalisé ou non et peu importe cette dispute justement. » ponctuais-je en jouant de délicatesse. Ce n’est pas toujours aisé pour moi qui ait vécu en autarcie durant de longues années. Aujourd’hui, j’en faisais les frais. Je manque de mots pour la rassurer et l’inciter à quelques confidences. Ma curiosité n’est pas malsaine. Elle nait de l’inquiétude, mais comment l’exprimer ? Quelle phrase formuler pour l’en convaincre, qu’elle vide ce sac vraisemblablement trop lourd sur ses épaules ? « Elle concernait quoi, cette dispute ? » Si Chad avait fait le choix de ne pas m’en toucher mot, je n’irais certainement pas le narguer à ce propos. Notre relation fraternelle est réduite à peau de chagrin depuis un moment déjà. Inutile de tirer sur l’ambulance. Peut-être aurais-je dû le préciser d’ailleurs. Sauf qu’elle est intelligente, ma belle-sœur. Dans le fond, elle en était consciente. Elle me savait moins bavard qu’un mort, qu’une carpe ou une tombe, au choix. « Et ne me dis pas rien de grave parce qu’elle t’a fait comme un électrochoc si je comprends bien. Donc, ça devait l’être. Tu sais que… je suis une bonne oreille et que j’oublie vite ce qui ne me concerne pas, pas vrai ? » insistais-je non sans boire une gorgée de café et respecté aussitôt un silence de rigueur, celui qui l’autorise à statuer et à se rappeler que je suis un Taylor ce qui signifie, par définition, un homme borné.




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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyMar 31 Mar 2020 - 20:53

Ce café avait une odeur et une couleur qui n’existaient nulle part ailleurs que dans les distributeurs des hôpitaux, Kelly en était persuadée. En dehors de ces murs, cette senteur de chaussettes d’après- match combinée à cette nuance brunâtre aqueuse cessaient d’exister. Elle pensait qu’une boisson chaude lui ferait du bien, que la caféine aurait du bon pour ses nerfs à fleur de peau, mais plus elle baissait le nez dans son gobelet, plus elle réalisait que cette mauvaise soupe accentuait sa nausée et piquait son nez comme du poivre. Alors qu’elle évoquait vaguement -et espérait que Amos la laisse rester vague- le sujet de sa dernière dispute avec Chad, la brune abdiqua et abandonna l’idée de prendre une gorgée de cette mixture. Son estomac s’était noué, un peu à cause du café, bien plus par la faute de la curiosité de son ex-beau-frère qui continuait à tenter de la persuader que sa présence était une bonne chose. « Et c’est ce que tu as fait ? Tu les as prévenus et tu es quand même là, parce que le contraire n’aurait pas été normal, peu importe ce que tu as réalisé ou non et peu importe cette dispute justement. » Si Lee avait appris une dure leçon ces derniers temps, c’était que la normalité était un concept totalement overrated. Elle ne savait même plus ce que cela signifiait. Elle continuait d’entendre que telle chose ou tel comportement était normal, et elle y aurait aspiré immédiatement avant les révélations de Chad. Désormais, tout ceci avait perdu de son sens. Rien n’était vraiment normal, et courir au chevet d’un traître ne faisait définitivement pas parti de cette catégorie. “Non, ça importe ! insista-t-elle en secouant vivement la tête. Qu’est-ce que ça veut dire sur moi si je suis incapable de rester fâchée envers quelqu’un qui m’a autant blessée que lui ?” Qu’elle n’avait aucune volonté ? Qu’elle ne supportait pas les conflits et qu’elle était prête à se plier à n’importe quoi pour améliorer les choses ? Qu’elle manquait de poigne, de caractère, de conviction ? Rien de nouveau sous le soleil en somme. Nulle surprise que Chad ait pu se cacher derrière un paillasson dans son genre durant tout ce temps. « Elle concernait quoi, cette dispute ? » demanda finalement Amos, n’hésitant pas une seule seconde à mettre les deux pieds dans le plat avec la question qui fâchait. « Et ne me dis pas rien de grave parce qu’elle t’a fait comme un électrochoc si je comprends bien. Donc, ça devait l’être. Tu sais que… je suis une bonne oreille et que j’oublie vite ce qui ne me concerne pas, pas vrai ? » Sauf que cela le concernait, lui aussi. Cela concernait tout l’entourage de Chad qui avait naïvement cru le connaître pendant tout ce temps. Pas seulement sa femme et ses amis, mais toute sa famille à qui il a soutenu le même mensonge qu’à elle. Il s’est joué de tout le monde, planqué dans une belle maison avec une famille de façade. Kelly n’était rien d’autre qu’une couverture, qu’un masque. “Il m’a dit…” Amos avait le droit de savoir. Ils avaient tous le droit de savoir. Chad le héros pour qui tout le monde se fait du souci n’est qu’un pécheur et un menteur. Un être vile, répugnant. Et il avait joué la comédie pendant dix ans. Pourtant, la jeune femme ne parvenait pas à se résoudre à dire la vérité. Tout admettre était si humiliant, si blessant. Elle ne voulait pas être celle qui briserait une famille avec ces révélations. Elle sentait que cela n’était pas son rôle, et elle décida de suivre son instinct. “Il m’a dit qu’il aimait qu’un d’autre, depuis le début.” détourna-t-elle à partir de la vérité, afin que le poids de sa dissimulation soit plus léger à porter sur ses maigres épaules. Casey continuait d’espérer qu’il finirait par récupérer Chad après se l’être fait subtilisé -selon ses dires- par Kelly. Ce qu’elle leur souhait, elle, c’était que les sodomites brûlent ensemble en enfer. “Depuis tout ce temps, il a juste fait semblant.” La confession fit rouler la larme qui lorgnait au coin de ses yeux. Machinalement, d’un geste à la fois vif et délicat, la brune l’essuya dès le sommet de sa joue. Pleurer en public était ce qu’il y avait de plus embarrassant, et Kelly ne comptait pas se donner en spectacle de la sorte.
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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyJeu 2 Avr 2020 - 12:35




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Kelly Ward & Amos Taylor #1

@Kelly Ward
Elle a un côté propret, Kelly. C’est une feuille blanche et lisse sur laquelle les artistes aimeraient dessiner à l’encre de chine. Elle ne baverait pas. Elle serait absorbée tout de go par le grain du papier, un grain savamment dosé, un parfait, tout simplement. Cette femme, assise à mes côtés, qui observe le fond de son gobelet comme si le marc d’un café soluble détenait les réponses, aurait suscité la jalousie de bien des femmes, en particulier celle sur lesquelles grattent les plumes délicates d’un stylo. D’où lui vient-elle cette amertume délétère ? D’où provient-elle cette remise en question ? Et pourquoi m’a-t-elle choisi pour la confier alors que je ne suis que l’étiquette écornée d’un vieux whisky frelaté ? Je n’ai rien d’un douze ans d’âge que les connaisseurs s’arrachent à prix d’or. En général, les amateurs me fuient : je provoque la morosité. Je ne rends ni joyeux ni indifférent. Hormis quelques exceptions, je pèse aussi vite sur les estomacs que je n’euphorise. Mes discours sont laconiques. Mes réponses sont vides. Je ne brille par ma conversation qu’en de rares occasions. Serions-nous en train de partager l’un de ses instants où je suis plus ouvert à mon prochain ? Plus prompt à l’écouter et à le comprendre ? Peut-être. La seule explication viable, c’est mon affection pour ma belle-sœur. Sarah et moi l’avions désignée marraine parce qu’elle avait gagné sa place au sein de la famille Taylor. Nous l’aimions indépendamment de Chad d’ailleurs. Certes, je nourris à son égard de la rancœur. En bon lâche, j’avais réparti le poids de mon fardeau sur les épaules de quiconque était tenu de jouer un rôle prédominant dans l’existence de Sofia. Néanmoins, face à cette détresse tangible, je suis incapable de fermer mes écoutilles et de les ignorer : elle et la mélodie de mon affection. La première est discrète, mais la seconde est une marche impériale. Le tambour ronfle dans ma tête et dans mon cœur. « Quelqu’un de bien et de bon surtout. » ai-je dès lors avoué avec bienveillance. Elle a besoin d’être rassurée et, si je n’excelle pas dans ce type d’exercice, je m’y emploie tout de même avec sincérité. Une question subsiste cependant. Que lui a-t-il fait, mon imbécile de frère pour l’abîmer autant ? Quel crime a-t-il commis pour entailler à ce point son manteau de confiance ? Sans plus de cérémonie, je l’interroge sans peser mes mots. Je ne chemine pas à tâtons sur le chemin vers la vérité. J’emprunte ce sentier en grandes enjambées. Je l’y rejoins la main tendue, l’oreille aux aguets et un sourire engageant, dénué de jugement, au coin des lèvres. Evidemment, sous mes airs bourrus de vieux con, ce n’est pas forcément là où l’on m’attend. Mais, elle sait, Kelly. Elle sait que ma carapace abrite une belle personne, soucieuse de son prochain et respectueuse du secret. Elle sait, alors pourquoi elle hésite tant ? Est-ce lié à cet alcoolisme dont elle m’accuse ? Est-ce tout ce à quoi elle songe quand elle pose ses grands yeux assombris sur moi ? Elle ferait erreur. Buté, je l’encourage à la louche et, bien que je n’obtienne qu’un pan de l’histoire, mes yeux s’écarquillent autant de surprise que d’incrédulité, voire d’un échantillon d’horreur. Chad ? Amoureux d’une autre ? Qui ? Qui a-t-il chéri depuis... « Le début ? C’est quand le début, Kelly ? » me suis-je enquis abasourdi. Aurais-je souhaité masquer mon effarement que j’aurais lamentablement échoué. Je regrette pourtant. Je ne suis pas à l’origine de ses larmes. Rien, dans le comportement de mon frère, ne laissait présager qu’il avait une maîtresse. Ça lui ressemble si peu que j’en suis médusé au point d’ignorer comment réagir désormais. Ai-je le droit de poser davantage de questions et de torturer sa victime au passage ? Est-ce mon rôle ? Instinctivement, je statue pour un oui. Le mal est fait. Boucher les oreilles et siffler à pleins poumons seraient d’une lâcheté sans nom. J’ai réveillé la bête de tristesse. Je dois la gérer à présent. Je dois l’écrouer à sa cage, mais pour ce faire, je dois tout entendre et tout apprendre. « C’était quand cette dispute ? Et, cette fille ? Tu la connais ? » Il n’aurait pas été le premier à piocher dans le sac des connaissances du couple. « Il la voyait déjà quand vous vous êtes mariés ? » L’avais-je moi-même croisé, cette allumeuse ? Il fallait qu’elle le soit pour détourner un fiancé aimant du droit chemin. « Je suis désolé, Kelly, mais je… t’avoue ne pas comprendre. Il m’a toujours donné l’impression que…. » Qu’elle était la femme de sa vie ? Elle l’avait cru elle-aussi. J’en conclus qu’en plus d’être un excellent acteur, quelque chose ne colle pas dans cette malheureuse histoire. « J’ai jamais vraiment cru en votre divorce alors… » Je me mange une gifle, moins violente que la sienne, à n’en point douter, mais elle n’en fait pas moins mal.


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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyDim 12 Avr 2020 - 1:56

La bombe était lâchée et Kelly ne se sentait pas moins légère. Alors que l’explosion grondait, c’était de honte dont elle se sentait éclaboussée sous les yeux de son beau-frère. Elle admettait l’imperfection de son mariage et sa naïveté qui l’avait poussée à croire en une délicate idylle de dix ans. Une union qui relevait du commun accord plus que du grand amour, mais qui lui avait procuré tant de bonheur, de bons souvenirs et de doux moments qu’elle y avait cru, qu’elle s’était persuadée qu’elle avait trouvé la recette du bonheur. Et il n’en était rien. Chad aurait fauté durant leurs années de mariage que le drame n’en serait pas moindre. Il s’était avéré être un parfait inconnu aux yeux de la brune. Un être qu’elle ne reconnaissait pas dans ses mensonges et ses cachotteries. Un homme qu’elle n’aurait jamais approché si elle avait su la vérité. Son homosexualité la rebutait, certes, mais c’était la décennie d’illusions qui lui brisait véritablement le coeur. Et maintenant, Amos savait pour l’une des deux composantes de son actuelle détresse. Il n’en revenait pas et cela était tout naturel ; sur le moment, le premier réflexe de Kelly fut de nier les choses en bloc, de cracher sur la vérité au nez et à la barbe de son ex-mari comme si celui-ci avait perdu la raison. Les faits étaient pourtant là, et fermer les yeux en priant pour qu’il n’en soit rien ne les feraient pas disparaître. C’était ce sentiment de déception que Chad allait semer derrière lui, à chaque personne mise au courant de ses mensonges. Que tous se détournent de lui en apprenant son comportement ne serait qu’un juste retour des choses d’après elle. « Le début ? C’est quand le début, Kelly ? » demanda Amos, sous le choc. Il paraissait invraisemblable que son frère ait pu se moquer d’elle dès le début de leur relation, cela était pourtant le cas. “Depuis toujours.” renchérit-elle en gardant la tête baissée. Son crâne était lourd au bout de son cou gracile à l’allure habituellement si élégante. Ses épaules s’étaient voûtées. « C’était quand cette dispute ? Et, cette fille ? Tu la connais ? » continuait d’asséner l’aîné des Taylor. La brune se contentait de secouer la tête, incapable d’articuler une réponse tant les mots lui étaient douloureux. Tous lui pesaient dans l’estomac. Elle était incapable de tout narrer, de donner à ces événements toute leur dimension véritable. La simple plongée dans le souvenir de cette conversation torturait ses oreilles à coups d’échos. Je suis gay Kelly. Ce n’est pas négociable, ce n’est pas une idée que je te propose. C’est un fait. Et la vérité c’est que je t’aime toujours, mais je ne pourrai jamais m’aimer ni aimer quelqu’un d’autre si je dois continuer à nous préserver. À te préserver. Sacrifiée sur l’autel de la liberté de Chad, que lui restait-il ? Pourquoi le protégeait-elle encore ? « Il la voyait déjà quand vous vous êtes mariés ? » Amos ne démordait pas, qu’importe le désarroi d’une Kelly prête à se liquéfier entre ses doigts. Aurait-elle tenté de se dresser sur ses deux jambes pour fuir la salle d’attente et l’hôpital qu’elle n’y serait pas parvenue. Qu’importe à quel point elle s’efforçait de contenir ses émotions, ses pommettes demeuraient rougies par un mélange de peine et de contrariété. “Ils ont arrêté de se voir une fois que nous nous sommes mariés. Et ils ont repris il y a quelques temps.” Du moins, elle avait déduit les choses ainsi. Une conversation avec Chad ferait la lumière sur les détails sordides de cet enchevêtrement de relations, mais Lee n’avait ni l’envie, ni la volonté de le confronter à ce sujet à nouveau. Elle ne tendrait pas le couteau dans son dos afin qu’il puisse le tourner dans sa chair d’un ou deux tours supplémentaires. « Je suis désolé, Kelly, mais je… t’avoue ne pas comprendre. Il m’a toujours donné l’impression que…. - D’être parfait ? D’être honnête et droit ?» elle coupa, le ton débordait une triste ironie. “Nous sommes au moins deux à être tombés dans le panneau dans ce cas.” La vérité, c’était que Chad avait mené tout son petit monde en bateau. Personne, au fond, ne pouvait prétendre le connaître réellement. Il s’était caché tout ce temps, dissimulé derrière elle, avant d’insulter son affection et la traiter comme une geôlière. « J’ai jamais vraiment cru en votre divorce alors… » Elle soupira. Le divorce était une initiative de Kelly. Aucun membre de leur entourage n’y avait cru, et lorsque les papiers furent signés, aucun ne comprit pourquoi et comment les choses avaient pu prendre une telle tournure. “Je suppose que c’était une bien meilleure décision que ce que je m’imaginais déjà à l’époque.” Après avoir appris sa stérilité et tiré un trait sur ses ambitions de fonder une famille, Kelly avait eu besoin de recommencer à zéro, d’être seule avec elle-même afin d’explorer de nouvelles possibilités, apprendre à mieux se connaître elle-même, ses besoins, ses envies, ses réelles aspirations. Pour se poser toutes les questions qu’elle avait soigneusement évitées en faisant reposer tous les aspects de sa vie sur ce que les magazines lui disaient de faire, de croire et de souhaiter. Elle avait demandé le divorce pour enfin se découvrir elle-même. Et Chad, au final, en avait fait de même. “Je suis désolée de te parler de tout ça, et ici en plus. Je n’aime pas être porteuse de ce genre de nouvelles, encore moins à quelques mètres de son lit d’hôpital.” Jamais Kelly ne se montrait médisante de la sorte, et sa loyauté naturelle l’aurait habituellement dissuadée de parler de la sorte de son ex-mari. Et même si elle estimait désormais ne plus rien devoir à un homme qui lui avait menti durant dix ans, elle persistait à le protéger. “Ne lui dis pas que je t’en ai parlé, s’il te plaît.” implora-t-elle Amos. La dernière chose qu’elle souhaitait était de devenir la fauteuse de troubles au sein du clan Taylor, eux qui s’étaient toujours montrés si bon envers elle.
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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyLun 13 Avr 2020 - 13:55




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Kelly Ward & Amos Taylor #1

@Kelly Ward
J’encaisse la nouvelle, mais difficilement. Cette révélation, celle qui range mon frère dans la catégorie des menteurs et des maris adultères, elle m’ébranle à un point tel que je peine à dissimuler mon hébétement. Depuis toujours ! C’est long, toujours. Ça a un goût d’éternité et, à l’instar de Kelly, je me sens trahi par mes propres souvenirs. Leur sourire ? Factice. Leur délicate attention l’un envers l’autre durant ces réunions de famille ? Mensonge. Ces vœux prononcés à l’Église devant une assemblée émue et, pour certains, envieux de leur bonheur ? Du vent. Tout était faux dans leur couple, en ce compris mon frère, lui plus que tout autre. Mais, pourquoi ? Pourquoi avoir sacrifié cette femme à la faveur des faux-semblants ? Pourquoi ne pas l’avoir épousée elle plutôt que celle, si douce, assise à mes côtés ? Leur histoire était-elle littérairement romantique ? Si je l’interrogeais, me narrerait-il le récit d’un amour impossible qui ébranlerait Victor Hugo ou Shakespeare ? J’ai dû ma à y croire. J’essaie, mais je ne parviens à ficeler des explications cohérentes pour justifier ces jeux de dupes. De nous tous, Chad fut celui qui renonça à cet avenir que traçaient pour nous nos parents. Il a quitté Kilcoy au grand désarroi de ma mère. Il s’est confronté à la désapprobation de notre père. Qu’avait-il donc à craindre en assumant cette autre ? De quelle tare souffre-t-elle ? Un handicap ? Une maladie honteuse ? Non ! C’est idiot. Mon raisonnement manque de sens, ce qui signifie que quelque chose m’échappe. Mais, quoi ? Que cache-t-il, mon cadet ? Quel sale petit secret dissimule-t-il derrière la lisse façade en béton ciré de sa perfection ? Elle ne me dit pas tout, ma belle-sœur. Elle tait l’essentiel au mépris de mon égarement. Je me perds en hypothèses rationnelles ou farfelues. Et, pourtant, malgré mon indicible besoin de saisir l’envergure de cette supercherie et l’ampleur de son désarroi, je n’ose la torturer davantage. Chacune de mes indiscrétions l’a percutée de plein fouet. Elle est sonnée, déstabilisée, mal à l’aise, mais incisive et clairvoyante. « Deux et le reste. Elle sait ? » ai-je demandé en référence à ma mère. « Elle sait que le Petit Prince.. » Si fragile et insouciant. « … n’est pas exactement ce qu’il a prétendu être ? » Autrement dit, fier, honnête et droit ! Nul doute qu’elle tombera des nues elle aussi. Pas longtemps bien sûr. Depuis l’enfance, elle lui pardonne tout au détriment de la structure familiale et de notre complicité fraternelle. Jadis, j’ai beaucoup souffert de ces relations malsaines dans lesquelles je tenais le rôle ingrat de la brebis galeuse. Aujourd’hui, quoiqu’il traîne dans ma voix un soupçon de rancœur, je ne me réjouis que le bonimenteur puisse chuter de son piédestal durant quelques heures. J’ai appris à me construire loin du jugement de ma mère. Je lui dois également ce besoin oppressant d’équité et de justice. Outre la vie, c’est le plus beau cadeau qu’elle m’ait offert.

De ces discussions qui outrepassent la pudeur découle toujours une forme d’angoisse insidieuse.  L’un s’en veut d’avoir fait l’étalage de sa vie privée quand l’autre, détenteur d’un secret déstabilisant et grisé par son statut de privilégié, brûle déjà de rapporter d’indicible à des oreilles malapprises. Aussi, ai-je accueilli les recommandations de Kelly avec bienveillance. « Tu n’as pas être désolée. » ai-je fermement tranché. « Tout d’abord, il n’est pas à l’agonie et ensuite, je déteste créer, colporter ou alimenter ce qui pourrait devenir un ragot. » Le monde est petit, même à Brisbane. Leur entourage est, je suppose, resté en partie commun. Inutile de charger la mule de son addiction en la trahissant à mon tour. « Et pour finir, tu as bien fait de m’en parler, mais… » Avant de poursuivre, j’ai pris le temps de la réflexion. Comment inviter mes doutes à la table de notre conversation sans la meurtrir plus encore ? Sans mettre à mal à ses valeurs alors qu’elle sous-entend des excuses. « Mais, il y a un truc qui me chiffonne. » Je la prépare doucement à l’interrogatoire suivant. « Enfin, deux… »  La première était bien ancrée dans le présent, le mien. La seconde était directement liée à leur divorce. Elle m’avait taraudé durant des années. « Chad a toujours mené sa barque comme il l’entendait. Il s’est rarement encombré de ce que les autres penseraient de lui. » Son déménagement, que j’ai somme toute vécu comme un abandon, en était la preuve probante. « Pourquoi il ne l’a pas épousée, elle, s’il l’aimait au point d’avoir entretenu une relation plus ou moins suivie avec elle pendant toutes ces années ? » Prononcer à voix haute, la bizarrerie de son comportement n’en est que plus tangible. « Si je comprends bien, votre mariage lui a servir de couverture, mais qu’est-ce qu’il a couvert ? » ai-je renchéri, l’épiant d’un regard scrutateur. Sur ses traits harmonieux, je n’ai rien déniché en indice et j’ai tenté le tout pour le tout. « Tu ne me dis pas tout. » J’affirme plus que je n’interroge désormais. Je m’emploie, tant bien que mal, à préserver leur vie privée, mais je poursuis tout de même. « De quoi ta peur, Kelly ? De nous abîmer Chad et moi ? » ai-je avancé avec une douceur inédite teintée d’amertume. « D’autres s’en sont chargés avant toi. Il n’y a rien que tu pourras briser qui ne l’aurait pas déjà été avant aujourd’hui. En réalité, il s’en est chargé tout seul. » L’allusion à Sofia, à peine voilée, hurle derrière mon masque de détachement et à travers l’amertume abritée sous ma douceur. A nouveau, je ne souhaite pas la brusquer, mais pourquoi s’encombrerait-elle d’une faute sur laquelle elle n’a jamais eu la moindre incidence ? Pourquoi, dès lors que je suis convaincu qu’accoucher de la vérité nue lui sera salutaire. « Tu avais des soupçons ? C’est pour ça que tu as demandé le divorce ou il y avait autre chose.» Quelque chose qu’à nouveau elle me cacherait par fierté. « Tu n’es pas curieuse de savoir qui elle est ? » S’est-elle déjà demandé ce que cette fille avait de plus qu’elle ? De plus attirant ou de désirable ? Le cas échéant, mes yeux brilleraient d’admiration. A sa place, j’aurais retourné ciel et terre pour photographier les traits de l’homme qui s’endormirait, soir après soir, dans mon lit, auprès de Sarah… N’est-ce pas l’apanage des victimes d’une trahison ? Savoir, à tout prix ? Découvrir, pour guérir ? « Qui c’est ? Comment elle s’appelle ? » ai-je conclu, mes yeux braqués dans les siens, dans l’espoir que leur poids l’incite à cracher le morceau de rancœur qui l’empêche sûrement de respirer sereinement.



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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptySam 25 Avr 2020 - 0:57

Les informations dont Kelly disposait à propos de Chad commençaient à révéler le poids des responsabilités qui lui tombaient dessus. Le poids d’une connaissance qu’elle n’aurait jamais voulu avoir, et dont elle souhait encore moins la responsabilité de dissimuler. Au départ, elle ne pensait pas tenir sa langue pour autre chose que sa propre fierté dont la confession du mensonge dont elle avait été victime toutes ces années égratigneraient un peu plus la surface. Mais plus Amos l'inondation de questions, plus ces révélations en son pouvoir dévoilaient leur potentiel destructeur au sein de la famille Taylor. Et jusqu’à ces trois dernières années, ils étaient sa famille aussi. Comment pouvait-elle leur briser le coeur à ce point, à leur tour ? Comment pouvait-elle leur cacher la vérité ? Kelly ne pouvait plus seulement prendre son orgueil en compte dans la balance, mais aussi les attentes, les espoirs, la confiance de ces personnes. La pression lui paraissait intenable. Elle ne pouvait plus boire ce maudit café ; elle pouvait à peine garder ses moyens et continuer de respirer. « Elle sait ? Elle sait que le Petit Prince.. n’est pas exactement ce qu’il a prétendu être ? » demanda l’aîné de la fratrie à propos de leur mère. Oh Seigneur, l’apprendre la détruirait. Kelly et elle étaient toutes deux ferventes croyantes malgré les branches distinctes de leur foi, cependant elles se rejoignaient sur bien des points, et notamment la damnation des homosexuels comme Chad. “Je crois que personne ne le sait à part moi. Et toi, désormais.” Amos ne portait le fardeau qu’à moitié. Il semblait persuadé que son frère avait trompé sa femme avec une autre, et il ne lui venait pas à l’esprit que cette personne qui avait le coeur de Chad tout ce temps était en réalité un homme. Si l’australien paraissait également déterminé à garder son prétendu savoir pour lui, il n’en avait pas terminé d’essorer Kelly comme un torchon mouillé afin d’en arracher toutes les informations qu’elle tentait piètrement de lui dissimuler. Il était fort insensible de sa part de poursuivre ce qui se transformait en véritable interrogatoire pour la brune en proie à une angoisse qui lui retournait l’estomac et faisait pâlir ses joues roses. Il se fichait bien de ce que cela lui faisait ressentir de rapporter tout ceci à haute voix, de le revivre de la sorte, de le rendre un peu plus réel à chaque mot, chaque phrase. Ces confessions, ce n’était plus pour qu’elle que Kelly s’y prêtait face à son beau-frère, mais bien pour lui, pour satisfaire sa curiosité, son avidité de détails et calmer sa propre stupeur. « Pourquoi il ne l’a pas épousée, elle ?… votre mariage lui a servi de couverture…Tu avais des soupçons ?... Tu n’es pas curieuse de savoir qui elle est ?... Comment elle s’appelle ? » La brune avait beau bredouiller, trembloter, implorer du regard qu’il cesse, qu’il se taise, qu’il la laisse en paix pour lécher ses propres blessures, les questions d’Amos pleuvaient sur elle comme du sel sur ses plaies. Elle ne pouvait pas répondre, non seulement pour son bien et celui de sa famille, mais parce que sa gorge sèche et nouée ne laissait plus passer qu’un mince filet d’air. Surtout, elle ne voulait pas répondre, elle était éprouvée, fatiguée, humiliée d’une manière que tous ignoraient, et elle se sentait seule, terriblement seule avec sa croix sur le dos. Puis, elle ne tint plus. Tout l’air de ses poumons s’abattit sur l’australien tandis qu’elle implorait une dernière fois d’un “Amos, stop !”, se fichant tout à coup d’être regardée, dévisagée, prise pour folle par toute la salle d’attente. “Si tu veux tant savoir, demande-lui toi-même ! Qu’il assume enfin les conséquences de ses actes !” Kelly décida qu’elle ne mentirait pas plus pour lui. Elle pouvait se taire et prendre sur elle, mais elle ne dissimulerait plus la vérité pour qu’un qui s’en était si bien tiré avec ses mensonges pendant tout ce temps. Si Chad optait à nouveau pour les faux semblants face à son frère, s’il préférait continuer de trahir tous ceux qui l’aimaient, grand bien lui fasse, ce serait sa propre décision. Mais elle, elle n’endosserait pas le poids de cette initiative en plus de celui de sa honte. “Je n’ai plus rien à dire à ce sujet ! Je n’ai plus rien à faire près de lui !” ajouta-t-elle en se levant, jetant son sac sur son épaule avec détermination. Non, elle n’irait pas à son chevet. Elle n’était pas prête à le confronter à nouveau, encore moins à pardonner. Les dommages qu’il avait causés étaient trop profonds, trop ancrés, pour qu’elle tourne cette page comme n’importe quelle autre petite défaite dont chaque jour de la vie sont faits. Une fois debout, la brune réalisa que son ton avait dépassé les bornes. A aucun moment n’avait-elle souhaité s’en prendre à son beau-frère, car il demeurait innocent dans cette spirale de malheurs. Elle ne pouvait lui tenir rigueur de ses questionnements, juste pour son manque d’empathie. Mais il n’était qu’un homme, et elle pouvait lui pardonner pour cela. “Je dois déjà me reconstruire, Amos, reprit-elle de sa voix douce naturelle. Je ne peux pas avoir le poids de ces révélations sur les épaules en plus.” Ainsi avait-il la confirmation qu’il y avait bien plus de péchés à découvrir sous la couche de vernis endossée par Chad. Des secrets que Kelly le laissait déterrer seul.
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Message(#)I fell by the wayside like everyone else EmptyDim 26 Avr 2020 - 17:40




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Kelly Ward & Amos Taylor #1

@Kelly Ward
Ainsi garde-t-il ses sales petits secrets jalousement, le petit frère. Mais comment fait-il ? Comment parvient-il à se mirer dans le reflet de son miroir ? Comment s’y prend-il pour regarder droit dans les yeux sa mère, son père et ses frères sans rougir de honte ? Nul doute qu’il a su vendre la marchandise de ses qualités. Elles ont supplanté tous ses défauts : je suis surpris. Surpris et intrigué parce que je présume en non-dit de la part de Kelly. Est-ce bien son rôle de me révéler l’indicible cependant. Est-ce bien le sien que d’ouvrir les cadenas autour des aveux de mon frère ? Non ! Bien sûr que non. Jamais je n’aurais dû l’assommer de questions sous prétexte que l’histoire ne colle pas. Je l’avais retournée dans tous les sens, à l’image d’un gosse qui tente vainement de faire correspondre deux pièces fausses d’un puzzle. Et, dans l’exercice, j’ai oublié l’essentiel : mon affection pour Kelly. Je l’ai privée de toute compassion. Chaque question lui avait certainement retourné l’estomac et, si j’aurais pu le prévoir, je fis mine de l’oublier. Je l’ai négligée à l’instar de bien d’autres avant elle, si bien que je ne pus réprimer la grimace d’effarement après son éclat de voir. La plèbe s’est tournée vers nous. Quelques patients ou visiteurs nous ont pointé du menton et, quoique discret par essence, je n’en ai pas tenu rigueur à ma belle-sœur. Au contraire, j’ai baissé la tête, penaud, non sans avoir au préalable soutenu son regard. Je ne l’ai pas quitté à cause de la honte. J’ai simplement estimé  qu’elle était libre de ressentir sans un spectateur. Elle est courroucée, mais sa colère est motivée par sa peine. Je peux la ressentir depuis mon siège, car elle appelle la mienne. La douleur se reconnaît parmi mille autres émotions malheureusement. « Je le ferai. » ai-je rétorqué d’une voix douce et d’un calme presque olympien. C’était le minimum à accorder après tant d’indélicatesse.

Tandis qu’elle ramasse son sac et qu’elle le réajuste sur son épaule, je m’interroge : l’aurais-je froissée ? S’apprête-t-elle à partir à cause de mon comportement ou concède-t-elle à son sentiment que sa place est ailleurs ? Ailleurs qu’à l’hôpital ? Ailleurs qu’auprès de ce judas qui, vraisemblablement, lui a fait et lui fait toujours beaucoup de mal ? En toute franchise, je lui aurais volontiers posé la question franchement. Sauf que je considère avoir accumulé assez de maladresse pour aujourd’hui. Je concède également à Kelly qu’elle en a trop dit, qu’il est trop tard, et qu’elle s’encombre à présent de remords. Quelle élégance. D’autres à sa place se seraient réjouis de salir le nom de celui qui lui enfonça un opinel de dix centimètres dans l’abdomen. « Et, je le comprends. » ai-je donc conclu, conscient que l’empêcher de fuir les Taylor et néanmoins déçu d’avoir rouvert des cicatrices à peine refermées. L’étaient-elles seulement ? Le sont-elles quand elle avoue sans ambages qu’il lui faut se reconstruire ? Moi, j’entends loin de lui et de vous. J’entends également que mon instinct fonctionne encore. Les mécanismes ne sont pas rouillés. Les engrenages s’emboîtent parfaitement. Elle a conservé pour elle l’inavouable. Mais, pour quoi ? Par affection à l’égard de Chad ? Afin de marcher toujours la tête relevée, haute, fière, altière ? C’est tout à son honneur et, une fois encore, je dodeline positivement de la tête. « Ne t’en veux pas, pour ta réaction. » ai-je avancé sans conviction. « J’ai exagéré. Je suis désolé. Tu sais que si tu as besoin de quoique ce soit, aujourd’hui, demain ou dans des années, je suis là. » Ce n’était ni des paroles ni une promesse en l’air. « Tu feras toujours partie de ma famille, de la mienne. » Sous-entendu celle que je formais avec Sofia et Sarah. « Tu as toujours été destinée à en faire partie, avec ou sans Chad. » Car elle était la marraine de mon bébé, qu’elle l’avait aimée et que ça lui offre une place de choix et un peu particulière, dans mon cœur et dans ma vie. « Je te souhaite le meilleur et… donne-moi des nouvelles. » en ai-je fini, sincère en lui adressant un signe poli de la main. Pas de grande embrassade ou d’accolade puant la pitié. Juste un serment et l’envie d’être certain qu’elle ira bien. « A bientôt, Miss Ward.»




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