Le vrombissement de la voiture se fait entendre à des mètres malgré la pluie qui martèle le capot. Je suis assise derrière le volant, pestant, jurant comme une charretière. J’essaie de me repérer dans la brume, de voir par-dessus l’eau qui ruissèle dans mon pare-brise, parce qu’évidemment, mes essuie-glaces ne fonctionnent plus. Ils se sont envolés il y a belle lurette, partis comme des oisillons lors d’un bel après-midi d’été. Sans raison apparente, les deux se sont détachés. Lorsque je m’en suis rendue compte, quelques secondes à peine plus tard, la vitesse m’avait déjà emportée beaucoup trop loin pour que je revienne les chercher. Si j’avais pu m’en sortir sans eux jusqu’à maintenant, je les regrettais amèrement aujourd’hui. Entre deux gros mots, il y a toujours cette pensée qui revient me hanter. Je me rappelle des conseils d’Ash à ce sujet. Si je l’avais écouté, si j’avais ramené mon vieux taudis au garage un peu plus tôt, je ne serais probablement pas entrain de rouler à dix kilomètres heures à l’aveugle sur l’heure du souper, avec mon estomac qui gronde autant que le ciel.

De ce fait, je réalise que je suis arrivée garage après de nombreuses minutes d’angoisse lorsque je manque de percuter l’une des grandes portes à poulie. Un peu gênée, je coupe le contact avant d’ouvrir la portière. J’attrape le bout de métal, puis je me lance sous la pluie, courant vers la porte d’entrée sans même prendre la peine de refermer la porte de ma voiture. Le temps de franchir les quelques mètres m’en séparant, quelques mèches sont déjà plaquées le long de ma nuque, rendant l’expérience encore plus désagréable qu’elle l’était déjà. J’entre donc en faisant un grand vacarme, extériorisant mon impatience. C’est le visage du grand patron que je croise en premier, son sourire exaspéré me rappelant à quel point je viens trop souvent ici. Je lui demande si Ash est encore là et il me répond par l’affirmative. Après l’avoir remercié, c’est d’un pas pressé que je me rends vers l’arrière, là où les clients n’ont habituellement pas accès. « Ash? » Ma respiration est saccadée, un peu essoufflée par l’effort que mon élan de colère envers ma voiture qui tombe en ruine. « Ce truc de métal est tombé pendant que je roulais. » Je n’attends pas qu’il entre dans mon champ de vision pour déposer l’objet sur une vieille table. J’en profite pour essuyer mes mains couvertes d’huile sur mes cuisses, sans réaliser que je viens de ruiner une paire de jeans impeccable.

Princesse. J’hésite entre lever les yeux ou ciel ou sourire. Ce surnom m’est souvent attribué, principalement à cause de mon amour pour Disney et de ma passion pour la beauté. J’aime être bien habille, bien coiffée. Je me mets toujours en valeur avec un peu de maquillage, veillant toutefois à rester naturelle. J’aime les films pour enfant, principalement ceux qui finissent bien. Les belles histoires d’amour me remontent le moral à coup sûr. J’aime leurs chansons, toujours optimistes. Ce sont celles qui me font le plus sourire lorsque je les chante, parce que contrairement à la musique populaire, elles ne parlent jamais de ruptures, de putes ou de drogues. Je les écoute souvent dans ma voiture. Elles me permettent de me mettre dans l’ambiance, aussi, lorsque je me rends à l’hôpital pour visiter les enfants. Le reste du temps, ce sont de vieilles chansons toutes aussi ringardes qui envahissent mon système de son. The Ronnettes, The Righteous Brothers et Bobby Darin s’époumonnent souvent dans ma voiture, ce qui ne doit pas aider ma cause auprès d’Ash. Ces aspects là, je n’y vois aucuns inconvénients. Je les trouve même flatteurs. Ce qui me dérange, ce sont les préjugés qui s’y rattachent, surtout dus à ma couleur de cheveux et à mon apparence. Qu’Ash m’appelle ainsi pour les premières raisons citées ne me fait ni chaud ni froid. Mais aujourd’hui, j’ai aussi entendu ces paroles s’échapper des lèvres d’un étranger. Un type plus âgé, vêtu d’un complet, qui m’a hélé de quelques mètres. Une manière douteuse de m’aborder, tellement que j’ai failli tourner les talons. J’ai finalement choisi d’avancer, de passer à ses côtés en l’ignorant royalement, assaillie par des souvenirs aussi laids que cette rencontre. À ce moment-là, j’ai repensé à ceux qui m’appelaient ainsi, parce qu’ils ne voyaient en moi qu’une cruche superficielle, à tous les garçons qui m’ont abordés à coup de phrases à connotation sexuelle dans les bars et à ceux qui ne m’ont pas traité en égale à l’université, sur les bases de mon physique. Et voilà qu’Ash me ressort le même mot. Mais lui, je ne lui en veux pas, car je sais ce que représente le surnom à ses yeux. Je passe donc à autre chose sans relever, le sourire aux lèvres malgré la paire de jeans que je viens de ruiner.

« Évidemment. Enfin, non… J’ai roulé quelques mètres, puis j’ai du m’arrêter avant de foncer dans la porte. » Une fois la situation grossièrement résumée, je lui emboîte le pas, restant sur ses talons jusqu’à l’épave qui me sert de moyen de transport. Elle fait peine à voir ma belle coccinelle. Lorsque je l’ai achetée il y a presque sept ans, la peinture était encore rutilante. Aujourd’hui, près de 50 000 kilomètres plus tard, la rouille a progressé dans le bas des portières et l’usure du temps a laissé des traces un peu partout. Des égratignures par-ci, des morceaux de peinture arrachés par-là. Et maintenant, le fichu radiateur qui s’est fait la malle. Faudrait que je pense à la changer bientôt, mais elle a une valeur sentimentale. Et surtout, je n’ai pas les moyens d’investir dans une belle voiture pour le moment. Peut-être dans un an ou deux, lorsque ça fera plus longtemps que je travaillerai au Lone Pine.

Une fois la voiture à l’intérieure, je secoue un peu la tête à la manière d’un chien. Contrairement à Ash, lorsque mes cheveux sont trempés, ils me collent à la peau et ça devient inconfortable. J’attrape donc la serviette qu’il me tend, celle que j’amène lorsque je vais voir mes amis surfer, avec un grand sourire. Je le remercie discrètement avant de commencer à éponger mes mèches blondes. Une fois plus confortable, je jette simplement le drap par-dessus mes épaules. Je reste en retrait, l’observant s’afférer sur ma vieille compagne. De nature curieuse, je préfère inspecter le travail effectué sur ma voiture, contrairement à la plupart des clients qui se terrent sur les bancs dans l’entrée pour river leurs regards sur leurs écrans de portable. Avec le temps, j’ai su m’approprier quelques notions de base. Par exemple, je sais désormais poser une roue de secours. Ce n’est pas grand-chose, mais vu l’état de mon véhicule, ça m’a sorti de l’embarras à maintes reprises. Toutefois, ce à quoi j’assiste ne me servira jamais. Je finis donc par perdre intérêt, jusqu’à ce que j’entende le mot pizza. Je relève la tête, les paupières grandes ouvertes. « Moitié Regina, moitié épinards? » La question n’en est pas réellement une. Seulement un rappel dans le cas où il aurait oublié mes goûts étranges. Les paroles sont prononcées sur un ton beaucoup trop enthousiaste, suivies d’un rire lorsqu’il attaque à nouveau, me rappelant à quel point je suis beaucoup trop souvent au garage. « Tu sais bien que je suis incapable de te résister. Ni à Henry, d’ailleurs. » Je plaisante à moitié. Le quinquagénaire a un certain charme malgré ses airs de dur, mais il pourrait être mon grand-père. Quant à Ash, même s’il est possiblement l’un des garçons les plus canons que je n’ai jamais rencontré, je n’imagine pas à m’imaginer le draguer sérieusement. Je ne m’imagine pas draguer personne, en fait. C’est encore beaucoup trop frais dans ma mémoire malgré les années qui se sont écoulées. « Parlant de ça, tu n’as toujours personne dans ta vie? » Je me laisse retomber mollement sur le canapé, relâchant enfin le stress que j’éprouvais coincée dans ma voiture en ruine.

Spoiler:

Lorsque je l’entends hurler « pizza », mon regard s’illumine. Je le suis sur les talons, ne le perdant surtout pas de vue lui et la boîte merveilleuse qu’il porte à bout de bras. Je vais m’asseoir à ses côtés, avec un peu plus de retenu. Puis, une fois le festin en place, je commence à m’empiffrer d’une manière qui est loin d’être digne d’une princesse. Je termine ma dernière part, ce qui pourrait surprendre ceux qui ne me connaissant pas vu la taille que je fais, papotant de la vie sentimentale du « pauvre mécano » sans la moindre gêne. Ce n’est qu’une fois la question retournée vers moi que je deviens un peu plus silencieuse. Je ne sais que répondre à sa question, alors je me contente d’un : « voyons, tu sais très bien que je n’ai pas le temps pour ça! » Une réponse générique et clichée, loin d’être la vérité. Pour ceux que j’aime, j’ai toujours tout le temps du monde et si j’en manque, je m’arrange pour en libérer. Heureusement pour moi, il ne reste pas longtemps sur le sujet. Ben et Jerry apporte une diversion merveilleuse. Je m’emparre du pot avec soulagement, savourant la glace avec un sourire gamin.

La danse et le chant, c’est ce qui m’a toujours fait vibrer. Petite, j’arrivais à remonter le moral de ma mère rien qu’avec une valse. J’attrapais sa main dans la mienne, je grimpais sur ses orteils et nous tournions sans relâche dans le salon. Avant ça, c’est elle qui me remontait le moral en chantant quelques paroles rassurantes lorsque je trébuchais ou qu’une ombre dans un coin de ma chambre m’avait terrorisée. J’aurais facilement pu en faire ma carrière. Je suis bonne pour jouer, faire semblant. Je suis douée pour chanter, même si le rossignol n’a rien à m’envier. J’aurais pu me lancer dans le théâtre, poursuivre cette passion qui a marquée mon enfance, si je ne m’étais pas prise d’amour pour tous ceux qui ne peuvent se défendre d’eux-mêmes. C’est donc sans regret que je me suis plutôt dirigée vers la médecine vétérinaire à l’université, guidée par les conseils maladroitement bienveillants d’un père dont l’ambition ne connait aucune limite.

Ce changement de parcours de m’empêche pas, néanmoins, d’apprécier les petits moments de spectacle que je me permets, aussi simples soient-il. Cet instant de rigolade avec Ash, sponsorisé par nul autre que Bobby Darin qui plus est, me rend aussi heureuse que tous les petits moments passés dans le salon familial. Je retombe en enfance, sourit, rigole, m’agite dans tous les sens, guidés par le garagiste surprenant. Lorsque les dernières notes s’échappent de ma voiture hantée, j’éclate de rire, mi-essoufflée. « Si tu continues comme ça, je vais devoir te référer à la Northlight. » Clément et plusieurs autres bénévoles du Royaume en font partie, mais j’ignore si Ash sait de quoi il s’agit. Je ne le vois pas réellement se lancer dans le théâtre non plus, mais l’image m’amuse. Heureusement, parce qu’avec ses paroles maladroites d’il y a quelques minutes, mon sourire aurait très bien pu disparaître l’espace de quelques heures. Parler d’amour, lorsque ça ne concerne pas les autres, est loin de me plaire. Mais j’ignore s’il a eu vent de mon passage devant l’autel. Je préfère ne pas lui dire. Pas tout de suite, en tout cas, pas alors que je n’y avais pas pensé depuis près d’une semaine.

Ash but son coca cola d'une traite. Erin était tout sourire. Il aimait voir le visage de la jeune femme illuminé ainsi. Lorsqu'il avait abordait la question du petit ami, il avait senti un mal être chez elle. Il regretta presque d'avoir posé la question. Le jeune homme ne savait rien du passé d'Erin. Mais apparement elle avait eu son lot de douleur elle aussi. Ash ce mit donc au défis de lui changer les idées. Il avait ce don de mettre en confiance les gens. Son talent de faire le pitre depuis qu'il gamin n'avait pas que des inconvénients finalement. « Si tu continues comme ça, je vais devoir te référer à la Northlight. » Northilght, ce nom lui disait quelque chose. Ash fit travailler ses neurones un instant pour enfin ce rappeler ce petit prospectus niché dans la voiture de la jeune femme. Il avait fait son curieux en voyant des personnages Disney dessiné dessus. Addie l'avait tellement saoulé pour qu'il joue avec elle lorsqu'ils étaient encore enfant. Elle monopolisait la télé du salon avec ses dessin animé préféré. Ash n'eu d'autre choix que de ce mettre dans le bain. Il ce surprit même à chanter avec elle et à y prendre plaisir. En même temps comment ne pas chanter devant un Disney...? Comme tout le monde, il avait ses favoris. Le Roi lion était incontestablement son préféré. Mais celui dans lequel y ce s'identifié le plus c'était bien Aladdin. Ce gars de la rue, le coeur sur la main qui tombe amoureux d'une superbe princesse. Finalement elle tombera amoureux de lui pour ce qu'il est vraiment et non le prince Ali. Une belle histoire d'amour qu'Ash aimait bien regarder en secret le soir. C'est le genre de chose qu'il aurait gardé pour lui en temps normal. Mais Erin était le genre de fille avec qui on pouvait parler sans complexe. < Northilght ? Si c'est pour une bonne cause je suis toujours partant. Surtout quand il s'agit d'enfant. > En effet, Ash adorait les enfants. Et les enfants l'adoraient aussi. Il jouaient de temps en temps avec ceux de son quartier en échangeant quelques passe avec leur ballon. Il faisait aussi le rôle de médiateur et parfois celui de grand frère pour son plus grand plaisir. Ash aurait adoré être le grand frère de quelqu'un plutôt que le cadet.

Bien décidé à postuler dans son rôle de prince, Ash attrapa une pomme dans la corbeille de fruit posé sur la table basse, ainsi qu'une jolie rose rouge qui trônait dans un bouquet de fleur qu'Henry avait posé là pour offrir aux femmes qui viendrait la semaine de la saint Valentin au garage. Il tendit le bras derrière le canapé pour ce saisir de sa fidèle guitare. Ash ce gratta la gorge en prenant son air faussement sérieux. Il prit place aux côté d'Erin, jambes croisées comme si il prenait place sur son tapis volant. D'un geste d'épaule il s'amusa à faire rouler la pomme sur ses épaules et ensuite la faire glisser dans les mains de la jeune femme. < Tu as confiance en moi > Erin avait-elle saisie quel rôle il jouait ? Peut importe, il continua son jeu de rôle et commença les premières notes en caressant les cordes de sa guitare. La douce mélodie de ce rêve bleu retentit dans les locaux. Ash adressa un sourire à Erin avant de commencer à chanter d'une voix suave.

Je vais t'offrir un monde
Aux mille et une splendeurs
Dis-moi princesse ,n'a tu jamais laisser parler ton cœur?
Il lui tendit la rose pour lui offrir.

Je vais ouvrir tes yeux
Aux délices et aux merveilles
De ce voyage en plein ciel
Au pays du rêve bleu
Ce rêve bleu, c'est un nouveau monde en couleur
Ou personne ne nous dis ,c'est interdit, de croire encore au bonheur.
Il pencha sa tête contre la sienne puis repris sa place en lui faisant signe de chanter à son tour.

Erin chanta à son tour avec amusement et prit son rôle au sérieux pour le plus grand bonheur de Ash. Sa voix était mélodieuse et très agréable à écouter. Il l'écouta avec beaucoup d'attention et un sourire aussi large qu'on pouvait y voir toutes ses dents alignés.

Ce rêve bleu ,
Je n'y crois pas c'est merveilleux
Pour moi c'est fabuleux
Quand dans les cieux ,
Nous partageons ce rêve bleu à deux

Nous faisons ce rêve bleu à deux
Ash lui souria et vint coller son épaule à celle d'Erin.

Sous le ciel de cristal, je me sens si légère
Je vire, délire et chavire dans un océan d'étoiles

Ce rêve bleu
Ne ferme pas les yeux
Il lui remit une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille d'un geste tendre.
C'est un voyage fabuleux
Et contemple ces merveilles
Je suis montée trop haut , allée trop loin , je
ne peux plus retourner d'où je viens
Un rêve bleu
Sur les chevaux du vent.
Vers les horizons du bonheur
Dans la poussière d'étoile
Navigons dans le temps , infiniment , et vivons ce rêve merveilleux

Ce rêve bleu
Ce rêve bleu
Aux mille nuits
Aux mille nuits
Qui durera
Pour toi et moi
Ash posa sa main sur celle d'Erin en plongeant ses yeux bleus dans les siens.

Toute la vie.
Il leva la main de sa partenaire jusqu'a ses lèvres pour lui déposer un tendre bisous.

Ash était plutôt fière de sa prestation. Et de celle d'Erin également. Car finalement elle avait chanté autant que lui. < Alors ? J'ai le rôle ? >  Il laissa échapper un petit rire et prit son meilleur profil en faisant le singe. < Moi ! En prince Ali, franchement ? Et toi ? Avec une couleur, dans le rôle de Jasmine sa le fait ! > Il lui tortilla une mèche de cheveux. Oui j'avoue Ash à la les mains baladeuse. Il ne peut s'empêcher d'avoir un petit contact. Il est très ... tactile *.* < Bon sa serait dommage de gâcher d'aussi beaux cheveux. > Il croqua la pomme à pleine dent. Soudain il s'arrêta de mâcher. Ash avait sentit la présence de quelqu'un. Son intuition était la bonne. Ce n'était autre que son chien qui ce tenait planter là derrière eux. N'importe qui aurait fait un bon de dix mètre en voyant un chien loup immobile dans l'obscurité. Mais Ash avait l'habitude de voir Shadow débarquer ici. C'était resté un chien libre de ses mouvements malgré que le jeune homme lui ai offert un foyer. Le chien ne pouvait s'empêcher de quitter le logement familiale pour rejoindre son maitre lorsqu'il trouvait le temps trop long. < Qu'est ce que tu fou là gros bêta ?! > Shadow sauta aussitôt entre les deux jeunes gens et leur fit la fête. < Erin je te présente Shadow. Shadow je te présente pincesse Elsa.> Le chien s'assit face à la jeune femme et lui donna la patte spontanément. < Bon je crois que mon chien t'aime bien > Ash ria en voyant la scène. Apparement Erin savait s'y prendre avec les animaux. Shadow ne l'a quittait plus. Il posa sa tête sur la cuisse de celle ci pour s'attirer les caresses de mademoiselle. < Bah voyons ! > Ash fût limite jaloux. Il partit rejoindre la voiture fantôme d'un air déçu. La compagnie d'Erin étant plus agréable que ce tas de ferraille. Il prit la peine de lui mettre des essuies glace neuf ainsi qu'un nouveau radiateur. < Tu devrais penser à changer de voiture. Celle-ci devient dangereuse. J'en ai une qui pourrait te plaire. Elle ne te coûterai pas grand chose. Tu pourra me payer quand tu pourra ce n'est pas un soucis. > Enfaite Ash l'avait déjà mise de côté pour Erin lorsqu'elle avait été amené par son ancien propriétaire pour une reprise. C'était une charmante petite coccinelle de 1961 avec son toit ouvrant. Ash s'imaginait déjà Erin à son volant, les cheveux au vent. Il manquerait plus la déco façon choupette pour que ce soit parfait. Elle était garer dans le fond du garage sous un drap blanc à l'abris de la poussière et des regards indiscrets.

Coccinelle:

OUPS:

Lorsque les mots « bonne cause » et « enfant » s’échappent d’entre ses lèvres, je tique. Mes sourcils se froncent dans l’incompréhension, mon rictus s’efface légèrement. Je n’ai pas le temps de lui demander ce qu’il veut dire par-là, qu’il se met en mouvement. Les événements s’enchaînent à un rythme que j’ai moi-même du mal à suivre. La pomme, la rose, la guitare. J’attrape la première dans un demi-sourire, toujours incertaine quant à la tournure que ma soirée semble être sur le point de prendre. Le garagiste finit par s’écraser à mes côtés, s’asseyant bruyamment sur le siège, jambes croisées, sourire amusé sur ses lippes. Je tourne la tête vers lui, la surprise se lisant de plus en plus facilement sur mon visage. Puis, lorsqu’il prononce enfant quelques paroles, son amusement me contamine. Je souris, rigole comme une gamine à l’écoute de la réplique culte. Je bats de cils, entrant momentanément dans le rôle de Jasmine. Je reste attentive aux notes qui s’échappent de l’instrument, puis aux paroles lâchées par le brun. Agréablement étonnée par la douceur de sa voix, j’entre davantage dans le jeu. Petite, je rêvais de vivre dans une comédie musicale. Je chantais sur tous les coins de rue, dans tous les supermarchés, pour le plus grand malheur de ma mère et de mon frère. Aujourd’hui, une voix se mêle enfin à la mienne. Je reprends le refrain avec bonheur, ma voix beaucoup plus aigüe que celle de Jasmine se mêlant difficilement avec la sienne. Ça m’est égal, car je m’amuse comme une dingue. Bientôt, nous chantons les dernières notes ensembles. Elles se prolongent en écho dans le garage, de quoi effrayer les passants si la pluie ne battait pas toujours à l’extérieur.

Je prends un instant pour reprendre mon souffle après la chanson, rigolant légèrement lorsqu’Ash me propose de reprendre le rôle de la princesse Jasmine. Lui, je n’aurais aucun mal à l’imaginer en Aladin. Moi, par contre… Il a parfaitement raison. Il vaudrait mieux ne pas abimer mes mèches blondes. Je passe, à mon tour, la main dans ma chevelure, presque apaisée par le contact. Le geste me ramène des années à l’arrière, lors de ma première teinture. Je l’ai fait pour les enfants, mais aussi pour prendre un nouveau départ après le décès de mon époux. Si avant mon blond tournait un peu plus vers le doré, il est désormais complètement glacé, presque aussi blanc qu’un flocon de neige. Mon sourire s’efface à nouveau. Je commence à me perdre dans mes pensées, dans mes souvenirs. J’aurais pu m’y noyer si un aboiement n’avait pas retentit dans le garage. Je sursaute, écarquillant les yeux à la vue de l’animal. Je me lève d’un bond, saluant son arrivée avec le plus grand soulagement. Comme Ash, je m’en approche à vitesse. Les animaux m’ont toujours passionnée et devant Shadow, je me sens comme une enfant face à un magasin de bonbon. Je lui tends la main, lui laissant le temps de renifler son revers avant de commencer à caresser sa tête. Je m’assois à ses côtés et l’animal, plutôt que de me sauter dessus comme je m’y serais attendue, s’étend sur le sol, le museau appuyé contre ma cuisse. Il est si doux que mon cœur fond complètement. Je remarque néanmoins Ash qui s’éloigne, probablement peu habitué de devoir partager son animal. Si Victoria me faisait un coup pareil, je ferais aussi la gueule à ma cochonnette.

Je finis par me redresser, retournant aux côtés d’Ash qui semble avoir terminé tous les travaux sur ma voiture. Ma fidèle acolyte qui a pourtant bien failli me tuer à quelques reprises. C’est un amour vache, mais je n’imaginerais tout de même pas mon quotidien sans elle. C’est, après tout, le premier véhicule que j’ai conduit. Je l’ai retapé un peu avec mon père avant de tomber sur ce garage. Je l’ai acheté avec mon propre argent, gagné à la sueur de mon front. Dans cette voiture, je vois mes accomplissements des dernières années. J’aurais bien du mal à m’en défaire. Je m’apprête donc à remercier la mécano et à refuser son offre poliment, m’arrêtant au moment où je réalise quelque chose. « Attends… T’as dit coccinelle? » Je lui emboîte le pas, le laissant me guider dans les confins du garage. Je remarque la poussière au passage, me dit que cet endroit aurait bien besoin d’amour. Un coup de plumeau par-ci, par-là, de nouvelles couleurs plus gaies sur les murs et, pourquoi pas, quelques plantes dispersées un peu partout. Mais j’ai l’impression que si je tente de tels changements, le proprio fera une crise cardiaque, comme je manque d’en faire une lorsque le brun retire le drap de sur le véhicule. Elle est jolie, authentique. « Attends, tu plaisante? » La surprise illumine mon visage, un sourire immense se trace sur mes lèvres, avant de s’effacer aussitôt. Je ne peux pas accepter un tel cadeau. C’est beaucoup trop. « Non, je suis désolée. J’aurais l’impression d’abuser de ta gentillesse. » Je recule d’un pas, esquissant un petit sourire contrit. Elle est magnifique, mais pour l’instant, ma vieille ferraille roule encore. Je ne veux pas voler davantage du temps de mon ami.

 « Here we go again /  Erin#1» ash shephard & Erin Sanders

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Erin venait de refuser son offre. Ash s'en doutait et n'insista pas. Il savait que ça pouvait paraître un peu trop. Surtout une voiture. Mais étant dans le milieu automobile, il avait quelques facilité pour ce qui est d'acquérir une voiture à moindre coût. Eleonore en était la preuve parfaite. Une voiture comme la sienne valait une somme astronomique. Jamais il n'aurait pu ce payer un engin de ce genre sans gagner au loto. Il avait eu la chance de l'acheter pour pas grand chose à cause de son mauvais état à la limite de la destruction. Ash remit le drap sur la brave petite coccinelle. Elle restera encore quelques temps ici. Le temps qu'il faudra pour que Erin cède à la prendre. Le jeune homme n'est pas du genre à lâcher le morceau aussi facilement. < Tant pis, Choupette t'attendra sagement au chaud > Il lui fit un clin d'oeil amical et ce dirigea de nouveau vers la voiture de son amie. Après avoir remit du liquide de refroidissement et vérifié que tout fonctionnait bien, il redescendit la voiture du pont. Discrètement il cacha la clés de la coccinelle dans son pare soleil. Erin comprendra ... Finalement ce n'est pas si mal qu'elle ne reparte pas toute suite avec. Sa lui permettra de revenir le voir sous prétexte que sa voiture lui fait des siennes. Ash aimait bien la compagnie d'Erin. Elle lui rappelait un peu sa soeur. Elle était si attachante. Il avait remarqué dans son regard que quelque chose n'allait pas... Il aurait aimé lui venir en aide. Mais ils ne ce connaissaient pas encore beaucoup. Il ne voulait pas passer pour le gros lourd. A sa façon il lui montrait qu'elle pouvait toujours compter sur lui en cas de besoin. Même si à la base c'était juste une cliente. Ash l'a considérait comme une "amie" avec qui il aimait passer du temps autour d'une pizza. Et pourquoi danser et chanter comme des idiots. Sa porte sera toujours ouverte qu'il soit quatre heure du matin ou seize heure. Si sa pouvait ne serait ce que la faire sourire, pour lui c'était suffisant.

L'heure était déjà bien avancé. Il était temps de mettre un terme à cette soirée insolite. Toutes les bonnes chose ont une fin hélas. Ce quitter pour mieux ce retrouver comme on dit si bien. Ash avança la voiture d'Erin jusqu'a la sortie. Il ce tourna vers elle sourire aux lévres < Votre carrosse est avancé princesse > Ils sourirent tout les deux. Ash prenait un malin plaisir à l'appeler ainsi. C'était d'ailleurs la seule fille qui l'appeler comme ça. Elle avait tout d'une princesse si ce n'est un prince... Il espérait juste que ce ne soit pas un homme violent à l'origine de cette tristesse dans le fond de ses yeux. Ash ne pourrait retenir sa colère. Il ne supporte pas qu'on puisse être violent envers une femme. Il attrapa sa main et lui déposa un baiser digne d'un gentleman. Ash aimait jouer ce rôle qui lui allait si bien. Sans pour autant ce prendre au sérieux. Mais sa permettait de mettre les gens à l'aise et pour une femme ce n'est jamais déplaisant de ce faire traiter de la sorte. < Tu sais que tu peux toujours compter sur moi en cas de besoin. N'hésite pas. Ma porte sera toujours ouverte pour partager une pizza aux épinards >Fini t-il sa phrase sur une note humoristique. Mais ses paroles n'en étaient pas moins sincères. Ash laissa repartir Erin sous la pluie battante, au volant de sa voiture fatiguée. Il ne quitta pas des yeux le véhicule jusqu'a ce qu'elle entame un virage qui ne lui permettait plus de l'a suivre du regard. Il referma la porte du garage et monta dans sa Eleonore en compagnie de Shadow. Tout deux ce dirigèrent à leur domicile à leur tour.

@Erin Sanders

Mon cœur se serre lorsque le drap retourne à sa place originale, couvrant entièrement la bagnole. Elle est jolie, adorable et surtout, parfaitement à mon image. Une voiture de rêve. Je n’arrive même pas à comprendre comment Ash a pu dégoter un tel bijou. Choupette me manquera, mais je me console en me disant que, le connaissant, il la gardera de côté. Avec un peu de chance, j’aurai de quoi revenir la chercher dans quelques semaines, le temps d’économiser une petite somme pour la racheter. Et s’il refuse que je le paie, je lui achèterai un cadeau qu’il ne pourra refuser. Voilà. Mon bref chagrin s’est rapidement estompé, remplacé par le soulagement lorsqu’il m’annonce que mon carrosse –qui ressemble davantage à une citrouille- est prêt. Je rigole face à l’allusion, le remerciant d’un mouvement de tête. Franchement, j’ignore ce que je ferais sans lui. J’ignore s’il est aussi dévoué avec tous ses clients, mais je suis forcée de reconnaître que la qualité de son service est irréprochable. Il reste toujours plus tard pour moi, accepte de prendre mon épave entre deux réparations de routine. Le garage a de la chance de l’avoir comme employé et moi, j’ai de la chance de l’avoir dans ma vie.

Lorsqu’il attrape ma main pour y déposer un baiser, j’esquisse une petite révérence, entrant facilement dans le rôle d’une princesse. Avec les années passées à l’hôpital auprès des enfants, il s’agit pratiquement d’une seconde nature. Le rôle d’Elsa est devenu beaucoup trop facile, beaucoup trop confortable. « T’es un amour! Tu sais que je te rendrai toujours la pareille, hein? D’ailleurs… » Je m’éloigne un instant le temps d’aller chercher mon sac dans ma voiture. J’en sors un papier et un crayon mauve que j’utilise pour noter mon numéro de portable. « Tiens, si jamais il y a quoi que ce soit. » J’ignore quel service je pourrais lui rendre, mais ça m’importe peu. Même s’il m’appelait seulement pour papoter, j’en serais heureuse. Je lui adresse un dernier sourire suivi d’un signe de la main pour le saluer. Il se fait tard et mon frère doit déjà s’être fait décongelé une pizza, n’en pouvant plus d’attendre que je rentre préparer à manger. Je m’avance à nouveau vers ma voiture, ouvrant la portière délicatement, encore traumatisée par la fois où elle m’était restée dans la main. « A+, Ash! » Dernier sourire avant de m’engouffrer dans l’épave. Je mets le contact, attends un moment le temps que le brun m’ouvre la porte du garage, puis je m’éloigne dans un crissement de pneu non volontaire. Même les roues commencent à se fatiguer sur cette bagnole.