Wally n’est pas vraiment du genre à bouger si ce n’est pour une sortie entre potes de deux jours maximum. Entre son nouveau boulot et tout le reste, il n’a pas vraiment le temps pour ça mais il ne prend jamais le temps de partir en vacances. Il pourrait avoir le temps s’il le désirait mais bon, maintenant qu’il a changé de travail, même si c’est beaucoup moins éprouvant qu’avant, il a tellement de choses à faire qu’il ne prend pas le temps de partir ailleurs. Seulement, sa grand-mère le tanne depuis un moment pour qu’il vienne les voir, surtout que plusieurs fêtes de famille se profilent à l’horizon. Qu’il vienne serait donc une grande surprise pour cette dernière, puisqu’il ne l’a pas vu depuis bien longtemps. Ca remonte à des années maintenant. Wally n’est pas très famille il faut le dire. Alors après quelques jours d’hésitation, le brun a accepté et seul l’un de ses oncles est au courant. Ca l’aidera à se changer l’esprit de partir quelques jours. De se retrouver avec ses propres pensées. Seulement cinq, il aurait pu prendre plus de jours de congés au travail mais il a dit le contraire à sa famille. Il ne veut pas qu’on le prenne mal le fait qu’il ne veuille pas rester trop longtemps alors qu’il n’est pas venu depuis longtemps. Il a ses parents dans les parages alors ce n’est pas comme si Wally était totalement seul non plus. Il a toujours un visage familier pas loin ; même s’il essaye de faire son possible pour les éviter, et répond rarement aux invitations car il sait que ça va se terminer en dispute. Son vol est donc aujourd’hui mais il doit encore passer par les côtés des vols en avion qu’il aime le moins : attendre à l’aéroport pendant des heures. Il était dans un coin en train de jouer à un jeu à la con sur son iPhone mais il n’a pas pensé à prendre sa batterie externe dont il se retrouve vite à court de batterie, à la recherche d’une prise de libre pour pouvoir continuer cette seule activité qu’il a trouvé pour faire passer le temps qui est vraiment trop long. « J’peux m’asseoir là ou la place est prise ? » demande-t-il finalement à quelqu’un assit à côté d’une prise libre. « Cette attente est vraiment longue hein ? » C’est du Wally tout craché, il ne supporte pas les silences donc il a toujours quelque chose à dire, quitte à se plaindre ou trouver des sujets de conversation bateau.
Ca ne devait pas être un voyage long. Une escale à Sydney avant son vol pour la Nouvelle Zélande. Quelques heures, pas plus, mais c’est sans compter sur les retards monstres. S’il l’avait su, Wally aurait pris de quoi s’occuper autre que son téléphone qui se décharge à la vitesse grand v. Il a besoin de garder un minimum de batterie quand il sera arrivé ; mais ça il n’y a pas pensé en l’utilisant à gogo pour s’occuper. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il voyage, sans doute pas la dernière donc il devrait savoir que les attentes, les retards c’était monnaies courate, mais il n’y a pas réfléchi, et aujourd’hui il s’en mord les doigts. C’est pas vraiment son style, mais s’il y avait pensé il aurait pris un livre, ou au moins quelques magasines. Il pourrait toujours aller en acheter mais il part du principe que s’il y va maintenant alors ça va attirer la poisse et l’attente sera encore plus longue. Sacré principe. Trouvant une place qui pourra peut-être le sauver, il est bien content quand on lui dit qu’il peut s’asseoir. « Merci » Dit-il en s’asseyant une fois la place totalement libre, histoire de ne pas trop empiéter dans les affaire de l’inconnue. Ça sera toujours mieux d’attendre ici que debout comme un idiot alors qu’il ne sait pas combien de temps ça va prendre. Aussitôt assit, il sort son chargeur de son sac, heureux de l’avoir mis à portée de main et non au fond de sa valide, pour recharger son téléphone. Au lieu de plonger de nouveau dans son jeu, il entame une discussion avec la femme à ses côtés. D’un ça fait passer le temps, et deux parce qu’on a beau reprocher beaucoup de chose aux parents de Wally mais ils l’ont bien élevé au niveau de la politesse. « Ah oui, effectivement ! Je ne devrais pas me plaindre alors ! » Plaisante-t-il. C’est sa veine ça, toujours se plaindre face à des personnes qui ont plus de chance de le faire. Mais bon, c’est dans son tempérament de râler, puis tant qu’il reste courtois. « Je pars en Nouvelle Zélande, pour voir de la famille, donc je n’aurais pas beaucoup à attendre une fois là haut. C’est surtout au sol que ça parait interminable. » Explique-t-il. Il va éviter de dire que là c’est une escale, il ne vient pas de Sydney car bon, elle ne lui a pas demandé de raconter sa vie non plus. « Vous venez d’où pour que ce soit si long ? » Se risque-t-il à demander, parce que ça l’intéresse, mais aussi pour faire poursuivre la conversation. Il voit bien qu’elle a des origines étrangères mais il ne saurait dire d’où. C’est sûr qu’il ne se risquera pas à faire des supposition qui elles, seraient indiscrètes.
La dernière fois qu’il avait ouvert la bouche c’était pour envoyer un vocal, maintenant il a l’air de reprendre usage de la parole alors qu’il se met à discuter avec une inconnue qui lui a permis de prendre la place à côté de lui. « Ouais je ne peux pas m’en passer, c’est comme une partie de mon corps » plaisante-t-il ; comme tous les jeunes de son âge en fait, il a grandi avec et il ne peut s’en passer, la preuve maintenant qu’il est sans batterie, il est un peu perdu. « En plus ça part vachement vite la batterie » On est bien loin des vieux téléphones dont la batterie pouvait durer des jours voire des semaines. Wally n’était qu’un gamin à cette époque mais il s’en souvient très bien, il jouait souvent avec celui de son père. Il est malgré tout trop jeune pour en avoir possédé un de cette marque un jour, surtout au vu du compte en banque de son père qui ne lui aurait certainement pas acheté autre chose que le téléphone à la mode en guise de premier téléphone rien qu’à lui. Et malgré le fait qu’il retrouve la joie de voir sa batterie augmenter, doucement mais surement, il ne s’y plonge pas dedans, préférant échanger avec l’inconnue pour passer le temps. C’est toujours plus enrichissant plutôt que de rester dans son coin. « Ah oui un an, c’est sûr qu’au moins vous savez que ça vaut le coup. Vous emménagez pour rejoindre quelqu’un ? » Le cliché à l’état brut, il a peut-être raison car les clichés se basent sur quelques vérités. Il sourit à sa remarque. Elle a l’air sympathique, pas de ceux qui regarde de haut en bas quand on ose leur adresser la parole dans un lieu pourtant public. « C’est l’avantage des longs vols, on peut s’endormir longtemps, au moins ça tue le temps ! » Alors que les petits, pas le temps, ce ne sont que des petits sommes au mieux, et ils fatiguent plus qu’autre chose. « Vous allez où comme ça ? ah oui ça fait une sacrée trotte ! » elle vient de loin, pour atterrir en Océanie mais Wally le comprend, il aime son continent. « Non je ne suis là que pour mon vol, je viens de Brisbane ! » Moins connu que Sydney peut-être d’un point de vue extérieur, mais Wally préfère sa ville, et de loin. « Enchantée Jimena, moi c’est Wally ! » Se présente-t-il. C’est curieux d’avoir échangé autant d’information quelque peu personnelle sans savoir le prénom l’un de l’autre mais maintenant c’est chose faite. « Tu fais quoi dans la vie Jimena ? » Demande-t-il, comme pour relancer la discussion, comme tuer le temps. C’est exactement ce qu’il est en train de faire. Le temps passe beaucoup plus vite quand on parle et qu’on a pas le temps de regarder constamment l’heure.