| La malade imaginaire (ft. Lily Keegan) |
| | (#)Sam 1 Fév 2020 - 22:00 | |
| La malade imaginaire Lola écoutait les sonneries du téléphone, en pianotant sur sa jambe. Elle était allongée dans son lit, emmitouflée, une main sur son front, le portable en haut-parleur. Encore la messagerie. Pourquoi encore, vous demandez-vous ? Parce que c’était la huitième fois de suite qu’elle appelait Lily. Et là, elle était en train de décéder, clairement, donc certes, chacun avait le droit à sa vie privée, mais une pharmacienne se devait d’être de garde vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Si, si. Elle laissa un huitième message : « Salut, Lily. Update : l’irritation du genou gauche s’est contagiée au coude droit. J’ai vérifié et il n’y a pas de moustique dans ma chambre. Ni de puces de lit. Tu crois que c’est grave ? J’ai un peu chaud. C’est soit la fièvre, soit le radiateur cassé. Bon, par ailleurs, j’ai pas eu de nouvelles de ton date, et c’est du foutage de gueule. Si je meurs sans savoir comment ça s’est passé, je te tue. » Elle raccrocha sans ménagement. L’était folle, l’autre, à disparaître comme ça pendant... elle regarda l’heure : pendant vingt-quatre heures ! Elle prit la décision drastique d’attraper le taureau par les cornes : elle enfila son jean avec des grimaces de personne mourante, et fila de chez elle. Direction chez Lily. Et on verrait bien qui aurait le dernier mot. Ou le premier. Comme d’habitude, elle décida de marcher, donc ça prit cinq mille ans de plus que nécessaire. Son téléphone sonna : Lily ! « Prépare-toi, j’arrive. Comment ça, où ? Bah, chez toi, grande bécasse. Non, mais là j’ai la mort aux trousses donc en tant que pharmacienne tu as l’obligation inaliénable de m’ouvrir. OUI JE SAIS QUE ÇA VEUT PAS DIRE ÇA INALIÉNABLE. Okay, j’arrive, bisous. » Elle sourit, toute guillerette de cette courte interaction. Lily n’avait pas du tout dit oui, mais au moins elle était prévenue, et puis elles se connaissaient assez, depuis un an que Lola l’avait prise comme souffre-douleur de ses délires d’hypocondriaque, pour que tout se passe bien. Le reste d’éducation bourgeoise et sacrificielle de Lola lui rappela qu’on n’arrivait pas chez les gens les mains vides. Elle grogna, puis fit un achat qui réunissait l’utile et l’agréable : elle prit un thermomètre. Elle se doutait que Lily en avait déjà plein, mais on ne sait jamais, mieux vaut prévenir que guérir, etcétéra. Elle arriva donc, survoltée, thermomètre à la main, et poussa la porte dès que Lily l’ouvrit. « Je peux te faire un câlin ? » Elle ne touchait pas les gens sans leur poser la question, c’était une question de confort interpersonnel et de principe. « Tiens, j’ai pris un thermomètre. Cadeau. Et aussi tu peux vérifier ma fièvre ? T’as écouté mes huit messages ? » Elle alla s’écrouler sur le canapé, puis se releva pour se diriger vers la cuisine. Elle avait besoin d’une infusion ou d’un chocolat chaud. « Alors, le date ? Je veux chaque détail minute à minute. Mais en commençant par la fin, please, parce que le suspense, ça va un moment, mais c’est vite gavant. » Elle mit de l’eau à bouillir, fouilla les placards à la recherche de gâteaux, ne trouva pas son bonheur, referma, et retourna sur le canapé. Elle tendit le thermomètre à Lily, et ouvrit la bouche, comme les enfants chez le docteur. @"Lily Keegan" |
| | | | (#)Jeu 20 Fév 2020 - 1:08 | |
| (toowong longements) Elle a paniqué et elle a éteint son téléphone. C’est la première chose qu’elle a pensé à faire en rentrant chez elle, une décennie après avoir inscrit à l’encre son numéro de téléphone sur une feuille de papier volée au hasard. C’était une idée stupide, si stupide qu’elle ne le fait jamais. Elle ne flirte jamais, elle ne dépasse jamais la limite de sécurité de six mètres imposée autour de tout individu du sexe opposé non plus. Elle a su ériger des règles et des barrières et elles les tenaient toutes très bien, jusque là. Cette soirée là était un mélange d’une pyjama party de quand elle avait dix ans avec l’autorisation de boire de l’alcool pour la jeune femme qui a su remplacer l’enfant. Tout est encore largement confus dans son esprit alors qu’elle ne se souvient déjà que de simples portions de la soirée, comme quand elle pouvait deviner quel dernier fromage il avait exactement mangé rien qu’en se collant un peu plus contre son cou quand la nuit était tombée depuis bien longtemps déjà. Et c’est con quand elle y repense, parce qu’il fera sûrement la même chose avec une autre fille ce soir et qu’elle aussi il lui inventera des règles sorties de nulle part rien que pour gagner la partie de Uno qu’il allait bien sûr perdre à plate couture en se prenant un +4 dans la tronche.
Autant dire que son téléphone devient le pire patient atteint de Parkinson dès lors qu’elle ose le rallumer pour une seconde, juste une seconde, juste pour voir si elle a un message. Elle en a des messages, ça oui, mais aucun d’un numéro inconnu. C’aurait été bête de fonder trop d’espoir sur ça, parce qu’il est encore tôt, parce qu’il doit sûrement avoir une encore plus gueule de bois qu’elle, parce qu’il a d’autres choses à gérer, parce que de toute façon jamais il ne lui enverra un sms c’est crétin Lily ça n’arrive que dans les films. Quoi qu’il en soit Lola capte rapidement toute son attention pleine et entière et l’aînée n’a pas le temps de prononcer un seul mot dans son entièreté que la petite tornade vient déjà de lui expliquer le reste. Et elle arrive, ouais, entre autres, alors que Lily a son fameux pyjama qu’elle traîne depuis l’adolescence, son chignon qui n’en a que le nom, des cernes qui portent leurs propres cernes et, en plus de tout ça, un bouton naissant au milieu de son front : elle n’est absolument pas prête à faire un seul pas en dehors de son lit.
Pourtant elle se lève quand même, son instinct maternel ayant été piqué au vif par leur brève conversation téléphonique mais aussi et surtout les huit messages vocaux laissés sur sa messagerie - qui écoute encore sa messagerie en 2018 ? A en croire ses paroles, elle a le peste, le cholera et ebola réunis ce qui signifie sûrement qu’elle a un rhume. Le genre de rhume qu’on nomme comme tel parce qu’on a reniflé une fois dans la journée, pas les vrais rhumes. Elle commence à cerner Lola, depuis le temps - et aussi parce qu’elle est de loin la cliente la plus fidèle de la pharmacie. Un fin sourire se lit sur ses lèvres, entre son propre mal de crâne et son équilibre matinal encore précaire alors que ses bras s’entrouvent pour laisser venir la blonde lui faire un câlin, comme demandé.
Le calme n’est pourtant de courte durée puisque la tempête se dirige vers le canapé avant de décider d’un nouveau tracé, direction la cuisine. Elle est ici comme chez elle et Lola l’a bien compris, même si elle n’arrive toujours pas à retenir où se trouve le placard à gâteaux religieusement rempli par Lily chaque semaine. ”Ouais j’ai écouté les huit et selon mon diagnostic tu devrais déjà être morte.” Impossible pour elle ne pas continuer à se moquer de l’hypocondrie de son amie bien qu’au fond elle sait qu’elle ne le fait pas exprès et que tout part toujours d’une bonne intention. La brune déglutit lentement et de manière tant dramatique que théâtrale au moment de s’affaler dans le canapé, lorsque la question cruciale de sa soirée arrive déjà. Lola n’a pas perdu une seconde et seul l'inverse aurait été surprenant.
La santé de Lola passant avant tout (et aussi et surtout parce que ça l’arrange bien), elle lui place le thermomètre fraîchement acheté sur le bout de la langue et l’invite à refermer la bouche, moment idéal pour qu’elle raconte sa soirée en commençant par la fin, donc. ”On s’est embrassés.” Son visage fait la pire moue possible, là, celle d’un enfant qui raconte ses bêtises quand bien même il les a déjà faites, attendant la remontrance de ses parents. Lily est la première à dire qu’il faut prendre son temps et surtout, surtout, surtout ne pas embrasser le premier soir. Faites ce que je dis pas ce que je fais, donc. ”Il a triché au Uno, au Cluedo, au Monopoly. Et moi à la Bataille Navale et au Devine Tête aussi parce que je voyais le reflet des lunettes de la fille à côté de moi.” Elle était un Corgi, comment vous vouliez qu’elle devine ça, hein ? Matthusan lui il a rigolé parce qu’il est anglais et qu’il a ça dans les veines mais elle la seule chose qu’elle a dans les veines ce sont les vagues. ”On a essayé plus de bouteilles de vins que j’avais de doigts pour les compter et pareil pour le fromage. Oh et quand il sourit il a une genre de fossette, tu savais ça ? Nan, tu peux pas savoir du coup mais je te le dis. Et il sourit tout le temps même quand toi tu me dis juste que ma blague est pas drôle. Sûrement parce que ses blagues à lui aussi elles sont pas drôle du tout, zéro, jamais.” Ses yeux brillent, le rythme de ses mots ne décélère pas pour le moment encore qu’elle tente de se souvenir de la nuit comme si elle continuait à la vivre, comme si elle n’était pas assise sur le canapé à simplement attendre un stupide message d’un stupide inconnu.
”37,5°. T’es à la limite. T’as attrapé froid ? T’as mis un col roulé comme je t’ai dit ? Y’avait du vent hier, t’as pensé à te couvrir ? Ca sert à rien de venir me voir quand t’es déjà malade, tu le sais ça. Et ton histoire de genoux c’est quoi ?” Peu importe ce qui se passe dans sa vie à elle, la santé de Lola (parfaite) reste la priorité, même si pour ça la petite blonde doit venir la voir toutes les semaines pour s’assurer que tout est en ordre. Lily prend son rôle de mère poule très au sérieux, encore plus quand elle lui offre le dixième thermomètre depuis le début de leur amitié.
@"Lola Wright" mille fois pardon pour le retard coco |
| | | | (#)Sam 22 Fév 2020 - 0:04 | |
| La malade imaginaire Depuis la nuit des temps, les êtres humains fonctionnent en interdépendance. On ne survit pas seul, sauf si on aime se faire pousser des longues barbes dans la forêt et manger des baies empoisonnées dans un froid polaire. Mais ça, ce n'était le cas ni de Lola, ni de Lily, qui étaient bien trop habituées à la vie citadine pour survivre en pleine nature plus de douze jours. On a besoin les uns des autres, et chacun apporte sa pierre à l'édifice. Lily apportait ses talents de chaman venue d'une autre planète, entre E.T. et la princesse au bois dormant. Lola apportait... eh bien, elle apportait... elle apportait un grain de folie et de joie de vivre dans l'appartement de Lily, qui sentait la gueule de bois et l'attente. L'utilité sociale de son apport était discutable, certes, mais on s'y faisait. Et peut-être qu'au fond, c'était sa loyauté indéfectible qui faisait d'elle un atout, car s'il avait fallu tabasser un crocodile pour sauver Lily de sa mâchoire, Lola l'aurait fait sans cligner des yeux. Elle était irrémédiablement une Gryffondor, que voulez-vous. Et elle était aussi observatrice. Et clairement, il y avait un éclat suspect dans les yeux de Lily. Soit c'était un début de larmes parce que Lola était sur le point de mourir et que Lily l'avait deviné par ses talents de pharmacienne guérisseuse, soit c'était que le date s'était très, très, très, très, très bien passé. Et comme Lily ne se mit à pleurer, et qu'elle fit comme Lola avait demandé, c'est-à-dire commencer par la fin, il y eut un immense soupir de soulagement (je ne meurs pas) puis un applaudissement (LE DATE). A savoir que Lola n'avait pas été du genre à se faire des amies dans sa vie en général, donc la voir qui se redressait et souriait de toutes ses dents pour obtenir le moindre détail croustillant d'une date, c'était du jamais vu. Et ça lui plaisait uniquement parce que c'était Lily, et qu'elle n'était pas du tout comme les autres. Et qu'elle parlait beaucoup trop vite, parce qu'elle était clairement émue, et ça rendait Lola folle de joie, et ça lui faisait (presque) oublier sa maladie grave. " Vous avez joué à des jeux de société ?" s'étonna Lola, dont ce n'était pas la pratique évidente en date. Des jeux à boire, pourquoi pas. Des jeux du chat et de la souris. Des jeux de mots. Même des jeux vidéos. Mais des jeux de société, ça ne lui serait pas venu à l'esprit. " Attends, mais t'étais bourrée ?" Lola plissa les yeux. Lily, ivre, qui embrassait un garçon le premier soir ? C'était peut-être une dimension parallèle. Ou alors un cauchemar lié à la fièvre. " Lily, dis-moi comment on s'est rencontrées, toi et moi. J'ai besoin de vérifier que c'est bien toi." Elle la regarda avec un sérieux absolu, genre agent du FBI en interrogatoire. Quand la conversation se reporta sur la santé, Lola se rappela qu'elle était en train de décéder, et elle posa sa tête sur le canapé, comme pour se reposer du grand effort qu'avait demandé la marche jusqu'ici, jusque dans l'antre de la sauveuse en chef. " J'ai mis un foulard", dit-elle tout bas, car elle savait qu'elle allait se faire gronder. " Je sais, tu m'as dit, mais les cols roulés ça me fait me sentir claustrophobe, ça te colle à la gorge là, il y en a partout, et puis ça me gratte le cou, et..." Face au regard moyennement convaincu de Lily, elle s'arrêta net. " Bon, mais les genoux, c'est vraiment pas de ma faute. Je ne sais pas ce qu'il se passe." Elle remonta son pantalon jusqu'au genou, et montra à Lily la plaque rouge dessus. " Tu crois que c'est grave ?" Elle grimaça. " Non, mais si c'est grave, me dis pas. Ou si, dis-moi. Ou pas. Je ne sais pas." Lola se dit qu'il valait mieux se distraire pendant que Lily l'auscultait, sinon elle risquait de perdre la tête complètement. " Et il s'appelait comment, d'ailleurs ? Tu m'as rien dit sur lui ?" La question piège, parce que si Lily répondait, c'était parti pour du cyberstalking, parce que Lola n'allait pas laisser n'importe quel abruti approcher sa pote sous prétexte qu'il aimait le fromage et le vin. En plus, il trichait à des jeux. C'était suspicieux de tricher. Bon, Lily aussi avait triché. Peut-être qu'ils étaient faits pour s'entendre. " OH MON DIEU, T'IMAGINES SI UN JOUR VOUS VOUS MARIEZ ? J'aurais été la première personne à qui t'auras raconté ton date ! Bon, et accessoirement, tu seras mariée." Grand sourire. " Tu vas le revoir, du coup ?" Ce serait important pour qu'ils se marient. Première étape, normalement : se revoir. Faire les choses bien. Dans l'ordre. N'est-ce pas ? @Lily Keegan |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 1:06 | |
| Quelques secondes à peine après le début des explications de Lily et voilà déjà que son amie émet les premiers doutes à propos de la véracité de l’histoire : et elle ne peut même pas lui en vouloir tellement elle même a dû vérifier que le tout n’était pas qu’un simple rêve. Ce genre d’attitude ne ressemble en rien à Lily la prude qu’elle est au quotidien et il l’a sorti de sa zone de confort sans même le lui demander, sans même qu’elle se sente forcée de quoi que ce soit non plus. Entre eux tout s’est fait naturellement et c’est ce que retient principalement Lily de cette soirée, en même temps qu’elle tape doucement Lola dans le creux de l’épaule pour lui faire comprendre qu’il est temps d’arrêter de dire des bêtises. Tout s’est exactement passé tel qu’elle le raconte.
Soudainement Lola se souvient qu’elle est mourant et repose sa tête sur l’accoudoir du canapé dans un élan dramatique et sous le visage de plus en plus réprobateur de Lily à chaque fois qu’elle avance un peu plus dans ses explications. Elle n’a pas écouté ses conseils (quoi de nouveau ?) et elle est donc malado-mourante (quoi de nouveau ?). La brune n’ajoute rien à ses explications, Lola sachant déjà tout ce qu’elle lui reproche dans un coin de son cerveau. Malgré les apparences elle est une adulte et elle peut en conséquence gérer les conséquences de ses actions toute seule, tant que la pharmacienne est toujours présente pour lui prodiguer des trucs et astuces appris au cours de sa longue formation. Le problème de son genoux semble presque sérieux, pourtant, et Lily laisse doucement courir ses doigts dessus sans faire mal à son amie, seulement pour juger de la gravité de la situation par elle même. ”T’as mis un produit dessus ? T’as fait quoi que ce soit de nouveau ?” Une seconde de silence et une moue sur le visage de Lily plus tard : ”... Tu t’es cognée ?” Ce serait l’explication la plus probable à vraie dire, celle qui n’étonnerait personne non plus. A ce sujet là elles sont bien trop semblables pour que Lily puisse lui reprocher quoi que ce soit.
Elle pensait que le sujet de son date à peine évoqué il allait simplement sagement rester caché dans leur passé mais son amie revient à l’abordage pour poser de nouvelles questions à une brune qui a du mal à cacher son sourire. Elle garde le visage baissé sur le genoux de Lola et des cheveux devant sa figure mais cela ne suffit pas à cacher ses pommettes remontant doucement et son teint rosé malgré la gueule de bois. ”Il s’appelle Matthusan et … Et nos mains font la même taille, tu crois que c’est un détail intéressant ça ? Parce que nous on a vérifié et ça fait exactement la même taille au centimètre près, même si en vrai on a mesuré avec les couteaux qu’il avait au bar.” Elle demande des détails et Lily panique quelque peu, elle qui a largement eu le temps d’oublier ce que c’était que de faire un résumé express et croustillant de ses rencontres avec la gente masculine. Les détails lui semblent importants, les choses importantes lui semblent ne pas l’être. Tout ce qu’elle retient c’est qu’ils étaient bien, eux deux, sur la terrasse, dans le bar, sur le trottoir avant qu’elle ne rentre chez elle. Ils étaient juste bien et c’est tout ce qu’il faut retenir sûrement et … "OH MON DIEU, T'IMAGINES SI UN JOUR VOUS VOUS MARIEZ ?" Cette fois ci, ok, c’était vraiment drôle et la jeune femme éclate de rire face à l’idée farfelue de Lola. Bien sûr que non, elle ne risque pas de se marier demain avec le premier inconnu venu et ce même si leurs mains font la même taille ! Quelle stupide idée, voyons. Elle croit bien trop en l’institution du mariage pour le bafouer aussi simplement et si elle se marie, elle s’est promis à elle même que ce sera l’acte le plus raisonné et le plus réfléchi de sa vie toute entière. Pas mois. ”Naaaan - je réitère le pari et c’est sûr et certain que c’est toi qui va te marier en première et promis je serai même pas jalouse ; par contre faudra que ce soit à moi que tu lances ton bouquet sinon là ouais je vais vraiment râler.” Elle sera si belle, Lola, le jour de son mariage. Encore plus rayonnante que tous les jours de l’année et oui, oui oui, je vous jure que c’est possible. ”Je lui ai donné mon numéro. Il va me rappeler. Ou m’envoyer un message, peu importe, c’est pas grave ça. Mais je l’aime bien. Vraiment bien. Ca serait cool qu’on se revoie.” Elle tente de calmer son excitation mais nul doute que son amie sait lire entre les lignes tout comme elle sait que Lily avait pu crier et hurler et prendre Lola dans ses bras pour entamer une danse hasardeuse alors elle l’aurait fait. Cette soirée était magique et il est tout simplement hors de question que ce soit la dernière.
|
| | | | (#)Jeu 5 Mar 2020 - 23:24 | |
| En toute honnêteté, rien que d'être chez Lily avait un effet placebo pour Lola. Elle se sentait en pleine régénération de ses pouvoirs magiques. C'était peut-être pour ça qu'elle parlait autant, bougeait autant, affolait jusqu'aux plantes vertes - qui mériteraient d'être arrosées, tiens, se dit-elle en leur jetant un oeil. Lily posait des questions très sérieuses sur son genou, et ça lui valait la palme de l'amitié mondiale parce que Lola avait plutôt l'habitude de sa mère qui soupirait, levait les yeux au ciel, et lui disait d'aller dans sa chambre (pas du tout le même effet placebo, je peux vous le dire). Lola la regardait avec de grands yeux, attentive à chaque micro-intonation dans le discours, à chaque nuance de l'interrogatoire. Tout était à prendre en compte pour que ses chances de survie soient optimales.
"Depuis que ça a commencé à devenir rouge, j'ai mis de la pommade anti-inflammatoire, de la crème hydratante, de l'huile de coco, du miel chaud (j'ai lu ça sur Internet, ça n'a pas marché), du thé vert froid (pareil) et de l'huile d'olive. D'ailleurs, tes mains risquent de coller un peu." Sourire coupable. "Je ne me suis pas cognée, enfin je ne crois pas, mais j'ai commencé à porter un nouveau pantalon. Je ne sais pas trop en quoi il est fait. Et c'est venu à peu près à ce moment-là, c'est marrant." Deuxième sourire coupable. C'était fou comme elle trouvait vite les bonnes réponses quand on lui posait les bonnes questions. "T'es une génie, Lily." Elle remit son pantalon comme il fallait, puisque clairement cela mettait un terme à l'auscultation, et que l'ordonnance dirait probablement : ne remets pas ce pantalon.
Mais déjà, des détails du date venaient, et Lola était complètement en immersion dans le flashback de Lily. Elle passait sa tête dans la Pensine et regardait, les yeux écarquillés, ce qui se déroulait. Elle voyait les mains de Lily et de Matthusan (quel drôle de nom) et un couteau. Mais elle ne comprenait pas où placer le couteau dans sa reconstitution visuelle. "Mais il servait à quoi le couteau ? Pourquoi vous avez pas juste mis vos mains l'une contre l'autre ?" Ils avaient l'air tout aussi bizarre l'un que l'autre, ces enfants. Ca promettait un beau mariage. Mais Lily revenait une fois de plus sur cette prédiction qu'elle appelait un pari. "Dude, il y a zéro chance que je me marie d'abord. Tu connais mon passé amoureux, et ça ressemble à une décharge électrique. Non, c'est pas ça le mot que je cherchais. Je voulais dire comme décharge de poubelle, mais pour électroménager. Décharge électroménagère ? Non, ça ne marche pas." Elle arrêta de parler pour réfléchir à l'expression, mais rien ne lui venait. "En tout cas, oui, si jamais ça arrive, je te lance le bouquet, ou mieux je te tape avec le bouquet. T'as déjà tapé quelqu'un avec une fleur ? C'est hyper satisfaisant." Bah, quoi ? Vous n'avez jamais essayé ? You're missing out.
"Je veux un texto dans la minute qui suit le texto qu'il va t'envoyer, okay ? Pinkie promise ?" Lola leva son petit doigt en direction de Lily, visage drastiquement sérieux. On ne rigolait pas avec les pinkie promises. Puis elle se releva vers la cuisine. "Bon, je vais t'aider avec ta gueule de bois. Tu préfères quoi ? Café ? Smoothie ? Je fais ce que tu veux là, donc profites-en." Est-ce que ce serait bon ? Une seule façon de le savoir. Lola ouvrait déjà le frigo pour en sortir toutes sortes d'ingrédients, dont du ketchup, ce qui était franchement inquiétant parce que peu de smoothies se marient bien avec du ketchup. (Rien, de fait, ne se marie bien avec le ketchup, mais Lola et moi ne sommes pas d'accord là-dessus.) "Oh, viens, on fait des pancakes." Elle sortit un grand bol, un fouet pour battre les oeufs, du sucre. En moins de deux minutes, la pièce devint un chaos incontrôlable - un peu comme son cerveau, au fond. "Tu peux mettre de la musique ? Pour réussir les pancakes, faut danser en même temps, mais c'est un secret", elle se tourna vers Lily, la mençant du fouet à oeufs, "donc tu le dis à personne."
@Lily McGrath |
| | | | (#)Sam 14 Mar 2020 - 23:28 | |
| Lola est-elle en train de dresser la liste non exhaustive de tout ce qu’elle a appliqué sur sa plaie ou confond-elle le tout avec la dernière recette de cuisine trouvée sur Instagram ? Parce que c’est flou, là, comme frontière. Et ça amuse beaucoup Lily qui fait pourtant de son mieux pour rester professionnelle et ne pas en rigoler. La plus jeune s’inquiète pour sa propre santé et une fois la source de problème trouvée, Lola rayonne déjà bien plus. C’est bien mieux ainsi, quand elle peut sourire sans que cela ne cache une myriade de doutes derrière. Elle devrait pouvoir sourire en permanence sans avoir à se soucier de quoique ce soit, d’ailleurs, et à son échelle Lily lutte au mieux pour que cela arrive.
"Mais il servait à quoi le couteau ? Pourquoi vous avez pas juste mis vos mains l'une contre l'autre ?" A question logique, réponse qui ne l’est absolument pas : elle se contente de hausser les épaules d’un air désinvolte, incapable de formuler quoique ce soit de clair. Sans doute parce que ça aurait été trop simple, trop normal, trop logique et, par conséquent, absolument pas eux. Ils ont tout pris à contre pied, ont jeté toutes les bases du romantismes à terre et les ont piétiné de leurs chaussures sentant le fromage affiné au moins dix mille ans. Ca, c’était eux, ça, ça leur correspondait. Si jamais un des deux en était venu à se couper, Lily aurait su quoi faire (même si oui, d’accord, il ne faut pas forcément avoir fait des études de médecines pour désinfecter une coupure) et les aurait sauvés d’une morte certaine. ”On n’a pas trop réfléchi, en fait.” Ils n’ont pas réfléchi du tout, à absolument rien et ce pendant toute la soirée et il est bien là le problème. S’il fallait trouver un problème, en tout cas, il serait là.
Quand viennent les explications par A plus B qu’en effet Lola ne risque pas d’être la première à se marier, Lily chute de nouveau lourdement. Elle a bien plus d’espoir pour l’avenir amoureux de la blonde qu’elle n’en a elle même, ce qui semble fort regrettable. Étant cependant loin d’être la mieux placée pour parler de relations amoureuses, elle se garde bien de tout commentaire. Aucune n’est mieux placée que l’autre pour quoi que ce soit à ce sujet à vrai dire, les quelques années d’avance de Lily ne jouant même pas en sa faveur. ”On se fait la promesse de lancer le bouquet à l’autre. Personne tape personne, après c’est sûr que tu vas faire des allergies encore.” Elle roule déjà les yeux au ciel, faussement agacée. L’important n’est pas qu’elle se marie, c’est surtout que Lola trouve un juste milieu dans sa vie pour être pleinement heureuse. ”Par contre, là, c’est le moment où tu me racontes où quand comment t’as tapé quelqu’un avec une fleur. C’est une histoire que le monde doit connaître.” Changement de sujet, elles glissent ailleurs là où l’herbe est plus verte, où les oiseaux chantent et où le soleil entame doucement son ascension dans le ciel. Elles fuient, quoi.
"Je veux un texto dans la minute qui suit le texto qu'il va t'envoyer, okay ? Pinkie promise ?" ”Pinkie promise.” Tout aussi dramatique que son amie, elle lève l’auriculaire en l’air et le pose autour de celui de Lola. Personne ne brise jamais les pinkie promises, peu importe tout ce qu’il peut se passer à côté. Rien ne change ce genre de promesse, encore moins quand elle est partagée avec Lola.
Elle l’aime Lola, oui, certes, elle l’aime beaucoup, assurément. Mais il y a des limites. Du genre sortir le ketchup alors qu’elle n’a même pas encore eu le temps de préciser quel genre de boisson elle avait besoin pour faire passer son incroyable et tonitruante gueule de bois. ”Un café puis un thé puis un smoothie quand j’aurai perdu l’usage de ma langue parce que tout était trop chaud.” Au moins elle contente tout le monde, là. Tout le monde sauf son amie qui ne savait pas qu’elle venait de se lancer dans une triple préparation en proposant triple choix. Il fallait sans doute s’y attendre, Lily ayant parfois bien du mal à se contenter de la normalité. Son sourire s’étend alors que son amie vole déjà vers la cuisine et qu’elle se contente un instant de la regarder avant de décider de mettre la main à la pâte elle aussi, une fois la possibilité de pancakes envisagée. L’appel de l’estomac oblige.
”Pancakes okay mais tu me gardes ce ketchup loin de toutes les préparations. On peut mettre du cacao dedans si tu veux, ou même les faire avec un coeur fondant au chocolat. Ou les deux, en fait.” Les deux ce sera alors qu’elle n’a pas encore pris le temps de récolter l’avis de Lola : elle n’en a nullement besoin. Plus c’est gourmand et mieux ce sera, sachant qu’à tout ceci elles pourront ajouter une couche encore de chocolat et de la confiture et tout ce qu’il leur passera sur la main - tout sauf le ketchup, rangé en lieu sûr dans un placard loin des regards indiscrets.
Son mal de crâne soudainement oublié (effet placebo, partie deux), elle ne peut s’empêcher de rigoler franchement même sous le joug de la menace de la plus horrible des armes : un fouet. ”Okay danse avec moi et je le dis à personne.” Le son de la playlist du téléphone lancée au hasard est au plus bas, la brune ayant encore largement du mal avec les sons dépassant un certain seuil de décibels. L’avancement de la création des pancakes est mis à mal alors qu’elle réquisitionne déjà les mains de son amie et son attention toute entière, l’attirant avec elle dans une danse totalement désorganisée qui ne fait en rien part de ses années de danse classique qu’elle cache derrière elle. Jouant de ses doigts, c’est Lola qu’elle fait tourner sur place encore et encore, priant tant pour qu’elle ne vomisse pas que pour qu’elles n’écrasent pas le chat de la maison. ”Tu resteras mon meilleur date de toute la vie entière.” Ca sonne comme une confession plus que sérieuse alors qu’il n’y a rien qui l’est, là dedans. ”Enfin si on se datait, tu serais la meilleure. Tu vois le genre.” C’est confus, c’est brouillon, c’est le cercle vicieux dans lequel évolue Lily et auquel elle a su s’y habituer (pour son entourage, par contre, rien n’est moins sûr). ”Si tu t’occupes des boissons je peux faire les pancakes et dans cinq minutes top chrono on est affalées dans le canapé à se demander pourquoi on a mangé autant. Je sais que t’as rien de mieux de prévu pour ta journée. Deal ?”
|
| | | | (#)Lun 16 Mar 2020 - 13:01 | |
| "On n'a pas trop réfléchi, en fait." Lola souriait de toutes ses dents d'imaginer Lily dans la spontanéité du moment, se donner le droit, être dans le jeu, la vulnérabilité, l'ivresse d'un soir joyeux. Elle s'imaginait un Matthusan grand et très mince, comme un fil tendu, avec un sourire bienveillant, des longs bras pour faire des câlins à Lily, une tête bien faite, peut-être des piles de vinyles dans sa chambre, quelqu'un qui lui ferait découvrir des mondes. Ca lui donnait de l'espoir, au fond, alors qu'on ne parlait que d'un date, qu'il n'y avait pas encore eu de message du lendemain, que tout ça était flou encore. Mais ça lui donnait de l'espoir de voir Lily dans cette bonne humeur et cet optimisme. Et si quiconque lui avait dit qu'un jour, elle serait elle-même en date avec le fameux Matthusan et qu'ils s'embrasseraient, et que deux semaines après il épouserait Lily, Lola se serait roulée par terre de rire. Comme quoi, la vie nous surprendra toujours.
"Mes allergies aux fleurs sont très réelles", insista Lola, plus pour se convaincre elle-même que pour persuader son amie (qui prenait tout cela très au sérieux, et tant mieux). "On allait à notre première communion avec Charlotte", sa soeur donc, "et maman nous avait donné de très beaux bouquets à tenir, ce qui est super bizarre, c'est comme un mariage, sauf que t'as onze ans, donc c'est juste creepy", elle se souvenait des robes blanches, de la coiffure parfaite qu'elles avaient toutes les deux, de leur mère qui était si fière et qui les avait laissées juste deux toutes petites minutes en-dehors de l'église, seules, et là, ce fut le drame, "et elle s'est moquée de mes couettes, donc je me suis moquées de ses tresses, et cent vingt secondes plus tard, on avait détruit nos bouquets l'une sur l'autre, nos cheveux étaient dans tous les sens, et ma robe était un peu déchirée." Lola eut un sourire nostalgique. "C'est un de mes rares bons souvenirs avec elle."
Les amies se firent un pinkie promise au sujet de Matthusan, puis passèrent dans la cuisine, où Lola se fit confisquer son ketchup beaucoup trop vite, et reçut la commande de trois boissons pour le prix d'une. "Mais comment tu veux que je prépare du thé sans ketchup ?", demanda-t-elle pour faire paniquer Lily.
Lola suggéra une danse, et Lily mordit à l'hameçon immédiatement, et faisait tourner Lola encore et encore et encore. "Tu cherches à me tuer, en fait ?" s'enquit-elle tout en suivant docilement le mouvement circulaire qui allait, d'une seconde à l'autre, la précipiter sur le sol vers une mort certaine. Mais la preuve que non, c'était la déclaration inattendue de Lily, et Lola qui ouvrit de grands yeux, et balbutia : "Toi- toi aussi t'es la meilleure date du monde." Elle les imagina comme couple et secoua la tête avec un rire pas convaincu : "L'hypocondriaque et la pharmacienne, je vois déjà la tête du thérapeute de couple genre : ah ouais d'accord, et pourquoi avez cru que ç'aurait été une bonne idée ?" Mais juste après, Lily proposa qu'elle se divise les tâches du petit-déjeuner, et la proposition était tellement alléchante que Lola renonça à tous ses principes et rectifia : "Qu'est-ce qu'il en sait, de toute façon, le thérapeute ? On est clairements parfaites l'une pour l'autre." C'était sa façon à elle de dire que oui, elle s'occuperait des boissons.
Avec tout ce qu'elle parvint à trouver, elle fit un chai latte, première étape, un café crème, deuxième étape - non, elles n'étaient pas du tout, du tout vegan, loin de là, si loin de là, de l'autre côté de la galaxie -, et un milkshake à la banane et à la fraise en troisième étape (un milkshake c'est comme un smoothie, mais avec l'ingrédient qui définissait leur petit-déjeuner : le lait). Elle alla déposer tout ça sur la table puis revint faire la vaisselle de ce qu'elle avait utilisé. Elle vit que Lily allait protester et la devança : "Chouquette, tu me laisses faire la vaisselle ou alors je jette le mixeur sale par la fenêtre. L'idée étant que je ne peux pas manger tant que c'est là dans l'évier, à dépérir, donc tu as le choix." Pour le lui prouver, elle s'avança vers la fenêtre, mixeur en main, et ouvrit la fenêtre, avec un air de défi qui annonçait un fou rire imminent.
Vaisselle faite et amies affalées sur le canapé furent les deux étapes suivantes pour passer à la dégustation. Lola engloutit les pancakes à une vitesse franchement alarmante et but ses boissons une gorgée de chaque à la fois, pour ne pas faire de jaloux. Maintenir l'équité, c'est important. "Choisis une comédie romantique, je l'aurai déjà vue mais c'est pas grave, je suis en mood film d'amour, et ça va être bien." C'était un poil dictatorial mais Lola faisait déjà un câlin à Lily pour lui prouver toute sa bienveillance et sa bonne volonté. Avant de s'enfouir sous un plaid rose ("A moi", lâcha-t-elle lorsqu'elle vit Lily jeter un oeil au plaid), tournée vers la télé, prête pour le programme meet-cute et happy-ending.
@Lily McGrath |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 21:14 | |
| Cent vingt secondes pour tuer un bouquet de fleurs, cela semble assez raisonnable. Cela lui donne aussi largement le temps d’écraser chaque pétale de rose et autres fleurs sur le crâne de son adversaire et de furtivement venir délier ses tresses pour que sa coupe toute entière soit encore plus pitoyable que les bouquets. Lily admire la tactique, surprise mais fière de l’attitude de son amie nouvellement allergique aux fleurs. Elle a hâte de l’entendre raconter l’histoire associée à sa prochaine allergie, c’est au moins une chose de sûre. ”Je suis certaine que tes couettes n’étaient même pas comparable aux tresses de Charlotte.” Ladite inconnue est ainsi déclarée ennemie numéro de la nation, même si le tout est peu discernable au milieu de l’immense sourire arboré par la pharmacienne, pourtant tout à fait sérieuse. Que quelqu’un ose lui dire que Lola n’était pas la plus belle et il verra à quel point il a tort.
Elle déglutit aussi lentement que difficilement dès lors que Lola déplore le manque de ketchup pour ses préparations, dramatique au possible, comédienne dans l’âme, joueuse qui ne sait jamais quand s’arrêter. Le placard dans lequel le pot rouge est désormais bien caché se referme au ralenti, ajoutez-y une musique de suspens et vous pourrez être certains qu’un monstre apparaîtra de l’autre côté de la porte dès que cette dernière sera totalement fermée. Ah, et il faut que ce soit dans un film d’horreur sinon tout le stratagème tombe à l’eau. "Tu cherches à me tuer, en fait ?" Qu’elle annonce, l’assassin au ketchup. ”Hey n’inverse pas les rôles.” Qu’elle répond, la partenaire de danse de seconde zone. Mais ces surnoms peuvent très bien être troqués pour l’hypocondriaque et la pharmacienne, c’est bien vrai, et il ne serait en rien naturel que de s’y interposer. La brune rigole en coeur avec son amie en imaginant à son tour l’expression troublée d’un hypothétique thérapeute de couple. ”On aurait pas besoin de thérapeute de couple de toute façon, dans notre vie y’aurait que des pâquerettes, des licornes, des elfes cools et des arc en ciels.” Pourquoi demander les services d’un professionnel alors que tout serait déjà parfait dans ce couple imaginaire ? Fort heureusement elles en viennent à la même conclusion, ce qui donne droit à Lola à un tour de manège supplémentaire (ça veut dire qu’elle tourne de nouveau sur elle même et se rapproche encore une fois un peu plus de vomir).
Une menace de mixeur plus tard, la Keegan lève les paumes de ses mains en l’air pour annoncer sa reddition, bonne âme ne voulant en rien être la cause de la mort précipitée de son meilleur ami/robot de cuisine. Lola reste donc la maîtresse de l’évier et du produit vaisselle allant avec. Même les éponges finissent par se ranger de son côté et deviennent ses fidèles sbires. Fort heureusement, quelques dizaines de minutes plus tard à peine elles sont de nouveau cachées sous des couvertures, les lèvres tachées des différentes concoctions réalisées tant par l’une que par l’autre. Ce serait mal les connaître que de penser qu’à un moment ou à un autre elles passeront le dos de leur main dessus pour effacer ce désastre. Hors de question, où serait tout le fun sinon ? ”Coup de foudre à Notting Hill. Tu fais les dialogues de William et moi d’Anna.” Après tout, des deux elle est la seule à avoir réduit à néant les tresses de Charlotte alors elle va devoir faire au mieux pendant deux heures pour avoir une voix pseudo masculine. ”Et genre si je m’endors je compte quand même sur ta voix pour me bercer et je te dirai si j’ai rêvé de William avec ta tête, ou William avec ta voix, ou toi avec la voix de William. Je sais pas ce qu’est pire, en fait.” Sans doute que le pire sera de s’endormir comme une masse de soixante ans tout ça parce qu’elle n’aura pas eu ses huit heures de sommeil salvatrices.
|
| | | | (#)Lun 23 Mar 2020 - 14:50 | |
| "Enfin quelqu'un qui me croit sur parole !" Parce qu'évidemment que ses couettes étaient mille fois plus belles que les tresses de Charlotte, et que sa soeur était sur la liste des personnes recherchées pour crimes contre Lola (c'est comme crimes contre l'humanité, mais en plus grave). Lily qui la croyait comme ça, ça lui faisait presque pardonner la disparition suspicieuse du ketchup - une affaire pour Sherlock Holmes et John Watson - et la danse du vomi. Presque. Mais la dégustation du petit-déjeuner vint compléter la petite pyramide d'amour dans son coeur. Elles étaient si bien, là, et ce, malgré le genou qui grattait, malgré la gueule de bois de Lily, et malgré un fond de mauvaise conscience de : tu devrais pas être en train de peindre, là ? Oh, well.
Tout ça cessa d'exister et d'importer lorsque Lily proposa Notting Hill, et que Lola le lança plus vite qu'un écureuil grimpe à un arbre. Malheureusement pour son amie, elle connaissait, de fait, la plupart des dialogues par coeur, notamment ceux de William - bon, et les sous-titres en anglais aidaient ; c'était un karaoké cinématographique, leur affaire (une bonne idée de business, d'ailleurs, si jamais l'un d'entre vous est autoentrepreneur, des salles de karaoké mais pour des films, voilà, c'est cadeau).
Elles arrivèrent rapidement à la scène où William rencontrait Anna dans la librairie, et Lola se redressa, prête. "I think the man who wrote it has actually been to Turkey, which helps. There's also a very amusing incident with a kebab." Elle se synchronisa aussi près que possible avec la voix de Hugh Grant. La scène fut parfaitement réussie, avec une Lily plus énergique que Lola ne l'aurait imaginé. Bon, évidemment, quelques scènes plus tard, alors que Lola déclamait une réplique ("I also have a phone. I'm confident that in five minutes we can have you spick and span and back on the street again... in the non-prostitute sense obviously.") et pouffait de rire à la blague, elle remarqua que Lily ne fit pas la réponse d'Anna.
C'est que Lily dormait paisiblement. Lola eut un sourire attendri, et se tourna vers l'écran de nouveau, continuant, comme promis, à réciter les dialogues du film en même temps que William, tout en grignotant le reste du petit-déjeuner (la personne qui s'endort n'a pas le droit de réclamer, voilà, c'est comme ça). "You're welcome and, may I also say... heavenly." Lola et son sourire stupide de gamine de huit ans. La journée était parfaite.
@Lily McGrath
- the end. |
| | | | | | | | La malade imaginaire (ft. Lily Keegan) |
|
| |