j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahAujourd’hui Justine se réveilla dans un état d’esprit qu’elle détestait. Elle se sentait à la fois heureuse et triste par ce qui lui était arrivé hier. Elle avait croisé Ginny, pour la première fois depuis des années, et cela s’était passé merveilleusement bien, elles avaient même parlé de recommencer à se voir. Pourtant elle ne pouvait s’empêcher d’avoir une boule au ventre, quelque chose d’indescriptible qui la prenait aux tripes. Elle se détestait de ressentir ça, mais pourtant c’était le cas : elle était jalouse de Ginny. Après tout, c’est elle qui avait eu Isaac, elle était aimée par lui, elle avait la chance que Justine n’avait jamais eue et cela la rendait un peu triste. Bien-sûr Ginny était merveilleuse, et elle méritait tout le bonheur du monde, mais les sentiments de la blonde ne s’étaient pas effacés pour autant, et elle se sentait terriblement seule en cette journée. Elle avait en plus volontairement fait le choix de ne parler de ses sentiments à personne, de peur que l’information arrive jusqu’aux oreilles d’Isy, ne sachant pas quelle réaction il pourrait avoir. Son amitié était précieuse aux yeux de Justine, et elle n’avait pas envie que ses sentiments amoureux ne changent leur relation. Mais ce matin elle avait besoin de parler la blonde, elle avait besoin de lâcher tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle n’arrivait plus à garder tous ses sentiments, toute cette tristesse en elle. Elle avait décidé de commencer par sortir de chez elle, pour respirer, espérant que l’air frais matinal lui remettrait les idées en place, et éventuellement ferait s’envoler tout cet amour qui était devenu trop ingérable. Elle n’avait enfilé qu’un legging et un gros sweet, n’ayant pas pris la peine de maquiller son visage ou de coiffer ses cheveux. Ce n’était pas un jour comme ça, c’était un jour déprimant et son apparence reflétait son mal-être intérieur. Elle s’était assise sur un banc dans un parc, regroupant ses jambes sous elle et serrant ses genoux contre sa poitrine. Elle fut sortie de ses pensées par un sms, elle vit ça comme un signe. Il s’agissait d’un texto tout simple de Norah lui demandant comment elle allait, elles ne s’étaient pas vues depuis quelques temps comme Justine était en congé. Elle saisit l’occasion pour se confier, et pour passer du temps avec son amie « Pas top à vrai dire… Je suis à l’oates park, ça te dit de me rejoindre ? Ça me manque de passer du temps avec toi ! ». Rien n’était hypocrite dans ce message, Justine voulait réellement passer du temps avec Norah, et même si elle avait passé la meilleure des journées elle lui aurait écrit exactement les mêmes mots. Elle sortit les écouteurs qui s’étaient emmêlés dans la poche ventrale de son pull et les brancha sur son téléphone avant de les enfoncer dans ses oreilles. Elle se plongea dans la musique, fermant les paupières et essayant juste de se vider l’esprit, de tirer tout ça au clair avant que son amie ne la rejoigne.
Encore ébranlée par sa conversation avec Yasmine, la belle brune ne savait plus quoi penser. Elle avait l'impression que sa vision s'embrumait, que son esprit lui jouait parfois des tours. Seule chez elle, assise sur son canapé, une jambe par dessus l'autre, elle dégustait un verre de vin dans le plus grand des silences. Elle était seule avec elle-même, ses propres pensées, et cette impression d'être suffoquée par son quotidien. Norah avait toujours un pied dans le déni le plus total, refusant encore parfois d'entendre ce que son amie avait osé lui dire. Elle ne voulait que son bien, après tout, mais pour cela il fallait parfois la confronter à une réalité des plus difficiles à accepter. Il était peut-être trop tôt, pour ce verre de vin, se disait-elle une fois qu'elle avait vu l'heure sur la montre à son poignet. Montre que son feu mari lui avait offert quelques années plus tôt et dont elle n'arrivait pas à se détacher. Afin de se changer les idées, elle avait envoyé un peu plus tôt à message à Justine, collègue de longue date, car elles ne s'étaient plus données de nouvelles depuis un bon bout de temps. Norah se savait fautive dans l'histoire, mais elle n'était pas vraiment d'humeur à voir beaucoup de monde. Elle ne donnait des nouvelles qu'à ses plus proches. L'infirmière ne s'attendait pas à ce que la blonde vienne lui répondre aussi rapidement, lui confiant qu'elle n'allait pas bien et demandant succinctement de venir la voir afin de lui en parler. Norah lui répondait un rapide "J'arrive" avant de vider son verre de vin et de se lever pour se rendre à la salle de bains et s'assurer qu'un ravalement de façade n'était pas nécessaire avant de franchir les portes de sa maison. La belle brune passait rapidement ses doigts dans ses cheveux afin de les arranger et récupérait une paire de lunettes de soleil qu'elle déposait sur sa tête. Le printemps était déjà bien installé et elle se réjouissait de constater que le mercure remontait et que le soleil prédominait largement ces dernières journées. Prendre l'air lui ferait le plus grand bien. Et Caelan serait certainement bien contente d'apprendre que sa jumelle sortait pour se sociabiliser encore un petit peu à nouveau. Il était temps, se dirait-il, même s'il n'allait jamais la forcer à faire des choses dont elle n'aurait pas vraiment l'envie, ni le courage d'ailleurs. Là c'était différent, c'était Justine, une amie de longue date dont elle n'aimerait pas perdre le contact en dépit des circonstances. Mais cela ne signifiait en rien qu'elle allait mieux. Disons que c'était le calme avant la tempête. La distance étant considérable jusqu'au parc où elle s'étaient données rendez-vous, Norah avait fait une partie du trajet en voiture, mais elle désirait quand même marcher un peu avant de la rejoindre. Elle aurait bien couru, mais elle n'avait pas la tenue adéquate et si elle devait adopter une foulée maintenue, elle préférait savoir qu'ell en'avait pas d'impératif immédiat afin de ne pas avoir à se limiter dans sa course. Elle comptait écrire à Alfie afin de se programme une nouvelle après-midi de ce type, elle appréciait beaucoup sa compagnie. Après sa longue marche à rester enfermée dans ses pensées, Norah finit par repérer son amie sans trop de soucis. Justine était une très belle femme, il était difficile de passer à côté d'elle sans la remarquer, même si elle, elle semblait bien ailleurs en écoutant sa musique. C'était visible, que la belle blonde au meilleur de sa forme, ayant adapté sa tenue vestimentaire à l'humeur du jour. Norah restait plantée devant Justine jusqu'à ce que cette dernière ne la remarque et retire spontanément ses écouteurs pour pouvoir entendre la voix de son amie. "Hey." dit-elle avec un faible sourire. "Je ne te demande pas comment ça va." Elle le savait déjà, et elle le voyait pas, que ça n'allait pas fort. "Et ton SMS était un de tes fameux messages subliminaux qui me crient Norah, j'ai vraiment besoin de te parler." Les deux femmes se connaissaient depuis l'école d'infirmières, donc autant dire qu'elles savaient plutôt bien comment l'une l'autre fonctionnait, autant au boulot que dans leur vie professionnelle. Elles n'étaient pas dans le même service mais appréciaient s'appeler si elles avaient besoin de précisions concernant des soins très spécifiques, elles adoraient partager ce qu'elles apprenaient tous les jours chacune de leur côté. La belle brune finit par s'installer à côté d'elle sur le banc, croisant immédiatement ses jambes et adoptant une position dans laquelle elle se sentait à l'aise. "Qu'est-ce qu'il se passe, Justine ?" lui demanda-t-elle finalement. Norah avait toujours été d'une très bonne oreille, elle était bien plus douée à cela qu'à se confier elle.
j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahSe confier sur ses sentiments, c’était les rendre réels, encore plus réels qui ne l’étaient déjà. Malgré sa grande force, sa capacité à encaisser beaucoup de choses, Justine était en train d’atteindre sa limite. Elle avait envie d’exploser, envie de boire une bouteille de vin pour avoir le courage de dévoiler son amour à Isaac et enfin se libérer de ce fardeau. Elle savait que ce n’était pas forcément la bonne solution, du moins pas sous l’emprise d’une substance qui camouflait ses hésitations. Si un jour elle trouvait la force de tout dire, il faudrait qu’elle le fasse en étant dans son état normal, afin d’être réellement fière d’elle, et n’avoir aucun regret. Pour l’instant, elle n’en était pas là, elle ne se sentait pas prête mais elle avait besoin d’en parler à quelqu’un. Surtout après avoir croisé Ginny, il fallait qu’elle vide son sac, qu’elle ait une oreille attentive qui saura la guider. Au fond d’elle elle se doutait qu’il faudrait bien parler à Isy pour réellement effacer les sentiments qui la tiraillaient, mais elle avait besoin de l’entendre de quelqu’un d’autre, besoin qu’une personne proche d’elle lui confirme ce qu’elle pensait. Norah était une personne de confiance et la blonde savait pertinemment qu’elle pouvait se confier à elle sans craintes. Elle n’était pas le genre d’amie qui poserait un jugement, loin de là. Elle travaillait dans le même hôpital qu’Isy et elle, mais elle était persuadée qu’elle ne s’amuserait pas à répandre la rumeur. Ça ne lui ressemblait pas du tout de faire quelque chose qui pourrait porter préjudice à Justine. D’autant plus qu’elle verrait très bientôt à quel point c’était important et douloureux pour elle. La blonde avait vraiment vu un signe quand son écran s’était allumé en affichant le prénom de Norah. Elles n’avaient pas besoin de se parler tous les jours pour avoir une bonne entente, et malgré qu’elles n’aient pas échangé depuis un petit bout de temps, Justine savait que tout serait toujours pareil entre elles. Elles avaient passé une bonne partie de leurs études ensembles, et s’étaient toujours épaulées dans le milieu compétitif des études dans le paramédical. Elles s’en étaient toutes les deux admirablement bien sorties, et elles avaient conservé leur amitié dans la vie d’adulte. Si la brune avait besoin d’aide en plein milieu de la nuit, Justine n’hésiterait pas une seconde à voler à sa rescousse, malgré son amour pour le sommeil. Norah faisait partie des quelques personnes que la blonde pouvait facilement qualifier « d’amie » et elle était persuadée que cette situation resterait inchangée pour les années à venir. Elle s’était assise sur l’un des nombreux bancs qui entouraient l’allée principale du parc. Il n’y avait pas énormément de monde aujourd’hui, quelques coureurs, des personnes en pleine promenade canine et quelques familles qui profitaient des quelques rayons de soleil pour s’accorder une promenade. Justine les observa tous, jusqu’à ce que son regard ne se pose sur Norah, qui était face à elle. Elle retira ses écouteurs et sourit timidement à son amie "Hey.". Elle se décala de quelques centimètres sur le banc pour lui laisser la place de s’installer à ses côtés « Salut. ». Elle tourna son visage vers elle « Merci d’être venue. ». La brune s’installa à ses côtés, et Justine déplia ses jambes qui commençaient tout doucement à s’engourdir "Je ne te demande pas comment ça va.". Justine soupira légèrement, rangeant au passage ses écouteurs et son téléphone dans la poche ventrale de son pull « Effectivement… Et toi, comment tu vas ? J’espère que tu n’étais pas occupée au moins… ». Elle se sentirait coupable d’avoir fait déplacé Norah alors qu’elle était occupée ailleurs, ou qu’elle avait de la visite par exemple "Et ton SMS était un de tes fameux messages subliminaux qui me crient Norah, j'ai vraiment besoin de te parler.". La blonde souleva les sourcils en hochant la tête, son amie ne la connaissait que trop bien « Effectivement, tu tombes dans le mile. ». Elle passa ses mains sur ses genoux, s’étirant légèrement la nuque au passage "Qu'est-ce qu'il se passe, Justine ?". La blonde plongea son regard dans celui de la brune, voulant maintenir un contact visuel pour les mots qui allaient suivre « On est d’accord que tout ce que je te dis reste entre nous ? C’est quelque chose de difficile, et à part mon frère personne n’est au courant… ». La brune connaissait la relation entre Justine et son petit frère et savait que les deux se racontaient toute leur vie « Ça fait longtemps, trop longtemps, que je garde ça pour moi, mais j’y arrive plus Norah… ». Elle détourna son regard, se mettant à fixer le portail d’entrée du parc « J’ai des sentiments pour un homme, mais ça dure depuis de très longues années… J’arrive pas à l’effacer… ». C’était déjà un début, elle attendait un peu les réactions de son amie avant d’aller plus loin dans le pourquoi du comment, et surtout dans l’identité de cette fameuse personne.
Les deux infirmières se connaissaient depuis les bancs de l'université. Norah avait été une bonne élève, bien qu'elle adorait passer la plupart de son temps libre à courir, nager, en soirée ou en compagnie de Jasper, puis de Frank plus durant sa scolarité. Mais elle aimait ce qu'elle étudiait et avait une certaine facilité pour tout ce qui tournait autour de la biologie. Mais la meilleure de sa promo à l'époque, c'était bel et bien Justine. Norah et elle faisaient partie des étudiants ayant les meilleures notes. Il y avait une sorte de compétition purement amicale qui s'était construite entre elles, par amusement. Ca n'avait jamais été l'objectif de Norah, d'être la première de la classe. Tant qu'elle avait son diplôme et qu'elle fournissait le travail nécessaire afin de le mériter. Voir Justine lui rappelait toujours de nombreux souvenirs du temps d'avant. Les quelques mois qu'elle avait partagés avec Jasper, les retrouvailles avec Frank. La remise des diplômes, l'embauche... Justine était là à chacune de ces étapes de sa vie, de près ou de loin. Elles partageaient de nombreux points communs et s'entendaient bien. L'isolement de Norah suite au décès brutal de son époux les avait un petit peu éloigné, mais elles faisaient toujours en sorte de trouver une excuse pour passer un peu de temps ensemble. Cette fois-ci, la belle blonde ressentait le besoin de parler à son amie. Ce n'était pas tous les jours, que Justine nécessitait de tels instants, c'était une jeune femme plutôt courageuse. Sans s'être posée de questions, sa collègue était venue la voir afin d'en savoir plus et d'être l'oreille attentive qu'elle savait bien être. La belle blonde se décalait de quelques centimètres pour laisser de la place à l'infirmière pour s'asseoir à ses côtés. "Ca va." répondit Norah. Une de ses phrases préférées. Elle n'avait jamais été du genre à s'épancher sur ses problèmes et ceux qu'elle refusait de voir et d'admettre. C'était plus facile, d'être à l'écoute des autres. Comme avec ses patients, eux avaient souvent besoin de discuter. Ce qu'ils voulaient, c'était quelqu'un pour les entendre, quelqu'un qui puisse être optimiste à leur place et avec qui échanger des mondanités qui pouvaient parfois surprendre. Norah ne se gênait pas trop, quand il fallait parler un peu de ce qu'il se passait à l'extérieur, ou de ce que l'on voyait à la télévision. "Non non, je ne faisais rien de très particulier, je t'assure." lui répondit-elle dans le seul but de le rassurer. Norah avait beaucoup à faire tous les jours. Ses impératifs et ses obligations étaient quotidiens et chronophages et ne se permettait du temps que pour elle que depuis très récemment. Elle se montrait toujours disponible pour les autres et Justine ne faisait pas exception. "Tu sais bien que c'est pas trop mon genre de divulguer les confidences que l'on veut bien me faire." lui assura Norah avec un sourire rassurant. Elles pouvaient se faire confiance l'une l'autre, sachant qu'elles pouvaient compter sur chacune en toutes circonstances. Les amitiés aussi longues étaient les amitiés les plus solides, c'était certain. Ca n'allait jamais être de Norah que vous entendrez les derniers commérage. Elle les entendait et les assimilait volontiers, mais ce n'était pas trop son truc, d'amplifier un phénomène qui se décuplait déjà tout naturellement au sein d'un hôpital. Elle n'en tirait pas vraiment de satisfaction, mais elle s'intéressait à ce qu'on disait. "Promis, je ne le dirai à personne." Une promesse, ce n'était pas rien. Elle en partageait beaucoup avec son frère jumeau et il n'y avait rien de plus précieux. Norah n'avait qu'une parole, elle ne plaisantait pas avec ça. Attentive, la belle brune restait à l'affût de la moindre expression de son amie qui pourrait la mettre sur une piste afin de mieux la comprendre. "Je suis pas psy, mais c'est déjà une sacrée étape d'admettre que tu as besoin d'en parler." En revanche, pourquoi elle, la question se posait. Norah était digne de confiance, et son amitié avec Justine pouvait faire quelques jaloux, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'elle fasse appel à elle en première intention. La blonde fuyait son regard alors qu'elle commençait son récit. "Et ça a été réciproque, à un moment donné ?" lui demanda-t-elle, afin de soutirer davantage d'informations. Pour qu'un amour dure plusieurs années comme ça sans rien avoir de retour... Soit il s'agissait d'un véritable coup de foudre, soit, à un moment donné, on avait donné à Justine une raison d'y croire. Norah pourrait parler pour elle. Frank était mort depuis trois ans, mais elle n'avait pas l'impression de l'aimer moins qu'avant. "Et si tu commençais par le début ?" La rencontre, l'homme en question, pourquoi est-ce qu'elle ne sort pas avec lui actuellement. Norah manquait cruellement d'informations et elle ne pouvait ni la conseiller, ni se montrer d'un grand soutien si elle n'en savait pas plus. Ca tombait bien, elle avait du temps devant elle. Amies de longue date, Justine savait que l'infirmière serait la dernière à juger. Elle avait ses opinions et n'hésitait pas à en faire part, mais ça n'a jamais été son but d'inciter les personnes à aller dans son sens.
j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahJustine et Norah c’est une histoire d’amitié qui dure depuis de longues années. Elles ont désormais bien entamé leur trentaine, mais elles passent encore du temps ensemble et le fait de quitter les bancs de l’université ne les a pas séparé contrairement à d’autres qui ont vu leur amitié voler en éclat. Justine sait très bien qu’elle peut compter sur Norah, et elle lui confirmait encore aujourd’hui que c’était toujours le cas, mais la blonde était tellement réticente à se confier. Elle n’aimait pas avoir toute l’attention portée sur elle, elle préférait amplement régler les soucis des autres, quitte à s’abandonner un peu. Aujourd’hui était différent, aujourd’hui elle avait besoin d’une épaule sur laquelle pleurer, aujourd’hui elle avait enfin accepté de dire stop, de s’écouter, de se donner une chance d’avancer. Norah travaillait dans le même hôpital que Justine, et donc également le même qu’Isaac. Elle le connaissait peut-être, ne serait-ce que de nom, mais la blonde savait qu’elle était une personne de confiance, elle n’irait pas lui parler de tout ça, et de toute façon ça n’aurait aucun intérêt de le faire. La brune s’installa à côté d’elle sur le banc, prête à écouter le récit de son amie "Ca va.". Justine tourna son visage vers son amie. Si elles avaient bien un point commun, c’était celui de faire comme si tout allait bien, même lorsque tout allait mal. Elle savait que Norah s’isolait quand elle allait mal, et qu’elle préférait être seule que de s’épancher sur ses problèmes. Etant de nature similaire, Justine n’avait jamais essayé de la forcer à parler, elle avait plutôt essayé de trouver des manières de l’occuper, de lui changer les idées "Non non, je ne faisais rien de très particulier, je t'assure.". La blonde hocha lentement la tête, rassurée de savoir qu’elle n’avait pas tiré son amie d’une activité particulière « Tant mieux. ». Elle essayait de commencer à préparer ses mots dans sa tête, comment allait-elle formuler ses sentiments si compliqués ? Comment résumer des années en quelques phrases ? Comment expliquer avec des mots simples des sentiments si compliqués ? Elle avait tellement de choses à dire, mais tellement peu d’idées sur la façon de présenter la situation sans paraître désespérée. Au final, ne l’était-elle pas un peu ? Elle avait tant tenté d’enfouir ses sentiments, de faire taire les battements de son cœur quand elle le voyait dans les couloirs et d’avancer, en vain. Elle avait même tenté une histoire avec un autre, mais elle avait fait plus de mal que de bien . "Tu sais bien que c'est pas trop mon genre de divulguer les confidences que l'on veut bien me faire.". Justine lui adressa un sourire amical, tentant de la rassurer sur la confiance qu’elle pouvait avoir en elle « Oui c’était idiot de préciser ça, mais bon, tu vas vite comprendre la raison pour laquelle j’ai préféré le préciser. ». Quand Norah comprendrait que l’homme en question était l’un de leur collègue, elle ne pourrait que comprendre le fait que Justine n’ait vraiment pas envie que l’information se repende. Les rumeurs vont extrêmement vite, le bouche à oreille est une manière très rapide de faire passer les informations, et en quelques jours Isaac pouvait être au courant "Promis, je ne le dirai à personne.". La blonde fut rassurée et soulagée par la formulation de cette promesse, c’était peut-être naïf, mais à ses yeux quand quelqu’un disait « promis », il ne pouvait qu’être sincère. Elle souffla un coup, tentant d’évacuer toute cette pression qui s’était accumulée en elle. Mettre quelqu’un dans la confidence, c’était laisser quelqu’un rentrer plus intimement dans sa vie, et lui donner une certaine forme de pouvoir, et c’était compliqué pour la blonde d’ouvrir ses portes "Je suis pas psy, mais c'est déjà une sacrée étape d'admettre que tu as besoin d'en parler.". La blonde hocha les épaules. Elle ne savait pas si Norah avait raison, mais en tout cas elle espérait que oui. Elle avait envie que ce soit le début de la fin, la fin de tout cet amour qui ne faisait que lui faire du mal. C’était pourtant tellement agréable de ressentir un sentiment amoureux, mais dans ces circonstances-là, ça en devenait étouffant, et invivable. Elle commença par introduire le problème avec une phrase résumant assez bien la situation "Et ça a été réciproque, à un moment donné ?". La blonde pinça légèrement ses lèvres. Est-ce-que ça avait été un jour le cas ? Elle ne pensait pas, Isy ne s’était jamais intéressée à elle, jamais plus que comme une bonne amie « Je ne crois pas… ». Ils étaient très proches depuis tout ce temps, mais il n’y a jamais eu aucune mention de sentiments ou d’attirance "Et si tu commençais par le début ?". C’était le moment que redoutait un peu Justine, et une boule se formant dans son ventre lui confirma que son stress était bel et bien présent. Il fallait qu’elle lui raconte TOUT, pour qu’elle puisse avoir une vision d’ensemble de la situation, et avoir toutes les clés en main « Tu le connais peut-être, d’où mon insistance sur la confidentialité, c’est Isaac Jensen, il est infirmier aux urgences. ». Elle lâcha l’information, d’une traite, et reprit son souffle après avoir lâché ce qu’elle pensait être la bombe de la discussion. Elle leva les yeux vers Norah, guettant la moindre réaction qui pourrait lui indiquer qu’elle avait un éventuel lien avec Isaac. Elle décida de poursuivre son histoire, plaçant le contexte « On s’est rencontrés en 2006, au début c’était simplement un collègue. ». Elle marqua une courte pause, reprenant son souffle et plaçant ses mains sur ses genoux « Puis on a développé une certaine complicité, qu’on a toujours maintenant, et j’ai, de mon côté, commencé à tomber amoureuse de lui… ». Elle se mit à gratter une petite miette sur son pantalon, voulant occuper ses doigts « Tu es bien placée pour le savoir, mais j’ai eu qu’un petit copain au lycée et c’est tout, et je suis même pas sûre d’être tombée amoureuse de ce mec… Puis il y a eu Isaac… ». Elle leva les yeux vers son amie, soupirant lentement.
Les rumeurs dans les hôpitaux faisaient partie du quotidien des soignants. Entre les coucheries, les éclats de voix, les changements de situation, les anecdotes des décisions prises par l'administration. Il n'y avait pas une journée où l'on apprenait une nouveauté entre ces quatre murs. Norah n'y prêtait que très peu d'attention. Elle les entendait, mais ce n'était pas à elle qui allait étoffer le phénomène en en discutant avec d'autres collègues. Elle avait conscience que le décès précoce de son mari avait fait le tour du service et elle avait toujours préféré l'ignorer. Dieu savait à quel point l'information finissait par être déformée, s'éloignant de plus en plus de la vérité. Justine savait qu'elle s'adressait à une personne de confiance qui faisait toujours preuve de discrétion dès lors qu'on se confiait à elle, qu'importe la raison et la cause de ces confidences. La belle petite blonde semblait en avoir beaucoup sur la conscience, ça se voyait qu'elle était beaucoup dans ses pensées et qu'elle n'en demandait que ça, d'en parler à quelqu'un. Quand il s'agissait d'amour, rien n'était simple, léger, ou à prendre à la légère. Norah se souvenait que toutes ses émotions vis-à-vis de sa moitié, c'était décuplé au centuple. Cela dépassait l'entendement et la raison elle-même et tout était parfaitement (et parfois délicieusement) incontrôlable. Et Les histoires d'amour à l'hôpital, c'était encore plus compliqué. Encore une fois, les rumeurs allaient bon train. La brune ne pouvait que comprendre que Justine attende d'elle d'être particulièrement discrète à ce sujet, surtout lorsqu'elle acceptait de donner davantage de détails à son amie afin de la mettre sur la piste et comprendre la problématique. Norah était une remplaçante plutôt régulière aux urgences. Cela lui permettait d'arrondir ses fins de mois, on apprécie ses compétences acquises en service de réanimation pour gérer les situations les plus critiques. Aux urgences, il y avait un sacré turn-over, et le personne soignant y était conséquent. Très conséquent. Alors oui, le prénom d'Isaac ne lui était pas totalement inconnu, elle avait vu son nom défiler sur les transmissions écrites sur le logiciel gérant les dossiers des patients passant aux urgences. Mais elle ne l'avait jamais côtoyé en tant que tel, elle ne savait même pas quoi il pouvait bien ressembler, à dire vrai. Bien qu'elle essayait toujours de mettre un visage sur l'homme dont il était question, Norah restait attentive à la moindre parole que pouvait émettre sa collègue. Bien qu'elle avait ses avis sur de nombreuses choses, Norah était une femme qui n'aimait pas s'enliser dans des jugements qui n'allaient aider personne. Ouverte d'esprit, elle se contentait de respecter les choix de chacun, même si parfois, à ses yeux, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus judicieux, mais elle s'adaptait toujours en conséquence et faisait avec. "Qu'est-ce qui t'a fait tomber sous le charme ?" lui demanda-t-elle, bien curieuse de savoir quel était le déclic qui avait fait passer ses sentiments amicaux en sentiments amoureux. "Je veux dire, c'est une relation qui dure depuis treize ans. Ca a commencé par le plus simple, vous étiez collègues, puis de bons amis, avec une très bonne entente. La plupart du temps, on aurait pu croire que ça en reste là que ça se poursuive ainsi." Norah ne jugeait pas, elle se basait sur sa propre expérience avec des collègues avec qui elle s'entendait merveilleusement : Yasmine, Andrew qui était le médecin du service de réanimation. C'était des personnes avec qui elle pouvait travailler les yeux bandés tant elle leur faisait confiance. "Je comprends que tu ne veuilles pas que la nouvelle fasse le tour de l'hôpital. C'est le genre d'info qui se propage très vite au boulot." lui dit-elle finalement avec un sourire plus que compréhensif. "Surtout aux urgences, certaines sont de vraies commères là-bas, c'est hallucinant." Non pas que Norah ne les appréciait pas, mais elles n'entraient pas dans leurs spirales de messes basses. Il y avait bien assez à faire au quotidien et pour les fois où les urgences se voulaient être calmes, la belle brune faisait toujours un passage dans son service de prédilection pour prendre un peu la température et voir si eux n'avait pas besoin d'un coup de main tant qu'elle était disponible. "Et il a déjà quelqu'un dans sa vie, ce Isaac ?" lui demanda-t-elle. Norah cherchait à connaître le véritable fond du problème. Si elle n'osait pas en parler au premier concerné parce qu'elle avait peur de sa réaction et qu'elle craignait perdre la complicité qu'ils avaient fait ensemble, ou si Isaac était déjà avec quelqu'un, ce qui compliquerait particulièrement la situation. "Et vous vous croisez souvent au boulot ?" Justine étant en pédiatrie, le chemin jusqu'aux urgences était relativement loin. A moins que l'infirmier ait déjà travaillé dans le même service de la blonde, ce qui expliquerait beaucoup. Norah ne savait rien de lui et espérait que Justine lui donne davantage de détails pour capter toute la situation. "Je pose pas toutes ces questions pour te mettre à l'aise." lui assura-t-elle. "C'est juste que j'essaie de comprendre au mieux ta situation et les raisons pour lesquelles tu te sentes si mal." Sinon, elle n'aurait pas fait appel à son amie de longue date pour en discuter en dehors du décor hospitalier; elle serait venue la voir directement dans le service en aparté dans une pièce vide. "Et qu'est-ce qui t'a fait réaliser que tu étais en train de tomber amoureuse de lui ?" C'était tout de même une prise de conscience, de l'admettre. "Vu dans l'état dans lequel tu es, je suppose qu'il ne s'agit pas d'un simple crush passager." C'était évident. "Raconte-moi tout, Justine." Les informations au compte-gouttes étaient idéales pour prendre la température, d'avoir un premier avis sur celui de son interlocuteur. Avec Norah, Justine n'en était plus à ce point là. "Qu'est-ce qui te met vraiment dans un état pareil ? Il s'est passé quelque chose de particulier avec lui ?" Bien que la brune lui posait beaucoup de questions, le ton qu'elle empruntait laissait deviner qu'elle ne la forçait pas à y répondre. Elle lui laissait tout le temps dont elle avait besoin pour trouver les mots, savoir dans quel ordre elle allait divulguer de nouvelles informations. Le comble serait certainement que Norah tombe sur le premier concerné à sa prochaine garde aux urgences. Quoi qu'il se passe, elle n'en dirait pas un mot même pour les personnes qui se montreraient les plus insistantes. Ces personnes là, Norah les envoyait balader comme elle savait si bien le faire quand on la cherchait un peu trop.
j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahPoser des mots sur ses sentiments n’était pas une mince affaire pour Justine. Elle avait souvent eu tendance à fuir ce flot d’amour ces dernières années plutôt que l’affronter et trouver des solutions envisageables. Seulement là, elle avait atteint un niveau beaucoup trop important de frustration. Le fait de tout garder en elle, de ne rien dire, que ce soit à la personne concernée ou même à ses proches, c’était devenu insoutenable et la rencontre de Ginny avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Elle avait voulu s’assurer que Norah garderait pour elle tout ce qu’elle pourrait entendre aujourd’hui, bien qu’elle n’ait aucun doute sur la fiabilité de son amie. Il arrivait que les deux jeunes femmes partagent ensemble des ragots, mais jamais dans un but d’humilier ou de faire tourner des rumeurs, seulement pour s’informer sur les dernières mises à jour de leurs proches. Donc elle imaginait mal la brune s’amuser à aller crier sur tous les toits que Justine était amoureuse d’Isaac. Elle voyait bien à son absence de réactions que Norah n’avait pas de relation particulière avec l’infirmier, et c’était déjà un peu rassurant pour elle car elle aurait un avis totalement objectif sur la situation, n’étant pas touchée par les deux côtés. Elle lui expliqua brièvement la situation, essayant d’exprimer au mieux ce qu’elle ressentait pour que les choses soient claires pour Norah. C’était toujours compliqué de réellement comprendre une situation qu’on ne vivait pas, alors la blonde essayait de faire de son mieux pour que son amie ait toutes les cartes en main "Qu'est-ce qui t'a fait tomber sous le charme ?". Elle soupira légèrement, haussant ses épaules en même temps. Tellement de choses l’avaient fait tomber sous le charme d’Isaac : son petit sourire en coin quand il la taquinait, ses petites attentions qu’il avait pour être sûr qu’elle allait bien, son air compétitif quand ils s’affrontaient en concours de pâtisseries… Elle ne pouvait pas citer toutes ces choses à son amie, elles seraient encore là demain sinon « C’est tellement de choses tu sais ? Sa façon d’être, que ce soit avec moi ou avec les patients ! Son physique qui est, bien évidemment, très avantageux ! ». Elle rit légèrement. Bien évidemment que son physique avait joué dans l’équation, mais c’était loin d’être le facteur le plus important "Je veux dire, c'est une relation qui dure depuis treize ans. Ça a commencé par le plus simple, vous étiez collègues, puis de bons amis, avec une très bonne entente. La plupart du temps, on aurait pu croire que ça en reste là que ça se poursuive ainsi.". La blonde hocha la tête. Effectivement ça aurait été plus simple pour tout le monde si ça en été resté là, et le problème ne serait pas présent « C’est clair, et crois moi, j’aurai préféré ne pas tomber amoureuse, d’autant plus que quand ça a commencé, il était casé ! ». Elle soupira, pensant qu’aujourd’hui encore, il était de nouveau casé, et que ce n’était toujours pas avec elle "Je comprends que tu ne veuilles pas que la nouvelle fasse le tour de l'hôpital. C'est le genre d'info qui se propage très vite au boulot.". Elle répondit à son sourire, la laissant poursuivre "Surtout aux urgences, certaines sont de vraies commères là-bas, c'est hallucinant.". Elle souleva les sourcils et approuva son propos « Effectivement, j’ai l’impression que toutes les commères de l’hôpital sont réunies dans ce service ! Donc une info balancée à l’une d’elles, ça peut vite déraper ! ». Elle sourit, heureusement Isaac n’était pas comme ça. Elle n’aurait jamais été attirée par quelqu’un qui s’amusait à répéter toutes les rumeurs qui lui arrivaient à l’oreille, et pour qui le passe-temps principal était de faire tourner les moindres secrets "Et il a déjà quelqu'un dans sa vie, ce Isaac ?". L’infirmière soupira, détournant son regard de celui de la brune et reportant son attention sur une brindille qui volait au ras du sol « Malheureusement oui, depuis quelques mois quand même, et le pompon c’est que je connais plutôt bien la fille en question… ». Et qui plus est, elle appréciait Ginny. Ça aurait sans doute été plus facile de la détester, mais cette femme était tout sauf détestable, ce qui rendait la situation d’autant plus compliquée "Et vous vous croisez souvent au boulot ?". Elle se retourna vers son amie, se préparant à lui répondre « Ça arrive, mais il y a quelques années il faisait pas mal de remplacements et il était souvent en pédiatrie ! Maintenant on se voit quand il y a des transferts de patients, sur les pauses ou en dehors du boulot. ». Elle sourit, se remémorant l’époque où il lui arrivait régulièrement de venir travailler en pédiatrie "Je pose pas toutes ces questions pour te mettre à l'aise." lui assura-t-elle. "C'est juste que j'essaie de comprendre au mieux ta situation et les raisons pour lesquelles tu te sentes si mal.". Elle hocha la tête lentement, elle comprenait totalement que Norah s’interroge et elle ne lui en tenait pas du tout rigueur. Ca faisait du bien de se sentir écoutée, et elle n’irait pas reprocher à Norah sa curiosité « Oh t’en fais pas, c’est gentil de prendre du temps pour moi. ». Elle lui adressa un sourire rempli de sincérité, réellement touchée par l’effort de la jeune femme "Et qu'est-ce qui t'a fait réaliser que tu étais en train de tomber amoureuse de lui ?". La blonde réfléchit un instant à sa question. Qu’est ce qui lui avait fait réaliser ses sentiments ? Ca commençait à remonter mine de rien, et elle avait du mal à se souvenir de l’élément déclencheur « Excellente question tiens… Je crois que c’est quand il a commencé à ne plus trop venir en pédiatrie, j’ai réalisé qu’il me manquait, mais pas un manque amical tu vois ? ». Elle pense que c’était réellement ce moment qui avait fait un déclic chez elle, quand elle avait compris que ses sentiments avaient dépassé la simple amitié "Vu dans l'état dans lequel tu es, je suppose qu'il ne s'agit pas d'un simple crush passager." Effectivement on était bien loin du simple coup de cœur, on était même loin de son histoire d’amour qu’elle avait eu au lycée "Raconte-moi tout, Justine.". Elle releva le regard vers elle, cherchant quoi ajouter à toutes ces informations, elle balaya du bout de ses doigts ses genoux et reporta son regard sur le sentier face à elle « Sa copine a un enfant, il est tombé malade et je m’en suis occupé pendant des années, donc je la connais très bien, on avait une relation vraiment particulière… Je l’ai revue hier, je l’avais pas vue depuis bien longtemps et elle est tout sauf détestable… ». Elle est même proche de la perfection à ses yeux, et elle ne peut s’empêcher de se sentir bien inférieure à elle, ce qui serait la raison du fait qu’elle ne soit pas la femme aux côtés d’Isaac "Qu'est-ce qui te met vraiment dans un état pareil ? Il s'est passé quelque chose de particulier avec lui ?". La blonde secoua lentement la tête, tout allait très bien avec lui, presque trop bien au final. S’ils avaient eu une embrouille quelconque, au moins elle n’aurait pas autant de questions dans son esprit « Non avec lui ça va très bien, je pense même qu’on va partir quelques jours en dehors de Brisbane ensemble…. ». Elle reporta son attention sur la brune pour observer sa réaction. Etait-ce une bonne idée de partir hors de la vie avec l’homme qu’elle aimait alors que celui-ci était casé ? Elle n’en avait aucune idée, mais elle avait l’envie folle de le suivre peu importe où il choisirait d’aller « C’est le fait d’avoir croisé sa copine qui a fait remonter le fait que, oui, elle existe et oui c’est elle qui partage sa vie, et non moi. ». Elle s’était un peu voilé la face le reste du temps, oubliant un peu la présence du facteur « petite amie » dans l’équation, mais elle était bel et bien réelle et il ne fallait pas l’oublier.
Entendre la belle blonde énumérer toutes les qualités de l'homme pour qui son coeur balançait faisait ressentir à Norah une nostalgie qui lui faisait bien plus de mal que de bien. Elle avait connu son feu mari bien plus jeune car ils vivaient dans le même voisinage. Mais Norah était plus petite et Frank tout de même plus âgé qu'elle. Ce n'était que durant leurs retrouvailles, alors qu'elle commençait l'université et qu'elle avait recroisé hasardeusement son chemin. Et là, un véritable coup de foudre. Elle fréquentait pourtant déjà quelqu'un d'autre à cette période, Jasper, une personne qu'elle continuait d'apprécier énormément bien qu'ils se soient totalement perdus de vue pendant plusieurs années. Leurs retrouvailles, encore toute fraîches, lui avaient mis du baume au coeur. On ne pouvait pas dire que c'était étrange, mais cette belle surprise lui avait fait du bien, et c'était ce dont elle avait besoin dernièrement. Le sourire que Justine esquissait en décrivant Isaac, son amie le connaissait. Elle savait qu'elle avait eu le même quand elle avait eu le béguin pour Jasper à l'époque, et quand elle avait retrouvé Frank, c'était pareil. Même mariés, elle le trouvait toujours aussi beau, il la faisait toujours craquer. Justine semblait être véritablement attachée à l'infirmier, et bien plus que par leur amitié de plusieurs années. Seulement, il y avait un mais qu'elle ne tardait pas à verbaliser et qui expliquait la complexité de la situation. La brune se pinçait légèrement les lèvres, réalisant sans mal que sa collègue fonçait droit dans le mur avec ses sentiments, apparemment bien difficiles à contrôler. Elle continuait d'ailleurs à la questionner à ce sujet et bien que rien ne semblait faciliter la tâche quand Justine donnait de nouvelles précisions. "Tu dis que tu connais bien sa petite amie...C'est une amie à toi, cette nana ?" lui demanda-t-elle alors, cherchant à savoir à quoi pouvait correspondre une fille qu'elle connaissait dans le langage de la blonde. Norah s'inquiétait pour elle. La situation semblait être étriquée et il était certain que rien de bon n'allait en sortir. "Leur couple se porte bien ?" Ce n'était jamais facile, de tomber amoureux d'une personne déjà prise. Ca avait été le cas pour Frank à l'époque et il ne s'était pas vraiment senti très serein à l'idée de piquer la petite copine d'un autre, qui avait aussi tous ses atouts pour plaire et devenir, à terme, un mari idéal. Norah avait eu beau lui assurer que leur séparation avait été un consensus des plus justes en limitant au possible la casse. Jasper ne voulait pas faire de vagues et Norah ne voulait pas le blesser davantage. C'était plutôt en bons terme, en somme, bien que les suites n'avaient pas été faciles non plus. La gentillesse et la bonté dont Jasper avait fait preuve ce jour-là, Norah ne l'oublierait certainement jamais. Isaac et Justine se voyaient encore de temps en temps, même si c'était un petit peu moins qu'au début de leur amitié. Mais cela était largement suffisant pour entretenir leur relation, et les sentiments naissants de Justine. Evidemment, le sentiment de manque était la première chose qui lui avait fait réaliser qu'elle ressentait peut-être un peu plus que de l'amitié envers l'infirmier. De loin, et de ce que Norah en savait pour le moment, cela avait tout l'air d'être de l'amour à sens unique. A moins qu'elle ne manquait encore d'informations qui annonçait tout un revirement de situations. "Je vois ce que tu veux dire, oui." lui répondit-elle quand Justine lui expliquat le manque ressenti quand Isaac ne venait plus trop la voir. Enfin, l'infirmière en pédiatrie en disait davantage sur la petite amie de l'infirmier. Norah fronçait peu à peu les sourcils. Tout ceci lui avait l'air bien compliqué et ça n'allait pas en s'améliorant. Justine avait toujours apprécié la franchise de son amie et Norah n'allait pas se gêner pour rester fidèle à elle-même. "Tu joues à un jeu dangereux là, Justine." lui répondit-elle, n'approuvant pas trop ses intentions. "Après tu prends mes conseils comme tu le veux, tu en fais ce que tu veux. Mais je pense très sincèrement qu'au final, tu finiras par être blessée." C'était une certitude. "Je mettrai ma main à couper qu'au fond de toi, tu as des attentes par rapport à votre... séjour ensemble." Norah ne cherchait qu'à l'aider, elle ne voulait pas la voir souffrir après s'être laissée transporter par des sentiments qui étaient bien trop souvent incontrôlables."Qu'est-ce que tu attends de ce voyage ?" lui demanda-t-elle en la fixant du regard en tentant de décrypter ses véritables intentions. "Je vais pas te juger, ni te faire la morale." dit-elle. Ca n'avait jamais été son genre, d'ailleurs. "Je m'inquiète juste pour toi, surtout." ajouta-t-elle dans un souffle avec un sourire conciliant. "Et est-ce que sa copine le sait, que vous allez voyager tous les deux ensemble ?" Même si leur chemin s'était croisé, cela ne semblait pas freiner la blonde dans son envie de passer encore et toujours plus de temps avec Isaac. Norah croisait ses jambes afin d'adopter une position plus confortable. "Je vois bien que tu as réalisé la complexité de la situation, mais je pense que quelque part, tu espère quand même qu'il se passe quelque chose entre lui et toi. Je me trompe ?" lui demanda-t-elle. Une ambivalence qui ne la surprenait pas au fond, elle comprenait le dilemme qui s'exposait devant son amie et l'incapacité qu'elle avait à se détacher d'une personne qu'elle appréciait véritablement. "J'ai pas de précieux conseils à te donner..." dit-elle d'un air sincèrement désolé. A vrai dire, Norah avait l'impression qu'elle ne pouvait être que d'une bonne écoute, ce qu'elle avait toujours été, et c'était pour cela qu'elle posait régulièrement des questions. Peut-être qu'y répondre aidait Justine à réfléchir sur l'ensemble de la situation et d'en tirer des conclusions qui pourraient lui convenir. Elle avait tout pour elle, si elle le voulait, elle ferait chavirer le coeur de plus d'un homme, mais elle avait jeté son dévolu sur quelqu'un de déjà pris. Ce sont des choses qui arrivent. Mais que ça tombe sur Justine, Norah trouvait ça injuste. "Juste, quoi que tu décides de faire, fais attention à toi."
j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahTout déballer à Norah était un soulagement énorme pour la blonde. Elle ouvrait enfin les vannes, laissant sortir tous ses sentiments enfouis depuis longtemps et en prime elle obtenait l’éventuel soutien d’une amie chère à son cœur. Elle n’était pas dupe, loin de là, elle savait bien que tout cet amour ne la mènerait à rien, si ce n’est de la peine et des complications. Malheureusement, il ne suffisait pas d’être réaliste sur la situation pour que les sentiments prennent la fuite, et elle était toujours bloqué sur cet homme, malgré ses nombreux efforts "Tu dis que tu connais bien sa petite amie...C'est une amie à toi, cette nana ?". Justine hocha la tête en réponse à la question. Qualifier Ginny d’amie était juste, et qui plus est une amie de longue date. La blonde avait presque fait partie de leur petite famille pendant quelques années, et un lien spécial s’était tissé. Il ne s’agissait pas d’une simple copine ou d’une collègue de travail, c’était bien plus profond que ça « Oui plus ou moins. Son fils a été hospitalisé en pédiatrie y’a des années, et on a développé un lien super fort tous les trois. ». Elle tourna son regard vers la brune, observant ses réactions, anticipant la moindre question qu’elle pourrait se poser sur cette relation « Ça a dépassé la simple relation patient-soignant. ». C’était le cas de le dire, et aujourd’hui Noah n’était même plus l’un des patients de Justine, donc si leur relation reprenait, c’était uniquement grâce à l’affection qu’ils avaient développé "Leur couple se porte bien ?". L’infirmière pédiatrique haussa les épaules en pinçant ses lèvres. Elle n’avait pas vraiment abordé le sujet avec Isy ou Ginny, ne voulant pas forcément entendre leur histoire d’amour, même si ça aurait pu lui faire un électrochoc « Aucune idée je t’avoue, je suppose. ». Etant donné le passif en termes de relation d’Isaac, Justine avait peur d’aborder des sujets sensibles et de remuer le couteau dans la plaie de quelque manière que ce soit. Elle préférait aborder toute autre sorte de sujets "Je vois ce que tu veux dire, oui.". La blonde lui adressa un regard plein de sympathie, elle savait très bien que Norah avait ressenti tous ses sentiments pour son mari, et que c’était peut-être compliqué pour elle d’évoquer les sentiments amoureux « Je suis désolée si ça fait ressortir des choses chez toi… ». Elle ne voulait surtout pas attrister Norah et la mettre dans une situation difficile, et si elle préférait arrêter la discussion ici, elle comprendrait totalement. Elle avait déjà été si gentille de venir jusqu’ici pour écouter les désastres amoureux de la blonde "Tu joues à un jeu dangereux là, Justine.". Elle se mordit la lèvre. Elle avait totalement raison pour le coup, mais Justine ne savait plus où poser les limites, ou du moins comment les poser sans provoquer des doutes chez le brun, sans qu’il n’ait aucun indice de ses sentiments à son égard "Après tu prends mes conseils comme tu le veux, tu en fais ce que tu veux. Mais je pense très sincèrement qu'au final, tu finiras par être blessée.". La blonde hocha la tête lentement, écoutant chacun des mots que prononçait Norah, enregistrant ses paroles et la vérité qui en découlait "Je mettrai ma main à couper qu'au fond de toi, tu as des attentes par rapport à votre... séjour ensemble.". Justine pinça sa lèvre, réfléchit un peu. Elle avait surtout accepté ce voyage car Isaac avait évoqué une envie de s’évader de Brisbane, mais il est vrai qu’au fond elle avait envie de voir comment les choses se passeraient s’ils se retrouvaient seuls « En fait le souci, c’est que j’arrive pas à trouver comment refuser les choses sans que ça fasse suspect tu vois ? ». Elle se tourna vers Norah, croisant ses jambes en même temps « Lui il a proposé ça de manière totalement innocente, et si je refuse j’ai peur qu’il se doute de quelque chose… ». Elle soupira légèrement et regarda un petit garçon qui courait dans l’allée « Mais au final, est ce que ce serait pas mieux qu’il sache tout ça ? ». Après tout, s’il était au courant au moins les choses seraient claires, tout serait posé sur la table, et elle n’aurait plus à faire semblant "Qu'est-ce que tu attends de ce voyage ?". Elle tourna de nouveau son regard vers la brune, réfléchissant à la réponse la plus honnête "Je vais pas te juger, ni te faire la morale." Elle reprit "Je m'inquiète juste pour toi, surtout.". La blonde hocha la tête doucement, consciente que son amie ne lui voulait que du bien et ne doutant pas une seconde de ses bonnes intentions « Je voulais voir ce que ce serait d’être seule avec lui, en dehors du boulot en tout cas. ». Elle sourit doucement « Et il a vraiment besoin de décompresser de l’hôpital et tout, je voulais aussi l’aider à lâcher prise. ». Mais est-ce réellement son rôle ? Après tout, elle était aussi son amie, et s’il avait besoin d’elle, elle sentait qu’elle ne pouvait pas le laisser tomber comme ça, sans lui donner de raison réelle "Et est-ce que sa copine le sait, que vous allez voyager tous les deux ensemble ?". La blonde hocha la tête rapidement. Ils vivaient ensemble, elle devait bien être informée de son projet d’évasion non ? « Je pense que oui ! Ils vivent ensemble alors à mon avis il a dû lui en parler, je ne le vois pas cacher une chose comme ça. ». D’autant plus que dans sa tête c’était totalement innocent et il ne pensait pas du tout à mal en organisant cette petite escapade "Je vois bien que tu as réalisé la complexité de la situation, mais je pense que quelque part, tu espère quand même qu'il se passe quelque chose entre lui et toi. Je me trompe ?". La blonde haussa les épaules, secouant sa tête en même temps. Au fond sa raison lui disait non, elle ne voulait pas qu’Isaac trahisse Ginny, et elle-même ne pouvait pas faire une telle chose à son amie. Mais son cœur était un peu plus rebelle, et s’emballait à imaginer les scénarios les plus farfelus « Oui et non. Je me sentirais super mal de faire quelque chose avec un mec en couple, ça me ressemble pas… Mais voilà j’arrive pas à lutter contre cette attraction. ». Lâchant un soupir elle s’enfonça dans le banc, appuyant son dos sur le dossier "J'ai pas de précieux conseils à te donner...". Justine se tourna vers elle, accrochant son regard et saisissant toute sa compassion « Non c’est compliqué je sais bien… ». Elle détestait et adorait ce qu’elle ressentait. C’était tellement contradictoire dans son cœur, elle aimait ressentir ses sentiments car elle se sentait en vie, mais d’un côté l’amour à sens unique la rendait malade "Juste, quoi que tu décides de faire, fais attention à toi.". Elle hocha doucement la tête, écoutant sagement les conseils de Norah « Il faut vraiment que je lui dise tout… Ça peut plus durer… ».
Dépasser la simple relation soignant-soigné. Aux yeux de Norah, ces relations n'avaient rien de facile. Il fallait trouver ce juste milieu entre la sympathie sans que ça ne devienne trop personnel, et la distance professionnelle sans ne sembler être un véritable robot sans coeur aux yeux des patients. Une gymnastique de l'esprit qu'il fallait tout de même prendre en compte. Sinon on renonçait à être soignant parce qu'on se sentait trop impliqué personnellement, sinon on devenait l'une de ces infirmières avec plus de trente ans de carrière, aigrie et amère au possible, lassée de chaque sonnette de patients. Mais alors, quand ce fameux lien dépassait le cadre professionnel, Norah ne savait pas sur quel pied danser. Alors oui, elle pouvait comprendre le lien qui unissait Justine, la mère et l'enfant en question. L'une de ses amitiés les plus précieuses était partie de là, d'une chambre d'hôpital où était enfermé Alfie pendant des semaines pour se poursuivre avec de longues séances de footing en ville ou en plein nature. Pour discuter, se changer les idées, rien de bien sorcier. "C'est rien." répondit la brune avec un vague sourire. "Je vais pas empêcher les autres de parler de leurs amours alors que j'ai rien à dire à ce sujet de mon côté." Ce qui était doublement vrai car Norah ne se voyait pas étaler l'affection qu'elle ressentait encore profondément pour Frank et que depuis sa perte, sa vie amoureuse était littéralement un vide intergalactique dont elle ne se préoccupait même pas de combler. Elle ne se voyait tout simplement pas partager sa vie avec quelqu'un d'autre. Son quotidien étant déjà bien assez chargé, c'était bien le cadet de ses soucis de prendre soin d'elle et de se projeter dans son futur. Justine se trouvait sur une pente particulièrement glissante en tombant sous le charme d'un homme au coeur apparemment bien pris. "Je voix ce que tu veux dire." Toujours difficile de dire non, pas vrai ? "Mais tu penses pas qu'à l'inverse, le fait que tu te plies en quatre pour lui faire plaisir par rapport à cette idée de voyage soit bien plus suspect que de lui refuser ?" Norah n'était ni sainte, si la science infuse et ne prétendrait jamais tout savoir sur tout. Elle préférait largement laisser ses amis mener leurs propres réflexions, guidées par des questions qu'elle évoquait pour les pousser à voir la situation d'un autre point de vue. Justine venait à se demander si ce n'était pas mieux de mettre cartes sur table afin que tout le monde soit sur la même longueur d'ondes. "Je dirai pas qu'il y a une solution meilleure qu'une autre. Le risque, c'est que votre amitié en prenne un coup. C'est toujours délicat de faire comme avant alors qu'au final, ça ne sera plus jamais comme avant." Norah esquissait un sourire navré. "A toi de voir si tu penses que ça va te passer ou pas. Ou s'il y a moyen que ça se fasse ou pas." Elle haussait les épaules. A ce stade, tout était possible. "Mais s'il y a quelque chose qui te semble possible, attends toi à ce qu'on te considère comme une briseuse de couples. Tu sais comment les rumeurs circulent et gonflent à l'hôpital." Norah en faisait un petit peu les frais aussi de temps en temps, comme le fait que certains soignants des urgences étaient persuadés qu'il se passait quelque chose entre Alfie et elle en ayant pour seul argument de voir le brun débarquer régulièrement aux urgences (oui, il ne leur en fallait vraiment pas beaucoup). La blonde faisait ensuite sa propre réflexion sur la situation et finit par en conclure qu'il vaudrait peut-être mieux en parler à l'infirmier avant que ça ne s'envenime pour une raison ou pour une autre. "C'est toi qui vois." A sa place, Norah ne saurait pas dans quel était elle serait, ni comment elle gèrerait la situation. Mais il était certain qu'elle ne ferait pas traîner les choses quand elle était sûre d'elle. Une des personnes à en avoir payer les frais étaient Jasper, avec qui Norah était sorti avec pendant quelques mois avant de recroiser le chemin de Frank. Elle savait de suite ce qu'il y avait à faire. Ce n'était pas plaisant, elle n'était pas confortable et elle avait culpabilisé pour Jasper. Aussi pragmatique que ça pouvait être, c'était un mal pour un bien. Comme une épine dans le pied. "Je suis totalement pour jouer la carte de la franchise hein, tout comme je peux comprendre qu'on veuille continuer de faire comme si de rien n'était. Je jongle entre les deux aussi, dernièrement." Norah occultait totalement son veuvage, elle s'effaçait le l'addition de sa propre vie et de son bien-être. Un équilibre des plus douteux mais qui fonctionnait depuis trois ans. "Après tout dépend de la manière dont tu lui avoues tout, selon comment c'est amené, peut-être que ça passera mieux que si c'était avec d'autres mots, dans d'autres circonstances." dit-elle calmement, après avoir passé quelques secondes dans ses pensées. "Est-ce que tu te sens prête à voir sa réaction, ce qu'il pourrait te dire ?" lui demanda-t-elle finalement avec les lèvres pincées. L'infirmier pourrait très bien s'emporter, peut-être fuir, ou discuter posément avec elle. Elle ne le connaissait pas assez pour anticiper la manière dont il allait recevoir les aveux de Justine. Mais si lui était déjà amoureux d'une autre, il pourrait finir par être déçu de son amitié avec la blonde.... Norah ne savait pas. Elle n'était pas devin. Mais elle savait qu'il y avait de très fortes chances que son amie en souffre plus qu'autre chose.
j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahLa situation était extrêmement délicate et Justine y était enfermée depuis de longues années maintenant. Elle ne savait pas quoi faire pour s’en sortir, et surtout pour faire le moins de dégâts possibles au passage. Elle n’avait pas envie de perdre la précieuse amitié d’Isy, tout comme elle n’avait pas envie de blesser Ginny et de risquer de perdre la relation spéciale qu’elle avait avec elle et son fils. Cependant la petite voix de sa raison la poussait à faire quelque chose, à arrêter ce cercle vicieux, et ce peu importe le moyen choisi. Elle ne pouvait plus continuer à entretenir ces sentiments secrets qui prenaient parfois le dessus sur son amitié, elle ne pouvait plus continuer à s’empêcher de vivre une histoire avec un autre homme à cause de ça. Elle avait envie d’essayer d’avoir un avis nouveau sur cette situation, et peut-être que Norah aurait des réponses à ses questions. Bien-sûr c’était à elle de prendre la décision finale, mais elle pouvait lui donner des idées, lui indiquer des pistes afin qu’elle se sorte de cette histoire avec le moins de blessures possibles. Elle tenait quand même à s’excuser si jamais c’était difficile pour Norah d’aborder de tels sujets. Elle était veuve depuis plusieurs années, mais Justine préférait quand même prendre ses précautions et éviter de la blesser involontairement "C'est rien." répondit la brune avec un vague sourire. "Je vais pas empêcher les autres de parler de leurs amours alors que j'ai rien à dire à ce sujet de mon côté.". La blonde hocha doucement la tête, adressant un sourire compatissant à la brune et ne cherchant pas à répondre à tout prix quelque chose. Elle ne voulait pas insister, si Norah se sentait à l’aise avec le fait de discuter de la vie sentimentale de Justine, alors c’était une bonne chose. Elles abordèrent le sujet du voyage hors de Brisbane "Je voix ce que tu veux dire." La blonde accrocha le regard de la brune, attendit la fin de sa réflexion qui lui semblait en suspens "Mais tu penses pas qu'à l'inverse, le fait que tu te plies en quatre pour lui faire plaisir par rapport à cette idée de voyage soit bien plus suspect que de lui refuser ?". Elle pinça ses lèvres, réfléchit quelques secondes à sa question « Je n’avais pas vu les choses sous cet angle-là, tu as raison… ». Elle soupira lentement, passant ses doigts dans ses cheveux « Pourquoi c’est si compliqué les sentiments humains ? ». Parfois, il lui arrivait d’envier la vie de son chat quand elle le voyait seulement se soucier de sa gamelle et du lieu de sa prochaine sieste "Je dirai pas qu'il y a une solution meilleure qu'une autre. Le risque, c'est que votre amitié en prenne un coup. C'est toujours délicat de faire comme avant alors qu'au final, ça ne sera plus jamais comme avant.". Elle hocha la tête, confirmant que leur amitié risquait d’en pâtir, mais dans l’histoire il y aurait forcément des dégâts, le tout étant de choisir qui serait affecté « C’est sûr, mais dans tous les cas je pense que quelqu’un souffrira dans cette histoire, je pourrais pas épargner tout le monde malheureusement… ». Même avec toute sa bonne volonté, elle ne pouvait pas empêcher leur amitié de changer, ou Ginny d’éprouver de la rancœur à son égard. Mais ne fallait-il pas passer par là pour avancer ? "A toi de voir si tu penses que ça va te passer ou pas. Ou s'il y a moyen que ça se fasse ou pas.". Justine secoua la tête, pour les deux cas de figure. Elle était quasiment sûre que ça ne lui passerait pas si elle continuait comme elle l’avait fait jusque-là et la probabilité pour que quelque chose arrive entre eux était extrêmement mince "Mais s'il y a quelque chose qui te semble possible, attends toi à ce qu'on te considère comme une briseuse de couples. Tu sais comment les rumeurs circulent et gonflent à l'hôpital.". Justine releva les sourcils, pensant qu’effectivement les bruits allaient vite dans un hôpital et elle pourrait rapidement se faire une sale réputation qui la suivrait un bon moment « Je ne pense vraiment pas que ça arrivera, j’ai laissé passer ma chance ! ». Elle l’a connu célibataire et n’a jamais rien tenté, alors maintenant il était logique qu’elle laisse la place à une autre, qui s’était montré plus téméraire qu’elle. Elle évoqua à voix haute l’idée de tout dévoiler à Isaac, histoire d’en finir avec tout ça une bonne fois pour toute "C'est toi qui vois.". Elle était seule maître de la décision finale et au fond c’est ça qui l’effrayait le plus. Elle était seule face à ses sentiments, et elle serait seule quand la bombe aura été lancée "Je suis totalement pour jouer la carte de la franchise hein, tout comme je peux comprendre qu'on veuille continuer de faire comme si de rien n'était. Je jongle entre les deux aussi, dernièrement.". Elle afficha une légère moue, et croisa de nouveau ses jambes, s’enfonçant dans le banc au passage « C’est vrai mais ça fait des années que je fais comme si de rien n’était, est-ce-que je changerai pas de méthode ? ». Après tout elle avait essayé d’ignorer, ça n’avait pas fonctionné, alors pourquoi s’obstiner dans cette voie ? "Après tout dépend de la manière dont tu lui avoues tout, selon comment c'est amené, peut-être que ça passera mieux que si c'était avec d'autres mots, dans d'autres circonstances.". Elle écouta attentivement ce qu’elle disait, notant mentalement chaque information, chaque détail qui était important à prendre en compte « C’est vrai qu’il faut encore réfléchir à la façon d’amener les choses… ». Elle se pinça les lèvres et reporta son attention sur un arbre face à elle, perdue dans ses pensées "Est-ce que tu te sens prête à voir sa réaction, ce qu'il pourrait te dire ?". Elle se retourna vers elle et hocha la tête, elle avait vécu trop longtemps dans le déni, il fallait que ça change « Oui je pense que oui, après à mon avis ça sera compliqué dans tous les cas. ». Une idée lui traversa l’esprit et elle s’empressa de l’exposer à Norah avant de l’oublier « Et si ce voyage était justement le moment de tout dire ? Je veux dire on est sûrs qu’on sera pas interrompus comme on pourrait l’être à Brisbane, et si ça se passe vraiment mal on pourra rentrer ici. ». Elle fronça les sourcils, essayant d’imaginer la scène « Je sais pas, j’essaie de trouver le moment opportun. ».
Norah ignorait avec exactitude depuis combien de temps sa collègue s'était enlisée dans cette situation. Elle y était accrochée comme si sa vie en dépendant, ou comme s'il s'agissait de l'élément central de son existence. Elle ne savait pas comment elle avait réussi à s'y tenir sans avoir cédé en lui avouant tout. La belle blonde s'était simplement contentée de l'amitié que l'infirmier voulait bien lui donner, interprétant peut-être quelques signes initialement amical en quelque chose de peut-être plus tendancieux et significatifs pour elle. Chercher de l'espoir et des signes où il n'y en avait peut-être pas. La brune espérait néanmoins que le jeune homme en question n'abusait pas des sentiments de Justine d'une façon ou d'une autre. Parler des amourettes des autres convenait à Norah, ça ne lui gênait pas. Au contraire, elle était contente de savoir que l'on tombait amoureux dans son entourage, bien qu'elle n'envisageait pas encore ressentir ce sentiment si fort de si tôt. Elle ne pensait tout simplement pas cela possible. "Si c'était toujours simple, les couples se formeraient aussi rapidement qu'ils ne se sépareraient." répondait-elle avec un sourire amusé. "Une des psys du service aime souvent dire qu'il n'y a rien de plus complexe que l'esprit humain." Et que c'était ce qui les rendait si fascinant à étudier. Ce n'était pas une partie de plaisir dans les cas comme celui de Justine. "Mais c'est aussi ce qui fait qu'on puisse avoir des papillons dans le ventre, ce genre de sensations agréables. Les moins agréables aussi, d'ailleurs." Tristesse, anxiété, panique. Il y avait à boire et à manger et pourtant le conscient et le subconscient parvenait à gérer ce cocktail explosif, parfois au bout de céder. Consciente des répercussions qui allaient advenir le jour où elle avouerait ses sentiments au grand jour, Justine se faisait un petit peu fataliste. "Je pense que selon la façon dont ça va se passer, quoi que tu décides de faires, il y a au moins moyen de limiter les dégâts. Je dis pas que ça sera simple de trouver la bonne façon de faire. Mais je pense que ça reste possible." Elle haussait les épaules. Norah ne prétendait pas avoir de solutions miracles. Elle estimait manquer de beaucoup d'informations pour se la jouer stratège, et surtout, ce n'était pas vraiment ses affairers. Elle était à l'écoute, présente, et permettait à Justine de déballer son sac afin d'y voir peut-être plus clair d'ici la fin de la journée. Mais elle ne pouvait pas faire les choses à sa place. Justine mettait en doute l'intérêt de changer de méthode vis-à-vis de l'infirmier. "Si tu as eu besoin de parler de ça aujourd'hui, et pas avant, c'est que t'es à bout, que tu peux plus garder ça pour toi plus longtemps. Si tu voulais continuer comme ça, je pense qu'il le verrait sans que tu ne le veuilles vraiment. T'es pas un robot, Justine. Surtout que même si je doute pas que tu sois heureuse pour lui qu'il soit maqué, mais ça doit énormément de te blesser quand même. Je pense qu'au fond, t'auras bien voulu être à la place de sa petite copine actuelle." Même si elle était la plus bienveillante envers eux, même si elle ne comptait pas briser le couple pour se l'approprier, Norah était persuadée qu'au fond de son imagination, elle rêvait de cette idylle là. Sinon elle ne placerait pas autant d'esspoir et d'enthousiasme qu'elle envisageait de faire avec lui. "Tu sais que je pense que cette idée de voyage avec lui n'est pas une bonne idée. Vouloir en parler pendant ce supposé voyage, encore moins." lui répondit-elle. Norah ne lésinait pas, mais ça ne servait à rien de mettre de la pommade alors que Justine avait pleinement conscience que ça allait être difficile. "Ou sinon, soit tu lui en parles avant, tu te laisses un temps pour que ça passe, parce que tu vas en avoir besoin, de temps. Pour digérer, pour accepter. Et peut-être que après ça, vous maintenez le voyage. Tu peux le lui dire. Tu tenais à lui partager tes sentiments, mais que ce voyage avec lui est important pour toi et que ce serait peut-être le meilleur moment pour mettre en avant votre amitié plutôt qu'autre chose." Norah haussait les épaules. L'ambiance risquait d'être bizarre et peut-être que l'infirmier n'allait pas forcément approuver cette démarche. C'était quitte ou double. "Soit il se montre compréhensif et considère suffisamment votre amitié pour accepter, soit il ferait mieux d'y réfléchir à deux fois avant de prendre les distances avec toi. "Tu peux lui en parler comme on est en train de parler maintenant. Personne est venu nous embêter. Dis lui simplement que tu as besoin de parler juste avec lui, que c'est important. Dans un cadre neutre comme ici, ou autour d'un verre. Dans un endroit où toi tu te sens à l'aise surtout." Elle sera suffisamment stressée et angoissée en songeant aux répercussions de cette révélation pour ajouter des conditions environnementales inadaptées. "Ca me peine, de te voir si bouleversée, tu sais. Va pas croire que je dis pour ça par gaieté de coeur, ni par malveillance. C'était peut-être très factuel, et peut-être que tu me trouves dure, mais je veux pas te présenter une réalité aux bords arrondis pour que la pilule passe mieux et que finalement, tu tombes des nues si tout se passe au plus mal." dit-elle en posant une main sur son épaule. Justine pouvait compter sur la franchise de Norah, et ce depuis qu'elle avaient partagé ensemble les bancs de l'université ou quand elles faisaient des travaux de groupe ensemble. "Il y a quelqu'un qui saura t'aimer autant que tu puisses l'aimer lui." Elle devait arrêter de courir après quelqu'un qui ne pouvait vraisemblablement pas lui rendre les mêmes sentiments, tout comme Norah devait arrêter de trrp s'accrocher aux souvenirs de Frank et de se contenter de cela. Il lui manquait énormément, le souvenir de son visage, de sa voix et de sa tendresse était à ses yeux un trésor inestimable mais qui ne comblerait plus jamais un coeur qui sonnait bien creux. "Et quand tu trouveras cette personne là profites-en à fond, savoure chaque instant. Comme tu devras profiter de chaque moment partager avec ce mystérieux jeune homme." Norah esquissait un sourire compatissant. Que pouvait-elle lui dire de plus ?
j'm'en fous, j'ai pas besoin de toi ◊ Justine et NorahJustine en avait plus ou moins conscience : l’amour qu’elle portait pour Isaac était complètement idéalisé. Elle l’avait rencontré en 2006 et il n’avait fallu que quelques mois à la blonde pour développer des sentiments à son égard. Bien-sûr, elle avait réellement ressenti de l’amour pour lui, c’était indéniable, et elle ressent encore beaucoup de choses pour lui. Le côté interdit de cette passion, les scénarios inimaginables qu’elle s’était passé et repassé dans sa tête, toutes ces choses faisaient qu’aujourd’hui encore, son attachement était toujours présent. Elle n’avait jamais développé de sentiments amoureux pour une autre personne depuis lui, bien qu’elle ait été attirée par des hommes, ce n’était rien comparé à ce qu’elle ressentait pour lui et elle n’avait pas eu l’occasion de l’effacer de son esprit. Elle n’avait pas eu l’occasion, ou alors elle n’avait pas voulu créer l’occasion, elle ne savait pas trop mais en tout cas il était temps de se sortir de cette situation compliquée. Elle avait envie, et surtout elle avait besoin, d’avancer, de découvrir autre chose, d’alléger un peu son cœur "Si c'était toujours simple, les couples se formeraient aussi rapidement qu'ils ne se sépareraient.". Elle ne put que répondre à son sourire, approuvant effectivement son propos "Une des psys du service aime souvent dire qu'il n'y a rien de plus complexe que l'esprit humain.". Elle releva son regard vers son amie « Oui ça ne me surprend pas, on a tellement de pensées qui se bousculent, dans n’importe quelle situation. ». Et pas uniquement dans les peines de cœur, dans n’importe quel moment de la vie l’être humain se remettait constamment en question, prévoyant les choses, les anticipant, essayant de contrôler des situations impossibles. C’était à la fois beau et effrayant, effrayant de se dire que notre cerveau pouvait contenir autant de choses, et tout ça en une fraction de seconde "Mais c'est aussi ce qui fait qu'on puisse avoir des papillons dans le ventre, ce genre de sensations agréables. Les moins agréables aussi, d'ailleurs.". L’infirmière en pédiatrie hocha lentement la tête. La beauté de l’être humain se caractérisait aussi dans toutes les sensations, les émotions et les sentiments que l’on pouvait ressentir. La palette était incroyablement grande et variée, et c’était en soit une chance d’avoir ces capacités à disposition « Tu as raison, nous devrions parfois être plus reconnaissants de pouvoir ressentir autant de choses. ». On se plaint souvent, même constamment, mais pourtant toutes ces choses font notre personnalité et notre caractère. On se construit sur la base de ce qu’on a vécu, de ce qu’on a pu traverser et ressentir "Je pense que selon la façon dont ça va se passer, quoi que tu décides de faires, il y a au moins moyen de limiter les dégâts. Je dis pas que ça sera simple de trouver la bonne façon de faire. Mais je pense que ça reste possible.". Elle pinça légèrement les lèvres, appréhendant déjà le moment où elle devra mettre cartes sur table et se livrer entièrement. Il n’est jamais facile d’avouer des sentiments, d’autant plus quand la situation est figée depuis 14 ans « Oui on verra bien sur le moment, comment les choses se présenteront… Je vais essayer de pas trop y penser sinon je vais me dégonfler. ». Et ce n’était vraiment pas le moment. Elle devait aller au fond des choses, pour elle, pour pouvoir tourner cette page, passer à un autre chapitre et enfin avancer "Si tu as eu besoin de parler de ça aujourd'hui, et pas avant, c'est que t'es à bout, que tu peux plus garder ça pour toi plus longtemps. Si tu voulais continuer comme ça, je pense qu'il le verrait sans que tu ne le veuilles vraiment. T'es pas un robot, Justine. Surtout que même si je doute pas que tu sois heureuse pour lui qu'il soit maqué, mais ça doit énormément de te blesser quand même. Je pense qu'au fond, t'auras bien voulu être à la place de sa petite copine actuelle.". Nouveau pincement de lèvres. Bien-sûr qu’elle aurait adoré être à la place de Ginny, mais elle n’avait jamais eu le cran de se déclarer contrairement à elle, et Isaac n’avait jamais montré de signe à son égard non plus alors les choses étaient comme elles étaient pour une bonne raison « Non tu as raison, je peux pas continuer comme ça. ». Passage sous silence de la partie qui concernait son envie d’être à la place de Ginny. Norah n’était pas dupe, elle savait bien qu’elle avait touché dans le mille et la blonde n’avait pas besoin de lui confirmer "Tu sais que je pense que cette idée de voyage avec lui n'est pas une bonne idée. Vouloir en parler pendant ce supposé voyage, encore moins.". Elle l’écouta attentivement, prenant en compte ses remarques, ce qui l’aidera à prendre sa décision par la suite "Ou sinon, soit tu lui en parles avant, tu te laisses un temps pour que ça passe, parce que tu vas en avoir besoin, de temps. Pour digérer, pour accepter. Et peut-être que après ça, vous maintenez le voyage. Tu peux le lui dire. Tu tenais à lui partager tes sentiments, mais que ce voyage avec lui est important pour toi et que ce serait peut-être le meilleur moment pour mettre en avant votre amitié plutôt qu'autre chose.". Elle avait raison et c’était une façon de mettre les choses en place qui paraissait raisonnable et sensée « Oui c’est pas mal comme idée… Faut déjà que je mette un peu d’ordre dans ma tête, après tout ça je mettrais tout en place. ». Pour l’instant elle était encore bouleversée par le trop plein d’émotions qui l’avait frappé en pleine face, et elle avait besoin de reprendre son souffle avant de pouvoir envisager quoi que ce soit "Tu peux lui en parler comme on est en train de parler maintenant. Personne est venu nous embêter. Dis lui simplement que tu as besoin de parler juste avec lui, que c'est important. Dans un cadre neutre comme ici, ou autour d'un verre. Dans un endroit où toi tu te sens à l'aise surtout.". Oui il était clair qu’il fallait éviter ce genre de déclarations à l’hôpital, sinon elle risquait d’associer ces lieux à ce moment et ce n’était pas forcément une bonne chose vu qu’elle serait amenée à les fréquenter encore longtemps « Oui un endroit neutre… ». Elle prenait des notes mentalement, se listant peu à peu les choses que lui avait conseillé Norah et qu’elle avait décidé de prendre en compte pour agir "Ca me peine, de te voir si bouleversée, tu sais. Va pas croire que je dis pour ça par gaieté de coeur, ni par malveillance. C'était peut-être très factuel, et peut-être que tu me trouves dure, mais je veux pas te présenter une réalité aux bords arrondis pour que la pilule passe mieux et que finalement, tu tombes des nues si tout se passe au plus mal.". Elle lui adressa un sourire plein d’empathie, elle se doutait bien que son amie n’essayait pas de la descendre plus bas que terre, ce n’était pas son genre et la blonde ne l’avait pas du tout pris de cette façon-là « Oh non Norah ne t’en fais pas, je te trouve tout à fait juste et tu m’aides beaucoup. Je te remercie d’ailleurs. ». Nouveau sourire sincère, elle se sent plus légère qu’à son arrivée au parc et elle sent que lâcher tout ça a été extrêmement bénéfique pour elle "Il y a quelqu'un qui saura t'aimer autant que tu puisses l'aimer lui.". Elle lui sourit de nouveau, posant une main sur la sienne et soutenant son regard « Toi aussi tu sais hein ? ». Elle était persuadée que la vie amoureuse de son amie et collègue n’était pas terminée. Cela prendrait le temps qu’il faut, mais elle était sûre que quelqu’un la rendrait de nouveau heureuse et amoureuse comme elle avait pu l’être par le passé "Et quand tu trouveras cette personne là profites-en à fond, savoure chaque instant. Comme tu devras profiter de chaque moment partager avec ce mystérieux jeune homme.". Elle sourit et se rapprocha d’elle pour l’étreindre. Geste d’affection assez rare entre les jeunes femmes, mais sincère. Elle se détacha d’elle et l’observa « Encore merci. Pour tout. Et je te tiendrais bien sûr en courant. ». Elle se leva enfin de son banc, étirant ses jambes engourdies au passage « On marche ensemble jusqu’à la sortie ? ».