« Monsieur … ? Votre… Votre assurance a appelé… » Lui annonça sa secrétaire, ce matin, en entrant dans son bureau. Nolan était en train de lire un épais document agrafé et comportant un certain nombre de pages à lire quand il décrocha son regard de sa lecture afin de lancer un regard noir à la nouvelle venue. Certes, elle lui permettait de se sortir d’une lecture ennuyeuse mais quand bien-même, si elle l’interrompait de la sorte pour son assurance… C’est qu’il y avait forcément un problème. Or, la seule chose pour laquelle ce con de courtier l’appelait, c’était bien par rapport à son accident qu’il avait eu la semaine dernière. Il avait, finalement, récupéré un torchon raturé, troué en guise de constat. Nolan n’avait eu d’autre choix que de l’envoyer en l’état en espérant que la procédure puisse s’enclencher facilement. Il fallait que son sinistre puisse se régler rapidement, afin de récupérer son bijou au plus vite : Il avait terriblement hâte. Dire que sa voiture lui manquait était un euphémisme. Il avait bien le Cayenne pour circuler – Dieu merci, pas de bus ou de vélo – mais ce n’était pas pareil. Elle était trop haute, elle avait un moteur puissant mais pas d’aérodynamisme qui plaquait contre le siège au démarrage. Il avait l’impression d’être dans un camion et il n’aimait pas ça. Aussi, il espérait que tout puisse se faire rapidement, Nolan n’ayant jamais été connu comme quelqu’un de patient. Il n’aimait pas le ton d’excuse que prenait, donc, sa secrétaire. Il n’aimait pas savoir que l’assurance avait appelé : il y avait forcément quelque chose. « Oui. Et ? » Lui répondit-il en levant un sourcil, la rendant un peu plus rouge pivoine pendant qu’elle bredouilla : « Elle me dit que le constat est… Illisible… Et… » Elle se tut. « Et ? » Grogna Nolan en sentant déjà la colère surgir en un rien de temps. Toutes ces histoires l’agaçaient profondément, lui faisaient perdre son temps. « Et ils ne peuvent pas prendre en compte les réparations de votre voiture. » Lâcha sa secrétaire en allumant le feu aux poudres, Une véritable explosion dans laquelle, Nolan eut besoin d’un effort considérable pour ne lui crier dessus, les vestiges de sa déplaisante rencontre avec la Baumann restant encore dans ses souvenirs, véritable cauchemar. « Je vous demande pardon ?! » La voix était cassante et il sentait qu’elle n’avait pas fini. Qu’elle allait l’achever. Ce qui ne manqua pas d’arriver. « Elle m’a dit que la seule solution… était… De refaire le constat. Le téléphone sonne, je dois partir. » Murmura-t-elle très rapidement avant de partir précipitamment, veillant à refermer la porte derrière un Nolan, estomaqué, prêt à cracher des flammes s’il l’avait pu. Refaire. Le. Constat…. ?! « Mais ce n’est pas vrai !! Putain ! » S’exclama-t-il d’une voix dévorée par la colère, incapable de réaliser que ce cauchemar n’avait, jamais, vraiment cessé. Il continuait. Et il ne se sentait pas d’humeur à devoir refaire un constat avec une personne qui n’admettait pas ses torts. Tout comme lui. Non, non et non. Et pourtant, si, si et si. Il n’avait pas le choix. Les paroles avaient été claires et il pouvait bien s’acharner sur sa secrétaire, ça ne réglait pas le problème. « Et bien s’il faut continuer à souffrir… » Murmura-t-il en se redressant bien droit sur sa chaise, et farfouillant sa pile se trouvant à ses côtés. Il finit par trouver ce qu’il cherchait et notamment la copie du constat. Il observa l’adresse, vérifiant où cette imbécile résidait. Il n’avait, absolument, pas envie de la joindre par téléphone. Aussi, était-il préférable d’aller directement toquer à la porte. Il était onze heures du matin ? Il s’en moquait : elle avait intérêt d’être présente. Il n’avait pas de temps à perdre. Et chaque heure perdue, était une heure où sa voiture n’était pas en train d’être réparée. Il prit donc ses clés ainsi que sa veste et sortit d’un pas pressé du bureau. « Je m’absente, je suis joignable sur le portable. » Se contenta-t-il de murmurer à sa secrétaire. Il avait pris un constat vierge et se rendit à sa voiture, puis sans plus tarder, démarra. Il avait noté l’adresse sur son GPS et ne se fia qu’aux indications de ce dernier pendant qu’il se rendait à Logan City, au sud de Brisbane. Le quartier paraissait simple et agréable, bien éloigné de Bay Side et son luxe. Ici, ce n’était pas forcément à celui qui aurait la maison la plus gigantesque. C’était… Normal. Et étrangement, Nolan en apprécia le charme, voyant ceci comme étant une parenthèse avant l’entretien houleux qui s’annoncerait. Il gara sa voiture devant le n° de résidence où il la trouverait, puis sortit, non sans inspirer doucement. Il fallait se montrer calme. CALME. C.A.L.M.E. Il jeta juste un œil derrière lui en espérant ne pas y trouver le fantôme de Jack et Céleste, puis sonna poliment, reculant légèrement pour ne pas faire l’impression d’un barrage. Ses mains étaient croisées dans son dos, il attendait, le visage neutre mais l’esprit déjà en feu. Et puis la porte s’ouvrit. Sur elle, et son visage rond. « Bonjour. Loin de là l’idée de perpétuer la mauvaise entente, le constat que nous avons rempli n’est, visiblement, pas utilisable en l’état. Nous devons en remplir un nouveau, sans râture, sans trou… Et surtout sans désaccord. » Et sinon, on se fait la bise ?
Je suis calme, mais dans ma tête, je t'ai déjà tuée trois fois.
Pour la première fois depuis de nombreuses semaines, Leah sentait que les choses s’arrangeaient enfin pour elle, à leur manière. En effet, après une longue période d’incertitude qu’elle avait traversé seule pour la plupart du temps, la brunette voyait enfin un faisceau de lumière à la fin de ce long, très long tunnel qu’elle traversait depuis bien trop longtemps à son goût. Et cette petite lumière s’appelait Lucia Whitemore, une fille qu’elle ne connaissait pas il y a encore un mois de cela mais qui pourtant venait de lui faire une proposition qu’elle n’avait pas été capable de refuser. Qu’elle n’avait même pas voulu refuser d’ailleurs, tant celle-ci tombait à pic dans le foutoir complet qu’était sa vie. Ses recherches immobilières étaient restées vaines et Leah avait presque failli se décider à opter pour un studio miteux à Fortitude, si cela voulait dire ne pas être présente pour le retour de Stephen dans cette maison. Mais pour la première fois depuis longtemps, la chance lui avait sourit et grâce à Lucia, elle était maintenant entrain d’empaqueter ses affaires pour déménager dans une cohabitation à trois. Elle n’avait pas eu les détails car tout s’était décidé très vite, mais à ses yeux ça serait sûrement parfait. Pas de cafards, pas de voisin psychopathe et pas de boîte de nuit à quelques mètres de sa chambre, non. La seule inconnue demeurait dans l’identité de la troisième locataire, mais la brunette se savait sociable et il lui était difficile de ne pas se faire apprécier de qui que ce soit, étant plutôt conciliante lorsqu’il s’agissait de partager le même toit. Restait à savoir si cette tierce personne aurait la même vision des choses qu’elle, Lucia avait conservé pas mal de mystère autour d’elle et la jeune femme devait bien avouer qu’elle était assez curieuse de lever le voile. Cette proposition était tombée comme un pavé dans la mare mais Leah avait déjà commencé à faire ses cartons depuis un moment déjà, ne laissant que le strict nécessaire en dehors afin de pouvoir finaliser son futur déménagement dans les plus brefs délais. Seule la chambre d’Aaron restait intacte, mais Jules lui avait promis de s’en occuper avant que le kiné ne revienne en ville. C’était tout de même la moindre des choses que de lui épargner cette souffrance inutile, et ça serait son cadeau d’adieu avant de définitivement tirer la page sur eux et leur histoire. La brunette s’était levée avec un sourire au bord des lèvres, lestée d’un poids depuis que les lèvres tremblantes de la jeune Whitemore avaient formulé ces paroles qui avaient eu des allures de miracle aux yeux de Leah qui n’en avait pas cru ses oreilles. Cela lui faisait un problème en moins auquel elle devait penser et puisqu’il avait été prioritaire sur sa liste d’emmerdes à gérer, la brunette comptait bien s’occuper de ce déménagement le plus tôt possible. Elle avait donc pris sur elle de délaisser une grasse matinée bien méritée au profit d’un rangement en bonne et due forme de toutes ses affaires dans les énormes cartons qu’elle avait rassemblés dans la pièce de vie. Les pièces de la maison résonnaient et on sentait qu’elle se vidait peu à peu de tout ce qui en avait fait un lieu empreint de joie et de souvenirs, laissant un goût amer à la brune qui se sentait triste et nostalgique en dépit de ce nouveau départ qui lui permettait de ressentir une excitation qui lui avait manqué ces derniers temps. Elle retrouvait goût à la vie, se projetait à nouveau et se laissait aller à penser qu’elle parviendrait peut-être à s’en sortir après tout. La sonnette de la porte d’entrée la sortit de ses pensées et elle releva le nez vers celle-ci en fronçant les sourcils, étonnée de recevoir de la visite ici et surtout, à une heure aussi matinale. Car si ses horaires à elle étaient chamboulés par sa vie de pompier, la plupart de ses proches avaient un boulot aux horaires fixes qui ne leur permettaient pas vraiment de venir se perdre à Logan City avant midi. Curieuse, elle sortit son nez des cartons afin d’ouvrir la porte et de découvrir l’identité de son visiteur surprise. Et pour une surprise. Sa bouche s’entrouvrit légèrement lorsque ses iris noisettes se posèrent sur le visage sombre de son interlocuteur : Nolan Whitaker. En personne. Là, devant chez elle. Soufflée, elle resta sur place sans parvenir à formuler le moindre mot tant son esprit ne parvenait pas à lier la présence de Nolan à cet endroit. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, des insultes – beaucoup, beaucoup d’insultes – avaient été échangées et ils ne s’étaient pas vraiment quittés dans les meilleurs termes. Bien entendu, la brune avait eu le temps de se calmer et de redescendre vis-à-vis de toute cette histoire, mais revoir sa tête arrogante sur le pas de sa porte avait le don de remuer ces quelques souvenirs désagréables. « Bonjour. Loin de là l’idée de perpétuer la mauvaise entente, le constat que nous avons rempli n’est, visiblement, pas utilisable en l’état. Nous devons en remplir un nouveau, sans râture, sans trou… Et surtout sans désaccord. » Les mains derrière son dos, le brun l’observait avec une lueur nouvelle dans le regard, presque comme s’il avait décidé de venir ici dans le but de régler ce conflit une fois pour toute entre adultes. Évidemment que le constat n’était pas utilisable, on aurait aisément pu croire que le feuillet avait été donné en pâtée à des chiens enragés avant d’avoir été rendu aux assurances. Hésitant un instant, Leah décida de lui laisser le bénéfice du doute et s’effaça pour le laisser entrer. « Bonjour. On devrait pouvoir faire ça je pense… A condition que chacun accepte sa responsabilité dans cette histoire cette fois-ci. » Elle leva un sourcil dans sa direction, remettant ainsi le nœud du problème sur le tapis. Son ton était dénué de provocation cette fois-ci, mais s’il pensait arriver ici la bouche en cœur pour lui faire signer quelque chose avec lequel elle n’était pas d’accord, ils n’y arriveraient jamais. Elle n’attendit pas sa réponse et se dirigea directement vers la pièce de vie, jetant un coup d’œil aux cartons qui peuplaient le salon et à peu près chaque mètre carré au sol en se disant qu’il tombait vraiment très mal, mais c’était ainsi. « Désolée pour le désordre, je n'attendais pas de visite. » Ironisa-t-elle, avant de tendre la main vers la cuisine ouverte où ils pourraient s’installer sans encombre. « Un café ? » Lui demanda-t-elle ensuite, cherchant à lui montrer que si les hostilités étaient lancées cette fois-ci, ça ne serait pas par elle.
Il s’était exprimé d’une voix calme et posée, témoignant d’aucun énervement. Bien sûr, il aurait pu apporter un soupçon de chaleur dans sa voix, mais c’était, sans doute, trop demandé. Les souvenirs de leur altercation lui revenaient en mémoire et pourtant, il conservait un visage impassible. Ce n’était, sans doute, pas le moment de flancher. Faire tout son chemin jusque chez elle n’était pas dans le but de de repartir bredouille. Son assurance risquait de ne pas apprécier et tout compte fait, il voulait que la situation s’arrange. Ce n’était pas le point financier qui l’inquiétait. Au contraire, l’argent n’était pas ce qui lui posait problème. Mais il avait un sens de l’honneur et il n’appréciait pas qu’on puisse lui faire porter le chapeau dans une situation où il estimait ne pas l’être, de son propre point de vue bien sûr… Mais il ne voulait pas relancer un franc dans la machine. Il voulait son constat, se barrer et effacer, à tout jamais, le visage de cette Leah Baumann. Il avait déjà prévu toute la suite logique, y compris de céder sa voiture, une fois réparée, et de s’en prendre une nouvelle. Nolan n’était pas chaud pour rouler dans un tas de ferrailles ayant subi un choc. Aussi, tout son chemin était cousu de fil blanc. Calme. Constat. Voiture. Vente. Nouvelle voiture. Tout était savamment organisé dans sa tête, à condition de ne pas s’énerver. Heureusement pour lui, la brune fut autant calme dans sa réponse. Elle était d’accord pour refaire le constat mais si au départ, Nolan sembla croire que tout allait être simple, la suite lui rappela que non, elle ne lâcherait pas le morceau et qu’elle tenait à ce qu’il reconnaisse sa responsabilité. Ça en tenait de la bonne signature du nouveau constat. Il l'avait bien compris, sachant ne pas être complètement stupide. Elle ne lui laissa pas l’honneur de répondre par une acceptation ou un refus furieux. Elle tournait déjà les talons, la porte ouverte, semblant l’inviter à entrer chez elle. Nolan lui aurait bien proposé de le faire dehors, près de sa voiture pour qu’il puisse s’en aller rapidement. Mais non. Aussi, il n’eut d’autre choix que d’entrer dans cette maison où le vide était tel qu’il entendait les semelles de ses chaussures claquer contre le sol. Il y avait des cartons de partout, encore plus dans ce qui devait être le salon ou le séjour, donnant sur une cuisine ouverte. L’appartement était lumineux, constata Nolan tout en slalomant entre deux cartons et suivant la brune qui se dirigea vers la cuisine. « Ne vous inquiétez pas. Je serai bref. J’ai conscience que je viens sans vous avoir prévenu. » Il avait craint qu’au téléphone, ça ne reparte pour un tour. Skylar disait souvent qu’il était assez sec et directif au téléphone. Il le reconnaissait de temps en temps et puis, pouvait, parfois, en être surpris. La visite sur place était le plus logique… Et détonait complètement de leur première fois. Ils n’en étaient pas à se taper des fous rires en se racontant des potins sur les mecs qui pleuraient tout le temps ou des choses étranges qui pouvaient exister, mais au moins, ils n’étaient pas en train de s’agresser verbalement. Nolan regarda encore autour de lui, semblant comprendre qu’ils étaient seuls. Qu’il n’y avait pas d’autre présence humaine que ce soit adulte ou enfant. Ou même un chien. Juste eux. Son regard revint vers la brune lorsqu’elle lui proposa un café. « Bien volontiers. Mon café de ce matin remonte à un moment déjà. » Il était un lève-tôt, ayant ses petites habitudes de vie. Se lever en premier pendant que Skylar dormait, était un moment qu’il affectionnait. Tout paraissait si calme et si paisible. Tout était suspendu au doux murmure de la machine qui laissait la pièce être embaumée par l’arôme du café, les chiens qui s’éveillaient à ses côtés tout en venant quémander des caresses. « J’ai ramené un constat vierge, du coup. » Dit-il en sortant ledit document et le posant devant lui. « Je vais commencer à remplir ma partie… » Il sortit également son stylo et commença à compléter les informations le concernant, notamment son nom, son adresse. « Tous ces cartons … Vous déménagez ? » Demanda-t-il par politesse plus que par intérêt, sans lever les yeux de sa rédaction. En vérité, il s’en moquait éperdument. Au contraire, si elle quittait la ville, ce n’était pas plus mal. Ainsi, il ne prendrait plus le risque d’avoir un accident avec elle et de devoir faire face à un esprit aussi furieux que le sien quand il s’y mettait. « je ne connais pas trop cette partie de la ville, mais ça a l’air pas mal. » Et tout ceci uniquement dans le but de meubler la conversation. Nolan n’envisageait pas de s’excuser de son comportement de la dernière fois ; il était bien trop fier.
Je suis calme, mais dans ma tête, je t'ai déjà tuée trois fois.
Si Nolan s’était pointé quelques jours seulement après leur accident, elle ne lui aurait sans doute pas réservé le même accueil qu’aujourd’hui. Il l’ignorait, mais l’un des aspects de la vie de Leah venait de considérablement s’améliorer, et maintenant qu’elle avait trouvé un nouvel endroit où vivre, son esprit était un peu plus apaisé et par conséquent, son humeur s’avérait bien meilleure. Bien entendu, il n’était pas à l’abri de recevoir une nouvelle salve d’insultes s’il recommençait son numéro de charlatan du dimanche, mais apriori il semblait de bonne composition aujourd’hui. L’air innocent, les mains croisées dans son dos, il l’observait avec neutralité mais sans hostilité apparente. C’était ce dernier point qui avait poussé Leah à lui ouvrir la porte davantage avant de disparaître pour le laisser entrer, pressée d’en finir avec cette histoire. Ses finances n’étaient pas au beau fixe mais elle était assurée ; elle ignorait encore quel serait le montant de sa franchise et elle espérait simplement qu’il ne serait pas exorbitant, sans quoi elle devrait trouver un deuxième boulot le temps de payer la somme. D’autant qu’elle n’avait toujours pas de voiture, une situation précaire qui ne lui plaisait pas beaucoup, mais ce n’est pas comme si elle avait le choix. Le montant des réparations de son véhicule était pratiquement égal à celui qu’elle aurait eu à la revente dudit véhicule en occasion, ce qui l’avait poussée à laisser tomber et à la laisser au garagiste en se faisant payer pour les pièces. Rien d’exceptionnel, mais un début pour se repayer autre chose. Elle qui s’était foutue de la voiture de son ami d’enfance il y a peu venait de se prendre un sévère revers par le karma. That bitch. En le laissant entrer, elle accepta de refaire le constat tout en laissant entendre qu’elle ne comptait pas revenir sur sa position en acceptant l’entière responsabilité de cet accident ; elle lui avait grillé la priorité mais il avait débarqué comme une fusée, c’était à peine si elle avait eu le temps de relever le nez pour le voir arriver. Le brun la rejoignit rapidement dans la pièce principal, et Leah s’excusa platement du désordre – même si elle n’en pensait rien. Ce type avait été assez arrogant pour débarquer chez elle sans prévenir, comme si elle-même n’avait pas mieux à faire que de l’attendre sur place pour remplir son fichu constat. « Ne vous inquiétez pas. Je serai bref. J’ai conscience que je viens sans vous avoir prévenu. » Ah tout de même. Relevant un sourcil face à cette première fois à ne pas jouer aux connards accomplis, la jeune femme se dirigea vers une armoire où trônait encore quelques vestiges de vaisselle – elle n’allait pas vider l’entièreté de la maison sans rien à laisser à Stephen quand même – afin d’attraper deux tasses tout en lui proposant s’il voulait du café (une voix lui avait soufflé qu’il allait probablement accepter.) « Bien volontiers. Mon café de ce matin remonte à un moment déjà. » Un coup d’œil à l’horloge du salon lui indiqua qu’il était à peine plus de onze heures, ce qui signifiait que Whitaker se levait tôt. Ou alors il avait une drôle de perception du temps qui passe. « Sucre, lait ? » Demanda-t-elle simplement en appuyant sur le bouton de la machine pour la mettre en marche, se raidissant quelque peu en le voyant ainsi inspecter les lieux. Leah se sentait vulnérable, pas préparée à cette entrevue et surtout, elle voyait d’un mauvais œil cette intrusion chez elle alors qu’elle était dans un processus compliqué. Mais Nolan n’en savait rien et surtout, il n’y pouvait rien. C’est sur cette pensée que la brune décida de mettre de l’eau dans son vin en s’abstenant de se montrer agressive vis-à-vis de lui, cherchant même à établir la conversation en dehors de cette fameuse histoire de constat qui plombait d’office l’ambiance entre eux. « Vous bossez dans quoi ? Pour être matinal à ce point. » Lança-t-elle en observant les deux cafés couler, posant cette question davantage pour lancer le dialogue que par réel intérêt. Il devait bosser dans un secteur qui lui allait bien ; banquier, politique, homme d’affaires ? Un truc du genre, c’était certain. « J’ai ramené un constat vierge, du coup. » Du coup. Elle jeta un œil au document avant de reporter son attention sur les tasses de café qu’elle attrapa d’un geste habile avant de se diriger vers le comptoir de la cuisine où il était entrain de s’installer, stylo à la main. « Je vais commencer à remplir ma partie… » Elle déposa sa tasse fumante devant lui avant de hocher la tête, le laissant faire sans le moindre commentaire mais en jetant de temps en temps un regard en direction de ce qu’il écrivait. Sait-on jamais. « Tous ces cartons … Vous déménagez ? Je ne connais pas trop cette partie de la ville, mais ça a l’air pas mal. » Sans relever les yeux de son précieux constat, Nolan l’interrogea pile où ça faisait mal ; ça devait être inné chez lui. Mordant l’intérieur de sa joue et légèrement déstabilisée par son intérêt soudain, elle hésita une seconde avant de répondre. « Oui, séparation. » Répondit-elle simplement, regrettant presque aussitôt de lui avoir divulgué cette information. A tous les coups il allait lui balancer une remarque grinçante sur son caractère de merde ou une connerie du genre, et si tel était le cas, elle le foutrait dehors de chez elle à coups de pieds là où elle pensait. Jetant un regard distrait vers une photo d’elle et Stephen qu’elle avait laissé là sans trop savoir ce qu’il voudrait en faire – elle-même ne désirant pas s’embarrasser de tels souvenirs douloureux – elle se perdit dans ses pensées l'espace d'un instant avant de reporter son attention sur son interlocuteur. « Je ne quitte pas Brisbane, je vais du côté de Fortitude Valley. » Comme ça vous pourrez éviter cette partie de la ville avec votre précieuse voiture, histoire d’éviter une nouvelle collision. Elle lui adressa un léger sourire en gardant cette pensée pour elle, évidemment.
Il mettait de l’eau dans son vin bien qu’il gardait une certaine défiance à l’égard de la brune. Dire que tout était oublié, était un euphémisme. S’il avait vraiment eu le temps, il en aurait profité pour disséquer en quinze chapitres, trois sous-parties ainsi qu’une conclusion, la raison qui prouvait qu’il n’était pas en tort dans cet accident. Hélas, Nolan voyait minutes défiler à une allure vertigineuse et s’il se trouvait à Logan City en cet instant, il ne pouvait s’empêcher de penser au travail qui l’attendait au bureau, sans compter la campagne qu’il menait pour le compte de Camil. Ainsi, ça expliquait pourquoi Nolan se levait un peu plus tôt que d’habitude, ayant pris l’habitude de savourer sa première dose de caféine tout en contemplant le lever du soleil, éprouvant une sérénité qu’il ne retrouvait plus une fois qu’il revêtait son costume d’homme pressé et toujours réclamé par l’ensemble de son service. Heureusement qu’il y avait Sixtine pour l’aider dans son travail, parfois, mais elle avait fort à faire aussi. Et il ne pouvait nier qu’il était débordé malgré tout. Lorsqu’elle lui proposa du lait ou du sucre, Nolan déclina d’un signe de tête. « Non merci, c’est gentil. » Il n’était pas spécialement fan quand son café était sucré. L’amertume de ce dernier avait toujours tendance à lui donner l’effet voulu : un regain d’énergie qui lui donnait, ainsi, la force d’affronter le reste d’une journée éprouvante. Il était prêt à sortir l’objet de paix quand elle lui demanda ce qu’il faisait dans la vie pour être si matinal. Nolan se retint de lui répondre que ça ne la regardait pas mais il doutait fort que ça rendrait l’entretien plus agréable. C’était indescriptible. Dès qu’il entendait sa voix, il avait envie de l’envoyer chier, encore marqué par le souvenir de leur première rencontre. Mais il se rappela sa précieuse voiture ainsi que ses dégâts importants. Il poussa un soupir et lui répondit d’une voix, toujours, aussi calme. « Je bosse à la Mairie, en tant que responsable. » Bon. Bien sûr qu’il n’était pas obligé de préciser son poste. Mais Nolan était quelqu’un de fier et s’il avait été promu aussi jeune, c’est bien parce qu’il avait bossé dur. Et expliquer ainsi la voiture luxueuse etc… Se la péter chez les richous était tout un art. « Donc mes journées commencent tôt et sont bien remplies. Et puis qu’ils se posaient des questions, il ajouta Et vous ? » Et puis, il fallait l’admettre : il était curieux. Nolan commença donc à compléter sa partie, réalisant ce qui était en train de se produire. La situation en demeurait étrange et alimenter la conversation n’était là que pour masquer la gêne de cet instant. C’était trop étrange… Et il n’avait guère l’habitude d’agir ainsi. Il n’avait eu que peu d’accidents dans sa vie et ceux-ci s’étaient toujours déroulés sans la présence de tiers. C’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans une telle situation : devoir copiner avec l’ennemie juste pour espérer que de nouvelles ratures ne viendraient pas pourrir le but premier de sa visite. Il apprit ainsi qu’elle déménageait pour cause de séparation. « J’en suis navré. » Répondit Nolan bien qu’il ne l’était pas du tout. Après tout, il ne la connaissait pas. Il ignorait les circonstances de sa séparation quand bien même, parfois, ces dernières pouvaient en être vitales. Il eut un regard bref pour son alliance dont l’éclat de l’or lui rappelait que se séparer chez lui était absolument proscrit. La brune reprit la parole et ajouta qu’elle ne quittait pas Brisbane mais changer de quartier. Ce qui fit sourire Nolan. Même s’il éprouvait peu de sympathie à son égard, il n’avait pas un fond méchant et n’était pas spécialement rancunier. A vrai dire, il acceptait bien des situations compliquées que ce soit avec Skylar ou son frère, sa sœur… Alors faire preuve d’un bon sens vis-à-vis de cette fille lui paraissait humain. Il ne pouvait pas lui en vouloir indéfiniment. Et puis parler… Mine de rien, ça déridait la situation. « Je ferai en sorte de rouler moins vite quand je serais dans cette partie de la ville alors... Et quand il y aura une intersection, je veillerai à klaxonner pour que vous me remarquiez au cas où je reconnais votre voiture. » Et un sourire craqua son visage, alors qu’il relevait la tête pour fixer la brune. Ce n’était pas forcément dans l’idée de faire de l’humour. Mais cette situation était quand même cocasse. « Bon… J’ai marqué que je roulais au dessus de la limite autorisée dans les observations. » Déclara l’australien tout en continuant de remplir les informations concernant sa date de naissance, de permis etc… « Céleste tient toujours à témoigner ou bien est-elle toujours en grande conversation avec Jack ? » ajouta Nolan, une fois qu’il eut fini de remplir le tout. Il lui tendit le constat et s’empara de la tasse fumante et en but une gorgée. C’était amer, c’était parfait. Sa voiture sera réparée prochainement. @Leah Baumann
Dernière édition par Nolan Whitaker le Dim 9 Fév 2020 - 7:36, édité 1 fois
Je suis calme, mais dans ma tête, je t'ai déjà tuée trois fois.
L’ambiance entre eux était étrange, tenant du malaise et en même temps de la curiosité liée à toute cette situation. Il n’était pas commun de se revoir après s’être rentré dedans, avoir bousillé le véhicule de l’autre et surtout, après avoir échangé des insultes et raturé le constat jusqu’à ce qu’il en devienne illisible. Ça non. Ce Whitaker l’avait probablement prise pour une folle échappée de l’asile et Leah reconnaissait que sa réaction avait été bien trop virulente, la faute à un manque flagrant de sommeil et à un état psychologique précaire en dépit de son désir de redresser la barre. Ses émotions étaient à fleur de peau et la brune peinait à les canaliser, ressentant une colère sourde à chaque instant de ses journées, de son lever du lit à son coucher. Elle était là, la rage, enfouie sous une couche de calme apparent et de bonne volonté. Elle était là, prête à surgir à la moindre contrariété et cette fois ci, c’était Nolan Whitaker et sa porsche qui en avaient fait les frais. C’était pour cette raison qu’elle l’avait laissé entrer chez elle, retenant ses piques acérées face à son air hautain qui était probablement la face de la neutralité pour lui et allant même jusqu’à lui offrir un café pendant qu’il commençait à remplir une nouvelle fois ce constat. « Non merci, c’est gentil. » Il le prenait noir, comme elle. Apportant les deux tasses fumantes sur le comptoir de la cuisine, elle se laissa aller contre un des meubles près de lui, mais pas trop, l’interrogeant sur son activité professionnelle même si elle restait persuadée que la réponse ne susciterait pas le moindre effet de surprise chez elle. Et en effet… « Je bosse à la Mairie, en tant que responsable. » Impasse faite sur le soupir à peine voilé qu’il avait laissé échapper, Leah serra les dents mais s’abstint de faire le moindre commentaire. Au plus vite ils auraient rempli ces cases, au plus vite leurs chemins se sépareraient et ils pourraient reprendre leur vie tranquillement loin de l’autre. Lui dans son monde de paillettes et elle dans la classe moyenne à laquelle elle appartenait et où elle se trouvait fort bien, loin de ces gens qui pensaient appartenir à une élite qui leur donnait des droits et des privilèges sur quelqu’un comme elle. On n’était plus au Moyen-Âge, Dieu merci. Elle retint un petit sourire amusé en l’entendant préciser son poste, comme si ça changeait quelque chose. « Donc mes journées commencent tôt et sont bien remplies. » Amen. « Je vous voyais bien là-dedans. » Lança-t-elle d’un ton neutre, ne pouvant retenir son éternelle franchise de prendre le pas sur le bon sens qui lui soufflait pourtant de la fermer et de ne pas commenter. Oups. « Et vous ? » Elle releva le nez de sa tasse, surprise qu’il s’oblige à lui retourner la question et ainsi à marquer un quelconque intérêt pour sa personne. Mais c’était un politique, il savait manier les apparences, pas vrai ? « Je suis pompier. Je rentrais d’intervention quand nos routes se sont croisées. » Belle métaphore pour parler de leur collision. Leah posa son regard sur lui, guettant sa réaction. Elle venait de sous-entendre la raison principale de son manque d’attention ce jour-là : une nuit à combattre le feu et par conséquent, un manque réel de sommeil qui lui avait fait rater ce panneau stop. Bien entendu elle était fautive ; elle aurait mieux fait de rester dormir à la caserne comme bon nombre de ses collègues avaient décidé de le faire, mais elle ne s’appelait pas Leah Baumann pour rien et son caractère borné la suivrait jusqu’à la mort. Un silence bref s’installa, uniquement interrompu par le bruit du stylo qui glissait sur le papier, remplissant les cases de la partie de Nolan. Ce dernier l’interrogea finalement sur son éventuel déménagement et la brunette lui avoua qu’il était dû à une séparation, regrettant dans la seconde de lui avoir livré une information aussi personnelle. « J’en suis navré. » C’est ça oui. « Merci. » Le bal des hypocrites. La jeune femme n’avait pas pour habitude de jouer à ce petit jeu, mais il en allait de l’issue positive de toute cette histoire et elle avait hâte de ne plus entendre parler de lui. Si Nolan avait relevé la tête à cet instant précis, il aurait de toute façon vu que Leah ne pensait pas un mot de tout ce qu’elle disait ; elle ne savait pas mentir et son visage laissait transparaître à peu près toutes ses émotions. Le regard du brun se posa sur l’alliance qu’il avait à son doigt et Leah le suivit du regard, constatant ainsi qu’il avait réussi à trouver une femme qui avait accepté de se laisser passer la corde au cou. Eh bien. Elle devait probablement faire partie de la même catégorie que lui de toute façon ; riche prétentieux imbu de sa personne. La jeune femme ajouta qu’elle ne comptait pas quitter Brisbane, ce qui arracha un sourire à Nolan qui releva pour la première fois le regard de son précieux constat pour l’observer tandis qu’il lui répondait sur un ton amusé. « Je ferai en sorte de rouler moins vite quand je serais dans cette partie de la ville alors... Et quand il y aura une intersection, je veillerai à klaxonner pour que vous me remarquiez au cas où je reconnais votre voiture. » Ahah. Il s’était acheté de l’humour depuis leur dernière rencontre apparemment. Un sourire sarcastique étira les lèvres de Leah qui plongea le nez dans son café avant de prendre le temps de lui répondre, s’efforçant de ne pas exprimer la première pensée qui lui venait à l’esprit – qui aurait donné quelque chose comme « C’est ça oui faisons comme ça, connard. » - et laissant le temps à sa diplomatie de faire une apparition. « Vous ne risquerez pas de la reconnaître, elle est à la casse. » Voilà voilà. Un fait concret, ça ne pouvait pas déclencher une tempête, pas vrai ? « Et pour le bien-être de tout le monde, vous feriez mieux de rouler moins vite tout court. » Oh, le retour de l’honnêteté spontanée. Elle lui adressa un énième sourire destiné à adoucir ce qu’elle venait de lui dire, même si elle ne regrettait pas vraiment le fait d’exprimer à quel point il conduisait comme un danger public. Il avait assez de fric pour se payer un circuit automobile, non ? Qu’il aille faire ses records de vitesse là-bas, et non pas en plein centre-ville. « Bon… J’ai marqué que je roulais au dessus de la limite autorisée dans les observations. » No fucking way ? Un haussement de sourcil étonné vint ponctuer l’air surpris de la brunette en entendant ça, se retenant tout juste de lui arracher le constat des mains pour vérifier la véracité de ses dires. « Céleste tient toujours à témoigner ou bien est-elle toujours en grande conversation avec Jack ? » Dis donc. Il avait des blagues à revendre finalement. Laissant échapper un petit rire, elle attrapa le constat et s’approcha du comptoir pour avoir un appui où écrire, réduisant ainsi la distance entre eux. « Je n’ai plus eu de nouvelles d’elle, je pense que Jack l’a convaincue de lui montrer sa collection de timbres chez lui et allez savoir comment tout ça s’est terminé. » Pas par une hanche cassée, elle l’espérait. Attrapant le stylo de Nolan sans lui demander son avis, elle commença à son tour à remplir sa partie en veillant cette fois à être honnête puisqu’il avait lui-même pris sur lui d’assumer son excès de vitesse. « Voilà, j’ai noté que je vous avais grillé la priorité. » Elle releva le menton vers lui en haussant un sourcil. « Je me risque à dessiner la scène ou vous jugez toujours que je n’ai pas suffisamment de talent artistique pour ça ? » Oui, Leah Baumann était également quelqu’un de très susceptible. Mais cette fois-ci, une lueur amusée dansait dans ses yeux, signe qu’elle commençait à se détendre face à toute cette histoire.
Il fallait admettre une chose fondamentale, essentielle et hyper importante : Nolan faisait des efforts. Pour ne pas éclater. Pour ne pas se mettre à lui gueuler dessus et lui rappeler que non la vitesse excessive n’était pas aussi terrible que de griller une priorité, de lui dire combien il n’était pas désolé de sa séparation parce qu’il s’en fichait. Et qu’enfin, qu’elle ne pouvait-elle pas ranger ses putains de cartons de façon ordonnée et non pas posé sur le moindre mètre carré de libre qui se trouvait dans ce salon ? Il n’était pas forcément fan du désordre, des affaires qui traînaient. Mais bien entendu, Nolan ne disait rien, prenant sur lui et souhaitant, plus que tout, que les choses se règlent. Il ne pouvait pas se permettre de perdre encore de précieuses heures avec cette tarée qui devait penser qu’elle avait affaire au pire connard imbu de lui-même. Ce qui dans un sens, n’était pas faux. De même, qu’il se disait qu’elle devait être une sacrée emmerdeuse et qu’il ne fallait pas s’étonner si elle foulait les terres du célibat. Certes, Skylar pouvait parfois le rendre dingue mais Nolan était convaincu des bienfaits de son union. Elle était vouée à être éternelle, à ne pas connaître de fin et tôt ou tard, il l’espérait devenir père, que ce refus n’était que de passage. Ils ne pouvaient vouer leur vie à n’être que deux. Ce n’était pas une vision qu’il partageait quand bien même, il reconnaissait qu’il était bien plus libre que son frère ou sa sœur qui ne cessaient de courir dans tous les sens afin de satisfaire les besoins de son enfant. Dans tous les cas, sa vie lui paraissait bien plus préférable que celle de Leah Baumann. Pompier célibataire au milieu de ces cartons et qui malgré cela, continuaient de le piquer. Parce qu’il ne se leurrait pas quand elle lui confirma que sa voiture partait à la casse. « Voyez le bon côté des choses. Nouvelle baraque. Nouvelle voiture. Nouvelle vie. » Lui rétorqua-t-il avec empressement sur un ton légèrement acide. Il se montrait parfois impulsif mais c’était plus fort que lui. D’autant plus qu’elle se permettait de lui faire la moral sur la conduite à avoir. A savoir, rouler moins vite. Autant dire qu’il lui souhaitait d’aller se faire voir mais mentalement. Par un simple sourire ironique, Nolan se contenta de moi répondre par un silence sage et avisé, et puis, par la suite, confirma qu’il reconnaissait ses torts. Et puis, il ramena, ensuite, Céleste et Jack sur le tapis, s’interrogea sur l’éventuel témoignage. Il avait même apporté une touche d’humour grinçant afin d’apporter de la chaleur au sein d’une ambiance polaire. Est-ce que ça fonctionnait ou non ? Nolan n’en savait rien. Il avait fini par compléter le constat et attendait qu’elle remplisse sa partie. Il fut d’ailleurs soulagé que le témoin s’était volatilisée et n’apportait plus aucune pierre à l’édifice. C’était encourageant car il avait craint qu’il puisse avoir un faux témoignage en sa défaveur. Mais heureusement pour lui, Céleste avait fini sa journée chez Jack. « Très certainement par une hanche cassée. » Répondit Nolan en levant les yeux au ciel. Certes, ce n’était pas drôle mais s’imaginer ces deux vieux en train de se raconter leur vie, était grisant quelque part et bien mieux que d’observer la face de constipée de cette fille. D’autant plus qu’elle s’était permise de lui prendre son stylo Montblanc et il s’agissait là d’une faute bien lourde, héritage de son père. Il se retint de le lui arracher des mains et l’observa écrire tout en sirotant une gorgée de son café amer. Il fut satisfait quand elle confirma avoir noté son refus de priorité. « Merci. » Lui dit-il quand bien même, il vérifierait pas lui-même qu’elle disait bien vrai. Il était hors de question de se faire avoir. Et Nolan reprit bien vite l’avantage de la situation en prenant le constat et le stylo des mains de la brune. « Si vous le permettez. » Dit-il sans rien lui laisser permettre. Il était hors de question qu’elle dessine n’importe quoi. « J’ai eu la meilleure note en arts plastique quand j’étais au collège. » Bon il s’était contenté de prendre une feuille de papier canson et y avait jeté un pot de peinture bleue. La prof avait adoré cela y voyant là un artiste incompris. Bref, Nolan était toujours aussi fier. Et puis, la regarder faire était ennuyeux : il était rarement inactif. « Alors… on va dessiner le carrefour… Puis un rectangle, ça c’est vous. Un rectangle… ça, c’est ma voiture. Une croix pour montrer le choc. Le panneau de priorité… Et voilà. » Il fit pivoter le constat pour observer ce merveilleux croquis à en rendre jaloux Da Vinci. « ça vous va comme ça ? » Et si ça ne lui allait pas, c’était pareil. Il la laissa observer, continuant de boire son café. « Il faut que vous signiez en bas du constat. » Dit-il d’une voix prudente. « Et vous aurez certainement un remboursement de la valeur de votre voiture. Certes, elle paraissait avoir peu de valeur mais ne sait-on jamais. » Bon en vérité, il estimait qu’elle ne valait rien et que pour la sécurité de tous, c’était une bonne chose qu’elle soit détruite. Mais là n’était pas le sujet et ni le moment d’envenimer la situation. « Et vous êtes pompier alors… Vous avez combattu les feux de ces derniers jours, je suppose… » Autant dire qu’il n’avait pas l’air de plaisanter en disant cela. « C’est une vraie catastrophe ceci dit. » Aussi grave que de lui être rentré dedans…
Je suis calme, mais dans ma tête, je t'ai déjà tuée trois fois.
La conversation prenait une tournure légèrement moins tendue, mais cela relevait uniquement de l’apparence et de la bonne volonté que chacun mettait à ronger son frein et à retenir les piques acérées qui leur venaient à l’esprit, en tout cas du côté de Leah. Elle avait hâte qu’il rentre chez lui avec son précieux constat, hâte qu’il cesse d’observer la pièce en désordre avec un air réprobateur et hâte qu’il arrête de la juger mine de rien avec sa tête de type imbu de sa personne. Alors elle conservait un sourire de circonstance et lui faisait la conversation, en bon hôte qui se respecte. Malheureusement, Leah avait du mal à tenir sa langue lorsqu’il s’agissait de choses qui lui tenaient à cœur, et le besoin qu’il admette son excès de vitesse faisait précisément partie de ces choses-là. Parce qu’il avait eu un comportement exécrable avec elle, qu’il avait tenté de l’intimider sous prétexte qu’il évoluait dans un monde qui lui donnait des facilités, ce qui n’était pas le cas de la brune. La jeune femme ne s’était pas laissé faire mais avait encore ses menaces en travers de la gorge, ce qui la poussait donc à parler spontanément et à le piquer à vif sur sa vitesse bien trop rapide. Nolan s’abstint de relever le mot, ce qui étonna la brunette mais qui la soulagea un petit peu aussi ; ils ne repartiraient pas pour un second round qui finirait probablement par le décès précoce de l’un d’eux. « Voyez le bon côté des choses. Nouvelle baraque. Nouvelle voiture. Nouvelle vie. » Le voilà qui ressortait la carte « sale con » à présent. Mais c’était probablement mérité, le ton acerbe de Leah n’avait pas pris congé pour cette entrevue et son interlocuteur n’avait pas l’air d’être le genre à laisser glisser les remarques sans se défendre un minimum. En toute subtilité bien entendu. « C’est ça oui. » Rétorqua-t-elle en se fendant d’un sourire qui sonnait faux et pointant mentalement son majeur relevé sous les yeux. Cette image mentale lui procura un soulagement mineur mais évitait une nouvelle altercation entre eux, ce qui n’était pas plus mal. La barrière entre la politesse et les éclats de voix était maigre et Leah s’en rendait bien compte, c’était la seule raison qui l’encouragea à plonger son nez dans sa tasse de café au lieu de lui dire ce qu’elle pensait de son positivisme à la con. Ses efforts furent récompensés par un Nolan qui décida d’admettre ses tords de façon officielle sur le constat, ce qui rassura quelque peu la brune qui savait que ça serait sans doute pris en compte par les assurances en dépit du fait que la faute serait à cent pour cent la sienne. Le jeune homme décida de faire une tentative d’humour en remettant l’histoire de Céleste, le témoin inattendu, sur le tapis. Il était vrai que la scène qui avait suivi leur collision avait été à la limite du rocambolesque et ce souvenir fit sourire Leah en dépit du fait qu’elle n’avait finalement pas obtenu le fameux témoignage, puisque Céleste et Jack avaient décidé de tracer leur route et de l’abandonner sur son banc où elle avait attendu la dépanneuse pendant plus d’une heure. « Très certainement par une hanche cassée. » Quel esprit mal tourné. Une lueur amusée dansa dans les prunelles de la brunette qui se décida à son tour à remplir sa partie du feuillet qui n’avait jamais eu l’air aussi propre et bien écrit. Comme de quoi, tout était possible dans la bonne entente – factice, certes, mais tout de même. « Merci. » Lança-t-il lorsqu’elle obtempéra à son tour en acceptant d’officialiser le fait qu’elle était en tord puisqu’elle avait grillé le stop et provoqué cet accident malencontreux. Le regard de Nolan ne quittait pas le constat qu’elle était entrain de remplir, ce qui irrita une nouvelle fois Leah qui pris sur elle de ne pas faire le moindre commentaire, même s’il lui brûlait les lèvres. Une fois que ce fut fait, elle releva la pointe du stylo en jetant un œil interrogateur à son interlocuteur, plaisantant sur la remarque qu’il lui avait faite sur son non-talent artistique et en lui demandant s’il l’autorisait à dessiner la scène. La question était purement rhétorique, mais le jeune homme en décida autrement en s’emparant du stylo qu’elle tenait en l’air, déclenchant un regard assassin chez la jeune femme. Il n’allait tout de même pas… « Si vous le permettez. » Si. Il allait vraiment le faire à sa place. Seigneur, il méritait vraiment une bonne gifle pour lui remettre les idées en place. « J’ai eu la meilleure note en arts plastique quand j’étais au collège. » Ben voyons. Serrant ses poings, Leah décida de s’abstenir et de ne pas réagir, prenant sur elle de toutes ses forces pour ne pas lui cracher au visage ce qu’elle pensait de sa meilleure note en arts plastique lorsqu’il était au collège. « Alors… on va dessiner le carrefour… Puis un rectangle, ça c’est vous. Un rectangle… ça, c’est ma voiture. Une croix pour montrer le choc. Le panneau de priorité… Et voilà. Ça vous va comme ça ? » « Digne d’un Picasso. » Ironisa-t-elle en comparant volontairement son gribouillis au maître du cubisme, au moins comme ça il comprendrait peut-être ce qu’elle pensait de son soi-disant talent. « Il faut que vous signiez en bas du constat. Et vous aurez certainement un remboursement de la valeur de votre voiture. Certes, elle paraissait avoir peu de valeur mais ne sait-on jamais. » Connard. Levant les yeux au ciel, la brunette s’exécuta en signant le papier qui correspondait désormais à la réalité des faits, enfin. « Tout le monde ne peut pas se permettre de conduire des voitures de sport, Whitaker. » Ironisa-t-elle une nouvelle fois, dépitée par son éternel ton condescendant. Mais soit, il retournerait bientôt à sa petite vie de fortuné privilégié et elle en ferait de même de son côté, et ça serait très bien comme ça. Et tandis qu’elle mettait le point final à toute cette histoire en apposant sa signature en bas de la feuille, le brun repris la parole sur un ton un brin plus sérieux que d’habitude, faisant relever le menton de Leah dans sa direction. « Et vous êtes pompier alors… Vous avez combattu les feux de ces derniers jours, je suppose… » Bien vu. La situation commençait tout juste à prendre une tournure plus optimiste, mais les dégâts étaient incommensurables et rien ne pourrait rattraper la destruction que ces feux avaient fait en se propageant aussi rapidement. « C’est une vraie catastrophe ceci dit. » C’était un euphémisme. Leah se contenta de hocher la tête en repoussant légèrement le constat signé dans sa direction avant de reprendre sa tasse de café et de plonger son regard dans le sien. « Oui, même si on est relativement impuissant face à la gravité de la situation. » Lança-t-elle à contre-cœur, déprimée par ce qu’elle avait vu et par cette impression de ne rien pouvoir faire alors que tout brûlait sous ses yeux. Des hectares et des hectares dévorés par les flammes, des animaux qui périssaient tous les jours… C’était vraiment un spectacle désolant. « J’aurais mieux fait de rester dormir à la caserne plutôt que de reprendre ma voiture ce jour-là, c’était stupide. » Un haussement d’épaule fataliste vint ponctuer sa phrase tandis qu’elle terminait son café en quelques gorgées, laissant son regard se perdre sur les traits de Nolan. S’il n’était pas aussi prétentieux et condescendant, elle aurait pu le trouver mignon. Malheureusement, l’air qu’il affichait en permanence lui donnait surtout des envies de meurtre.
Il ignora le ton ironique sur lequel, Baumann lui répondit au sujet du croquis qu’il venait d’exécuter. Il n’avait qu’une hâte, signer le tout et s’en aller. Pouvoir ainsi prendre son exemplaire et pouvoir donner suite à sa demande d’indemnisation au sujet de sa voiture. Il avait accepté le partage de responsabilité, ne cherchant plus à se défendre vainement. Il voulait que les choses avancent enfin et effacer, à tout jamais, le souvenir de cette folle furieuse dont il aurait aimé ne jamais faire la connaissance. Sa signature permettrait de clore cet entretien faussement teinté de politesse quand Nolan se retenait de lâcher le moindre commentaire sarcastique à son égard. Cette fille lui paraissait être tout ce qu’il y a de plus insupportable au monde. De ce fait, le seul sentiment positif qu’il possédait à son égard, est qu’elle était pompier et qu’elle avait ainsi tout le respect qu’il discernait à cette profession exemplaire (pas comme les flics…) Mais une fois encore, il se discerna pas son manque cruel de tact, faisant remarquer que la voiture de la brune n’avait pas autant de valeur et qu’il comprenait qu’elle parte à la casse. La réflexion de la brune lui fit relever la tête et il la gratifia d’un regard noir tout en fronçant les sourcils. « Je ne vois pas le rapport. » Ça voulait dire quoi ? « J’aurais conduit une poubelle, les choses n’auraient pas été différentes pour autant. La priorité aurait été ignorée et vous me seriez rentrée dedans. » Mais il ne tenait pas à envenimer la conversation. Il voulait récupérer so. constat et il pèterait sûrement un câble si elle venait à déchirer le précieux sésame. Nolan ne la connaissait pas et pourtant, il estimait qu’elle était sans doute capable de ça. C’était étrange… Elle lui paraissait plus évidente à comprendre que Skylar. Cette simple constatation l’attrista mais il se garda de montrer la moindre faille. Tout allait bien. Il était heureux. Tout irait bien. Alors il préféra changer complètement de sujet, évoquant son métier, flattant un peu l’ego de la brune tout en évoquant un sujet qui était sur tous les fronts : Les incendies en Australie. Au moins, Baumann parut s’adoucir par ses propos et la conversation s’orienta vers cette catastrophe. C’est qu’il apprit une chose : lors de l’accident, elle venait de rentrer d’une nuit entière à combattre le feu. Il en fut surpris et garda le silence ne sachant que répondre. Il ne pouvait nier la culpabilité qui le rongeait, apportant un peu plus de crédit envers la brune. Son comportement pouvait en être excusable mais c’était du conditionnel. Il n’était pas vraiment sûr de vouloir pardonner l’entrevue. Ou s’il le pouvait aussi. Comment ne pas l’être quand la rancœur était encore bien présente ? Sa main vint prendre le constat qu’elle avait signé, et il se contenta de séparer les deux imprimés carbone, un pour lui et pour elle. Puis il avala une nouvelle gorgée de café sans en terminer le fond. Il était préférable de partir… « Je suis désolé. » Lui dit-il d’une voix sobre. Pour l’accident ? Pour les incendies ? Pour son manque de sommeil ou sa séparation ? Pour le fait que ce jour-là, il était en travers de son chemin alors qu’elle ne demandait qu’à rentrer chez elle dans sa maison emplie de cartons ? Il ne sût rien dire d’autre, mal à l’aise maintenant et ne voulait que partir. « Merci d’avoir pris le temps de me recevoir pour remplir le constat. Et pour le café. » Il parlait toujours d’une voix calme. « Je vais y aller maintenant. » Ajouta-t-il en rangeant le constat dans la poche intérieure de sa veste, plié en quatre. Tout à coup, l’humanité semblait reprendre ses droits. Ce n’était que de la tôle et si le monde ne savait pas s’entendre aujourd’hui, c’est bien parce qu’il manquait la parole, du dialogue, de la vérité. Il se rendait bien compte que c’était ce qu’il manquait dans sa relation avec Skylar. Qu’il avait peut-être besoin d’entendre qu’elle était désolée, qu’elle cesse d’être aussi obstinée dans sa façon de voir les choses au détriment de l’homme qui partageait sa vie. Et pourtant… C’était si compliqué à ses yeux. « Au revoir Leah. » Dit-il, mû par une volonté de clore définitivement la guerre. Il n’attendit pas nécessairement de paroles de sa part, il tourna juste les talons, certain du chemin à prendre, évitant de se rompre le cou en tombant sur un carton. Puis, il fut dehors, respirant l’air et soupirant d’aise à l’idée d’avoir récupéré son constat. Tout irait bien maintenant.
Je suis calme, mais dans ma tête, je t'ai déjà tuée trois fois.
La brune avait fait son maximum afin de ne pas déclencher une seconde salve d’insultes et ainsi rendre ce nouveau constat aussi illisible que feu son petit frère, mais Nolan ne semblait pas tenir les mêmes résolutions puisqu’il conservait son air sarcastique et ses manières condescendantes à son égard. Le tout était uniquement apaisé par un jeu auquel il semblait exceller, bien mieux qu’elle-même, qui consistait à donner aux apparences le sentiment que tout allait très bien et que leur conversation était des plus calmes et polies alors qu’en fait, ils étaient prêts à se sauter à la gorge. Prenant sur elle de ne pas lui faire manger le feuillet sur lequel il était entrain d’exercer ses soi-disant dons d’artiste incompris, elle observa le croquis se faire sous ses yeux afin de vérifier qu’il ne contredisait pas ce qu’ils avaient l’un et l’autre admit sur le constat au niveau de leurs responsabilités à chacun. Fort heureusement, les rectangles et les croix semblèrent fidèles à la réalité de leur collision et elle détacha son regard du dessin pour signer en bas de la page, finalisant ainsi son accord sur ce qui avait été écrit cette fois-ci. Ils étaient parvenus à se mettre d’accord, un véritable exploit. Mais le brun ne put retenir une remarque acerbe sur sa voiture et sa valeur, ce qui irrita une nouvelle fois la jeune femme qui lui expliqua que tout le monde ne pouvait pas s’offrir le genre de voiture que lui affectionnait. « Je ne vois pas le rapport. J’aurais conduit une poubelle, les choses n’auraient pas été différentes pour autant. La priorité aurait été ignorée et vous me seriez rentrée dedans. » Soit il ne réalisait pas du tout son manque de tact, soit il faisait un très bon travail à la prendre pour une débile et à jouer aux cons. Préférant ne pas connaître la réponse à cette question, Leah s’abstint de répondre et se contenta de repousser le constat dans sa direction avant de le déchirer en mille morceaux et de l’envoyer se faire voir une bonne foi pour toutes. Finalement, il rebondit sur le fait qu’elle travaillait comme pompier et qu’elle avait notamment participé à une intervention quelques heures avant qu’ils n’entrent en collision, la gratifiant au passage d’un « Je suis désolé. » qui déclencha un air surpris chez la brunette. Désolé pourquoi ? Une lueur d’interrogation s’alluma dans son regard mais le voyant terminer son café d’une grande gorgée, elle comprit qu’il était sur le départ et évita de relancer le dialogue afin qu’il débarrasse le plancher le plus vite possible. « Merci d’avoir pris le temps de me recevoir pour remplir le constat. Et pour le café. Je vais y aller maintenant. » Leah hocha la tête, balayant ses remerciements d’un geste tout en lui suivant en direction de la porte d’entrée vers laquelle il s’était dirigé sans demander son reste. « C’est normal, il fallait bien que cette histoire prenne fin. » Lança-t-elle dans un sourire forcé, tout en se disant qu’elle aurait préféré qu’il prenne contact avec elle différemment qu’en débarquant ainsi à l’improviste. « Au revoir Leah. » La brune resta sur le pas de la porte, légèrement perturbée par le revirement qu’il venait d’y avoir dans le comportement de son interlocuteur lors des dernières secondes de leur entrevue. Il avait semblé distrait, comme perdu dans ses pensées et ayant totalement baissé les armes à son égard. Il s’était excusé, l’avait remerciée et était parti en prononçant son prénom sans la moindre tonalité ironique ou négative dans sa voix. Encore sous le coup de l’étonnement, elle resta un instant sur le pas de la porte afin de l’observer quitter la propriété et murmura finalement un « Au revoir Nolan. » qui s’évapora avec la brise qui souffla sur son visage. Elle rentra chez elle, rassurée que ça soit réglé et que les assurances prennent le relais à présent. La jeune femme se réinstalla au milieu de ses cartons, déterminée à en venir à bout le plus tôt possible afin de se rendre dans ce nouvel appartement ou une colocation pleine de surprise l’attendait.