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 (blake&joseph) ++ winter, 2014

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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyMar 4 Fév 2020 - 20:26

Blake poussa la porte d’un air prudent. Il ne l’était pas souvent, il ne faisait jamais attention à ce qu’il faisait. La plupart du temps, il mettait les deux pieds dans le plat et oubliait de penser aux conséquences. Il se laissait guider par son instinct, un bien méchant conseiller. Mais ce soir, il était prudent, ou légèrement alcoolisé. Il avait bu une bière, ou peut-être quatre et il lui fallait à présent rentrer se coucher. Parce qu’il n’envisageait pas de dormir ailleurs que chez lui, dans le Quartier Général des Manthas, un endroit où il se sentait en sécurité depuis presque dix ans. Pourtant, il avait un mauvais pressentiment, comme une alerte qui sonnait depuis des heures dans sa tête. Depuis la mort de Mike. Ce simple souvenir suffit à faire trembler légèrement la main qui tenait la poignée de la porte. Il referma derrière lui le battant, silencieux et furtif. Comme il s’était habitué à l’être depuis des années. Mais ce soir, ce n’était pas un client qui l’avait tenu loin de son devoir de membre de gang. Non, ce soir, il avait eu besoin de souffler pour faire le deuil de son ami, pour noyer son chagrin dans l’alcool. A-t-on réellement le droit de pleurer un dealer ? A-t-on le droit d’être abattu quand on membre de gang perd la vie après avoir comploté contre ses frères ? Blake avait la tête qui tournait, les idées qui se précipitaient en vrac dans son esprit. Il n’était pas un cérébral. Il agissait et il réfléchissait ensuite, il pensait que Mike n’était pas comme lui. Qu’est ce qui lui était passé par la tête ? Comment avait-il pu être aussi stupide ? Pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Il aurait pu l’aider, l’épauler, le ramener à la raison. Mais la vérité était là, quelque part, pourtant Blake refusait de se l’avouer. Il ne voulait pas voir ce qui était évident. Le fait qu’il était moins présent pour son ami depuis des mois, le fait qu’il avait la tête ailleurs depuis quelques temps, qu’il était toujours plus occupé, toujours fourré quelque part. Il menait un tel train de vie qu’il n’avait pas vu que son ami faisait n’importe quoi et le pire était arrivé. Alors Blake repensa un instant à l’état dans lequel Mike était revenu au QG, à son exécution qui avait suivi et il se sentit encore nauséeux. Il resta dans l’entrée un instant, appréciant le calme de la maison. Les Manthas avaient besoin de repos, de quelques jours pour se remettre de ce qui s’était passé et étrangement, ils avaient le droit à quelques heures de répit. Blake ne se doutait pas un instant que ses camarades en profitaient alors pour se pointer du doigt les uns les autres pour être sûr que personne n’avait aidé Mike à agir. Il ignorait tout, voilà deux jours qu’il avait plus ou moins disparu, il n’entendait pas les rumeurs, il n’était pas là pour se mettre hors d’état de cause et il avait bien d’autres choses à faire de toute manière. Il souffla un coup, passant une main dans sa chevelure indisciplinée et il retira sa veste. Il fit quelques pas, profitant du silence pour avancer d’une démarche légère. Il savait se faire discret quand cela lui était nécessaire. Et il avança, il allait retrouver son lit, même s’il savait parfaitement qu’il ne trouverait pas le sommeil. Il ne dormait plus depuis deux jours, chaque image lui revenait en tête, le hantait. Il était fatigué mais Morphée était indifférent à ses appels, à ses supplications pour venir le libérer de ses pensées, de tout ce qui lui passait par la tête. Il repassait en boucle les images de ces dernières semaines, cherchant un indice infime du moment où tout avait basculé. Il n’en n’avait trouvé aucun. Alors il avait préféré rentrer, il était temps pour lui de reprendre son rôle auprès des Manthas et de continuer à faire ce qu’il faisait de mieux. Il secoua la tête, remua les épaules et se dirigea dans la cuisine, dans l’espoir d’y trouver quelque chose, n’importe quoi qui parviendrait à l’assommer. Il passa par le salon plongé dans le noir. Habitué à l’obscurité, il n’eut pas besoin d’allumer la lumière pour traverser la pièce, il connaissait sa composition par cœur. Mais il fut négligeant, il ne vit même pas qu’il n’était pas seul.

@Joseph Keegan
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyJeu 6 Fév 2020 - 2:11

Le silence écrase le quartier général des manthas. Toutes les lumières sont éteintes depuis déjà minuit et le faible son des ronflements des garçons endormis maintient Joseph éveillé. Il roule sous ses draps depuis plus de deux heures, l’esprit bien trop chargés pour qu’il ne puisse fermer les yeux. Seulement quelques jours sépare le gang du drame qui a eu lieu et, si certains arrivent à retrouver l’appétit malgré l’ambiance pesante qui règne en maître, d’autres n’arrivent pas avaler leur bouleversement. Joseph fait partie de cette seconde catégorie, lui qui a toujours eu un énorme cœur, lui qui a toujours été considéré comme l’âme la plus innocente dans le regroupement criminel. Il a perdu un frère, cette semaine : un frère qui n’a pas réfléchi avant de se lancer dans l’opération la plus stupide qui l’aura mené à sa perte.

Le garçon angoissé se redresse dans son lit. Soutenu par ses bras tendus, il jette un coup d’œil autour de lui pour scruter la noirceur qui couvre la chambre. Les deux garçons qui partagent la même pièce que lui la nuit semblent plongés dans le plus profond des sommeils. Le jeune tente tout de même d’attirer leur attention en tapotant doucement son matelas mais il n’obtient aucune réaction, pas même lorsqu’il murmure le surnom des deux manthas inertes. Troublé, Joseph passe sa main dans ses cheveux et en profite pour se masser les tempes mais il n’obtient pas le réconfort souhaité. Alors, conscient qu’il n’arrivera pas à rejoindre Morphée pour le moment, il s’extirpe de ses couvertures et pose ses deux pieds nus sur le plancher avant de les vêtir des premières chaussettes sur lesquelles il pose une main. Il étire ses muscles endoloris en se relevant et attrape un t-shirt qu’il enfile machinalement avant de se diriger vers la cuisine, silencieusement, pour se servir un verre de jus d’orange. Accoudé au comptoir, il avale lentement sa boisson fruitée en écoutant le calme reposant. Quelques minutes plus tard, il constate que son corps aura besoin de plus que de simples vitamines C pour se détendre. Il fait glisser le tiroir sous lui et en tire un paquet de clopes ainsi qu’un briquet et il se dirige à pas mous vers le salon plongé dans le noir, là où il laisse sa masse s’écraser dans le canapé. Il se remet à l’observation du plafond avant de faire craquer une flamme sous la cigarette coincée entre ses lèvres : la première latte qu’il tire a un goût aussi fade que la vie dans le quartier général depuis quelques jours.

Le son de frottements métalliques dans la serrure de la porte d’entrée le sort de sa contemplation lunatique. Surpris, il se redresse dans le canapé pour retrouver une position assise plus adéquate dans le cas improbable où ce n’est pas un membre de son gang qui pénètre dans le quartier général à une heure si tardive. Il attend quelques secondes en s’empêchant de respirer et la silhouette d’un homme qu’il reconnait immédiatement se détache de l’ombre. C’est Blake, le type à la moins bonne réputation chez les manthas. Beaucoup sont d’avis que ce dernier manigance des choses louches dans le dos de tout le monde mais Joseph lui a toujours laissé le bénéfice du doute. On a tous nos secrets : lui-même cache encore les cicatrices zébrées qui recouvrent toute la surface de son dos. Pourtant, une rumeur court et les voix ne se font pas discrètes lorsqu’il s’agit d’inculper Blake pour un crime qu’il n’a pas encore commis. Les mots s’échangent depuis la mort du manthas qui est allé fouiner chez le Club : Blake est officiellement devenu le mouton noir du gang et les couteaux sont prêts à se planter dans son dos. « Toujours occupé à mettre ton nez ailleurs, à ce que je vois. » Souffle Joseph pour signaler sa présence dans le salon alors que Blake se croyait seul. Il tire une latte et la braise orangée trahit sa position. « Tu reviens d’où, cette fois ? Et ne me dis pas que t’avais seulement besoin de prendre l’air, il est quatre heures du mat. » Il continue, le ton sévère, bien que cela ne lui ressemble habituellement pas. Cette nuit, il a besoin d’obtenir la solution à cette énigme qui l’empêche de dormir.  
 
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyJeu 6 Fév 2020 - 13:59

« Toujours occupé à mettre ton nez ailleurs, à ce que je vois. » Blake stoppa immédiatement sa démarche. Il était bien fatigué et complètement à côté de ses pompes pour ne pas avoir remarqué la présence de quelqu’un dans le salon. Il ne fut pourtant pas surpris, il ne sursauta pas. Il était bien trop habitué à dormir sur une oreille, à être réveillé dans la précipitation, il ne se laissait plus surprendre. S’il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un soit dans le salon, ce n’était pas quelque chose que son cerveau avait éliminé d’office. Pourtant, il n’était pas sur le qui-vive, ses réflexes s’étaient alourdis, il fallait qu’il dorme et il en avait la preuve officielle. Il ne pouvait pas se permettre de manquer de vigilance, il savait déjà que tous les membres du gang ne l’appréciaient pas et sans son ami, il était difficile de dire combien de temps il pourrait rester encore auprès d’eux. Il se sentait chez lui, malgré la méfiance de quelques-uns, il avait des bons contacts et surtout, il y avait le chef. Mais Blake ne l’avait pas vu depuis l’exécution, il avait bien d’autres choses à régler. La remarque de Joseph faisait écho, ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait ce genre de commentaire, qu’on cherchait à fouiner dans sa vie privée. Il avait même surpris un Mantha en train de le suivre dans la rue un jour. Il n’était pas étonné des questions que tous pouvaient se poser. Il était fuyant et très occupé depuis quelques années, il avait le profil parfait de l’agent double et pourtant, ce n’était pas lui qui avait trahi et mis en danger tout le gang avec ses conneries. Il n’eut pas l’intention de répondre, il n’avait pas envie de se justifier ce soir, ou de faire semblant de le faire. Il n’avait pas d’effort à fournir. Il ne tourna pas la tête, ne bougea pas pendant quelques secondes puis finalement, il fit un pas, avant que la voix ne s’élève à nouveau. « Tu reviens d’où, cette fois ? Et ne me dis pas que t’avais seulement besoin de prendre l’air, il est quatre heures du mat. »

Il avait eu un doute, pendant un instant mais à présent, il en était sûr. C’était bien Joseph qui était dans le salon et qui s’adressait à lui. Il se tourna vers la voix, il vit le point de lumière significatif de la cigarette qui se consume et un frisson le traversa. Il détestait voir une clope, il se souvenait encore trop bien de la sensation de brûlure sur le creux de ses bras, sur ses épaules, sur le bas de son dos. Il ne laissa pas le malaise l’envahir et garda le silence une seconde de plus. « Tu espères vraiment obtenir une réponse de ma part ? Tu crois être le seul à ne pas réussir à dormir ? Tu préfères te vautrer sur un canapé avec une clope, j’ai besoin de sortir et de prendre l’air, qu’est-ce que ça peut bien te faire ? » Son ton était légèrement agressif. Blake avait les nerfs à fleur de peau depuis quelques jours et Joseph n’arrangeait pas les choses avec son air soupçonneux. Il n’avait, jusque-là, jamais émis le moindre doute sur lui. Il ne l’avait jamais questionné comme les autres, ne l’avait jamais regardé comme s’il était un traître. Il n’avait jamais rien dit, alors pourquoi ce soir ? Pourquoi cette question maintenant ? Qu’est-ce qui avait changé ? La mort de l’un des leurs ? Il n’en savait rien et il n’avait pas envie, il n’était pas d’humeur à répondre à des questions, à être interrogé de cette manière. Il n’avait rien à se reprocher de toute manière, il n’était coupable que d’une chose et ce n’était le rôle de personne de le condamner pour ça. Blake souffla un bon coup. Joseph n'était pas agressif, il était accusateur mais pouvait-il vraiment le lui reprocher ? Malheureusement, ce soir, il n'avait pas envie de parler, encore moins de se justifier. Il n'avait pas à faire la conversation et il se contenta de détourner à nouveau la tête. " Rends nous service à tous les deux et mêle toi de tes affaires. " Conclut-il en avançant à nouveau d'un pas pour se diriger vers l'endroit qu'il visait depuis le début: la cuisine. Il franchit le seuil, pensant avoir mis un point définitif à cet interrogatoire. D'habitude, les airs de Blake et sa façon de répondre ne donnaient guère envie qu'on l lui demande d'avantages d'explications. Il ouvrit le frigo pour se servir un verre d'eau. Il en avait besoin après l'alcool qu'il avait bu. Il se servit, l'esprit préoccupé, les gestes fatigués.
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptySam 8 Fév 2020 - 4:34

Joseph ne s’était pas attendu à être dérangé en plein milieu de la nuit par le retour tardif et toujours aussi louche de Blake. Il aurait pu se taire et le regarder traverser le salon sans attirer son attention mais il n’a pas pu s’empêcher de dire ce qui lui chatouillait le fond de la langue. Il a besoin de savoir que le gang entier manigance dans son dos et qu’il est la cible de toutes les accusations. Peut-être veut-il le protéger, en fait, comme son instinct l’a toujours fait. Mais, cette nuit, il a besoin de lui balancer la vérité dans le visage dans l’espoir d’obtenir les réponses à toutes ses interrogations. Il ne veut pas en arriver au point de non-retour mais la fatigue l’encourage à serrer la mâchoire lorsqu’il tente d’obtenir une réponse de la part de l’homme devant lui concernant sa disparition douteuse nocturne – bien que ce soit rendu une habitude pour les manthas de découvrir le lit vide de Blake. « Tu espères vraiment obtenir une réponse de ma part ? Tu crois être le seul à ne pas réussir à dormir ? Tu préfères te vautrer sur un canapé avec une clope, j’ai besoin de sortir et de prendre l’air, qu’est-ce que ça peut bien te faire ? » La respiration légèrement tremblante, Joseph déglutit et coince à nouveau sa clope entre ses lèvres dans l’espoir que cette énième bouffée de fumée empoisonnée le calme. C’est bien son problème, à lui : il est bien trop sensible à ce qui l’entoure et le moindre inconfort au sein des manthas le bouscule. Il faut se rendre à l’évidence : Blake est la raison pour laquelle les relations sont tendues en ce moment. « M’ouais, si seulement c’était pas devenu une habitude pour toi de disparaître pendant la nuit et de r’venir qu’à l’aube. » Son ton est ponctué de sarcasme aussi cru qu’un poulet fraîchement déplumé. Cependant, il fait gaffe à ne pas réveiller toute la maisonnée en parlant à voix basse. La discussion doit rester entre lui et Blake. Une seule autre oreille ajoutée à l’équation et les dents du prétendu traître seront étalées sur le plancher du salon. " Rends nous service à tous les deux et mêle toi de tes affaires. " Un soupir gonfle sa poitrine et il observe le garçon disparaître dans la pièce adjacente. « J’essaye d’te rendre service. » Il murmure pour lui-même avant de se masser les tempes, le visage fatigué. L’ouïe tendue, il écoute attentivement le moindre bruit provenant de la cuisine afin de déterminer ce que Blake y fait. L’eau du robinet coule, ce n’est pas bien menaçant.

Après avoir compté jusqu’à dix pour s’assurer de ne pas commettre une connerie, Joseph se relève, abandonnant le confort du canapé, et se dirige à pas feutrés vers la cuisine, là où il se plante dans le cadre de la porte après s’être assuré qu’ils étaient encore seuls. « Qu’est-ce qu’il lui a pris ? » Il commence, pensant qu’il vaudrait mieux pour lui de parler du défunt plutôt que de directement accuser Blake de comportements suspects. « Vous étiez comme des frères. Ne m’dis pas qu’tu savais pas qu’il prévoyait de faire la plus grosse connerie d’sa vie, j’en ai marre des mensonges. On en a tous marre. » Il ajoute, sans préciser que les autres manthas ne sont pas aussi dociles lorsqu’il s’agit de parler de la situation délicate. Joseph est le seul qui arrive encore à préserver le bénéfice du doute : les autres sont sautés aux conclusions logiques et attendent que justice soit faite. « Tu attends qu’le chef te colle un flingue sur la tempe pour parler ? »        
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyLun 10 Fév 2020 - 13:51

« M’ouais, si seulement c’était pas devenu une habitude pour toi de disparaître pendant la nuit et de r’venir qu’à l’aube. » Blake ne bougea pas, ne réagit pas. Il se contenta de fermer les yeux quelques secondes, parfaitement conscient que Joseph ne pouvait pas le voir. Il ne pouvait s’empêcher de voir les images défiler sous ses yeux. Il était facile pour les Manthas de porter une accusation, de le voir comme le vilain petit canard parce qu’il cachait des choses, parce qu’il n’était pas réellement sincère, parce qu’il partait sans prévenir et revenait comme un voleur aux premières lueurs du matin. Il ne répondit pas, il ne le pouvait pas, il n’avait rien pour se défendre, il n’avait pas le droit de parler, il savait qu’il risquait gros. Il était membre d’un gang, il savait ce que cela impliquait. Personne, au sein de ceux qui habitaient sous ce toit, n’avait envie de savoir ce qu’il faisait de ses nuits. Lui-même aurait préféré l’oublier, ne pas être hanté par les images incessantes. Il était facile d’accuser, de pointer du doigt sans se poser de question, sans faire attention aux yeux cernés, à la mine grave, à la fatigue qu’il pouvait dégager en revenant quelques matins. Non, les gars ne voyaient que son absence et non son retour, ils étaient suspicieux et il pouvait le comprendre mais ce soir, il n’avait pas la force de répondre, pas celle de se justifier. Surtout que pour une fois, il était innocent, il avait simplement passer des heures à déambuler, de longues minutes à boire, il n’avait rien fait et il devait encore se justifier. Non, pas si près de la mort de son ami, il n’avait pas envie. Il allait laisser Joseph planté là sans lui donner plus d’explication et il irait se coucher, en espérant être suffisamment fatigué pour sombrer dans un sommeil sans rêve, sans la moindre pensée. Il se dirigea vers la cuisine, se servit un verre d’eau et prit le temps de le boire, noyé dans son esprit, comme si son cerveau ne pouvait pas lui laisser plus de dix minutes de répit. Il fixait le plan de travail en face de lui, les fesses appuyées contre l’évier, quand il vit la silhouette de Joseph se dessiner dans l’encadrement de la porte. La faible lumière émise par l’ampoule qu’il avait allumé pour y voir quelque chose lui permettait de distinguer parfaitement les traits sur le visage du Mantha et il détourna les yeux, faisant semblant de s’intéresser davantage à l’eau claire dans son verre, feignant plutôt l’indifférence la plus totale. « Qu’est-ce qu’il lui a pris ? » Blake serra les doigts autour du verre qu’il contemplait, sans pour autant lever la tête. Ce n’était pas ce qu’il voulait, il n’avait pas envie de parler, Joseph ne pouvait-il pas le comprendre ? Il se connaissait assez pour savoir que l’insistance du Mantha allait les conduire dans une impasse. Il avala une gorgée, sans prendre la peine de répondre à cette question, comme s’il ne la comprenait pas. « Vous étiez comme des frères. Ne m’dis pas qu’tu savais pas qu’il prévoyait de faire la plus grosse connerie d’sa vie, j’en ai marre des mensonges. On en a tous marre. » Le silence accueillit à nouveau la cuisine. Blake était muet, incapable de prononcer le moindre mot. Il ne savait pas, non, bien sûr qu’il ne savait pas, sinon il aurait tout fait pour empêcher ce qu’il s’était passé. « Tu attends qu’le chef te colle un flingue sur la tempe pour parler ? » La réaction de Blake fut beaucoup plus difficile à contrôler, il releva immédiatement ses yeux clairs pour chercher ceux de Joseph. Il savait que les choses pourraient en arriver là mais il ne s’y était pourtant pas attendu. Il plissa les paupières en fusillant le Mantha du regard. La mention du chef venait d’atteindre son objectif. C’était ce qui faisait peur à Blake. Que le chef soit contraint de le confronter, qu’on ne lui laisse pas le choix. Et le boss n’aurait aucun autre choix que d’exécuter Blake si le doute venait à devenir trop oppressant. Un choix qu’ils n’avaient probablement pas envie de prendre, ni l’un, ni l’autre. Il craignait qu’ils en arrivent là, bien sûr, il y avait pensé. Mais que ce soit si clair, que ce soit une éventualité dans la tête des Manthas le bousculait. « C’est bien parce qu’on était comme des frères que tu devrais savoir que venir m’emmerder avec ça maintenant, c’est vraiment la pire idée que tu puisse avoir. » C’était le pire moment, Blake n’était pas logique et raisonné. S’il s’était posé deux minutes la question, il aurait vu que Joseph essayait de l’aider, qu’il n’était pas accusateur mais un peu quand même. Il avait les mêmes soupçons que les autres, espérait-il réellement qu’il parle parce qu’il s’y prenait mieux que les autres ? Blake secoua la tête et but à nouveau une gorgée, plus pour s’occuper que pour réellement s’hydrater. Il serra les dents. « Qu’est-ce que tu veux que je dise ? Que j’étais au courant de rien, que je savais pas ce qu’il allait faire ? Et ça change quoi, tu vas me croire sur parole et convaincre tous les autres que je ne suis pas un loup blanc dans une bergerie ? Faites ce que vous avez à faire, si ça peut vous rassurer, si ça peut vous aider à dormir la nuit, mais foutez moi la paix, surtout en ce moment Joseph. » Il était à fleur de peau, les nerfs à vif, il ressentait tout avec beaucoup trop d’émotions. Il avait perdu quelqu’un qui lui était cher, ces personnes-là étaient suffisamment rares dans sa vie pour qu’il le ressente comme une réelle perte. Il se sentait oppressé, il avait peur de la suite, il avait peur de se retrouver seul. Et pourtant, il ne faisait rien pour rassurer les autres. Il avait l’impression d’être déjà condamné, il n’en voyait plus l’intérêt.
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyMar 11 Fév 2020 - 20:31

Joseph n’est habituellement pas le genre de mec qui s’impose aux autres. Si la religion lui a appris une chose, c’est de respecter son prochain sauf si celui-ci te plante un couteau dans le dos (le verset dans la Bible n’est pas exactement écrit comme ça mais ça se ressemble, sans invoquer des couteaux). S’il ne se sentait pas aussi affecté pour les événements qui avaient ébranlé le gang, il serait probablement en train de ronfler dans son lit à cette heure nocturne. Cependant, comme personne n’a eu le cran jusqu’à présent de confronter le responsable de toute cette tension, Joseph prend la responsabilité de le faire. Et, lorsque l’ombre de Blake traverse le salon dans la noirceur, il comprend que c’est le moment pour lui de saisir l’opportunité. Même si le tatoué figure parmi les hommes qu’il a moins côtoyés dans le groupe, il ne craint pas de recevoir un poing dans les dents ; un tel acte de violence de sa part mettrait fin à sa carrière de criminel au sein des manthas. Et, s’il y a quelque chose que tous les hommes du gang savent, c’est qu’un banni ne retrouvera jamais une vie paisible. La trahison ne se clôture que par une balle dans le crâne : seuls les plus chanceux arrivent à prendre leurs jambes à leur cou pour décamper plus rapidement qu’appuie le doigt sur la gâchette.

Dans la cuisine, la tension plane et plante au fond des tripes de Joseph une angoisse de plus en plus perceptible dans son visage. Il tente de rester le plus impassible possible, se remémorant toutes les leçons que lui a apprises l’ancien chef quand Joseph était le plus récent dans la bande. Les yeux de glace, il ne les maîtrisait pas encore à la perfection et il ne les maîtrisera probablement jamais. Il a été initié trop tard à la vie d’un criminel et l’ombre de son passé de gentil garçon respectueux trahit encore souvent son comportement. Incapable de faire réagir un Blake irrité qui avale sa colère à coup de gorgées d’eau froide, c’est seulement lorsqu’il additionne le chef à l’équation qu’il peut obtenir une réaction claire chez le tatoué. Leurs regards se croisent et un frisson parcourt l’échine de Joseph qui réussit tant bien que mal à préserver son calme. « C’est bien parce qu’on était comme des frères que tu devrais savoir que venir m’emmerder avec ça maintenant, c’est vraiment la pire idée que tu puisse avoir. » Personne ne parle de la mort de Mike. Elle est taboue, dans le quartier général, et la plupart des manthas tentent de faire leur vie sans remarquer l’absence de plis dans les draps du défunt. Cette retenue ne fait pas exception à Joseph qui ne fait que broyer seul du noir lorsque qu’il revoit le visage d’un Mike alarmé se faisant trainer jusque dans la cave, où un coup de feu déstabilisant retenti. L’écho de la balle résonne encore dans son crâne et c’est sa mélodie satanique qui l’empêche de fermer les yeux dans le silence de la nuit. « On ne peut pas faire comme si rien n’s’était passé même si personne n’ose en parler. » Il répond solennellement en croisant les bras sur sa poitrine afin de se protéger des prochaines réparties du garçon aussi tendu qu’une corde à linge. « Qu’est-ce que tu veux que je dise ? Que j’étais au courant de rien, que je savais pas ce qu’il allait faire ? Et ça change quoi, tu vas me croire sur parole et convaincre tous les autres que je ne suis pas un loup blanc dans une bergerie ? Faites ce que vous avez à faire, si ça peut vous rassurer, si ça peut vous aider à dormir la nuit, mais foutez moi la paix, surtout en ce moment Joseph. » La tête de l’interpelé se secoue doucement de droite à gauche. Il prend un moment pour réfléchir à la chose à dire, bien qu’il ne soit pas ici pour menacer Blake de futures représailles. Il sait que les manthas ne tiennent plus Blake dans leur cœur et que, d’un jour à l’autre, les menaces se lanceront entre les murs du quartier général et que ce sera trop tard à partir de ce moment. Les hostilités ne cessent que lorsqu’il y a un perdant. « Je ne peux convaincre personne, je te rappelle que j’suis pas vraiment une figure d’autorité, ici. » Il précise pour rassurer Blake, en quelques sortes : s’il y a une guerre cette nuit, il la perdrait très facilement. « Mais sache que les autres ne se réjouissent pas à l’idée de t’revoir. Et j’vais être honnête avec toi : j’déteste te savoir ici. » Il brise sa famille sans le vouloir et cette dernière est la chose la plus précieuse qu’il possède. L’argent ne lui apporte rien de plus que des biens matériels qui ne valent rien. « Je sais que les autres parlent dans ton dos mais je ne sais pas ce qu’il se trame. Mais t’es clairement plus le bienvenu ici. » Il termine, en décrochant ses yeux des siens. « Alors fais gaffe, le moindre faux pas et tu retrouves ton pote. »  
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyMar 11 Fév 2020 - 22:16

Blake sentait la tension, il aurait pu l’attraper avec la main s’il l’avait voulu. Elle était palpable, étouffante. Et pas seulement dans cette cuisine, avec Joseph pour l’interroger sur ce qu’il faisait la nuit. Non, elle l’étouffait jour après jour, sans qu’il ne puisse rien y faire. Elle le prenait à la gorge, vicieuse et douce, il s’enfonçait. Il avait attisé les soupçons et son comportement ne faisait qu’amplifier l’angoisse des Manthas. Ils avaient besoin d’un coupable, puisque Mike était mort, ils avaient besoin de déverser leur haine ailleurs. Ils avaient un bouc émissaire parfait, qui se baladait parmi eux avec une cible dans le dos. Blake était parfait pour ce rôle, personne ne voudrait l’endosser et voir un autre le porter les soulageait. Tous. Tous des lâches. Aucun ne serait capable de se dresser entre lui et les autres. Personne ne ferait ça pour lui et il l’avait mérité. Il n’était un Mantha que sur le papier, il avait décroché depuis longtemps, il lui semblait presque que cela faisait une éternité qu’il n’avait pas dormi ici. Il observa la cuisine un instant, presque avec nostalgie. Comme si son cerveau enregistrait la moindre information. Il avait presque l’impression que le chef pourrait le sauver, le sortir de cette situation. Qu’il aurait les mots pour rassurer les gars, les mots d’un chef pour rallier ses troupes et pour s’assurer qu’ils restent unis face à leurs objectifs. Mais il savait qu’entre son rôle de chef et Blake, le jeune homme n’avait pas la moindre chance. Il se sentait abattu mais refusait de le montrer, surtout devant Joseph. « On ne peut pas faire comme si rien n’s’était passé même si personne n’ose en parler. » Blake serra les dents, à s’en faire mal à la mâchoire. Il secoua légèrement la tête. Il ne faisait pas comme s’il ne s’était rien passé. Il baissa les yeux vers son verre et déglutit difficilement la boule qui obstruait sa gorge. « Il y a une différence entre parler de sa mort et venir m’accuser de l’avoir causé. » Il releva la tête pour planter ses yeux dans ceux de Joseph. Ils n’étaient pas proches, ils ne l’avaient jamais été mais bizarrement, Blake ressentait malgré tout qu’ils se ressemblaient. Leurs expressions se lisaient sur leurs visages,  ils avaient du mal à rester stoïques et surtout, ils avaient tous les deux eu du mal à s’endurcir. Ils ne se connaissaient pas, ou trop peu. Mais Blake pouvait parfois voir son reflet dans les yeux de ceux de Joseph et c’était quelque chose qui le perturbait.

Il secoua légèrement les épaules pour essayer de se détendre, de se débarrasser de cette désagréable sensation de porter un poids depuis des jours. « Je ne peux convaincre personne, je te rappelle que j’suis pas vraiment une figure d’autorité, ici. »  Non, ça Blake le savait. Il n’y avait que le chef. Mais demander à Joseph de se placer entre lui et ceux qui voulaient sa tête ? Impossible, impensable. Il ne le ferait pas et Blake le comprenait parfaitement, il n’était lui-même prêt à ce sacrifice pour personne. Il l’aurait fait pour Mike, mais ce dernier était mort. « Mais sache que les autres ne se réjouissent pas à l’idée de t’revoir. Et j’vais être honnête avec toi : j’déteste te savoir ici. » Le savoir et l’entendre étaient deux choses bien différentes. Blake fit tout son possible pour rester le plus stoïque possible et peut-être qu’une meilleure lumière l’aurait desservi dans cet exercice mais il estimait la pénombre assez efficace pour cacher l’alarme qui venait de s’allumer dans ses yeux. Il serra son verre plus fort, souhaitant l’éclater en mille morceaux pour détourner l’attention. Pour que Joseph cesse de parler. « Je sais que les autres parlent dans ton dos mais je ne sais pas ce qu’il se trame. Mais t’es clairement plus le bienvenu ici. » Blake resta silencieux, que pouvait-il faire de plus ? Il déglutit, il avait l’impression de voir voler en éclat tout ce qui faisait sa vie depuis cinq ans. Il avait trouvé un foyer, il avait trouvé un toit et tout lui était enlevé. Pour un crime qu’il n’avait pas commis. « Alors fais gaffe, le moindre faux pas et tu retrouves ton pote. »  C’était bien ça, la menace ultime. Personne ne déciderait de l’abattre, personne n’était assez stupide pour ça. Il n’y avait que le chef pour décréter qui était coupable et qui ne l’était pas. Et personne n’avait aucune preuve contre lui. Sa seule faute était de disparaître trois nuits par semaine. Et si seulement il avait pu disparaître plus, il aurait épongé la dette qu’il remboursait depuis bien longtemps. « Et tu crois que tu m’apprends quelque chose ? Innocent jusqu’à preuve du contraire n’est certainement pas le mantra du gang, je ne suis pas stupide. Mais aucun de vous ne sera le juge et le bourreau, garde tes grands airs Joseph, t’es la même putain de fourmi que moi. Tu crois que tu vaux mieux que moi parce que tu es une gentille petite ouvrière qui n’ouvre jamais sa gueule ? Mon tort aura donc été d’être trop proche de quelqu’un ? Je te souhaite de ne pas connaître ça, de ne pas avoir un frère qui fait une connerie et qu’on ne te rejette jamais la faute dessus. » Il détestait l’air de Joseph. Il donnait l’impression de vouloir l’aider mais il savait que c’était l’inverse. Il l’avertissait et si Blake pouvait se barrer dans la foulée, cela l’arrangerait. C’était probablement ce qui allait se passer, sans même qu’un procès n’ait lieu. Il posa son verre si abruptement qu’il loupa le comptoir et le récipient finit sa chute en mille morceaux sur le sol. Blake souffla un coup avant de hausser les épaules. D’habitude, la colère l’aurait emporté mais il n’avait plus rien en stock. « Ne fais pas semblant de m’avertir, tu serais le premier à me planter le couteau si on te le demandait. Vous êtes tous bien trop contents que ça ne tombe pas sur vous. Fous le camp ! » Il se retourna, posa ses mains sur le plan de travail et attendit la retraite de Joseph.
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyLun 17 Fév 2020 - 3:59

Joseph commence à sentir le regret lui titiller les nerfs : il peine à rester sur place, envahi par l’envie de secouer ses muscles pour se défouler et se débarrasser de son besoin de frapper dans un truc. Le garçon est très rarement irrité de la sorte mais, lorsqu’il s’agit de protéger sa famille, il suffit d’une flammèche pour que la tige de sa dynamite s’embrase. Et, cette tige, Blake vient de l’allumer en décidant d’agir en solitaire, comme il l’a toujours fait. À vrai dire, ce dernier s’est toujours distingué des autres par sa façon d’agir différemment, de disparaître des nuits entières sans dépendre de personne et de préserver ses petits secrets. Jusqu’à présent, son attitude ne dérangeait pas au bon fonctionnement du gang mais, depuis la morte de Mike, il est évidemment que les doutes se sont tournés vers celui qui ne se fond pas dans le moule. « Il y a une différence entre parler de sa mort et venir m’accuser de l’avoir causé. » Un long soupir gonfle la poitrine de Joseph qui vient tout de suite corriger ses propos : « Je ne t’accuse pas d’avoir tué Mike. » Il veut le préciser tout de suite car il ne fait effectivement pas partie des manthas qui lui collent le blâme de la mort d’un des leurs. Joseph n’a jamais été un garçon qui mise sur la violence pour arriver à ses fins : jamais il n’accuserait Blake sans avoir les preuves mais ce n’est malheureusement pas la façon de penser des autres qui sont nés pour contredire la loi et la justice et qui se font un malin plaisir à frapper sans réfléchir. Si le plus vieux vient prévenir la tatoué, cette nuit, c’est bien parce qu’il craint qu’il ne soit plus en sécurité, ici, chez lui. Évidemment, une petite voix au fond de lui continue de croire que le jeune a une part de responsabilité dans le drame, parce que ça serait tellement facile de simplement tout lui balancer les reproches et de tourner la page comme si rien ne s’était passé. Mais Joseph ne laisse pas sa mauvaise foi parler pour lui parce qu’il a considéré Blake comme l’un de ses frères auparavant et il ne pourra pas lui retirer tous les moments fraternels qu’ils ont passé ensemble. « Et tu crois que tu m’apprends quelque chose ? […]Je te souhaite de ne pas connaître ça, de ne pas avoir un frère qui fait une connerie et qu’on ne te rejette jamais la faute dessus. » La gorge de Joseph se serre et une douleur nait dans sa mâchoire parce qu’elle est trop crispée. Il s’en rend compte seulement lorsque ses molaires commencent à lui brûler les gencives. Une part de lui a envie de le croire mais, peu importe s’il arrive à le convaincre de son innocence, le plus vieux ne pourra jamais transmettre l’idée au reste du gang. La volonté de tous est claire et inébranlable : Blake doit partir s’il ne veut pas que son destin vienne frapper à sa porte à grand coups de couteau. Silencieux, Joseph sursaute lorsque le verre épais s’écrase au sol et repend des dépris coupants sur le plancher de la cuisine. Il plante ses ongles dans ses propres paumes, sentant les regrets de plus en plus brûlants dans son ventre. Qu’est-ce qui lui a pris de confronter un garçon qui pourrait probablement l’assommer en un seul coup ? « Ne fais pas semblant de m’avertir, tu serais le premier à me planter le couteau si on te le demandait. Vous êtes tous bien trop contents que ça ne tombe pas sur vous. Fous le camp ! » Son ordre percute ses tympans et il fait un pas en arrière, par réflexe, comme s’il venait soudainement de retrouver son instinct de survie. C’est à ce moment qu’un craquement se fait entendre dans l’habitation : c’est le plancher du second étage qui commence à s’animer. Quelques secondes plus tard, la silhouette de deux manthas se dessine dans les escaliers et Blake peut rapidement deviner les traits de Dylan et de Simon. « Qu’est-ce qu’il fout ici, lui ? » Demande Dylan, la voix rauque, visiblement récemment réveillé par le son du verre qui percute le carrelage. Il s’approche dangereusement de Blake mais s’arrête en grimaçant, son pied nu s’étant malencontreusement posé sur un morceau de verre coupant. Un grognement fait vibrer ses cordes vocales juste avant qu’il n’aboie : « Dégage, sale traitre ou je te fais traverser la fenêtre. » Machinalement, Joseph se place derrière les deux brutes et se met à grimper les escaliers à reculons, les deux yeux rivés vers Blake. Il lui accorde ce regard parce qu’il a l’impression que ce sera le tout dernier qu’ils pourront s’échanger. Pourtant, même si son instinct lui dit que le crâne du tatoué accueillera une balle, son regard est aussi neutre que la pierre. Il arrive à se convaincre que sa mort ne sera que bénéfique pour tout le monde, petit esprit manipulé qu’il est.
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Message(#)(blake&joseph) ++ winter, 2014 EmptyJeu 20 Fév 2020 - 9:39

Blake avait une envie de taper, pourtant, il savait qu’il ne pourrait pas lever le poing sur Joseph. Pas immédiatement en tout cas. Il ne savait rien de ses réactions mais Joseph n’était pas violent, il n’était pas aussi arrogant que les autres. Il y avait quelque chose dans ses yeux qui pourrait l’empêcher de réellement vouloir se montrer violent avec lui. Mais son attitude, à cet instant précis, l’irritait profondément. Il inspira, il devait se calmer. Se battre avec l’un des siens serait probablement sa pire idée. Tout le gang lui tomberait dessus et serait bien trop content de le voir fauter de la sorte, pour donner une raison au chef de lui mettre une balle dans la tête, comme Mike avant lui. Il devait donc rester sage, faire profil bas pour les jours à venir. « Je ne t’accuse pas d’avoir tué Mike. » Non, ce n’était pas non plus ce qu’il avait dit. Mais tous regardaient Blake comme s’il avait regardé son ami faire le con sans intervenir. Comme s’il l’avait encouragé, ou pas assez surveillé. Il n’était pas une baby-sitter, il n’était pas responsable des actes de Mike et pourtant, cette histoire lui retombait dessus alors que sa seule faute avait été d’être trop proche d’un Mantha. Cela lui apprendra à se lier à quelqu’un d’autre qu’à lui-même. S’attacher n’avait cessé de le mettre dans les galères. C’était à cause de son attachement qu’il se prostituait pour régler une dette qui n’était pas la sienne. Et c’était à cause de cela qu’il se retrouvait dans la tourmente à nouveau. Il préféra ne pas répondre, il serra les dents et se tut, un fait bien rare chez lui. Il n’y avait plus rien à dire. Joseph pouvait se vanter de ne pas l’avoir accusé, c’était pourtant bien ainsi qu’il avait interprété ses paroles. Le verre qu’il brisa par terre fit finalement reculer Joseph mais il préféra se couper de cette scène, il se retourna, posa les mains à plat sur le plan de travail jusqu’à ce qu’il entende des pas dans l’escalier. Il avait réveillé des Manthas. Il vit débarquer deux des leurs et en voyant leur tête, il sut immédiatement qu’il aurait du mal à dormir sous ce toit ce soir. Il leur fit face, sans aucune peur dans les yeux. Il n’était pas devenu un dealer, un escroc et un voleur pour rien, il n’avait peur de rien et Dylan et Simon n’étaient pas ceux qui l’effrayaient. Il eut même l’audace de ricaner en voyant l’un d’eux prendre un bout de verre dans le pied. « Qu’est-ce qu’il fout ici, lui ? » Blake fronça les sourcils et délia sa langue, acerbe. « IL est chez lui, abruti. » Il savait que ce n’était pas du tout l’attitude à adopter mais Blake aimait la provocation et l’éclair de colère dans les yeux de Dylan valait tout l’or du monde à ses yeux. « Dégage, sale traitre ou je te fais traverser la fenêtre. » Le jeune tatoué arqua un sourcil, bien curieux de le voir faire. Il vit un mouvement du coin de l’œil mais il ne lâcha pas les deux abrutis du regard, il ne pouvait pas se le permettre. « J’aimerais bien te voir essayer. » Blake ne se laisserait pas faire sans bouger, il prit le risque, une fraction de seconde, de chercher Joseph des  yeux et le vit remonter les escaliers en l’observant. La déception, la colère, la frustration lui brûlaient la gorge, il avait envie de hurler, de lui crier qu’il n’avait rien fait et qu’il était le pire lâche qu’il ait vu de sa vie. Un putain de lâche qui se repliait sans même essayer de convaincre les deux autres que, jusqu’à preuve du contraire, Blake n’avait rien fait et qu’ils n’avaient aucune autorité pour le foutre à la porte. Le jeune homme planta son regard dans les yeux du pleutre, en ayant la douloureuse impression que c’était la dernière fois qu’il le voyait et la dernière fois qu’il se retrouvait dans ce QG. Il céda, pour ce soir, il prit la direction de la porte, non sans bousculer au passage les deux manthas venus le mettre à la porte. Il n’avait aucune force pour se battre, il fallait qu’il voit le chef, il fallait qu’ils discutent, il avait besoin de reprendre sa place au sein des Manthas. Pourtant, au creux de son esprit, dans un coin de son cœur, il savait, il était certain qu’il n’était plus chez lui et qu’il ne remettrait pas les pieds dans cette maison qu’il affectionnait tant. Sa poitrine se serra quand il passa la porte, la boule à la gorge, le cœur en morceaux. Deux heures plus tard, Blake recevait ce message, ce simple « dégage ». Il le savait et pourtant, il était toujours assis sur un muret, face au QG , quand il reçut ce message du chef. Il l’avertissait de ne pas revenir au QG mais surtout, il lui disait clairement de quitter la ville, sa tête était tombée, il devait se barrer s’il voulait vivre quelques années de plus. Et il le fit sans se retourner.

{the end}
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