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Message(#)You better not lose control  EmptyMer 5 Fév 2020 - 16:23




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Je n’aurais franchement su dire ce qui m’obligea à inspirer et à expirer aussi profondément devant cet immeuble majestueux, qui pue le luxe et le fric et qui me donne l’impression de n’être qu’un minuscule grain de sable dans le désert de richesse de cette fichue ville. Etait-ce cette tendance au machisme qui m’empêche de considérer que les femmes, de nos jours, sont aussi indépendantes que les hommes ? Qu’elles n’attendent, enfermée dans leur tour d’ivoire, le charmant Princes? Pour les réveiller d’un sommeil qui dura cent ans ? Non ! Je ne crois pas. Si j’accorde à mon père qu’il représentait l’autorité à la maison, ma mère était de loin la seule qui se permettait de hausser le ton sur lui et de lui faire courber l’échine. Moi, confronté à la mauvaise humeur de Sarah, je l’avais fait moins souvent, mais j’étais conscient que sans elle, le pignon tenant la maison droit aurait menacé de s’écrouler. Je n’étais pas souvent à la maison et, lorsque la vie m’y cloua, je passais le plus clair de mon temps à réclamer l’affection de ma fille. Non, si je me sens oppressé, si mon estomac menace d’exploser d’être serré en étau par l’angoisse, c’est que je sais que de cette rencontre avec Maeve dépend la réussite de mon entreprise. Elle était cousue de fil blanc. J’avais plus ou moins prévu les conséquences de chacun de mes choix. J’envisageai également des stratégies de repli dans l’éventualité où je commettrais une erreur. Malheureusement, le constat demeurait toujours le même : il est des hommes que l’on ne peut combattre seul, parce qu’ils sont influents. Seul, un piranha – et je ne suis rien grand-chose de plus – ne peut affronter un requin. Il ne peut le dévorer sans lui offrir la moindre chance de repli. Pour le tuer, il doit opérer en banc et, pour ce faire, il doit convaincre ses potentiels alliés qu’il ne les conduit pas au suicide. Aussi, étais-je conscient, en pénétrant dans la rotonde de cette bâtisse, que je serai obligé de peser mes mots, de la jouer finement, d’approcher Maeve Fox, que sa réputation précédait, avec délicatesse et, par-dessus-tout, la traiter d’égal à égal. C’était là tout l’objet de ma préoccupation. Si je m’en sais capable, il reste une question à laquelle je ne trouve aucune réponse : comment contrer sa loyauté envers le Club ? Comment lui prouver ce dont je suis certain sans la brusquer et lui donner l’impression que je ne suis qu’un félon de plus, un type lambda qui n’est pas à la hauteur de ses ambitions, qui s’en donnent les moyens, certes, mais qui est bien trop bête pour les atteindre. Moi, j’étais convaincu que j’avais, en moi, la ressource pour faire plus qu’effleurer du doigt ma vengeance. Il me suffisait d’insérer la clé dans la bonne serrure sans insuffler à cette femme intelligence la moindre trace de méfiance et, pour ce faire, je ne connaissais qu’une méthode : la reconnaissance. Pas à mon égard, non, l’inverse justement. Maeve, décrite comme une femme attirée par le pouvoir, devait cultiver le sentiment que je lui étais entièrement redevable des suites d’un service qu’elle m’aurait rendu, un service d’ordre pécuniaire, cela va s’en dire.

Alors que la réceptionniste m’annonce et m’invite à patienter, je suis le fil d’Ariane de mon discours et le remonte à la genèse de ce dernier. Je le rode encore un peu et m’accorde que la fausse déférence ne m’apportera bien, ce qui m’arrangeait parfaitement. Je ne suis pas doué pour les salamalecs. Parfois, prononcer plus de trois mots est un véritable supplice, surtout quand le sujet ne m’intéresse guère. Aussi, en la saluant d’un sourire et d’un signe de tête, tandis que je la remercie sincèrement de m’avoir reçu, je n’ajoute rien susceptible de la flatter concernant son allure, l’image qu’elle me renvoie ou le faste de son bureau. « Je suppose que Greg vous a touché un mot sur la raison de cette entrevue. » Je les savais amis. Sans lui, je ne serais pas ici d’ailleurs. Mais, j’ignorais encore quelle était la spécificité exacte de leur relation. S’est-construire sur l’affection ? Sur la passion d’un échange intime ? Est-elle née alors qu’ils n’étaient que deux gosses insouciants ? A-t-elle perduré dans le temps à force de respect ou de tendresse ? Je ne crois pas en l’amitié entre deux êtres du sexe opposé. J’argue volontiers, lorsque le sujet est déposé sur la table, que l’un est toujours plus attiré physiquement par l’autre et qu’il finit par en souffrir. Je parlais sans savoir, bien sûr. Je n’avais jamais vécu de situation similaire. Dès lors, statuant qu’assouvir ma curiosité ne m’aiderait pas à obtenir ce que j’attends d’elle, je me prépare déjà à lui répéter les faits qui m’amenèrent à fouler son plancher. En soi, ce serait plutôt normal. « Mais, je ne doute qu’il ait su vous dire précisément qui je suis et quelles sont mes véritables attentes… » Je déclinai mon identité, néanmoins conscient qu’elle s’est déjà renseignée à mon sujet. Ce que j’ignorais, c’était l’étendue de ses découvertes, bien que je ne doute pas une seconde que ce fruit tombera bientôt de l’arbre. « Et je travaille pour le Club ou, pour être tout à fait honnête, j’ai des projets pour le Club. » conclus-je sans la quitter des yeux, évaluant sa réaction, que je pressentais dénué d’effarement. Elle transpire l’assurance, Maeve, un peu comme Raelyn, qui n’avait, sur l’heure, rien à faire dans mes pensées.




Dernière édition par Amos Taylor le Dim 9 Fév 2020 - 11:28, édité 1 fois
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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 9 Fév 2020 - 11:25

Mercredi 5 Février 2020.

Je retrouve Alec dans la BMW avec la sensation du devoir accompli. Le bâtiment tant convoité est désormais mien. Comme quoi, il était facile de mettre un terme aux réticences de vente de certains propriétaires avec une invitation à déjeuner et une certaine force de persuasion. Dom et son équipe avaient encore abattu un excellent travail dans leurs recherches et je ne manquerai pas de fêter cette nouvelle victoire en compagnie de mon précieux bras-droit et ami. « Retour au bureau, Ms Fox ? » Me demande mon chauffeur en mettant le contact. Nos regards se croisent à travers le rétroviseur et un sourire affable étire mes lèvres. « Oui, merci. » Maintenant que la victoire est définitivement obtenue concernant ce nouvel investissement immobilier, je récupère le téléphone portable dans mon sac à main et passe un coup de fil à celle qui prendra désormais le relais des opérations. « [...] Je te fais passer le contrat de vente signé. Notre coursier te l'apportera d'ici une heure. » Je la salue et raccroche à l'instant où Alec stoppe le véhicule. Nous nous trouvons devant l'imposante entrée de l'immeuble appartenant à la FLSC. « A ce soir, Alec. » « A ce soir, Ms Fox. Bonne après-midi à vous. » Sauf changement de dernière minute, il m'attendra de nouveau à dix-neuf heures trente précises, mais cette fois devant l'ascenseur du grand parking souterrain, afin de me ramener au penthouse.

En attendant, l'ascenseur en question me mène tout droit au dernier étage. Je passe devant la réception où est installée Nova, qui en profite pour me faire un rapide résumé de mes prochains rendez-vous. Le premier sera Amos Taylor, un inconnu envoyé par Greg, qui cherche (apparemment) un investisseur. J'avais bien sûr été tentée de refuser net cette demande, mais Greg avait insisté, prétextant qu'il s'agissait d'un ami. Insensible à cet argument, j'avais néanmoins fini par capituler, ne serait-ce que par curiosité. Greg restant fidèle à lui-même, il m'avait défendue « d'entuber » Amos dans le cas où je devenais effectivement sa créancière. J'avais coupé la communication sans rien répondre, un sourire amusé étirant mes traits. « Bien. Faites entrer M. Taylor dès qu'il arrivera. » Je laisse mon assistante retourner à ses occupations et m'installe derrière mon Mac dernier cri. Il me reste encore un peu de temps, je vais donc en profiter pour envoyer quelques mails.

Le haut-parleur de mon fixe s'enclenche finalement et Nova m'annonce la présence d'Amos. Consciente de mes directives, elle ne me demande pas l'autorisation de le laisser entrer : une poignée de secondes plus tard, mon rendez-vous passe les doubles-portes du bureau et me tend la main poliment. Il commence par me remercier de lui accorder cet entretien. J'acquiesce, lui offrant mon expression la plus chaleureuse. « Je suppose que Greg vous a touché un mot sur la raison de cette entrevue. » « En effet. Il ne me manque plus que les détails. » D'un geste, j'invite M. Taylor à s'asseoir sur le canapé et prends moi-même place sur le fauteuil assorti, lui faisant ainsi face. « Mais, je ne doute qu’il ait su vous dire précisément qui je suis et quelles sont mes véritables attentes… » Je hausse un sourcil, étonnée de cette étrange entrée en matière. Je garde toutefois le silence et d'un simple regard, enjoins mon interlocuteur à continuer sur sa lancée. « Et je travaille pour le Club ou, pour être tout à fait honnête, j’ai des projets pour le Club. »

Je dois admettre que j'étais loin de m'attendre à une telle révélation. Ma première pensée est pour Greg. Comment se fait-il qu'il m'ait présenté cet Amos comme l'un de ses amis les plus proches ? Se peut-il que Greg ne sache s'entourer que de menteurs, que de traîtres ? Cette information est loin de me plaire. Je n'aime pas qu'un simple étranger se serve de Greg pour m'approcher. Et je n'aime pas qu'il sache qui je suis réellement, par ailleurs. « Le Club ? » Je demande alors, l'air de ne pas véritablement comprendre le sujet de cette conversation. S'il veut que je puisse le croire, Amos allait devoir m'offrir davantage que cela. Je sais cependant qu'il a été fouillé par l'équipe de sécurité dans le hall et qu'il est passé par le détecteur. Il ne peut pas avoir un micro dissimulé sur lui. Je ne prends donc pas tant de risques à aller plus avant dans la discussion, c'est-à-dire en admettant que je sais à quoi ce nom fait référence. « Et qu'est-ce qui vous faire croire que je suis reliée au Club ? » J'interroge encore. Je n'ai pas abandonné le sujet Greg, loin de là, mais la confidentialité de mes affaires de l'ombre passe avant le reste. Et pour le moment, une seule et unique question me préoccupe : qui a bien pu révéler mon appartenance à l'organisation criminelle de Mitch à un sombre inconnu ?

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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 9 Fév 2020 - 20:22




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J’avoue, maladroitement, que Greg n’aurait pu s’attarder en détail et, sans surprise, elle s’en étonne. Elle ne cherche pas à le dissimuler et j’en déduis aussitôt que ces deux protagonistes sont liés par une amitié sincère. Peut-être a-t-elle été galvaudée par un secret qu’ils partageraient et dont ils auraient honte tous les deux – je n’ai jamais cru en l’amitié entre un homme et une femme – mais elle existe bel et bien. Au contraire, je n’aurais pas l’impression que, dans sa grimace d’effarement, se cache également l’intuition que je ne peux être digne de confiance si je mens à mes proches. A sa place, j’aurais sans douté pensé la même chose. Sauf que c’est justement par amour pour eux que je tais mes projets et mes activités somme toute provisoires. Je ne leur mens pas, je me retranche derrière les non-dits et je les protège à chaque fois que je cloisonne ma vie quotidienne et celle que je mène au Club. Est-ce que je suis fier de mon comportement ? Pas le moins du monde, mais si c’était à refaire, je recommencerais. Je n’hésiterais pas trente secondes pour que d’aucunes ne se sentent en port à faux vis-à-vis de l’éthique, de la morale ou d’un serment professionnel. Certes, je fus honnête avec Olivia, parce que je la sais forte et animée de la même rancœur que moi. Je lui rapportai tout de mes manigances parce que je sais qu’elle croit de moins en moins en la justice des Hommes. Tout comme je n’ignore pas que, contrairement à la jeune femme, Gregory est un idéaliste. Et qu’en est-il de Maeve ? Est-elle, comme la rumeur le prétend, uniquement intéressée par le pouvoir ? Une chose est certaine, là où elle ne se trompait pas, c’était qu’elle était méfiante et maligne. « Croire ? Je ne crois pas. Je s’en suis certain. Je suis allé avec Mitchell sur le port il y a près d’une semaine. Il y loue des conteneurs, dans la partie du port que vous utilisez généralement ».Ce qui me parut singulièrement cavalier quand le boss me l’expliqua, soucieux de m’intégrer, parce que Raelyn m’a pistonné, qu’elle semble m’apprécier et que j'ai su lui tendre à la main, à cet enfoiré, lorsque son cœur saignait des suites du suicide de Mavis et de sa rupture avec Lubya.

Je me souviens l’avoir trouvé pathétique d’ailleurs, mais j’y avais gagné en confiance. « Au départ, je m’en suis douté parce que j’ai entendu qu’il en parlait» Je laissai à Maeve le temps d’intégrer avant de poursuivre. « Vous savez comment sont les ambitieux, nous sommes des curieux. » remarquais-je en lui adressant un sourire mi figue mi raison, à mi chemin entre “J’en suis désolée“ et “j’assume parfaitement mes travers“ « Puis, je vous ai vu au restaurant. Il n’a pas fallu grand-chose pour que je fasse le lien. » Ce qui n’aurait jamais dû arriver normalement. Si Mitchell était un type malin, il ne discuterait pas de ses partenaires la porte de son bureau ouverte, il ne permettrait pas au soldat de l’organisation d’avoir un accès aussi privilégié aux secrets qu’il détient sur les autres et une part de moi ne doutait pas que Maeve serait assez intelligente pour s’en faire la réflexion. Sa confiance ne s’en ébranlerait peut-être pas – tout du moins, pas tout de suite – mais elle y repensera, un jour, lorsque le moment sera venu.

Alors que je sens poindre le moment fatidique où le nerf de la guerre va fragiliser les fondations de cette entrevue – elles sont déjà bancales – je me redresse et m’avance sur mon siège. J’accroche son regard, parce que je ne suis pas intimidable. Je suis têtu, taciturne, taiseux, à moins que parler soit dans mon intérêt, mais je ne tremble pas devant ces gens qui détiennent la moitié de la fortune de Brisbane. Faute à Sofia d’ailleurs. Rien n’est plus grave désormais et tout est permis pour son honneur. « Quand je dis que j’ai des projets, ce sont des projets d’extension dont je n’ai pas encore parlé avec le patron. Il a confiance en moi pour veiller à la sécurité de Raelyn par exemple, mais pourquoi me laisserait-il mettre des billes dans son panier si je vis dans un studio miteux dans le quartier le plus pourri de la ville ? » Je soupirai, non pas mal à l’aise, mais certain de la suite. Si je flanche maintenant, si je laisse sous-entendre que je souffre du moindre doute, la partie est terminée. « Je dois déménager, je dois pouvoir le recevoir chez moi sans qu’il me prenne pour un pauvre type ou il n’entendra jamais ce que j’ai en tête. Il ne m’écoutera pas et je resterai son homme de main. » Son soldat, comme on les appelle dans les organisations criminelles italiennes. « C’est pour ça que je viens vous voir. J’ai besoin d’un prêt. Considérable. Vraiment. 350 000 dollars et pour les obtenir, je suis prête à répondre à toutes vos questions. » ajoutais-je en décroisant mes bras, preuve de ma sincérité. Ses questions seront miennes.



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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 16 Fév 2020 - 14:04

Je dois me montrer franche : sa révélation ne me choque pas. En tout les cas, pas son contenu. Je ne peux pas me permettre de rencontrer des inconnus dans mon bureau sans avoir fait un certain travail de recherche en amont et cela, même si l'inconnu en question semble plutôt proche de Greg. Suite au coup de fil de ce dernier, j'avais donc missionné Dom et son équipe. Leur objectif ? Fouiner et creuser le plus profondément possible afin que cet Amos Taylor n'ait plus aucun secret pour moi lorsque l'heure de notre entretien aura sonné. Ils ne m'avaient ramené que peu d'éléments. Amos semblait sans histoire (du moins rien de vraiment intéressant), si ce n'est qu'il est marié et que son épouse ne semble pas au courant de ses activités parallèles. En revanche un élément, plus récent, sortait du lot : sa supposée affiliation avec le Club. Pour quelle autre raison aurais-je découvert dans son dossier préparé par mes hommes des photos de lui en compagnie de Raelyn, mais aussi et surtout, de Mitchell ? Je m'attendais donc à ce qu'il en vienne à cette organisation secrète. Je suis simplement surprise qu'il ait abattu cette carte dès le départ.

Cela joue en sa faveur. Il n'a pas cherché à me mentir. Le fait-il par honnêteté ? Ou s'attendait-il à ce que je couvre mes arrières le concernant ? A ce que je fasse cette découverte ? Pour l'heure, ce n'est pas ce qui m'importe le plus. Je tiens à savoir qui a rapproché mon nom avec celui du Club. En fonction de l'identité du coupable, des sanctions pourraient bien être prises. « Croire ? Je ne crois pas. Je s’en suis certain. Je suis allé avec Mitchell sur le port il y a près d’une semaine. Il y loue des conteneurs, dans la partie du port que vous utilisez généralement. » Oui, en effet, puisque ce sont les miens, je me permets d'ajouter en mon for intérieur. Encore une fois, il dit vrai, corroborant les clichés de Dom. « Au départ, je m’en suis douté parce que j’ai entendu qu’il en parlait. » Je hausse un sourcil. Soit Mitch est un inconscient pour parler de moi sans faire attention aux oreilles qui traînent, soit il a confiance en Amos. La seconde hypothèse me semble, évidemment, bien plus réaliste que la première. « Vous savez comment sont les ambitieux, nous sommes des curieux. » Je ne peux que répondre à son sourire. Ce serait plutôt hypocrite de ma part de ne pas lui accorder ce point, n'est-ce pas ? « Puis, je vous ai vu au restaurant. Il n’a pas fallu grand-chose pour que je fasse le lien. » « Ambitieux et perspicace. Vous avez décidément beaucoup d'atouts dans votre manche, M. Taylor. » Mon ton est légèrement plaisantin mais mes mots n'en restent pas moins sincères.

Au moins maintenant, je sais comment Amos a pu faire le rapprochement entre ma société et celle, plus sombre, de Mitch. Et au milieu, il y a Greg. Dont il s'est servi pour m'approcher. Je compte bien lui en reparler mais je sens que ce n'est pas encore le moment. L'homme qui me fait face transpire l'assurance, pas intimidé le moins du monde par tout ce que je suis, tout ce que je représente. Un fait assez rare pour être remarqué. « Quand je dis que j’ai des projets, ce sont des projets d’extension dont je n’ai pas encore parlé avec le patron. Il a confiance en moi pour veiller à la sécurité de Raelyn par exemple, mais pourquoi me laisserait-il mettre des billes dans son panier si je vis dans un studio miteux dans le quartier le plus pourri de la ville ? » Je me retiens de rire face à ses aveux, mais admettre que je connais son point faible (en la personne de Raelyn) serait prématuré. Je préfère garder ça pour moi. Au cas où. Car les quelques photos rapportées par les agents de Dom montraient clairement qu'Amos prenait son travail de protection très à cœur. Un peu trop, en réalité. « Je dois déménager, je dois pouvoir le recevoir chez moi sans qu’il me prenne pour un pauvre type ou il n’entendra jamais ce que j’ai en tête. Il ne m’écoutera pas et je resterai son homme de main. » L'ambition était manifestement son moteur : il m'avait prévenue, après tout. Je reste silencieuse, attendant qu'il termine ses explications (somme toute appréciables) afin de m'exposer le vrai motif de notre rencontre.

« C’est pour ça que je viens vous voir. J’ai besoin d’un prêt. Considérable. Vraiment. » Son insistance a au moins l'avantage de me préparer au montant en question. Qui ne tarde lui-même pas. « 350 000 dollars et pour les obtenir, je suis prêt à répondre à toutes vos questions. » Je m'attendais à bien pire mais n'en laisse rien voir. J'opine du chef en un geste lent, indiquant à mon interlocuteur que je suis en pleine réflexion. Allais-je accepter sa requête ou la décliner ? Clairement, la somme n'est en rien rédhibitoire. Une millionnaire qui signe des chèques à sept chiffres pour s'offrir des tableaux de maître est en mesure de prêter 350 000 dollars sans sourciller. J'ai cru comprendre qu'il voulait les utiliser pour changer de logement. Cela me semble tout à fait cohérent, encore que. Les appartements et les maisons dans les beaux quartiers de Brisbane ne sont pas donnés, loin de là. Amos se montre moins gourmand que je ne l'aurais été dans sa situation. A-t-il peur que je lui ferme ma porte en demandant trop ? Ou a-t-il un autre plan en tête ? « Et dans quel coin de la ville aviez-vous prévu de vous installer avec cet argent ? »  J'interroge enfin, pour avoir le cœur net quant à ce plan bien précis.

Je quitte le fauteuil avant de me diriger vers le coin bar. « Souhaitez-vous boire quelque chose ? » Je lui demande en me récupérant une tasse. Notre discussion est loin d'être terminée. S'il veut que je débloque des capitaux pour lui, il m'en faut davantage. Après quelques instants à m'affairer, je retourne à ma place, reprends ma position initiale et plonge mon regard dans le sien. « J'aimerais en savoir plus sur ce que vous prévoyez concernant l'avenir du Club. Mitchell n'est sans doute pas fermé à de nouvelles propositions, mais il gère ses affaires d'une certaine manière depuis longtemps. J'ai bien compris que vous vouliez d'abord lui prouver votre valeur, votre loyauté. Afin qu'il ait confiance en vous et qu'il soit plus enclin à vous écouter. » Je laisse passer une très courte seconde de silence. « Mais moi, je suis prête à vous écouter maintenant. Vous comprendrez bien que je ne peux pas me permettre d'investir dans des causes perdues. Alors prouvez-moi que vous n'en êtes pas une, M. Taylor. » Je conclus d'une voix douce mais ferme, avec un petit sourire en coin pour faire bonne mesure, prenant garde à ce que mes yeux ne quittent pas les siens.

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Message(#)You better not lose control  EmptyMar 18 Fév 2020 - 10:31




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Il m’a été donné de rencontrer toute sorte de gens durant mon parcours de vie. De vrais gentils, des candides, des altruistes et, surtout, des menteurs invétérés. Etonnamment, quoique d’antan je ne partageais pas leur amour pour les boniments j’appris beaucoup à leur contact. Sofia me maudissait quand, pour un regard fuyant vers la droite, je détectais qu’elle n’était pas tout à fait honnête. Moi, je veillais à ce que mon non-verbal ne me trahisse pas, mais dans ce bureau, l’enjeu n’était pas tant d’éviter ce geste somme toute banal qui maintenait mon attention face au requin de femme en face de moi. Je n’en ai pas besoin, je suis presque trop honnête. J’ai bien bel et bien tiré seul les déductions qui s’imposaient quant à son affiliation au Club. J’aspirais véritablement à m’offrir un bateau. J’en rêvais depuis l’enfance. Et, l’idée d’ouvrir un casino ou, tout du moins, d’attirer Mitchell dans un piège sous couvert de cet établissement, je la travaillais depuis des mois. Je finis même par me convaincre qu’à terme, si j’arrivais à dépasser ma souffrance, je finirais par le faire. Rien ne me ravirait autant que de provoquer l’abdication du roi pour m’asseoir sur son trône. Dès lors, non, cet entretien n’a, pour l’instant, rien de très compliqué. Seul mon objectif est tu. Il se noie dans la masse des vérités que j’expose sans vergogne aux oreilles attentives de mon interlocutrice. Elle ne me quitte pas des yeux. Elle m’analyse, me jauge, m’évalue, me juge sans doute. Elle cherche à savoir si se fier à moi est un risque ou une opportunité. Moi, je dirais un peu des temps. Je ne lui veux aucun mal. Aurais-je les reins assez solides que jamais je ne lui aurais menti. Il faut néanmoins savoir abattre ses cartes sans précipitation et ça, c’est des années de poker qui me l’enseigna. « C’est ce qui se raconte. » remarquais-je, un sourire affable au coin des lèvres. Je ne me souvenais pas m’être déjà qualifié, jadis, d’ambitieux, mais je tendais à le devenir, peut-être sous l’influence de Raelyn. Comme Miss Fox, elle se laisse difficilement impressionné. Elle ne sourcilla pas quand je lui précisai le montant qui, pour mes maigres moyens – je n’ai jamais roulé sur l’or – me paraissait exorbitant. Mais, l’était-il vraiment pour cette femme d’affaires ? Son compte en banque devait sans doute débordé. Elle doit être traitée avec les égards par son banquier et je songe : grand bien lui fasse. Je ne l’envie pas. En mon for intérieur, je l’en félicite, je ne suis pas envieux. « Sur le port. La marina. Quitte à acheter, autant m’offrir un bien que je désire vraiment. » lui répliquais-je, une fois encore, sans réellement hésiter.

Certes, elle aurait pu tiquer. Elle aurait été en droit de se demander si j’avais perdu l’esprit ou si je croyais réellement que Mitch, pour un navire, ouvrira le sac dans lequel il planque ses billes. Mais, ce bonneteau était classique et distingué. Il traduisait mon caractère atypique et les hommes comme le boss, il les aime bien les originaux. Il s’est lassé de la normalité à force de baigner dans des piscines de dollars plus sales que lui et de fréquenter toujours ce même genre de gars. Il se dandine comme des caïds, s’habillent comme des gangsters des années 20, ont dans leur poche des liasses de billets tenus par une pince en argent : des clichés qui attirent l’attention. Moi, on me donnerait le bon Dieu sans confession, parce que je n’ai pas l’air plus élégant que la norme. Je ne pue pas le pognon et je n’ai rien d’un homme d’affaires. Je suis le gars propret, bien sous tout rapport, que les flics laissent passer en cas de barrage, parce que mes yeux océan traduisent bonne foi et innocence. « J’en ai déjà repéré un. Si ça vous intéresse… » C’est avec plaisir que je lui montrerais les photos que j’ai volées il y a quelques jours, juste avant que Raelyn ne s’enfuie. « Et je veux bien un whisky, sans glace, merci beaucoup. » répliquais-je puisqu’elle s’inquiète de ce qui me plairait boire. Pourquoi refuser ? Pas de politesse obséquieuse. Ce serait une perte de temps. Je l’observe retrouver sa place depuis le bar. Ses gestes sont lents et mesurées quand elle dépose sous mes yeux mon verre. Réfléchit-elle ? Prépare-t-elle la question qui franchira la barrière de ses lèvres ? Comme je m’y attendais, elle est claire, précise, mais elle n’est pas tranchante. Avant toute chose, elle résume mon propos et je me demande si c’est une manière de m’inviter à me rétracter si j’avais laissé traîner une fadaise. J’en souris, amusé, c’était noble de sa part, mais je n’ai encore rien construit. Tout est non seulement vrai et, par-dessus tout, vérifiable. Elle le savait aussi bien que moi car j’étais certain qu’elle avait monté un dossier me concernant. Nul doute qu’elle a dû retourner mon passé pour ne pas trouver grand-chose finalement. Liv m’avait aidé à couvrir mes traces avant que ne commence cette douce vengeance. « Et je respecte les manières de faire de Mitchell. » S’il n’était pas le responsable de la mort de ma fille, je lui trouverais du génie. « Mais, il est souvent absent et il ne se rend pas toujours compte que le Club grandit déjà. Bientôt, son restaurant ne suffira plus à blanchir son argent. » Le casino, en lui-même, commence doucement à peser. Il n’est certes pas aussi lucratif que le marché de la drogue ou du sexe, mais il l’est bien plus que la trafic d’armes désormais. « Il a besoin d’ouvrir plus grand, d’élargir sa couverture et quoi de mieux qu’un endroit ou on peu dépenser sans compter ? Et perdre son argent en étant heureux de le faire ? Le concept serait simple. L’argent sale du Club est joué tout au long de la journée, dans un casino, un vrai quoiqu’il est plus logique qu’au départ, il soit à peine plus grand qu’une salle de jeu. » Histoire de ne pas attirer les flics. « C’est vieux comme le monde. » Mitch aime les cartes. Comment n’y avait-il pas pensé lui-même ?



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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 23 Fév 2020 - 11:59

Je suis bien évidemment en mesure de signer ce chèque de 350 000 dollars sans que cela ne pose le moindre problème. L'ensemble de mes sociétés brasse des sommes autrement plus impressionnantes. Un montant tel que celui réclamé par Amos est minime pour ne pas dire dérisoire. Il ne représente à mes yeux rien de plus qu'un énième don annuel à une association caritative. Ou l'investissement initial dans un appartement en ruines, qui attend qu'une âme charitable daigne lui offrir une toute nouvelle vie. Justement : je connais le marché immobilier de Brisbane, et suis donc étonnée que mon interlocuteur ne me réclame pas davantage. Surtout que, selon ses dires, ce futur logement est supposé en mettre plein la vue à Mitchell, telle la preuve ultime que sa dernière recrue est un homme qui réussit et qui doit donc être écouté attentivement. Je dois admettre que sa démarche me plait. Il veut mettre toutes les chances de son côté, et le fait qu'il ose faire de moi sa créancière montre qu'il n'a pas froid aux yeux, mais aussi et surtout qu'il a confiance en ses propres objectifs. Il est persuadé qu'il arrivera à ses fins. Assez, en tous les cas, pour pouvoir procéder au remboursement de cet emprunt. J'ai beau ne pas le connaître, je ne pense pas qu'il soit inconscient au point de croire qu'il s'en sortira sans casse si je devais ne jamais revoir mon argent. Simple goutte dans l'océan ou non, ce dernier m'appartient et je n'ai absolument aucune intention de lui en faire cadeau. Non, ça ne fait pas de doute : M. Taylor sait où il va et il ne reculera devant rien pour arriver à destination.

C'est un trait appréciable, néanmoins pas suffisant pour que j'accepte de lui donner ce bout de papier sans plus de cérémonie. Je n'ai pas pour habitude de prêter de l'argent aux inconnus (et encore moins aux proches). Mes affaires sont déjà bien assez développées, ajouter l'usure à celles-ci n'est ni indispensable ni une bonne idée. Je demande donc à Amos assez naturellement ce qu'il compte acheter avec ses éventuels 350 000 dollars. « Sur le port. La marina. Quitte à acheter, autant m’offrir un bien que je désire vraiment. » Je hausse un sourcil inquisiteur. Je ne l'imaginais pas matelot à ses heures perdues, mais encore une fois, je ne l'ai rencontré qu'une poignée de minutes plus tôt. Cela étant, je comprends maintenant beaucoup mieux la raison pour laquelle Amos ne réclame que cette somme-là. Pour un bateau, disons qu'il frappe en haut de l'échelle du luxe. « J’en ai déjà repéré un. Si ça vous intéresse… » J'esquisse un sourire avant de me lever en direction du bar. « Tant qu'il vous plaît… Mais si nous faisons affaire et que votre offre est acceptée - en espérant qu'il n'y ait pas d'autre acheteur intéressé, je ne serais pas contre une visite, en effet. » Je conclus en lui demandant quelle boisson lui ferait plaisir, et m'active ensuite à me verser un café noir puis à préparer un whisky sans glace. Une fois de retour sur le fauteuil, les choses sérieuses peuvent commencer.

Il n'est plus question de savoir pourquoi un bateau au lieu d'un appartement ou d'une maison. Il est question d'avenir. Celui d'Amos, celui du Club et, par légère extension, mon propre avenir également. Je commence par préciser à mon vis-à-vis que changer les habitudes de Mitchell Strange ne sera pas facile. Ainsi, s'il veut cet argent de ma part, il doit me prouver qu'il a un vrai plan pour amener ses idées sur la table, pour apporter sa pierre à l'édifice déjà bien solide du Club. « Et je respecte les manières de faire de Mitchell. » C'est déjà un très bon point. Je refuse de signer une entente financière avec un potentiel ennemi de Mitch. Me mettre le Club à dos serait très mauvais pour moi et pour la compagnie maritime. « Mais, il est souvent absent et il ne se rend pas toujours compte que le Club grandit déjà. Bientôt, son restaurant ne suffira plus à blanchir son argent. » Dans le mille. Du moins pour la seconde partie. En toute honnêteté, je me suis moi-même déjà demandé si Mitch ne souhaitait pas tout simplement se contenter de ce qu'il a sans chercher à s'étendre. Pour être assez calée sur ce sujet délicat, j'avoue qu'il joue à un jeu dangereux. S'il veut éviter de se faire serrer (à nouveau) et d'y laisser des plumes cette fois, il ne peut pas continuer à tout légaliser via son unique commerce de façade. Sans laisser à Amos le loisir de lire cette approbation tacite sur mes traits, je formule la question qui s'impose. « Et donc, j'imagine que vous avez une solution pour ça ? » De sa réponse dépendra mon choix d'accepter ou refuser sa demande…

Amos ne se laisse absolument pas déstabiliser, bien au contraire. C'est sûr de lui et sans jamais détacher son regard du mien qu'il m'offre son idée. « Il a besoin d’ouvrir plus grand, d’élargir sa couverture et quoi de mieux qu’un endroit ou on peut dépenser sans compter ? Et perdre son argent en étant heureux de le faire ? Le concept serait simple. L’argent sale du Club est joué tout au long de la journée, dans un casino, un vrai quoiqu’il est plus logique qu’au départ, il soit à peine plus grand qu’une salle de jeu. C’est vieux comme le monde. » Oui, c'est vieux comme le monde. Et sans doute bien moins prenant que mes propres méthodes. Encore que la situation du Club soit complètement différente de la mienne, et je préfère diviser un maximum. J'ai pu apprendre des erreurs de ma propre famille. Mais il faut admettre qu'Amos a des perspectives de développement intéressantes pour le Club. « Êtes-vous certain que Mitchell a un réel intérêt à agrandir son organisation ? Et s'il préfère… rester où il est actuellement ? Il a peut-être moins d'ambition que vous… » Je suppose non sans un fin sourire. « Mais vous êtes certainement mieux placé que moi pour le savoir. Je ne le croise que très rarement. Il n'est pas mon contact principal et les affaires internes du Club ne me regardent que si elles ont une conséquence sur leurs importations et exportations. » Une manière pour moi de souligner (ou de rappeler) à Amos que la société secrète qu'il vient d'intégrer est partenaire de la mienne. Mitch et moi sommes sur un pied d'égalité. Nous avons choisi de collaborer parce que cela nous est mutuellement bénéfique, mais je n'ai aucune emprise sur lui, et encore moins sur ses décisions à propos du Club.

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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 23 Fév 2020 - 20:35




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Durant cet entretien, je tirai deux conclusions me concernant : j’étais plus ambitieux que je ne l’avais jamais été et j’étais moins mal à l’aise avec les mots que je ne l’aurais cru. Moi, je suis un taiseux pas essence. Je me répugne à me perdre en longs discours. Je vais à l’essentiel et, maniant mal le verbe, il m’arrive d’être maladroit. J’en déduis donc que ma détermination – et cette qualité, je ne la découvrais pas – déterrait des bijoux de finesse. Je suis convaincant. Je peux le lire dans les yeux de mon interlocutrice. Je ne prétendrais pas qu’elle me trouve sympathique ou anormalement intelligent – je ne suis ni l’un ni l’autre – mais j’aurais mis ma main à couper qu’elle ne feignait pas son attention. Elle m’écoutait, religieusement, pesant déjà les pour et les contre d’un assentiment.

Qu’importe qu’elle soit riche comme Cresus, que ma dette ne soit, à ses yeux, qu’un grain de sable sur la plage de sa fortune. Elle en prend soin. Elle la nettoie des détritus abandonnés par les touristes. Elle la privatise pour que nul ne la souille ou ne l’en prive. Elle trie sur le volet ceux qui se doreront la pilule sous le soleil de son empire, si bien que je me demandai comment, une femme comme elle, a pu choisir d’accorder sa confiance à Mitchell. Certes, je ne suis pas tout à fait  objectif le concernant. Je l’ai en horreur pour les dommages qu’il a causé à mon bébé. Mais, au-delà de ce grief-là s’en agglutinait d’autres. Je n’aime pas sa façon de se servir de Raelyn alors qu’elle y est entièrement dévouée. Je déteste qu’il appâte sa soif de pouvoir avec des peccadilles puisqu’il est évident que s’agrandir n’est pas dans ses prérogatives. Il est si fier de lui  qu’il est devenu un gagne-petit plus intéressé par la fleur des femmes que par ses affaires. Il ripaille plus qu’il ne travaille et pour assurer que ses poches se remplissent, il épuise son associée. Ça me débecte. Parfois, j’aimerais qu’elle ouvre les yeux sans mon intervention, mais chaque chose en son temps. Ne dit-on pas que tout vient à point à qui sait attendre ? Je suis patient justement. Mitchell mourra de mes mains, son frère finira en prison, ses sbires suivront et, lorsqu’il faut tout recommencer, j’embarquerai mes alliés dans une aventure où chaque aura sa place, où les rôles seront distribués avec équité, selon les compétences et les qualités de chacun, pour que les portefeuilles débordent et sans que l’un n’abandonne son poste pour des facéties. Il est là mon objectif à long terme. Maeve est une pièce centrale de ce projet que beaucoup décrirait comme une folie. Mais, qu’importe ? ça fait longtemps que ma raison vacille, mais elle tend à trouver un équilibre. L’acquisition du bateau est la première étape pour me faire tenir droit. « Je crois que vu son état, je suis le seul candidat. » admis-je dans un sourire. « Et, si nous faisons affaire, ce sera un réel plaisir de vous le faire visiter. » Autant dire que son intérêt pour ce dernier me va droit au cœur. Il est rassurant. Sa balance penche plus vers le oui que le non. Sur une échelle de 1 à 10, je placerai le curseur vers l’accord à proximité du six. Le reste, c’est à moi d’être convaincant, de me laisser porter par le vent de mes convictions et, étonnamment, je me sens capable de tout pour le moment. Honnête, je lui fais part de mes projets d’extension, ajoutant : « A l’heure où on parle, je vous fais la primeur de l’idée. Je n’en ai parlé à personne ou en tout cas pas de cette manière. » J’avais évoqué auprès de Greg le mot casino, mais je l’avais prétendu légal. Il le serait. Le but serait de l’ouvrir à tous. Son but premier servira néanmoins des intérêts plus perfides. Il ne sera jamais qu’une couverture, une machine à laver à argent sale.

Quand il fut question de Mitchell, j’ai trouvé Maeve sur la réserve et, avant de lui répondre, je me permis de m’enfermer dans quelques secondes de silence. Il convenait de choisir les mots avec attention. La justice du crime des hommes de biens et des criminels répond à un même principe : tout ce que je dirai pourra être retenu contre moi. Pour me prémunir d’un jugement trop proche de la vérité et qui me prêterait de mauvais intentions, je décide de flatter la bête Strange devant témoin et je me lançai : « Je pense au contraire que c’est un homme d’ambition. Il a simplement du mal à faire confiance et c’est tout naturel. » Le débit est lent et mesuré. La grimace qui fend mes lèvres n’est pas narquoise, elle est tout l’inverse. « Un homme comme lui a besoin d’être certain de ceux qui l’entourent » Raison pour laquelle il accorde autant de place à Raelyn. Elle est loyale et dévouée  leur cause commune. « Je crois plutôt que jusqu’ici, les véritables opportunités lui ont manqué. Aucune n’a su endormir sa méfiance. J’espère qu’il saura m’écouter, mais je n’en doute pas vraiment. Je n’ai pas l’intention de me présenter avec l’ébauche d’une idée. » Celle qui s’apparente aux chimères, aux échanges entre deux hommes qui, durant des heures, refont le monde autour d’un verre et d’un cigare ou d’une cigarette. « Je vais lui proposer un véritable business plan.  S’il semble intéressé, vous serez la première au courant. » déclarais-je sous le ton du sous-entendu. J’entends l’intégrer à l’expansion en respectant ses besoins, ses désirs et sa volonté d’être impliquée ou non. C’est un minimum, le témoignage de ma reconnaissance éventuelle. « D’ailleurs, en parlant de ceux qui sont ou non au courant. » avançais-je en me redressant. « Je tiens à être tout à fait transparent avec vous. Gregory est un véritable ami pour moi. » Le meilleur, mais s’épancher à ce point est inutile. « Même s’il ne sait rien de mes activités. C’est un homme bon qui a de la morale. » Même si, pour les beaux yeux de mon interlocutrice, il la jeta aux orties. « Il tient à ce qu’il a et j’estime que l’amitié a ses limites en matière de sincérité. Si je lui révélais tout ça, je le mettrais en porte à faux vis-à-vis de lui-même, de son boulot et de moi. C’est parce qu’il est mon ami que je veux le protéger de tout ça et que je vous demanderai, si vous n’y voyez pas d’inconvénients, que tout ce qui s’est dit aujourd’hui reste entre ses murs. » Je l’en laisse seul juge néanmoins. J’ai demandé. Elle n’a pas encore accepté. Ne suis-je pas libre de partir sans ramasser mes gains ?  







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Message(#)You better not lose control  EmptyMar 3 Mar 2020 - 14:06

J'écoute attentivement Amos me confier son souhait d'acquérir non pas une grande maison ou un appartement luxueux dans les beaux quartiers de Brisbane, mais un bateau sur la marina qui serait sa résidence principale. Ce choix a au moins un certain mérite : il est des plus originaux. La plupart des passionnés de navigation que mes affaires me font côtoyer sont propriétaires de yachts ou de voiliers, qu'ils sortent uniquement les week-ends ou pendant les vacances. Je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un qui, bien au contraire, apprécie vivre vingt-quatre heures par jour et sept jours par semaine les pieds dans l'eau plutôt que sur la terre ferme, son quotidien rythmé par le roulis d'un logement atypique. « Je crois que vu son état, je suis le seul candidat. » Je hausse un sourcil inquisiteur. Le bateau en question serait donc en mauvaise forme ? « Et, si nous faisons affaire, ce sera un réel plaisir de vous le faire visiter. » Un sourire étire mes lèvres, mais il en a trop dit ou pas assez. « J'en déduis donc que l'argent dont vous avez besoin inclut l'achat et le budget nécessaire à sa rénovation ? » Je me lève du fauteuil et me dirige vers mon bureau où je récupère une carte, avant de la tendre à Amos, puis de me réinstaller. « Vous savez peut-être que la compagnie maritime n'est pas mon unique société. » Je l'imagine avoir fait quelques recherches sur mes activités avant de venir me voir. Ou notre ami commun en la personne de Greg lui aura éventuellement mentionné ce fait. « J'investis également dans l'immobilier. J'achète des bâtiments abandonnés ou qui ont besoin de travaux pour les réhabiliter avant de les revendre. Je n'ai pas pour habitude de m'occuper de bateaux, ni de proposer ce genre de services de rénovation aux autres propriétaires, mais je peux faire une exception. Que nous fassions affaire ou non, par ailleurs. » Je précise tout de même. Si je décide de ne pas prêter l'argent à Amos, il cherchera sans doute un autre créancier. M'occuper des travaux sur son bateau nouvellement acquis me permettra de garder un œil sur lui. « Vous pouvez appeler à n'importe quel moment. Elle travaille en étroite collaboration avec de nombreuses entreprises locales. Elle écoutera vos besoins, fera tout chiffrer et supervisera votre chantier du début à la fin. »

Je suis pour le moment à moitié conquise mais cela n'est basé que sur une première impression et le projet personnel de mon interlocuteur. Il semble sincère concernant ses liens avec le Club, cependant j'ai besoin de plus pour savoir si mes 350 000 dollars seront bien placés en attendant de les retrouver. Amos entreprend donc de me parler des plans qu'il a pour l'avenir de l'organisation. « A l’heure où on parle, je vous fais la primeur de l’idée. Je n’en ai parlé à personne ou en tout cas pas de cette manière. » J'acquiesce, appréciant son honnêteté autant que d'être mise dans la confidence avant les autres. D'un autre côté, considérant qu'il me demande de poser la toute première pierre de son édifice, cela m'apparaît comme normal. Le casino me semble une bonne solution pour les affaires obscures de Mitch, toutefois ce dernier est-il prêt à aller de l'avant ? A s'agrandir ? Je fais part de mes doutes à Amos. Ce n'est pas un piège ni un test. C'est une nécessité. J'ai besoin de savoir que cet ambitieux inconnu a réfléchi aux éventuels obstacles sur son chemin, et qu'il a une solution pour chacun d'entre eux. « Je pense au contraire que c’est un homme d’ambition. Il a simplement du mal à faire confiance et c’est tout naturel. » Je suis on ne peut plus d'accord avec lui. « Un homme comme lui a besoin d’être certain de ceux qui l’entourent. Je crois plutôt que jusqu’ici, les véritables opportunités lui ont manqué. Aucune n’a su endormir sa méfiance. J’espère qu’il saura m’écouter, mais je n’en doute pas vraiment. Je n’ai pas l’intention de me présenter avec l’ébauche d’une idée. Je vais lui proposer un véritable business plan. S’il semble intéressé, vous serez la première au courant. » J'aime ce que j'entends et ne manque pas de l'exprimer. « Parfait. » Amos est certain de son dossier et il est persuadé que Mitch l'écoutera. Je ne vois aucune raison d'en douter moi-même. Surtout dans la mesure où il a Raelyn de son côté. Si cette dernière est partante pour son fameux business plan, je me dis que Mitch le sera aussi. Il n'a confiance en personne plus qu'en Raelyn. Dans le pire des cas, si je découvre que j'ai misé sur le mauvais cheval, les risques et les conséquences resteront limités. Il me suffira de récupérer l'argent prêté, point. Je pense avoir, au contraire, tout à gagner à appuyer Amos. Surtout que mon aide serait, en plus de cela, très appréciée par Greg.

En parlant du loup, mon vis-à-vis me devance, comme s'il avait pu lire dans mes pensées à l'instant. Il commence par m'expliquer que Greg est un véritable ami et qu'il ne tient pas à le mêler aux histoires du Club. Il souhaite autant le protéger lui que préserver sa morale (surtout quand on considère son métier). J'opine du chef sans dévier mon regard ferme et déterminé d'Amos au moment où il conclut. « Je vous demanderai, si vous n’y voyez pas d’inconvénients, que tout ce qui s’est dit aujourd’hui reste entre ses murs. » « Dans ce cas, nous sommes tous deux sur la même longueur d'onde. Afin d'accéder à votre demande, connaître et approuver vos objectifs pour l'organisation de Mitchell était la première condition à remplir. La seconde, tout aussi importante, était de ne rien dire à Greg. Lui et moi avons grandi ensemble. Bien que nos… chemins professionnels soient partis à l'opposé l'un de l'autre, je le considère comme un membre de ma famille. Et ma famille, je la protège. Coûte que coûte. » J'ai conscience qu'un tel avertissement ne sera pas forcément nécessaire avec Amos, seulement c'est plus fort que moi, il faut que je lui montre que le moindre problème impliquant Greg ne resterait pas impuni. « Il saura que je vous ai reçu et que j'ai accepté de vous prêter de l'argent pour votre bateau. Et ça s'arrête là. » Je bois une gorgée de café noir, le laissant assimiler cet accord tacite, avant de reprendre, les sourcils froncés. « Mais dîtes-moi, comment avez-vous justifié auprès de Greg votre besoin d'un créancier… particulier, plutôt qu'une banque ou un organisme de prêt ? » Plusieurs raisons peuvent être possible (et valables). Il me faut la bonne afin de ne pas faire d'impair lorsque mon chemin croisera à nouveau celui de Greg. Car pour le tenir éloigné de la cruelle vérité, Amos et moi avons besoin d'être parfaitement raccord.

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Message(#)You better not lose control  EmptyVen 6 Mar 2020 - 20:37




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Elle déduisait bien, quoique les frais de la rénovation n’impacteraient pas autant le budget qu’elle semblait le supposer. Sans doute était-ce la faute de mon discours quelque peu alarmiste. Il était si beau lorsque j’ai décidé de l’acquérir que mon cœur s’est serré durant la visite. Ceci étant, il sera réparé et habitable dans les quinze jours. Il pourrait également prendre la mer dans le courant du second mois si tant est que je trouve un mécanicien à la hauteur de mes espérances. C’était somme toute le problème. Je n’avais que peu de relations sur Brisbane. J’y avais des amis, des connaissances et de la famille, mais je n’avais aucune envie de leur confier mes projets, de peur qu’il les rapporte à Sarah. Quant à Gregory, nous ne nous étions pas quittés en bon terme. Dois-je dès lors préciser que la carte tendue par Maeve est une aubaine ? Je me suis redressé pour la saisir. Je la tournai entre mes doigts et je la parcourus du regard. « Non. Je n’en savais rien. » admis-je puisque mes investigations ne m’avaient pas mené sur ce terrain. Ce n’était pas celui qui m’intéressait avant aujourd’hui. « Et je vous remercie. Ça me sera très utile. » Et je ne cherchais pas à la flatter, c’était sincère, ça l’était autant que mes commentaires à propos de Mitchell. Je ne l’avais pas encensé. Au contraire, je pointai du doigt les freins que représentent sa méfiance. Pour grandir, il faut savoir prendre des risques. Il faut garder les yeux ouverts et prendre des assurances. Lui, il ne fait rien de tout ça. Il s’enlise dans ses habitudes – mauvaises – et dans l’inaction. Il n’agit plus, il regarde son bateau voguer vers le large sans jamais hisser les voiles. Est-ce flatteur ? Pas tout à fait. Est-ce méprisant ? Pas le moins du monde. Il est son partenaire. Je mesure mes mots. Je fais fi de mon aversion, car elle est personnelle. Lorsque je prends du recul, je suis tout à fait capable d’analyser un comportement ou une situation comme un militaire et c’est lui qu’elle a devant les yeux. C’est l’homme méthodique qui pense tout, réfléchit à tout, ne laisse jamais rien au hasard et ça lui convient, à mon interlocutrice. Elle semble réellement intéressée. Je m’adresse directement à sa cupidité et elle réagit, plutôt positivement si j’en crois mon intuition. Elle hoche régulièrement de la tête. Elle me propose un service que je ne lui ai pas réclamé. Ses remarques, brèves, nettes, franches, me porte à considérer que la balance penche vers le oui. Il reste néanmoins deux points à régler : les modalités de remboursement – que je ne peux aborder sans avoir recueilli, au préalable, son assentiment – et le cas de Greg.

Gregory Morton est un imbécile fier et parfois pédant. C’est une mauvaise tête qui sait se montrer aussi généreux qu’égoïste. Lors de notre dernière rencontre, j’ai eu envie de lui écraser mon point à la figure tant il se montra condescendant. Il n’en reste pas moins que j’alimente à son égard une profonde affection. Il ne me regarde jamais avec pitié. Il est trop longtemps resté à l’écart de ma tragédie. Il est est mon ami, tout simplement. Le protéger fait partie de mes prérogatives. Mais qu’en était-il de mademoiselle Fox ? Si je me fie uniquement au demi-aveu du policier et à son ressenti, elle s’en moquait éperdument. Elle lui aurait demandé de commettre des crimes sous prétexte qu’elle détenait des informations qu’il avait préféré me dissimuler. N’est-il donc pas normal que je m’assure, sans dépasser les bornes, qu’elle saura garder mes secrets et le maintenir à l’écart de notre accord ? Dois-je avancer à tâtons ou puis-je me lancer franchement ? La deuxième option me sembla plus appropriée, d’autant que je ne suis pas doué pour la première. De mon point de vue, la réponse de Maeve serait décisive par rapport aux propos tenus par Greg. Je ne le remettais pas en question. J’estimais simplement qu’il avait réagi sous le joug de l’émotion plus de que de la raison. Elle semblait honnête alors qu’elle prétendit ne vouloir que son bien. Moi, je lui souris, satisfait et heureux d’entendre qu’en effet, nous étions sur la même longueur d’ondes. « La vérité. Personne ne prêterait de l’argent à quelqu’un qui n’a pas de garantie. Je n’ai pas de boulot de couverture. Je n’en ai pas besoin, mais je suppose que vous le savez déjà. » A quoi bon exprimer ce que j’assume mal finalement. Je suis un invalide et je n’ai jamais cherché à faire sauter cet événement de mon dossier. « Et je ne lui dirai rien d’autres. Du reste, je lui ai dit que l’un de mes amis avait la volonté d’ouvrir un casino et que j’avais envie d’investir avec lui. Il n’a pas posé plus de questions. Il sait que, parfois, ça ne sert à rien. » Le sourire suivant est un peu emprunté. « Je doute qu’il me pose encore la question. Je doute même qu’il m’en reparle. Mais, si vous le souhaitez, nous pouvons ficeler quelque chose de cohérent puisque, si j’ai bien compris, vous ne vous opposez pas à investir dans ce projet ? » N’était-ce pas ce qu’elle affirma un rien plus tôt.



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Message(#)You better not lose control  EmptySam 14 Mar 2020 - 10:30

Mes menaces à peine déguisées ne semblent avoir aucun effet sur Amos. Son sourire prouve sa franchise : il ne se sent absolument pas en danger, car il ne prévoit pas de trahir notre accord. Il laissera Greg dans la plus douce des ignorances, ne le mêlant en aucune manière à son business plan obscur pour le Club. C'est une bonne chose. Le contraire aurait tout de suite mis un point final à cet entretien, et Amos n'aurait rien obtenu de ma part. Par ailleurs, il aurait bien plus à perdre que moi si Greg apprenait toute la vérité sur ses intentions. Moi, je ne lui cache plus rien depuis longtemps, ou presque. En tous les cas, Greg sait qui je suis réellement, quelles sont mes activités parallèles. Amos, en revanche, est encore quelqu'un de bon à ses yeux. Quelqu'un de droit qui ne tremperait jamais dans des affaires illicites. Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre à travers leurs mots : Greg au téléphone, et Amos ici et maintenant.

Soyons clairs : que Greg finisse par apprendre qui est réellement Amos Taylor ne me dérangerait pas plus que cela, dans le sens où ce qu'il advient de leur relation ne me regarde pas et ne m'intéresse pas le moins du monde non plus. Mais ce sont les conséquences sur Greg qui seraient loin, très loin de me laisser indifférente. Je n'ose imaginer sa réaction, son ressenti, en réalisant qu'un autre de ses amis proches lui a gravement menti. Il serait blessé, peut-être anéanti par cette nouvelle. Ce n'est pas parce que j'utilise ses secrets à mon avantage que je ne tiens pas (plus) à lui. Je suis donc définitivement fermée à ce que quelqu'un d'autre l'approche avec des desseins répréhensibles. Comme je viens de le préciser à Amos, je considère Greg comme ma famille (plus que mon père et mon propre frère qui ont abusé de ma confiance, de la plus terrible des façons). Je suis donc prête à tout pour le protéger. Si Amos décide de ne pas respecter ses engagements vis-à-vis de Greg, alors les conséquences seraient bien plus graves que pour n'importe quel autre manquement ou erreur de sa part.

Mais tout ceci n'est pour l'instant qu'une simple hypothèse qui, je l'espère, en restera à ce stade. Amos et moi pouvons donc aller de l'avant. Je lui fais part de mon souhait d'accorder nos violons sur la version officielle de cet emprunt. Quelle raison mon interlocuteur a-t-il donné à Greg ? « La vérité. Personne ne prêterait de l’argent à quelqu’un qui n’a pas de garantie. Je n’ai pas de boulot de couverture. Je n’en ai pas besoin, mais je suppose que vous le savez déjà. » J'acquiesce simplement et le laisse continuer. « Et je ne lui dirai rien d’autres. Du reste, je lui ai dit que l’un de mes amis avait la volonté d’ouvrir un casino et que j’avais envie d’investir avec lui. Il n’a pas posé plus de questions. Il sait que, parfois, ça ne sert à rien. » Un Greg silencieux n'est pas nécessairement un Greg résigné, mais les choses sont peut-être différentes avec Amos. Après tout, je ne sais rien de ce qui les lie. « Je doute qu’il me pose encore la question. Je doute même qu’il m’en reparle. Mais, si vous le souhaitez, nous pouvons ficeler quelque chose de cohérent puisque, si j’ai bien compris, vous ne vous opposez pas à investir dans ce projet ? » Petit sourire de ma part suivi d'un nouveau hochement de tête. « Vous avez bien compris. Et ne vous inquiétez pas, vos précisions me sont suffisantes. Greg ne s'aventurera pas à me demander trop de détails non plus, si cela peut vous rassurer. » Parce que nous sommes en froid et que sa fierté est bien trop grande pour qu'il sorte le drapeau blanc, dans l'unique but de savoir ce qui se trame réellement entre son ami et moi. Il préférera laisser tomber. Et quoi qu'il en soit, il sait que je ne me justifie jamais. Même avec lui.

Une gorgée de café amer plus tard, je pose à nouveau mon regard sur Amos. A moi, maintenant, de lui indiquer les prochaines étapes de notre récent accord. « J'imagine qu'il vous faut cet argent au plus vite. Je vous propose de repasser demain matin. Les papiers seront prêts et après signature, l'argent sera viré sur le compte de votre choix. Vous le recevrez dans le courant de l'après-midi. » Tout processus administratif lourd peut être aisément accéléré, si tant est que l'on a les bonnes relations. Et un minimum de pouvoir. « Il ne me manque plus qu'un seul élément : à quelles modalités de remboursement aviez-vous pensé ? » Un calcul qu'il se doit d'avoir inclus dans son fameux business plan. Mais je ne doute pas qu'il sera en mesure de me donner une réponse aussi claire que satisfaisante. Le cas contraire me décevrait beaucoup.

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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 15 Mar 2020 - 21:40




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Si Maeve me fait forte impression, la réciproque semble vraie. Elle acquiesce beaucoup, semble profondément intéressée et se risque même à sous-entendre ô combien Greg a de l’importance pour elle. C’était sans doute l’un de nos points communs. Quoique nous soyons fondamentalement différents, il tenait une place particulière de ma vie. Il y tenait un rôle essentiel parce qu’il est léger quand je suis nature grave et qu’il est démonstratif alors que je suis certainement trop discret. Aujourd’hui, parler autant m’a épuisé. Ma verve m’étonna, mais je ne suis pas dupe. J’ai été mu par l’urgence. Je n’ai rien d’un orateur né. Je réagis simplement correctement et plutôt bien à la pression et à ma détermination. Qu’importe, le jeu en valait la chandelle. Tandis que je la sens fléchir en faveur de mes projets, je réalise que j’ai gagné plus qu’un chèque aujourd’hui. J’ai remporté une alliée bien qu’elle l’ignore encore. Elle l’est devenue au moment où elle a proposé les services d’un professionnel pour la rénovation de mon bateau. Elle l’est devenue grâce à la tendresse à l’égard du flic qu’elle n’a pu réellement me cacher. Elle transpirait à travers ses mots et je crois pouvoir prétendre, sans me tromper, qu’elle a gagné mille points sur l’échelle de mon estime. « Il ne s’y essaiera pas avec moi non plus. Il me sait plutôt taiseux habituellement. » conclus-je d’un sourire espérant qu’elle soit confortée à son tour que moins nous nous concerterons, mieux ce sera pour notre ami commun. Bien sûr, sur l’heure, mes considérations pour cette femme de caractère n’avait aucune espère d’importance à ses yeux. Ce qu’un pauvre invalide de guerre pense de sa personne doit la remuer autant qu’une branche sous la brise légère d’un été caniculaire. Mais, plus tard, si j’atteins mon objectif – Serait bien bête celui qui douterait d’un père en deuil qui réclame vengeance – elle sera ravie de m’avoir accordé son prêt. La somme engagée, elle la récupèrera au centuple. Mon plan de remboursement n’est que l’ébauche de ma fiabilité finalement et, tandis que je lui tends le dossier, qu’elle analyse en détail ma proposition, je m’adosse au fauteuil, dans l’expectative et heureux de pouvoir me taire un peu. Le silence ne m’a jamais gêné. Je l’ai toujours jugé confortable. Il l’est d’autant plus que je tiens mon verre à la main et que je m’autorise enfin à le siroter lentement, doucement, sans détailler mon vis-à-vis. Ce n’était pas le moment de l’embarrasser ou de manquer de politesse. J’attends, patiemment, observant les quelques détails de son bureau décoré avec goût. Je la laisse seule juge de ce qu’elle acceptera ou non mon offre d’apurement.

Je brisai ce mutisme au terme de longues minutes utiles à recharger mes batteries et avant qu’elle ne referme le dossier. « Quant au délai de versement, je vous laisse seule maître. » Je ne détenais pas les détails des ses comptes. Evidemment, je soupçonnais que le montant représentait une bagatelle, mais le fisc a la dent dure. Il faudrait justifier un tel apport en cas de pépin. Mon compte personnel était donc proscrit. « Du reste, je n’ai pas de compte assez sûre sur lequel vous pourriez verser une telle somme. » Elle, elle était sans doute armée de compte dissimulé aux autorités duquel défalquer sans attirer l’attention. « Mais, j’ai un coffre à la banque. » Il contenait des objets sans valeurs pécuniaires pour la plus part, mais qui comptait à mes yeux : des souvenirs de Sofia et les documents concernant mon enquête. « Je ne prendrais pas le risque de me balader seul et sans protection avec un tel pécule. Mais, il y serait en sécurité et n’alerterait personne. Je suppose que, par rapport à ces modalités-là, vous avec sans doute une solution. » Il en allait de sa propre sécurité financière et de sa liberté. Nul doute qu’elle me viendrait en aide sans broncher et sans que son jugement n’en soit altéré.




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Message(#)You better not lose control  EmptySam 21 Mar 2020 - 18:51

Maintenant que notre accord est conclu, du moins oralement en attendant la version écrite et définitive de mes avocats, nous devons évoquer ensemble les modalités techniques de cette entente financière. A savoir, la durée du remboursement et le montant des échéances. Comme attendu, Amos me prouve une nouvelle fois son impressionnante préparation. Il me tend un épais dossier qui présente, sans aucun doute, son ambitieux projet de développement pour le Club. Je m'en saisis avec un sourire affable et consacre mon entière attention à la lecture des points les plus importants. Le silence règne en maître dans mon bureau. Un silence pour le moins confortable, durant lequel mon interlocuteur en profite pour (enfin) déguster son verre de Compass Box vingt ans d'âge. Je tourne moi-même les pages d'une main tout en portant ma propre tasse de café à mes lèvres avec la seconde. Ce que je lis me plaît davantage un peu plus à mesure que j'avance. Une chose est certaine : Amos Taylor a réellement pensé à tout avant de venir frapper à ma porte. Il est futé, il a de la suite dans les idées, et je suis convaincue que Mitchell Strange ainsi que son organisation auraient beaucoup à gagner en misant sur lui.

« Parfait. » Je referme le dossier avant de le lui rendre. Je n'ai pas pour habitude de distribuer autant de compliments (si mes souvenirs sont bons, c'est la seconde fois que ce mot précis m'échappe en l'espace de quelques minutes), mais M. Taylor les mérite amplement, il faut le reconnaître. « Quant au délai de versement, je vous laisse seule maître. » J'acquiesce aussitôt. « Mon service financier vous fera plusieurs propositions demain matin. » « Du reste, je n’ai pas de compte assez sûre sur lequel vous pourriez verser une telle somme. Mais, j’ai un coffre à la banque. » J'ose un haussement de sourcil, réalisant qu'il me propose le versement de l'argent en liquide, plutôt que de procéder à un virement sur un compte. J'aurais néanmoins dû y penser. Ce n'est pas parce qu'il travaille pour le Club qu'il peut recevoir 350 000 dollars sans qu'un justificatif ne lui soit réclamé par son établissement bancaire. En fonction de ce dernier, ce sont des formalités qu'il m'aurait été facile de régler. Cependant, si M. Taylor se sent plus à l'aise avec du cash, je ne vois aucune raison de lui refuser sa requête. Surtout que cela me facilite les choses également : moins de paperasse, moins de collaborateurs à impliquer dans cette transaction, et moins de traçabilité, bien que je sois couverte à ce niveau-là. « Je ne prendrais pas le risque de me balader seul et sans protection avec un tel pécule. Mais, il y serait en sécurité et n’alerterait personne. Je suppose que, par rapport à ces modalités-là, vous avez sans doute une solution. » « Ce ne sera pas un problème, en effet. Tout sera arrangé en conséquence. » Ce n'est pas la première fois que je dois sortir autant d'espèces en un temps record. Même si les circonstances sont différentes pour cette situation précise, le processus reste identique. Avec les bons contacts, un pouvoir suffisant et des rémunérations attrayantes, tout se fait.

Je repose une dernière fois mon mug de café désormais vide sur la table basse, puis plonge à nouveau mon regard dans celui d'Amos. « Avez-vous d'autres questions concernant notre accord avant notre rendez-vous de demain ? Je propose de nous retrouver à neuf heures. Nous aurons tout le temps de relire le document ensemble et également de revoir certains points si nécessaire. » Je note mentalement de retrouver Nova après le départ d'Amos afin qu'elle me libère mon planning. Il vient de gagner la priorité sur tous mes autres entretiens prévus. Loin de moi l'idée de trop m'avancer (la tempérance est un point important pour éviter les échecs au maximum), mais je suis véritablement impatiente de voir ce business plan mis en oeuvre. Si tout se passe comme prévu, de nouvelles portes vont pouvoir s'ouvrir pour le Club et, par extension, pour nos affaires communes. Je quitte le fauteuil, rejoins mon bureau et ouvre le tout dernier tiroir pour en sortir une carte de visite : blanc cassé, sans aucun nom ni aucune autre indication qu'un simple numéro de portable. Je reviens vers Amos et lui tend le rectangle de papier cartonné. « Pour me joindre directement, si vous avez besoin de parler affaires. » Je l'informe en prenant bien soin d'appuyer sur le dernier mot. Il est évident qu'il aura saisi le sous-entendu. « N'hésitez pas. » Un rictus amusé étire mes lèvres. « Je ne pense pas avoir besoin de vous rappeler votre promesse - vous semblez être un homme de parole, mais le cœur y est. » Je conclus, faisant référence à l'appel qu'il me doit en priorité absolue lorsque Mitchell aura validé son projet. Et dans le cas contraire, je ne laisserais certainement pas les talents de M. Taylor servir quelqu'un d'autre. Si Strange est incapable de voir tout son potentiel, alors je le garderais pour moi…

@Amos Taylor :l:
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Message(#)You better not lose control  EmptyDim 22 Mar 2020 - 18:18




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Mon projet était conçu avec la précision d’une parabole dessinée par un mathématicien sur du papier millimétré. Tout penser et envisager m’avaient demandé d’un mois d’un travail acharné. Ce parfait, que Maeve déclame non sans feindre la satisfaction, était dès lors une belle récompense. Il ne me restait plus désormais qu’à convaincre Mitchell quoiqu’il n’était pas voué à devenir une constante dans cette équation. Le but était de construire quelque chose de plus grand que le Club, de rallier à ma cause les plus ambitieux de ses associés et de détruire les autres et lui le premier. Bien sûr, ce secret, je le gardais jalousement pour moi. La réputation de Maeve Fox la prétendait loyale au boss et, principalement à Raelyn. Cette dernière, plus que tout autre d’ailleurs, j’espérais l’embarquer avec moi dans cette grande aventure. Il me reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir, mais j’avais bon espoir que ma motivation supplanterait l’épuisement. Elle est noble. Certes, elle gravite au-dessus des lois, mais qu’avait-elle fait pour moi ? Je ne ressens aucun scrupule à biaiser le fisc et à manipuler les autorités à travers Olivia. Aucun contraire, j’y puise une forme de satisfaction qui tend à redorer le blason de mon estime de moi. Je n’étais plus le pauvre type abandonné par sa femme qui a élu domicile dans la grange de la ferme de ses parents. Je ne suis plus le sale type qui bousculait les ivrognes dans les bars. Je suis au contraire un homme nouveau et s’il m’était demeuré un quelconque doute, cet entretien me confirma que j’avais grandi, que je renaissais peu à peu de mes cendres, que j’étais moins un félon que Strange lui-même. Avec une alliée comme Maeve, je me sentais prêt à soulever des montagnes et, si je n’ai remporté qu’une manche jusqu’à présent, je me sens toutefois poussé des ailes. Je marche vingt centimètres au-dessus du sol et mon sourire s’agrandit dès lors que j’entends : documents, transactions et solutions. Je signerai autant de papiers que nécessaires tant qu’il m’assure l’anonymat vis-à-vis des flics. En ça, j’étais convaincu que je pouvais me fier à mon interlocutrice sans exiger la moindre garantie. Je ne prenais aucun risque à lui accorder ma confiance. Il en allait de la survie de ses affaires et de la préservation de son confort que de ma propre sécurité. « Dans ce cas, tout est en effet parfait. » ai-je donc ponctué en terminant mon verre. L’arôme de cet alcool était délicieux. Son nectar serait comparable à l’idée que je me fais du vin des Dieux. « Et je n’ai aucune question. Sauf peut-être, où nous retrouvons-nous ? » Elle balaya la question par l’information et je dodelinai de la tête par assentiment. Aurais-je eu besoin d’une preuve qu’elle était grisée par mon objectif que la carte de visite qu’elle m’a tendu aurait levé tous mes doutes. Je n’en avais plus beaucoup, mais j’appréciai qu’elle me transmette son numéro de téléphone privé. Je notai pour moi-même de l’ajouter au répertoire de mon téléphone sous un faux-nom et je la remerciai avec, au timbre, une profonde gratitude. Je promis de ne pas hésiter si, dans l’aventure, le bât blessait ou si, au contraire, l’évolution nécessitait que je la tienne au courant de mes progrès.  « Et je l’entends parfaitement » ai-je finalement conclu en la saluant poliment d’un signe de la tête. « A bientôt, mademoiselle Fox, et je n’oublierai pas non plus de vous inviter à visiter mon bateau le moment venu. Nous en profiterons pour faire le point. » L’entretien était clos et, en quittant son bureau, je fus pris d’un enthousiasme tel que j’eus le sentiment que le monde était à mes pieds et qu’il n’attendait plus qu’une chose dorénavant : que je me penche pour le ramasser et le modeler selon mes désirs, et au gré de ma folie.



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