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Message(#)Come in here, my dear, have a cigar. EmptySam 08 Fév 2020, 15:30




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Saül & Amos #1
@Saül Williams
À fréquenter le Club de près, à prendre part à ses activités et, accessoirement, à son enrichissement, j’ai très vite compris qu’il était un repaire pour les grands pontes de cette ville. La clandestinité du bar leur offre la sécurité de ne pas être aperçu par des paires d’yeux malintentionnées, de défrayer la chronique et d’être traîné dans la boue. Ici, ils peuvent s’adonner à leur petit plaisir coupable en toute discrétion, qu’il s’agisse de la drogue et, plus récemment, du jeu. Certains, en quête de pouvoir, s’associaient aux affaires de Mitchell, dans l’ombre, proposant leurs services moyennant compensation financière ou en nature. Quelques-uns buvaient à l’œil ou s’offraient gratuitement les Escort qui se pavanent dans des déshabillés affriolants. On y trouve également des habitués qui observent de loin les différents trafics et services proposés par le boss et parmi ceux-là, ceux auxquels j’apporte peu d’attention, à moins qu’il ne la réclame le temps d’une partie, il y a Saül. Saül Williams. Grand, sûr de lui, un air conquérant dans le regard et un sourire carnassier sur les lèvres, il dégage cette aura particulière propre aux hommes de pouvoir, à ceux qui ont réussi, honnêtement, ce qui ne fait pas de lui quelqu’un inspire l’effroi, mais le respect. Rares sont ceux qui posent sur lui un regard de dédain. On le jalouse, l’envie, s’en méfie peut-être, mais chacun lui reconnaît que son charisme est indéniable. Y étais-je sensible ? À ma manière, avec ce détachement qui me caractérise. Il m’intrigue davantage qu’il ne m’impressionne. Il souleva le poids de mon intérêt parce qu’il contraste avec l’atmosphère qui règne en ces lieux. Il est trop lumineux, trop solaire pour terrer dans une cave pour jouer au poker. Tous les patrons de casino, à Brisbane, se gausseraient qu’il dépense son argent à leur table, sous le regard concentré des croupiers. Or, c’est autour des miennes qu’ils s’attablent pour une partie de Black Jack ou de poker. J’en déduis qu’il frôlait l’addiction du bout des doigts et qu’il craignait de l’empoigner devant témoin. Moi, ça m’arrange. Il m’est particulièrement sympathique et, de tous les joueurs, il est de loin le plus malin. Jamais je ne fus forcé de le laisser gagner pour flatter son ego et les inciter à revenir. Sa victoire, il la remporta à la loyale et, en outre son charisme, c’est probablement ce qui m’a donné l’envie de me pencher sur cas, de m’ouvrir un peu, d’engager différentes conversations jusqu’ici anodines. Elles me révélèrent que, malgré les apparences, il est de bonne compagnie et humble également. Il ne me toise pas ou, tout de moins, ne l’a-t-il jamais fait avec moi.

Ce soir, il était présent et, une fois n’est pas coutume, je ne jouais pas ; je l’observais de loin. Je l’analyse, soucieux de découvrir quel tic de son visage trahit un peu de sa main. Pas grand-chose, je dois bien l’admettre. Il maîtrise l’art du bluff et je me demandai comment il s’y prenait pour être aussi sympathique et si énigmatique. Je m’approchai de la table, j’y ai pris place, mais je ne suis pas entré dans partie. Elle était bientôt finie. D’ici une petite manche, elle serait terminée. Elle fut écourtée par son adversaire qui fit tapis, trop vite, endormi par Saül, qui jura qu’il bluffait justement. Manqué. La situation m’arracha un sourire, plus encore quand l’autre s’enfuit en grommelant. « Satisfait de tes gains ? » L’homme d’affaires n’est pas un petit poisson. C’est un requin. « Ou tu savoures ta victoire. » Il va s’en dire qu’il n’a pas besoin d’argent ni peur d’en perdre. Je nous servis un verre. Une bouteille traînait sur toutes les tables et je sortis de la poche intérieure d’une veste de costume deux cigares et je lui en tendis : «Tu m’accompagnes ? »





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Message(#)Come in here, my dear, have a cigar. EmptyJeu 20 Fév 2020, 20:48

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Les casinos, il les connaît par cœur, Saül. Dans chacun d'entre eux, il joue un jeu différent. Partout, c'est pourtant le même refrain. Pièce d'identité, contrôle, on tire une chaise quelque part, on boit du champagne puis un whisky - l'ordre est important - on rit, y expose ses dernières affaires. Mais si l'italien est un homme de routine, il lui faut aussi - et de plus en plus - briser ses propres codes. Ses propres règles. Tremper dans l'illégal, ça il n'avait que très peu souvent fait. Ici, les gens viennent discrètement. Tous sont au même niveau, parient des sommes qui sont parfois astronomiques, mais qui ne proviennent pas des mêmes poches. Saül y laisse son argent, l'immense tas d'or sur lequel il veille comme le ferait un dragon endormi. Les autres, il ne sait pas, ne veut pas savoir. Il a déjà joué avec des types à qui l'on donnerait le bon dieu sans confession. Des jeunes, des vieux. Des types qui n'ont visiblement rien à se reprocher, et pourtant. Sous ses yeux de fauve, ce vieil homme n'est-il pas un ancien braqueur ? Et cette femme, timide en apparence, ne séquestre-t-elle pas des gosses dans ses vieux placards ? Personne ne demande, jamais. C'est la règle d'or. Celle que Saül s'est imposée.

Lui ne vient ici que de temps à autre, lorsqu'il a explosé son quota de visites aux casinos légaux, lorsqu'il sait que son visage y a été assez vu pour qu'on parle de lui comme d'un accro. Il sait qu'ici, au moins, personne ne lui demandera jamais rien. Tout le monde s'en fiche. Les types de son milieu à lui ne traînent pas ici, ils ont trop peur de se faire attraper et de faire couler leur affaire sur un procès idiot. Saül n'a pas peur, lui. Il a appris que c'est le pire des venins, la peur. Qui a peur est un peureux. Et les peureux n'ont pas leur place dans ce bas monde. 'Marche ou crève'. Cela a toujours été son credo - aujourd'hui plus que jamais. Elise ne sait pas. Cosimo non plus. Il ne l'y emmènera jamais. Pas même dans les casinos légaux. Le quarantenaire refuse qu'on le voit comme ce qu'il est réellement, un accro. Un pauvre - riche, très riche en fait - type qui vibre pour les billets que l'on s'échange, qui frissonne en observant la compteuse de billet défiler à toute allure. Les chiffres sur son compte ne veulent plus rien dire pour lui depuis très longtemps. Lui, ce qu'il aime, c'est sentir ce papier rugueux sous ses doigts. C'est poser ses yeux sur l'éventail coloré de cet argent. Lui rêve d'un coffre fort rempli d'or et de billets : à son grand malheur, tout n'est aujourd'hui plus que chiffres sur un écran de téléphone.

D'un côté de la table, il y a Amos. Amos que Saül ne guette pas des yeux avant que la partie ne prenne pas fin. Ne pas se laisser distraire. Ce n'est que lorsqu'il s'est débarrassé de son adversaire qu'enfin, l'italien lui accorde son attention. « Satisfait de tes gains ? » Saül hausse les épaules. « Ou tu savoures ta victoire. » « C'était une petite partie. », qu'il marmonne en observant l'autre s'éloigner d'un pas décidé vers un endroit que le quarantenaire ne fréquente jamais - celui dans lequel les femmes portent moins de tissus que les autres, les rares, celles qui jouent. Un soupir dégonfle le thorax de l'homme d'affaires, qui remet en place une mèche de cheveux tombée sur ses yeux. Les deux orbites glacées qui ornent le visage de l'italien détaillent Amos du regard. C'est lui, le chef, ici. Lui, que Saül voit de temps à autre passer comme une ombre dans le décor. Lui, qu'il traite comme un vieil ami. Le patron des lieux pousse un verre devant Saül, dont les yeux se posent sur l'environnement d'un air ennuyé. Pas de frissons aujourd'hui. Il sent qu'il n'a pas joué assez. « Tu m’accompagnes ? » « Volontiers. » Lui qui ne fume pas, jamais, attrape le cigare tendu par Amos et le coupe cigare tendu par un croupier qui change de table, pour les laisser seuls. Saül sort de sa poche un zippo, qu'il trimbale sur lui depuis la nuit des temps, juste pour jouer l'homme au cigare. Un rôle qui lui va bien, même s'il a en sainte horreur l'odeur et le goût de la fumée. Elise râlera de la sentir sur lui avant d'envoyer son costume bleu au pressing. L'italien coupe les deux cigares, allume celui d'Amos avant le sien. Ils sont moins mauvais que les autres, ceux d'Amos. Tant mieux, voilà qui lui fera une chose de moins à prétendre, même s'il ne joue pas vraiment à ce jeu là devant le quarantenaire. « Comment vont les affaires, ici ? J'ai vu des nouvelles têtes. » Le crocodile a une très bonne mémoire des visages. Il sait combien il est important de les retenir, dans ce milieu, pour savoir plus ou moins à qui il a affaire. « Tu n'as jamais d'ennuis, avec tout ce business ? Chez nous, pour quelques milliers de travers, ils nous les brisent. Je risque des millions juste pour une erreur d'administration. » Et il sait qu'au fond des pièces sombres se trament des choses encore plus louches que de simples échanges de cartes, mais Saül sait aussi qu'Amos n'est pas né de la dernière pluie. Celui qui aura sa peau n'est pas encore né.


Dernière édition par Saül Williams le Sam 26 Sep 2020, 17:53, édité 1 fois
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Message(#)Come in here, my dear, have a cigar. EmptySam 22 Fév 2020, 15:43




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Saül & Amos #1
@Saül Williams
Plus que l’odeur ou le goût d’un cigare, ce qui me plaît, c’est le cérémonial qui précède une dégustation. Car c’est bien ce dont il s’agit. La fumée se hume. Elle ne s’aspire pas, elle se contemple quand elle s’échappe de ces feuilles de tabac roulées. Certes, ça pue. Ça empeste autant que les affaires de Mitchell. Mais, il fait bon s’y perdre parce qu’ici, ce n’est pas interdit. Ici, au Club, chacun fume, boit, se drogue de femmes ou de cocaïne en toute impunité. Le casino clandestin serait, à peu de chose près, la plus légale de ses activités. Sauf que le poker, la roulette ou le Black Jack est autant un vide que les précités. C’est pour ça que les grands pontes dépensent leur argent sans compter dans cette cave savamment décorée et de surcroît lumineuse. Il pend à son plafond des lustres gigantesques de verre, qu’ils reflètent bien la lueur des ampoules. Ça n’en reste pas moins un leurre. C’est glauque, ici. C’est le repaire des canailles, l’antre des accro. On l’est tous d’une façon ou d’une autre, même Saül, quoique lui, peut-être un peu moins que le reste de la clientèle. Il a des manières, lui. Il n’a pas le regard fuyant. Il marche la tête haute et se tient toujours bien droit. Ses affaires ne trempent pas dans le bain d’acide de la corruption. Il est clair comme de l’eau de roche, raison pour laquelle je lui vole un peu de son temps malgré qu’il lui soit précieux. Les Hommes, riches comme Crésus, ne se mélangent que rarement aux petites gens. Parfois, ils les méprisent sans scrupule. Pas Saül. L’Italien est un gars humble. Sans doute est-ce pour cette qualité que je me surprends à l’admirer. Il a en main les clés de la réussite et, de temps à autre, je me demande s’il accepterait de mes les prêter maintenant que je me découvre des trésors d’ambition.

C’est étrange comme sensation d’ailleurs. Moi, d’antan, je vivotais. Je me laissais porter par le courant sans me soucier de mon avenir. Je me retrouvai à l’armée parce que j’avais à cœur de prendre soin de ma famille qui tendait à s’agrandir. Aujourd’hui, je me surprends à rêver d'autres choses et, même si je refuse de l’admettre, je sais ce qui bouscule mon apathie. Elle n’a qu’un nom auquel je n’ose penser de peur qu’un sourire niais ne fende mes lèvres. Je me sentirais ridicule devant cet homme que rien ne semble pouvoir ébranler, celui qui tient bien droit dans ses chaussures de luxe, celui qui me fait l’honneur de s’asseoir à ma table. « Pour toi peut-être, mais si j’en crois la tête de ton adverse. » Je jetai un dernier coup d’œil par-dessus mon épaule en direction de ce pauvre hère. « Il misait gros, lui. » Et il s’est pris une véritable déculottée. Je ne devine pas, je l’ai vu. J’ai vu la maigre main de Saül et la plus forte de son rival. J’ai vu ce dernier se coucher, abattre ses cartes, pour l’audace d’un tapis sur du vent. « Que te dire. Ça va plutôt bien. Je me demande si je n’ouvrirais pas tous les soirs finalement. » Le bouche-à-oreille et le gage de discrétion attirent le public. « A ce rythme, on va devoir privatiser et trier sur le volet les joueurs. » admis-je sans préciser qu’il serait en haut de la liste. Il le sait. A quoi bon le flatter ?

Je ne suis pas à l’image de ces quidams qui lui tire des révérences trop obséquieuses pour être honnêtes. Je nourris pour lui un profond respect, mais jamais je ne m’écrase. La fierté ou la dignité d’un Homme ne se mesure pas au poids de son portefeuille. « J’essaie d’accrocher les plus intéressants, ceux qui ne nous attireront pas d’ennuis justement. Pour le moment… » Je touchai le haut de mon crâne par superstition à défaut de trouver du bois. « J’en suis à l’abri. Je ne m’en tracasse pas vraiment d’ailleurs. C’est le job du boss de s'inquiéter des autorités. Je ne suis qu’un sbire de plus ici. La mécanique est bien rôdée et, de toi à moi, je suis bien le moins à plaindre de nous deux. Mon boulot, c’est de jouer et pas mon fric, celui du Club. » Il m’arrivait de miser ma propre caillasse parfois, mais uniquement lorsque les portes sont fermées et que je me sens défié personnellement par un individu qui déborde d'assurance jusqu'à ce que je le dépossède de ses biens. « Je suis sûre que certains considéreraient que c’est le job idéal et pourtant, de plus en plus souvent, j’ai envie de plus grand et de moins… comment dire… illégal. » confessais-je non comme un aveu de faiblesse, mais comme une confidence. « Comment tu as fait toi ? Pour construire un empire pareil sans tricher ? » Sa réputation est d’un blanc immaculé, vierge de tout pêcher. Qui mieux que lui pour m’aiguiller ? Pour me filer un tuyau ou une astuce ? Qui ? « Sans vouloir me montrer indiscret. » avançais-je en soulevant la bouteille en guise d’invitation. Je m’apprêtais à me servir un verre de Whisky, sans glace, mais une fois n’est pas coutume, je n’ai pas envie de boire seul pour une fois.







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Message(#)Come in here, my dear, have a cigar. EmptyLun 13 Avr 2020, 16:13

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Ce n'est pas tant l'ambiance qui le séduit, Saül, mais plutôt la liberté procurée par le lieu. Il en a assez, Saül, de devoir se justifier auprès d'Elise. Elle sait très bien quand il rentre de ses soirées poker. Elle sait très bien mais lui ne sait pas trop comment elle fait pour savoir. Peut-être est-ce à cause de l'odeur du cigare qui flotte constamment dans l'endroit, ou encore à cause du parfum de certains protagonistes qui imprègnent jusqu'aux vêtements des autres participants. Ou peut-être qu'elle lit simplement dans ses yeux qu'il vient de faire s'évaporer plusieurs milliers de dollars, ou qu'au contraire le crocodile vient de rajouter à leur fortune un petit tas d'or négligeable et déjà perdu au milieu des comptes familiaux. « Pour toi peut-être, mais si j’en crois la tête de ton adverse. » Saül ne se détourne même pas pour le voir, ce type qui s'éloigne. Il se fiche bien des gens contre qui il joue. Ils n'ont pas de noms, simplement des yeux de fouine. Mais ici, personne ne se préoccupe de ce que fait l'autre, tant que tout le monde se plie aux règles - c'est le plus fascinant de l'histoire, une solidarité dans l'anonymat que ne connaissent pas les salles légales. Là-bas, tout le monde voudrait être quelqu'un et c'est bien pour n'être personne que l'italien vient se retrouver - et non pas se perdre - dans l'établissement de Amos. « Il misait gros, lui. » « Dommage. » Tout le monde connaît les règles. Certains ne savent juste pas se contenter de ce qu'ils peuvent avoir. Au jeu de savoir en prendre et en laisser, Saül n'est pour autant jamais en reste.

« Que te dire. Ça va plutôt bien. Je me demande si je n’ouvrirais pas tous les soirs finalement. » « Attention, Amos... », que souffle le quarantenaire, en lui lançant un regard en biais. Attention ne de pas avoir les yeux plus gros que le ventre. « A ce rythme, on va devoir privatiser et trier sur le volet les joueurs. » L'aîné laisse échapper un léger rire. « Tu deviens un véritable chef d'entreprise. » Et il sait bien, Saül, qu'il aura toujours sa place par ici. Il consomme trop pour être écarté de ses tables favorites. « J’essaie d’accrocher les plus intéressants, ceux qui ne nous attireront pas d’ennuis justement. Pour le moment… » Un choix judicieux. Amos est assez malin pour ne pas se laisser couler dans les ennuis. Il gère très bien son affaire, Saül l'admire beaucoup pour sa maîtrise très propre des choses. « J’en suis à l’abri. Je ne m’en tracasse pas vraiment d’ailleurs. C’est le job du boss de s'inquiéter des autorités. Je ne suis qu’un sbire de plus ici. La mécanique est bien rôdée et, de toi à moi, je suis bien le moins à plaindre de nous deux. Mon boulot, c’est de jouer et pas mon fric, celui du Club. » Oh, ça l'italien en doute. Si son boss le lâche, il sera en première ligne, n'est-ce pas ? Mais il se tait, l'aîné, au profit du discours de son comparse. « Je suis sûre que certains considéreraient que c’est le job idéal et pourtant, de plus en plus souvent, j’ai envie de plus grand et de moins… comment dire… illégal. » « Crois moi, plus grand et moins illégal ça n'empêche pas de se créer des emmerdes. » Il en sait quelque chose, cet homme qui licencie sans se préoccuper, qui n'hésite pas à remplacer ses loups et ses requins pour d'autres poissons plus gros et à la morale encore plus douteuse. Ce n'est pas tant qu'il n'a pas de morale, mais plutôt que sa morale, c'est ça : la loi de la jungle. Manger, ou être mangé. Et Saül préfère être en haut de la chaîne alimentaire, même si la place est chère et que certains la lui raviraient sans beaucoup se préoccuper de leur propre conscience.

« Comment tu as fait toi ? Pour construire un empire pareil sans tricher ? » L'italien papillonne des yeux, un instant. Il écrase son menton sur son poing, détaillant un instant son interlocuteur des yeux. « Sans vouloir me montrer indiscret. » Poliment, Saül pousse son verre en direction de celui de Amos. Les mauvaises habitudes se font de plus en plus présentes. « Je ne vais pas te parler de chance, parce que ça n'existe pas. J'ai travaillé dur. Il n'y a pas de secret. » Il a tout sacrifié, le voilà, le secret. Saül n'a épousé sa femme que parce qu'elle lui apportait un pied-à-terre en Australie. Il n'a pas d'enfant - pas vraiment - et n'a jamais aimé rien d'autre que ses petites affaires. « J'ai fait en sorte de laisser beaucoup de place à l'évolution des choses, si tu vois ce que je veux dire. » Ça veut dire tout raser, partir sans attendre les autres, quitte à tout faire en solitaire. Ses doigts attrapent le verre servi par Amos, mais l'homme n'y trempe pas ses lèvres pour autant. « Et je n'ai toujours fait confiance qu'à moi-même. On n'est jamais mieux servi que par la personne que l'on comprend le mieux dans la pièce. » Il n'est pas le plus grand diplomate de tous les temps, Saül, mais il a au moins le mérite de savoir ce qu'il veut. C'est la base, pour diriger un empire. « C'est ce que tu veux faire avec cet endroit ? Un empire ? » Enfin, il porte le la boisson à sa bouche. « Quitte tout, et viens travailler avec moi, si tu rêves de plus grand et de moins illégal. », qu'il lance en souriant. Pour sûr que ce n'est pas la première fois qu'il lui fait la proposition, qui n'est qu'à moitié une plaisanterie. « Ce sont des gens comme toi qu'il me faut. » Et il en a assez de ses collaborateurs qui lui tiennent trop tête pour les mauvaises raisons.
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Message(#)Come in here, my dear, have a cigar. EmptyMar 14 Avr 2020, 14:20




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@Saül Williams
Le perdant ? Balayé ! Il n’y a pas de place pour lui au cœur de cette conversation. Peut-être même qu’il ne sera bientôt plus invité à jouer sa petite monnaie sur mes tables. Le succès du casino clandestin grandit au jour le jour. J’y consacre du temps, de l’énergie également, au point qu’il m’arrive d’oublier qu’il n’est pas voué à demeurer pérenne. Il a une fin, comme le Club. Ils ont collé sur la porte une date de péremption, mais elle est écrite à l’encre sympathique. Nul ne la voit, sauf moi, parce que la chaleur de ma rancœur est intense et la révèle. Nul ne la prédit, pas même le crocodile que j’aurai la présence d’esprit de préserver lorsque la mort programmée de son repaire le fauchera le blé de mon imagination. Je l’en écarterai pour lui proposer de me rejoindre au cœur d’une entreprise plus légale parce que je prends goût à ces nouvelles responsabilités. La criminalité sous-jacente autour de l’endroit, l’effervescence des joueurs qui craignent pour leur bourse, les femmes qui battent les cils pour attirer les plus fortunés, les sourires intéressés de ceux qui souhaiteraient rejoindre les rangs des privilégiés. L’atmosphère est grisante et, non négligeable, elle me permet de remplir la coupe de mes addictions sans me couvrir de honte. Bien sûr je ne peux révéler à Saül que je vise la destruction du Club pour ensuite récupérer les réseaux les plus lucratifs, excepté la prostitution. Le discours me qualifierait d’opportuniste quand j’estime mes intentions bien plus nobles. Si Mitchell ne m’avait pas enlevé mon unique raison de vivre, jamais je n’aurais croisé sa route. Je n’aurais pas non plus ourdi des projets dignes du Prince de Machiavel afin de laver l’honneur de ma défunte enfant. Je crois même que j’aurais fini à la campagne, main dans la main avec Sarah, inconscient que mon âme recèle d’une part d’ombre. Oui, je sais sans doute mort à Kilcoy à l’âge raisonnable d’un vieillard, sans jamais goûter aux plaisirs de l’ambition. Quel gâchis ! Plus j’y trempe les lèvres, plus elle m’enivre. Elle vaut bien la mise en garde de Saül que j’accueille d’un sourire. « Je dois en conclure que j’exagère ? » Justement parce que je n’ai pas le recul d’un chef d’entreprise ? Son recul ? Le penserait-il que j’acquiescerais de bonne grâce, au nom de la fatalité et curieux d’entendre son conseil. Il me serait profitable d’en recevoir quand je sais où est ma place dans la chaîne alimentaire de ce type d’organisation.

Contrairement à ce que je prétends, je n’ai aucune confiance en Strange. Je ne lui reconnais aucune compétence digne de ce qu’il a bâti. Il ne l’a pas fait seul. Lui, il s’est entouré, à manipuler, à presser les citrons jusqu’à les vider de leur essence. Ce qu’il fait, c’est boire à la coupe des femmes, mais il ne dirige pas, pas le moins du monde. Si la maison ne s’est pas effondrée, c’est grâce à la détermination de son associée, la seule qui vaille finalement, si tant est que l’on fasse abstraction de ce qu’elle fait au profit de ce qu’elle est. Et, au milieu de ce fatras, que fait-il là, Saül ? Que fait-il dans ce troquet pour brigands ? Il n’en est pas un. Il a la réputation d’être un loup parmi les hommes, certes, mais il n’a pas sa place en pareil endroit, moins encore qu’il a su tordre le cou du destin et creuser son trou sous le soleil à la sueur de son front. Lui, si je me fie à son récit – je n’ai aucune raison d’en douter – il a mené sa barque en capitaine de son navire, il n’a pas, à l’instar de Mitchell, volé la casquette du maître à bord. « Beaucoup de place ? ça veut dire que tu ne prévois pas ? Que tu saisis juste les occasions quand elles se présentent ? » ai-je demandé, le fixant d’abord avec attention et lui resservant un verre ensuite. Les choses peuvent-elles être aussi faciles ? « C’est étrange. J’aurais plutôt parié sur la psychorigidité te concernant… elle aurait fait écho à la mienne. Ce n’est pas de cet endroit que je veux construire un empire. » J’ai balayé la salle d’un regard presque méprisant. Est-il justifié de lui parler franchement ? Avant de poursuivre, j’ai mesuré les risques et j'ai concédé à ce que l’homme d’affaires n’a que faire de Mitchell. Je doute même qu’il le connaisse. « Disons que je fais mes griffes, ici. Mais, je ne pense pas que tout le monde… » Le boss, mais je ne l’ai pas précisé. « …. ait les reins aussi solides qu’on essaie de nous le faire croire. » Et moi ? Alcoolique jusqu’à la moelle ? Les miens ? Le sont-ils ? J’en suis convaincu. Je sais mes motivations et j’ai appris à empoigner les opportunités. Et quelle est-elle d’ailleurs. Je suis toujours effaré lorsque le joaillier m’invite à rejoindre ses ranges. Je suis médusé, touché et également terriblement intéressé. « Tu sais qu’à force, je vais finir par imaginer que tu es sérieux. Surtout que je ne vais pas te cacher que c’est très, très, très tentant. Mais, ce que tu fais, le beau, le luxe, les bijoux… c’est à des kilomètres de ce que je suis. Mon truc à moi, c’est ça. » J’ai ramassé les cartes que j’ai fait roulé entre mes doigts. « C’est la roulette et le Black-Jack. C’est le jeu… le plus vil des vices parce qu’il est partout. Mais, si tu veux élargir ton champ des possibles, alors, je suis ton homme… » l’ai-je défié avec amusement et sans malveillance.



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Message(#)Come in here, my dear, have a cigar. EmptySam 26 Sep 2020, 19:06

« Beaucoup de place ? ça veut dire que tu ne prévois pas ? Que tu saisis juste les occasions quand elles se présentent ? » Amos lui sert le verre suivant. Saül n'a pas prévu de perdre la main ce soir, pourtant, même si les parties ne lui suffisent pas encore. L'italien repartira perdant à tous les coups, éternel insatisfait. Plus il vient, plus la même rengaine se répète. Il n'y a pas de fin à ce merveilleux cercle vicieux dans lequel il s'enferme. « Les occasions, je leur laisse la place de se développer. Il y a tout un tas de choses qui encombrent les affaires et dont il faut savoir se séparer. Je n'ai pas besoin de t'expliquer ça. » Amos doit savoir, Saül le sent. Il ne faut jamais trop s'attacher, à personne. L'italien porte enfin son verre à ses lèvres, se redresse un peu sur son séant. L'endroit vit étrangement. Les regards fiévreux des joueurs concentrés ne croisent jamais ceux des deux hommes. Ils sont invisibles, autant que peuvent l'être les éléments du monde extérieur au jeu. « C’est étrange. J’aurais plutôt parié sur la psychorigidité te concernant… elle aurait fait écho à la mienne. Ce n’est pas de cet endroit que je veux construire un empire. » Le regard méprisant d'Amos est suivi par celui, plus pensif, de l'homme d'affaires qui pose son verre. Définitivement, cette fois-ci. S'enivrer n'est pas le but de sa soirée, bien que la compagnie de son ami soit fort agréable. Le cigare l'est aussi, cependant. A chaque bouffée, Saül peut entendre Elise se plaindre et argumenter en défaveur de ses sorties nocturne. Elle n'a presque plus besoin de mentionner combien elle méprise son addict d'époux, de toute façon. Saül le sent bien assez, bien que ses pensées soient toujours - et irrémédiablement - attirées ailleurs. Lui qui parle à Amos du fait d'écarter les distractions de son chemin n'est vraiment pas le meilleur des exemples. Pour l'instant, l'italien sait composer avec le tout - mais pour combien de temps encore ?

« Disons que je fais mes griffes, ici. Mais, je ne pense pas que tout le monde… » L'italien repose son regard sur le quarantenaire, attentif. « …. ait les reins aussi solides qu’on essaie de nous le faire croire. » « Tu perds ton temps ici, vois plus grand. » Saül n'a bien sûr aucune idée de ce qui se trame derrière le joli - l'adjectif est tout relatif - décor. Il soupçonne pourtant dans les yeux de Amos un brin d'envie de renverser la tendance. Qui qu'il soit, le tout le monde dont a parlé Amos ne satisfait décidément pas ce dernier. Continuer à le suivre est d'une docilité que Saül ne connaît pas à son hôte, il se garde pourtant bien de le piquer de trop, comprenant que les enjeux derrière les tables de poker sont bien plus importants qu'ils n'y paraissent. Ici, Saül n'est pas sur son terrain de jeu. Il n'est là que pour l'officiel, ce qui ne se voit pas ne le concerne pas. S'il n'y trempe pas son nez - qui a le don d'être très curieux, lorsque cela concerne de coquettes sommes - c'est avant tout pour sa propre sécurité juridique. C'est mieux ainsi. Amos, lui, n'a pas l'air d'avoir peur du jeu qui plane sur ce terrain là. Cela n'empêche pas l'italien de lui proposer, comme de coutume, de se joindre à lui. Son expérience pourrait se montrer remarquablement efficace. « Tu sais qu’à force, je vais finir par imaginer que tu es sérieux. Surtout que je ne vais pas te cacher que c’est très, très, très tentant. Mais, ce que tu fais, le beau, le luxe, les bijoux… c’est à des kilomètres de ce que je suis. Mon truc à moi, c’est ça. » « Je suis sérieux, Amos. Tu es fou de penser le contraire. » Et le sourire du crocodile est sincère, pour une fois. « C’est la roulette et le Black-Jack. C’est le jeu… le plus vil des vices parce qu’il est partout. Mais, si tu veux élargir ton champ des possibles, alors, je suis ton homme… » « Le beau, le luxe, c'est de la poudre aux yeux, Amos. A la fin, tu macères quand même dans l'argent de types qui en ont à ne plus savoir qu'en foutre. C'est juste plus officiel et surtout, c'est légal. » Légal ne retire en rien le frisson, légal ne retire en rien les soucis que Saül peut rencontrer. Les Australiens savent être sacrément regardants, quand il s'agit des affaires d'un étranger qui n'a rien à faire du profit de leur pays. Le seul profit qui intéresse l'italien, c'est celui qui lui paye la chambre qu'il loue à l'hôtel, celui qui le met en sécurité et qui empêche Elise de se tirer définitivement, tirant ainsi un peu plus sa réputation vers le haut.

Saül a posé son cigare. Quand il se relève pour passer sa main sur le pli de son costume et redresser sa cravate, il sait qu'il est temps de filer. Ses doigts le démangent, pourtant l'italien sait encore quand s'arrêter, quand mettre un frein à la pente qu'il ne saura bientôt plus remonter en sens inverse. « Ton champ des possibles retrouvera le mien un jour, j'en suis sûr. » Saül donne une tape sur l'épaule de son ami, le ton moqueur. « En attendant, continue de faire ce que tu fais le mieux. Mais vire ce croupier quand même. » L'italien lui désigne un homme, occupé à la table d'en face, qui n'a pas lâché son patron des yeux. « Si tu ouvres plus grand, je suis ton homme. J'ai des sous qui dorment inutilement et qui auraient bien besoin de bouger un peu. » Le voilà peut-être, le moyen que le champ des possibles leur soit commun. En attendant, le crocodile retourne retrouver la nuit.
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