| You don't deserve her. You never did. |
| | (#)Lun 10 Fév 2020 - 10:51 | |
| Rhett s’en voulait de s’être montré si imprudent. Il n’avait jamais souhaité en arriver à de telles extrémités ; en tout cas, pas vraiment. Non, tout ce qu’il voulait, lui, c’était oublier, simplement oublier pour un moment ses putains de douleurs qui le tourmentaient dans sa chair jours et nuits, qui s’immisçaient sans répit dans ses pensées jusqu’à le rendre dingue. A se cogner la tête contre les murs. Dormir un peu plus, un peu plus longtemps… Etait-ce vraiment trop demandé ? Cesser de ruminer, même pour quelques secondes, sur tout ce qu’il avait autrefois été, et tout ce qu’il avait perdu depuis. Arrêter de remâcher sa déchéance, sa dégringolade dans un gouffre sans fond, et, pire encore ; son impuissance absolue à maîtriser son corps, son incapacité la plus totale à décider de sa vie. Voilà l’évidence, la cruelle vérité : il n’était qu’une pauvre marionnette, Rhett, un vulgaire bout de bois sans cœur ni âme, uniquement régi par ses douleurs et son mal-être, et qui consumait l’espoir naïf – et complètement débile – d’arriver un jour à couper ses fils, à se libérer de ses entraves. Mais rien ne le soulageait, rien n’apaisait ses souffrances, physiques comme morales, et il s’était mis à avoir l’excellente idée de gober tout ce qui lui passait sous la main. Des médicaments et des stupéfiants qu’il avait fini par se procurer de façons plus que douteuses, tant les prescriptions des médecins ne lui suffisaient plus depuis longtemps. Et puis, soudain, la paix, le repos tant attendu. Cette sensation agréable de flotter à trois mètres au-dessus du ciel, de se désolidariser de son corps physique, et d’abandonner enfin tous ses problèmes derrière lui. Une sensation de bien-être infini, sans nulle autre pareille… Une sensation qu’il brûlait d’envie de revivre, juste encore un peu, une dernière fois. Et puis le réveil, brutal, déstabilisant, à l’hôpital, et les regards inquiets de ses amis dardés sur lui, Hassan, Joanne, et même Sophia. Profondément choqué par leurs mines abasourdies, alarmées, il s’était juré de ne plus leur causer la moindre frayeur. Avec l’impression sournoise, insidieuse, de ne pas pouvoir garder sa promesse intacte bien longtemps …
Il en était là dans son introspection, quand il s’arrêta devant chez Joanne, un sac de sport sur l’épaule. Il était venu à pieds, et puisqu’ils habitaient tous deux dans le même quartier, sans que cela ne lui prenne plus de quinze minutes. De toute façon, il ne pouvait plus conduire, Rhett. Foutues jambes. La droite ne se pliait plus assez pour lui permettre d’appuyer correctement sur les pédales, et à moins de vouloir devenir un danger pour lui-même comme pour les autres, le blond avait abandonné l’idée de conduire à nouveau une voiture. Il chassa toutes ses mauvaises pensées d’un mouvement de la tête, pour se consacrer uniquement à cette journée qui l’attendait, en compagnie de Joanne et des enfants. Il avait compris son petit manège, mais s’était bien gardé de lui en faire part. Ils se voyaient beaucoup, ces derniers temps ; elle prétextait que cela lui faisait du bien de s’aérer et de se changer les idées, d’oublier ce qu’il se passait chez elle, mais il savait très bien au fond de lui, qu’elle s’était donné la mission secrète de le surveiller, et de s’assurer que tout allait bien. L’idée que Joanne veille sur lui comme une grande sœur – alors que ce devrait être l’inverse – lui dessina un sourire sur les lèvres. Il l’adorait, sa Joanne, et n’aurait pas pu imaginer meilleure infirmière pour sa convalescence. Elle l’était l’une des seules à réussir à lui faire oublier sa condition d’homme déchu. Aujourd’hui, la plage et le soleil les attendaient. En excellent nageur qu’il était, Rhett avait promis à Daniel pour ses quatre ans de lui apprendre à nager, sous le regard attentif et attendri de sa mère, à l’ombre du parasol avec la petite Louise. Certes, il était encore petit, mais il n’était pas interdit de prendre de l’avance dans cette discipline, et surtout, de le rassurer (Joanne plus que lui ?) devant les risques de noyade.
Il sonna à la porte, mais perdit rapidement son sourire quand un homme lui ouvrit la porte. Sans s’être jamais rencontrés, Rhett n’ignorait pas à qui il avait à faire. Qu’est-ce qu’il fout là, celui-là ? Il n'avait jamais envisagé une seule seconde que l’homme qui avait causé tant de mal à Joanne puisse vivre encore sous le même toit qu’elle. La connaissant, elle n’avait pas eu la méchanceté de le mettre à la porte ; sa bonté la perdra. Si cet enfoiré n’avait eu ne serait-ce qu’une once de dignité, ou même de fierté, il serait parti de lui-même. Déconcerté, il demanda simplement « Joanne et les enfants sont prêts ? », sans se douter un seul instant que son amie ne se trouvait pas chez elle.
- Spoiler:
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| | | | (#)Jeu 20 Fév 2020 - 19:50 | |
| Pendant quelques jours, Joanne avait quasiment disparu de la maison. Elle était à l'hôpital, au chevet d'un de ses plus vieux amis. Rhett, elle l'avait déjà mentionné plusieurs fois, ne semblait pas m'approuver assez pour que la jeune femme se risque à des présentations. C'était un proche d'Hassan également. Et pour ma part, je n'avais nullement besoin d'une personne supplémentaire de l'entourage de ma femme ne sachant que me blâmer de l'avoir détournée de son parfait destin avec son ex-mari. Je n'avais pas besoin d'elle pour savoir quelques éléments sur l'homme en question -tout comme le reste de l'Australie. Hartfield était connu pour sa trop courte carrière sur les terrains de rugby, quelques années filantes comme une étoile. Joanne n'avait pas épilogué sur la manière dont l'ancienne vedette sportive avait atterri dans un lit d'hôpital. Je n'ai pas demandé non plus. Tout comme j'ai gardé pour moi cette impression qu'elle appréciait bien trop cette opportunité d'être loin de moi. C'était devenu un prétexte en or afin de s'épargner ma présence sous le même toit, et je ne pouvais l'en blâmer. Entre son travail, les enfants, et le fameux incident de Rhett, la jeune femme n'avait pas d'énergie à consacrer à mon cas. J'ai pris le parti de me faire tout petit. Son avarice en terme de signes d'affection me pousse à d'autant plus apprécier les rares baisers qu'elle colle sur ma joue -comme celui qu'elle m'a donné avant de partir pour la plage ce jour-là, me laissant seul avec les quatre chiens. Ils formaient à eux seuls bien assez d'agitation pour que je ne me sente pas complètement esseulé ; et en ces jours d'exil entre les murs de ma maison, sans plus de travail et craignant bien trop de mettre le nez dehors, la compagnie de Ben, Milo, Sirius et Nunki est salvatrice. Il y en a toujours un pour réclamer de l'attention, pour jouer, se faire caresser. Le plus reposant n'était autre que leur regard ; eux n'ont aucune idée de ce qu'il se passe, ils n'ont pas la notion de scandale, ils ne savent pas juger. Brillants de malice, de naïveté et d'un éternel enthousiasme, leurs prunelles se posent sur moi avec une totale incrédulité et toute la pureté de leur esprit enfantin. Alors le monde extérieur perd de son importance. Ben est le plus ancien de mes compagnons -le plus âgé aussi. Calme, badaud, chaque jour l'approche du dernier. Et il les aura tous consacrés à essayer me sauver la vie, m'aidant à tenir face à tous les coups portés par la vie. Dieu sait que je n'ai pas été épargné ces dernières années. L'épreuve actuelle a parfois l'allure de celle de trop. Pourtant je continue de me lever le matin, préparer les enfants, et passer chaque nouvelle journée au milieu des canidés. C'est solitaire, mais rien qui ne soit pas mérité. Il me semble attendre que le temps passe, sans savoir dans quel but. Errer en apesanteur pendant que le monde tourne. Peut-être que tout rentrera dans l'ordre. Peut-être qu'il n'y a tout simplement rien à attendre. Les visites sont rares depuis que les journalistes en déguerpi de la pelouse. La mélodie de la sonnette de la porte d'entrée est donc une surprise qui me laisse suspicieux. Les chiens, eux, aboient à foison comme pour m'ordonner d'aller ouvrir. Mes pieds me portent jusqu'au hall, et je le penche sur le judas. Non, je n'ai jamais rencontré Rhett, mais je n'en ai pas besoin pour le reconnaître de l'autre côté de la lentille. Circonspect, je déverrouille la porte et ouvre le battant. De part et d'autre du palier, une forme de méfiance est palpable dans l'air. « Joanne et les enfants sont prêts ? » demande le jeune homme tandis que j'empêche les chiens de lui sauter dessus en faisant un barrage de mes jambes. "Prêts ?" Sourcils froncés, je le détaille. Une seconde, je me demande si c'est vraiment par souci que Joanne a passé toutes ces heures à son chevet, ou si la fameuse journée à la plage n'est qu'une excuse pour voir cette carrure d'Apollon de plus près. "Ils ne sont pas là, j'ajoute, revenant rapidement à moi. Ils sont partis pour… vous rejoindre." Je me permets la supposition, sans grande raison d'en douter. C'est ce que Joanne m'a dit faire, et si elle devait trouver un nouveau prétexte pour s'éloigner, elle ne prendrait pas la peine de mentir et prendre les enfants avec elle. "Je peux téléphoner Joanne si vous voulez, mais elle sera sûrement au volant."
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| | | | (#)Sam 28 Mar 2020 - 10:41 | |
| Et soudain, il apparut sur le seuil de la porte, lui, la dernière personne sur laquelle il pensait tomber en sonnant chez Joanne, qui se tenait fièrement devant lui, droit comme le Lord qu’il était, comme pour lui signifier au premier regard qu’ils appartenaient à deux mondes différents. Son corps, dans l’encadrement de la porte, semblait bloquer l’accès à sa maison, comme si le simple fait que Rhett puisse pénétrer chez lui suffirait à jamais à le souiller, lui, et mettre en péril toute sa – pas si parfaite que ça – petite famille. Il s’aperçut en fait, un peu honteux, qu’il ne l’empêchait pas d’entrer, mais qu’il s’assurait surtout que les chiens, ceux-là même qu’ils avaient entendu aboyer quelques secondes plus tôt, ne sortent pas. Il savait combien Joanne était une amoureuse des animaux, et que tout une ribambelle de chiens – presque une meute ! – l’attendaient à la maison, mais c’est en les voyant pour la première fois qu’il se demanda comment ce petit bout de femme arrivait aussi bien à jongler entre son travail, ses enfants et ses animaux (ne parlons pas du mari pour le moment) sans être débordée de toutes parts. Décidemment, la jolie blonde n’arrêtera jamais de l’épater.
« Prêts ? » répéta le brun, presque abasourdi, comme si Rhett s’était exprimé dans une langue inconnue. Devant son air circonspect, et à sa façon de le dévisager, Rhett le soupçonna d’envisager très sérieusement l’idée de lancer ses chiens à ses trousses pour le chasser de son domaine. « Ils ne sont pas là. », et ce fut à son tour de froncer les sourcils, perplexe, avant que Jamie n’apporte les réponses à ses questionnements silencieux. « Ils sont partis pour… vous rejoindre. » C’est bien ma veine. Il se sentit subitement comme le pire des idiots, planté là sur ses deux jambes, obligé, par la force des choses, de discuter avec un homme qu’il détestait déjà sans le connaître, tout ça à cause d’un petit malentendu. « Je peux téléphoner à Joanne si vous voulez, mais elle sera sûrement au volant. » Rhett secoua la tête ; inutile de lui faire prendre des risques, à elle et aux enfants, pour une bêtise pareille. « Non, pas la peine, j’ai son numéro. », répondit-il plus froidement qu’il ne l’aurait voulu. Il était forcé de reconnaitre que Jamie se montrait avenant – et il en fut le premier surpris, lui qui se l’était imaginé comme un monstre, un macho, un pervers narcissique et un obsédé sexuel – mais bien qu’il soit plutôt affable avec lui, le rugbyman n’arrivait pas à lui retourner la politesse. Il lui en voulait beaucoup trop d’avoir brisé le cœur de son amie, de la faire souffrir comme il le faisait depuis plusieurs années déjà, de jouer avec ses sentiments et de la prendre pour une imbécile. Le pire dans toute cette histoire, c’était probablement le fait qu’il lui faisait perdre confiance en elle, elle, déjà si timide et si peu sûre d’elle à la base, alors qu’elle avait tant à apporter à ce monde. Et pour la millième fois, il se surprit à penser que tout ceci ne serait jamais, jamais, arrivé avec Hassan. Quel gâchis. « Je vais les rejoindre. » Excusez-moi du dérangement, avait-il failli ajouter, mais il avait clos ses lèvres à temps ; hors de question de présenter la moindre excuse à cet homme qui n’en valait pas la peine.
Il se retourna donc, prêt à partir, mais poussé par il ne savait quel élan, il fit volte-face pour se retrouver à nouveau face à ce tortionnaire des cœurs. « C’est mal, ce que vous faites. Vraiment. Joanne est une belle personne, sans doute la plus belle d’entre nous tous, elle ne mérite pas ça. Vous ne la méritez pas. J’espère que vous aurez au moins la décence de bientôt quitter cette maison. Avec tout ce qu’elle endure, elle ne devrait pas en plus à devoir supporter votre présence. » Ok, il ne savait pas dans quelle merde il avait mis les pieds ; Joanne ne lui pardonnerait sans doute pas qu’il se mêle ainsi de ses affaires. Mais c’était plus fort que lui, son bien-être était ce qui comptait le plus à ses yeux, et hors de question qu’elle se laisse faire par cet énergumène uniquement parce qu’elle était trop gentille pour le foutre à la porte. Si elle en était incapable, il y parviendrait, lui.
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| | | | (#)Sam 11 Avr 2020 - 13:54 | |
| Il était évident que Rhett ne portait pas l’anglais dans son coeur. Toute sa personne transpirait d’une méfiance tendant vers le mépris. Ses yeux plissés, sombres, tailladaient silencieusement Jamie de jugements et d’injures. Il le savait, parce qu’il croisait ce genre de regards dès qu’il mettait le nez dehors depuis quelques années -depuis que ses prétendues violences conjugales avaient posées la première pierre à l’édifice de sa réputation d’homme détestable. Il était naturel de la part d’un ami de Joanne de prendre son parti aveuglément et rejeter en bloc la personne à l’origine du moindre mal dans la vie de celle-ci, et le brun n’en attendait pas moins sans quoi il s’interrogerait lui-même sur la loyauté de l’ami en question. Il savait que toute la politesse du monde ne suffirait pas à doucir l’homme face à lui, cependant il était hors de question de se montrer moins à la hauteur de son éducation uniquement par principe que cette personne le haïssait d’entrée de jeu et lui donner ainsi plus de raisons de déprécier. Jamie pensait donc être rapidement de retour à son absence d’obligations après avoir renseigné Rhett sur le départ de Joanne de la maison afin de le retrouver à la plage ; un simple malentendu qui ne devrait pas leur coûter plus de cinq minutes de conversation. Ce qui était sans compter sur le volte-face du rugbyman, prêt à se mettre plus en retard qu’il ne l’était déjà pour déverser un peu de son venin sur le mari de la belle blonde. « C’est mal, ce que vous faites. Vraiment. Joanne est une belle personne, sans doute la plus belle d’entre nous tous, elle ne mérite pas ça. Vous ne la méritez pas. J’espère que vous aurez au moins la décence de bientôt quitter cette maison. Avec tout ce qu’elle endure, elle ne devrait pas en plus à devoir supporter votre présence. » La main sur le battant de la porte, il aurait suffit à Jamie de le rabattre sans émettre un son pour s’estimer débarrassé de Rhett sans prétendre battre en retraite par peur de l’assaillant -puisque celui-ci était nullement en droit de répandre pareilles paroles sur son seuil. Son affection pour Joanne n’était ni une excuse ni un passe-droit vis-à-vis de la bienséance, et attaquer de la sorte une personne rencontrée pour la première fois était particulièrement mal venu. En se passant de commentaire, Jamie se serait donc considéré comme le plus adulte des deux hommes, mais la surprise face à l’incohérence des dires du blond nécessitait qu’il mette les points sur les i. “Quitter cette maison ? reprit-il du discours du Rhett. Quitter ma maison, achetée avec mon argent, vous voulez dire ?” Il était bien des choses que Jamie était prêt à sacrifier dans l’espoir d’adoucir la rancoeur de Joanne et sauver leur mariage, mais céder son propre toit n’en était pas une. Se faire déloger par un inconnu croyant prêcher la morale non plus. Et si celui-ci avait l'hypocrisie de prétendre qu'il abandonnerait son logement s'il était à sa place, il ne ferait que se ridiculiser un peu plus. “Ecoutez, Joanne n’a pas de couteau sous la gorge. Elle est libre de partir quand elle le veut, si elle le veut. Mais moi, je n’irais nulle part.” La jeune femme possédait toujours un logement dans le quartier de Toowong qu’elle pouvait récupérer si cela était son souhait. C’était une maison dont elle avait fait l’acquisition quelques années plus tôt, lorsqu’ils étaient séparés -pour de bon, pensaient-ils à l’époque. Il ne l’empêcherait pas de mettre de la distance entre eux et quitter leur foyer si tel était son besoin. L’on pouvait croire ce que l’on voulait du Keynes, ce n’était pas un tortionnaire. “Vous en revanche, vous allez quitter ma propriété sur le champ, parce que j’en ai plus qu’assez des jugements des bien pensants.” Cela valait d’autant plus pour ceux des proches de son épouse qui n’avaient jamais eu la curiosité de se pencher sur lui, d’apprendre à le connaître, de se faire un avis par eux-mêmes plutôt que de se reposer sur les tabloïds comme tant d’anonymes qui, eux, ne prétendent pas en avoir quoi que ce soit à faire du bonheur de la jeune femme. Ces prétendus amis, il ne les portait pas dans son coeur non plus. Pourquoi était-ce à lui de toujours faire ses preuves et valider le choix de Joanne de l’aimer lui, et non à ces personnes d’avoir confiance en elle et laisser à l’anglais le bénéfice du doute ? “Joanne et moi nous fréquentons depuis cinq ans. Vous trouvez cela normal que ce soit la première fois que nous nous voyons, vous et moi ? Et qu’après des années sans vous préoccuper de l’homme qui partage sa vie, vous veniez me parler de la sorte ? Vous ne me connaissez pas, alors épargnez-moi le sermon. Montrez donc un exemple de décence et allez vous-en.” |
| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 10:08 | |
| Bien sûr, il avait fallu qu’il fasse un commentaire sur la situation, qu’il lui offre un aperçu de ce que le bonhomme lui inspirait ; et encore, là-dessus, Rhett s’était montré particulièrement réservé. Ce n’était pas de discours, dont il avait besoin, mais d’un coup de poing qui lui remettrait certainement les idées en place. D’autres que lui se seraient contentés de le remercier, de faire demi-tour et de prendre congé, puis de s’arranger pour ne jamais recroiser sa route. Mais non, ç’aurait été trop simple ; il s’était senti obligé de le remettre à sa place, d’éponger cette arrogance qui suintait par tous les pores de sa peau, de mettre les deux pieds dans le plat. Qu’est-ce que Joanne lui trouve ? Il n’a rien d’un Hassan, s’étonna-t-il en le détaillant rapidement de la tête aux pieds. « Quitter cette maison ?, répéta-t-il, comme pour s’imprégner du sens et des conséquences d’un tel départ, Quitter ma maison, achetée avec mon argent, vous voulez dire ? »lui répondit-il, bouffi de mépris. Et bien… oui, le temps nécessaire pour que Joanne puisse trouver une autre solution et retomber sur ses pieds. S’il se donnait volontiers l’allure d’un gentleman (mais pas les manières), qu’il agisse comme tel. « Ecoutez, Joanne n’a pas de couteau sous la gorge. Elle est libre de partir quand elle le veut, si elle le veut. Mais moi, je n’irais nulle part. », trancha-t-il, ferme sur cette décision. Oh, Joanne, qu’est-ce que tu nous fais ?, songea-t-il, dépité, en secouant la tête de droite à gauche. Pourquoi s’obstinait-elle à rester dans cette maison, forcée de côtoyer chaque jour l’homme responsable de ses malheurs ? Pour le bien-être des enfants ? Des divorces étaient prononcés tous les jours, c’était monnaie courante, à présent, et les enfants, surtout en bas âge comme les siens, ne s’en montraient pas particulièrement traumatisés. Parce qu’elle n’avait nulle part où aller ? C’était faux. Pour se donner l’illusion de sauver ce mariage à la dérive ? Un homme infidèle le resterait pour toujours, et si elle le pensait capable de changer, elle s’enfonçait le doigt dans l’œil, jusqu’au coude. « Pas de soucis, répliqua-t-il, poussé par la simple envie de l’exaspérer, elle peut venir s’installer chez moi avec les enfants. Il y a de la place pour tout le monde. »Qu’il puisse s’étrangler de fureur à cette idée n’était pas pour lui déplaire. Et puis, ce n’était pas des paroles en l’air ; il émettrait cette proposition à Joanne qui, désemparée, n’osait peut-être pas demander de l’aide à ses proches. Que cette grande maison se remplisse enfin de vie, de rires et de cris, de moment de complicité et de rigolades le séduisit et il se surprit à espérer qu’elle ne lui refuse pas cette main tendue. Tout, plutôt que de rester aux côtés de cet homme qui, à en croire les sous-entendus d’Hassan, avait fait pire que de la tromper.
« Vous en revanche, vous allez quitter ma propriété sur le champ, parce que j’en ai plus qu’assez des jugements de bien pensants. » L’audace inattendue lui coupa le souffle, et il haussa les sourcils, sans chercher à dissimuler sa perplexité. « Si vous vouliez éviter les jugements, il fallait commencer par garder votre attirail dans votre pantalon. » Et accessoirement, quand on a un minimum de jugeote, ne pas s’en prendre aux mauvaises personnes, capables de révéler toutes vos frasques dans la presse à scandale. « Joanne et moi nous fréquentons depuis cinq ans, tiqua-t-il, agacé. Vous trouvez cela normal que ce soit la première fois que nous nous voyons, vous et moi ? Outre le fait que Rhett n’était rentré au bercail que depuis deux ans, qu’il avait à l’époque ses propres problèmes à régler – à tout hasard, comme le fait de se concentrer exclusivement sur sa rééducation, et de pouvoir marcher à nouveau – l’idée de faire sa connaissance alors qu’il jouait dans l’équipe d’Hassan ne lui avait jamais frôlé l’esprit, ni même celui de Joanne, d’ailleurs, qui n’avait jamais laissé entrevoir l’esquisse d’une telle rencontre. Hors de question de pactiser avec l’ennemi. « Et qu’après des années sans vous préoccuper de l’homme qui partage sa vie, vous veniez me parler de la sorte ? Vous ne me connaissez pas, alors épargnez-moi le sermon. Montrez donc un exemple de décence et allez vous-en. », l’invectiva-t-il. Rhett le trouva bien hypocrite d’en appeler à la décence, lui qui, aux dernières nouvelles, en possédait bien moins que lui. « Vous avez raison. Vous avez d’ailleurs de la chance qu’on ne se soit pas croisé plus tôt, parce que je vous aurai mis mon poing dans la gueule. Mais ça peut toujours s’arranger. », le défia-t-il, campé sur ses positions.
@Jamie Keynes |
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 18:47 | |
| S’il n’avait pas la moindre idée de ce qui poussait Joanne à rester sous le même toit que lui, dans une demeure qu’elle n’avait jamais vraiment porté dans son coeur par ailleurs, Jamie ne lui en était pas moins reconnaissant. Cela était peut-être pour enfants, pour les apparences, ou peut-être le signe d’une volonté de sa part de ne pas immédiatement laisser tomber leur couple. Lorsqu’elle avait quitté le foyer le soir où elle avait confronté l’anglais aux révélations de Mina, il fut persuadé qu’elle ne reviendrait que pour arracher les enfants à sa présence et repartir emménager dans la petite maison de Toowong. Les remarques de Rhett pouvaient un instant laisser planer un doute sur la version servie par Joanne sur la dynamique de leur famille actuellement. Prétendait-elle rester contre son gré, y être forcée ou s’en sentir contrainte ? En tout cas, elle ne prenait pas la peine de préciser à son entourage qu’elle restait de son propre chef. Mais ce que le rugbyman suggérait n’était pas tant que Jamie laisse Joanne partir, plutôt que celui-ci doive faire ses bagages. L’hypothèse était ridicule et l’anglais campa sur le palier de sa porte, indélogeable. « Pas de soucis, elle peut venir s’installer chez moi avec les enfants. Il y a de la place pour tout le monde. » prétendit Rhett avec un air provocateur qui ne ferait tomber dans le panneau qu’un aveugle ou un idiot. Et bien que Jamie ne soit pas le plus connu pour son sang froid, il n’était pas question qu’il devienne le méchant de cet échange lancé par les attaques d’un autre homme. “Dit le chevalier servant qui n’a ni peur d’agresser le mari, ni de traumatiser deux enfants en bas âge en les arrachant à leur père. Pas étonnant qu’elle ne se réfugie pas chez vous : si elle vous estimait assez fiable, ce serait sûrement déjà fait.” préféra-t-il répondre, quitte à souligner une douloureuse évidence. Joanne était mère avant d’être épouse depuis des années, et si l’environnement proposé par Jamie se révélait menaçant pour les enfants ou elle-même, Dieu savait qu’elle aurait trouvé refuge ailleurs. Rhett n’était donc ni un premier choix, ni même une option. Sa discrétion dans la vie de la jeune femme y était certainement pour quelque chose, ce qui n’empêchait pas le brun de s’en prendre à ce mari qu’il ne s’était jamais donné la peine d’apprendre à connaître. « Si vous vouliez éviter les jugements, il fallait commencer par garder votre attirail dans votre pantalon. » Des paroles qui ne valaient pas mieux qu’un titre racoleur de tabloïd dévoré par des adolescentes en manque de scandales. “Je n’ai aucune leçon à recevoir d’un junkie.” répliqua Jamie avec un sourire. Oui, il savait. Pour toutes les heures que Joanne avait passées à son chevet, bien sûr qu’il savait. Évidemment, il avait conscience que le détour à l’hôpital du rugbyman ne signifiait pas qu’il se situait au même niveau qu’un sac dos suçant un bang dans une meth house. Mais puisque Rhett faisait dans les généralités, Jamie estimait qu’il pouvait rétorquer avec une bassesse similaire. L’homme face à lui ne pouvait décemment pas se faire une pire image de lui de toute manière. « Vous avez raison. Vous avez d’ailleurs de la chance qu’on ne se soit pas croisé plus tôt, parce que je vous aurai mis mon poing dans la gueule. Mais ça peut toujours s’arranger. » Les sourcils de Jamie se froncèrent. Un sandwich de phalanges, gratuitement ? Rhett aurait donc toujours eu la bêtise de le juger et le condamner ? Sur quelles bases ? Le savait-il lui-même ou son cerveau atrophié par les mêlées avait-il cessé d’être assez fonctionnel pour ce genre de raisonnement ? Il soupira, déjà lassé de ce manège qui n’avait pas le moindre sens. Se transférant d’un côté à l’autre du pas de la porte, il referma celle-ci derrière lui et se posta devant le grand gaillard en colère. “Je vous en prie, faites donc.” suggéra Jamie en haussant les épaules. Il était prêt à tendre la joue si cela était le prix pour avoir la paix. Il avait surtout parfaitement conscience que chaque coup que Rhett lui porterait serait également infligé à son amitié avec Joanne. “Frappez-moi, et on verra ce que pensera Joanne de votre petite intervention de chevalier servant. Personnellement, je la connais assez bien pour savoir qu’elle en a assez des personnes comme vous qui n’ont aucune confiance en son jugement et en sa manière de mener sa barque, ceux qui se croient en droit d’intervenir dans sa vie comme si elle n’était pas en mesure de savoir ce qui est bon pour elle.” Les personnes comme Rhett, en somme, qui l’infantilisaient sous couvert de leur affection pour elle. Tous les hypocrites qui se prétendaient ses amis, ses proches, et qui, en voulant bien faire, la discréditaient entièrement. Or Joanne était une femme adulte, mâture. Et oui, elle était certainement la meilleure d’entre eux tous. Alors elle méritait bien mieux de la part d’un prétendu ami que des menaces proférées à l’encontre de son mari. “Du coup, vous avez le choix. Vous pouvez m’en coller une en vous persuadant que vous le faites pour elle alors qu’il est évident que ce n’est que pour vous-même, et vous en subirez les conséquences auprès d’elle. Ou vous partez pour votre bel après-midi à la plage, et peut-être que je garderais pour moi votre petite crise.” Il était fort rare que le Keynes se montre prêt à passer l’éponge sur ce genre de provocations. Cependant, il était dans l’intérêt de tous d’oublier cet incident ; Rhett n’entacherait pas son image auprès de Joanne, et Jamie permettrait à sa femme de ne pas tirer un trait sur une personne de confiance par des temps où tous les soutiens sont bons à prendre pour elle. |
| | | | (#)Mer 24 Juin 2020 - 10:58 | |
| Hj : Tu sais ce que je vais dire avant même que je le dise, haha Mais désolée pour le retard ! 2 mois après, la honte Comme il s’y était attendu, sa proposition d’accueillir son amie et ses enfants sous son toit ne fit pas mouche, et la réaction assassine de son rival du moment lui explosa au visage. « Dit le chevalier servant qui n’a ni peur d’agresser le mari, ni de traumatiser deux enfants en bas âge en les arrachant à leur père. Pas étonnant qu’elle ne se réfugie pas chez vous : si elle vous estimait assez fiable, ce serait sûrement déjà fait. » Comme Don Quichotte avant lui, Rhett se battait contre du vent. Jamie ne laisserait jamais sciemment partir Joanne ; pas vraiment par amour, soupçonnait-il (bien que le bonhomme devait certainement l’aimer, à sa façon, vicieuse et détraquée), mais plus par égo. C’était lui, pressentait-il, qui quittait les femmes, et non pas l’inverse. Jamais l’inverse. L’affront serait trop grand pour le seigneur de ces lieux. Voilà bien un point sur lequel ils divergeaient, songea-t-il en se remémorant le départ de Sophia. Pour autant, se pouvait-il que Jamie ait raison ? Que Joanne ne l’estime pas assez pour se confier à lui à cœur ouvert sur les problèmes au sein de son couple ? Il avait fallu qu’il l’apprenne par la presse, et aussi par Hassan, sans que son amie ne se trahisse jamais à ce sujet. Etait-ce ces années d’absence qui l’incitait à la prudence ? Aurait-elle davantage cherché son aide si la vie ne les avait jamais séparés ? Que de temps gâché. Non. Joanne savait pertinemment qu’elle trouverait toujours en lui une épaule sur laquelle se reposer en cas de coups durs. Si elle refusait de lui en parler, c’était avant tout parce qu’elle se pensait capable de résoudre le problème seule. « Ce qui est traumatisant pour des enfants, c’est de constater à quel point leur père traite leur mère comme de la merde. Heureusement pour vous, les vôtres sont encore trop petits pour comprendre quelle genre d’ordure vous êtes. » Rhett ne voulait pas s’avouer vaincu, et continuait d’entretenir la dispute. Un autre plus raisonné que lui aurait offert son indifférence la plus glaciale, et aurait tourné les talons pour ne plus jamais recroiser sa route. Mais quelque chose dans l’attitude provocante de son adversaire l’en empêchait. C’était plus fort que lui, il voulait à tout prix lui rabattre le caquet.
« Je n’ai aucune leçon à recevoir d’un junkie. » lui asséna-t-il alors violemment ; pour un peu, Rhett se serait cru sur un ring de boxe, et si ça avait été le cas, il aurait entendu résonner le ding ding signalant la fin du round, ou son forfait par KO. Etait-ce en ces termes que Joanne avait parlé de lui à son mari ? Le voyait-elle ainsi ? Plus important encore, en était-il vraiment un ? Non, non. Je souffrais. J’avais besoin de ces anti-douleurs pour m’apaiser, essaya-t-il de s’en convaincre. Pourtant, se pourrait-il qu’il se soit laissé prendre à son propre jeu ? La limite entre le bien et le mal était depuis longtemps rendue floue par son besoin constant de se soulager, mais quoi donc ? Le corps ou l’esprit ? Déstabilisé par la remarque, Rhett s’efforça de retrouver bonne contenance. Il ne lui ferait pas le plaisir de lui offrir son désarroi. « Je vous en prie, faites donc., l’encouragea-t-il quand Rhett lui proposa de lui casser la gueule. Frappez-moi, et on verra ce que pensera Joanne de votre petite intervention de chevalier servant. Personnellement, je la connais assez bien pour savoir qu’elle en a assez des personnes comme vous qui n’ont aucune confiance en son jugement et en sa manière de mener sa barque, ceux qui se croient en droit d’intervenir dans sa vie comme si elle n’était pas en mesure de savoir ce qui est bon pour elle. » C’était faux. Bien entendu, que c’était faux. Jamie se réfugiait derrière un discours moralisateur et culpabilisant pour échapper à sa sentence. Rhett ne doutait pas, n’avait jamais douté un seul instant de Joanne. Même quand elle avait accepté la demande de divorce d’Hassan, il n’avait pas remis son jugement en cause. Mais parfois, dans la vie comme en amour, il était difficile d’ouvrir les yeux et de s’apercevoir de ce qui était vraiment bon pour nous ou pas. Il était possible et courant de s’égarer dans le noir avant de retrouver la lumière. « Je ne pense pas qu’être trompée et humiliée en public soit vraiment bénéfique pour elle. Permettez-moi d’en douter. » « Du coup, vous avez le choix. Vous pouvez m’en coller une en vous persuadant que vous le faites pour elle alors qu’il est évident que ce n’est que pour vous-même, et vous en subirez les conséquences auprès d’elle. Ou vous partez pour votre bel après-midi à la plage, et peut-être que je garderais pour moi votre petite crise. » Rhett serra les poings jusqu’à en faire pâlir la jointure de ses doigts, agacé par l’arrogance de cet homme. Un coup de poing lui remettrait sûrement les idées en place, et le ferait chuter de son piédestal, mais le rugbyman savait qu’il avait raison – et à quel point cela l’écorchait de le reconnaitre ! Voulait-il risquer son amitié avec Joanne pour si peu ? Non, bien sûr que non. Joanne comptait beaucoup dans sa vie, et il était heureux de l’avoir retrouvée après toutes ces années d’errance. D’un autre côté, il ne supportait pas que cet homme se joue ainsi d’elle. Si Joanne était sa femme, jamais il ne l’aurait traité avec si peu de respect. Bien au contraire. Il se serait efforcé de lui prouver tous les jours combien il tenait à elle, et à quel point elle était une femme merveilleuse. Cet idiot d’anglais ne se rendait-il pas compte de la chance qu’il avait ? Une chance qu’il avait volée à Hassan et dont il se fichait éperdument… Il la voulait elle, mais aussi toutes les autres.
Rhett commença à tourner les talons, frustré à l’idée de s’être fait avoir par cet imbécile, énervé par la remarque sur sa prétendue addiction, quand soudain… Oh, et puis merde ! Il se retourna brusquement et son poing gauche vint embrasser le visage de Jamie, qui recula sous l’impact. Sans la porte derrière lui, l’homme se serait retrouvé à terre sous la vigueur du coup. Il estimait cela normal, en tant qu’ami, de prendre la défense de Joanne, de la protéger et de ne vouloir que son bien. Il l’avait fait pour elle, mais aussi pour Hassan, qui n’avait probablement jamais eu l’occasion de lui en coller une (mais à qui l’envie n’avait certainement pas manqué !). Et, il devait bien le reconnaître, aussi un peu pour lui-même… « Joanne est une femme extraordinaire, et elle ne mérite que le meilleur. Elle mérite tout le bonheur et tout l’amour du monde. Deux choses que vous ne lui apportez clairement pas. Si vous lui faites encore le moindre mal, je vous jure que je vous tue. » lui balança-t-il sous le coup de la colère. @Jamie Keynes (en vrai je m'en veux d'être aussi méchante avec Jamie même s'il le mérite ) |
| | | | (#)Mar 11 Aoû 2020 - 19:52 | |
| Une chose fondamentale que Jamie et Joanne avaient en commun était leur estimation de la valeur familiale. S’ils persister à ressembler à un couple marié en dépits de tout, c’était pour le bien de leur entourage, notamment les enfants. Et de fait, si l’anglais était certain d’une chose, c’était que son épouse n’irait jamais jusqu’à quitter le foyer avec Daniel et Louise sous le bras, les arracher à leur père -encore moins pour se rendre directement chez un autre homme et rendre la situation plus perturbante et dramatique pour tous. Les paroles de Rhett n’avaient donc guère de sens pour Jamie qui notait, pour la première fois de la conversation, à quel point le fameux ami de sa femme ne la connaissait en réalité pas aussi bien qu’il le prétendait. « Ce qui est traumatisant pour des enfants, c’est de constater à quel point leur père traite leur mère comme de la merde, renchérissait-il comme s’il en avait été témoin de ses propres yeux. Heureusement pour vous, les vôtres sont encore trop petits pour comprendre quelle genre d’ordure vous êtes. » En cela, le brun ne pouvait contredire Rhett. Il remerciait chaque jour le ciel que son fils et sa fille ne soient pas en âge de comprendre tout ce qui se passait sous le toit familial, d’aller sur internet, lire la presse, découvrir les torts de leur père et leur impact sur leur mère. Jamais n’avait-il cessé de la chérir, depuis qu’ils étaient mariés, mais ses erreurs passées et son manque de jugement la blessaient à sa place et entachaient irrémédiablement leur couple malgré lui. Et cela, Rhett n’en savait rien, bien qu’il s’avançait ici comme le prophète des abus du Keynes sur Joanne.
A nouveau, Jamie put constater que l’homme face à lui comprenait bien peu les mécanismes de celle dont il prétendait être l’ami. Les menaces de violence physiques sous couvert de vouloir le meilleur pour la jeune femme, cela sonnait comme du déjà vu pour le brun ; quasiment tout l’entourage de Joanne l’avait menacé ou dénigré à un moment donné en jurant que leur jugement outrepassait le sien. Et lui, en encaissant la haine viscérale qu’il inspirait auprès de personnes qui pensaient le connaître en se basant sur des gros titres, avait été le témoin des déceptions, de la peine et de la contrariété que pareilles manoeuvres suscitaient chez sa femme. « Je ne pense pas qu’être trompée et humiliée en public soit vraiment bénéfique pour elle. Permettez-moi d’en douter. » insistait Rhett, persuadé d’être dans son bon droit dans sa stupide croisade. Jamie leva les yeux au ciel. Non pas parce que l’homme refusait d’entendre que sa démarche serait sévèrement punie par Joanne, mais parce qu’il était las des insinuations de tromperie à son égard. Ce raccourci que faisait le public le désespérait. Jamais n’avait-il était infidèle, mais qui daignait le croire ?
Caquet rabattu, il sembla qu’un élan de sagesse inespéré s’emparait de Rhett au moment où celui-ci tournait enfin les talons. Avait-il entendu raison ou n’avait-il tout simplement pas le courage de mettre ses menaces à exécution ? Jamie n’en savait rien, et il s’en fichait bien. Il avait été importuné bien assez longtemps pour uniquement s’estimer heureux d’être débarrassé de son visiteur hostile. “C’est ça, filez don-...” Ses dents claquèrent fermement en manquant de s'abattre sur sa langue tandis que le poing du rubgyman projetait violemment sa tête sur la gauche. Jamie sentit l’impact de ses phalanges sur sa pommette et de là, une douleur émanant comme une onde de choc jusqu’à sa mâchoire, ses tempes et ses cervicales. Une seconde, son regard se brouillard, d’abord noir, puis flou, et enfin tanguant comme un navire à la mer. Déséquilibré, ses jambes avaient tenté d’amortir les effets de la force d’inertie issues du choc. Son dos s’était écrasé sur la porte de la maison. Par réflexe, sa main se porta sur son visage et déjà il sentit que le coup lui laisserait un souvenir bleuâtre. “Ca y est, vous vous sentez mieux ?” Il l’avait fait. Jamie ne savait qu’en penser, l’esprit brouillé. Il ne répliqua pas. Il savait que ce serait le genre de faux pas qui n’irait pas en sa faveur auprès de Joanne. « Joanne est une femme extraordinaire, et elle ne mérite que le meilleur. Elle mérite tout le bonheur et tout l’amour du monde. Deux choses que vous ne lui apportez clairement pas. Si vous lui faites encore le moindre mal, je vous jure que je vous tue. » Le message était clair. L’anglais ne se risquait plus à mettre en doute la parole de Rhett -seulement son bon sens. Constatant du sang sur ses doigts, Jamie tâtonna sa lèvre légèrement ouverte. Parfait, tout ce dont il avait besoin en ce moment. Il s’étonnait presque que personne ne s’était chargé de ce genre de raclée plus tôt. Enfin, il leva son regard vers Rhett. “Dégagez de ma propriété avant que je fasse faire une ordonnance restrictive contre vous.” Il avait tout ce qu’il lui fallait pour justifier pareille démarche maintenant que son visage était l’illustration de la dangerosité du brun. Et qu’importait si cela l’empêchait d’approcher de Joanne et des enfants dans le périmètre de leur foyer ; Jamie, lui, n’avait pas l’intention d’accepter sa présence chez lui dès aujourd’hui.
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| | | | | | | | You don't deserve her. You never did. |
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