| | | (#)Jeu 13 Fév 2020 - 3:25 | |
| Ça pue le talc dans cette salle. Ça sent la poudre pour bébé, celle à la vanille, celle qui me dégoûte et que jamais j'achèterai à Tim et Charlie même sous la torture. C'est dégueulasse à quel point c'est cliché, leur bébé va certainement pas renifler les restes de stripteaseuse bon marché qui danse juste pour payer ses études de médecine parce que promis papa maman c'est qu'une mauvaise passe dès l'an prochain je me remets sur la bonne pente. Nope, pas mon style.
Léo est arrivé à peine une minute après moi, on est de bons élèves par contre, faut l'avouer, qui l'eut crû. On a erré à la table avec le café déjà fait, ça goûte la pisse diluée je note d'en apporter du vrai la prochaine fois. Sauf si on choisit une autre salle et un autre cours, si on décide de se la jouer rusés et de varier les classes pour avoir un semblant de portfolio bien garni. « J'ai pas pris le temps de nous inventer une histoire et des personnages, du coup j'espère que t'es pas à chier à improviser. » mais y'a un sourire qui apparaît sur mon visage, parce que c'est fun anyways, d'improviser. C'est fun et ça nous permettra de dire de la merde devant tous ces futurs parents accumulés partout, installés sagement à paniquer avec leur air qui déborde de questions sans réponses, énièmes sueurs froides à la clé quand nous, on est juste là pour gratter toutes les infos et gagner le concours qu'on a initié nous-même du meilleur duo de parrain marraine qui ait pu exister.
Bon, je sais, que c'est relativement de la fraude ce qu'on fait là. Quand j'ai la gueule pleine des cookies que la prof a apportés, que je me pose sur l'une des deux chaises associées à la table de devant, premier de classe en tout. Léo à qui je fais signe de venir me rejoindre, le cahier de notes que je sors de mon sac, parce que je suis chiante 95% du temps mais aussi parce que je veux bien faire ça, parce que je veux pas échouer à être une figure parentale quelconque pour un gamin qui mérite d'avoir tout ce que j'ai pas eu de la part de deux parents mais rien que d'une. Ça, et aussi parce que je veux que notre jumeau gagne sur l'autre. Oups.
« Ok, eux, je les déteste. » je fais même pas gaffe de chuchoter, quand je me penche à la hauteur d'Ivywreath, que je lui pointe du menton mes nouveaux nemesis, le couple qui sourit et qui rigole et qui donne des tas de conseils à tout vent, comme s'ils savaient tout sur tout. Je les déteste, c'est dit, c'est acté, ils ont une cible sur le front et je me gênerai pas pour le leur démontrer.
Puis, c'est le temps de faire un rapide tour de table, de se présenter « Annabel, et lui c'est Loyd-Junior. » hum. Le premier exercice est lancé, faut juste mettre une couche y'a rien de sorcier, et en attendant, ma moue désolée elle se tourne vers Léo, ou Loyd Jr, c'est selon. « Déso, j'ai paniqué. Donne-moi le bébé. » priorités. |
| | | | (#)Jeu 13 Fév 2020 - 12:36 | |
| Charlie fait un bébé - des bébés - et me voilà promu parrain. Un sacré titre, que je porte avec probablement trop de fierté - mais non, impossible. J'ai envie de le dire à tout le monde, que ça devienne une anecdote de personne qui devient adulte. Incroyable. C'est peut-être un signe que je vieillis. J'ai des amis qui vont se marier - je vais me marier, au secours - et d'autres qui font des gosses. Et moi, je suis parrain. C'est que la vie va vite. C'est flippant.
Heureusement, il y a encore moyen de gruger, de faire des conneries. Avec Ariane - c'est la marraine, parce que ouais, ça veut dire que si Charlie ou Tim meurent, on doit récupérer le gosse, j'y crois toujours pas - on s'est inscrit à ce truc pour les futurs parents, histoire d'être sûrs de bien s'occuper du bébé. Enfin, c'est surtout qu'il y a des enjeux, à être parrain et marraine : c'est que, Charlie, elle en a fait deux, des bébés. On a des concurrents, et pas des moindres. C'est que Cian, c'est un grown ass dad. Et moi, j'ai tenu des bébés entre mes bras environ quatre fois dans ma vie, c'est tout. Ces trucs pleurent, et je me met à pleurer aussi, à coup sûr. Mais je serai un bon parrain, pour sûr aussi, il faut juste un peu d'entraînement. « J'ai pas pris le temps de nous inventer une histoire et des personnages, du coup j'espère que t'es pas à chier à improviser. » « J'ai fait du théâtre, une fois. » Y'a des mamans, autour de nous - des vrais - qui rayonnent à cause des hormones de grossesse. Et des papas, aussi, qui discutent du nom des bébés et de "pourquoi il est très important que la chambre du bébé soit exposée au nord". Ils me font déjà lever les yeux au ciel. Je m'occupe les mains comme je peux d'une tasse de mauvais thé. Déjà, je sens que l'agitation me gagne. Dans deux minutes, j'aurai envie de courir partout. Je rejoins pourtant Ariane, tenté de lui voler un cookie directement au bec histoire de nourrir mon cerveau déjà en hypoglycémie. « On est des futurs parents et on est là parce qu'on veut que notre enfant soit président - alors autant tout faire tout bien dès sa naissance. », que je marmonne à Ariane alors que la responsable du groupe commence à appeler tout le troupeau au rassemblement.
« Ok, eux, je les déteste. » Ouais, ces parents qui ont, pour sûr, programmé un accouchement dans des eaux thermales avec des paillettes d'or et qui veulent "se retirer au grand air pour leur enfant qu'ils savent déjà en avance sur les autres, à l'école". « Mais nan. Respire. Sens les hormones du bonheur de la grossesse faire effet sur toi. T'as pas envie de fraises ? », que je la charrie, grand sourire aux lèvres. Moi, là, tout de suite, j'ai envie de cookie, mais Ariane les a tous mangé.
Alors, désormais, je suis Loyd-junior. C'est carrément un prénom qu'aurait pu me donner, avec son prénom à la place du "Loyd" et un bon "junior" pour gonfler un peu son ego. Les autres parents se présentent, et je le vois bien, qu'ils sont tentés de raconter leur vie et leur projet "naissance" qu'ils montent "en collaboration avec leurs supers amis photographes rencontrés pendant un voyage en Afrique du Sud". J'ai décidé que Loyd-junior et Annabel étaient des parents profs de yoga. « Déso, j'ai paniqué. Donne-moi le bébé. » J'attrape un poupon en plastique, le détaille un instant du regard. « Wow. L'est moche. T'es sûre qu'il est de moi ? » Et je prends ma moue de chaton battu, en accolant ma tête à celle du bébé inerte. En vision périphérique, je vois déjà la prof arriver pour nous donner des conseils, alors je me dépêche de poser le bébé devant Ari- Annabel. « Tu veux quand même pas que je dessine un schéma de pose de couche ? », que je ricane en désignant le carnet apporté par ma camarade de galère. J'ai jamais posé une couche de ma vie. Si Charlie me le demande, je dirai que j'ai fait ça toute ma vie, et elle sentira le mensonge à dix kilomètres à la ronde. « Si tu veux je me charge des couches et toi tu te charges de l'enseignement religieux. », que je chuchote en souriant, après que notre prof du jour soit passée derrière nous, balayant d'un œil inquisiteur le poupon en fin de vie - quelle ironie, quand même, pour un nourrisson. Quoi, c'est pas à ça que ça sert, les parrains et les marraines ? |
| | | | (#)Jeu 27 Fév 2020 - 2:29 | |
| « On est des futurs parents et on est là parce qu'on veut que notre enfant soit président - alors autant tout faire tout bien dès sa naissance. » je pouffe de rire, au moins, on peut pas le blâmer de pas avoir essayé. « À voir les présidents qu'il y a déjà dans le monde, pas sûre qu'on doit faire grands efforts. » j'aurais plutôt dit qu'on allait élever un médecin. Un gamin hyper brillant, un gars qui va soigner tous les cancers du monde et surtout nous ajouter des parts robotiques pour remplacer nos membres en décrépitude quand on aura 147 ans. Plan infaillible. « Mais nan. Respire. Sens les hormones du bonheur de la grossesse faire effet sur toi. T'as pas envie de fraises ? » le biscuit que j'ai repéré qu'il me pique et là, Léo, il tient pas à sa vie. Par chance que mon regard dévie par-dessus son épaule pour repérer le couple qui, d'ici une poignée de minutes (que dis-je, secondes) seront mes pires ennemis. « Ça me prend une combinaison bizarre de bouffe à te demander d'aller me chercher d'ici la fin de l'atelier. » parce que je l'ai décidé, et parce que dans l'instant c'est ce qui fait le plus de sens.
On pourrait croire qu'Ivywreath et moi, on n'est pas là pour prendre le tout au sérieux. « Wow. L'est moche. T'es sûre qu'il est de moi ? » « Caviar et guimauve? » à nous entendre dire de la merde. À me voir lui ébouriffer ses cheveux tellement doux que c'est de la triche et lui pincer ses adorables joues, c'est clair qu'on reçoit des regards de jugement en coin de tous les autres participants. « Tu veux quand même pas que je dessine un schéma de pose de couche ? » « Citron et soupe tomate? » tant mieux, parce qu'ils jugeront comment des idiots, parce qu'ils se moqueront bien et qu'ils se tromperont tout autant. Mon cahier est déjà rempli de tas de notes, ma technique est impeccable pour manipuler la couche de tissu. « Si tu veux je me charge des couches et toi tu te charges de l'enseignement religieux. » « Kangourou et popcorn brûlé? » chaque étape que je fais avec une lenteur désarmante pour que Léo remarque et note mentalement, la prof devant qui est encore à jouer de présentations quand notre gamin a déjà sa couche en place en un temps record. On a gagné quoi, là, à être les élèves surdoués? Et je me sers de mon stylo dessiner sur la poupée des flammes et des pantagrammes.
« Léo. » et là, c'est comme si ma vie avait soudainement enfin un sens. « Distrais-les. » les nemesis. Faut juste qu'il se lève et qu'il aille leur demander la poudre pour les fesses. Ou le hochet. Ou la brochure sur l'allaitement. N'importe quoi. Le temps que je passe derrière et foute la barre de chocolat - écrasée dans la poche de mon jean que j'ai oublié en m'asseyant direct - dans la couche de leur bébé hypothétique. J'ai 4 ans ; et ouais, ça risque d'être foutument marrant. |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 1:37 | |
| « À voir les présidents qu'il y a déjà dans le monde, pas sûre qu'on doit faire grands efforts. » Je pouffe de rire. Elle a raison, Ariane. Mais pour être président, il faut être encore plus malin que les autres. Ces types qui nous gouvernent ont une longueur d'avance : ils ont tous débarqué avec un superbe réseau de connaissances long comme le bras. Et un vol de biscuit plus tard, je tente de détendre Ariane - pas vraiment, elle est drôle, comme ça - qui semble vouloir assassiner un autre couple. « Ça me prend une combinaison bizarre de bouffe à te demander d'aller me chercher d'ici la fin de l'atelier. » « Des haricots au chocolat ? » Horrible, horrible, horrible.
Le bébé est là. Mort né, pour sûr, vu ses yeux de verre globuleux et son teint blafard sous lequel point une tige de métal du système qui fait bouger sa hanche mécanique. « Caviar et guimauve? » « Eww. » Et je lui laisse le bébé entre les mains, pour qu'elle pose la superbe couche - qui rêve probablement d'une vie meilleure que celle d'être inlassablement mise et retirée du bébé en plastique par des couples qui n'ont jamais posé de couche de leur vie. Elle se débrouille bien, Ariane. Mes yeux assimilent, alors que je continue de marmonner des bêtises et qu'elle me suit dans mes questions en y répondant par d'autres, bien pires. « Citron et soupe tomate? » « C'est pas si mauvais, je suis sûr. Et tu peux rajouter du poisson et t'as presque un ceviche. » Enfin, je n'y connais rien en cuisine, et je suis presque sûr qu'il n'y a pas de tomate dans le ceviche. Notre bébé est parfaitement muni de sa couche, désormais. Je resserre les grips sur les côtés du ventre du nourrisson, mon crayon entre les canines, après avoir suggéré un enseignement religieux que nous serons l'un comme l'autre incapable de dispenser. « Kangourou et popcorn brûlé? » « Poulet mariné au vinaigre de framboise. » Ou escargots imbibés de jus de pois chiche. La prof termine d'expliquer des trucs aux parents qui boivent ses paroles comme si elle détenait la raison absolue. Et Ariane dessine sur le bébé. Les yeux ronds, je la laisse faire. « Des ateliers peinture. Il faudra des ateliers peinture pour Gabriel. » L'autre, pas notre responsabilité. « Le dessin ça s'apprend tôt, il pourrait être le prochain Dali. » Pas moins.
« Léo. » « Non, moi c'est Loyd-junior. C'est agaçant que tu me confondes. » « Distrais-les. » « Pourquoi c'est toujours moi qu'on envoie en mission suicide. » La question ne se pose pas. Je lève les yeux au ciel d'un air dramatique, comme un enfant de huit ans auquel on viendrait de demander d'aller faire ses devoirs. Et me voilà parti, la bouche en cœur et le pas léger, vers le couple qui se bat pour savoir s'il, faut, ou non, utiliser du liniment avant de mettre la couche au bébé. « Vous saviez que les activités d'éveil préférées des bébés étaient celles qui le mettait en relation avec de vrais humains et pas avec des trucs qui s'agitent au dessus de son landau ? » Ils arrêtent de débattre et deux paires d'yeux se braquent dans les miens. « C'est parce que le bébé ne voit pas tout de suite très bien à la naissance, mais qu'il préfère malgré tout les formes qui ressemblent à des visages humains. » Je ressors ma science et tous mes vieux cours de psychologie du développement, ceux pendant lesquels on nous apprend qu'il ne faut pas tenir les bras de bébé en l'air en lui apprenant à marcher - parce que c'est dangereux pour ses tendons de fragile. Et alors que les regards du couple se font plus dubitatifs, je sors en cascade et sans m'interrompre toute mes connaissances sur le sujet, comme le ferait un robot, en jetant parfois des regards à Ariane qui s'occupe de mettre en place son méfait. « Qui vous a raconté des trucs pareils ? », que s'étonne enfin l'homme, interrompant mon flot de parole. « C'est... Ma... Femme. Elle s'y connaît grave en bébés. » « Qu'est-ce que vous faites ici, si elle s'y connaît tant que ça ? » Ha bah ouais, pas con. « Parce qu'on n'était plus à jour sur, heu... Enfin, on sait jamais tout. C'est mieux de venir aux ateliers. Hein chérie ? » J'ai bien appuyé sur le mot, parce que la femme s'est mise à la chercher des yeux. On forme le couple le plus dépareillé du groupe. « Mais vous avez raison de venir, c'est tellement important. Vous viendrez à la séance de yoga, aussi ? » Mes yeux se tournent vers Ariane. « Tu veux que notre bébé apprenne le yoga ? » « C'est pour les parents. » « Je faisais de l'humour. » A l'évidence, Pâquerette et Potiron - leurs nouveaux surnoms officiels - sont nés sans sens de l'humour. |
| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 4:01 | |
| Je m'applique et tout le monde est étonné, c'est clair, que j'en ai quelque chose à battre de mettre une couche. Faut croire que je l'aime déjà de tout mon coeur Gabriel et que je sais que Léo est pareil ; du coup ouais, on fait les choses bien. « Poulet mariné au vinaigre de framboise. » « Oh, là j'ai faim. » dammit - est-ce que seulement le fait d'être dans cette salle m'a engrossée sans même que je le réalise? C'est contagieux? « Comment j'suis tombée enceinte d'ailleurs? On avait pas de protection parce qu'on est des hippies qui croient pas au latex ou c'était voulu parce que notre couple bat de l'aile et qu'on voulait un bébé pour recoller les morceaux? » on a une histoire pour nos prénoms, mais on en a aucun récit poignant de conception. Évidemment que j'hausse de la voix quand je cible les mauvaises raisons de, parce que c'est encore mieux de laisser planer le malaise autour de nous en pointant les autres du doigt quand une seconde plus tard, notre poupée peut faire ses besoins sans en mettre partout sur la table de travail.
« Des ateliers peinture. Il faudra des ateliers peinture pour Gabriel. Le dessin ça s'apprend tôt, il pourrait être le prochain Dali. » son eurêka m'en provoque un quand je m'active sur ma chaise, empressée de faire des millions grâce à notre futur petit surdoué. « Ah mais t'es un génie dude. Et après on le laisse dessiner sur les murs, on vlog tout ça et on le rend viral sur Youtube en même temps. » j'ai déjà la caméra, j'ai déjà la chaîne, suffit juste qu'on mette un crayon dans sa petite main joufflue et un pinceau dans l'autre et on aurait de quoi lui payer ses cours à la fac et tous les voyages autour du monde qu'il voudra si on commence déjà les enseignements.
Puis je m'emmerde, parce que les surdoués, c'est nous actuellement. « Non, moi c'est Loyd-junior. C'est agaçant que tu me confondes. » « Déso, Léo c'est mon torride amant, le gars qui nettoie notre piscine avec qui je te trompe effrontément. » je bats des paupières, fausse au possible, parce que c'est sûr que si Loyd-junior et moi on était un couple on serait aussi cool et stylé qu'en faux parents et que j'en aurais rien à foutre du pool boy. Mais pour le show, je dois jouer mon rôle voyez-vous. « Pourquoi c'est toujours moi qu'on envoie en mission suicide. » j'ébouriffe ses cheveux, lui pince les joues, j'ai pas de coeur mais il rigole déjà, ça va, il s'y fait à mon humour de merde à force. « Parce que t'es celui de nous deux qui a les plus belles joues potelées. T'es l'innocence incarnée, laisse-moi te pervertir un peu veux-tu. » va, vole, pendant que j'erre derrière lui comme son ombre.
J'ai fini mon méfait et j'ai les mains propres sans aucune trace du crime, c'est top. Quand je m'aligne pour retourner à notre table par contre, je les entends les connards qui le bombardent de questions et qui jugent presque et ça par contre, je tolère pas. Je les tolère déjà pas faut dire, m'en faut pas plus pour les imaginer morts au creux du fleuve. Oups. « Parce qu'on n'était plus à jour sur, heu... Enfin, on sait jamais tout. C'est mieux de venir aux ateliers. Hein chérie ? » « On est à jour sur les bébés c'est l'accouchement qu'on gère pas. Vous savez si je dois faire mes Kegels avant ou après les poussées? Personne sur Internet s'entend sur le sujet. » mon bras passe autour des épaules de Léo et je m'appuie sur lui (me retiens plutôt, comme ça j'étranglerai personne d'avoir usé d'un ton aussi condescendant envers mon faux-mari faux-père de mes gamins faux-cocufié par le type qui entretient les filtres du jacuzzi).
Et ils renchérissent, on dirait presque qu'ils comprennent pas combien de fois je leur ai arraché la tête dans mon esprit déjà. « Mais vous avez raison de venir, c'est tellement important. Vous viendrez à la séance de yoga, aussi ? » fuck me. « Tu veux que notre bébé apprenne le yoga ? » oh Léo. « C'est pour les parents. » fuck them. « Je faisais de l'humour. » oh, Léooo.
« Non seulement on y va, mais on est profs aussi. » que je lâche, rageuse, la bombe inventée de toutes pièces rien que pour avoir le dernier mot sur eux et passer pour les héros dans l'histoire. Le pire là-dedans, c'est qu'ils ont l'air de nous avoir crus. « J'ai encore improvisé. » je souffle à l'oreille de Léo, prise entre l'hilarité et l'agacement, le reste du problème que je laisse gérer à futur Ivywreath et futur Parker en temps et en heures.
« Vos places, on parle maintenant d'allaitement. » et je souffle, parce que c'est vrai, on est en classe, et parce que c'est vrai, c'est important. On les reprend donc nos places, je roule des yeux en me posant sur ma chaise, avant de laisser aller dans un sourire en coin. « Un milkshake aux cornichons, beurk ou re-beurk? » de retour au programme principal. |
| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 22:51 | |
| « Comment j'suis tombée enceinte d'ailleurs? On avait pas de protection parce qu'on est des hippies qui croient pas au latex ou c'était voulu parce que notre couple bat de l'aile et qu'on voulait un bébé pour recoller les morceaux? » Je relève les yeux vers Ariane, parcouru d'une véritable et intense réflexion. « Parce qu'on est allé voir un chaman pour qu'il nous rende infertiles pendant une semaine, et qu'on a dépassé la date de un jour. Et aussi parce qu'on est des hippies, ça fait sens. » Des hippies qui savent mettre des couches, en tout cas. Je suis à ça de nous improviser une danse de la victoire, mais on ne s'est pas entendu sur les pas, alors je me contente d'un grand sourire satisfait.
Bien sûr qu'il sera au moins président, le gosse. Ou peintre. L'un des deux. Mais je préférerais peintre, si on venait me demander mon avis. J'ai de meilleurs espoirs pour sa survie s'il devient peintre et pas responsable de réactions en chaîne qui détruiront des pays entiers - ou les laisseront aux mains des terroristes, ce qui est similaire. « Ah mais t'es un génie dude. Et après on le laisse dessiner sur les murs, on vlog tout ça et on le rend viral sur Youtube en même temps. » Mes yeux s'ouvrent en grand. « Et c'est sur le long terme en plus, le gosse dans cinq ans on lui fait ouvrir des trucs devant une caméra et on se rince de thune. Vive l'industrie des jouets de merde. » J'ai envie de jouer le vieux et de dire que de mon temps, on avait moins de jouets et on s'amusait plus à l'extérieur, ce qui nous évitait de potentiellement finir sur le net à cause de nos parents. Mais c'est vrai que je n'ai même pas encore la trentaine, alors je la ferme. « Déso, Léo c'est mon torride amant, le gars qui nettoie notre piscine avec qui je te trompe effrontément. » J'affiche la plus offusquée de toutes mes mines choquées et déçues. « On a une piscine ? Je croyais qu'on était hippies et donc opposés au gaspillage des ressources naturelles. » Je suis certain que Loyd-junior s'offusquerait pour un truc pareil. Pas vraiment parce que sa copine se tape un autre mec que lui. Loyd-junior est pour le partage, c'est un communiste dans l'âme, et il pense qu'on peut aimer environ une cinquantaine de personnes en même temps. Il pense donc que la tromperie, ça n'existe pas. En revanche, Loyd-junior c'est aussi la Greta Thunberg de Wallmart. Moi, en revanche, je suis beaucoup plus le Neville Longbottom de la mission suicide. « Parce que t'es celui de nous deux qui a les plus belles joues potelées. T'es l'innocence incarnée, laisse-moi te pervertir un peu veux-tu. » Je m'échappe d'entre ses mains, non sans lui lancer un regard noir - ce qui s'en rapproche le plus.
Le plan chaos est en marche. Moi, je m'occupe de distraire Pâquerette et Potiron qui doutent visiblement de ma capacité à résoudre des problématiques parentales. Ariane revient en parlant d'un truc que je ne connais pas mais qui sonne un peu comme 'bagel'. En tout cas, les antagonistes de cette histoire n'ont pas compris mon trait d'humour. « Non seulement on y va, mais on est profs aussi. » Je suis aussi souple qu'une brindille sèche. Les jeunes parents s'en vont. « J'ai encore improvisé. » « Super. Tu viens de nous inscrire à un cours de yoga. J'ai pas la souplesse pour. » Claiiiirement pas. Nous sommes de nouveau appelés à retrouver nos sièges, pour parler du sacro-saint allaitement. « Un milkshake aux cornichons, beurk ou re-beurk? » « Ça donne un goût chelou au lait, les cornichons. » Je marque une pause. « J'ai pas testé, hein. », que j'ajoute en voyant les regards des parents autour. Oups. « Est-ce que quelqu'un sait comment fonctionne un tire-lait ? » « C'est l'étape où elle va demander un volontaire. Trois, deux, un et je te pousse au front, pour me venger de la fois où tu m'as envoyé parler avec Pâquerette et Potiron et- » « Loyd ? Voulez-vous bien vous lever ? Je ne vais pas demander à ces dames de se déshabiller, je voudrais juste montrer dans quel sens se pose le tire-lait. » C'est idiot, ça ne fait aucun sens, et je suis à ça de protester, mais je me lève en soupirant, non sans avoir lâché un regard à Ariane du genre "si Charlie est au courant je te décapite". Et lorsque notre prof a terminé de nous expliquer dans quel sens positionner la téterelle, quand elle a aussi expliqué comment tenir tout le bazar et combien de temps on peut conserver le lait au frais, je retrouve ma place, en terminant de boutonner ma chemise. « Loyd-junior, c'est vraiment une victime. » |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 16:48 | |
| « Super. Tu viens de nous inscrire à un cours de yoga. J'ai pas la souplesse pour. » il rage, je pouffe de rire, je serais bien restée à dire de la merde à nos nouveaux faux meilleurs amis/vrais ennemis jurés mais apparemment on est dociles quand on veut devenir premiers de classe, et même si nos pieds traînent sur le parquet on les reprend nos places quand on nous le demande. « Arrête, c'est pas compliqué, Loyd-junior est né pour se balader sur les mains et pour chanter des mantras. Tu t'occuperas de choisir la musique transcendante pendant que je les ferai s'emmêler les bras et les jambes avec. » il se casse la tête pour rien Léo, parce que quand on regarde ça rassemble à quoi le niveau ici, ça devrait être le dernier de ses soucis qu'on soit mis face à des gymnastes de haut calibre. D'un côté t'as des femmes en mode baleine, de l'autre t'as leur douce moitié complètement exténuée de devoir parcourir la ville en entier pour assouvir les rages de bouffe inopinées.
D'ailleurs. « Ça donne un goût chelou au lait, les cornichons. J'ai pas testé, hein. » ils se retournent tous parce qu'on parle encore et parce qu'on vit dans notre monde et qu'on en a rien à battre de déranger le cours quand on est actuellement les deux stars sans la moindre ombre au tableau. « Jugez pas, les hormones de grossesse tout ça. Quand je bois pas mon milkshake je suis la reine du ugly cry, choisissez vos combats. » mon sourire est mauvais et il pique toux ceux et toutes celles qui lui mènent la vie dure à Léo. C'est que moi qui l'embête, c'est que moi la peste quand on est en duo, et si y'a qui que ce soit qui s'y frotte je me ferai un plaisir de lui montrer la sortie.
« Est-ce que quelqu'un sait comment fonctionne un tire-lait ? » « C'est l'étape où elle va demander un volontaire. Trois, deux, un et je te pousse au front, pour me venger de la fois où tu m'as envoyé parler avec Pâquerette et Potiron et- » « Loyd ? Voulez-vous bien vous lever ? Je ne vais pas demander à ces dames de se déshabiller, je voudrais juste montrer dans quel sens se pose le tire-lait. »
De. La. Musique. À. Mes. Oreilles. Parce que c'est là que j'entre en scène, à la seconde où il se lève et m'envoie le regard noir de la panique de celui qui veut rien savoir de ce qui va se passer et qui va juste se laisser faire et suivre le courant en flippant et en ravalant et en oubliant complètement de bassier ses prunelles des miennes - et du tire-lait - pour voir mon portable que j'ai calé dans ma paume, caché à moitié par la table devant moi, prête à immortaliser le moment pour des siècles et des siècles.
« Loyd-junior, c'est vraiment une victime. » il revient à mes côtés le coco, il est aussi carmin que le sont mes cheveux au soleil. « Arrête, si c'est une victime c'en est une avec le pluuuuuus beau profil que je connais. » mes paupières battent la cadence et je lui offre un dix secondes de gloire à l'écran de mon téléphone, des dix minutes complètes où j'ai enregistré ses premiers pas dans le monde de l'alimentation maternelle. « J'ai mis le filtre des oreilles à chien vers la fin je me suis dit que Charlie aimerait, c'est comme Hope t'as vu? » je pouffe tellement fort parce que je suis une conne, qui ça étonne.
Tellement fort qu'on me repère, et que le karma se charge du reste. « Annabel, un exercice de respiration à partager avec la classe? » j'ai soupiré exagérément, et elle veut me le dire façon passive agressive? « Vous n'êtes pas professeure de yoga? » « Oh. Ouais. » merde.
Je me redresse sur ma chaise, pas question que je vienne à l'avant de la classe comme l'autre nerd à ma gauche, Léo qui risque d'éclater de rire si fort que le retour de l'ascenseur me donnera envie de le mordre. « Okay, fermez les yeux, inspirez. » faut que je me lève par contre, la prof me fait le signe, je rage, comme je rage, comme je sais faire que ça. « Pensez à des jolies choses. » je sais pas moi, pensez à des arcs-en-ciel, pensez à des chiots, pensez à nos nemesis pendant que je les écorche vifs. « Expirez. » j'improvise, comme d'hab, c'est chiant, mais le pire c'est qu'ils le font. « Pensez à d'autres jolies choses. » ah ouais, c'est vrai, faut leur dire quoi faire pour leur foutu exercice de respiration.
Mes prunelles croisent celles de Léo, et je sais qu'il doit se retenir de toutes ses forces, un encouragement qui part de la plus douce des façons à son intention. « Ta gueule. » |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 1:02 | |
| Bon, ils sont tous détestables. Je souhaite que leurs bébés soient moches, à tous, là. Très moches. Le genre dont on dit "ha, j'espère qu'il deviendra quelqu'un de bien" parce qu'on ne peut pas dire "il n'ira pas loin dans la vie avec une gueule pareille". Mon karma me punit déjà de penser des trucs comme ça, mais c'est eux qui ont commencé, là. « Jugez pas, les hormones de grossesse tout ça. Quand je bois pas mon milkshake je suis la reine du ugly cry, choisissez vos combats. » Les hormones de grossesse, ouais, elles s'étendent même jusqu'à moi. Est-ce que leurs hormones de grossesse à eux peuvent m'irriter ? Genre, psychologie inversée, c'est comme leur bonheur qui me déclenche des crises d'urticaire et qui fait revenir le psoriasis dont je m'étais débarrassé ?
Putain mais bien sûr, que c'est après moi qu'on demande. Putain mais bien sûr que je fais la gueule, même si dans ma tête je l'ai déjà tuée dix fois au moins, la prof et ses conseils neuneus. Merci, on sait que ça se met dans ce sens. Merci, on sait qu'il faut appuyer là. Merci, on a compris que le lait tombe dans le réceptacle, il n'allait pas mystérieusement se mettre à pleuvoir du lait par le plafond. « Arrête, si c'est une victime c'en est une avec le pluuuuuus beau profil que je connais. » « Oh je te déteste. J'espère que tes bébés à toi seront moches aussi. » Cette vidéo de moi qui fait la gueule environ dix minutes m'arrache déjà un grand soupir, rien qu'à en voir une seconde et je vomis par les yeux. « J'ai mis le filtre des oreilles à chien vers la fin je me suis dit que Charlie aimerait, c'est comme Hope t'as vu? » « Blablabla j'entends tellement pas, je suis occupé à emmagasiner du savoir, là. » Ou a chercher une vengeance adéquate.
« Annabel, un exercice de respiration à partager avec la classe? » Oh, ouais, grave. Instant karma et je jubile, les bras croisés et le sourire accroché aux lèvres. Bah ouais, allez, un petit exercice de respiration de rien du tout, vu comment tu meurs de rire depuis tout à l'heure t'as l'air d'avoir les capacités pour, Annabel. « Vous n'êtes pas professeure de yoga? » Je me retiens de rire, me mords la langue pour dissimuler un soupir trop lourd et avec lequel je manque de m'étouffer. « Okay, fermez les yeux, inspirez. » Je ferme les yeux juste pour pouvoir les rouvrir après, histoire de contempler les pingouins qui s'évertuent à se mettre dans l'ambiance. Mes yeux croisent ceux de Ariane et je manque à nouveau de mourir de rire, me retiens de justesse de glousser quand elle enchaîne les consignes. « Pensez à des jolies choses. » Ne pensez pas à vos bébés moches, alors. « Expirez. » J'exagère le truc, alors la prof ouvre les yeux. Je m'étire, yeux rapidement clos. « Pensez à d'autres jolies choses. » Oh. Alors okey, je pense à combien Gabriel sera l'enfant le plus incroyablement stylé de sa cour de récrée et combien il faudra lui faire apprendre des punch lines par cœur afin qu'il reste le maître de son domaine.
« Ta gueule. » « Namasté à toi aussi. » J'allonge le 'i' sur un soupir, les mains caricaturalement apposées l'une contre l'autre. Quand tout le monde est réveillé, je m'en vais faucher de quoi grignoter. J'en ramène une petite portion pour la meilleure professeure de yoga de la pièce, laquelle doit encore être perdue dans ses prières pour remercier les êtres vivants blablabla, j'ai jamais fait de yoga de ma vie. « Mange pas tout. » Je me dépêche de le faire à sa place, grignotant les réserves en songeant combien elle risque de tout dévorer avant moi juste parce que je viens de lui demander de ne pas le faire. J'ai ramené deux verres de jus de goyave bio, aussi, laissés par Marguerite, qui se trouve être en grand débat avec un autre couple ennuyeux. « On trinque. A notre bébé pas moche et surtout, à Gabriel. » « Oh c'est le prénom de votre futur enfant ? » « Ouais, voilà. » Bon, non, mais c'est au moins le prénom du meilleur bébé de la planète. |
| | | | | | | |
| |