Comme souvent, tu rentres chez toi à pied parce que t’as le temps et 40 minutes de marche sous le beau soleil d’Australie c’est cool. En plus tu t’arrêtes sur le chemin pour faire des trucs qui sont sur ta to do list, comme acheter de la lessive, du chocolat, parce que c’est ce qui est en rupture chez toi depuis quelques jours. Tu vas pas être en manque de fringues propres, mais tu vas être en manque de boxers propre par contre. T’as pas envie de palier à ce problème en achetant simplement des nouveaux boxers, même si ça t’es déjà arrivé d’utiliser cette solution. C’est des trucs inutiles que t’achètes et t’aimes pas ça dépenser de l’argent pour rien. Tu entres dans le Aldi qui est sur ton chemin. Tu prends pas de panier parce que t’as pas envie de prendre plus que ce que t’as véritablement besoin. Alors si ça tient pas dans tes mains, tu feras une sélection. C’est quand t’es en train d’aller au rayon chocolat, le paquet de lessive en capsule dans une main, que tu remarques qu’il y a de l’agitation vers l’entrée du petit supermarché. Tu fronces les sourcils en essayant de comprendre, mais tu comprends pas. Tu continues ton chemin jusqu’au rayon chocolat où tu t’attardes grave longtemps. Y’a beaucoup de choix. Tu vas en prendre plus que nécessaire. Ca tient dans mes mains. Ouais, t’as un paquet de twix, trois tablettes de chocolats et des M&M’s. T’es encore en train de débattre si tu vas prendre les ferrero rocher qui sont en promo quand tu entends l’annonce au micro.

« Cher clients, le quartier vient d’être mis en quarantaine pour un temps indéterminé.  La police va revenir vers nous aussitôt que possible. »

Tu grimaces. T’as aucune idée de quoi il en retourne mais ça sent pas bon cette affaire. Du coup tu restes bien plus longtemps que prévu dans le rayon chocolat vu que t’as rien d’autre à faire. Puis tu vas à la caisse et y’a beaucoup de gens qui font agglutiner par là. Ca sert à rien là.

« Quoi c’est le Corona Virus qui est arrivé dans le quartier ? »

T’essaies de faire de l’humour. Ca fait rire que toi vu les quelques regards de travers que tu te prends. Bien sûr avec ta dégaine, les gens sont en train d’être inquiet que tu sois bloqué avec eux. T’es en short et en t-shirt à l’effigie du groupe Parkway Drive sur le dos, ce qui veut dire que tes tatouages sont bien exposés.

Cette période de l’année était définitivement la préférée de Blake. L’air doux et chaud lui collait très bien à la peau et il avait plaisir à se balader dans les rues par ce temps. Il ne conduisait pas, il préférait largement utiliser ses jambes et il profitait du beau temps pour le faire. Il ne travaillait pas aujourd’hui, pas plus que ce soir et il était à la recherche d’un endroit où manger. Quand il s’agissait d’assouvir sa faim, Blake ne suivait aucun horaire. Il n’était pas surprenant de le croiser avec un sandwich à quatorze heures ou une part de pizza à dix-sept heures. Il écoutait son corps et si ce dernier lui disait qu’il avait faim, pas question de le faire attendre inutilement. Il était donc à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, lunettes de soleil sur le nez et complètement détendu. Depuis qu’il était de retour à Brisbane, il avait l’impression d’avoir retrouvé sa maison. Cinq années passées loin de tout avait renforcé son caractère mais il reprenait doucement ses habitudes. Il n’était en ville que depuis une semaine, il n’avait pas encore eu le temps de se consacrer à ce pourquoi il était de retour, il ne savait pas encore ce qu’il allait faire quand il aurait accompli sa mission. Pour l’heure, il cherchait surtout à se remplir l’estomac. En tournant au coin de la rue, il tomba sur deux flics et son cœur fit un looping dans sa poitrine. Pour quelqu’un qui s’était traîné toute sa vie dans les embrouilles et qui avait flirté avec l’illégalité la plus totale, croiser des flics n’était pas toujours une expérience agréable. Sauf que, visiblement, ils étaient occupés à bien d’autres choses. « Monsieur, le secteur doit être bouclé en urgence, rentrez dans ce magasin, nous devons verrouiller tout le quartier. » Blake se laissa entraîner à l’intérieur du magasin sans faire quoi que ce soit qui pourrait inciter les deux flics à le toucher plus que nécessaire. Il fronça légèrement les sourcils en se retrouvant coincé dans un magasin sans pouvoir en sortir et sans plus d’explication visiblement. Et il avait toujours sacrément la dalle. Il entendit l’annonce faite par le magasin avant que la petite dame de la caisse ne vienne verrouiller les portes pour empêcher tout le monde de sortir. Il vit alors les clients du supermarché se réunir près des caisses, sûrement dans l’espoir d’en apprendre plus et de découvrir des petits potins. Les petites mamies du premier rang étaient en grande discussion pour émettre les théories les plus folles. Blake savait que l’ambiance allait bientôt finir par l’agacer, surtout qu’il détestait être enfermé et il savait qu’il allait très vite tourner en rond. De ce côté du magasin, il ne pourrait rien faire alors décida de passer l’entrée, il jeta un œil autour de lui et un jeune homme attira immédiatement son attention. Son cerveau se mit à réfléchir en quelques secondes, l’alarme dans sa mémoire venait de s’éclairer. Il connaissait ce type mais il eut du mal à le replacer dans un contexte l’espace d’un instant. Le temps passé loin de Brisbane n’avait pas été tendre avec ses souvenirs. Il avait tout fait pour oublier ce qu’il avait perdu quand il déambulait sans but et sans argent au pays des Kangourou.

Il s’appuya contre une des caisses et croisa les bras, ils n’étaient pas loin l’un de l’autre et Blake ne manqua pas les regards que les autres clients lui adressaient, tout comme à lui. Ils ne passaient pas vraiment inaperçus tous les deux. Et les gens allaient devenir nerveux. Une fraction de seconde plus tard, le presque inconnu tourna la tête vers lui et leur regard se croisèrent une seconde. Blake avait la solution à son problème : aborder le jeune homme de façon assez familière mais pas trop. Comme ça si ce dernier le reconnaissait aussi, il le dirait tout de suite, en revanche, si ce n’était pas le cas, il ne prenait aucun risque. Blake n’était pas quelqu’un qui aimait discuter et pourtant, la curiosité le chatouillait. Il avait ce besoin de renouer avec son ancienne vie. Mais rien ne lui garantissait que le blond allait le reconnaître du premier coup. Cinq ans pouvaient sembler être une vie pour certains. « Tu partages ? Si on doit être bloqué là des heures, autant le faire correctement ! » Il désigna ce que Jordan avait dans les mains, un sourire au coin des lèvres. Il n’en n’avait pas oublié, dans cette affaire, la faim qui tiraillait son estomac. Que Jordan ait payé ou non ses présents lui importait peu. Ils étaient bloqués, la direction pouvait les laisser se nourrir, il y avait une espèce d’urgence vitale dans la situation.

Spoiler:

Y’a un type tatoué qui attire ton regard un peu plus loin mais tu rélèves pas plus que ça. Tu connais plus de gens tatoué que les autres présents dans ce supermarché pour la simple et bonne raison que tu as tout un gang de potes tatoueurs. Tu squattes avec eux de temps à autres, pas assez maintenant que t’y penses mais le temps est précieux et t’as plein de truc à faire dans tes journées. Mais du coup, ouais, tu connais vraiment un paquet de gars tatoué énormément et ça a l’air d’être le cas de ce gars là. Sauf que après un simple contact du regard, tu le remets pas et tu penses à autre chose. Et puis le type se retrouve à côté de toi. « Tu partages ? Si on doit être bloqué là des heures, autant le faire correctement ! » Il est même en train de t’adresser la parole. Tu te dis que vous vous connaissez forcément pour qu’il ait fait cette démarche. Pourquoi il serait venu me parler sinon ? Parce que vous vous ressemblez et que tous les autres le regardent en travers autant que toi.

« Nah c’est ma réserve perso. » Tu fais un signe de la tête vers le rayon derrière toi. « Y’en a plein là bas si tu veux. » Genre le gars il veut piquer ta réserve alors que y’a des rayons rempli ? Il est fou lui. Le chocolat c’est trop important. « Une chose est sûr, si on meurt bloqué ici, ce sera pas de faim. » Tu penses tellement tout le temps à mort Jordan. T’en as vraiment rien à foutre si tu choques les gens avec tes paroles. Mettre les autres face à la mort ça fait peur des fois. Sûrement parce qu’ils y pensent pas assez. Toi c’est ton quotidien depuis toujours. La mort est une partie de toi. C’est ce qui te fait vivre mieux que certains à ton avis. T’es très conscient que tout peut s’arrêter à tous les instants.

« Nah c’est ma réserve perso. » Non, ce n’est pas vraiment le type de réponse à laquelle il s’attendait. Blake garde la même position tandis que le gars l’envoie carrément chier. Mais il peut comprendre le comportement territorial du blond, surtout face à la nourriture. « Y’en a plein là bas si tu veux. » Oui, mais ce n’était pas le but premier de son opération. Il a clairement fait chou blanc et non, il ne doit pas connaître le jeune homme. Il a ce désir tel de retrouver son ancienne vie qu’il se voit des amis partout alors qu’il n’en n’avait pas beaucoup. Il hausse les épaules, pas vexé mais il n’insistera pas pour quelques barres chocolatées. Il redresse son cul de là où il vient de le poser et il contourne le tatoué qui ajoute. « Une chose est sûr, si on meurt bloqué ici, ce sera pas de faim. »  Blake ricane tandis que deux regards se tournent vers eux, inquiets. Une jeune femme avec sa gamine qui vient bien sûr d’entendre les paroles de Jordan. Blake baisse les yeux vers de la petite qui doit avoir une petite dizaine d’années et qui le fixe comme s’il venait de prononcer leur sentence. Il observe le vert de ses iris et la peur qui s’y reflète et il pense immédiatement à une autre petite fille. Celle de Soledad. Celle qu’il a abandonné sans jamais se retourner. Malgré les années, il n’avait pas oublié son visage, ses yeux, ses airs enfantins. Il avait envie de la revoir mais il tuerait plutôt que de l’avouer. Il imaginait la gamine à la place de celle qu’il avait en face de lui. Aurait-elle peur ? Prendrait-elle les mots de Jordan comme une prophétie ? Il cligna des yeux pour se remettre dans l’instant présent et pour se rappelait qu’il se fichait pas mal de l’opinion d’une enfant de 10 ans. En revanche, la mère ne semblait pas du même avis que lui et redressa le menton dans leur direction. Parce que deux énergumènes tatoués de la tête aux pieds étaient forcément complices dans ce genre de moment. Il tourne la tête vers Jordan et lui adresse un sourire presque compatissant. « T’es un champion toi, je crois que ce qui m’effraie le plus, c’est de me déshydrater, je t’offre un verre ? » Proposa-t-il ironiquement en s’éloignant du début du magasin. Bon rien ne l'effrayait en réalité mais autant rester dans les joyeuses prédictions. Surtout que selon les statistiques, c'était mourir de soif qui les guettait en premier s'ils restaient coincés. Le corps humain peut rester des jours sans manger. Pas celui de Blake, il en était persuadé. Mais puisqu'ils étaient bloqués, il n’allait pas resté planté à faire le gaie contre les vitres des magasins pour essayer de voir ce qui se tramait dehors. Il passa par le rayon des chips et attrapa trois paquets différents avant de bifurquer vers le rayon des alcools. Il n’y avait qu’un seul vigile et pour l’instant, il était occupé à calmer les clients à l’entrée du magasin et pour une petite structure comme ça, il ne devait pas y avoir plus de deux caissières. Il allait avoir la paix. Il s’arrêta devant le frigo installé en bout de rayon et sortit deux bières, au cas où Jordan le rejoindrait. Il allait très vite se rendre compte de l’ambiance de terreur qui semblait régner devant les caisses et il allait préférer prendre un verre. Ce serait l’occasion pour lui de s’assurer qu’ils ne se connaissaient réellement pas.

Tu vois qu’il est surpris par ta réponse mais vu qu’il se marre à ta dernière phrase, tu te dis qu’il est chill. C’est le plus important dans l’affaire. T’as pas envie de tomber sur un gars fou qui commencerait une baston parce que t’as pas voulu lui donner un bout de chocolat. Surtout quand y’en a plein les rayons à côté. Ce serait une belle blague mais on sait aussi pas de quoi son capable les gens. T’en as vu qui se sont battu pour moins que ça. Des gars qui voulaient juste se défouler sur le premier venu et t’es ravi de voir que ce n’est pas toi aujourd’hui. Loin de toi l’envie de rajouter des bleus et des cicatrices sur ton corps. T’en as assez comme ça.

Les personnes autour de vous ont pas l’air rassuré par toute cette situation. Tu comprends bien et t’essaie d’écouter ce qu’il se passe du côté du staff du supermarché mais t’entends rien. Ils donnent pas plus d’infos que l’annonce qu’il y a eu avant. Vous êtes bloqués ici pour un temps indéterminé et c’est quand même grave relou cette histoire. T’as l’impression de perdre ton temps. T’es en train de réfléchir à ce que tu pourrais faire sur ton téléphone pour quand même être productif mais pas grand chose. Tu peux juste mater les réseaux sociaux de long en large et en travers. Pas juste quelques comptes que tu suis assidûment. T’entends les gens autours parler mais tu fais pas tant attention, ça n’a pas l’air d’être pour toi. « T’es un champion toi, je crois que ce qui m’effraie le plus, c’est de me déshydrater, je t’offre un verre ? » Jusqu’à ce que lui t’offre un verre. Tu relèves la tête de ton tel.

« Un verre ? » Ca te fait marrer comme il dit ça. « Tu proposes quoi ? » Vous êtes pas vraiment au resto ou au café du coin. Tu te vois pas ouvrir un paquet de verres en plastiques déjà parce que t’achète pas ces trucs là. Et tu penses pas qu’il va aller dans le rayon « maison » pour vous prendre des verres en verre qu’il va payer après coup. Il ferait mieux de me filer une bouteille direct, ou une canette. Oui c’était sûrement une façon de parler. « Un truc maintenant ou t’es en train de me proposer un rendez vous pour après ? »

« Un verre ? » Visiblement, il avait capté l’attention du gars et il l’amusait, bien sans le vouloir. « Tu proposes quoi ? » Il eut un sourire en coin, visiblement, il avait eu du mal à se faire comprendre. Blake secoua légèrement la tête en se retournant alors qu’il était prêt à s’évaporer dans les rayons pour chercher quelque chose à manger. « Un truc maintenant ou t’es en train de me proposer un rendez vous pour après ? » Surpris, Blake eut un rire un peu nerveux. Il n’aurait jamais fait ce genre de proposition pour un « après », pour un rendez-vous, comme le blond le lui demandait. Il se contenta de hausser les épaules, il avait pourtant eu l’impression d’être clair. « Rejoins-moi du côté des bières, il faut que je trouve un truc à manger. » Il lui montrerait sur pied à quoi il pensait après tout. Il eut un instant d’hésitation devant le ton un peu directif qu’il venait de prendre et il allégea un peu la chose en désignant les clients stressés et agglutinés penchés sur les grandes vitres du commerce en quête d’une réponse à leur angoisse. « Sauf si tu préfères rester là, je comprendrais que l’ambiance y soit meilleure. » Un sourire en coin plus tard et le voilà au rayon des chipes pour attraper de quoi remplir son estomac. Il n’en n’avait rien oublié de sa faim et de ce dont il avait besoin. Trois paquets de chips et un paquet de saucisson plus loin, le voilà au rendez-vous promis. Il avisa rapidement le frigo et en sortit deux bières avant d’aller se percher au-dessus d’une palette vide qui devait contenir des boissons quelques heures plus tôt. Il avisa Jordan et lui montra son petit coin en ricanant comme un gamin. « Alors, c’est pas mieux que le bar ? » Il secoua la tête et ouvrit son paquet de chips pour piocher dedans avant que son estomac ne gronde davantage son envie de sucre et de sel. Après quelques instants dans un silence ponctué uniquement par le bruit qu’il faisait en récupérant des chips dans son paquet, il se tourna vers Jordan et lui demanda finalement. « J’crois qu’on se connait. » Il avisa les tatouages du blond, pencha la tête sur le côté. Cinq ans à chercher à mettre son passé derrière et voilà qu’il se retrouvait à chercher un nom, à essayer de remettre un contexte quelque part. « T’as pas une dégaine qu’on oublie facilement, j’ai quitté la ville y a cinq ans mais avant ça, j’ai toujours vécu à Brisbane. Jordan c’est ça ? » En réalité, il le connaissait mieux qu’il le laissait paraître et au moment où son prénom glissa hors de sa bouche, une légère sueur lui roula le long du dos. Il savait pourquoi il avait cherché à enterrer le jeune homme dans un coin de sa tête pour ne plus l’en ressortir. Il savait que c’était à présent dangereux de lui parler. Il n’était pas prêt d’oublier qui il était et surtout, ce qu’il représentait pour lui. L’aborder, lui parler à présent était une manière de savoir comment était sa vie. Blake n’éprouvait pas beaucoup la culpabilité, il avait du mal à l’enfouir, à ne pas chercher à s’en approcher. Mais là, il avait cette curiosité sur son ancienne vie qui le poussera à demander où il en était. Et surtout, si sa petite-amie était toujours en vie. Ce qui était le cas la dernière fois que Blake avait fréquenté les lieux. Mais surtout, c’est la peur qui dominait à présent si quelqu’un venait à savoir l’implication qu’il avait dans cette histoire. Sortant de ses pensées, il finit quand même par rafraîchir la mémoire de Jordan qui semblait aussi endommagée que la sienne. « Blake. On a traîné ensemble, on avait des potes en commun à l’époque. » Il ne savait pas s’il situerait ou non, mais de toute manière, il n’y pourrait pas grand-chose. Tant qu’ils étaient coincés là, ils pourraient parler, le reste ne dépendait plus vraiment de lui. Il s’attaqua à sa bière après l’avoir ouverte et il but une gorgée avant de reprendre l’exploration de ses chips.

Tu vois qu’il rit un peu jaune à ton hypothèse de rendez vous future. Not queer. Ou peut être juste grave dans le fond du placard. Ou juste pas à l’aise avec sa sexualité. Faut pas aller sur des conclusions si hâtives Jordan. C’est plus drôle. Parce que tu gardes tout dans ta tête de toute façon. « Rejoins-moi du côté des bières, il faut que je trouve un truc à manger. » La façon dont il dit ça, tu sais pas pourquoi t’as l’impression d’être de retour à l’époque du lycée. Genre une expédition secrète, interdite, privées, caché de tous vos autres potes. « Sauf si tu préfères rester là, je comprendrais que l’ambiance y soit meilleure. » Tu lâches un rire. Il se fou de ta gueule, ça te fait délirer. C’est clairement de la merde ici. Y’a tout le monde avec leurs courses et leurs visages stressés de la situation.

« Rendez vous aux bières. » Tu y tiens à ton rendez vous. T’es un petit connard Jordan. Je m’amuse. Tu vas donc dans l’allée en question après avoir pris un panier parce que même si c’est pas ce que tu fais d’habitude, tu commences à en avoir marre de pas être libre de tes gestes parce que t’es encombré. C’était pas prévu comme ça ton plan. « Alors, c’est pas mieux que le bar ? » Il te fait grave rire le gars. Il se croit chez lui.

« Ca passe. » Vous êtes pas tant bien installé, mais c’est clair que y’a pire dans la vie. C’est pas tout mal. Tu vas clairement payer pour tout ce que tu vas consommer. T’es pas du genre à voler, t’as plus besoin maintenant. T’as des sous. Tu poses ton panier par terre et tu commences l’apéro improvisé avec lui. Une bière dans ta main. « J’crois qu’on se connait. » Tu lèves un sourcil. Ah ? « T’as pas une dégaine qu’on oublie facilement, j’ai quitté la ville y a cinq ans mais avant ça, j’ai toujours vécu à Brisbane. Jordan c’est ça ? » Donc il se souvient de toi, mais tu le remets pas trop par contre.

« Jordan ouais. » Tu réfléchis vraiment parce que tu trouves ça fou qu’il se souvienne de toi mais pas l’inverse. Tu sais que t’as une mémoire sélective et des fois c’est peine perdue pour te souvenir. « Blake. On a traîné ensemble, on avait des potes en commun à l’époque. » Blake. Ok, ça te parle un peu plus maintenant que t’as son prénom en plus de sa tronche et quelques détails spatio temporels. Tu vois avec qui t’as du traîner avec lui. Tu hoches la tête.

« Ouais… Je traine plus avec tous ces gens là depuis un moment. » C’était pas ceux qui étaient le plus recommendable. Du coup tu pars sur des sujets complètement dérisoire parce que t'as justement pas trop envie de parler de ces gens là. Pas mal de mauvais souvenirs liés à tout ça. Tu sais pas ce qu'il pourrait se souvenir le gars. Des trucs que toi même tu sais pas. Tu préfères rester dans l'ignorance.