| (Skylar&Jamie) • the cost of lies |
| | (#)Jeu 13 Fév 2020 - 13:58 | |
| the cost of lies Skylar Whitaker & @Jamie Keynes
C’est mon père qui m’envoya en premier la publication de Carmina. Entre deux points téléphoniques avec d’importants clients je vérifiai ma boite mail pour en trouver un venant directement de Taylor Bradford, reçu deux heures avant. Je fronçai les sourcils, il était rare qu’il prenne le temps de passer par un courrier électronique, il m’appelait lorsque le sujet était important ou m’envoyait un message lorsqu’il l’était moins, et j’ouvris le mail pour en découvrir son contenu. La garce. Je me souviens que ce fut la première chose à laquelle je pensai. Le mail ne contenait qu’une seule chose, le lien vers l’Instagram de l’héritière, vers la photo qu’elle avait publiée vers 10h. Le sous-titre " Et toi cousine, que t’a-t-il promis ? " était sans équivoque, il révélait une bien vieille histoire que j’aurais préféré enterrer et faisait écho au scandale qu’elle avait lancé pour bien débuter l’année. Mon portrait était accompagné de celui d’un homme qui fit déjà la une des tabloïds au mois de janvier à cause de Farrell, un homme que je connaissais aussi plutôt bien et que nous fréquentions Nolan et moi depuis des années. Elle n’aurait pu choisir un meilleur portrait de Jamie Keynes, il ressemblait sur celle-ci à mes yeux à un parfait prédateur alors qu’il ne l’était pas à mes yeux.
Dans la bataille médiatique qui les avait opposés il y a un mois, bataille surtout menée par l’héritière visiblement décidée à pourrir la vie d’un autre homme après s’être occupé de celle de mon cousin. Jamie avait tout perdu, professionnellement en tout cas puisque je ne savais rien de l’état de sa vie personnelle après tout ça, je la soupçonnais compliquée, Carmina avait le don de foutre un bordel monstre au sein des couples, et je ne devrais pas être surprise qu’elle s’en prenne aujourd’hui au mien. A noël lorsqu’elle me provoqua, je ne vis pas le coup venir. Bien sûr je la soupçonnais déjà depuis un moment de chercher un moyen de me nuire, je ne pouvais après tout pas lui en tenir rigueur ayant moi-même affiché de façon plutôt claire et transparente mon mépris pour elle, Le diner du réveillon avait été un désastre, trois des quatre personnes présentes à la table se détestaient ouvertement et Carlisle n’avait pas pu faire tampon toute la soirée. Je lui en voulais terriblement d’avoir fait rentrer cette gamine dans notre vie, dans notre famille bien malgré nous. Mina Farrell était à mes yeux dénuée de toute classe, une vache à laquelle on aurait fait enfiler un tailleur hors de prix, et elle le prouvait encore aujourd’hui en exposant mon linge sale à la vue et aux yeux de tous.
Ma liaison avec l’ex rédacteur en chef de QG Australia, si tant est qu’on puisse appeler quelques bootycall et nuits blanches une liaison, remonte à 2014. J’avais vécu mon arrivée à Brisbane comme la découverte d’un nouveau terrain de jeu et j’étais devenu un temps l’amante du brun, mais j’y avais mis fin lorsque les choses étaient devenues sérieuses entre Nolan et moi. Bien sûr, je m’égarai quelques fois encore dans les bras de Jamie après avoir commencé à fréquenter celui qui deviendrait par la suite mon époux, mais n’est-ce pas là le lot de toute relation naissante et non définie ? A partir du moment où il provoqua la discussion quant à l’exclusivité de notre relation et que je l’acceptai, je ne fis plus aucun écart, et quand vint le moment de présenter Jamie à Nolan je l’introduisis comme un ami, rien de plus. Nolan. Aucun appel de sa part, pas de message, il n’y a pourtant que peu de place permise pour le doute : il doit déjà être au courant. S’imagine-t-il que je l’ai trompé ? Sans plus de détails, il nous prête peut-être même une liaison après notre mariage, une qui dure encore aujourd’hui, est-il déjà prêt à me coller l’étiquette d’infidèle sur le front ? L’idée me brise le cœur mais je sais que nos disputes régulières entament notre relation et forcément, la confiance que nous nous portons. Cherchera-t-il à confronter son ami avant moi ? Cherchera-t-il à comparer nos versions pour voir si elles collent ? Comment sauver les meubles, avouer toute la vérité ou me limiter à une version édulcorée, une qui raconterait que ce qu’il y avait entre Jamie et moi s’est terminé longtemps avant que je le rencontre ? Il m’en voudra de lui avoir menti, je l’ai fait par omission mais volontairement, mais peut-être qu’il n’a pas besoin d’apprendre que je mis quelques semaines après notre rencontre à mettre fin à tout ça ? Je réfléchis un instant devant la publication, je bouillonne et décide de ne pas répondre à mon père, il n’est pas le premier auquel je me dois de penser surtout qu’il n’y a finalement aucun scandale derrière cette histoire, contrairement à ce que Carmina sous-entend. Sur les réseaux et malgré les nombres messages que j’ai déjà reçus, insultes, messages de soutien et j’en passe, je reste silencieuse pour l’instant, hors de question que je réagisse à chaud. Je lis un ou deux message et ferme finalement l’application, pour envoyer un message à la seconde victime de l’héritière. "Bonjour Jamie, peux-tu me retrouver à l’entrée d’Oates Park à 18h ? J’ai besoin que l’on accorde nos versions avant de rentrer." Je vais droit au but. Il saura bien en me lisant que je ne veux pas seulement passer du temps avec un ami pour qu’il me raconte ses fêtes de fin d’année. Savoir s’il a passé du temps en famille, s’il est allé skier ou s’il est parti à l’étranger ne m’importe que peu, j’apprécie Jamie et je sais que c’est aussi le cas de Nolan mais mes préoccupations sont autres.
Non, quand je sors du bureau à 17h30 pour rejoindre le point de rendez-vous ce n’est pas pour parler de la pluie et du beau temps. J’entre dans le parc pile à l’heure pour tenter de trouver une solution à ce scandale qui, en plus d’éclabousser encore Jamie mettre à coup sûr un coup à mon mariage. Carmina nous hais vraisemblablement l’un comme l’autre, peut-être l’un autant de l’autre et il est difficile de deviner qui a été le dommage collatéral de l’histoire et qui elle visait. Quand je reconnais le Jamie, appuyé contre la grille en fer, je m’approche de lui pour le saluer et déposer une bise sur sa joue. « Bonjour Jamie. » Il n’est pas responsable de tout ça, pas du tout même mais je ne peux m’empêcher d’être moins amicale et détendue qu’à l’ordinaire. « Comment vas-tu ? » Question idiote de riche préoccupée par les apparences. Evidement qu’il ne doit pas être au meilleur de sa forme, il n’avait pas besoin de ça pour ajouter des préoccupations supplémentaires à un début d’année difficile. « Merci d’être venu. Je t’aurais bien proposé de passer chez nous mais j'ignore à quoi m’attendre en rentrant, et je ne sais pas comment vont les choses de ton côté. Je me suis dit qu’un terrain neutre serait probablement préférable. » A-t-il dit à son épouse qu’avant d’être l’ami de Nolan il était le mien, et qu’avant d’être le mien nous avons été amant à l’occasion ? C’était avant leur rencontre et elle n’a aucune raison de se sentir menacée, mais je sais aussi que l’être humain est menteur de nature, parce que c’est plus simple, moins prise de tête. « Bon, qu’est-ce que tu lui a réellement fait à Carmina pour qu’elle soit si déterminée à te nuire ? » Moi je sais, je rejette sa présence auprès de mon cousin et je vais jusqu’à remettre en cause la paternité de sa fille. Nous ne sommes pas réellement en bon termes. Mais le concernant, les rumeurs sont-elles seulement vraies ? Je pense détester assez la brune pour n’avoir aucune envie de la plaindre, même si c’était le cas, et j’ai du mal à l’imaginer dans les chaussures de la jeune femme naïve et manipulée par un homme.
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| | | | (#)Ven 21 Fév 2020 - 18:06 | |
| "Et toi cousine, que t’a-t-il promis ?" Le soupir désabusé que je lâche pourrait probablement créer une tempête en Ethiopie. Voilà que Mina frappe encore via son arme de prédilection : les réseaux sociaux. Nouvelle photo, nouvelle révélation -un mensonge éhonté, surtout, une accusation qui n’a pas lieu d’être. Mais dans ce scandale supplémentaire monté de toutes pièces, le monde fonce tête la première ; un bâton tout neuf pour battre le Keynes et faire du clic, cela ne se refuse pas. Cette fois, ce n’est pas la honte qui m’envahit, mais la colère. Je pouvais m’écraser face au premier acte de la vengeance de l’héritière Farrell, basé sur des faits que je ne peux nier, mais je ne peux pas accepter le mensonge. Skylar et moi, cela remonte à des années. C’était avant Joanne, avant Nolan, et ni l’un ni l’autre n’avait besoin d’être aussi soudainement mis au courant (de même que le reste de l’Australie). C’était surtout sans engagement, sans promesses, sans attentes. En somme, rien qui ne mérite pareil épilogue. Cependant, je ne suis même pas en position de mettre Mina face à ses affabulations, personne ne croirait quoi que ce soit sortant de ma bouche. Compter sur une intervention de Skylar est presque illusoire : pour ce que j’en sais, elle peut être à l’origine de cette publication. Dans mon cas, pieds et poings liés, on n’applique jamais aussi bien la phrase fétiche de tous les cop shows, “tout ce que vous direz sera retenu contre vous”. Face à cette nouvelle manoeuvre de Mina, la situation est encore une fois sans issue. Baisser la tête, prendre les coups ; mon orgueil recroquevillé s’y est résignée, le silence étant mon unique option.
Mon téléphone vibre, l’écran s’allume sur un message de Sky. "Bonjour Jamie, peux-tu me retrouver à l’entrée d’Oates Park à 18h ? J’ai besoin que l’on accorde nos versions avant de rentrer." Il me rappelle qu’en dehors de mon nombrilisme et mon évidente lassitude face au lynchage médiatique systématique, il y a de véritables conséquences à tout ceci au sein de mon entourage. Nolan s’ajoute désormais à la liste des dommages collatéraux. Comprendra-t-il que ni sa femme ni moi ne lui avons fait de tort ? Le croira-t-il, si je le lui explique ? Lorsque le mal est fait, de quelles armes un homme dispose-t-il pour rétablir la vérité ? Même si ce débat peut avoir lieu par téléphone, une rencontre face à face s’impose afin de mettre cette affaire à plat ; j’accepte l’invitation de la jeune femme, curieux de savoir si elle se cache derrière tout ceci, pourquoi, ou si elle n’est qu’une victime de la machination
N’ayant aucune excuse pour être en retard maintenant qu’il n’y a plus d’emploi pour me retenir dans un bureau au delà des heures raisonnables, je quitte la maison en conséquence et me poste à l’entrée du parc à l’heure donnée. Essayer d’éviter les éventuels regards serait vain ; il n’y a que dans les films qu’une simple casquette fait le job pour couvrir son identité et devenir soudainement invisible aux yeux du monde. Je me contente d’être là, pleinement présent, dans toute ma lassitude, toute ma peine, toute ma colère qui transparaissent dans cette posture désinvolte, bras croisés sur le torse, appuyé contre le portail. Skylar apparaît, au moins aussi agacée que je le suis face à cette nouvelle vague de médisance. La bise est mécanique, les salutations amères. "J'ai connu des jours plus glorieux." j’admets plus froidement que je ne voudrais l’avouer. Je ne peux pas prétendre que les choses sont moins désastreuses que cela est réellement le cas. Je n’ai plus de travail, ma réputation est définitivement un tas de cendres, mon mariage est ébranlé et je n’ose plus avoir le moindre contact avec le monde extérieur de crainte que le sujet de m’atterrise dans la figure comme une baffe. C’est difficile au jour le jour. C’est usant, et je me sens constamment épuisé. Et je devrais trouver une phrase passe-partout à sonorité optimiste afin d’édulcorer mon abattement ? Sûrement pas. Je ne veux pas qu’on me plaigne, mais je ne ferais pas semblant d’être autre chose qu’un homme détruit par les conséquences de ses actes. "J'espère juste pour toi que tu n'as pas peur d'être aperçue avec moi." je souligne, au cas où Skylar ne l’aurait pas pris en compte dans sa stratégie visant sûrement à limiter les dégâts sur son mariage. Que nous soyons aperçus en train de nous mettre d’accord sur un seul et unique plan de bataille pourrait nuire à son image, au moins vis-à-vis de son mari.
"Réellement ?" je reprends comme un écho. Je pourrais être flatté du bénéfice du doute que m'octroie la jeune femme si cela n'allait pas de paire avec la déception qu'elle subira sûrement lorsqu'elle apprendra que Mina n'a rien inventé. Et laisser tomber l'estime que me portent les gens n'est pas le genre de sport auquel j'aime m'adonner quotidiennement. Alors je souris en coin, presque désolé pour elle, de faire voler en éclats un bref moment de naïveté, de foi en l'humain. "Mina dit la vérité, aussi incroyable cela puisse paraître." Surtout maintenant que je sais qu'elle donne aussi bien dans le mensonge devant une large audience. Je resserre mes bras, souffle et lève les yeux au ciel comme un écolier lassé de répéter encore et encore la même leçon apprise par cœur ; et je sers à Skylar, à son tour, le récit synthétisé et mis à jour du cas Farrell. "Je lui ai promis une apparition dans GQ en échange de "faveurs sexuelles", et je n'ai jamais tenu cette promesse. Je n'en ai jamais eu l'intention." Assumer cette partie n'a pas été simple, le plus difficile ayant été de me l'avouer à moi-même. Je me suis joué d'elle, tout du long. Je n'aurais jamais accordé un article à quelqu'un de l'ayant pas mérité, et coucher pour obtenir un papier n'est définitivement pas une bonne manière de s'attirer mon estime. "C'était stupide, je sais, et je suis un type abject. Passons ce couplet-là." Il est comme un mauvais tube de l'été qui tourne en boucle sur toutes les radios au point d'en devenir indigeste. Le blâme, je le prends, je l'accepte, je le vis au quotidien. C'est ma peine, et c'est bien assez. "Qu'est-ce que toi tu es allée raconter à Mina pour qu'elle en rajoute une couche comme ça ?" je demande présomptueusement. Je mise sur un mélange de soif de notoriété et de sororité pour justifier l'existence de cette publication -et des remords ou de la peur, après coup, pour expliquer ce rendez-vous imprévu.
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| | | | (#)Mar 25 Fév 2020 - 17:27 | |
| the cost of lies Skylar Whitaker & @Jamie Keynes
La chute doit être dure pour Jamie et alors que mes yeux se posent sur lui je me rappelle qu’il n’avait pas besoin de ça. Jusque-là je n’avais pensé qu’aux conséquences de ces idioties déblatérée par Farrell sur mon propre mariage et sur ma réputation et je ne m’étais pas arrêtée pour réfléchir à celles qu’elles auraient sur l’image déjà franchement ternie du brun. Je n’étais plus assez proche de lui pour m’autoriser à poser des questions sur son mariage, je ne l’avais jamais été en fait et quand lui et Nolan étaient devenus amis je m’étais un peu effacée, mal à l’aise à l’idée d’entretenir une proximité qui n’aurait que plus blessée Nolan s’il venait à découvrir le pot aux roses. Nous avons conservés des rapports cordiaux et j’ai toujours eu de l’estime pour Keynes, mais une part de moi a toujours fait en sorte de ne pas développer avec lui une complicité qui, même amicale, aurait pu à mes yeux faire douter mon époux. C’est idiot puisque nos rapports sont depuis des années dénués de toute ambiguïté, mais je ne suis pas la première chez laquelle la culpabilité développe des mécanismes incongrus.
Quoi qu’il en soit, alors que le sort place sur notre route un ennemi commun je n’ai jamais eu autant de compassion pour lui qu’aujourd’hui. J’ignore lequel de nous deux était visé par son attaque et lequel n’était que la cerise sur le gâteau de l’héritière, ce que je sais c’est que fermer les yeux et l’imaginer s’étouffer dans un sac plastique m’est particulièrement agréable. « J'ai connu des jours plus glorieux. » Je rétorquerais bien que cela se voit, ce n’est pas une allure négligée qui trahit son désarroi, il ne m’a jamais semblé du genre à se laisser aller, mais il ne brille plus de cet éclat qui le caractérise et qui caractérise tout ceux dont l’égo est trop enflé. Je fais fi de mon insensibilité cependant, je n’ai pas à cœur d’achever un homme déjà à terre. « J'espère juste pour toi que tu n'as pas peur d'être aperçue avec moi. » Je hausse les épaules d’un air détaché, avant de lui répondre. « Je pense que ce serait le fait de nous cacher ou nous rencontrer en secret qui donnerait l’impression que nous avons quelque chose à cacher, pas l’inverse. » Même si je n’aime pas l’idée d’apparaître en couverture des tabloïds. Impulsive, je n’y ai pas réfléchi avant de le contacter mais il est vrai que si le montage de Carmina ne prouve rien, une photo volée en compagnie du brun apporterait de l’eau à son moulin. J’observe les alentours d’un air méfiant, comme si chaque individu prenait brusquement l’allure d’un potentiel danger. Qui de cette vieille femme au taille griffé ou du jeune joggeur a le plus l’allure d’un potentiel photographe de presse à scandale ? J’aime l’attention, mais j’aime l’attention positive, maîtrisée. « Réellement ? » Je m’arrache à ma contemplation des alentours pour fixer à nouveau mon attention sur Jamie en levant un sourcil. Oui vraiment, ai-je l’air d’avoir envie d’entendre autre chose que l’entière vérité ? « Mina dit la vérité, aussi incroyable cela puisse paraître. » Il lève les yeux au ciel et se braque et je reste muette, plus surprise par le simple fait qu’un homme comme lui se soit laissé piéger de la sorte par la brune que par le fait qu’il ait pu se servir d’elle. Qu’a-t-il trouvé à cette gamine capricieuse, franchement ? « Je lui ai promis une apparition dans GQ en échange de "faveurs sexuelles", et je n'ai jamais tenu cette promesse. Je n'en ai jamais eu l'intention. » Si Jamie devait perdre une partie de mon estime, ce serait plutôt pour l’intérêt qu’il porta à Farrell, plus que pour le coup bas qu’il lui fit par la suite. Celui-là, je le trouvais plutôt mérité. « C'était stupide, je sais, et je suis un type abject. Passons ce couplet-là. » Ce qui est abject, c’est d’imaginer avoir partagé un partenaire sexuel avec Carmina. Ça, ça me donne envie de vomir. Ce sentiment je le partage en levant les yeux au ciel. « Bon sang mais que diable a-t-elle entre les jambes, pour que vous soyez tous prêts à tout perdre pour ses faveurs sexuelles ? » La question est rhétorique, la vie sexuelle de l’héritière, je m’en passerais bien. Pitié, achevez là. N’empêche qu’entre Jamie et mon cousin elle me semble détruire tout ce qu’elle touche, ou plutôt tout ceux avec lesquels elle s’acoquine. Je ne fais aucun commentaire sur la fausse promesse qu’il fit à la jeune femme : je ne suis pas du genre à me formaliser de ce genre de basse manœuvre. « Qu'est-ce que toi tu es allée raconter à Mina pour qu'elle en rajoute une couche comme ça ? » Je fronce à nouveau les sourcils, qu’est-il en train de sous-entendre ?
Pense-t-il que c’est moi qui glissai à la demoiselle l’information de notre aventure passée ? Que croit-il, que j’ai besoin de ce genre de scandale pour attirer la lumière à moi ? Je préfère rester dans l’ombre plutôt qu’être pointée du doigt pour mes frasques passées et une naïveté supposée. Sa suspicion, bien qu’humaine, me vexe légèrement. « Tu veux dire à part sous-entendre que sa fille était une bâtarde ? » J’ai peut-être piqué la jeune femme, je l’ai poussée à sortir de ses gonds mais à aucun moment je ne suis complice de son nouveau scandale. « Tu me crois capable d’être à l’origine de tout ça ? » Dans l’absolu oui, je ne rougis pas de ce genre de bassesse, mais jamais je n’aurais lancé une rumeur qui m’expose de la sorte et éclabousse mon mariage, et je n’ai pas la moindre raison de m’en prendre à Jamie non plus, parce qu’il reste un ami, et que même s’il ne l’était pas frapper un homme déjà à terre n’a que peu d’intérêt. Je laisse ce genre de chose à Mina. « Et en quel honneur je serais allée lui raconter ça ? C’est mon linge sale, autant que le tiens. » Je suis la première à ne voir les choses qu’à travers mes propres intérêts, je ne devrais pas être surprise que le brun en fasse de même, il est taillé dans le même bois que moi. « Je ne sais pas comment elle l’a appris, mais elle cherchait probablement à m’atteindre autant que toi. » Et nous ne sommes pas cousines pour ce que ça vaut, je préférerais mourir asphyxiée que de devoir supporter l’idée de faire partie de la même famille qu’elle, même par alliance et, fort heureusement, ce n’est pas encore le cas.
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| | | | (#)Ven 20 Mar 2020 - 16:45 | |
| Prendre un conseiller en relations publiques serait définitivement une bonne idée, me dis-je en détaillant Skylar. Parce qu’il est évident que malgré les leçons issues de trente années londoniennes dans l’ombre d’une famille sur le devant de la scène, je n’ai rien retenu de la gestion de crise. Preuve en est, le jour où Mina a frappé la première fois ; je n’ai eu nulle autre réflexe que d’aller noyer ma culpabilité dans un bar, conduire irresponsablement jusqu’à sa porte et l’insulter à tue tête jusqu’à ce que les voisins me fassent déloger de là. Un comportement glorieux qui a permis aux médias d’enfoncer le clou sans effort en dressant le pire portrait de moi. Alors aujourd’hui, il ne me vient pas à l’esprit de réagir à la seconde attaque. Toute manoeuvre me paraît à double-tranchant, toute décisions mauvaise. Y a-t-il véritablement quoi que ce soit à faire, une fois au fond du trou ? Qui nous considère, qui nous croit ? Bientôt, même l’estime de Skylar fera partie des souvenirs du bon vieux temps. “Well, suits you. Moi je n’ai plus d’image à sauver.” je rétorque à sa décision de se pas se cacher et assumer ma compagnie. Je ne saurais pas moi-même déterminer quel comportement aurait l’air le plus suspect ; elle avec moi en train de publiquement accorder nos violons pour possiblement trouver le meilleur bobard à cracher, ou le même duo bien planqué. L’un dans l’autre, la majeure partie du mal est déjà fait, alors la dentelle sur les détails a peu d’importance. Avec un rictus narquois, je vois le regard soudainement un brin paranoïaque de Skylar qui observe les alentours alors qu’elle tente de garder la face. Voilà, l’effet de mon estimable compagnie -et je sais que ce n’est qu’un début tandis que je narre, las et contrit, la fabuleuse fable de ma rapide et violente chute, toute la vérité. “Je n’étais pas prêt à perdre ni même concéder quoi que ce soit. C’est bien le problème.” je corrige aux allégations de la jeune femme. Manipulations et paroles en l’air sont bien le coeur de l’histoire, et j’ai cru que mon statut me permettrait de m’en sortir indemne. Parce que je suis l’homme, parce que je suis -j’étais- le patron du magazine, parce que j’étais supposé être capable de la défaire bien plus rapidement et facilement qu’elle ne pouvait entacher ma réputation. Le monde ne tourne plus dans ce sens-là. Le pire est sûrement d’avoir été mis en échec par une gosse.
Que Skylar soit désormais de mèche ne serait ni improbable, ni surprenant. Cependant, la jeune femme me fait comprendre qu’elle a ses propres griefs contre la Farrell. Celle-ci a décidé de faire d’une pierre deux coups. Elle aurait pu vouloir surfer sur la vague, se poser en victime afin qu’on parle d’elle ; souvent, les gens ne se soucient pas de la manière, tant que l’on parle d’eux. Je saisis que mes suspicions sont infondées, la brune me le rabâche généreusement, mais qu’on ne me blâme pas pour manquer de confiance. En ce moment, je ne sais pas vers qui me tourner. Le moindre mauvais choix pourrait me valoir un couteau dans le dos. “Je n’en sais rien, Sky. Je continue de m’émerveiller de l’ampleur de la mesquinerie dont est capable le genre féminin, alors plus rien ne m’étonnerait.” Il n’en faut pas plus pour que mon ton monte trop haut, trop vite, pris d’impatience, rongé par la frustration, mon impuissance face à tout ceci. Alors j’inspire un grand coup, calme mes nerfs à vif. Ma main passe sur mon visage, le long de mon crâne. Ce n’est pas Sky le problème. Ce n’est même pas Mina. Mais si je dirige cette colère vers la bonne personne, je ne pourrais définitivement plus vivre avec moi-même. Je souffle, un peu plus terre à terre. “Peu importe comment elle l’a su”, je rétorque. Cela n’a pas la moindre importance à mes yeux dans l’immédiat. Plus tard, peut-être qu’avoir l’identité de cette personne et régler des comptes sera nécessaire pour éviter plus de dégâts que j’en ai déjà à essuyer. Mais pour le moment, il est prioritaire de réagir à la situation présente. “C’est déjà fait. L’important c’est de limiter les dégâts.” S’il est possible de réparer quoi que ce soit dans un cas pareil. Faut-il dire toute la vérité ? Quelqu’un le croira-t-il ? Qui pensera honnêtement que Mina, victime la première fois, endosse désormais le rôle de la tortionnaire ? La faire passer de lanceuse d’alerte à menteuse affrontée relève de l’impossible. Mais pouvons-nous faire quoi que ce soit pour ne pas porter ce mensonge comme étiquettes sur nos fronts ? “Je n’y connais rien aux gueguerres sur les réseaux sociaux. Je suppose que si tu publies quelque chose qui dément tout ça et qui explique la vérité, ça ne sera pas assez ?” De mon côté, je dois convaincre Joanne que tout ceci date d’il y a longtemps et qu’elle n’a pas à questionner ma fidélité. Fort heureusement, la jeune femme ne porte pas Mina dans son coeur et avait déjà accordé peu de crédit à ses paroles venimeuses la première fois.
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| | | | (#)Sam 21 Mar 2020 - 18:57 | |
| the cost of lies Skylar Whitaker & @Jamie Keynes
J’ai du mal à reconnaître Jamie dans la peau de ce personnage résolu à accepter ce qui lui tombe dessus sans plus se battre, et mon éduction m’empêche même de l’interroger sur son laisser aller. Il n’a plus l’allure fière du rédacteur en chef de l’un des plus gros magazines du pays, du philanthrope controversé mais respecté, il m’a simplement l’air d’un homme abattu. Je ne peux lui jeter la pierre cependant : l’acharnement médiatique qu’il a subi ces derniers temps aurait fait perdre de leur superbe à bon nombre de personnes, et il tombe de haut le brun. Je suis la première à reconnaître l’importance d’une réputation, elle se tisse, se travaille et s’entretient avec le temps, c’est un travail de chaque jour que de garder une image impeccable et une bonne place en société. Je le rassurerais bien en affirmant que le pire est derrière lui et que le prochain scandale enterrera celui autour de ses écarts, mais je n’ai pas cette certitude : la moindre rumeur de liaison lui éclatera à la figure et sera associée à un potentiel chantage, et il deviendra la cible des profiteuses en tout genre. Ce n’est pas qu’un mauvais moment à passer. S’il mène bien sa barque peut-être se relèvera-t-il un jour, mais il faudra du temps. Et si de nouvelles histoires, à l’image de la nôtre, continuent à refaire surface, il est même impossible de dire que la tempête est passée. « Well, suits you. Moi je n’ai plus d’image à sauver. » Je hausse les épaules, tout de même pas aussi défaitiste que lui. « Avec un bon chargé de relations publiques pourtant tu pourrais. » Je ne suis pas en train de proposer mes services : je suis la dernière personne qui peut l’aider à redorer son image, compte tenu des circonstances. « Je pourrais t’adresser à quelques confrères. Des qui n’appartient pas au cabinet qui portent mon nom, évidement. » Cela va de soi. Je ne lui propose pas la charité et ne tenterait pas de le convaincre vaille que vaille si toutefois il refuse : je n’ai pas le cœur sur la main et je n’ai que faire de convaincre quelqu’un qu’il a besoin d’aide s’il ne la réclame pas. « Je n’étais pas prêt à perdre ni même concéder quoi que ce soit. C’est bien le problème. » Je fronce les sourcils, et j’avoue avoir du mal à comprendre comment il espérait se tirer d’une telle situation. « Et tu espérais quoi au juste ? Qu’une gamine capricieuse et pourrie gâtée par la vie comme Carmina Farrell se laisserait rouler sans rien dire ? » C’est idiot, mais en ce qui concerne les hommes et leur propension à réfléchir avec leur entrejambe plus rien ne pourrait me surprendre. Certaines femmes ne sont pas en reste non plus cela dit.
Ce qui me surprend plus c’est qu’il ait pu penser que je suis associée de près ou de loin à cette révélation. Ne réalise-t-il pas qu’en plus d’être mariée et – en apparence – heureuse en ménage j’ai une réputation à laquelle je tiens ? Un boulot qui me demande souvent d’être sur le devant de la scène et donc, d’être crédible ? Je n’ai pas besoin d’argent non plus, et il le sait. « Je n’en sais rien, Sky. Je continue de m’émerveiller de l’ampleur de la mesquinerie dont est capable le genre féminin, alors plus rien ne m’étonnerait. » Je croise mes bras sous ma poitrine et sans oser le ton, je le mets devant ce discours qui me semble à moi incohérent au possible. « Je suis mariée et j’exerce le boulot le plus public qui soit. J’ai du mal à voir ce que je pourrais retirer de tout ça. » Et s’il a du mal à voir les conséquences dramatiques que ce scandale peut avoir sur ma vie à moi aussi, c’est qu’il est réellement aussi centré sur son nombril que je ne le suis ce qui, au fond, ne me surprendrait pas plus que ça. Moi aussi si je l’ai appelé et lui ait donné ce rendez-vous, c’est pour accorder nos violons dans le but de garder la face et surtout de préserver Nolan. Je serais désolée que son mariage ou son image - même s’il est déjà tombé en disgrâce – ne souffre aussi de tout ça, mais c’est secondaire depuis ma fenêtre égocentrique. « Peu importe comment elle l’a su. C’est déjà fait. L’important c’est de limiter les dégâts. » Je hoche la tête et ce simple mouvement dit : « c’est pour ça que je suis là. » Ce n’est évident pas pour prendre de ses nouvelles sans quoi je les aurais invité à dîner lui et son épouse, ainsi que le reste de la clique de laquelle Nolan s’est rapproché. « Je n’y connais rien aux gueguerres sur les réseaux sociaux. Je suppose que si tu publies quelque chose qui dément tout ça et qui explique la vérité, ça ne sera pas assez ? » Je pousse un soupir et pince mes lèvres, avant de réfléchir sérieusement à la question. « C’est de toute façon un passage obligatoire. Je le ferai demain en fin de matinée, une réaction trop vive laisserait penser que j’ai quelque chose à cacher… Et ce n’est pas le cas. » Ce n’est pas tout à fait vrai, si c’est anecdotique aujourd’hui, Nolan n’a pas à savoir qu’avant que notre relation devienne sérieuse j’ai continué à papillonner et à froisser les draps de Jamie à quelques reprises. C’est accessoire, ça n’a plus la moindre importance, mais il se sentirait trahi, plus qu’il ne doit déjà avoir l’impression de l’avoir été. « Je serai brève, j’expliquerai que notre liaison remonte a il y des années, que nous étions tous les deux des adultes consentants et célibataires, et qu’en aucun cas mes faveurs n’ont été monnayées d’une quelconque façon. » Je rajoute même, parce que je sais que cela sera convaincant. « Je ferai comprendre que je suis peinée et scandalisée que l’on se permette de s’immiscer ainsi dans ce qui relève du domaine du privée ainsi que de l’acharnement contre toi. » Un bon moyen de mettre fin à des quelconques rumeurs qui pousserait le public à croire que je suis derrière cette révélation, surtout après que Mina ait suggéré un lien de parenté entre nous. « C’est Nolan qui m’inquiète. » C’est égoïste, peut-être, mais je ne pense qu’à mon mariage. « C’est pour lui que je voulais accorder nos versions. » Autrement dit et j’espère qu’il le comprendre sans que je n’ai à tourner autour du pot : je n’ai pas l’intention de lui dire toute la vérité.
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| | | | (#)Mar 31 Mar 2020 - 20:28 | |
| « Et tu espérais quoi au juste ? Qu’une gamine capricieuse et pourrie gâtée par la vie comme Carmina Farrell se laisserait rouler sans rien dire ? » Mes yeux se plissent, comme pour relire la même phrase trois fois afin d’être certain de tout saisir, à la recherche de quelque chose à corriger, quelque chose qui me dédouanerait un peu. Mais Skylar a juste sur toute la ligne, c’est aussi simple que ça. Je pensais que Mina encaisserait la déception comme une grande et qu’elle tiendrait sa langue, qu’elle ravalerait son ego trahi par sa naïveté et qu’elle en tire de précieuses leçons pour la prochaine fois. Au final, c’est une millennial qui m’apprend comment fonctionne le 21e siècle avec une déculottée. “C’est bien résumé, oui.” j’acquiesce en haussant les épaules. Je pourrais presque rire du ridicule de ce postulat. Mis en mots, récité tout haut, toute cette situation et ce qui m’était passé par la tête ce soir-là est encore plus absurde. Je saisis mieux pourquoi tout le monde tombe des nues -après avoir pris le temps de m’insulter. C’est risible, et c’est à la hauteur d’un homme qui n’a jamais eu l’ambition de se hisser à la hauteur des gros requins. Qu’importe ce que je voulais prouver, aux autres, à Mina, à moi-même, toute cette démarche ne me ressemblait pas dès le départ, et c’est bien parce que je ne suis pas taillé dans le même bois que ceux qui ont l’habitude de ces manoeuvres et s’en sortent à chaque fois. Et si Mina n’avait rien dit, si elle n’avait pas tout dévoilé ? Je m’en serais tiré, conforté dans mon pouvoir dont j’allais pouvoir continuer d’abuser. Si elle n’y avait pas coupé net, qui sait si je ne me serais pas enfoncé plus profondément cette voie-là ?
La leçon est durement apprise. Si pendant un moment je songe que Skylar puisse être de mèche concernant cette seconde couche orchestrée par Mina, le doute s’estompe rapidement. Le raisonnement logique de la jeune femme bat aisément mes élans de paranoïa. Je me concentre désormais sur la solution à apporter à ce problème, notre problème maintenant que nous sommes dans le même bateau. Les gens comme Mina et Sky savent faire usage de toutes les fonctionnalités des réseaux sociaux -moi, ces choses m’ont toujours échappé, et je me suis prêté au jeu uniquement lorsque le service communication d’ABC me l’avait imposé à l’époque où je tenais encore une émission sur leur antenne radio. Il fallait une présence numérique à tout prix -et non, mon assistante ne pouvait pas en avoir la responsabilité. Alors je laisse à Skylar le choix de la manoeuvre. Un démenti complet et une attestation sur l’honneur que rien de ce qui a pu se passer entre nous n’a été monnayé ou contraint. J’imagine que de la principale intéressée, cela doit bien peser son poids dans la balance. Qu’elle évoque un acharnement à mon encontre me surprend un peu plus. “C’est…” Gentil ? Dans la mesure où un démenti dans ce genre est autant dans son intérêt que dans le mien, la gentillesse n’a rien à voir là-dedans. Cependant, elle pourrait s’épargner le couplet qui prend mon parti et qui serait facilement à double-tranchant pour elle. Cela, en revanche, je peux le saluer. “J’apprécie.” dis-je avec un signe de tête à interpréter comme un merci. Jusqu’à présent, le nombre de personnes qui se sont mouillées pour mon honneur se comptent sur les doigts d’une seule main.
Le second aspect fâcheux, et non en reste une fois le public géré, est le privé. Qu’allons-nous dire à nos compagnons respectifs ? Skylar s’inquiète de la réaction de Nolan, et moi, je sais déjà que Joanne sera encore plus déçue qu’elle ne l’est déjà. Lui expliquer que cette liaison a eu lieu des années avant notre rencontre sera à peine suffisant pour l’apaiser. Me partager, même au passé, est toujours compliqué à digérer pour mon épouse. Mais la situation est moins grave que si l’affaire révélée aujourd’hui datait du mois dernier. De la même manière, je pense que Nolan finirait par avaler la pilule. Avoir désormais conscience que sa femme est passé entre mes mains avant les siennes pourrait bien avoir ses conséquences sur notre amitié, mais j’ai bon espoir qu’il applique la philosophie : le passé appartient au passé. “Ca ne me paraît pas sorcier, il suffit de lui expliquer tel que ça s’est déroulé.” J’ai rencontré Sky peu après mon arrivée à Brisbane et mon divorce, nous nous sommes physiquement très bien entendus pendant un moment, puis il est apparu dans le tableau et alors que leur relation devenait sérieuse, notre liaison futile prit naturellement fin. La période de transition entre ces deux relations ne fut pas sans bavure, mais à ce moment là, aucun des deux partis n’avait le potentiel d’une histoire sérieuse. “Peut-être qu’il comprendra. Il appréciera sûrement qu’on fasse la lumière sur tout ça. C’était il y a longtemps, peut-être même que ça ne l’atteindra pas.” Skylar n’est pas la première, ni la dernière, à jouer sur deux tableaux en attendant qu’une opportunité de stabilité se présente. Nolan a certainement lui-même agi de la sorte au moins une fois dans sa vie. Qui serait-il pour nous juger là-dessus ?
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| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 13:34 | |
| the cost of lies Skylar Whitaker & @Jamie Keynes
« C’est bien résumé, ou » Je lève les yeux au ciel lorsqu’il me le confirme, pas tant parce que je le juge, mais parce que j’ai dû mal à penser qu’un homme que je respecte, que je considère comme intelligent et réfléchi puisse se laisser avoir pas la fausse innocence de Carmina Farrell. Il y a écrit gamine capricieuse partout sur son front, je suis certaine que plus jeune elle a toujours eu trois ou quatre nourrices prête à se plier en quatre pour satisfaire le moindre de ses désirs, et il pensait qu’elle était du genre à accepter un non ? J’ai du mal à le concevoir mais peut-être est-ce parce que ses yeux en amande et son minois de gamine ne me séduisent pas, moi. Qu’il ait été idiot en revanche ne change rien à ma certitude qu’il ne mérite pas le tapage médiatique autour de cette affaire, qu’il ne mérite pas que les journalistes et associations de défense des droits de la femme s’acharnent sur lui comme ils le font. Parce que je connais Carmina. Parce que ce n’est pas une question d’intégrité physique, parce qu’elle n’a eu aucun scrupule, j’en suis persuadée, à vendre ses charmes pour s’attirer un peu d’attention et faire la couverture d’un magazine. Non, elle ne se sent pas honteuse et salie : elle est simplement remontée parce qu’elle a été dupée. Je ne verserait pas une larme pour l’histoire qu’elle raconte aux médias mais je ne suis pas assez idiote pour le formuler de la sorte, je n’ai pas envie d’être clouée au pilori et montrée du doigt plus encore que Jamie parce que je suis une femme, un monstre donc si je ne la soutiens pas. Par contre j’ai l’intention de remettre les pendules à l’heure, et de faire comprendre que je ne cautionne pas que cette histoire se soit transformée en vrai pugilat. Keynes n’a pas abusé de son influence pour obtenir des faveurs de Carmina, je suis persuadée qu’elle-même aurait pu trouver cette idée toute seule et chercher à l’attirer dans ses filets, à jouer de ses charmes : c’est autour de ça que je construirais sa défense si j’étais sa chargée de relation publique. La réputation de l’héritière ne joue pas en sa faveur, elle compte plus de frasque à son actif qu’il homme connu pour son engagement philanthropique (si on oublie les quelques scandales qu’il a aussi accumulés). « C’est… J’apprécie. » Je hoche les épaules. « C’est rien. Je déteste Carmina et je détesterais qu’elle s’en sorte si facilement et se fasse passer pour une martyr. » Lui comme moi savons qu’elle ne l’est pas, la sainte victime qu’elle cherche à incarner.
Très égoïstement, ce n’est pas tant pour mon image et ce qui sortira dans la presse que je me fait du souci. Moi je n’ai rien à craindre d’avouer avoir eu une aventure à une époque où j’étais célibataire, et si mes clients les plus machistes exigeront peut-être des explications j’ai les épaules pour ne pas me laisser démonter. Non, c’est pour Nolan que je me fais du soucis, parce que je le sais terriblement jaloux et prompt à s’énerver, parce que je sais qu’il m’accusera de lui avoir menti et qu’il ne peut sous aucun prétexte apprendre que durant les débuts de notre histoire il m’est arrivé de m’égarer. Nous n’étions pas en couple et n’avions défini aucune étiquette mais je doute que de son côté il considère la chose de la même façon. Il douterait de mon amour, il douterait de ma loyauté et s'engouffrait dans la brèche pour ranimer toutes nos récentes querelles. Mon travail auprès de Camil, ma mauvaise entente avec sa soeur et la championne de toute : mon refus d’envisager de concevoir avec lui un enfant. « Ca ne me paraît pas sorcier, il suffit de lui expliquer tel que ça s’est déroulé. Peut-être qu’il comprendra. Il appréciera sûrement qu’on fasse la lumière sur tout ça. C’était il y a longtemps, peut-être même que ça ne l’atteindra pas. » Je secoue la tête. « C’est mal connaître Nolan. Je lui ai menti, tu lui a menti, j’imagine qu’il doit déjà être en train de nous maudir tous les deux. » Et j’en suis désolée pour lui, parce que je sais que leur amitié sera mise à mal, mais je n’ai jamais imposé à Jamie mon mensonge par omission. « Il ne peut pas savoir. » Je tranche, sûre de moi. « La version qu’on lui offrira doit raconter que notre liaison s’est terminée dès que lui et moi avons commencé à nous voir. Non, mieux, quelques semaines avant que je ne le rencontre. » Je n’affiche aucune honte à déformer la réalité, à palier à un mensonge par un autre, aussi inoffensif à mes yeux. Je réalise que je peux sembler égoïste, alors je pousse un soupir et l’interroge à mon tour. « Je suis désolée pour tout ça. » Façon de parler, formule de politesse. « Et Joanne ? Comment prend-elle la chose ? » Il ne lui a peut-être pas parlé depuis que Carmina a fait éclater au grand jour notre aventure passée, mais j’imagine que son mariage doit déjà être ébranlé par les précédentes révélations de l’héritière.
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| | | | (#)Dim 26 Avr 2020 - 23:41 | |
| Le refus de Skylar était catégorique : elle ne dirait pas la vérité à son mari et se montrait même tout à fait capable de déformer les événements pour lui être profitables. Si notre aventure avait pris fin des semaines avant qu’elle et Nolan ne se rencontre, aucune marge d’erreur n’était possible en terme de chronologie et les doutes du jeune homme devraient s’estomper en un claquement de doigts -si tant est qu’il tombe dans le panneau sans poser de questions. La mâchoire de Jamie demeura entrouverte tandis qu’il ne trouvait pas les mots pour protester ou traduire son ébahissement. A son sens, ajouter une nouvelle couche de mensonge était un non-sens et la pire idée que Skylar ait pu émettre pour solutionner le problème. C’était se tirer une balle dans le pied -dans leurs pieds. Mais l’anglais était-il véritablement en position de remettre en question la stratégie de la jeune femme, voire de la refuser, sans creuser sa propre tombe plus profondément encore ? Le fait était qu’il se trouvait nullement en position de donner son avis sur la question. Sky lui offrait son aide pour calmer la seconde vague de tempête médiatique, il devait se montrer coopératif et l’aider à son tour à éviter les vagues dans le mariage de ses amis. Jamie émergea de ses pensées lorsque Joanne fut mentionnée. Pour dire vrai, il n’était pas impatient de connaître le fond de la pensée de son épouse face à ce nouveau revers. “Je ne sais pas encore, nous ne nous sommes pas croisés depuis que cette affaire-là est sortie et nous ne sommes pas du genre à nous envoyer des sms à longueur de journée.” L’historique de leur conversation consistait surtout en lui l’informant qu’il rentrerait tard à cause du travail et que, non, il ne pourrait pas aller chercher Daniel à la crèche. Depuis que le facteur travail était sorti de l’équation, c’était le calme plat dans leur messagerie commune. “Je pense que ça devrait aller, songea Jamie avec un faible optimisme. C’était bien avant qu’on se rencontre, elle et moi. On a chacun eu une vie l’un avant l’autre, il faut faire avec.” Joanne était une femme jalouse cependant et toute aventure passée était vue d’un mauvais oeil. La poignée de femmes avec qui le brun avait tenté d’oublier son chagrin lors de leur année de séparation -et dont Mina faisait partie- était un sujet particulièrement tabou. Jamie assumait chacune de ses conquêtes, n’ayant jamais été infidèle à sa femme même bien avant qu’ils soient officiellement liés par le mariage. “Peut-être qu’elle ne dormira pas à la maison cette fois encore histoire de ne pas supporter ma face d’abruti le temps de digérer tout ça.” ajouta-t-il en levant les yeux au ciel, d’ors et déjà préparé à cette éventualité. Ce qui lui permettait de croire que la jeune femme ne ressentirait pas une nouvelle dose de déception à son sujet, c’était qu’elle ne connaissait pas Nolan, qu’elle n’avait pas d’attaches émotionnelles vis-à-vis d’aucun autre protagoniste de l’affaire. A ses yeux, cela ne serait qu’une liaison qui avait eu lieu bien des années auparavant. Avec la bonne explication et les bons mots, Jamie pensait s’en sortir à bon compte. Ce qui lui fit jeter un nouveau regard sur la décision de Skylar de mentir à Nolan. Ses tripes lui disaient que cela n’était pas la bonne manière de faire -et Dieu savait que le Keynes en connaissait un rayon en terme de mauvaises manoeuvres et fausses bonnes idées. Il ne pouvait pas laisser Sky les enterrer de la sorte ; un mensonge pareil n’était rien d’autre qu’une bombe à retardement. “Ecoute, à propos de Nolan…” débuta Jamie timidement, fuyant le regard de la jeune femme. Oh, elle allait être contrariée pour sûr, et c’était peut-être à sa bouée de sauvetage qu’il renonçait en décidant, pour une fois, d’emprunter le chemin le plus moral. “Je ne vais pas lui mentir, d’accord ? On ne réglera pas un problème créé par un mensonge avec un autre mensonge, ça n’a pas de sens. Et s’il découvre le second mensonge pour couvrir le premier, ce sera pire encore.” Il n’y a pas de raison pour qu’il l’apprenne, lui dira-t-elle sans aucun doute. Mais Jamie apprenait à la dure que tout finissait par se savoir un jour, comme une punition pour les mauvaises actions. S’ils ruinaient leur chance d’admettre les événements qu’ils avaient eu lieu en disant toute la vérité, ils ne feraient qu'aggraver leur cas. “Je pense qu’il faut assumer ce qu’il s’est passé, lui dire que ce n’était rien de sérieux et que ça a eu lieu très ponctuellement quand votre histoire n’était pas sérieuse non plus. Je lui dirais que je me suis mis en retrait dès que vous avez commencé à vraiment vous fréquenter et que depuis il n’y a plus rien eu.” Ce genre de preuve d’amitié pouvait lui faire gagner des points aux yeux de Nolan. “On ne lui en a pas parlé pour éviter des dramas qui n’avaient pas lieu d’être parce que cela aurait entaché ce que vous étiez en train de construire. Il comprendra ça.” Leur décision de taire cette aventure au moment des faits n’avait que de bonnes motivations, et il était su de tous que l’enfer était pavé de bonnes intentions. Cependant, les chances de Jamie d'en convaincre Sky étaient plus maigres que Kate Moss. |
| | | | | | | | (Skylar&Jamie) • the cost of lies |
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