| floating on a breeze + spencer |
| | (#)Ven 14 Fév 2020 - 4:25 | |
| Le Belle Époque était orné de ce superbe plafond végétal dont les longues fougères formaient une cascade au-dessus des têtes des clients. Feuilles et pétales ponctuaient toute la décoration du salon de thé du luxueux hôtel où il était possible de goûter des dizaines d'infusions et de merveilleuses pâtisseries dans une atmosphère parisienne du début de l'ère industrielle. Un petit coin de Paradis, de l'avis de Kelly qui appréciait flâner ici, dans le bain doré de la lumière des premières heures du jour, après avoir déposé une caisse de champagne au bar -car la clientèle de l'Emporium tendait à apprécier les fines bulles avec leur macaron, même dès le matin, au saut du lit. Il y avait quelque chose de magique dans cette salle, relevant à la fois du voyage dans le temps, mais aussi dans l'espace. Chaque morceau de carrelage, chaque chaise à l'assise en osier, chaque petite table ronde respirait le cliché parisien. Elle aimait se croire là-bas, faute de s'y être déjà rendue hors de ses rêveries. Cela respirait d'un romantisme fleur bleue comme elle y était sensible. Il sonna six heures ; les hôtes dormaient, mais dans les restaurants de l'hôtel, on s'activait. En ce jour de Saint-Valentin, la rigueur et le perfectionnisme allant de paire avec le prestige de l'établissement n'accordaient pas le moindre droit à l'erreur, une pression palpable sur les épaules de chaque membre de l'équipe. Chaque détail devait être impeccable pour cette journée toute spéciale dans le coeur de ceux qui n'ont pas encore laissé le cynisme de la société tirer leur enthousiasme vers le bas. Lee se fichait bien que ce soit une fête commerciale ou non. Il ne pouvait rien y avoir de négatif à dédier une journée entière à l'amour, l'amitié, l'affection pour son prochain. Et ceux qui le dénigrait étaient de parfaits idiots dont la moralisation leur conférerait des rides plus rapidement. Pour l'occasion, avec le brunch serait proposé un champagne doux et sucré à la robe rosée et aux arômes de fleurs que la sommelière avait déniché auprès d'un de ses cavistes réguliers. Elle savait d'avance que les clients en seraient ravis et souriait à pleines dents, bien loin du stress général. Il était hors de question que les récents événements survenus dans sa vie -et qui en remettaient en question bien des aspects- viennent perturber cette allégresse du jour. La brune souhaitait, pour aujourd'hui, se focaliser sur les bonheurs simples, partager celui des amants qu'elle croiserait tout au long de la journée, et mettre de côté le reste. Elle humait avec gourmandise cette merveilleuse odeur de pain chaud tout juste sorti des fours de la cuisine, avec les croissants et les chaussons aux pommes. Il n'existait pas senteur plus réconfortante d'après elle. Et, poliment, elle quémandit un quignon de pain doré et fumant à déguster sur un coin de table avec un expresso avant de continuer son réapprovisionnement des caves des autres restaurants de l'hôtel. Pareille lumière, plongeant dans la salle encore vide à travers les grandes baies vitrées, méritait que l'on s'arrête pour l'admirer.
Les talons carrés de Doloris -surnommée Dee- se mirent à claquer frénétiquement sur les dalles vernies. “Lee ! Lee, babe !" Kelly leva la tête dans un mouvement ralenti. Son regard suivit la jeune femme, de son apparition au coin de son champ de vision jusqu'à son arrêt devant elle, où il put détailler sur son visage un brin de panique et d'embarrassement ; l'expression d'une personne qui a besoin d'une faveur. Faveur qu'il ne sera pas dans la nature de Kelly de refuser -et ce pourquoi ses collègues se tournaient souvent vers elle, sans grands scrupules. "Est-ce que tu pourrais réceptionner les fleurs, sweety ? La petite a de la fièvre, il faut que je fonce chez le pédiatre." La sommelière n'eut jamais autre sentiment que de la peine pour cette petite chose prénommée Cressida par des parents qu'elle estimait sans cervelle. Elle appréciait Dee, mais infliger pareil sobriquet à un bébé, c'était absurde. "Si Presley doit s'en occuper elle-même, elle aura ma tête. Ne m'oblige pas à te supplier." Elle esquissa un sourire. La directrice de la restauration était une dure à cuir qui jouissait assez de la crainte qu'elle inspirait autour d'elle -cela forçait les troupes à se tenir à carreau sans avoir à lever la voix. C'était sûrement son allure froide qui faisait le travail pour elle ; Kelly la connaissait assez désormais pour savoir qu'elle était aussi moelleuse de l'intérieur qu'un chou à la crème. "Bien sûr, pas de problème. Accours vers ta progéniture." répondit la brune en indiquant la sortie à la maîtresse d'hôtel en roulant des iris. Celle-ci lui claqua un baiser sur la joue -au moment même où Lee s'apprêtait à porter à nouveau son café à des lèvres, le geste brusque manqua de le lui faire renverser partout. Mais Dee ne s'aperçut de rien -pas même du soupir que la jeune femme retint. "Merci, love. Le bon de commande est sur le comptoir."
La livraison était prévue dans une dizaine de minutes, d'après le bout de papier. Une rose pour chaque table, quelques gros bouquets, et de nouvelles fougères pour remplacer les plus fatiguées au plafond. L'équipe du fleuriste n'aurait pas le temps de chômer avant que les plus matinaux des clients ne commencent à pointer le bout de leur nez. Tout devait être prêt avant que le restaurant n'ouvre ses portes, à sept heures et demi. Kelly jugeait que le choix des fleurs était un brin trop cliché, mais dans le cadre du Belle Époque, du Paris du romantisme ultime, il ne pouvait pas trôner une autre variété, au fond. Alors elle termina son fond de café, goba la fin du bout de baguette croustillant, et aperçut rapidement la camionnette du fleuriste se garer dans la zone de livraison. Le logo floqué sur le flanc de l'auto lui parla immédiatement, et elle ne parvint pas à se souvenir de l'endroit où elle l'avait aperçu auparavant avant que le conducteur ne descende et apparaisse à sa vue. Bien sûr, c'était lui. Lui chez qui elle se rendait quasiment si fréquemment juste pour humer les fleurs, et repartait inévitablement avec un nouveau ficus, une orchidée, ou des graines de tulipes. Lui qui l'accueillait toujours avec le sourire, l'écoutait déblatérer au sujet de son chien, du temps, de la vie. Et voilà qu'il était, à son tour, sur le lieu de travail de la jeune femme -là où elle n'aurait jamais songé le croiser. "Hé, Spencer.", qu'elle apostropha. Kelly s'approchait, et l'aborda avec un sourire d'oreille à oreille. Dans le doute, elle se retint de lui claquer une bise sur chaque joue -elle doutait que cela soit fort conventionnel ou professionnel de sa part, étant donné le contexte. Alors elle croisa ses mains devant elle. "Je n'avais pas réalisé que c'était toi qui viendrait. Le nom de la boutique sur le bon me disait quelque chose, mais je n'avais pas fait le rapprochement." L'aurait-elle fait que cela n'aurait pas changé grand-chose au fait qu'elle trouvait cela à la fois amusant et étrange de se rencontrer hors de la boutique du fleuriste, hors de leur décor le plus familier.
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| | | | (#)Lun 17 Fév 2020 - 18:17 | |
| 4h30, c’est la Saint-Valentin, son réveil sonne. Spencer n’a pas beaucoup dormi, occupé une grande partie de la soirée et du début de nuit à planifier cette journée. La plus importante de l’année pour un fleuriste, après la fête des grands-mères. Le Lynch hésite à se faire un café, n’aimant pas le goût amer, mais appréciant l’effet, il sort un sachet d’instantané en baillant, imité par son chat qui s’étire en en se faufilant entre ses jambes. Nourrissant le fauve le temps que l’eau chauffe, il se repasse le programme de la journée. Dans une demi heure, si tout vas bien, l’intérimaire qu’il a embauché pour la semaine devrait arrivé. En ajoutant du lait et une quantité non négligeable de sucre à son “café”, Spencer prit pour ne pas avoir de mauvaise surprise, le jeune étudiant n’était pas du métier mais avait su se montrer attentif, efficace, n’avait rien cassé et était pour le moment toujours arrivé à l’heure, arrivé tout court même ce qui lui changeait de son dernier employé en date. Il finit d’avaler sa mixture, savourant les grains de sucre non fondus mais un peu caramélisés au fond de sa tasse. Habillé et nourri avec deux barres de céréales et deux autres en secours dans sa poche, il ferme son studio et descend au magasin. L’espace déborde de fleurs, des roses principalement obligatoire en cette saison, mais aussi des orchidées ou des lys, la préférence personnelle du fleuriste qui les trouve plus sophistiqués. Il se faufile entre les seaux rempli d’eau et de fleurs, les pots en grès dont les compositions dates de la veille au soir et les bouquets et couronnes destinées aux particuliers. Les petites ardoises plantés dans les compositions étant prévue pour écrire à le demande le prénom du valentin ou de la valentine, ou tout autre mot doux. Certaines étaient déjà préremplies pour les indécis. Son intérimaire, Simon, arrive, il est cinq heures passée de peu. Ensemble, ils vérifient et corrigent les quelques pétales flétrie et autres petits défauts des bouquets et roses prévues pour leurs premières livraisons. Celles-ci commencent par un arrêt au Belle Époque, le salon de thé de l’un des hôtels les plus luxueux de Brisbane. Le fleuriste avait décroché le contrat avec le salon depuis deux ans et espérait bien le conserver aussi longtemps que sa directrice le lui permettait. L'incroyable plafond végétale est pour lui un terrain d’expression unique, lui faisant découvrir sa créativité, bien qu’il faille respecter les codes de l’établissement et les recommandations appuyées de la directrice de restauration. Hormis le plafond, le hall de l'hôtel, l’ambiance, la décoration, lui rappelait étrangement Zagreb, enfin un hôtel dans ce style peut-être situé dans le centre historique de la capitale croate. Spencer ne se souvient pas de l'hôtel en question, encore moins d’y avoir mis les pieds, mais le style de luxe à la parisienne de l’Emporium, lui avait donné cet étrange impression de déjà vu, ce petit pic de nostalgie de l'Europe sans doute.
La livraison est prévue à six heures trente avec la maitresse d’hôtel Doloris, gentille, souvent pressée, toujours à donner des petits surnoms et insistant depuis qu’il la connaissait un peu mieux pour qu’il l’appelle Dee, ce que le croate ne s’était jamais résolu à faire. Il gare la camionnette sur la place réservée devant l’entrée du salon, encore fermé à cette heure mais déjà plein d’activité. L’ouverture est prévue dans une heure. Les bouquets et roses doivent être impérativement placés avant. Il se tourne vers Simon “ Tu t’occupe d’apporter les bacs de roses dans le hall, je te montrerais comment les placer sur les tables. Puis quand tu aura fini ça - Il réfléchit - Je devrais avoir fini le plafond. On installe le gros bouquet de l'accueil ensemble et on avisera pour les finitions. ” Il hoche la tête, Simon acquiesce en silence, l’air un peu fatigué. C’est parti. Le fleuriste range les clés dans la poche de sa veste et sort du camion. Il est accueilli par joyeux "Hé, Spencer." qui ne provient définitivement pas de Doloris. Surpris, il regarde s’approcher une Kelly tout sourire, sa bouche s’ouvre pour la saluer en retour mais son esprit hésite encore sur la manière de procédé. C’est le son de la portière arrière claquée sans délicatesse par son employé du jour qui le ramène au présent, à sa cliente préférée. Il lui sourit en retour avec un “ Salut Kelly ” qu’il espère joviale accompagnant sa parole en agitant la main alors qu’elle croise les bras en arrivant à sa hauteur. "Je n'avais pas réalisé que c'était toi qui viendrait. Le nom de la boutique sur le bon me disait quelque chose, mais je n'avais pas fait le rapprochement." Il ne peut s'empêcher de rire légèrement avant de se demander pourquoi elle attendait le fleuriste. Pas encore peiné par le fait qu’elle n’est pas reconnu tout de suite le nom de la boutique. “ Eh si c’est moi... Qu'est ce qui t’amène ? Tu remplace Doloris ou tu est venue boire un thé ? ” Il tente en se passant la main dans les cheveux, pas habitué à la voir en dehors de sa boutique. Kelly ou la seule cliente qui bénéficie de son programme de fidélité, inventé pour elle lors d’une discussion passionnée sur les différentes espèces d’orchidée et leurs spécificités. Il lui avait accordé une réduction en justifiant que ses nombreux achats correspondaient au nombre requis par le programme. Il avait eu l’impression de se perdre en explication mais elle avait ri alors il avait continué. La cliente qui avait suivi, et attendu plus d’une demi heure, avait également tenu à faire partie du programme, mais cela n’avait malheureusement pas été possible.
La vue Simon qui revient chercher le deuxième bacs de roses, lui rappelle la raison de sa venue et le timing serré, il se dirige vers l’arrière du camion pour prendre le bac contenant les fougères et autres tiges décoratives pour le plafond. Il devra faire un aller retour pour son escabeau. En se retournant vers Kelly, il hésite sur la marche à suivre “ Je dois rafraichir un peu le plafond dans l’entrée .. Tu veux voir ? ” |
| | | | (#)Jeu 12 Mar 2020 - 13:19 | |
| S’il était une personne que l’univers pouvait mettre sur sa route un jour comme celui-ci afin de s’assurer que le moral de la jeune femme demeure au beau fixe, il s’agissait bien de Spencer. Ils ne se connaissaient pas vraiment, au fond. Pas à proprement parler. Kelly s’intéressait aisément aux personnes qu’elle rencontrait et avait la conversation facile, si bien que personne ne demeurait un inconnu bien longtemps pour elle ; cependant, loin de se montrer intrusive, son savoir se contentait finalement d'effleurer la vie et la personnalité des gens. Ainsi, elle savait tout de Spencer le fleuriste, mais si peu du Spencer qui évoluait en dehors de la boutique. Kelly s’en fit la remarque tandis qu’elle creusait cette sensation bizarre depuis qu’elle l’avait aperçu descendant de sa camionnette, à la recherche d’une explication à cette brin de nervosité qui l’avait conquise. D’elle-même, la brune parlait bien peu. L’explication qu’elle livrait généralement était qu’elle n’aimait tout simplement pas faire tourner une conversation autour d’elle. La vérité était plutôt qu’elle craignait bien trop que ses interlocuteurs réalisent qu’elle n’avait rien d’intéressant à apporter. Être démasquée pour la coquille vide qu’elle était, telle était l’une de ses plus grandes craintes. Elle avait peu de visites au travail. Le milieu s’y prêtait peu. Un barman lambda pouvait discuter au comptoir avec un ami tout en continuant à servir des pintes de bière. Kelly, elle, dans un établissement de ce standing, se devait de suivre certaines étiquettes, certaines règles. La présence de Spencer n’en était que plus surprenante pour elle qui n’avait quasiment jamais à partager avec qui que ce soit son univers à l’Emporium. Il n’y avait véritablement que dans ce cas de figure précis que pareille rencontre aurait pu se dérouler. Le jeune homme semblait au moins aussi étonné qu’elle. Aussi mal à l’aise aussi. Un sentiment qui passerait en quelques minutes, songea-t-elle. “Eh si c’est moi... Qu'est ce qui t’amène ? Tu remplace Doloris ou tu est venue boire un thé ?” Un peu des deux, en réalité, bien que les fonctions de la brune n’aient strictement rien à voir avec celles de Doloris, elle était cependant bel et bien présente en lieu et place. Et elle sirotait un thé, une poignée de minutes plus tôt. “Dee a été obligée de s’absenter, petite urgence familiale, expliqua-t-elle consciemment afin de ne pas étaler la vie privée de sa collègue. Elle m’a demandé de veiller sur la livraison des fleurs pour elle. Je venais de finir de m’occuper de la cave. On y enferme les clients mécontents pour éviter qu’ils nous plombent sur TripAdvisor.” La tentative d’humour se solda par une terrible impression de ridicule, et persuadée de ne pas avoir été drôle pour un sou, Kelly bredouilla de quoi rétablir une vérité bien moins palpitante ; “Je m’occupe des vins, en fait.” Mais elle lui avait déjà dit qu’elle était sommelière, alors Spencer s’en doutait sûrement lorsqu’elle avait évoqué la cave. Quelle remarquable stupidité, Ward.
Tandis qu’il s’approchait de l’arrière du camion, Lee lui emboîta le pas. Elle-même n’était pas certaine du rôle qu’elle avait à jouer dans cette livraison en dehors de la simple signature du bon final et la coordination globale de la mise en place. Au final, c’était le fleuriste l’habitué de ces cas de figure et donc l’homme de la situation. “Je dois rafraîchir un peu le plafond dans l’entrée .. Tu veux voir ?” proposa-t-il, ce qui parut être une merveilleuse idée. Kelly acquiesça ; “Bien sûr.” Puis elle s’empressa de s’emparer du bac de fougères que Spencer tenait afin de libérer ses mains et lui permettre d’apporter l’escabeau sans devoir effectuer un aller-retour supplémentaire. “Laisse-moi t’aider, je ne vais quand même pas rester là bras ballants.” Malgré son allure gracile et son tempérament calme, Lee n’était pas du genre à tenir en place ou ne rien faire pendant plus de quelques minutes. La passivité était une chose qu’elle déplorait, notamment chez les jeunes générations. Elle avait besoin d’agir, d’aider, d’être utile, et faute d’avoir la force nécessaire pour déplacer l’échelle sans faire un désastre sur son chemin, elle opta pour les feuilles. La brune ne souhaitait pas non plus s’imposer. Elle déposa le bac et laissa Spencer s’installer comme à son habitude. Elle trouvait cela plaisant, je le voir faire son oeuvre. Maintenant qu’il était perché en hauteur, il n’y avait plus rien à faire pour elle, elle prit l’un des pieds de l’escabeau, se donnant l’illusion de sécuriser celui-ci, quand bien même son gabarit ne saurait empêcher la moindre chute. “C’est magnifique, n’est-ce pas ?” souffla-t-elle, les yeux rivés vers la canopée verte -ignorant le bout de fesse qui se trouvait également dans son champ de vision. Les murs et plafonds végétaux étaient une mode qui ne perdaient pas en adeptes au fil des années, initiée par une vague écologiste grandissante. Cela demandait cependant un entretien régulier et coûteux afin que la composition conserve toute sa superbe. “Maintenant que je sais que tu en es le fin artisan, ça ne m’étonne plus.” elle ajouta, vile flatteuse non sans sincérité. Il était important de souligner lorsqu’un travail était bien fait, et son admiration pour celui de Spencer n’était plus à prouver.
- Spoiler:
Avec mes plats excuses pour le délai
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| | | | (#)Dim 29 Mar 2020 - 9:04 | |
| Le planning est clair dans sa tête. L’arrivée de Simon, charger le camion, arriver à l’Emporium, livraison à la Belle Époque avant l’ouverture, tout juste une heure pour la préparation, puis départ vers le prochain restaurant, puis la chocolaterie avec laquelle il s’est associé cette année. Puis retour au magasin, rechargement et on recommence. Oui le planning est chargé, le timing est serré, c’est la Saint-Valentin, comme les années précédentes, comme les suivantes si tout va bien. Tout est donc bien clair pour Spencer, tel un sportif avant un match, enfin il imagine, car il n’est pas vraiment sportif, encore moins en compétition. Même si ça permet de garder l’esprit frais et dispo d’après les magazines bien-être, sa psy et son frère. Rester focus. C’est donc à son planning qu’il pense en garant son fourgon sur le parking. S'efforçant de penser pour deux, assignant à des tâches simples son intérimaire sans expérience. Il lui demande de s’occuper des roses et sort du camion.
Puis il oubli tout de son plan, son esprit devient blanc face à l’imprévisible. Ce petit hasard de la vie qui comme un petit cailloux ralenti le mécanisme. Mais là, en l'occurrence si le résultats est le même, il s’agit d’un joli cailloux. Ce n’est pas ce qu’il veut dire. Plus, comme un joli galet que l’on trouve sur un plage, un bon souvenir. Non. Clairement, ce n’est pas une bonne image, ses pensées s'enchaînent dans leur non-sens, l'empêchant de réfléchir alors qu’il regarde Kelly s’approcher. Il chasse tous ces pop-up qui divaguent et se concentre sur le sourire de celle qu’il ne s’attendait clairement pas à croiser ici. Aujourd’hui. A cette heure, dans ce contexte. Lui qui avait presque l'impression de la connaître dans le cadre rassurant de son magasin. Connaissant ses goûts, devinant ses prochains achats. Il se rends compte qu’il ne sait même pas ce qu’elle fait, en dehors de sa boutique. Enfin si elle est sommelière de ce qu’elle lui a dit, mais il n’a pas plus de détail. Il se rend compte que leur discussion tournait principalement autour des fleurs, de son magasin, de cet intérêt commun, et que de ce fait il n’a pas d’indice expliquant sa présence ici. Maladroit, il la salue et lui demande si elle est là pour remplacer Doloris, avec qui il s’occupe en général des livraisons. “Dee a été obligée de s’absenter, petite urgence familiale.” Oh ok, rien de grave il espère, mais il n’a pas le temps de demander la brune poursuit. “ Elle m’a demandé de veiller sur la livraison des fleurs pour elle. Je venais de finir de m’occuper de la cave. On y enferme les clients mécontents pour éviter qu’ils nous plombent sur TripAdvisor.” La cave… Enfermer les clients dans la cave. Spencer haussa les sourcils sans comprendre. Affichant toujours un sourire, il ne veut pas qu’elle soit mal à l’aise. Il fait un effort pour connecter deux neurones. Mais il lui manque des indications. “Je m’occupe des vins, en fait.” Et il comprend, ça fait tilt dans son regard. Oui, sommelière, elle lui avait dit en plus. “Aah d’accord ok, la cave .. ok” Il ri en retard à la plaisanterie hochant la tête. Elle est drôle. “Non parce que je me demandais pourquoi les clients à la cave tout ça... Quoique c’est une bonne idée … Pour les critiques je veux dire ! Enfin je doute qu’il y ai des clients mécontents …” Il s’embrouille maintenant donc il s’arrête de parler terminant sa phrase par un vague mouvement de la main.
Simon revient déjà chercher des roses, et Spencer profite de la distraction pour se recentrer sur sa mission, à savoir le plafond végétal dans un premier temps. Il attrape la caisse de fougère et propose à Kelly de l’accompagner. Pas vraiment sûr que ce soit la correct marche à suivre. Ce n’est pas vraiment ce qu’il fait avec Doloris d’ordinaire. “Bien sûr.” Elle lui attrape le bac, il n’y oppose pas de résistance, mais s’empresse d’ajouter “Ce n’est pas ce que je voulais dire… Enfin tu n’as pas à porter je peux le faire.” Mais elle ajoute “Laisse-moi t’aider, je ne vais quand même pas rester là bras ballants.” Le Lynch attrape donc l'escabeau, tâchant de ne pas heurter l’escalier, les portes où l’un des éléments de décoration du hall. Arriver sous le plafond, il lève la tête, occultant l’environnement qui l’entoure, il observe les défauts visibles, les endroit où les fougères sont le plus abîmées, établissant son ordre de priorité. L’ensemble est encore relativement bien conservé depuis sa dernière venue, les feuilles et fougères choisies tenaient assez longtemps. Il installe son escabeau sous le coin à gauche, installant quelques feuilles sur le plateau, il met ses gants et se hisse sur la dernière marche. Plongé ainsi la tête dans la jungle, s’appliquant à retirer les parties abîmées, à remplacer, à remettre en ordre, il en oublie presque la présence de la brune, jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole. “C’est magnifique, n’est-ce pas ?” Baissant le regard, il se rend compte qu’elle est en train de tenir l’escabeau d’une main, en l’observant. Il ne peut retenir un sourire à cette vue. “Maintenant que je sais que tu en es le fin artisan, ça ne m’étonne plus.” Il est gêné par la flatterie, les compliments le font rougir. D’ailleurs ses joues se réchauffent déjà. Il agite les mains, en souriant “..Merci ! ” Il se raccroche à l’échelle d’une main“Tu me fais rougir ..” Il attrape une des feuilles dans les tons de rouge prévue pour l’occasion “Je vais ressembler à ça !” Il ne sais pas pourquoi il dit ce genre de chose et ri de lui même pour éloigner sa gêne, puis se reconcentre pour terminer le coin.
Simon les rejoint au moment où il redescend pour déplacer l’échelle . “J’ai encore un bac à installer.” il lui annonce en jetant un regard rapide à Kelly et au plafond, le fleuriste hoche la tête. “Ok, je viendrai voir quand tu as fini.”. Il regarde sa montre, déjà vingt-cinq minute de passées. Il n’arrive pas à décider s’il est en retard ou en avance ou dans les temps, une chose est sûre, il doit avancer. En soulevant l’escabeau, il se dit qu’il aurait peut-être été poli de présenter l’intérimaire à Kelly. Mince. S’installant plus au centre, il se retourne vers elle pour s’excuser, mais un mouvement dans ses cheveux attire son regard. Il sent ses yeux s'écarquiller et ne doute pas que son visage exprime très bien sa stupeur à sa place. Levant une main avec prudence “Kelly, ne panique pas … Tout va bien …” C’est rassurant quand quelqu’un vous dit ça en général hein. “Tu as une petite araignée dans les cheveux”. Petite pour l’échelle Australienne il va sans dire, ne sachant pas comment la brune peut réagir. La bête doit venir des fougères. ça arrive. “Attend..” . Brave mais pas téméraire, il aurait pu l’attraper aussitôt avec les mains, la jeter et l’écraser sans ménagement sur le sol impeccable du restaurant. Mais elle risque de bouger. “Je vais l’attraper..” Au moins il porte des gants. Il s’approche muni du bon de livraison pour réceptionner la bête à huit pattes. - Spoiler:
Pas de soucis J'espère que c'est pas trop cliché, j'avoue j'ai hésité à le faire tomber de l'escabeau
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| | | | (#)Sam 11 Avr 2020 - 9:03 | |
| Elle le concédait, l’humour n’était pas l’un de ses nombreux talents et l’échec cuisant de sa piètre tentative de blague en était la preuve. Kelly s’essayait de temps en temps à l’exercice, mais le résultat était rarement meilleur que celui-ci : une compréhension du comique à retardement rendant le rire, si sincère, un brin nerveux. En somme, un malaise d’une poignée de secondes pendant lequel la brune ne savait pas où cacher son embarras. Être drôle n’était pas toujours simple lorsque, comme pour elle, le premier degré était souvent le seul qu’elle saisissait. Lorsqu’elle souhaitait faire rire, elle n’y parvenait pas vraiment tant cela ne lui était pas naturel, alors qu’en étant elle-même, naïve, maniérée, tantôt maladroite, elle pouvait déclencher des esclaffades qu’elle ne saisissait qu’à moitié. C’était peut-être sa seule manière de faire rire, au final. D’un commun accord, Spencer et Lee changèrent de sujet et passèrent à du concret ; après tout, le temps était compté pour le fleuriste qui n’était pas présent pour les badinages mais bien pour effectuer une tâche précise. Volontaire et refusant de demeurer là bras ballants, la brune lui prêta main forte comme elle le pouvait en portant une caisse de fougères depuis le camion jusqu’à l’intérieur du restaurant, puis en tenant vaguement l'escabeau sur lequel Spencer c’était perché. Elle saluait volontiers son travail, non pas dans un élan de flatterie, mais parce qu’elle estimait que le monde se penchait trop facilement sur les mauvais détails que sur les beaux accomplissements ; il lui tenait à coeur de souligner le labeur bien fait et encourager ce qui devait l’être, car tels étaient les aliments de l’âme. “Tu me fais rougir... Je vais ressembler à ça !” répondit Spencer, une plante couleur carmin entre les doigts. “...A une feuille ?” fit-elle spontanément. Kelly pencha la tête, yeux plissés, à la recherche du sens qu’elle ne saisit pas dans cette comparaison, parce qu’il ne pouvait vraisemblablement pas parler de la fougère. Mais lorsqu’elle comprit qu’il évoquait la couleur, semblable à celle de ses pommettes, il était trop tard pour ne plus avoir l’être sotte. Lee se retint de se taper le front contre l’escabeau. Elle ne pouvait qu’espérer que Spencer mettrait son surplus de pragmatisme sur le compte de l’heure fort matinale qu’il était alors.
L’australienne salua vaguement l’assistant du fleuriste qu vint reporter l’avancement de sa partie du travail. Elle n’avait pas saisi son nom, mais demeurait polie et souriante. Spencer reprit la main sur l’escabeau afin de le disposer un peu plus loin de la zone du plafond qu’il venait de terminer, et lorsqu’il se tourna vers elle, marqua un arrêt, les yeux écarquillés. “Kelly, ne panique pas… Tout va bien…” Si ce qu’il prétendait était vrai, il ne ferait définitivement pas cette tête. Si tout allait bien, il ne ressentirait pas la nécessité de le souligner. Il n’y avait pas meilleur moyen d’indiquer que quelque chose clochait que de prétendre le contraire avec un expression et un ton pareil. Pourquoi diable tout le monde faisait la même erreur ? “Tu sais, la dernière chose à dire à quelqu’un quand on ne veut pas qu’il panique, c’est de ne pas paniquer.” souligna-t-elle sans bouger d’un pouce, les pieds fusionnés avec le sol. Etait-elle décoiffée ? Sa robe avait-elle un faux pli disgracieux ? Etait-elle couverte de miettes du bout de baguette qu’elle dégustait tout à l’heure ? “Tu as une petite araignée dans les cheveux.” révéla-t-il. Kelly retint son souffle, les yeux un peu plus ronds. L’australienne qu’elle était savait fort bien que l’adage “ce n’est pas la petite bête qui mangera la grosse” n’était pas toujours vrai sur le continent. La plus petite des créatures pouvait être tant gorgée de venin qu’elle tuerait un homme dans la fleur de l’âge. Alors elle avait toutes les raisons du monde d’être méfiante, pour ne pas dire inquiète. “Attends… Je vais l’attraper...” Le brun s’approchait petit à petit, vaillamment armé du bon de commande dans le but de déloger l’insecte. Tandis qu’il approchait le papier de ses cheveux, Lee louchait légèrement alors qu’elle ne verrait pas plus la manoeuvre ainsi que le bout de son propre nez. Ce à quoi elle put assister, en revanche, fut le bond magistral qu’effectua l’araignée depuis son crâne jusqu’à celui du fleuriste. La brune plaqua ses mains devant sa bouche avec stupeur après avoir lâché un “oh mon dieu !” ; la bestiole ne comptait définitivement pas se laisser malmener sans répliquer. Elle se planquait désormais entre les mèches du jeune homme, et il n’était toujours pas possible de déterminer la dangerosité de la chose. Dans le doute, Kelly optait pour un sang froid très relatif. “Spencer, ne panique pas !” dit-elle à son tour, visiblement bien plus en proie à la peur que lui. Son regard cherchait autour d’elle un moyen de se débarrasser de l’insecte sans songer un seul instant à simplement récupérer le papier que le brun serrait dans sa main. “Qu’est-ce qu’il se passe ici ?” Interpellé par toute l’agitation, l’assistant apparut derrière elle avec la furtivité d’un fantôme, si bien que la surprise s’additionna à la panique grandissante de Lee ; elle sursauta, ou plutôt, elle bondit si fort qu’elle se heurta à Simon. Et dans une réaction en chaîne des plus absurdes, celui-ci tituba jusqu’à l’escabeau qui perdit à son tour l’équilibre et dégringola droit sur Spencer. L’araignée, elle, avait déjà fait un nouveau bond pour se mettre à l’abri, loin de toute cette saugrenuité.
Le bruit du métal s'écrasant sur les dalles de carrelage en pied de poule du restaurant émit une cacophonie absolument assourdissante. Le fleuriste était dans la trajectoire de la chute, mais Kelly ne savait dire s’il avait été frappé de quelque manière par la finalité de cet effet domino. “Spencer ! Je suis tellement désolée ! Tu vas bien ? Tu n’es pas blessé ?” demandait-elle en se précipitant vers lui. Voilà pourquoi il était parfaitement inutile de dire à qui que ce soit de ne pas paniquer.
- Spoiler:
oups, zut alors
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| | | | (#)Sam 2 Mai 2020 - 9:13 | |
| Concentré sur l'assemblage de fougères et de feuilles, cherchant les défauts. Travaillant maintenant en silence mais toujours conscient de la présence de Kelly, en bas de l’escabeau, assurant même si c’est inutile sa stabilité. Il pouvait sentir son regard sur son travail. Occupé sur la mise en place de nouvelles tiges adaptées au thème du jour, Spencer ne poursuit pas la conversation. C’est donc elle qui reprend complimentant son travail. N’ayant jamais eu cette capacité à avoir une réaction correcte aux compliments. Le type de réaction à la fois décontracté et humble qui permettraient d’accepter, remercier et de passer à autre chose simplement. Non, ce n’est pas vraiment dans ses cordes. Il souri donc, de son sourire sincère mais avec le rouge qui lui monte au joue. Et il dit la première chose qui lui passe par la tête. Comparant la couleur de son visage au seul accessoire qu’il a en main, la grand tige rouge qui trouvera bientôt place au plafond. Kelly semble surprise par sa répartie. “...A une feuille ?” Décidément, ils ont du mal à se comprendre. Encore plus gêné par la situation et comme il ne souhaite pas expliquer ce qu’il a voulu dire, car cela n’aiderai pas. Il agite la feuille en souriant toujours. Ajoutant après quelques longues seconde “Oui, non ... mauvaise comparaison”. Il rit Ok on recommence. La feuille rejoint donc le reste des fougères du coin gauche de la structure.
Il descend enfin de l’escabeau pour passer à une autre partie alors que Simon retourne installer le dernier bac de roses. Et c’est à ce moment là qu’il l’aperçoit. L'araignée. Confortablement installée dans les cheveux de la brune. Que faire ? Il choisi d’opter pour la phrase type la plus cliché, en levant une main qu'il veut rassurante. Espérant paraitre en total contrôle de la situation pour ne pas paniquer la brune. C’est d’ailleurs ce qu’il lui dit. “Tu sais, la dernière chose à dire à quelqu’un quand on ne veut pas qu’il panique, c’est de ne pas paniquer.” Elle n’a pas tord et il ne peut s'empêcher de sourire tout en gardant un oeil sur la bête qui aurait été capable de s’enfuir. La situation n’est pas dramatique en soi, il est vrai qu’il n’y a pas de quoi paniquer à proprement parler. Il la met donc au courant de la situation minimisant volontairement la taille de l’arachnide. Même si la perception de la taille est une notion relative, rajouter “petite” devant le nom ne fait pas de mal ici.
Petite ou pas, il faut la faire partir du crâne de la sommelière, d’une manière ou d’une autre. Il se demande un instant si c’est une de ces fameuses araignée australienne, venimeuse, mortelle que l’on voit dans les documentaires. Mais il n’est absolument pas expert dans le domaine. Si peu expert, qu’il est également possible que cela ne soit pas une araignée. Ça y ressemble beaucoup quand même. Armé uniquement de son bon de commande et de ses gants, il s’approche encore. Prévenant Kelly qu’il va la débarrasser de la bestiole. Concentré, Spencer se sent presque comme comme un de ces héros sans les films ou conte, volant au secours de la demoiselle en détresse. Presque. Kelly louche légèrement alors qu’il approche ses mains du haut de sa tête, il trouve ça mignon jusqu'à ce que l’araignée en ai marre d’attendre et décide de changer de tête. Faisant un saut digne des JO en hauteur et en longueur, pour rallier son visage.
“oh mon dieu !”
L’effet de surprise lui permet de ne pas paniquer tout de suite. Donnant l’impression d’un peu de sang froid de sa part. Il ramène tout de même rapidement ses mains vers son visage. Cherchant d’abord à tâton. Puis un peu plus précipitamment la fugitive. “Spencer, ne panique pas !” C’est ce qu’il tente de faire tant bien que mal. Il reconnaît là que cette phrase, ne sert à rien d’autre qu’à provoquer l’effet inverse. Sentant sa panique monter. Panique complètement irrationnelle, mis à part le potentiel danger mortel qui lui cours sur le cuir chevelu. Il l’a probablement déjà écrasé en serrant ses mains comme il le fait sur son crâne. Alors pourquoi il sent ses pattes partout dans son cou, dans son dos, sur ses bras. Il n’a pas peur des araignées. Il n’aime pas avoir des bêtes qui lui marchent dessus sans son accord, nuance.
“Qu’est-ce qu’il se passe ici ?” Il entend vaguement Simon qui semble être revenu. L'enchaînement qui suit est trop rapide et trop flou pour lui. Un observateur extérieur pourrait résumer ainsi, Simon fait sursauter Kelly, Kelly le bouscule, Simon percute l’escabeau, l’escabeau tombe sur le fleuriste, l’araignée va bien. Spencer fait à peine un pas en arrière que l’escabeau s’écrase sur le sol en marbre. Le frôlant de près en tout cas c’est l’impression qu’il a eu. mais il a dû être plus que frôlé à un moment donné, car, maintenant que le choc est passé, il ressent une petite douleur dans le haut de l’épaule et légèrement sur les cuisses, se trouvant sur la trajectoire. Instinctivement il porte sa main à l’épaule, relevant la tête, regardant tour à tour Simon puis Kelly, puis tous les visages tournés vers eux. Le bruit plus fort qu’une explosion de son point de vue a rameuté l’ensemble du staff et semble t-il réveillé l’ensemble de l'hôtel. “Spencer ! Je suis tellement désolée ! Tu vas bien ? Tu n’es pas blessé ?” Il ne répond pas tout de suite alors que Kelly se rapproche. Le fleuriste analyse toujours la situation regardant l’escabeau par terre puis le plafond. L’araignée insignifiante qui a conduit à cette situation lui revient à l’esprit et il se passe machinalement la main dans les cheveux. Insistant bien pour être sûr. Puis, enfin, il prend conscience que l’on attend une réponse, une réaction, une reprise d’activité de sa part. Reportant son attention sur Kelly, il tente un sourire pour dédramatiser. “Oui ça va, je n’ai pas été percuté” Le petite tension qu’il sent dans l’épaule le rappel à l’ordre mais il feint de ne rien sentir “Tout va bien, plus de peur que de mal ! Et toi ?” S’inquiétant soudain du sort de la jolie brune. Le silence dans le reste du hall est remarquable chacun semblant les observer au lieu de reprendre le cours normal de son activité. “On risque d’en entendre parler en tout cas !” Il se tourne vers son intérimaire. “Tu m’aide ?” Ils redressent ensemble l’escabeau. Provoquant un nouveau rafus en le fixant sur ses pieds. Il n’entend donc pas les rapides claquements de talon sur le sol. “Qu’est ce qu’il se passe ici ?” La nouvelle arrivée reprend la phrase de Simon mais d’un ton un peu plus sec et tranchant. |
| | | | (#)Mer 6 Mai 2020 - 17:48 | |
| Le fracas de l'escabeau s’écrasant sur le sol laissa planer de longues secondes figées dans le temps. Comme un sursaut suspendu, un instant où personne n’osa bouger, pas même respirer. Et puis le temps reprit son court si soudainement que Kelly eut l’impression d’avoir le vertige. Elle réalisa la chute, le danger, Spencer sur la course de l’échelle métallique ; elle se précipita vers lui pour s’assurer qu’il n’avait rien -rien d’autre que le même choc que le reste des employés du restaurant qui s’étaient rameutés hors de la cuisine. Du beau spectacle. “Oui ça va, je n’ai pas été percuté” assura le fleuriste, ce qui rassura la brune. “Tout va bien, plus de peur que de mal ! Et toi ?” Elle se contenta de hocher la tête, l’air de dire qu’elle n’avait rien. Elle accusait le coup, mais ses deux jambes, ses deux bras et sa tête étaient toujours où ils étaient supposés être, alors ce n’était en effet plus de peur que de mal pour elle aussi. “On risque d’en entendre parler en tout cas !” Le regard de Kelly glissa sur les commis, le chef et les serveurs qui continuaient d’observer la scène dans une aura de murmures. Elle déglutit. Depuis qu’elle travaillait dans cet hôtel, jamais ne s’était-elle faite remarquer, encore moins de la sorte. Elle était ponctuelle, sérieuse, consciencieuse, pas du genre à faire des vagues. Cette soudaine attention la mettait particulièrement mal à l’aise. Mais le pire restait à venir, et elle ne le comprit que lorsqu’une nouvelle voix retentit dans le Belle Epoque. “Qu’est ce qu’il se passe ici ?” La sommelière tourna vivement la tête, prise de panique. Ce timbre, ce ton, ce n’était pas n’importe qui ; c’était la directrice de la restauration. “C’est Presley.” fit Kelly, sans se douter que Spencer ne la connaissait sûrement pas. Il ne pouvait donc pas comprendre la crainte qu’elle inspirait dans les rangs, seulement en témoigner, à voir tous les employés se presser afin de retourner à leur poste comme des fourmis dispersées du rang. “Je m’en occupe.” assura-t-elle à Spencer. Il avait encore du travail et perdu beaucoup de temps à cause d’une malheureuse araignée. Lee ne pouvait s’empêcher de penser que cela était en grande partie de sa faute ; elle avait voulu aider, mais si elle était restée en retrait, là où était sa place, rien de tout ceci ne serait arrivé. Tandis que le fleuriste et son assistant redressaient l’escabeau, Kelly priait pour que le sol n’ait pas la moindre éraflure qui puisse leur causer plus d’ennuis. Face à Presley, elle mit ses mains dans son dos, droite comme un piquet. “On ouvre dans moins d’une heure, je peux savoir pourquoi rien n’est prêt ?” Elle lui aurait volontiers souligné que “rien” était une grossière exagération ; une bonne partie des tables étaient décorées, une partie du plafond était prête, personne ne s’était tourné les pouces. “Il y a eu un contretemps, mais tout est sous contrôle et on aura bientôt terminé.” assura-t-elle, confiante. Spencer allait être dans les temps -si elle ne restait pas dans ses pattes. “Comment ça “on”, Kelly ? Tu t’improvises fleuriste ? Dans mes souvenirs ton contrat indique “sommelière”, alors va rejoindre Clarence au Piano Bar.” La bouche ouverte, Lee n’émit plus le moindre son. Il n’y avait rien à en dire, sa supérieure avait raison. Elle n’était pas à sa place, et il lui restait du travail à faire. Le Piano Bar n’ouvrait pas avant la fin d’après-midi, mais il ne manquait pas de stocks à vérifier et de commandes à passer. Kelly s’était oubliée en la présence de Spencer et cela ne lui ressemblait pas. “Tout de suite, Presley.” acquiesça la brune avant de tourner les talons. Dans un souci de politesse, elle retourna auprès du fleuriste afin de ne pas disparaître de la pièce d’une seconde à l’autre sans dire au revoir. Embarrassée comme tout, elle se pinçait les lèvres avec nervosité. “Je suis vraiment désolée.” elle souffla encore une fois, acculée par son manque total de bon sens, ses mouvements de panique, et l’entièreté de cette scène qui lui faisait honte. Elle priait pour que Spencer ne soit pas réprimandé une fois qu’elle serait partie. Elle s’en voudrait à jamais de lui avoir fait perdre un client pour si peu, dans l’hypothèse où Presley se serait franchement levée du pied gauche. Elle souhait rattraper le coup, mais n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre. Avec toute sa maladresse, elle bredouillait ; “Est-ce que... à tout hasard... tu serais libre pour un café plus tard dans la journée ? Je termine les inventaires à 11 heures, puis mon shift commence à 18 heures.” En somme, Kelly avait tout l’après-midi de libre, mais ce ne fut qu’après avoir exposé sa proposition qu’elle réalisa à quel point elle s’était -certainement- à nouveau ridiculisée auprès de Spencer -et devant tout le monde ; “Je suis bête, c’est la Saint-Valentin, tu as sûrement quelqu’un à voir après tes livraisons.” Sa journée était forcément bien remplie, pleine de bouquets à livrer à d’autres établissements, puis à de tendres moitiés, avant d’aller rejoindre la sienne, de moitié. “Kelly !” rappelait à l’ordre une Presley sans plus de patience, faisant sursauter la concernée. “Une prochaine fois.” conclut-elle avant de rapidement disparaître. Elle savait que dans le pire des cas, elle reverrait Spencer dans le cadre habituel, serein et réconfortant de sa boutique. |
| | | | (#)Sam 23 Mai 2020 - 15:41 | |
| Les regards ne semblent pas vouloir se détournés d’eux. Même si tous semblent avoir repris leurs activités, préparant l’ouverture, reprenant leurs conversations. Beaucoup jettent encore un oeil à leur petit groupe, attendant la suite de leur mésaventure. Attendant la prochaine chute. Il en fait la remarque à Kelly, espérant prendre un ton léger. Mais ces mots ne font que rendre plus présent les murmures et oeillades pour la brune.
Le mieux à faire est donc de retourner à la situation normale, le plus rapidement possible. De faire oublier l’araignée, la chute, le fracas. De ne plus donner de raison d’être aux regards. De ne plus être le centre de l’attention. Retour à la normale. Il demande à Simon de l’aider à redresser l’escabeau. regrettant aussitôt le bruit de grincement qui résonne à nouveau dans le hall. Couvrant le bruit de talon qui s’approche. Spencer s’arrête en plein effort pour observer la nouvelle arrivante. Son ton est sec et elle semble passablement agacée. Ce qui d’après la panique qu’il arrive à lire dans le regard de la sommelière n’est qu’un euphémisme. “C’est Presley.” D’accord. Il a du mal à remettre un titre sur le nom. Mais au vu de l’agitation soudaine de chaque personne présente dans le hall, chacune cherchant à rejoindre sa fonction, le plus discrètement et rapidement possible. Le poste est important. “Je m’en occupe.” D’accord. Il ne sait pas vraiment ce qu’elle entend par là. Il hoche simplement la tête. Finissant dans un nouveau grincement de redresser l’escabeau. Ramassant le bac de fougère. “Va chercher la composition pour l'accueil” demande-t-il doucement à Simon, priant en silence pour que celle-ci arrive entière. Même si rien ou presque dans les événements précédents n’était vraiment la faute du jeune. Les oreilles tendues vers la discussion derrière lui, il reprend de la hauteur pour s’occuper d’un nouveau coin du plafond. L’attitude de Kelly à changé alors qu’elle se tient avec Presley à l'écart, les mains dans le dos.
Reprenant rapidement le rafraîchissement du plafond végétal, le brun hésite un instant à descendre, défendre son business. Après tout c’est lui qui a pris du retard, et la discussion semble aller dans ce sens. Il entend vaguement un “rien n’est prêt”, qui aimerait contester mais dont l’intonation n’incite pas à pinailler. Il devine que la directrice - il croit se souvenir que c’est une partie de son titre - à l’air de demander des comptes à la sommelière qui n’y est pour rien. D’ailleurs elle prend à son tour la parole. Mais elle lui tourne le dos et il ne parvient pas comprendre ce qu’elle dit. La réponse cinglante par contre lui arrive très nettement dans les oreilles. “Comment ça “on”, Kelly ? Tu t’improvises fleuriste ? Dans mes souvenirs ton contrat indique “sommelière”, alors va rejoindre Clarence au Piano Bar.”
Le brun arrache une dernière tige, brusquement tendu. Il pourra réfléchir à l’emploi du “on” plus tard. A l’instant c’est plus la prise à partie de Kelly qui l’irrite, n’appréciant pas le fait qu’elle prenne à sa place. Il se demande brièvement si une intervention améliorerait ou aggraverait la situation. Descendant de l’escabeau une nouvelle fois pour se diriger vers les deux femmes, il s’avance à peine quand il voit Kelly se retourner pour le rejoindre. “Je suis vraiment désolée.”. Elle à l’air tellement embarrassée, il s’en veut de l’avoir laissée gérer sa supérieure. Il aurait dû prendre sa propre défense. C’est lui qui est responsable de ce retard, de ce rafus. “Ne t’excuse pas, c’est ma faute pas la tienne. Je vais aller lui parler.” Il s’apprête à y aller, décidé cette fois à remettre les choses à plat. Bien qu’il y ai une possibilité pour qu’elle revoit son contrat à lui. Mais ce n’est pas avec elle qu’il l’a signé, il s’en souviendrait. Kelly l’arrête dans ses divagations. “Est-ce que... à tout hasard... tu serais libre pour un café plus tard dans la journée ? Je termine les inventaires à 11 heures, puis mon shift commence à 18 heures.” Un café ? Dans la journée ? Aujourd’hui ?. Son esprit mouline, mais aucun mot ne se forme. Un café ? Avec lui donc. Son hésitation va vite paraître impolie, le sentiment d’urgence s’ajoutant à la pression de trouver la bonne réponse. Son planning défile. Elle a dit avant 18 heures, c’est ça ? Ils ont une pause avant, après leurs dernière commande. Il ouvre la bouche. Mais la brune est plus rapide. Chassant soudain l’idée à peine proposée. “Je suis bête, c’est la Saint-Valentin, tu as sûrement quelqu’un à voir après tes livraisons.” Qui ? “Non, non personne. On pourrait se …” Mais il est interrompu par un virulent “Kelly !” Décidément. L'intéressée lui adresse un petit “Une prochaine fois.” Avant de se retourner. Le même sentiment d’urgence le reprend. Elle l’a invité et il n’a même pas su répondre correctement. Et maintenant il la regarde s’éloigner. Se pinçant les lèvres, n’étant pas encore fixé sur la marche à suivre, il fait quelques pas dans sa direction. Laissant les choses venir. Ou en l'occurrence les mots sortir “hmm 15h au magasin ? il y a un café à côté si tu veux. ” Il pourrait laisser Simon gérer un peu le creux de l’après midi. "Ou demain ?"
Son plafond l’attend, Simon l’attends aussi d’ailleurs vers l'accueil, la grande composition, indemne, posée à ses pieds. Il est temps de finir cette première livraison. En dépassant Presley, il lui adresse un petit signe de tête. Auquel elle répond d’un “Dépêchez vous”. Il hésite un instant. Puis en agitant la main “Kelly voulait juste m’aider vous savez, c’était pas de sa faute c’est la mienne …” Sans plus de réponse qu’un regard autoritaire il repart finir ce pour quoi il est payé. |
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