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 The treasure [Keedy]

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Message(#)The treasure [Keedy] EmptySam 15 Fév 2020 - 1:11

Joseph jette un coup d’œil à son téléphone, nerveux. Il ne se rend pas compte de son pied qui tape contre le sol de l’autobus et les quelques têtes présentes dans le véhicule à une heure si tardive le lorgnent. C’est le silence complet qu’il brise en tapant ainsi à un rythme irrégulier mais il n’arrive pas à reprendre le contrôle sur le stress qui le ronge. Son portable indique minuit et, avec un peu de chance, Deborah est déjà couchée à cette heure. Il n’a pas oublié de lui envoyer un message pour la rassurer et lui confirmer sa présence ce soir, comme elle lui a demandé de toujours l’informer d’une sortie surprise. Il avait rejoint son amie Murphy au bar mais, après lui avoir vendu son sachet de drogue, il s’était retrouvé les mains vides avec une terrible envie d’abandonner la lutte à laquelle il s’adonne depuis plusieurs mois déjà. Certes, cette lutte a toujours été irrégulière et faillible mais il avait réussi à résister à l’envie de glisser l’aiguille depuis qu’il avait revu Alfie, eux qui ne s’étaient pas parlé pendant trop longtemps avant que Joseph ne vienne frapper à sa porte pour lui rendre ses clefs (et le frapper à son tour, mais il préfère ne pas repenser à la rage qui avait fait bouillir ses veines). Pourtant, cette nuit, comme si son corps avait oublié l’importance de se battre pour retrouver sa santé fragile, il lui réclame une dose parce qu’il a l’impression que seule la poudre pourra alléger ses pensées et détendre ses muscles crispés par l’angoisse. Aussitôt que le jeune homme remarque que l’autobus a dépassé le grand arbre qui jonche la rue de l'appartement, il attrape le cordon jaune et son arrêt sonne, résonnant dans l’habitacle réservé aux têtes fatiguées et silencieuses.

Il oublie de remercier le conducteur lorsqu’il enjambe le trottoir pour se diriger à pas rapides vers l’appartement de Deborah. Seulement cinq minutes de marche le séparent de cet endroit qu’il espère trouver vide. Habituellement, il est content de retrouver sa meilleure amie à la fin d’une longue journée parce qu’elle arrive à le faire sourire malgré sa situation actuelle. Mais, en ce moment, il sait qu’il a besoin de franchir la limite et la présence de Deborah le lui a toujours empêché. Devant la porte de son logement, il glisse méticuleusement la clé dans la serrure, s’efforçant de ne faire aucun bruit. Un léger déclic retentit et il se mord fortement la lèvre inférieure en pénétrant dans le hall d’entrée. Il lui suffit de quelques secondes pour réaliser que la télévision est allumée dans le salon : la pièce est éclairée par les lumières rapides et saccadées d’un programme télévisé. Joseph glisse sa main dans ses cheveux en soupirant, cachant du mieux qu’il peut sa déception, et il traverse le corridor pour tomber nez à nez avec la jolie brune qui a les deux yeux rivés vers l’écran. « J’suis là, en un seul morceau. » Il lance en arborant un sourire forcé, bien que son front soit couvert de sueur. Aussitôt, pour empêcher son amie de trop observer son faciès, il soulève sa main pour se masser les tempes, grimaçant, mimant un mal de crâne. « J’vais tout de suite aller me coucher, j’ai une de ces migraines. On se revoit demain matin, si tu ne bosses pas trop tôt. » Et il continue son chemin sans la laisser poser plus de questions à propos de cette fameuse migraine qui camoufle plutôt la douleur que lui prodigue le manque : une brûlure générale dans l’ensemble de son corps ainsi qu’une gorge aussi asséchée que le désert. Dans sa chambre, il ferme la porte derrière lui et son visage se décompose immédiatement. Il constate que les draps ont été pliés, que ses quelques vêtements ont été lavés puis pliés sur son lit propre. Nerveux, il laisse son sac tomber sur le sol et se dirige rapidement vers le lit, là où il glisse sa main entre le matelas et la base en bois. Il lance un premier juron en constatant que son sachet de cocaïne n’est pas là où il devrait se trouver. La panique fleurit dans ses tripes et il tape dans son oreiller en grognant mais plaque rapidement sa main sur sa bouche pour s’empêcher d’émettre le moindre son. Il souffle tout l’air dans ses poumons par ses narines et se masse les tempes avant de décider de faire une connerie.

« T’as lavé mes trucs, mais j’trouve pas mon déodorant. » Il ment, en se posant dans le cadre de la porte afin d’interroger son amie. Il garde ses deux mains jointes dans son dos pour éviter de laisser Deborah entrevoir ses doigts danser à cause de la nervosité.  
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMar 18 Fév 2020 - 2:29

Son soupir avait été particulier quand elle l’avait trouvé. Un mélange d’inquiétude, presque d’habitude et d’angoisse aussi. Joseph l’ignorait sûrement mais ce n’était pas le premier sur lequel elle tombait. Jusque-là, elle les avait toujours remis à leur place parce que depuis le début, elle lui avait d’ailleurs dit, elle savait que l’abstinence de son ami ne se ferait pas par miracle. Elle était au courant qu’il serait impossible pour lui de tout arrêter d’un seul coup. Il faisait déjà l’effort de réduire les doses, de prendre sur lui pour changer des habitudes bien ancrées alors trouver ça sous son matelas ne l’étonnait pas et elle ne pouvait pas non plus lui en vouloir. Pourtant, aujourd’hui, quand sa main s’était refermée sur le petit sachet, c’était l’angoisse qui prenait le dessus. Elle l’avait accueilli chez elle bien avant Noël, trois mois et demi de colocation environ, et elle avait la sensation que les efforts n’avançaient plus. Elle le constatait parfois irritable, parfois fatigué mais elle avait la sensation qu’il s’était stabilisé dans sa dépendance. Il était parvenu à réduire mais pas à s’en débarrasser et pour y parvenir, il fallait le mettre en face de la réalité, le confronter au réel manque, celui qui explose le crâne, qui arrache les veines et émiette le cœur. Oui, Joseph avait déjà senti le manque mais il ne l’avait jamais affronté jusqu’au bout, il n’avait pas encore pris la peine de prendre le taureau par les cornes pour le combattre et non se contenter – quand bien même c’était déjà énorme – de le maîtriser. Il était malin, très malin, parce qu’il avait tenu sa promesse. Même en habitant chez elle, elle ne l’avait jamais vu se droguer ou être en état second. Aujourd’hui, elle allait se montrer plus maline que lui.

Instinctivement, son visage s’était tourné vers la porte lorsqu’elle avait entendu une clé s’y introduire. Elle n’avait pas spécialement veillé exprès pour l’attendre – après tout, il lui avait envoyé un message et c’était bien assez pour la rassurer, loin d’elle l’idée qu’il puisse être en manque ce soir, il fallait croire que les choses étaient foutrement bien faites. Alors, lorsqu’il lui servait cette histoire de migraine, elle n’y prêtait pas plus d’attention que cela, un sourire compatissant sur le visage tout de même. « Tu sais où se trouve les médicaments de toute façon. » De ceux qu’elle avait pris soin de remplacer depuis qu’il était ici, de ceux qu’on ne peut pas utiliser comme substitut à la drogue. « Bonne nuit et si tu as besoin, tu viens me réveiller, hésite pas. A demain. » lui assurait-elle puisqu’elle n’avait rien de prévu. Elle s’attendait simplement à cela, à ce simple échange jusqu’à entendre sa voix de nouveau, après quelques minutes silencieuses face à la télévision. Par réflexe, elle s’était retournée vers lui pour lui répondre. Cette fois, elle le voyait son visage, parce qu’il n’avait aucune main portée à ses tempes – bien planquées dans son dos – et les pièces du puzzle s’assemblaient trop naturellement à présent. Depuis quand il se mettait du déo avant d’aller se coucher ? Elle n’avait pas touché à son déodorant. Cette sueur froide sur son front, elle avait déjà assisté à ce phénomène deux fois précédemment – lors de cette soirée canapé et pendant son badtrip. Cette nervosité naturelle qu’elle entendait dans sa voix. Sa tendance à rester à distance. Il était en manque, elle le savait mais elle entrait dans son jeu pour mieux gagner la partie. « Dans la salle de bain, là où il est censé être au lieu de traîner dans ta chambre. »

Faire semblant d’y avoir touché, de l’avoir rangé. L’obliger à prendre la direction de la salle de bain. Quand il disparaissait en traversant la porte, elle bondissait du canapé pour se diriger vers la porte d’entrée. Naturellement, comme à chaque fois qu’il entrait ici, il avait déposé son jeu de clés sur le meuble de l’entrée. Elle s’en était saisi pour le mettre dans sa poche. Elle en était persuadée maintenant : s’il ne trouvait pas de drogue ici, il allait aller en chercher ailleurs et elle ne lui laisserait pas cette occasion. Piégé. Le plus naturellement de monde, elle se dirigeait vers ladite salle de bain, poussant la porte sans même s’annoncer. Elle s’appuyait alors contre le chambranle de la porte, attentive à ses réactions. « C’est pas ton déodorant que tu cherches, n’est-ce pas ? » Elle n’était pas agressive dans ses paroles, bien au contraire. Sa voix était douce, se voulait rassurante et enveloppante. « La migraine et la sueur sont les premiers symptômes ou ça fait un moment que tu es dans cet état ? » Elle voulait appréhender la suite, comprendre à quel stade il en était du manque. Est-ce qu’il était sur le point d’imploser ou est-ce qu’ils avaient encore de la marge pour agir ? « Laisse-moi t’aider à traverser ça... »
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptySam 22 Fév 2020 - 17:02

Quelque chose clochait. Joseph réalisait lentement que sa dose de cocaïne jadis camouflée sous son matelas était tombée entre les mains de celle qui avait entretenu sa chambre, probablement pour lui faire plaisir – et pour ne plus avoir à supporter le désordre qu’il avait fait. Le garçon n’a jamais été bordélique, même il était souvent celui qui s’occupait des corvées ménagères quand il était encore chez les manthas mais, chez Deborah, il est jour et nuit oppressé par sa présence qui l’empêche de plonger l’aiguille et n’arrive pas à penser à autre chose, laissant son lit défait et ses vêtements sales sur le sol. Il l’a toujours adorée, Deborah, et il sait que sa présence dérangeante ne sera décrite ainsi que pour quelques mois  et qu’il doit supporter l’idée d’avoir envie de l’éviter jusqu’à ce qu’il ne pense plus à la drogue qui a trop longtemps alimenté sa vie. Mais c’est encore trop difficile pour lui et c’est pour cette raison qu’il ne rentre pas certains soirs, choix qu’il aurait pris si son dernier sachet de poudre ne se trouvait pas à l’appartement.

Alors, en traversant le corridor, il ne laisse pas le temps à son amie de voir son visage trempé et prétend une migraine avant de disparaître dans sa chambre, là où la déception le happe comme un camion sur l’autoroute. Il cherche seulement sa dose quelques minutes, voulant repousser l’idée selon laquelle Deborah a mis la main dessus et s’en est débarrassé jusqu’à ce que l’addiction de plus en plus douloureuse le force à sortir de sa chambre pour interroger la responsable. De nouveau planté dans le cadre de la porte du salon, sa solution est d’interroger la jeune femme au sujet de son déodorant soi-disant disparu afin de lui faire comprendre qu’il a remarqué qu’elle a passé un coup de balai dans son intimité. « Dans la salle de bain, là où il est censé être au lieu de traîner dans ta chambre. » Elle admet donc avoir déplacé certains trucs, bien que ce fameux déodorant ne l’ait jamais intéressé – et il n’est même pas certain de son emplacement habituel. « D’acc. » Il n’a pas le courage de formule plus de mots et sa voix sèche se casse alors qu’il tourne les talons pour se diriger vers la salle de bains, là où il se met à chercher nerveusement pour sa cocaïne, incapable de raisonner quant à son impossibilité de se trouver dans cette pièce. Après avoir retourné l’entièreté des produits corporels de Deborah, les membres tendus et les paumes moites, il pose ses deux coudes sur le comptoir pour se masser les tempes, la respiration douloureuse. Il tente de se changer les idées, de penser à la jolie caissière qui lui tendu son café ce matin, au pigeon qui a frôlé les roues d’une automobile et qui s’est en sorti avec seulement une plume en moins, à cette vieille dame qui lisait un bouquin dans l’autobus, les paupières tremblantes mais les iris lumineux. « Putain de merde… » Rien n’y fait : ses pensées n’arrivent pas à le transporter ailleurs. Ses veines réclament la piqûre. « C’est pas ton déodorant que tu cherches, n’est-ce pas ? » Surpris, il se redresse vivement en passant sa main dans ses cheveux humides pour les ramener vers l’arrière, geste qui trahit instantanément sa nervosité. Il regarde Deborah par le reflet du miroir en se mordant le bout de la langue alors qu’il empêche ses yeux de se teinter de noir. Elle vient donc d’avouer qu’elle est responsable pour son état actuel et sans instinct est de se mettre sur la défensive, comme si elle était soudainement devenue son ennemie. Son addiction l’empêche de réfléchir correctement et le met dans un état regrettable. « La migraine et la sueur sont les premiers symptômes ou ça fait un moment que tu es dans cet état ? »  Il secoue la tête en détachant son regard du sien afin de l’accrocher à un objet immobile qui arrivera peut-être à calmer la colère qui monte en lui. S’il y a quelque chose qu’il déteste, c’est d’afficher sa vulnérabilité devant celle à qui il cachait son monde pour ne pas la blesser. « J’ai pas envie d’faire une thérapie avec toi, laisse-moi. » Ses mots sont crus bien que légèrement contenus. Il aurait pu balancer des injures bien pires et insensées. « Laisse-moi t’aider à traverser ça... » Son premier réflexe est de fixer la poignée de la porte, fantasmant à l’idée de la fermer violemment pour se retrouver avec la solitude qu’il désire côtoyer seulement lorsqu’il est dans un état pareil. Cependant, il réalise avant de commettre ce geste que, s’il veut mettre la main sur une quantité de poudre blanche ce soir, ce n’est pas en s’enfermant dans une salle de bains qu’il y arrivera. Par réflexe, il se met à observer derrière la silhouette de son amie, désireux de seulement la contourner pour rejoindre la sortie. « Tout c’que j’veux, c’est t’éviter de supporter ça alors laisse-moi gérer Deb. J’ai pas envie, j’t’ai dit. » Son ton est un peu plus insistant et son regard fuit sans arrêt le sien pour analyser la distance qu’il aurait à parcourir pour retrouver la nuit de Brisbane.
   
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMar 17 Mar 2020 - 1:03

Elle le savait en manque et pour sûr qu’il savait qu’elle le savait. Cette nervosité sur son visage, sa tendance à ramener ses cheveux en arrière et surtout son incapacité à la regarder directement dans les yeux en utilisant le subterfuge du miroir. Oui, il était en manque et tous les deux le savaient. Dans ses iris, elle y lisait de la colère, peut-être un peu de peur aussi qu’elle puisse assister à un nouveau spectacle désastreux. Elle ne lui en voulait pourtant pas parce qu’à l’instar de son badtrip, elle savait également qu’il n’était déjà plus lui-même, que ses gestes et ses mots étaient dirigés par son envie de drogue, par son besoin express de se planter une aiguille dans l’épiderme. Elle ne pouvait pas lui en vouloir parce que c’était elle, en partie, qui provoquait cet état. Lui subtiliser sa drogue, l’enfermer ici. Elle avait conscience que ce n’était que le début du calvaire mais elle ne comptait pas lâcher l’affaire parce qu’il s’agissait de la vie de son ami et qu’elle se refusait à le perdre. C’était un risque qu’elle prenait. Quitte ou double. Il pouvait s’en sortir, non sans souffrance ou il pouvait claquer entre ses doigts d’une crise cardiaque ou d’un quelconque symptôme engendré par le manque. Mais n’était-ce pas pire que de le laisser se tuer à petite feu ? Même s’il avait considérablement diminué la dose, son état de ce soir démontrait sans mal que ce n’était pas assez et ce n’était pas en restant les bras croisés qu’elle allait pouvoir l’aider. Il s’y refusait pourtant. Il semblait lui jeter des éclairs jusqu’à ce qu’il se focalise sur autre chose qu’elle. Elle ne disait rien, dans un premier temps. Puis elle insistait, elle appuyait sur son envie et son besoin de l’aider. Quelle idiote de penser que des mots bienveillants allaient suffire pour le convaincre de la laisser faire…

Il se tournait alors vers elle mais ne la regardait toujours pas. Son regard fuyait plus loin sans qu’elle ne soit réellement capable de savoir sur quel objet exactement. Un semblant de liberté derrière elle, sûrement. Mais pour le moment, elle ne lui laissait pas l’occasion de s’en saisir de cette factice liberté. Elle entrait davantage dans la salle bain et c’était son pied qui se chargeait de fermer la porte derrière elle. « Non. » Simple, clair mais pas assez précis alors elle s’empressait d’ajouter quelques mots pour expliquer sa pensée. « Non, je vais pas te laisser gérer ça tout seul, ça suffit. Tu as essayé et tu vois bien que tu n’y parviens pas. Je te donne plus le choix. » Son aide, elle allait lui imposer et il ignorait probablement à quel point elle était tenace. « Arrête de dire que tu veux pas m’imposer ça, c’est trop tard. Ça l’a été dès l’instant où tu m’as appelé à l’aide et je n’ai jamais cessé de m’inquiéter depuis ce soir-là alors arrête de croire qu’en fuyant ou te cachant tu ne me l’imposes pas. C’est trop tard. » Elle se répétait mais il fallait que ça lui rentre dans le crâne. Depuis qu’elle était au courant, ça trottinait toujours quelque part dans ses pensées. Où est-ce qu’il est ? Qu’est-ce qu’il fait ? Est-ce qu’il est sobre ? Est-ce qu’il ne l’est pas ? A quelle dose ? Avec qui ? A quel endroit ? Est-il en sécurité ? En a-t-il planqué entre les murs de l’appartement ? Devrait-elle s’en mêler ou le laisser ? Des questions, trop de questions et aucun réponse. Elle n’en pouvait plus de s’inquiéter pour lui, elle voulait seulement qu’il aille bien, sans concession possible de sa part et si pour ça elle devait le forcer à la sobriété, ainsi soit-il. « Réponds à la question, maintenant. Est-ce qu’il est encore temps de faire quelque chose pour repousser ça ou est-ce qu’il faut que je déploie des stratagèmes pour t’aider à supporter le manque ? » Y avait-il encore possibilité de lui penser à autre chose et passer au-dessus ou est-ce que c’était déjà trop tard ? « Regarde-moi. » Sans lui faire de mal mais avec une certaine fermeté, elle attrapait son visage pour l’obliger à la regarder. « Je t’aime Jo, tu le sais et pour cette raison, il est pas question que je m’en aille et que je te laisse comme ça. Dis-moi ce que je peux faire. » Chercher son regard du sien, le raccrocher à la vie quoi qu’il puisse lui en coûter.
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMar 24 Mar 2020 - 23:45

Une souris coincé dans un piège : c’est exactement ce que représente Joseph alors qu’il tente de se coller le plus possible au comptoir pour augmenter le nombre de centimètres qui la sépare de la jeune femme qui veut s’imposer à sa crise. Le garçon a toujours redouté la solitude mais, lorsqu’il se trouve dans cet état, il la désire plus que la dose de drogue qu’il pourrait s’injecter. Il déteste afficher ce visage, il déteste perdre les rênes de sa propre existence et sentir qu’une main plus forte que lui prend le contrôle des siennes. Il agit comme un robot à qui un scientifique a donné un ordre, une machine à café qui fait bouillir l’eau lorsqu’on appuie sur le bouton ou un grille-pain qui gobe une tranche de baguette à la suite d’une simple pression. Devant Deborah, il commence à perdre la tête pas seulement à cause de la migraine qui le martèle mais aussi parce qu’il a toujours tout fait en son pouvoir pour l’empêcher de le voir dans cet état. Comment pourrait-elle l’apprécier ainsi si lui-même se déteste quand il se met à chercher aveuglément un sachet de poudre et une seringue stérile ? Alors, tout ce qu’il arrive à faire c’est d’ordonner à son amie de le laisser seul, ce à quoi elle répond négativement  en fermant la porte derrière elle. Le claquement de celle-ci surprend Joseph et ses yeux sont contraints à fixer un nouvel endroit ; il ne peut plus fantasmer sur la sortie de l’appartement maintenant que le corps de la jeune femme l’empêche de faire un pas vers l’avant. « Non, je vais pas te laisser gérer ça tout seul, ça suffit. Tu as essayé et tu vois bien que tu n’y parviens pas. Je te donne plus le choix. » Silencieux, il respire bruyamment en secouant légèrement la tête de droite à gauche. Il s’empêche d’ouvrir la bouche parce qu’il sait que ce ne seront pas des paroles posées et sensées qui en sortiront. Le manque alimente une colère pas familière en lui. Doux et gentil Joseph se transforme en loup-garou assoiffé de sang. La voix de Deborah s’élève à nouveau et, incapable de supporter le poids de ses propos, il ferme les paupières et tente de ne plus l’écouter : rien n’y fait. Il recommence à s’en vouloir de l’avoir contactée la nuit où il avait avalé une pilule de trop et la culpabilité se remet à taper encore et encore dans ses tripes. En déglutissant, il rouvre des yeux et ils sont humides de tristesse et de rogne. Elle lui impose sa présence, elle le force à porter son masque devant elle et, par conséquent, il perd encore plus le contrôle sur la situation. Pourtant, il reste encore silencieux. « Réponds à la question, maintenant. Est-ce qu’il est encore temps de faire quelque chose pour repousser ça ou est-ce qu’il faut que je déploie des stratagèmes pour t’aider à supporter le manque ? » Comment pourrait-il répondre à une telle question alors qu’il n’arrive pas à faire un peu d’ordre dans ses neurones ? Comment pourrait-il faire preuve de bon sens lors qu’il sent que son sang s’est transformé en magma en fusion ? « Regarde-moi. » Il se crispe dangereusement quand la main fraîche de Deborah serre sa mâchoire brûlante. Sa poitrine se gonfle d’air à un rythme rapide, presque inquiétant. Il plante ses yeux bleus dans les siens mais ces derniers ne sont plus les mêmes. Ils ne couvrent plus Deborah d’un amour  sincère mais plutôt d’un dédain anormal. Il ne la voit plus comme il devrait la voir et c’est à ce moment que la lueur s’éteint. En dernier recourt, la brune tente de lui tirer des mots mais il n’écoute plus rien. « VA TE FAIRE FOUTRE ! » qu’il gueule, sa gorge se déployant enfin. Ses paroles sont accompagnées d’un geste brusque : la main de Joseph s’est redressée et a fortement empoigné celle de Deborah pour la serrer avant de la repousser. Sans laisser Deborah comprendre ce qu’il se passe, il la plaque contre le battant de la porte de la salle de bain et souffle tout près de son visage : « Tu n’es pas une petite fée magique qui arrivera à me soigner en me lançant un sort. Laisse-moi gérer ma vie et arrête de prendre tes rêves pour la réalité. » Il marque une pause et ses yeux rouges de colère se mettent à observer chacun des traits effrayés de celle qu’il est incapable de voir comme une amie, aveuglé par une haine démesurée qui le dénue de toute rationalité. « Ah, et, j’te jure que, si tu retouches à mes trucs, j'te tue. » qu’il lance en guise de dernière menace murmurée, soufflée, presque honteuse, comme si le véritable Joseph arrivait encore à s’exprimer au fond de ce monstre qui a pris sa place.       
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMer 25 Mar 2020 - 1:52

L’aider, c’était son seul objectif désormais sans prendre conscience qu’elle ne faisait qu’empirer les choses, une fois encore. Elle ne s’en apercevrait que plus tard. Pour l’heure, elle ne se rendait pas encore compte que le manque ne se gérait absolument pas comme son badtrip. Il ne suffisait pas de le rassurer, de lui prendre la main et de lui dire que tout allait bien se passer. Ça ne fonctionnait pas comme ça, ça ne fonctionnerait plus jamais comme ça. A l’instant même où elle avait posé sa main sur lui, elle avait commis une erreur. Elle le sentait, quelque part, que ce n’était pas une bonne idée, qu’elle ne devait pas ainsi s’imposer. Mais les battements d’appréhension de son cœur, elle les avait mis de côté pour n’écouter que sa tête, la pensante, la logique. Ce manque qu’il avait, c’était chimique, c’était un appel du corps, un besoin oppressant mais ce n’était pas définitif. Elle devait être en mesure de l’aider à passer ça, dépasser cette crise pour mieux appréhender une prochaine jusqu’à ce que sobriété complète s’en suive. Ce n’était pas impossible, elle le savait, Raelyn le lui avait même confirmé. L’appel de la drogue serait toujours là, quelque part, mais le temps faisait qu’il était davantage facile de l’ignorer, d’y résister et de ne plus y penser la majorité du temps. C’est ce qu’elle voulait pour Joseph. Qu’il soit capable de ça. Elle ne voulait pas faire de lui un mec parfait, bien sous tout rapport et sous toutes les coutures. Elle voulait qu’il vive, tout simplement, parce qu’elle tenait à lui plus qu’à n’importe qui dans cette foutue ville et que ça lui faisait mal de le voir – le deviner – se tuer à petit feu tous les jours.

Alors elle lui disait, ouvertement. Elle l’aimait cet abruti et elle ne savait plus dans quels mots ni dans quelles langues lui dire pour qu’il comprenne. Elle passait à l’action, aussi, pour lui faire comprendre. Il n’avait tellement pas idée des projets qu’elle mettait en place à son insu pour l’aider. Il n’avait juste pas idée de combien elle pouvait l’aimer. L’aimer à s’en faire mal, à préférer qu’il retourne sa colère contre elle plutôt qu’envers lui-même. Elle la sentait déjà, cette colère, dans son regard, quand ses saphirs foudroyaient ses noisettes. Parce qu’elle n’avait pas écouté, le piège de la souris se retournait contre le chat. Une seule seconde, il ne fallait que ça pour que Joseph prenne le dessus, pour qu’il explose en un millier de petits éclats, à commencer par sa voix. Forte, orageuse, elle annonçait sans le dire, la suite des événements. Sa main attrapait son poignet et il utilisait sa masse plus imposante que la sienne pour la pousser, la faire reculer jusqu’à faire violemment claquer son dos contre la porte. Le souffle d’abord coupé par le choc contre le bois – et par la poignée qui s’était enfoncée dans son dos, lui arrachant un cri bref de surprise et de douleur à la fois – il l’était ensuite par le regard qu’il portait sur elle. De son visage trop près du sien, il l’obligeait à soutenir son regard, manquant d’avaler sa salive de travers. Ce n’était plus de la colère qu’elle lisait dans ses traits et qu’elle entendait dans ses mots. Il la haïssait, profondément. « Tu gères rien du tout putain, OUVRES LES YEUX ! » Cette haine qui débordait de lui. Rien que ça, il n’arrivait pas à la gérer. Comment pouvait-il se border d’illusion au point de croire être capable de gérer sa vie, et plus particulièrement cette ombre qui, finalement, régnait en maître sur sa façon de vivre ?

Il lui faisait mal. Par ses doigts trop pressants sur sa peau, par son regard qu’elle n’était pourtant pas capable de lâcher et par les mots qu’il employait. Il en arrivait à la menacer, ouvertement. C’était sûrement le plus douloureux. Comment pouvait-il en arriver à ça ? Pourtant, elle restait presque impassible. Presque parce qu’elle n’était pas capable de retenir cette colère qui montait aussi en elle. Après tout ce qu’elle avait fait, ce qu’elle comptait faire, après toutes ses fois où elle avait passé l’éponge, elle se retrouvait là, à être directement menacée sans qu’il ne sourcille une seule fois aux mots qu’il venait de prononcer. Putain, ce qu’elle pouvait être conne… « Fais-le. Tu as l’air tellement bien partie, rajoute donc ça à ta liste. » Alors même qu’elle ne savait même pas elle-même combien elle pouvait être longue cette putain de liste. « Une vingtaine d’années derrière les barreaux, c’est sûrement le meilleur moyen que je peux t’offrir pour que tu arrêtes. » Sa langue claquait son palet avec une certaine rage pour lui faire entendre les mots qu’il avait lui-même prononcés. Est-ce qu’il se rendait vraiment compte de ce qu’il faisait ? Être plus maline que lui, ne rien lâcher, c’est ce qu’elle devait faire, pour lui, en dépit des apparences. Tenter de se persuader que c’était le manque qui parlait et pas lui, que cette douleur qu’elle ressentait bien au-delà du physique n’était pas vraiment du fait de Joseph. « Tu me connais bien assez pour savoir que je ne lâcherai pas et que je recommencerai quoi qu’il arrive, quoi que tu dises pour m’en dissuader. Menace-moi autant que tu veux, frappe-moi autant que tu veux. Vas-y, défoule-toi, mais tu ne sortiras pas d’ici et tu ne consommeras rien entre les murs de cet appart. C’est fini Jo, lâche l’affaire. » Lui tenir tête quoi qu’il en coûte. L’aimer quoi qu’il en coûte.
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMer 25 Mar 2020 - 2:34

Le cocon a explosé. L’appartement dans lequel Joseph se sentait tellement bien s’est transformé en un terrain de guerre et le sang semble sur le poing de perler une première fois. Enragé comme le lion dans sa cage, il n’arrive plus à discerner le bien du mal et son corps s’est programmé en mode survie. Il a l’impression d’étouffer non seulement à cause de la petitesse de la salle de bains mais aussi par la présence de son amie qui n’arrive pas à lâcher prise comme lui il a envie de faire. Elle ne comprend pas, elle ne cerne pas la puissance du manque dans ses veines et il n’a aucun moyen de faire comprendre qu’il ne suffit pas que d’une accolade pour que les choses redeviennent comme avant. Avant qu’il ne prenne une première dose après sa sortie de prison, avant que la brûlure du désir de planer s’interpose à celui de la baise et se fasse plus demandant. Il a besoin d’aide, Joseph, et pas seulement de l’épaule d’une amie pour s’accrocher. Il est malade depuis trop longtemps et le déni  l’enverra dans sa tombe avant qu’il ne puisse comprendre que lui-même n’est pas un magicien qui arrivera à se soigner d’un coup de baguette.

Elle lui a dit. Elle l’aime. Mais il n’a pas entendu ni les mots ni leur signification. Il a parlé avant de l’entendre, comme il le fait trop souvent quand il n’a plus le contrôle sur son corps. Deborah n’est pas tombée sur le détenu le plus facile à apprivoiser. Parmi mille, sa lettre est tombée entre les mains d’un homme qui, certes, n’a jamais commis de crime de sang, mais qui n’a jamais su ce qu’était une relation normale. Elle a tenté de lui offrir une vie normale en lui offrant de sa personne et il s’est toujours réveillé le matin en se croyant chanceux. Il n’a simplement jamais capté que, s’il pense à elle à chaque fois qu’il ouvre les yeux, c’est bien parce qu’elle représente plus pour lui que tous les autres. Mais comment un jeune perdu dans un corps d’adulte pourrait comprendre ça sans penser qu’il ne s’agit que d’une fantaisie irréelle ? « Tu gères rien du tout putain, OUVRES LES YEUX ! » Il observe ses iris noisettes une à un et une première larme de rage coule le long de sa joue. Il ne prend pas la peine de l’essuyer – peut-être qu’il ne l’a simplement pas sentie sur sa peau comme il ne sent plus la douleur de leur confrontation. Robot qu’il est devenu, il ne peut que serrer les dents sans avoir la moindre répartie à utiliser. Elle a raison sur toute la ligne mais impossible pour lui de l’admettre. Alors, la seule chose qu’il arrive à faire, c’est de la menacer. La langue de Deborah se met à claquer contre son palet alors qu’elle lui balance à son tour du venin. Il reste de marbre quand elle évoque la prison et de potentielles années supplémentaires et l’estomac de Joseph fait une pirouette. Il maintient sa gorge nouée pour retenir la gerbe que lui provoque l’image de des barreaux dans son esprit et il se secoue les puces pour ne pas garder cette image dans sa tête plus longtemps. La rage boue encore dans sa chair et elle se perçoit dans la pression de plus en plus forte qu’il exerce contre Deborah, son corps douloureusement collé à la paroi solide de la porte. « Tu me connais bien assez pour savoir que je ne lâcherai pas et que je recommencerai quoi qu’il arrive, quoi que tu dises pour m’en dissuader. Menace-moi autant que tu veux, frappe-moi autant que tu veux. Vas-y, défoule-toi, mais tu ne sortiras pas d’ici et tu ne consommeras rien entre les murs de cet appart. C’est fini Jo, lâche l’affaire. » Le fil de ses paroles alimente davantage sa rage et ses poings se serrent au fur et à mesure qu’elle l’invite à continuer à lui faire du mal, si ça peut lui faire du bien. Mais Joseph n’a jamais été le genre de garçon à trouver le plaisir dans la guerre et à apprécie le gout du sang sur sa langue tandis que l’adrénaline est pompée jusqu’à son cœur. Il se contient mais il s’agit là de contenir une dynamite dont la mèche a été allumée par la flamme. Son poing se soulève et une lueur vile traverse son regard. Il le balance, ce dernier, mais à seulement quelques centimètres du visage de Deborah qui se crispe sous un premier impact bruyant. La dureté de la porte stoppe son élan et érafle ses jointures mais il s’élance une seconde fois, puis une troisième, et une quatrième, jusqu’à ce que le bois du battant cède sous les coups. Sa main transperce ce dernier et c’est la douleur que lui prodiguent des dizaines de coupures qui le ramènent à la réalité. Il relâche enfin Deborah qui peut se défaire de son emprise et il extirpe son poing du trou récemment formé, ignorant ses blessures, grognant, et il attrape la poignée pour sortir de cette foutue salle de bain, se dirige à pas rapides vers la sortie dans l’espoir d’épargner son amie de davantage de folie. Il réalise bien rapidement qu’il est enfermé ici et une dernière pulsion de colère le contraint à soulever son poing une énième fois. Cette fois, c’est cette nouvelle porte – en métal – qui freine sa colère et qui arrache à Joseph un hurlement rapidement étouffé. Épuisé, il tombe à genoux devant la victorieuse porte, le poignet collé contre sa poitrine, son cœur battant dans ses phalanges exposées. Incapable de se relever ni de défier à nouveau l’autorité, ce ne sont que des larmes de douleur qui viennent briser le silence qu'a instauré la bataille.    
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMer 25 Mar 2020 - 4:24

Elle la provoquait, sa rage. En voulant lui faire réaliser la violence de ses mots, elle ne faisait que mettre de l’huile sur le feu. Elle était idiote. C’était pourtant évident qu’il n’était pas capable de réfléchir, encore moins de penser à bon escient. Il n’allait rien réaliser à ce rythme-là, juste s’énerver davantage au point d’en laisser une larme couler. Aucune sortie pour lui, mentale ou physique. Ce constat – ou les mots de Deborah – ne faisait que lui faire perdre la tête un peu plus. Il augmentait la pression contre elle, comme pour la forcer à céder comme il aimerait que la porte cède derrière elle. Elle n’était pas capable de rester impassible bien longtemps. Son visage se tordait de douleur en sentant la poignée s’enfoncer un peu plus sous ses côtes et si son corps avait tendance à vouloir s’affaisser pour s’échapper, le brun ne lui en donnait pas l’occasion. « Jo… Joseph… » Elle n’avait pas besoin de lui dire qu’il lui faisait mal, ça se lisait trop aisément sur son visage, dans ses larmes qui menaçaient de couler dans une vaine tentative de la soulager. Soulager l’idée qu’il était effectivement capable de lui faire du mal, là où elle ne l’aurait jamais cru capable de le faire. Elle tentait vainement de le raisonner pour qu’il arrête par lui-même. Il le savait de toute façon, parfaitement conscient de ce qu’il était en train de faire à défaut de savoir y mettre des mots. Elle ne le suppliait pourtant pas d’arrêter parce qu’elle l’avait encouragé à le faire. Menace-moi. Frappe-moi. Il ne faisait que mettre à exécution ce qu’elle lui avait demandé. Il la brutalisait pour évacuer, elle encaissait comme elle le pouvait pour l’aider… si seulement ça pouvait l’aider.

Quand il relâchait assez de pression sur elle, ce n’était que pour mieux envoyer son poing contre la porte, à quelques centimètres de son visage. Par réflexe, elle avait fermé les yeux et détourné son visage, croyant dans les premières secondes que le coup lui était destiné. Un sursaut de surprise faisait trembler son corps sous l’impact des phalanges de Jo contre le bois. Les coups pleuvaient, le bois craquait, si proche de ses oreilles, et elle n’avait toujours pas ouvert les yeux. Les larmes de peur – plus encore que de douleur – avaient fini par s’échapper de ses paupières closes. Chaque coup lui laissait le temps de penser à la suite. Qu’allait-il pouvoir faire après ? Se rendre compte que trouer la porte à s’en éclater les phalanges ne servait à rien et qu’il serait plus soulageant de s’en prendre à elle ? Elle s’en voulait presque de penser de cette pensée mais les faits étaient là. Il se défoulait sur la porte, sans jamais la lâcher, il était humain de douter. Jusqu’au silence. De bois, il n’y en avait plus. Son poing avait traversé la matière ne laissant derrière lui que le craquement de petits morceaux. Qu’en serait-il de Deborah s’il avait décalé son poing de quelques centimètres ? Le visage baissait, ses cheveux lui permettaient de se cacher de lui mais sa respiration bloquée la trahissait bien assez pour comprendre qu’elle s’empêchait de pleurer trop fort, sûrement trop craintive à présent. L’instant d’après, elle était libre.

Sa liberté, il se l’était créée. Par la force physique, probablement les dernières sources d’énergie qui lui restaient, il s’était dégagé de tout ça pour sortir de la salle de bain à toute vitesse. Deborah n’avait aucun doute sur l’envie de Joseph de sortir de l’appartement pour s’échapper, autant pour trouver de la drogue que pour ne pas faire face aux actes de violence dont il venait de faire preuve. Des œillères vilement arrachées par Debbie sans même qu’elle ne le suive. En lui dérobant ses clés, elle le condamnait à prendre ses responsabilités, à se faire force pour résister à l’appel de Blanche-Neige. Elle l’avait prévenu, elle ne lui laissait plus le choix de son aide. De son côté, elle s’était rattrapée à la paroi de la douche pour mieux s’asseoir au sol. Dans un premier temps, elle écoutait seulement. Elle tentait de deviner ce qu’il pouvait bien faire. Il frappait, encore. Un seul coup puis des larmes. Elle l’entendait pleurer et ça arrachait les siennes. Elle avait mal sans être capable de distinguer d’où venait la douleur. De son dos, de son poignet, de savoir qu’elle était responsable de ses pleurs à lui, de la pression et la peur qui redescendaient subitement. Elle pleurait sans être capable de s’arrêter. Son esprit faisait un bond en arrière. Quand elle s’était réfugiée ici même, quand il avait détruit une partie du mur de sa chambre avant de s’échapper. Elle avait douté quant à leur capacité à s’en relever. Elle avait la sensation de revivre ça, de le perdre un peu à nouveau et ça lui donnait envie de gerber d’une tristesse trop grande pour qu’elle soit capable de la gérer.

Elle refusait cette idée. Quand bien même elle le savait incapable de partir, elle ne voulait pas rester sur cet échec, sur cet affrontement qui pourrait les amener à s’éviter de nouveau. Hors de question. Les leçons de la dernière fois avaient été apprises douloureusement. Après quelques minutes, elle essuyait maladroitement les larmes de ses joues, jetant un rapide coup d’œil au miroir. Pitoyable. Un coup rapide d’eau fraîche pour se remettre les idées en place et elle sortait les clés de l’appartement pour les laisser au bord du lavabo. Elle ne tenait pas à ce que Joseph puisse les sentir ou les voir d’une quelconque façon et en profiter pour s’enfuir. Décidée à ne pas craquer et le soutenir, elle ouvrait le placard à pharmacie juste au-dessus d’elle et s’armait de ce qu’elle estimait avoir besoin – notamment d’antidouleur dont un qu’elle avait immédiatement pris pour elle. Les mains chargées, elle s’était dirigée d’un pas léger vers l’entrée. Il était là. A genoux face à la porte, sa main douloureuse contre son torse, les larmes qu’elle entendait encore couler sur ses joues. La culpabilité faisait son chemin jusqu’à son cœur qui s’en pinçait de douleur. Elle l’ignorait habilement, posant son matériel sur le meuble, désireuse aussi de se faire entendre pour ne pas le surprendre non plus. Lentement, elle le contournait pour lui faire face, prenant elle-même cette position à genoux. « Ne me repousse pas, s’il te plait. » Elle s’approchait encore, jusqu’à ce que ses genoux ne viennent frôler les siens, que sa main se pose sur la sienne, la saine, alors que ses iris estiment les dégât de l’autre. « Je vais prendre soin de toi d’accord ? » Tendrement, elle glissait sa main libre contre ses joues, essuyant le sillon de ses larmes. Sans s’annoncer, parce qu’elle ne le faisait jamais, elle se frayait un chemin au plus proche de lui, se faisant plus grande que l’ébène pour l’attraper dans ses bras. Tant pis s’il n’était pas capable de lui rendre son étreinte, ça ne lui importait que peu. « Je suis là... tu n’es pas tout seul, je ne te laisserais plus jamais être tout seul. » Ça avait été sa principale erreur la dernière fois et elle se refusait à la recommencer, marquant ses mots d’un baiser dans ses cheveux et de caresses dans son dos pour le calmer. « Laisse-moi regarder ta main. » réparer les maux physiques avant ceux du cœur. Gagner sa confiance et batailler à ses côtés au lieu de l’affronter.
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMer 25 Mar 2020 - 22:54

Ce n’est pas la tristesse qui cloue ses deux genoux au sol : c’est la honte. Il aimerait avoir les pensées trop chargées pour oublier l’acte violent qu’il vient de commettre à seulement quelques centimètres des yeux alarmés de sa meilleure amie. Mais, la douleur à ses jointures et le manque ne le rongent pas autant que les remords, comme si son corps n’avait finalement eu besoin que d’une dose d’adrénaline puissante pour se calmer. Il a lâché prise, démoli devant la porte qui a été plus forte que lui, et son esprit se vide en même temps que les larmes ruissellent sur ses joues sans qu’il ne puisse les contenir. Il n’arrive plus à rien : s’il était quelques secondes plus tôt contrôlé par la rage, c’est maintenant l’indignité qui l’empêche de se relever comme il aurait dû faire. Il est à nouveau seul en compagnie du silence qu’il s’impose à lui-même, trop faible pour rouvrir la bouche. Il est épuisé, il a puisé dans ses dernières forces pour ruer de coups ces barrières qui l’empêchaient d’attendre ce but dont il a oublié l’existence tandis qu’un hoquet secoue sa poitrine.

Il pleure. Il se croit seul. Il s’imagine, avec raison, que Deborah a fui l’animal sauvage qu’il est devenu en seulement une étincelle. Il pense qu’elle a préféré se protéger et c’est ce qu’elle aurait dû faire. Pourtant, le jeune homme replié sent derrière lui le plancher craquer sous des pas dociles et calculés. Son souffle se coupe et il son visage hurle de douleur alors qu’il essaye de retenir les prochaines larmes brûlantes qui finissent quand même par s’extirper de ses paupières closes. Il secoue légèrement la tête, la mâchoire serrée, et il essaye de s’imaginer dans une pièce où ne se trouve plus aucune personne qu’il a peur de blesser davantage. Il en a trop fait. Il ne peut s’empêcher de frémir en imaginant le visage de Deborah à la place de celui d’Alfie, le visage de celle qui n’a fait que lui tendre la main en dernier recours pour l’aider à se libérer de sa frustration. La raie de son nez fendue et ruisselante, ses paupières gonflées et closes par la pression de la douleur, ses pommettes déformées. Il tressaillit, sursaute presque, quand la voix trop douce de Deborah s’élève derrière lui. Son premier réflexe est de se replier davantage sur lui-même, serrant fortement sa main blessée sans se rendre compte qu’il accentue la douleur dans ses os broyés. Il ne veut pas se permettre de la regarder. Il ne mérite pas sa bienveillance. « Je vais prendre soin de toi d’accord ? » L’incompréhension. Il ne bouge pas, respire doucement et fixe le sol qui a brusquement ralenti sa chute. La main encore fraîche de la brune se pose contre sa joue et, naturellement, une autre nuée de larmes viennent couler près de ses doigts. Il ne la rejette pas quand elle se colle à sa poitrine tremblante mais il n’a pas la force de l’accueillir contre lui. Il reste solide comme le roc et les prochains mots rassurants de son amie lui donnent l’autorisation de se laisser abattre une dernière fois. Avec sa main valide, il serre doucement le poignet de Deborah – qu’il a trouvé en tâtant les alentours – et il s’accroche à elle alors qu’il n’en a pas le droit. Il voudrait lui parler mais sa langue est collée contre son palet aussi fortement que la culpabilité le martèle. « Laisse-moi regarder ta main. » Docilement, il obéit parce qu’il le lui doit. Il sépare enfin son membre ensanglanté de son torse et le tend vers l’avant sans savoir où se trouvent les yeux de Deborah. Pour le moment, il préfère côtoyer la noirceur. Les dégâts sur la superficie de ses phalanges sont flagrants : il ne suffira pas seulement d’un traitement à l’alcool et de pansements. Ce n’est pas qu’une simple écharde qui s’est glissée sans prévenir sous son ongle. Seulement lorsque Deborah empoigne doucement son bras, il se permet d’ouvrir les yeux, le souffle lent. Il observe la belle en silence alors qu’elle examine ses blessures, complètement détaché de la situation. « Pourquoi tu restes ? » Elle pourrait rejoindre Camil et continuer à jouer son idylle derrière les caméras et se promettre une vie probablement meilleure. Elle pourrait réserver la deuxième chambre de l’appartement pour une personne qui ne trouerait pas les murs à chaque fois qu’elle est contrariée. Il continue à la fixer, son amie, parce qu’il n’arrive simplement pas à comprendre la raison de cet affection qu’elle lui offre sans jamais rien demander en retour, ne serait-ce que d’être bon pour elle.      
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyMer 9 Sep 2020 - 13:53

« Chuuuuut, arrête de pleurer, ça va aller, je suis là. » Oui elle était là alors que n’importe qui d’un peu sensé se serait tiré. Pourtant, elle était toujours là, mettant la douleur physique et morale qu’elle subissait de côté pour mieux essuyer les larmes de Joseph avec son pouce et l’accueillir dans ses bras pour une étreinte à sens unique. Elle était toujours ainsi avec lui. Sans savoir se l’expliquer, elle avait cette tendance à le faire passer bien avant elle et ça finirait sûrement par la détruire entièrement un jour ou l’autre. Elle n’était pas capable de faire autrement, c’était simplement son instinct qui parlait et il pouvait faire toutes les conneries du monde, jusqu’à lui faire du mal visiblement, qu’elle serait encore incapable de lui tourner le dos. C’était là depuis le début entre eux. Un lien indéfectible, parfois fragilisé mais incassable. Soulmates dans sa plus pure définition. Elle n’était pas capable de faire sans lui en dépit de tout. Alors quand sa main quittait sa joue ruisselante, ce n’était que pour mieux la déposer sur sa nuque pendant l’étreinte, faisant glisser son pouce en de caresses rassurantes. Seule la main valide de Joseph répondait, serrant délicatement le poignet libre de Deborah. Rien à voir avec la violence dont il avait fait preuve quelques minutes plus tôt. Une piqûre de rappel qui obligeait la jeune femme à s’éloigner un peu, non par peur mais pour lui demander de voir sa main. S’il avait fait preuve de violence, c’était avant tout envers lui-même et sur ce coup-là, il ne s’était pas loupé. Il fallait s’y attendre compte tenu du trou dans la porte. Elle n’osait même pas le toucher, seul son regard ne faisait qu’examiner l’évidence. Elle n’était pas capable de réparer ça, elle allait devoir faire appel à un médecin, voire l’emmener à l’hôpital mais l’état de brun lui laissait croire qu’il allait refuser cette éventualité de peur qu’on le garde pour d’autres raisons.

Elle n’avait pas le temps d’omettre l’idée que les lèvres de Joseph s’ouvraient enfin pour poser une question à laquelle elle ne s’attendait pas vraiment. A vrai dire, ça faisait presque mal qu’il puisse encore se la poser. Ça lui semblait tant évident pour elle et ce, depuis bien longtemps. « Je tiens à toi, j’ai pas plus d’explication que ça. » disait-elle dans un haussement d’épaules qui retranscrivait la logique de ses pensées. « Je suis pas quelqu’un qui se dit amie avec une autre personne si c’est pour se tirer dans les pires moments. Ce genre de comportement, ce n’est clairement pas être de vrais amis. Je ne referais pas cette erreur, pas avec toi. Je t’aime et c’est bien suffisant pour rester. » On dit parfois que l’amour ne suffit pas toujours. En ce qui concerne Joseph, cela suffisait amplement à Deborah parce qu’elle n’était pas capable d’expliquer autrement ce qui les liait. Délicatement, elle relâchait son poignet qu’elle tenait encore et se redressait. « Je reviens. » D’un petit trottement, elle se rendait à la cuisine pour attraper un verre et le remplir d’eau. Elle revenait alors vers Joseph et lui tendait, ainsi qu’avec un anti-douleur qu’elle avait ramené. « Tiens, prends ça en attendant. Je vais appeler un médecin et lui faire part de la situation pour savoir s’il peut venir te soigner. » Parce que même s’il semblait calmé, elle n’était pas à l’abri d’une fuite inopinée et elle ne tenait pas franchement à prendre le risque. Faire venir un médecin au lieu d’y aller, ça lui coûterait sûrement plus cher mais tant pis. Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour lui de toute façon ? « Il va peut-être me dire que tes blessures sont trop graves et qu’il faut qu’on se rende à l’hôpital. »  Et encore une fois, elle ne lui laissait pas le choix. Sa santé avant toute chose.


Dernière édition par Deborah Brody le Lun 26 Oct 2020 - 1:22, édité 1 fois
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyJeu 17 Sep 2020 - 1:04

« Chuuuuut, arrête de pleurer, ça va aller, je suis là. » Et elle ne devrait pas l’être. Elle aurait dû fuir comme tous les gens sensés l’auraient fait. On ne reste pas aux côtés du prédateur quand celui-ci vient de faire ses griffes contre sa chair. Lui voler sa drogue, ce n’était pas la plus futée des idées. Elle ne semble pas avoir compris, après tout ce temps, que Joseph n’est pas un de ces garçons raisonnés qui règle un conflit par les mots. Il a été alimenté par trop d’expériences négatives et il éclate à la seconde-même où on allume la mèche. Surtout lorsque ça concerne cette cocaïne dont il a besoin pour calmer les battements de son cœur et les douleurs dans son crâne. Deborah lui a volé l’eau avec laquelle il doit s’hydrater pour ne pas tomber dans les vices de la stupidité.

Mais il ne peut pas lui en vouloir. Pas réellement. Ils sont tellement différents, tous les deux. Elle ne peut pas comprendre la sensation de brûlure qu’il sent davantage dans sa poitrine que dans ses phalanges exposées, déchirées, tachant lentement le sol au fur et à mesure que des gouttelettes de sang s’en échappent. Alors il lui demande pourquoi elle est encore là alors qu’elle pourrait trouver bien mieux ailleurs. Elle a subit assez de défaites dans sa vie, elle ne devrait pas chercher à trouver d’autres problèmes auprès d’un homme qui ne fait qu’en causer. Un homme qui n’a pas appris à s’aimer et qui ne peut accepter des sentiments en son encontre. « Je tiens à toi, j’ai pas plus d’explication que ça. » Il y a certaines choses dont on doit se détacher pour ne pas se blesser davantage. Ce soir, elle aurait pu subir le même sort qu’a subi Alfie. Elle aurait pu perdre la mémoire elle aussi, bégayer à chaque fois qu’elle veut prononcer un « p »,  fixer un reflet qui ne lui ressemble pas dans le miroir. Elle a été chanceuse mais la chance est éphémère. « Je suis pas quelqu’un qui se dit amie avec une autre personne si c’est pour se tirer dans les pires moments. Ce genre de ce comportement, ce n’est clairement pas être de vrais amis. Je ne referais pas cette erreur, pas avec toi. Je t’aime et c’est bien suffisant pour rester. »  Sa dernière phrase se répète en boucle dans sa tête comme un écho à la fois rassurant et déstabilisant. Son esprit refuse pour la énième fois de laisser entrer le mot « amour ». Parce qu’on n’aime pas un criminel qui a continué à enfreindre les lois même après sa libération. Doucement, elle relâche son poignet et il ne bouge pas d’un centimètre, laissant sa main blessée se reposer naturellement contre ses genoux. Il ne regarde pas les dégâts, il ne veut pas voir ce qu’il aurait pu faire au visage de sa meilleure amie. Il préfère se mentir à lui-même un peu plus longtemps pour ne pas souffrir davantage. Deborah se redresse pour se diriger vers la cuisine et il l’observe du coin de l’œil, inquiet. Il a peur qu’elle appelle les secours ou, pire, qu’elle le dénonce – mais il est stupide de penser ça, il n’arrive pas à comprendre qu’elle l’aime réellement et qu’elle ne ferait jamais une telle chose. « Qu’est-ce que tu fais ? » Il murmure, le regard soudainement alerte, prêt à se lever et à courir à la moindre occasion si les choses ne tournent pas en sa faveur. « Tiens, prends ça en attendant. Je vais appeler un médecin et lui faire part de la situation pour savoir s’il peut venir te soigner. » Elle dit en lui ramenant un verre d’eau et une pilule blanche. Il tend machinalement la main pour qu’elle dépose l’anti-douleur dans sa paume et il l’observe longuement avant de réaliser qu’elle vient de parler d’un médecin. C’est seulement à ce moment qu’il pose ses yeux sur ses doigts pour découvrir des os légèrement exposés et craquelés. Oh. C’est donc à ça qu’aurait pu ressembler la joue de Deborah s’il avait bien visé. Un frisson parcourt son échine alors que la jeune femme lui précise que les blessures seront peut-être trop graves pour un simple médecin à domicile. Évidemment, son premier réflexe est de secouer la tête mais il s’immobilise rapidement : il a compris que Deborah ne le laisserait pas s’en tirer si facilement. Il expire doucement, sa respiration toujours aussi tremblante, et il s’accroche à la poignée de la porte pour se relever en grimaçant. Il a l’impression qu’un autobus lui a roulé dessus. « Non, non. Ce ne sera que… quelques points de sutures. » Il souffle faiblement en essayant de se convaincre lui-même, refusant de jeter un autre coup d’œil à sa main de peur de ne pas arriver à croire à ses conneries. Il pose enfin le comprimé sur sa langue et l'avale avec l'aide d'une gorgée d'eau. Il pose le verre sur la table d'entrée. « À l’hôpital… Ils me demanderaient ce que j’ai f-fait. » Il s’essuie furtivement les yeux avec le revers de sa main et il renifle, se dirigeant vers le salon où la télévision joue encore une mauvaise émission. « J’arriverais pas à mentir. » Et, là, c’est la vérité. Il est bien trop déstabilisé et le mensonge pourrait se lire sur ses lèvres avant même qu’il ne prononce un mot.      
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Message(#)The treasure [Keedy] EmptyLun 26 Oct 2020 - 1:56

Parce qu’elle lui avait donné le choix de trop nombreuses fois, ils en étaient rendus là. Parce qu’elle lui avait donné le choix de s’autogérer, ils en étaient rendus à se violenter au moindre manque de Joseph. La porte portait les stigmates d’un homme qui essayait sans jamais réussir à gagner la bataille. La raison était simple : Deborah, à elle seule, n’était pas capable de le sortir de tout ça. Il fallait que Joseph ait de la volonté et que cette volonté soit davantage soutenue et pas seulement par son amie. Même si la jeune femme l’ignorait, ils étaient deux contre le reste du monde. Deux contre la petite Keegan qui ne voulait pas avoir à faire avec son frère alors qu’elle serait probablement d’un grand soutien moral pour lui. Deux contre Lou qui avait réussi son coup d’embobiner Joseph dans la vente de drogue – et dans sa consommation par la même occasion, il n’avait plus qu’à se servir à la source. – Deux contre Joseph lui-même finalement et ses satanés démons qui ne faisaient que gratter à la porte de ses espoirs. Parce qu’elle lui avait donné le choix, ils en étaient là, trop faibles pour combattre quoi que ce soit. Elle se sentait si inutile, si à côté de la plaque. Joseph avait besoin d’aide et c’était douloureux de faire face à l’idée que son aide ne serait jamais suffisante parce que l’homme lui-même n’avait pas encore eu le fameux déclic, la réelle envie de se sortir de tout ça. Parce qu’elle lui avait le choix, elle reprenait ce droit. Sans en toucher un mot au principal concerné, elle se faisait la promesse de s’imposer davantage, quitte à entrer en guerre avec lui mais si c’était le prix à payer pour lui sauver la vie, elle ne reculerait pas.

Ça commençait maintenant avec une bête histoire de médecin. Il pouvait lui donner toutes les excuses du monde, elle ne changerait pas d’avis. Il n’allait pas guérir par miracle et si le médecin leur imposait d’aller à l’hôpital, il n’allait pas passer au travers des mailles du filet. Il l’avait trop fait, c’était fini dorénavant. « Le médecin décidera lui-même. » Ce n’était pas leur décision. S’emparant de son téléphone, elle cherchait le numéro de son médecin dans le répertoire tandis que Joseph se relevait et lui exposait le pourquoi du comment il ne voulait pas se rendre à l’hôpital quand bien même cela serait nécessaire. « Tu auras pas à le faire. Tu étais énervé, tu as préféré cogner la porte que moi, ça s’arrête là, ce n’est que la vérité. Tu n’as commis aucun crime, ça ira et je serais là. Je prendrais la parole à ta place s’il le faut. » Le rassurer et en même temps, lui faire comprendre qu’elle ne lâcherait pas le morceau. C’était nécessaire de commencer dès maintenant, de lui faire comprendre qu’elle allait être davantage sur son dos et que ça ne serait que pour son bien. Un dernier coup d’œil où elle l’observait se poser sur le canapé – tant mieux, elle ne tenait pas à ce qu’il s’évanouisse et se fracasse sur le sol si jamais une chute de tension venait à arriver – et son doigt glissait sur l’écran de son téléphone : l’appel était lancé.

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