Ce candidat là, May l’avait dégoté en urgence, une après midi durant laquelle tous les deux avaient surveillés des gosses à une boom d’école primaire et entrain de boire de la vodka qui était cachée sous la nageoire du requin. Vous n’y comprenez rien ? C’est pas bien grave ! L’important est de retenir que May avait trouvé Elwyn dans une situation d’urgence où juste après avoir clôturé les castings et retenus tous les candidats, l’un d’entre eux avait fait faux bon à la production, laissant alors une jeune femme à l’abandon, sans mari potentiel pour participer à l’émission. May avait relu absolument toutes les candidatures mais pour elle, aucune ne méritait d’être encore retenu ou d’avoir la chance de refaire le casting pour faire ses preuves. Elle avait alors, dans un élan de désespoir, verre à la main, demandé à Elwyn qu’elle ne connaissait quasiment pas, s’il était célibataire et s’il serait prêt à participer à ce genre d’émission. Elle le voyait très bien passer à l’écran, il ferait fondre des cœurs et son côté pipelette pourrait plaire à beaucoup. Pas méchant, pas arrogant pour un sou, Elwyn était le parfait candidat et il pourrait faire de l’ombre à certains autres qui prenait un peu la grosse tête.
Et pour se dire oui, elle avait choisi Heïana. La jolie Tahitienne qui avait été inscrite par sa sœur, May avait été touchée par l’intention et la bienveillance qu’il y avait entre les deux sœurs. La douceur d’Heiana ne voulait pas pour autant dire qu’elle n’avait pas de caractère et May voyait en ce couple un petit cocktail explosif et pétillant qui lui plaisait déjà avant de pouvoir les voir l’un à côté de l’autre.
La voilà qui entre dans la pièce et si May en était à son 4eme mariage pour la journée, elle restait toujours autant bouche bée en voyant les mariées entrer dans la salle. Elle lui adressa un sourire, soufflant pour elle, pouvant ressentir le stress qu’elle subissait. La sœur d’Heiana avait déjà les larmes aux yeux. Attendant devant le bureau du maire, le marié arriva presque aussitôt après Heiana, ne laissant place à aucun suspens. Les voilà à présent tous les deux réunis.

petite note: n'importe qui peut participer à ce sujet en tant qu'invité aussi mais laissons d'abord les mariés répondre une première fois

Est-ce qu'il était stressé? Oui. Est-ce qu'il se posait cent mille questions? Ô que oui. Elwyn n'était même plus très sûr de se rappeler les raisons qui l'avaient poussé à signer le contrat tendu par May. Certes, il y avait un peu d'argent à se faire, mais c'était surtout l'aspect sociologique qui lui avait tapé dans l'oeil parce qu'il n'était bon que pour cela, le Cadburry, pour se lancer dans des expériences scientifiques d'envergure qui capotaient à chaque fois. Un mariage, ce ne devait pas être grandement différent d'un flambée de bananes au micro-ondes, si? Du moins, il l'espérait parce qu'il ne s'était pas spécialement prêt à ce fameux grand jour dont tout le monde parlait constamment. En plus, il y avait des inconnus un peu partout dans la pièce et Elwyn ne savait pas vraiment où il était censé se placer. Il avait envie de parler en fait, mais est-ce qu'on allait le laissait faire? Rien n'était moins sûr parce qu'il était à son mariage là et qu'il n'y avait de la place que pour un discours durant le moment de voeux et cela allait sans dire qu'il n'avait rien écrit. De toute façon, il ne savait pas du tout avec qui il se mariait. En attendant sagement au bout de l'allée, il finit par comprendre que c'était la belle et grande tahitienne qui était censée l'accompagner dans l'aventure. Peut être qu'elle s'y connaissait mieux que lui en voeux et peut être qu'elle aimait bien les tortues, Elwyn l'espérait en tout cas parce que cette expérience scientifique ne pourrait pas bien se passer si cette chère Juanita qui attendait à quelques centimètres d'Elwyn n'était pas acceptée dans l'équation. La jeune femme en face de lui, Cadburry tenta un sourire de type au bout de sa vie mais mêlé à son fameux sourire de dandy du vendredi, un mix presque étrange. "Salut, moi c'est Elwyn. Et ça, c'est Juanita, ma tortue. T'as un animal, toi? J'accepte tout, même les zébrules. Bon, c'est rare, c'est sûr, un mélange de zèbre et de jument mais sait-on jamais..." On avait clairement oublié de lui préciser dans le script qu'il devait se taire jusqu'à la fin de l'émission. Au cas où.

Elle n'en revenait tout simplement pas. Si on lui avait dit, ne serait-ce que quatre mois plus tôt, qu'elle allait se marier avec un parfait inconnu, Heïana aurait rit aux éclats, se demandant bien ce qui avait pu se passer dans la tête de la personne lui ayant fait cette prémonition. Et pourtant. Des papillons dans le ventre, son petit coeur palpitant dans sa poitrine, la gorge nouée, autant dire que la Tahitienne ne savait même plus quoi penser. La voilà, en ce jour si particulier. Son mariage. Habillée d'une incroyable robe, elle se regardait pour une dernière fois dans le miroir, alors que les habilleuses procédaient aux dernières retouches. Un bustier simple, charmant mais tout sauf vulgaire, aux jolies formes arrondies rappelant les coeurs qui étaient sensés s'entremêler pendant l'émission. De très légères bretelles larges, tombant sur le haut de ses bras amenaient une touche de romantisme à sa robe. Malgré son style princesse assez vaporeux et large, l'effet ne faisait pas meringue, loin de là. D'une teinte plus crème que parfaitement blanche, elle ne tranchait pas avec la peau caramel de la Tahitienne, mais apportait toujours plus de douceur pour ce jour de rêve. De la dentelle et quelques strass délicatement parsemés étaient la touche finale apportée à cette tenue de reine d'un jour. Un voile dans les cheveux, tombant jusqu'à la traîne mais pas ramené dans le visage ainsi qu'un collier d'or rose étaient les seuls accessoires de la future mariée. Celle-ci souffla un coup, lorsqu'on lui annonça qu'elle devait y aller. Elle suivit l'équipe qui la coachait, et monta en voiture, dans laquelle ne se trouvait malheureusement pas son père. Moana, elle, l'attendait de pied ferme à la mairie. La tendre Polynésienne leva un instant les yeux au ciel pour retenir quelques larmes menaçant de couler à l'idée que ses parents ne seraient pas là pour voir cela. Quoiqu'en y pensant, ils ne l'auraient jamais laissée y participer; un rire bref, noué par l'émotion, s'échappa de ses lèvres à cette pensée.

Tout se passa très vite ensuite. Le trajet, l'arrivée devant la mairie, l'entrée. Alors qu'elle avançait, la jeune femme observa les places de ceux étant venus pour ce jour si particulier. De nombreux collègues avaient posé leur journée, après qu'Heïana les eut invités. Charlie et Tim avaient fait le déplacement eux aussi, chacun avec l'un de leurs petits dans les bras. La brune leur sourit, petit rictus aussi heureux que stressé. Elle était contente qu'ils se soient déplacés, et était ravie de les voir, ainsi que sa ravissante filleule et son frère. Finnley était présent, lui aussi, ce qui fit sincèrement plaisir à la maïeuticienne. Heureusement que ces proches étaient là pour la soutenir, elle qui n'avait plus que comme seule famille sa cadette... Qui semblait au moins tout aussi émue qu'elle. L'aînée sourit largement en la voyant, lui fit un clin d'oeil, avant de s'intéresser à son probable-futur-époux, alors qu'elle avançait vers lui.

Elle n'eut pas le temps d'en placer une qu'aussitôt, un flot de paroles se déversa sur elle. D'abord un peu décontenancée, son naturel jovial revint au galop et elle pouffa de rire, répliquant: Bonjour ! Juanita a l'air adorable. Je n'ai pas d'animaux mais je les aime beaucoup. Elle jeta un petit coup d'oeil à la drôle de compagnie que l'homme avait amené avec lui, reprenant ensuite: Enchantée, Elwyn... Je m'appelle Heïana. Etait-ce son coeur qui cognait si fort qu'elle avait l'impression que sa poitrine allait s'ouvrir à tout moment ? Sa tête qui bourdonnait tant qu'elle avait l'impression d'être dans un monde parallèle ? La jeune fille se sentait étrangement bien, et en même temps si perdue. D'autant plus que, si elle trouvait au premier abord celui qui lui faisait face charmant et très sympathique, elle n'aurait jamais imaginé qu'on lui aurait trouvé une compatibilité avec quelqu'un qui semblait avoir une trentaine bien avancée, si jamais la quarantaine n'était pas déjà arrivée... Mais après tout, pourquoi pas ?

Le maire profita de cet instant pour arriver: Bien, nous allons pouvoir commencer !

Spoiler:

@Elwyn Cadburry, @May Glitters, @Charlie Villanelle, @Timothy Decastel, @Finnley Coverdale

Est-ce que May Glitters croit rêver lorsqu’elle voit Elwyn entrer dans cette salle avec une tortue ? Elle s’y reprend à trois fois pour être sûre d’y voir claire et se demande si elle n’avait pas abusé du cocktail de bienvenue de la production avant de venir à la mairie. Mais devait-elle vraiment être étonnée de la part d’Elwyn ? Même si elle ne le connaissait pas réellement, qu’elle n’avait passé qu’une après midi à faire le chaperon avec lui, elle en avait assez su à son propos pour trouver ça assez normal ensuite. Ca la fait doucement sourire, mais elle se demande comment Heïana allait bien réagir en voyant le reptile avec sa carapace sur le dos. Surement pas trop mal, surement qu’elle allait être attendrie. May ne lui trouvait pas vraiment de défaut et elle avait l’air si ouverte et douce, qu’elle ne voyait pas s’enflammer pour cette raison.
May croisait les doigts, elle serait ravie de voir que l’un et l’autre se disent oui à la fin de cette cérémonie. Elle serait ravie de voir Elwyn et Heäiana repartir avec la bague au doigt.
Alors que le futur marié était à présent devant le bureau du maire, il avait déjà la langue bien pendue et May ne comprenait pas tous les mots qu’il prononçaient – zébrules, par exemple – mais elle espérait qu’il allait laisser le maire en placer une quand même. « Bonjour ! Juanita a l'air adorable. Je n'ai pas d'animaux mais je les aime beaucoup. » elle savait, qu’elle aurait dû parier sur la réaction de la jeune femme dans sa plus belle tenue.
Le maire pris la parole tout en fixant du regard cette torture, Juanita et on pouvait lire dans ses yeux que la surprise le dépassait totalement. Cette journée devait sans doute être surréaliste pour lui. « Bien, nous allons pouvoir commencer ! » rappelant pour la 4eme fois les droits et devoirs des époux, le respect réciproque, l’assistance, le meilleur comme le pire tout ça… discours que May connaissait par cœur à force et après les 5 mariages, elle en rêverait sans doute la nuit. « Monsieur Elwyn Cadburry, voulez vous prendre pour épouse, mademoiselle Heïana Brook ici présente ? »

Spoiler:

Les caméras allaient sûrement profiter pleinement des âneries proférées par Elwyn lors de ces grands moments. L'angoisse grimpant, le quarantenaire savait qu'il allait en prononcer toujours un peu plus car parler à outrance avait toujours été sa technique de défense favorite face à l'adversité. Il ne s'attendait pas réellement à ce que les autres comprennent, surtout pas sur un plateau télévisé avec des dizaines de caméras braqués sur lui et sa promise. Il essayait de se rappeler pour quelles raisons il était là mais son cerveau rendait l'affaire des plus floues en vue du contexte. Ah oui, une expérience sociologique de grande envergure, le mariage entre inconnus, la fête qui s'en suivrait et les désastres certains dans la vie respective des époux. Cadburry avait signé le contrat pourtant, pour le meilleur et pour le pire, lui qui n'avait jamais su réellement tenir une relation en termes d'engagement et de durée. Ce n'était pas toujours de sa faute, même s'il avait conscience qu'il était quelque peu difficile à suivre et à vivre au quotidien. La preuve, il n'y avait que lui pour se ramener avec une tortue sous le bras à un tel événement et commencer à parler d'animaux hybrides face à sa fiancée. Heïana. Jolie prénom et jolie robe aussi, on pouvait dire que la production avait été sympathique avec lui puisqu'elle semblait douce et incroyablement patiente. Il allait se mettre à enchaîner les paroles, question de principe quand le maire intervint finalement pour lancer les hostilités. Les pensées d'Elwyn s'échappèrent bien vite parce que le discours était rasoir en comparaison de la durée de vie des étoiles de mer ou des champignons qu'il trouvait souvent dans la petite forêt à côté de son quartier d'habitation. D'ailleurs, on allait certainement l'assassiner avant la fin de la cérémonie mais était-ce quelque chose qui aurait dû lui faire peur? Elwyn n'aurait su le dire, relevant simplement un regard rieur vers la belle Brook au moment où le maire l'interrogea sur ses plans. "Et bien, avant, je tenais à m'excuser parce que selon une étude américaine de l'Université de Rochester, les femmes préféreraient les hommes habillés en rouge, car "ils auraient plus de chance de gagner de l'argent et de gravir l'échelle sociale" et bon... Je suis pas en rouge là du coup, ça gâche un peu mais... Oui, je le veux." Expérience sociologique, mais sans jolie teinte rouge à l'horizon, aucune idée d'où il allait avec cette affaire étrange mais là encore, est-ce que Cadburry avait conscience de son existence au quotidien? Plus tellement.

Elle n’arrive pas à croire que c’est réel. Que c’est le véritable monde dans lequel elle vit. Qu’elle a vraiment sorti ses iconiques talons jaune canari pour assister à un mariage. Pas n’importe quel mariage, celui de son frère. Elle aurait pensé que ça n’aurait été qu’une mauvaise farce mais Birdie doit bien constater, une fois arrivée à la mairie, que tout parait très vrai. Que ça pue la réalité, que l’expérience dépasse les frontières de la normalité, là. Birdie n’aime toujours pas ça, pas plus que le jour où Elwyn lui a évoqué ce foutu contrat qu’il a signé en requin marteau. Chose qu’il l’aurait fortement amusé. Même si ce n’est pas comme si on le saigne à sec, il n’empêche qu’on lui fait faire quelque chose d’important et Elwyn n’a même pas l’air d’en avoir conscience. Au premier rang, évidemment, ses deux sœurs un peu plus loin, Birdie garde sa jambe pliée sur le siège à côté d’elle, fustigeant la première personne qui ose vouloir venir s’y asseoir. Ses perles bleutées croisent ceux de son frère et elle lui fait un léger sourire - pour l’encourager, pas vraiment. Mais il a l’air quand même nerveux - et même s’il va tout faire pour le cacher, Birdie le sent. La pauvre Juanita a l’air complètement paumée et la blonde ne peut même pas lui en vouloir, étant à peu près dans le même état qu’elle. Puis son regard dérive vers l’assemblée et enfin une tête brune se fond dans la foule. Birdie lui fait de grands signes et elle bouge enfin sa jambe pour laisser asseoir Nea. « J’espère que t’as une bonne raison d’être aussi retard. » Birdie passe la main dans ses cheveux et la cérémonie commence pile au moment où la brune pose ses fesses sur le siège. Elle secoue la tête, elle regarde le plafond mais surtout, elle épie la future mariée d’un œil critique - trop sage, trop souriante, trop douce. C’est louche, c’est bien trop louche. « On dirait presque une sainte. C’est bizarre, non ? » Qu’elle glisse à Nea alors qu’Elwyn commence à déblatérer sa science.

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Le maire prit finalement la parole, demandant tout d'abord à l'homme qui faisait face à la jolie Tahitienne s'il souhaitait s'unir à elle. Un court instant de silence, qui sembla pourtant une éternité à la demoiselle. Elle ne connaissait absolument rien de cet homme qui s'apprêtait à répondre, et il ne se doutait sûrement pas de l'importance que revêtait le principe du mariage aux yeux de l'ingénue. Pour elle, il y avait une part de sacré dans cette institution, et ce sans même parler du passage à l'Eglise. Tout simplement, le fait de s'engager. Là était le primordial, et ce à quoi elle tenait. Bien sûr, elle était au courant qu'au vu de la médiatisation de celui-ci en particulier, et des circonstances particulières, il n'était pas rare que les couples de cette expérience télévisuelle divorce dans les semaines ou mois qui suivaient la cérémonie. Pourtant, elle voulait y croire. Probablement était-elle naïve, utopiste. Mais quand même. Pourquoi pas ? Tel était le but avoué et l'espoir animé par l'émission après tout. Elwyn avait l'air charmant, et le fait qu'il semble avoir un tempérament pour le moins... décalé, ne retirait rien à la profonde gentillesse qui émanait de lui. Il n'y avait pas de coup de foudre, mais rien ne présumait qu'ils partiraient sur de mauvaises bases. Le coeur de guimauve d'Heïana se surprenait même à espérer que tout se passerait pour le mieux et que, pourquoi pas, ils couleraient de jours heureux ensemble ?

La jeune femme s'autorisa à pouffer de rire devant l'étude sociologique que lui déballa son actuel fiancé lorsqu'il dut répondre à la question du maire. Il était vraiment atypique, comme homme. Cela aurait pu en rebuter certaines, ou en dérouter beaucoup. Heïana, elle, était appréciatrice de ce trait de caractère. Au moins, ils ne s'ennuieraient pas. En plus, curieuse comme elle était de tout ce qui pouvait bien l'entourer, il semblerait qu'elle puisse trouver une source de savoir assez inédite en Elwyn ! Puis, la conclusion. Oui, je le veux. Le coeur de la Polynésienne s'arrêta le temps d'une seconde, avant de repartir de plus belle. Alors, on y était. Son mari était face à elle, et il ne tenait qu'à son âme d'y répondre. Le maire esquissa un sourire satisfait, qui semblait même un peu soulagé d'en avoir fini avec le discours quasi-scientifique du premier des deux concernés. Il se tourna vers la sage-femme, et lui retourna la question. Mademoiselle Heïana Brook, voulez vous prendre pour époux, monsieur Elwyn Cadburry ici présent ? Des images, flashs impromptus, passèrent dans la tête de la brune. Leur maison, avec sa soeur. Elle n'y avait pas encore pensé jusque-là, idiote qu'elle était. Comment feraient-elles ? Moana ne pourrait vivre seule, pas pour l'instant. Et puis... Ses parents apparurent devant elle. Son père, toujours aussi grand et fier, un sourire éclatant sur le visage. Sa mère, l'air ému, les yeux brillants. Pour la première fois, sans avoir un portable collé à la main ou à l'oreille. Tels que la brune aurait aimé les voir aujourd'hui. Heïana crut même entendre la voix de sa regrettée maman lui souffler: N'aie pas peur, ma chérie.

D'une voix claire et pourtant un peu tremblante, la jeune fille se lança, mais ne se contenta pas de répondre au maire; elle voulut avant tout parler à Elwyn. Le costume que tu portes te va très bien. Ses joues se pigmentèrent légèrement. Pas besoin de rouge; ça ne gâche rien. Elle sourit, un peu timidement, avant d'enfin déclarer: Oui, je le veux.


@Elwyn Cadburry, @May Glitters, @Charlie Villanelle, @Timothy Decastel, @Finnley Coverdale @Birdie Cadburry

Est-ce qu'il était nerveux? Est-ce qu'il avait envie de parler jusqu'à ce que l'assemblée lui jette des tomates pour le faire taire? Le scénario pouvait être sûrement encore plus horripilant: peut être qu quelques invités s'autoriseraient à le bâillonner avec un bout de leur apparat, comme dans les films d'action qu'il avait vu tant de fois, sauf que là, il se trompait franchement de décor. Romantique, Elwyn, les films romantiques, bon sang. Il avait dû oublier à quoi cela ressemblait, du moins depuis qu'il avait vu N'oublie Jamais et qu'il avait envisagé d'acheter des actions chez Kleenex parce que Ryan Gosling, voyez. Comme quoi il était plus sensible qu'on pouvait le croire, même en dehors d'un contexte inhérent à la protection de l'environnement. Toutefois, il était franchement temps de faire quelque chose pour la survie des oursins, quel terrible destin que le leur, perdus au fond des océans, totalement oubliés, à s'en faire marcher dessus par de vulgaires plongeurs qui ne leur portaient que peu d'intérêt à côté des grands prédateurs de l'univers. Elwyn aurait pu en laisser tomber une larme ou deux, à part si, peut être, oui, éventuellement, c'était dû à la situation actuelle parce qu'il avait dit oui, non? Enfin, dans ses troubles souvenirs de la minute précédente, il avait eu l'impression de dire cela mais il n'était plus sûr de rien, étant donné que le maire avait vite repris la parole pour amorcer la suite de l'événement. Heïana, ah oui, elle était censée dire quelque chose elle aussi et c'était là où il était censé faire une syncope de deux heures et demi -donc un coma, utilisons les termes appropriés pour les troubles cliniques appropriés, monsieur le scientifique- mais il tint le coup. Sacré soldat. Il l'écouta parler, commenter le fait que ce n'était pas si grave s'il avait opté pour une couleur plus classique de costume, quoique le bleu roi restait moins courant que le fameux noir, tant apprécié des statisticiens des mariages. Là encore, il divergeait et personne n'avait moyen de savoir s'il allait se raccrocher à une branche quelque part, le Cadburry. Puis, elle avait dit oui, non? Du moins, il avait cru l'entendre dire cela mais il n'était pas sûr lui non plus parce qu'elle aurait très bien pu dire qu'elle aimait le dessin animé Oui-Oui et là, c'aurait été gênant pour tout le monde. Cela dit, le monde entier semblait applaudir, ce qui força un Elwyn béat à se retourner vers la foule en question, attrapant instinctivement la main de Heïana pour offrir un geste de célébration. Les caméras, wow, quelle maîtrise du spectacle, il s'étonnait lui-même. "Et là on fait quoi? On doit danser? Faire un buffet? Partir? Faire un discours? Non parce que je crois que dans mes poches, j'ai juste un truc que j'ai noté tout à l'heure en passant devant ma télé... Ouais, non, personne a envie de savoir que d'un point de vue botanique, les palmiers ne sont pas des arbres, mais des "herbes géantes", si? Y a une lune de miel, c'est ça? On va où, m'sieur? Madame Cadburry veut savoir autant que moi, hein?" Il allait tous les assommer, la nervosité le rendait chiant au possible ou peut être qu c'était le fond de sa personnalité, allez savoir. En tout cas, Elwyn offrit un sourire chaleureux à Heïana parce qu'il se doutait bien qu'il n'était pas spécialement un cadeau, là, tout de suite et pas sûr qu'il en serait un à l'avenir non plus d'ailleurs.

Ils l’ont dit. « Oui je le veux. » Lui, son benêt de frère, qui est supposé être plus intelligent que la moyenne. Et puis elle, la jolie brune à la peau hâlée, que Birdie n’aime déjà pas juste parce qu’elle partage une bague avec son frère. Pour une expérience et pourtant, la dénommée Heïana a l’air d’y croire dur comme fer. Elle a l’air rayonnante, comme si elle avait attendu ce moment toute sa vie. C’est affligeant aux yeux d’une personne aussi peu encline à ces conneries que peut l’être Birdie. Au moins, Elwyn a juste l’impression de participer à une émission pour des raisons scientifiques. Et s’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde ? Si un des deux développe des sentiments et pas l’autre ? Est-ce qu’ils vont se supporter ? Des interrogations qui n’ont jamais cessé de traverser son esprit depuis qu’Elwyn lui a parlé de cette histoire. La cadette a caressé l’idée jusqu’au bout que ce ne fut qu’une simple farce, une mascarade, qu’il n’y aura que du plastique, une mise en scène, rien de réel. Mais Heïana est très réelle, les invités encore plus, le lieu est la foutue mairie et le maire et bien, il porte son écharpe, ça veut bien dire ce que ça veut dire. La jolie blonde se mordille l’ongle. « Même pas ils disent les conneries ‘si quelqu’un veut parler, c’est maintenant ou jamais’ blablabla. » C’est bidon, tout est bidon, bon dieu, dites-lui que c’est bidon. Et pourtant, Elwyn se retourne, il prend la main d’Heïana et il se met à parler. Birdie cache son visage de sa main, priant pour que la nouvelle femme de son frère ne va pas céder à des pulsions meurtrières dès les minutes où ils seront seuls. Parce qu’il est bien connu qu’il faut toujours se méfier des visages parfaits, souriants et doux. Ce sont ceux qu’on soupçonne le moins qui peuvent blesser le plus. Birdie sort une boulette de sa poche et la lance en visant son frère. « Tu m’as promis des Dragibus, Wynnie ! Tu pars pas en nuit de noces sans m’avoir donné mon dû. » Rien que l’idée de ‘‘nuit de noces’’ lui fait frémir l’échine, de dégoût certainement. Sérieusement, comment Nea peut supporter cette situation ?

La procédure des mariages restait toujours la même, au fond. Charlie n’avait jamais eu à assister à aucun d’eux jusque là mais elle vient d’en enchaîner trois en une journée et elle est presque certaine de désormais pouvoir réciter les mots du maire dans leur ensemble sans faire de fausse note. Ce n’est cependant pas parce que les cérémonies s’enchaînent qu’elles se ressemblent toutes et celle de Léo n’avait rien à voir avec celle de Matt, lesquels n’ont non plus rien à voir avec celle d’Heïana maintenant. La blonde a longuement hésité avant de se rendre à ce mariage-ci, sa relation avec la Tahitienne étant encore loin d’être optimale. Elles ont pourtant un futur à construire ensemble et des cicatrices à apaiser, et pour cela Charlie doit autant y mettre du sien que possible. Quand elle n’agit plus pour elle même elle le fait désormais pour ses enfants, raison suffisante pour déplacer des montagnes.

Elle a confié Gabriel à Tim et se charge de Willow, chacun occupant au mieux son bébé pour ne pas faire de zèle durant la cérémonie. Ils sont exténués de la journée qu’ils viennent de passer et c’est à n’en pas douter qu’ils dormiront dès qu’ils seront rentrés chez eux dès cette cérémonie ci terminée. Pour le moment encore, les yeux de la jeune femme brillent devant la tenue de son amie d’un blanc immaculé et celle de son futur mari, bien plus atypique qu’elle n’a pu le voir jusque là. Elle reconnaît son visage d’une rencontre au hasard mais ne saurait pas dire beaucoup de choses de plus à son sujet. Tous les deux ont l’air heureux et c’est tout ce qui compte, finalement, quand ils s’échangent des mots que personne n’arrive à comprendre dans l’assemblée et d’autres sourires. Les sourires, c’est tout ce qui importe. Tant qu’ils ont mal aux joues en sortant de la mairie, c’est tout ce qui importe.

Ca, et ce qui est en train de devenir les vœux scellant leur union pour une durée indéterminée et si possible interminable.

Un peu désorientée, assez perdue, totalement décontenancée, et malgré tout plutôt confiante. Ainsi aurait pu se décrire Heïana en cet instant, celui-là même où elle venait d'unir sa vie à celle d'un total inconnu; en tout cas, sur le papier, c'était l'idée. Elle n'aurait jamais imaginé contracter un jour un mariage de cette manière-là, presque à la va-vite, mais après tout, qu'était l'être humain pour oser prétendre de son avenir ? Rien, un grain de sable à l'échelle de l'immensité l'entourant; et encore. Elle jeta un discret coup d'oeil à Moana, qui lui fit un sourire mélangé à une espèce de drôle de grimace, levant ses deux mains près de sa tête et mettant ses pouces en l'air, en signe d'encouragement. La brune savait que quoi qu'il arrive, elle pourrait toujours compter sur sa cadette; celle-là même qui lui avait fait le cadeau acidulé de son inscription surprise à "Mariés au Premier Regard", et qui avait très bien su dès lors que sa grande soeur, à la fois par esprit de défi envers elle et par un certain esprit romantique et naïf, ne refuserait pas cette étrange opportunité. Son regard dévia sur l'assemblée, et elle y vit @Charlie Villanelle et @Timothy Decastel, les jumeaux dans les bras, et pourtant aussi attentifs que possible à la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Elle leur accorda un regard appuyé, brillant d'émotion, d'inquiétude et de remerciement mélangés. Cela lui faisait vraiment plaisir qu'ils aient pu se déplacer, alors même qu'elle n'était pas vraiment encore rabibochée avec la blonde, ce qui lui tenait pourtant à coeur, maintenant que leur coup d'éclat d'il y a plusieurs mois était passé. Heïana avait cependant un minimum de fierté, et elle attendait, si ce n'est des excuses - quoi que ça en mériterait pour avoir insinué qu'elle tenait plus à son image qu'elle ne se souciait de la vie de l'ancienne étudiante, alors que c'était tout sauf le cas, et que cette-dernière le savait très bien - au moins un premier pas. Puis, son attention fut attirée par la présence discrète, mais néanmoins bien réelle, de @Finnley Coverdale. Un ami véritable, qui naviguait actuellement en eaux troubles, mais qu'elle ne comptait pas lâcher pour autant; ils avaient trop en commun pour que la Tahitienne ne le permette. Elle lui accorda un sourire discret mais assez long pour qu'il puisse voir de sa place, que c'était à lui qu'elle le dédiait. Sa vue vogua sur ses quelques collègues qui avaient pu venir, ayant entendu parler depuis le début de sa participation à l'émission. Son "côté" de participants se réduisait à cela, mais elle en était satisfaite. Mieux valait peu mais bien attentionnés que trop de monde sans réel intérêt de la voir en ce moment si particulier.

Finalement, Elwyn reprit la parole, un véritable moulin. Il parlait si vite et de manière si interrompue que la sage-femme eut bien du mal à le suivre; heureusement, comme le souhaitait la diction normale de toute personne, il ralentit sur la fin, permettant à Heïana de comprendre à peu près de quoi il parlait. En effet, elle souhaiterait bien savoir où on allait les envoyer. Une personne dans l'assemblée, dont la ressemblance avec son désormais mari n'était pas à discuter, réclama des dragibus. Sa soeur, peut-être ? Ils semblaient avoir de l'écart, mais ce n'était pas impossible. La brune ressentit un frisson la parcourir et son ventre se nouer un peu à l'idée de la "nuit de noce"; à quelle sauce allait-elle être mangée ? Seul Dieu le savait. Elle marqua finalement son accord. Oui, j'aimerais bien savoir aussi ce vers quoi nous allons. Le maire reprit alors la parole: Oh, ça, je ne doute pas que l'équipe de production vous l'indique ! Mais comme il est de tradition... Et il se tourna vers Elwyn: Vous pouvez embrasser la mariée, Monsieur. Ou, au vu de la circonstance... Eh bien, comme vous le souhaitez, tous les deux. Heïana leva alors les yeux vers l'homme, qui devait bien faire une dizaine de centimètres de plus d'elle, à la fois curieuse et un peu timide. A lui l'honneur, vu que le maire s'était d'abord adressé à son mari.


@Elwyn Cadburry, @May Glitters, @Birdie Cadburry

Il avait encore bien du mal à réaliser que c'était son mariage, que les gens étaient là pour lui et sa fiancée des plus inconnues. Elwyn avait bien sûr remarqué le manège de sa petite soeur, faisant au mieux pour les ignorer parce qu'il y avait les caméras et que personne n'était anonyme face à un écran de télévision. Comme quoi il arrivait encore un minimum à réfléchir ou alors, il ne serait pas là à avoir des onces de pensées cohérentes devant tout un public. Certes, ce n'était pas la majorité de ce qu'il avait dans le crâne vu le bordel là-haut, Cadburry avait, semblait-il, quelques priorités qui lui envoyaient un signal d'urgence à travers les neurones. Et l'endroit de la lune de miel? L'heure à laquelle ils devaient partir? Combien de temps ils mettraient pour y arriver? Le programme? Est-ce qu'ils étaient obligés de faire ou dire des choses scriptées? Elwyn n'avait vraiment pas lu les petites lignes du contrat et là, il commençait à s'en inquiéter, pile au moment où ils étaient déclarés mari et femme, que l'inconnu était devant eux, qu'elle allait porter son nom de famille. Heïana. Elwyn n'avait franchement pas beaucoup de jugeote et il lança un sourire contrit à sa petite soeur qui devait clairement rire de lui à l'intérieur puisqu'il faisait un peu moins le malin depuis une minute ou deux. Une expérience sociologique, voilà ce à quoi il participait et Cadburry comprenait que le mariage tout entier, dans son ensemble, en tant que concept en était un... Il était marié, en fait, et il n'y avait rien de fait pour la science ou un délire occulte que seulement lui comprenait, non, là, on lui demandait d'être à la hauteur d'une femme qu'il ne connaissait pas encore. Réveille toi, Elwyn, assume et joue ton rôle jusqu'au bout, peut être que le meilleur t'attend au bout. Le moment parfait pour s'éveiller se devait d'être au moment où le maire parla à nouveau et mentionna le fameux baiser qui était de rigueur à chaque fin de cérémonie de ce type, Elwyn avait complètement oublié ce fait, tiens. Il avait oublié plus ou moins tout en réalité, peut être que son cerveau était décédé quelque part entre la minute précédente et celle suivante, il n'aurait su dire. Cela dit, il eut un sourire envers Heïana, elle rougissait un peu et cela l'attendrissait, elle ne devait pas avoir beaucoup d'expérience en amour sinon elle aurait eu de l'assurance face à un tel discours du maire. Cadburry s'approcha délicatement, posa une douce main sur sa joue et déposa un baiser sur ses lèvres, rien d'extravagant, pas forcément innocent non plus mais juste ce qu'il fallait pour contenter autant le public que Heïana qu'il était hors de question d'effrayer. Pas tout de suite en tout cas.