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 Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana

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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyMer 19 Fév 2020 - 20:35



Help me if you can, I'm feeling down

@Alfie Maslow & Jules Rhodes



J’ignorais que le temps pouvait passer aussi lentement et pourtant, cette journée et les trois précédentes me prouvent que c’est tout à fait envisageable. Pourtant, aujourd’hui, je reste à la maison, heureuse d’être enfin en congé après deux semaines de six jours enchainées pour donner un coup de main à une collègue. J’avais de nombreux projets, je voulais ranger les affaires d’Anabel, me renseigner sur les cours de dessin parce qu’elle a exprimé le souhait d’en suivre et avancer sur mon livre qui est resté au point mort depuis des mois. Je sais que je devrais arrêter de me chercher des excuses pour ne pas me plonger davantage dedans, parce qu’en réalité, même si le temps me manque et que me lancer dans l’inconnu est compliqué, je sais que si je le voulais, je trouverais toujours quelques minutes pour m’y mettre et avancer un peu chaque jour. Malheureusement, le monde entier semble être décidé à altérer la motivation que je ressentais encore quelques mois auparavant et, devant ma page blanche, je regarde le curseur qui clignote sans écrire le moindre mot. Je regarde ma montre. Alfie et Anabel débarqueront dans moins de deux heures et je n’aurais rien fait de ma journée, c’est pitoyable. Pourtant, je n’arrive pas à me faire violence, parce qu’il m’est impossible de penser à autre chose qu’à cette idée qui est désormais au centre de toutes mes interrogations et je sais que je ne pourrais pas avoir l’esprit tranquille tant que j’essaierais de la combattre plutôt que de l’analyser. Je donnerais tout pour qu’elle disparaisse, pour retrouver un sommeil serein et me débarrasser de cette angoisse qui ne me quitte plus, mais si la politique de l’autruche m’a déjà servie de nombreuses fois, mon cerveau semble cette fois être contre moi et ne me permet pas de trouver ce répit salvateur. Alors ma main fait glisser la souris pour ouvrir une nouvelle page de recherches internet et au lieu d’avancer ma rédaction, je me perds dans les méandres de forums en tous genres, dévorant une à une les histoires de déni de grossesse racontées par des centaines de femmes, parfois touchée par leur récit, parfois horrifiée, mais à chaque instant plus inquiète à l’idée que je puisse répéter l’un de ces scénarios. C’est pourtant évident, ça ne peut pas m’arriver à moi, c’est impossible. J’en suis certaine. J’en étais certaine du moins, jusqu’à ce que je réalise que ce n’était pas si improbable que ça, finalement.

Depuis des semaines, déjà, je sais bien que quelque chose chez moi a changé, mais c’était facile à expliquer, après tout, mon quotidien a changé, l’arrivée d’Anabel a été un vrai bouleversement, tout comme l’agression d’Alfie plusieurs mois auparavant, le début de la rédaction de ce livre dans lequel je n’arrive pas à m’impliquer autant que je le devrais. Tous les facteurs sont réunis pour que je ne me sente pas dans mon état normal, c’est logique et ça ne veut rien dire du tout. Je ne suis même pas inquiétée plus que ça de ces changements, après tout, pourquoi est-ce que je paniquerais pour une légère prise de poids alors que je peux simplement suivre les conseils de Diana pour retrouver ma ligne ? Pourquoi devrais-je m’inquiéter de ces difficultés à trouver le sommeil alors que ces heures éveillées me font gagner du temps sur mes tâches quotidiennes ? Pourquoi devrais-je m’en vouloir d’être moins patiente avec les gens alors qu’en général je le suis trop et que je me laisse marcher dessus ? Ce ne sont que de petits détails pour moi et je n’y aurais même pas fait attention si l’application de suivi de mes cycles sur mon téléphone n’avait pas cru bon de m’informer que je n’avais saisi aucune donnée depuis trois mois. Trois mois. C’est énorme. J’ai commencé par paniquer, j’ai retracé les trois derniers mois écoulés en me demandant comment j’avais pu oublier quelque chose qui est devenu pour moi un automatisme depuis mon adolescence et tous ces petits détails insignifiants d’humeurs et de prise de poids me sont brusquement revenus en mémoire, comme pour appuyer une théorie à laquelle je refuse pourtant d’accorder un quelconque crédit. Après cette vague de panique, c’est ma raison qui a repris le dessus, me forçant à être plus rationnelle et à accepter le fait que tous ces éléments ne sont que des coïncidences, rien de plus. Si je prends du poids, c’est parce que je grignote entre les repas, si je suis moins patiente, c’est que je suis fatiguée et si je suis fatiguée c’est parce qu’Anabel me prend tout mon temps. Quant à cette application, bien sûr qu’il est possible que j’ai oublié de la remplir, j’avais un Alfie convalescent à gérer et une petite tornade à faire emménager dans les meilleures conditions possibles. J’ai été submergée, c’est tout. C’est en tout cas ce dont j’essaie de me persuader depuis quatre longs jours sans réellement y parvenir et alors que je termine une énième lecture d’histoire sordide et que je me lance dans une revue scientifique dont je ne comprends qu’un mot sur cinq, je sais que je vais devoir arrêter de me voiler la face.

J’ai redéposé quatre fois mon manteau à son emplacement habituel avant de trouver le courage de le mettre sur mon dos et lorsqu’une vendeuse s’approche de moi pour m’aider à choisir parmi les dizaines de marques de tests de grossesse étalées sur les présentoirs, je manque de m’enfuir en courant comme s’il était possible qu’elle me reconnaisse et annonce mon achat dans les haut-parleurs à tout Brisbane. Revenue à la maison, je planque une des deux boites – car évidemment un seul ne suffit pas pour être certain du résultat, selon moi – sous une pile de pull dans l’armoire et passe les trente minutes suivantes à éplucher la notice contenue dans la boite comme si j’avais entre mes mains une arme extrêmement puissante à manipuler avec énormément de précaution. Les instructions m’indiquent qu’il est plus efficace d’effectuer ce test le matin et j’hésite un instant à prendre cette excuse pour repousser à plus tard le verdict que j’ai si peur de découvrir. Je dois me faire violence pour y renoncer et faire ce fichu test. Je ne réalise toujours pas que je le tiens entre les mains et je ne veux surtout pas penser aux conséquences du résultat. Je n’ai pas le droit d’annoncer ça à Alfie après les conversations que nous avons eues et encore moins vu l’état de notre couple en ce moment. Les tensions ont beau être moins présentes depuis son agression, je sens bien qu’elles reviennent doucement et que nos désaccords et nos incompréhensions sont loin d’avoir disparus. Je ne pourrais donc pas choisir le pire moment pour lui annoncer une telle nouvelle et je tremble à l’idée de voir ce résultat. Paradoxalement, je réalise parfaitement avoir rêvé de ce moment-là pendant des années, espérant qu’un jour, c’est une expérience que je pourrais vivre et que je pourrais expérimenter la joie d’annoncer à celui qui partage ma vie que notre famille va s’agrandir, mais pas comme ça et pas maintenant. Les deux minutes d’attente sont les plus longues de toute mon existence, je pianote nerveusement sur le bord du lavabo contre lequel je me suis appuyée, les yeux rivés sur l’écran où doit apparaitre le fameux résultat. Une barre. C’est le résultat qui s’affiche indiquant que je devrais être soulagée et que tous les symptômes que je pensais avoir n’en sont pas réellement, mais en réalité, je ne peux pas ignorer ce léger pincement au cœur à l’idée que mon rêve n’est pas encore sur le point de se réaliser. Je sais que c’est mieux ainsi, que ce n’est pas le bon moment et j’ai pleinement conscience que ce n’est pas quelque chose que je veux faire contre la volonté d’Alfie, mais j’ai du mal à ressentir ce sentiment de soulagement. Je reste le regard figé sur cette barre inanimée, incapable de faire le moindre mouvement.

La clé tourne dans la serrure, et une petite voix fluette se fait entendre, accompagnée rapidement de celle de mon petit-ami, enjoué, comme d’habitude, lorsqu’il parle à sa filleule. Merde. Il est déjà si tard que ça ? Est-ce que je n’ai pas laissé la notice sur la table du salon ? Et la boite ? Où est-ce que j’ai foutu cette boite ? Je devais préparer le diner, en plus – pour une fois que c’est moi qui le fais – et autant dire que je n’ai absolument rien prévu. Rapidement, je fais disparaitre toutes les preuves de mon activité du soir dans la poubelle à côté du lavabo, je me lave les mains, ajuste ma tenue et tente d’afficher le sourire le plus sincère possible sur mon visage – et mes talents d’actrice ne sont toujours pas au rendez-vous – avant de sortir. « Vous êtes déjà là ! » Je commente, non sange jeter un coup d’œil vers la table du salon pour vérifier que la boite n’est pas là – et elle ne l’est pas, au secours, où est-ce que je l’ai mise ? – avant de me diriger vers eux. Je me baisse pour faire un bisou sur la joue d’Anabel, puis me redresse pour en déposer un autre sur les lèvres d’Alfie avant d’attraper le sac-à-dos de la petite fille. « J’espère que vous aimez les pâtes parce que c’est le menu de ce soir. » Original. « J’adore les pâtes. » S’extasie Anabel, que je peux sûrement surnommer ma sauveuse, pour la soirée. Joignant le geste à la parole, je me déplace rapidement dans la cuisine pour sortir une casserole et y faire bouillir de l’eau. J’espère qu’Alfie ne sera pas trop regardant sur l’équilibre du repas et sur mon absence totale de talent culinaire. Anabel me rejoint pour m’aider à mesurer les coquillettes avec le verre doseur et alors que mes pensées se tournent de nouveau vers le test désormais échoué dans la poubelle et mon incapacité à retracer mes actions pour m’assurer que toutes les preuves de mon activité du soir sont hors de portée d’Alfie et d’Anabel, je laisse le contenant déborder et la moitié des pâtes se répandre sur le sol de la cuisine. « Fait chier ! » Je jure, en revenant brusquement à la réalité ce qui ne manque pas de faire réagir la petite fille. « Jules, elle a dit un gros mot ! » S’époumone la petite fille en direction de son parrain, espérant certainement des remontrances de la part de ce dernier. « Mais non, tu as mal entendu, c’est tout. » Et un mensonge, de mieux en mieux. J’envoie la petite fille mettre la table pour occuper les sept minutes de cuisson et nous nous retrouvons attablés devant un diner loin d’être appétissant. J’ai trouvé miraculeusement une boite de sauce tomate non périmée et des tomates fraiches pour tenter de faire un semblant de sauce et c’est une moue désolée que j’adresse à Alfie en m’asseyant à table. J’ai beau faire de mon mieux pour me concentrer sur la conversation, mes pensées reviennent vite à ce test négatif. Est-ce que ça existe les faux négatifs ? Est-ce que je devrais aller voir un médecin pour confirmer ? Faire le second test ? J’aurais sûrement dû en parler à quelqu’un au lieu de faire ça toute seule, mais il n’y a vraiment personne avec qui j’ai envie de partager mes doutes dans l’immédiat. « Hein, que tu es d’accord, Jules ? » La voix de la petite fille me ramène à une conversation que je n’ai absolument pas suivi – comme à peu près toutes celles qui ont pu avoir lieu sous notre toit ces quatre derniers jours – et je me sens coupable de ne réussir qu’à faire physiquement acte de présence auprès d’eux. «  Oui, oui, je suis d’accord. » Je me hâte de répondre, sans savoir ce que je viens d’accepter et espérant simplement que c’est quelque chose de réalisable, sans danger et sans douleur ce qui est beaucoup demander à une enfant de six ans qui ressemble de plus en plus à son parrain. Le diner s’éternise et je me fais violence pour écouter et ne pas me faire surprendre une seconde fois – non sans prier pour que la boite du test se soit simplement désintégrée – ce qui est un exercice compliqué dans les circonstances actuelles. Sortir de table est un véritable soulagement, expédier Anabel au lit l’est encore plus et je retrouve avec bonheur notre chambre, espérant simplement pouvoir prétendre être fatiguée pour éviter de devoir parler. J’attrape un T-shirt dans l’armoire et je suis en train de détacher les boutons à l’avant de ma robe lorsqu’Alfie entre dans la pièce. Je fais un effort pour afficher une expression sereine avant de me tourner vers lui et de poser mon regard sur l’objet qu’il tient à la main. La fausse sérénité laisse immédiatement place à la panique. Oh non, oh non, oh non. « J’allais t’en parler. » Je mens, sans savoir pourquoi. Je n’allais pas lui en parler du tout et la vérité, c’est que je ne sais pas du tout ce que je vais bien pouvoir lui dire à ce sujet.


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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyVen 6 Mar 2020 - 20:05


JULIANA & ALFIE ⊹⊹⊹ help me if you can, i'm feeling down and I do appreciate you being 'round. help me get my feet back on the ground, won't you please, please help me ?

Deux ans. Ce n’est pas grand-chose quand on y pense.

C’est la durée d’un master, et de la plupart des formations post-grade, le service militaire dans certains pays, le temps de certains permis de conduire à l’essai, la durée maximale de la gestation d’un éléphant, la durée moyenne d’un mariage à notre époque.

Le temps qui s’est écoulé depuis le décès de Rachel, surtout.

Il l’a verbalisé voilà quelques mois, mais ce sentiment ne l’a pas quitté, c’est nettement accentué au cours des dernières semaines, en est devenu carrément insupportable depuis quelques jours. Rachel lui manque. Et si Alfie ne fait pas dans la symbolique en temps normal, sa cousine est l’exception qui confirme la règle, s’ajoutant aux diverses pensées déjà bien envahissantes qu’il tente de maîtriser depuis quelques semaines. Les jours ont passé, cette boule au ventre n’a cessé de grandir jusqu’à l’implosion ; jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce 16 février, date qu’il appréhende désormais chaque année. C’est ridicule, pourtant, d’être envahi par les souvenirs d’une Rachel alors qu’elle a tant d’autres jours pour le hanter comme elle sait si bien le faire. Et il pense à elle bien plus souvent qu’un seul jour par année, mais ce 16 février prend une valeur concrète, le renvoie au plus grand bouleversement qu’il ait connu et qu’il refuse encore d’accepter. Cette date l’oblige à s’ancrer dans la réalité, à prendre conscience qu’elle n’est plus là. Oh, il le sait pourtant, au fond, qu’elle ne reviendra jamais ; mais ce n’est pas ce qui lui permet de supprimer son numéro de son répertoire, de cesser d’écouter le dernier message laissé sur son répondre à intervalle régulier, de continuer à la chercher du regard lorsqu’il a besoin de partager une bonne nouvelle, de tendre la main vers la sienne quand il a besoin d’en accueillir une mauvaise. Il se heurte constamment au vide, mais ce n’est pas pour autant qu’il retient la leçon et qu’il cesse de la chercher dans son quotidien. Elle n’est plus physiquement présente, mais elle prend différentes formes ; cette feuille qui s’envole et s’écrase contre lui, ce rayon de soleil qui se fraie un chemin parmi les nuages par temps de pluie, le sourire d’Anabel qui est la parfaite reproduction du sien.

La petite fille le tire par la manche, l’obligeant à revenir sur terre alors qu’il détache son regard de la pierre tombale de la jeune femme qui leur a été enlevée trop tôt. « Elle va vraiment rester là toute la vie ? » Il esquisse un maigre sourire face aux mots utilisés par Anabel pour poser sa question tant ils sont paradoxales avec la situation, et voyant l’inquiétude dans les yeux et le ton de sa filleule, il s’abaisse à son niveau, posant ses mains sur ses bras et caressant doucement ceux-ci dans un geste qui se veut rassurant. « Son corps, oui, mais pas son esprit. » « Il est où ? » « Partout, nulle part, ça dét-dépend où tu veux qu’il soit. » Il débute, peu à l’aise dans l’exercice d’expliquer ce genre de sujets à une enfant. Mais Anabel approche les sept ans, et ses raisonnements ainsi que sa manière d’appréhender le monde évoluent ; elle a compris que sa mère ne reviendrait plus depuis longtemps, mais elle ne s’interroge que sur les raisons depuis peu. Et il a bien vu que la gamine était autant perturbée que lui depuis peu, alors loin de lui l’idée de prétendre que la situation est normale, et lorsque sa filleule a émis le souhait d’aller au cimetière aujourd’hui, il n’a pas tenté de la dissuader, tout comme il ne tente pas d’arrondir les angles face à ses questions. Ce serait stupide, ce ne serait que la tenir éloignée de la réalité de ce monde. Et selon lui, elle peut très bien y être confrontée tout en faisant de son mieux pour qu’elle en reste protégée : pour cela elle a besoin d’avoir les éléments en mains, et cela passe par sa franchise. « C’est quelque chose qui dépend de toi et qui vient avec le temps. Ça s’appelle des croyances, ce sont des idées qui n’ont pas forcément de pri-preuves, mais qui sont vraies pour toi, et c’est le plus important. » Il reprend, affichant un sourire un peu bienveillant. « Pour moi, par exemple, l’esprit de ta maman est là. » Qu’il dit en posant sa main sur son cœur, représentation peut-être un peu niaise mais néanmoins sincère. « Ça veut dire que même si elle n’est plus là phil-physiquement, ses souvenirs et mon amour pour elle sont toujours présents. Et elle aussi, elle est toujours là, c’est juste que tu as une relation différente avec elle que celle que tes copines ont avec leurs mamans. » Il ajoute, avant de poursuivre, un peu hésitant : « Mais ça ne veut pas dire qu’elle n’est pas là, bien au contraire, elle l’est, et elle le sera toujours. » Il ignore le discours que Stephen a tenu sur le sujet au moment d’en parler avec l’enfant, peut-être qu’il se veut contradictoire, peut-être qu’il assomme Anabel avec des explications qu’elle possède déjà, mais l’air légèrement plus détendu que l’enfant affiche sur le visage le convainc que, malgré la mauvaise idée que peut représenter le fait d’avoir emmené une gamine de sept ans au cimetière, ce moment l’aide à accepter toujours un peu plus une situation qu’elle n’aurait jamais dû vivre. « Je sais. » La voix d’Anabel finit par s’élever, bientôt brisée par la confession qui suit, comme le cœur d’Alfie à l’entente de celle-ci. « Elle me manque. » « Et ce sera toujours le cas, mais je t’assure qu’un jour, ça deviendra moins douc-douloureux. » Entourant la silhouette de l’enfant de ses bras, parrain et filleule restent ainsi pendant quelques minutes, sans savoir lequel a réellement besoin de cette étreinte rassurante et de ces paroles sincères.

« JUUUULES ! » « Doucement, elle tient à ses ta-tympans. » Qu’il s’amuse alors que sa filleule file dans l’appartement une fois la porte ouverte, et qu’il l’observe avec tendresse. Cette gamine est exceptionnelle, et encore une fois, aujourd’hui lui a prouvé qu’elle prenait finalement mieux soin de lui qu’il ne prenait soin d’elle. Il n’était pas à l’aise avec l’idée de parler de Rachel à Anabel, pourtant la conversation au cimetière et le moment qui a suivi lorsqu’ils se sont baladés après l’école s’est avéré bien plus instructif pour lui que pour elle. C’est le cœur plus léger qu’à leur réveil qu’ils reviennent chez eux, accueillis par une Jules dont l’air hagard l’interroge légèrement. Mais il fait abstraction de ce détail au moment de saluer sa petite amie, affichant un sourire amusé face au manque de créativité culinaire de la jeune femme. Filant du côté de son bureau pour mettre de l’ordre dans sa paperasse alors qu’il s’apprête à reprendre le travail – de recherche du moins – Alfie est interpellé lorsque la voix d’Anabel arrive jusqu’à ses oreilles. S’approchant de la cuisine, il laisse échapper un léger rire en arrivant. « Tu connais la règle. » Qu’il dit, l’air de rien, alors qu’il a fait dans le cliché pour bannir les gros mots de son toit, monnayant la punition de ceux-ci. « Tout va bien ? » Qu’il finit toutefois par demander dans un murmure à Jules à son niveau, avant d’aider l’enfant à mettre la table. « Ça sent très bon. » Qu’il glisse face au regard presque désespéré de Jules alors qu’il s’asseye à table, faisant la conversation à une Anabel qui meuble le silence de Jules, alors qu’il continue de se poser des questions quant à l’humeur de sa petite amie et de surveiller celle-ci du coin de l’œil. Envoyant Anabel au bain, gardant une oreille attentive aux babillages de cette dernière qui joue dans l’eau et lui confirme que tout va bien, il débarrasse et nettoie la cuisine tout en persistant à garder un œil sur Jules. Une fois cette première mission réalisée, et Anabel ayant enfilé son pyjama, il installe celle-ci au lit, non sans qu’elle fouille dans l’un des coffres où elle a éparpillé ses affaires. « Regarde, j’ai trouvé pour l’esprit de maman. » Elle annonce fièrement, un bracelet dans les mains qui appartenaient à Rachel. S’en emparant, Alfie l’attache autour du poignet de sa filleule. « Et comme ça, il ne te quittera plus. » Il conclut avec un sourire avant d’embrasser l’enfant sur la joue pour lui souhaiter bonne nuit, restant encore avec elle quelques instants avant de filer en direction de la salle de bain pour nettoyer suite au passage de la tornade Forbes et se préparer à son tour.

Et il se sent léger, Alfie, pour la première fois depuis longtemps. Cette journée qui aurait dû être aussi étouffante que celle de l’année dernière à la même date s’est avérée bien plus apaisante qu’il ne l’aurait pensé. Mais comme trop souvent, les parenthèses qu’il parvient à s’offrir loin de ses pensées parasitaires sont de courte durée, et tout remonte lorsque son regard se pose sur un objet bien en évidence dans la poubelle. Il n’est pas stupide, il le reconnaît aussitôt, pour autant il ne parvient pas à réagir alors que son esprit freeze quelques secondes, minutes peut-être, et qu’il ne parvient pas à décoller ses yeux du test de grossesse. C’est une plaisanterie, pas vrai ? C’est impossible, c’est absolument impossible. Jules ne peut pas être enceinte, parce qu’il a clairement exprimé son souhait de ne pas être père et qu’ils prennent leurs précautions pour que cela n’arrive donc pas. Mais c’est bien son désir à lui et non celui de la jeune femme, qui attend avec impatience le feu vert d’Alfie pour fonder cette famille dont elle rêve. Feu vert qu’il n’a pas souvenir d’avoir donné, pourtant le résultat est là : ce test trône dans la poubelle, et le résultat est inconnu pour un Alfie qui ne sait pas comment il doit lire ce qui est affiché sur l’écran, ni comment il doit accepter cette information, et s’il doit même l’accepter. Parce qu’il n’a pas donné son accord, alors comment se fait-il que Jules ait pu penser être enceinte ? Ou puisse même l’être ? Il s’en empare, s’en fichant bien que celui-ci soit recouvert d’urine, traversant l’appartement rapidement sans aucune délicatesse pour les portes ou autres objets sur son chemin, arrivant jusqu’à la chambre pour confronter Jules, sans réellement savoir par où il doit commencer. Est-ce vrai ? Est-ce un accident ? Est-ce volontaire ? « Avant ou après le ramassage des poubelles ? » Parce que la vérité est qu’elle n’en avait pas l’intention en vue de l’endroit où il a trouvé ce test. Elle a fait les choses dans son dos, sans lui en parler, et à ce constat Alfie peine à garder un calme qu’il doit pourtant forcer pour ne pas éveiller les soupçons d’Anabel qui est paisiblement installée dans sa chambre de fortune. « C’est pas toi qui me parlait de cam-communication ? J’imagine donc que c’est sélectif, et que ça ne marche que dans un sens et pour certains éléments ? » Il demande, la colère qui frappe dans ses veines, et Alfie qui prend ses distances alors qu’il finit par laisser tomber le bâton par terre. « Ouais, après tout, c’est pas très important. » C’est pas très important qu’elle se joue de lui, qu’elle trahisse sa confiance, qu’il soit de nouveau celui qui doit se la fermer quand elle décide pour eux deux. « Tu l’es ? » Qu’il finit par demander, soudainement plus calme, le cœur qui tambourine dans sa poitrine, anxieux à l’idée de la réponse qu’elle pourrait lui donner. Et s’il était persuadé qu’il y a une réponse qu’il veut entendre plus qu’une autre, finalement il se rend compte qu’il n’en est plus si sûr ; et la colère se retourne contre lui et la manière dont il piétine lui-même ses propres certitudes.
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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyJeu 25 Juin 2020 - 16:23



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@Alfie Maslow & Jules Rhodes



Alors que je tente – avec un succès plus que modéré – de contrôler les expressions de mon visage pour paraitre sereine et détendue, je sens le regard inquisiteur d’Alfie se poser sur moi. Il me connait par cœur, je le sais, et si d’habitude je trouve plaisant d’être aux côtés de quelqu’un qui n’a pas besoin de longs discours de ma part pour comprendre ce que je ressens, j’admets qu’il est aujourd’hui plutôt handicapant d’être aussi facile à cerner par l’homme que j’aime. Malgré tout, parce qu’Anabel est là, et parce que je suis complètement déroutée par ce retour anticipé, je continue à essayer de jouer maladroitement ce rôle de personne pour qui tout va parfaitement bien. La filleule d’Alfie est une petite fille solaire qui arrive à garder toujours le sourire malgré tout ce qu’elle a eu à subir dans la vie, alors j’ai plutôt intérêt à sourire et à prouver que je suis en pleine forme. C’est le cas, en réalité, ou en tout cas ça le devrait, parce que ce test m’a effectivement donné un résultat négatif et que c’était tout ce que je demandais, mais le retour imprévu d’Alfie et Anabel m’a fait totalement perdre les moyens et c’est à peine si je parviens à aligner deux pensées cohérentes. J’enclenche le mode pilote automatique pour m’atteler à la préparation d’un diner des plus simplistes et tente tant bien que mal de sourire lorsque la fillette s’adresse à moi-même si j’ai bien du mal à me concentrer sur ce qu’elle me dit. Lorsqu’Alfie s’enquiert discrètement sur mon état – me prouvant par la même occasion que je ne trompe personne – je mets de trop longues secondes avant de réussir à lui répondre un banal « oui » avec une sincérité presque inexistante. Ce genre d’événement me rappelle pourquoi je ne pourrais jamais devenir une actrice. Moins de dix minutes après leur retour, j’éveille déjà les soupçons et mon incapacité à faire taire les nombreuses pensées qui se bousculent dans mon cerveau ne me rend pas la tâche plus facile. Cette soirée est affreusement longue et je suis reconnaissante envers Alfie de prendre tout en charge pendant que je peine à effectuer la moindre petite tâche sans faire n’importe quoi. Même Anabel n’arrive pas totalement à me dérider mais heureusement, mon étrange attitude ne semble pas réussir à ternir sa bonne humeur habituelle et elle occupe la conversation de manière à éviter les éventuels silences gênants qui n’auraient pas manqué de s’installer en son absence. Je suis plus qu’heureuse de pouvoir m’éclipser dans notre chambre après avoir souhaité une bonne nuit à la petite fille et j’essaie de me convaincre qu’une bonne nuit de sommeil – parce que j’arrive presque à me convaincre qu’elle va être bonne – suffira à me remettre les idées en place et à me faire oublier cet événement pour que je reprenne le cours normal de ma vie. Tout ce que je demande c’est d’oublier cette peur panique qui m’a envahie ces derniers jours et j’espère encore et toujours que cette bonne vieille politique de l’autruche sera la solution à tous mes problèmes.

Le destin – ou plutôt Alfie – semble en avoir décidé autrement puisqu’alors que je détachais les boutons de ma robe pour pouvoir me glisser au fond de mon lit au plus vite, mon petit-ami apparait, test de grossesse à la main et je ne saurais dire s’il a l’air en colère, triste, perdu ou les trois à la fois. La panique me saisit instantanément et je bredouille le premier mensonge venu pour tenter de m’en sortir ce qui, évidemment, ne fonctionne pas et me donne simplement l’occasion de recevoir une remarque sur un ton mordant que j’ai largement mérité. Aoutch, 1-0 pour Alfie. Et il est en colère en plus, il tente tant bien que mal de se maitriser mais le ton de sa voix et tout en lui prouve qu’il n’a qu’une envie : exploser. En même temps, il n’a pas tort, il y a quelques semaines, je lui faisais un beau discours sur l’importance de la communication dans un couple, le partage des bons et des mauvais moments, des inquiétudes, des doutes, des peurs, de tout ce qu’on a tendance à cacher parce que c’est sans doute plus facile à taire qu’à exprimer. J’ai fait exactement le contraire de tout ce que j’ai essayé de lui expliquer, j’ai agi derrière son dos, à aucun moment je n’ai pensé à lui exprimer mes angoisses et je vais avoir du mal à lui expliquer ces longues journées de silence durant lesquelles j’ai eu maintes et maintes occasions de me confier à lui. En plus, ça m’aurait sans doute aidé d’avoir – non pas un soutien car il est évident qu’il aurait paniqué aussi – un deuxième cerveau pour m’aider à réfléchir, à être plus pragmatique et moins irrationnelle. Peut-être qu’en lui expliquant mes craintes, je n’aurais pas eu à vivre cette quasi-paranoïa qui m’a fait récemment vivre des journées bien trop longues et des nuits qui l’étaient tout autant. J’ai envie de lui dire qu’il a raison, que j’étais été super nulle et que j’aurais dû agir différemment mais les mots ne semblent pas vouloir sortir de ma bouche et lorsque finalement il admets que ce n’est pas très important, je n’ai plus du tout envie de m’excuser ou d’aller dans son sens mais plutôt de lui claquer la porte au nez et de l’envoyer dormir avec sa chère filleule qui est certainement bien plus importante que l’angoisse que j’ai pu vivre ces derniers jours. « Non. » Je réponds simplement à sa question, délaissant les boutons de ma robe en laissant mes bras retomber le long de mon corps. Le déshabillage sera pour plus tard puisqu’il va falloir affronter une conversation que je redoutais et que je redoute encore. J’aurais aimé avoir le temps de m’y préparer mais j’imagine qu’on ne peut pas vraiment se préparer pour ce genre de choses. « J’ai paniqué. » J’admets finalement, essayant vainement d’oublier qu’il ne trouve pas cette nouvelle très importante. La façon dont il a formulé les choses a beau me mettre en colère, j’ai bien conscience que je lui dois des explications. « J’aurais dû t’en parler dès que j’ai eu un doute. » Le gros problème du doute c’est que justement c’en est un et je ne voulais pas lui imposer une incertitude. Il me parait évident que je lui en aurais parlé si j’avais réellement été enceinte, mais puisque j’en étais seulement à faire des suppositions, je n’ai pas trouvé utile de le plonger dans le même état d’anxiété que le mien. « Je me suis dit qu’il valait mieux que j’attende que je sois sûre avant de t’en parler pour ne pas t’inquiéter pour rien et puis je n’ai pas vu l’heure passer, vous êtes rentrés et… Je suis désolée, je ne voulais pas te tenir à l’écart, j’ai juste pensé que tu n’avais pas besoin de ça en plus de tout le reste. » Tout le reste englobant tout un tas de choses qu’il ne me semble pas forcément utile de mentionner à ce stade de la conversation. « Je sais que ça nous concerne tous les deux et que j’aurais dû te mettre au courant. » Bien sûr que j’aurais dû, mais en général, entre ce qu’il faut faire et ce que je fais réellement, il y a un énorme gouffre alors il n’est pas étonnant que je me sois plantée, encore une fois. « Mais je ne suis pas enceinte alors tout va bien, n’est-ce pas ? » Pitié, dis-moi que tout va bien. Ces mots n’ont pas été prononcés depuis tellement longtemps que ça me ferait beaucoup de bien de les entendre, pourtant, j’ai parfaitement conscience qu’il risque d’en être tout autrement.


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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyVen 18 Sep 2020 - 22:17

Il y a des moments où la bienveillance doit primer sur l’égoïsme ; de par son métier et son expérience, Alfie devrait en avoir conscience. Est-ce pour autant qu’il applique cela à sa propre situation ? Non, il est incapable d’être rationnel alors qu’il tient cet objet entre ses mains et que son regard ne quitte pas le résultat, qu’il est incapable d’interpréter – ne faisant qu’accentuer son angoisse d’être ainsi dans l’ignorance. Comme trop souvent, c’est à lui qu’il pense avant tout le reste, avant Jules, avant Anabel et comme trop souvent, il n’a aucune raison de se remettre en question ni aucune envie de le faire. À cet instant, il n’y a pas grand-chose qui puisse le ramener sur terre alors que cette colère gronde dans ses veines face à cette détestable sensation d’être celui dont on s’est joué. Ce ne serait qu’un juste retour des choses, après tout : d’ordinaire il est bien celui qui se joue des autres avec un plaisir qu’il a appris à dissimuler au fil des années, si tant que sa manière d’agir est souvent imperceptible et bien plus vicieuse. Il est terriblement mal placé pour en vouloir à Jules et il est l’exemple même de l’individu qui n’apprécie pas que les comportements qu’il a à l’égard d’autrui lui reviennent en plein visage. Mais cette situation est différente, avec Jules tout est différent ; et après les remous qui ont plané sur leur relation, après les reproches qui ont été les siens quant à son incapacité à communiquer, elle ne peut pas espérer qu’il ne s’offusque pas alors que le manque de dialogue vient de son côté, cette fois-ci. Une part de lui a conscience que la question du temps peut être soulevée et que celui-ci lui a peut-être manqué, hypothèse très vite balayée en supposant que le test fait suite à des jours entiers de doute. Elle n’a pas d’excuses – il ne lui en trouve pas, ce qui revient en même à cet instant où il est dénué de toute raison. Ce sont les émotions qui priment sur tout le reste ; et sa colère qui prend toujours de place tandis qu’il refuse d’essayer de la calmer (quand bien même il devrait). Mais n’est-ce pas là une magnifique excuse pour la laisser exploser, elle qui grignote toujours plus de terrain sans jamais pouvoir s’exprimer ? Le micro est désormais sien, elle peut se le permettre si Alfie lâche les rênes, s’il s’autorise à baisser cette garde qu’il maintient depuis trop longtemps et qui l’épuise. Et puis, les arguments sont nombreux pour la justifier.

Elle ne peut pas être enceinte. Elle n’a pas le droit. Et c’est le plus important de tous les arguments, dans son esprit bien trop perturbé à cet instant pour prendre en compte le ressenti de la jeune femme.

La discussion s’est faite il y a quelques semaines, la conclusion de celle-ci semblait claire. Il n’a pas fermé la porte à devenir père, mais cela ne donne pas l’excuse à Jules de forcer celle-ci. Il n’avait pas eu l’impression d’être compris ce jour-là, alors que de nouveaux reproches avaient été formulés quelques temps plus tard et qu’aujourd’hui ce test vient balayer toutes les certitudes dont la jeune femme a tenté de le convaincre. Qu’elle ne lui en veut pas, qu’ils iront à leur rythme, que ce n’est pas grave s’il ne se sent pas aussi prêt qu’elle. De belles promesses qui n’ont rien d’effectives comme il en fait le constat amer ce soir. Comment a-t-elle pu lui cacher cela ? Comment a-t-elle pu se permettre de décider, une nouvelle fois, pour lui ? Est-ce que c’est désormais ainsi que sa vie doit être menée, à n’être que le spectateur d’une vie dont Jules aura décidé du chemin à suivre ?

La liste des arguments s’allonge en même temps qu’il essaie de les gommer quand, en croisant le regard de Jules, il se rappelle que cette colère s’abattrait sur celle qui la mérite, autant qu’il serait intolérable qu’elle en fasse les frais. Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres face à ce paradoxe de sentiments ; deux ans, ce n’est pas grand-chose. Mais deux ans, ça permet aussi de nombreux changements. De vie, d’attitude, de sentiments.

L’anthropologue ne saurait dire s’il est soulagé par la réponse négative ou exaspéré par le silence qui fait office d’explications ; encore une fois, il faut croire que ce n’est finalement pas si important qu’elle mente sur de telles choses. Qu’une supposée grossesse ne le concerne pas autant qu’elle, qu’il est normal de l’avoir tenu à l’écart de ses craintes (ou espoirs ?) et que la communication entre eux est effectivement sélective et qu’ils ne sont pas logés à la même enseigne. Croisant les bras sur son torse après s’être débarrassé du test, il ne réagit pas à la fin de ses supplices : en réalité, il s’en fiche bien qu’elle soit enceinte ou non, l’essentiel réside dans sa façon de penser qu’il n’arrive plus à suivre. Elle a paniqué, ça, il peut le comprendre – il a paniqué aussi. Mais n’est-ce pas elle qui souhaite tant un enfant et lui qui l’empêche de vivre ce rêve ? D’où vient cette panique ? « Et c’était quand ? » Qu’il questionne aussitôt lorsqu’elle évoque ce doute. Il a besoin de savoir depuis quand il est tenu dans l’ignorance. Il ne peut s’empêcher de rouler des yeux face à ses tentatives d’explications, la laissant néanmoins s’exprimer avant de reprendre la parole. « Pour qui ? Pour moi ? » Qu’il questionne, de façon rhétorique, car il lui apparaît évident qu’en vue de leurs deux projets différents, il est peu probable qu’ils puissent s’entendre sur le fait que « tout va bien ». Si l’un des deux doit tenir ce discours, il semblerait bien que ce soit lui, rassuré quant au fait de ne pas être un père en devenir et non elle, qui voit son rêve s’éloigner toujours un peu plus. « Le souci, c’est pas ton silence d’au-aujourd’hui, c’est celui des jours p-précédents. » Il souligne, afin de remettre les choses en perspective, ses bras qui finissent par tomber le long de son corps. « Tu le dis, ça nous concerne tous les deux. » Il répète, en croisant son regard, se voulant silencieux un instant. Il en aurait des choses à rajouter, toutes plus accusatrices les unes que les autres, mais une part de lui n’est pas sans savoir que cela ne serait pas justifié et qu’il serait amené à regretter ses paroles. Mais il ne peut pas se murer dans le silence et lorsqu’il entrouvre les lèvres, ce sont bien ses paroles qui dépassent sa pensée. « C’est ça, le p-problème, Jules, il faut que tu arrêtes de pe-penser, de décider, pour nous deux. » Il lâche un soupir, sa main passant sur son visage tandis qu’il prend conscience du poids de ses mots. Mais loin de s’en excuser, loin de les justifier, c’est de nouveau dans le silence qu’il se retire ; il a été laissé dans l’incertitude du résultat, c’est à son tour d’être dans l’incertitude de son message.

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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptySam 31 Oct 2020 - 14:34



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@Alfie Maslow & Jules Rhodes



J’ai l’impression à cet instant précis d’être un petit chaton de quelques jours de vie qu’on essaie de noyer dans une bassine. Je n’ai pas la force de me débattre, ma voix n’est pas assez puissante pour appeler à l’aide et je ne peux que me contenter de subir cette colère qui, je dois bien le reconnaitre, est certainement très légitime. Au fond de moi, je sais que je n’aurais pas dû tenir Alfie à l’écart d’un tel événement, même si en l’occurrence il s’agit d’un non-événement, une création de mon esprit probablement trop bouleversé par le stress de ces derniers mois. Tout ce que je peux faire, c’est m’excuser, tenter de m’expliquer avec des arguments qui ne parviennent même pas à me convaincre moi-même et tenter de rétablir un semblant de paix entre nous. Cette dernière semble s’être accordé un congé prolongé ces derniers temps. Les tensions sont palpables entre nous et bien que l’arrivée d’Anabel nous ait un peu obligé à redevenir ce foyer soudé que nous étions à une époque lointaine, j’ai l’impression que la distance entre nous est omniprésente. Elle n’est peut-être plus physique mais c’est presque pire, désormais. Nous n’arrivons pas à communiquer, que ce soit pour nous exprimer ou pour nous faire entendre, et lors de nos rares tentatives pour réinstaurer un dialogue, nous n’arrivons pas à nous comprendre. C’est une bien triste réalité que j’essaie toujours et encore de nier parce que la politique de l’autruche a toujours été la meilleure façon – pour moi – de gérer un problème. Pourtant, cette conversation, comme beaucoup d’autres auparavant, me force à ouvrir encore davantage les yeux sur la situation. Nous allons droit dans un mur et aucun de nous deux ne semble avoir la possibilité de nous faire dévier de cette terrible trajectoire. Mon cœur se serre lorsque j’imagine que notre relation puisse avoir une fin. Je ne peux pas prétendre être heureuse dans mon couple ces derniers temps mais ce n’est pas pour autant que j’arrive à imaginer ma vie sans Alfie. J’aimerais qu’on retrouve notre complicité, qu’on renoue le dialogue et qu’on parvienne enfin à aller de l’avant mais j’ignore comment m’y prendre pour que ce rêve devienne une réalité.

J’imagine que la dissimulation d’un test de grossesse est loin d’arranger les choses et lorsqu’Alfie insiste pour connaitre la durée de ce mensonge, ou plutôt de la dissimulation d’une information primordiale qui aurait pu bouleverser sa vie et la mienne, j’aimerais m’enterrer dans le sol pour ne pas avoir à poursuivre cette conversation. « Il y a quelques jours. » J’avoue, baissant les yeux pour ne pas croiser son regard qui ne manquera pas de m’assassiner. « J’ai d’abord essayé de me convaincre que je me faisais des films et que j’étais à côté de la plaque, j’étais quasiment sûre que c’était impossible et puis finalement j’ai voulu arrêter de supposer tout et son contraire et avoir des certitudes. » Je suis honnête, cette fois, peut-être avec un peu de retard, certes, mais je fais de mon mieux pour rétablir la vérité et expliquer ce que j’ai vécu. Je savais qu’Alfie ne serait pas heureux de découvrir ce test ou d’avoir une pareille conversation mais j’admets qu’au fond de moi, je suis un peu peinée de la froideur dont il fait preuve et de l’absence totale de soutien dont il semble décidé à faire preuve. Il a le droit d’être en colère, bien sûr, mais s’il est angoissé à l’idée de devenir père par accident, je le suis aussi à l’idée de lui imposer un enfant dont il ne veut pas et il ne semble pas disposé à prendre en considération mes émotions. « Pour nous. » Je rectifie, sourcils froncés, alors qu’il semble sous-entendre que je suis déçue du retour négatif de ce test. Il n’a pas tort dans le fond, je suis sûre que je serais la plus heureuse lorsque j’apprendrais que je porte la vie, mais pas dans ces conditions, pas contre son gré, je ne lui ferais jamais ça et je suis blessée qu’il puisse penser le contraire. Malgré tout, je ne dis rien, ne tenant pas à alimenter une colère qu’il ne semble pas disposé à maitriser ou à atténuer. Au fond de moi, j’espère encore qu’il va se calmer et qu’il arrivera à passer au-dessus de mon silence pour qu’on puisse avoir une réelle conversation au lieu de ce monologue accusateur contre lequel je peine à me défendre.

Il semble loin, bien loin, d’avoir terminé, d’ailleurs et je sais qu’il a raison. Mon silence des jours précédents n’est pas vraiment excusable, j’aurais dû lui soumettre mes doutes et qu’on traverse tout ça ensemble, mais je ne vois pas comment j’aurais pu lui annoncer une chose pareille. Nous voulons des choses différentes tous les deux et compte tenu de l’état de nerfs dans lequel je me trouvais alors que je ne savais pas encore si j’étais réellement enceinte ou non, je n’ose même pas imaginer sa réaction. « Je le sais, mais ça aurait voulu dire passer des jours à angoisser ensemble alors que je pouvais porter ça toute seule. » Inutile de préciser que j’ai l’impression de toujours tout porter toute seule et qu’un problème de plus ou de moins ne risquait pas de changer ça. En revanche, il n’a pas tort, ce n’était sûrement pas à moi de décider pour nous deux. Est-ce que je lui aurais parlé du test s’il avait été positif ? Je n’en suis pas certaine. Après tout, il ne désirait pas cette grossesse donc j’aurais sûrement eu mieux fait d’agir comme si elle n’avait pas existé. J’ai l’impression que je viens de passer les dernières minutes à m’excuser et à reconnaitre que je n’aurais pas dû le tenir à l’écart et malgré tout il en rajoute encore, insistant comme s’il voulait obtenir encore davantage de moi et se montrant bien plus blessant dans ses propos. « Ah bon, je pense pour nous deux et je décide pour nous deux ? » Je reprends ses propos, l’invitant à exprimer le fond de sa pensée même si j’ai bien conscience que je vais regretter de m’être interrogée à ce sujet. A mon avis, je ne veux pas du tout savoir ce qu’il a en tête. « En attendant, tu m’excuseras, mais vu ta réaction, je commence à avoir du mal à regretter d’avoir gardé le silence. » J’ajoute, parce que je veux bien regretter d’avoir commis une erreur mais je ne vais pas non plus m’aplatir au sol et implorer son pardon alors qu’il se comporte comme si j’avais commis un acte de haute trahison et que plus rien d’autre ne comptait. « Et puisque tu le demandes, je vais bien, merci, ta sollicitude me touche. » Non parce que je pense peut-être pour nous deux mais moi au moins je pense à lui, peut-être qu’il devrait apprendre à regarder autre chose que son propre nombril et on pourrait enfin avancer.


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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyLun 9 Nov 2020 - 21:20

Il est en colère, Alfie ; et plus les minutes passent, plus il est incapable de distinguer qui est le véritable destinataire d’un tel sentiment. Bien sûr, à l’origine cette colère se dirige contre Jules pour ce secret conservé des jours durant, un secret d’une telle ampleur qu’il lui est difficile d’envisager une réaction amoindrie en le découvrant aujourd’hui. Une grossesse, ou une suspicion en l’occurrence, n’est pas anodine et à ses yeux il n’aurait jamais dû être tenu à l’écart des doutes de la jeune femme. Et si, à cet instant, l’anthropologue fait preuve de beaucoup de mauvaise foi, il n’en demeure pas moins que malgré les tensions que connait leur couple depuis quelques semaines, c’est ce qu’ils sont, justement, un couple. Ce qui implique d’être là l’un pour l’autre et de la même manière qu’elle a été pour lui au cours des dernières semaines (quitte à être étouffante, disons-le franchement, même si Alfie a conscience d’avoir eu énormément de chance de compter sur Jules durant cette période difficile), il peut aussi être là pour la soutenir si elle en ressent le besoin. Mais le fait qu’elle n’ait pas jugé utile de l’avertir de ce qui les concerne tous les deux, résultat positif ou non, efface ce soutien qu’il lui aurait apporté en temps normal – peu importe la situation les unissant. Aussi égoïste qu’il soit, il est aussi capable de reconnaître quand ce trait de caractère se doit d’être mis de côté : cette situation en est le parfait exemple, mais le contexte dans lequel elle a émergé efface tout geste qu’il pourrait faire en direction de sa petite amie. Au-delà de la colère perçue à son égard, celle-ci se dirige également contre lui-même ; et contre les émotions qu’il ressent. Parce qu’il n’y a pas que ça, il n’y a pas que ce sang chaud dans ses veines, ni le soulagement qui l’a aussitôt envahit quand elle lui a assuré qu’ils ne seraient pas trois dans quelques mois. Il y a un autre sentiment, bien moins perceptible, bien plus insidieux dont il a fait les frais sans oser l’assumer, surtout pas auprès de Jules, encore moins auprès de lui-même. Une certaine tristesse à l’idée que ce test puisse effectivement être négatif. Et il ne saurait l’expliquer, Alfie, parce qu’il campe sur ses positions et il n’a jamais été de ceux qui soufflent le chaud et le froid les concernant, sachant pertinemment ce qu’il veut et quand il le veut. En l’occurrence, un enfant ne fait pas partie de ses priorités, ni même de ses envies, encore moins de ses objectifs de vie. Il ne se voit pas devenir père, n’en ressent pas le besoin – il vit très bien que leur famille ne soit composée que de deux pièces standards et d’une rapportée. Et rien ne peut le faire changer d’avis – même Jules n’y est pas parvenue lorsqu’ils ont eu cette discussion à cœur ouvert quelques mois plus tôt. Il sait pertinemment qu’imposer sa décision à la jeune femme est discutable, elle qui souhaite tant une famille, pour autant il préfère être clair quant à son avis pour ne pas qu’elle se fasse d’espoir, d’autant plus qu’il serait encore plus discutable de concéder à une vie de famille pour ne pas l’assumer par la suite. Et s’il est aussi sûr de son choix, il ne parvient pas à expliquer cette brève lourdeur ressentie. Il se rassure en songeant au fait qu’elle a très vite disparu, ce qui ne remet pas en question leur discussion d’il y a quelques mois, ni ses choix. Mais, aussi furtif que cela a été, il l'a ressentie, cette émotion et il la déteste.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle il se montre aussi dur avec Juliana, ne cessant d’enchaîner les accusations et les reproches, pour ne pas les diriger contre lui-même. Dans tous les cas, Alfie ne se ment pas lorsqu’il évoque sa colère ; que ce soit de manière verbale ou simplement dans son langage corporel, il l’est et il sera difficile pour lui d’effacer la dissimulation dont s’est rendue coupable Jules, parce qu’il n’y a pas que ce secret, dans le fond. Car celui-ci relève d’une décision, d’une décision qu’elle a prise pour eux deux et le goût de déjà vu qui l’accompagne lui est insupportable. « Quelques jours... » Qu’il répète en laissant échapper un soupir et en levant brièvement les yeux au ciel, accentuant la durée du mensonge tandis que la jeune femme se reprend bien vite, l’aidant néanmoins à comprendre le cheminement l’ayant menée à taire ses suspicions. « Et je peux... comprendre, Jules. Vraiment. Mais ça me concerne aussi et j’aurais a-apprécié que tu m’en parles dès le départ. » Peut-être qu’il se répète, son état s’étant certes amélioré, mais ne lui permettant pas totalement de suivre le fil d’une conversation qui demande autant d’énergie ; et à vrai dire il s’en fiche bien. Il veut simplement qu’elle comprenne que si la situation est amenée à se reproduire – ce qu’il n’espère pas, en réalité – il soit tenu au courant et qu’il n’ait pas l’impression d’être constamment laissé sur le banc de touche. C’est un sentiment général depuis quelques semaines et il n’en peut plus d’être traité avec autant de fragilité, quand bien même il a conscience que Jules ne pensait pas à mal et ne l’a pas fait dans cette intention. Mais il est constamment mis en retrait, Alfie, depuis quelques mois, de la vie des autres et de plus en plus de la sienne ; autant dire que lui qui se veut d’ordinaire peu rancunier franchit les limites de ce qu’il concède à supporter dans le domaine. Et alors qu’elle explique que tout va bien, il se questionne quant à savoir s’il doit prendre cela comme une attaque personnelle ; des deux, c’est bien lui qui se retrouve le plus arrangé par le résultat négatif, tandis que Jules en est probablement effondrée. Pas qu’il la pense capable de lui faire un enfant dans le dos – bien sûr que non, l’idée ne lui a même pas traversé l’esprit – mais il est certain qu’elle vit sûrement mal ce résultat, contrairement à lui.

Cette pensée devrait l’aiguiller sur la manière de percevoir les choses, pour autant ça n’arrête pas la machine à reproches qu’il est devenu tandis qu’il poursuit. Parce que son calme a été mis à mal, parce que cette situation remue le couteau dans la plaie de leur communication fragilisée, parce qu’elle agit très exactement à l’opposé de ce qu’elle demandait encore il y a quelques semaines, parce que cela réveille d’anciennes rancœurs pas tout à fait assumées. « Mais on aurait dû angoisser ensemble, Jules. C’est le pra-principe. » Car un enfant se fait (ou ne se fait pas, en l’occurrence), à deux. Et il aurait été là pour elle, peu importe leur relation chaotique et le fait qu’elle le tienne à l’écart donne le message inverse ; elle ne le pense pas capable de la soutenir ou ne voulait pas qu’il le fasse. « Et si je n'étais pas t-tombé dessus ? Tu me l’aurais dit ? » Il finit par questionner, soudainement plus calme, de par sa confusion. Est-ce qu’elle l’aurait tenu dans l’ignorance s’il n’était pas tombé dessus et que le résultat aurait été le même ? Est-ce qu’elle aurait gardé le silence sous prétexte que ça ne valait pas la peine de l’angoisser, sachant que « tout va bien » ? Pourtant, ce mensonge déclenche tout l’inverse ; et plus rien ne va alors qu’il n’arrive pas à contenir les derniers reproches qui franchissent ses lèvres. Un instant, il est tenté de mentir, de changer de sujet, d’oublier sa méprise, de lui assurer que ce n’est rien et que les mots l’ont emporté. Mais le ton et le visage de la jeune femme lui demandent le contraire et, finalement, Alfie reste Alfie : il n’a pas peur de dire ce qu’il pense, peu importe s’il prend le risque de blesser autrui, peu importe sur cet autrui est la personne la plus importante qu’il existe. « Ce n'est pas la première et tu le sais très bien. » Il se contente de souligner, le regard noir, le ton froid, alors qu’il l’invite, de son côté, à ne pas poursuivre sur le sujet si elle ne souhaite pas déterrer définitivement ces vieilles rancœurs. Cela ne lui réussirait pas et il serait bien moins clément que sur le sujet de la grossesse. « Oh, vraiment ? De-de mieux en mieux, Jules. » Il s’agace, en laissant retomber ses mains le long de son corps après avoir frappé l’air sous l’énervement. Il ne sait pas comment l’exprimer, comment insister sur le fait qu’elle aurait dû lui en parler et le fait qu’elle aurait été capable de garder cela pour elle ne manque pas d’accentuer les tensions. « Tu crois que je peux pas i-imaginer que tu le vis mal ? » Il interroge en ne quittant pas son regard ; bien sûr qu’il s’en doute, mais le constat qu’il ne prend pas le temps de le verbaliser le laisse interdit un instant. Ce n’est pas qu’il se fiche d’elle et qu’elle puisse le penser lui fait prendre conscience de son attitude, mais il n’est pas pour autant raisonnable ; la colère gronde bien trop fort. Et s’il ne compte pas s’adoucir pour faire plaisir à la jeune femme, sa question demeure ouverte et vise à l’inviter à parler de ce ressenti qu’a priori, il ne prend pas assez en compte. Pourtant, il ne demande que ça ; mais est-ce qu’elle a pris en compte le sien, plus tôt dans la journée ?
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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyMer 18 Nov 2020 - 16:22



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@Alfie Maslow & Jules Rhodes



Je tente tant bien que mal de me justifier tout en sachant que rien de ce que je pourrais dire ne jouera en ma faveur. Alfie a l’air complètement fermé à mes excuses et à mes explications, ne retenant que les quelques jours qui se sont écoulés sans que je le mette dans la confidence. Evidemment, je comprends qu’il se sente trahi et je peux très bien entendre la colère qu’il éprouve en sachant qu’il a été tenu à l’écart de quelque chose qui le concernait autant que moi. Pour autant, après quelques minutes passées à tourner en rond sur le même sujet, j’aurais aimé qu’il se rende compte qu’au-delà de ces quelques jours écoulés, il y cette absence de grossesse qui est aussi un sujet important et dont nous pourrions parler tous les deux au lieu qu’il se comporte comme un juge devant un accusé plaidant coupable. Il insiste devant la durée approximative que je lui donne, me rappelle une énième fois que j’aurais dû lui en parler dès le départ et je ne sais plus quoi dire pour prouver qu’il n’y avait aucune intention de lui nuire derrière cette omission volontaire. « Je sais, pardon. » Je me contente de répéter encore une fois, parce qu’il n’y a rien à dire de plus que ce que j’ai déjà dit. Je me suis excusée, je m’excuse encore parce que je sais à quel point il est désagréable de se rendre compte qu’il y a des secrets au sein d’un couple. Entre nous, on devrait pouvoir tout se dire et la vérité c’est que ce n’est pas le cas entre Alfie et moi. J’imagine que ça devrait nous inquiéter et qu’on devrait se demander pourquoi je n’ai pas jugé bon de le mettre dans la confidence, mais il est trop en colère pour s’en inquiéter et moi trop occupée à me débattre contre ses accusations pour pouvoir réfléchir à la dérive actuelle de notre couple.

J’aimerais que ça s’arrête. Que cette conversation ne soit plus qu’un lointain souvenir et qu’on reprenne le cours de nos vies, mais je devrais savoir au fond que ce test de grossesse n’est pas le vrai fond du problème et que si nous en sommes là ce soir c’est que nous aurions dû nous inquiéter bien avant. Quand Alfie insiste de nouveau sur le fait que nous aurions dû nous inquiéter ensemble, je soupire, non pas d’agacement mais plutôt de lassitude, parce que je ne sais plus quoi dire ou quoi faire. J’ai compris, je sais que j’ai eu tort, à quoi ça sert de m’en excuser ensemble. « Peut-être que j’avais juste envie d’être égoïste. » Ce qui ne va pas arranger mon cas, loin de là. « Peut-être que pour une fois j'avais envie de me préoccuper de moi et de moi seule et que je n'avais pas envie d'angoisser et de te rassurer en même temps. » Je lui avoue, regrettant déjà les paroles que je prononce parce que j’ai conscience que ça va empirer les choses. « On sait tous les deux qu’on aurait pas du tout vécu la même angoisse. » Il aurait eu peur à l’idée de devoir devenir père contre sa volonté ou de devoir me demander un avortement dont il savait pertinemment que je ne voudrais pas, moi j’avais simplement peur de devoir affronter cet avortement en sachant à quel point je n’avais pas envie de m’infliger ça et à que point j’aurais été heureuse d’accueillir cet enfant. Tomber enceinte ne me fait pas peur, ce sont les conséquences qui m’effraient. « Je ne crois pas, non. » J’admets, quand il me demande si j’aurais dévoilé mon secret s’il ne l’avait pas découvert. C’est la vérité, j’aurais agi comme si rien ne s’était passé, le laissant découvrir tout ça seulement si j’avais eu besoin de le mettre au courant.

C’est sûrement encore une décision égoïste mais il semble prétendre que j’y suis habituée et alors que j’insiste sur le sous-entendu qu’il a fait, son visage se ferme et je sens que nous nous avançons sur une pente glissante. Tout en moi me crie de reculer, de ne pas m’aventurer dans cette direction et d’éviter à tout prix d’insister. Malheureusement, la politique de l’autruche ne prend pas le dessus et je mets les pieds dans le plat. « Je le sais très bien ? » Je réponds, comme en écho à ses propos. « Ça te dérangerait d’arrêter d’agir comme si je lisais dans tes pensées ? » Si seulement je le pouvais, des dizaines de points d’interrogation pourraient enfin s’effacer. « C’est trop facile de considérer que je sais tout simplement parce que tu n’as pas le courage de dire les choses. » Malheureusement, même si je prétends le contraire, je crois trop bien savoir de quoi il veut me parler et si j’insiste de cette manière c’est parce que j’estime qu’il est grand temps de le faire. Je me suis toujours sentie coupable du choix que je lui ai imposé mais jamais il ne me l’a reproché, me laissant simplement penser qu’il l’acceptait et qu’il le comprenait. Quelque chose me dit que je me suis lourdement trompée. « Alors vas-y, je t’écoute. » Et je vais en prendre plein la gueule. Encore.

C’est sûrement parce que j’en ai marre d’être considérée comme coupable de tout ce qui nous arrive que la colère finit par m’envahir, moi aussi, me poussant à laisser mon calme de côté pour entrer dans un conflit que j’aurais aimé éviter. Je déteste les disputes. Je déteste avoir l’impression qu’Alfie s’éloigne de plus en plus de moi. Je déteste l’idée que je puisse le perdre. Pourtant, je prends doucement conscience qu’être malheureuse par peur de l’abandon n’est pas une bonne chose. « Je ne sais pas ce que tu imagines. » En tout cas, le fait qu’il ait passé sous silence ce que moi je pouvais ressentir montre bien que ce n’est pas une priorité. « Mais a priori, ton ressenti est bien plus important que le mien. » Il peut toujours essayer de dire le contraire, les vingtaines de fois où il m’a reproché de ne lui avoir rien dit prouvent mes dires. J’imagine qu’il ne prendra de toute façon pas la peine de se défendre et encore moins de s’excuser, il m’a déjà prouvé que la meilleure des défenses était l’attaque et j’imagine que quelque chose va me tomber dessus dans très peu de temps. « Je t’ai dit un certain nombre de fois que j’avais conscience de mon erreur et que je m’en excusais. Je ne te demande pas de me pardonner tout de suite ou de passer à autre chose, je conçois que tu aies besoin de temps pour digérer tout ça, mais à aucun moment tu ne t’es soucié de ce que ça pouvait me faire à moi, tout ce qui t’intéresse c’est de savoir ce que j’ai mal géré dans cette situation. » Et à mon avis, il y a un certain nombre de choses que j’ai mal faite, mais contrairement à ce qu’il peut penser, ça m’est tombé dessus, j’ai pris toutes mes décisions dans la précipitation, luttant pour ne pas céder à la panique, alors oui je n’ai pas été parfaite et je l’ai bien compris puisqu’il n’arrête pas de me le dire, mais est-ce réellement tout ce qui compte ?


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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyDim 29 Nov 2020 - 17:37

Il s’en fiche de ses excuses, en réalité, Alfie. Il n’a pas besoin que l’on se mette à genoux devant lui pour supplier sa clémence ; ce n’est pas un concept qui fait sens pour lui et encore aujourd’hui, en étant le principal concerné, ça n’a pas grande importance pour lui. Le mal est fait ; par conséquent les excuses n’apporteront rien de pertinent à cette discussion. De son point de vue, les justifications ne sont d’aucune utilité ; bien au contraire, elles se veulent bien plus agaçantes qu’elles ne permettent d’apaiser les choses. Les gens tentent de trouver les mots qui apaisent uniquement lorsqu’ils sont mis au pied du mur - le plus souvent, lorsque leur méfait n’est pas pointé du doigt, ces excuses ne leur viennent jamais naturellement en tête. C’est parce qu’ils sont acculés qu’ils les formulent, les rendant caduques et manquant cruellement de sincérité. Il ne voit d’autant pas leur intérêt que l’acte décrié a été commis et partant de ce constat, il est (le plus souvent) volontaire. Partisan de l’idée que chacun doit accepter sa propre responsabilité, le fait d’accepter des excuses réduit celle-ci et, pire, la partage : Alfie ne veut pas partager la responsabilité de ce mensonge avec Jules, autant qu’il ne veut pas partager la responsabilité de ses propres mensonges avec la jeune femme, ce qui justifie qu’il reste bien caché. Il sait mieux les maîtriser qu’elle, c’est un fait et probablement que rester dans l’inconnu aurait finalement été plus appréciable que de découvrir les faits sur le tard, de par le fait qu’elle n’aurait simplement jamais eu à le faire des excuses qui, même si elles sont transmises avec la plus grande honnêteté, n’en demeure pas moins forcées. « Arrête de t’excuser. » Qu’il souligne d’ailleurs, d’une voix neutre - autant parce qu’il ne supporte plus celles-ci qu’il ne voit pas l’intérêt de flageller plus longuement la jeune femme ; elle pourrait en formuler des dizaines qu’il leur accorderait le même crédit. Oh bien sûr, il connaît suffisamment sa petite amie pour savoir à quel point elle est sincère et que, contrairement à lui, il n’y a que de la bienveillance qui émane d’elle, ce qui devrait l’empêcher d’être aussi critique. Mais à cet instant, la rationalité n’est plus qu’un mot du dictionnaire et non plus un concept qu’il applique.

Elle s’excuse ; il s’explique, mais la communication semble coupée entre eux alors que ni l’un ni l’autre ne veut céder du terrain et accepter son statut. Lui, de son côté, ne veut pas être plus conciliant qu’elle ne le mérite et trouver le juste équilibre entre la compréhension et la rancune est bien plus compliquée qu’il ne l’aurait pensé. Juliana parvient néanmoins à le réduire au mutisme quelques instants lorsqu’elle reconnaît avoir voulu être égoïste. Et dans d’autres circonstances, il aurait été ravi de cette attitude pour l’avoir trop souvent rêvée, pour qu’elle puisse enfin penser à elle au lieu des autres comme il l’espère depuis si longtemps. Mais à cet instant, ce n’est pas un silence d’approbation qui est le sien, mais un silence d’incompréhension. « Je sais. » Qu’il rétorque dans un premier temps pour confirmer ses propos avant de reprendre : « Mais je suis assez grand pour me gé-gérer, Jules. » Il ne l’aurait pas accaparée plus que de raison, il a toujours été indépendant et ses angoisses auraient pu être perceptibles sans pour autant qu’il ne les lui renvoie à chaque instant. « Et c’est très bien d’être égoïste, je t’assure. » Il est la preuve vivante que c’est supportable au quotidien. « Mais ça l’est encore plus quand tu l’es pour toi et que tu c-cesses vraiment de penser aux autres. » Et à la manière dont elle aurait pu le rassurer ; parce que là n’aurait pas été la question et que, malgré ses propos, elle est bien incapable d’être aussi individualiste qu’elle ne le prétend. Et Dieu sait qu’il voudrait qu’elle puisse essayer de l’être, de temps à autre. Autant vis-à-vis de lui que de sa propre famille ; conscient que les deux partis grignotent toujours plus d’énergie à la jeune femme, en veulent toujours plus et en redemandent parce qu’elle laisse faire. Il la voit, au quotidien, se décarcasser pour les autres sans jamais rien attendre en retour ; c’est donc à elle de prendre cette récompense tant méritée et de ne se préoccuper que d’elle. Et peut-être que ses pensées sont contradictoires avec son discours, mais il ne lui en aurait pas voulu de défendre ses désirs autant que de ne pas se soucier des siens, si seulement elle lui avait partagé cette information capitale. Information qu’elle lui aurait encore cachée s’il n’était pas tombé sur le test et à cette affirmation, son visage se referme aussitôt.

C’est donc de ça que se compose leur histoire, désormais, bien que des mises en garde aient été émises quant à la nécessité de communiquer, de partager, de parler. Et le constat est amer pour lui qui a essayé de changer sur ces aspects-là, en réalisant que finalement la réciproque semble compromise. C’est d’autant plus difficile à avaler que cette situation fait écho à une autre, plus ancienne, toute autant la source de rancœur. « Tu veux vraiment que je te le dise ? » Tu veux vraiment l’apprendre de ma bouche ? Tu veux vraiment que de tels mots soient formulés par ma colère ? L’un et l’autre savent que ce n’est pas le cas, raison pour laquelle il conserve son silence sur la question. Pour aujourd’hui, du moins. « Le respect de ne pas le dire. » Il ajoute, le ton froid, le regard noir. Et bien qu’elle soit disposée à l’écouter, il sait que le sujet de ce soir n’est pas là, il sait aussi que de venir sur celui-ci marquera un tournant entre eux et qu’aucun retour en arrière n’est possible. Et bien que leur relation ne tient plus qu’à un fil, il tient à ce que celui-ci ne soit pas coupé. « Tu es déçue. » Il finit par souligner lorsqu’elle ne peut guère imaginer les idées qui sont les siennes et s’il s’apprête à admettre qu’il comprend, les mots de la jeune femme l’empêche de faire preuve de cette bienveillance à cet instant, alors qu’il l’écoute avec attention. « Oh, c’est un c-concours, maintenant ? » Il demande, ironique, alors qu’un faux sourire étire ses lèvres. « Ce qui m’intéresse, c’est de savoir pourquoi tu n’as pas co-communiquer, alors que tu m’as demandé de le faire. » Il corrige dans un premier temps, tandis qu’il fait quelques pas dans la pièce pour se saisir de son téléphone qu’il glisse dans sa poche. « Parce que ça m’aurait à… aider, à comprendre ce qui t’es passé par la tête. » Pourquoi cette volonté semble si différente d’une conversation à l’autre. « Mais tu ne le dis pas, même quand je demande. Et tu ne dis pas que tu pourrais, peut-être, être en-enceinte. » Le constat est sans appel et ces mensonges ne déterminent qu’une chose : « Tu te sens pas assez… à l’aise pour le faire. Ça, je comprends. » Qu’il finit par verbaliser, tandis que ses pas l’amènent jusqu’à la porte qu’il entrouvre délicatement. Oui, il comprend que quelque chose s’est brisé entre eux, quelque chose qu’ils ne pourront pas réparer ce soir, ni les autres soirs. Mais ils peuvent s’éviter de briser d’autres éléments, ils peuvent s’éviter de se briser mutuellement. « Il vaut mieux que tu dormes chez ta mère ou ta sœur, ce soir. » Et il aurait fui de lui-même s’il le pouvait, mais cette enfant forcée qu’ils partagent et qui dort dans le salon reste sa filleule, sa responsabilité principale. Autant qu’il est de sa responsabilité d’arracher le pansement et d’être celui qui met en évidence la solution la plus adéquate à leurs problèmes - parce que la discussion l’a montré, il n’en ressortira rien de bon s’ils poursuivent ainsi, si les reproches n’attendent pas une nuit à tête reposée. Ils seront toujours là demain matin, ils ne seront pas oubliés ; mais ils auront le mérite d’être formulés de manière à ne pas blesser, alors que ce soir c’est leur seule intention commune.

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Message(#)Help me if you can, I'm feeling down ✿ Alfiana EmptyLun 4 Jan 2021 - 16:08



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@Alfie Maslow & Jules Rhodes



Je ne sais plus quoi faire, plus quoi dire, je ne sais même pas si je dois être en colère, si je dois me sentir coupable, si je dois exprimer mes remords ou bien lui dire à quel point je suis blessée que ses sentiments passent à ce point avant les miens au point qu’il soit resté l’élément central de toute cette conversation. J’aurais dû compter, j’aurais dû être plus importante que son ressentiment parce que tout ceci a été dur à vivre et que j’aurais aimé qu’il s’y intéresse en minimum. Evidemment, je réalise parfaitement que c’est de ma faute s’il n’a pas été là pour me soutenir, parce que je lui ai délibérément caché cette information. Cependant, maintenant qu’il est au courant, je pensais qu’il s’intéresserait à ce que j’ai vécu et aux émotions qui se sont bousculées dans ma tête pendant ces longues journées où je me demandais ce qui était en train de m’arriver et ce que je ferais si mes doutes s’étaient avérés fondés. Je crois que le pire c’est qu’il ne semble ni aller mal, ni aller bien, ni avoir la moindre émotion à cette instant précis. Tout ce qui lui importe, c’est que je lui ai menti et il me le répète encore et encore pour que ça s’imprime dans mon cerveau et que je me vois comme la grande fautive de cette énième dispute qui nous oppose. Etre en conflit, nous faisons ça très bien tous les deux et ce depuis plusieurs mois maintenant. Etre en opposition constante avec Alfie est usant, surtout parce que j’ai l’impression de prendre en considération ses reproches et de faire en sorte de m’améliorer alors que, de son côté, mon petit-ami considère simplement qu’il a toujours raison et que je suis coupable de tous ses maux. Est-ce qu’il a raison ? Est-ce qu’il en est là à cause de moi ? Est-ce qu’il est aussi aigri par ma faute ? Je me demande bien ce que j’aurais pu faire pour justifier une telle colère et alors qu’il m’impose d’arrêter de m’excuser, je soupire, non pas par lassitude mais parce que je me sens démunie et impuissante face à cette joute verbale qui semble disposée à se poursuivre encore de longues minutes. « Je ne sais plus comment je dois me comporter avec toi. » J’admets, alors, après de trop longues secondes de silence. Avant que ça commence à déraper entre nous, j’avais l’impression de connaitre Alfie par cœur, de savoir saisir qui il était malgré toute sa complexité, de pouvoir anticiper ses besoins et de savoir quoi lui apporter pour le rendre heureux. Ce n’est plus le cas désormais, je suis simplement face à quelqu’un que j’ai l’impression de ne pas connaitre ou de ne pas reconnaitre, quelqu’un avec qui je suis incapable de trouver les bons mots, les bons gestes, les bonnes tournures de phrases ou les bonnes actions. Quoi que je dise, quoi que je fasse, quoi que j’entreprenne, ça ne va jamais et chacun de mes efforts est un échec.

La carte de l’honnêteté ne semble pas convenir non plus, Alfie remet en question mes motivations et critique même ma capacité à faire passer les gens que j’aime avant mes propres sentiments et mes propres désirs. Cette façon de voir les choses me ferait presque sourire si ce n’était pas si triste. M’occuper de mes proches, c’est ce que je fais depuis toujours et si ça ne lui convient pas, c’est sans doute qu’il a choisi la mauvaise personne avec qui partager sa vie. Je suis comme ça, je l’ai été à partir du moment où mon père n’a plus été de ce monde et ma mère trop malade pour s’occuper de nous. J’ai besoin d’avoir des personnes à protéger, de me sentir utile à quelque chose. C’est ce qui me rend heureuse et devenir une nombriliste ne m’apportera pas le bonheur, j’en suis persuadée. « J’imagine que tu te sentirais mieux si je ne pensais qu’à moi. » Parce que ça rendrait légitime qu’en cet instant précis il ne pense qu’à lui seul et pas du tout à ce que je peux ressentir. Je ne suis pas sûre, contrairement à lui, que ce soit une bonne chose d’être égoïste. Si tout le monde l’était, je n’imagine même pas dans quel état serait notre planète à l’heure actuelle et je ne suis pas non plus d’accord avec le fait qu’il soit assez grand pour se gérer compte tenu de sa capacité évidente à prendre des décisions qui impactent négativement sa santé. Pourtant, là encore, je décide de ne pas m’engager sur cette pente glissante, parce que lancer un débat avec Alfie signifie s’assurer de voir ses arguments réfutés un à un comme s’ils étaient idiots ou insignifiants. Quoi que je puisse dire, il aura le dernier mot et sera persuadé d’avoir raison alors à quoi bon. « Je ne peux pas arrêter de penser aux autres, c’est important pour moi. » Et si j’arrête, qui prendra le relai ? Qui veillera sur ma mère qui oublie de manger un jour sur deux ? Qui veillera sur Alfie qui s’envoie lui-même à l’hôpital tous les deux mois ? Qui prendra en charge Anabel qui a déjà tant perdu et a besoin d’un vrai foyer pour se reconstruire ? Qui réunira la famille Rhodes dont la cohésion est mise à mal par des divergences d’opinion ? Je ne pense pas être un élément essentielle de la planète, je ne changerais pas le monde, je ne serais jamais célèbre, mais au sein de mon noyau familial, j’estime être importante et devoir continuer à protéger ceux que j’aime.

La conversation dérape encore davantage et un sujet tabou ou plutôt le sujet tabou est abordé. Chacun sait de quoi il parle sans pour autant le définir clairement et aucun de nous deux ne semble disposé à mettre les pieds dans le plat. Alfie parle de respect et je pouffe discrètement en l’entendant se cacher derrière un si joli mot qu’il ne maitrise pas très bien ces derniers temps. Avec lui, j’ai toujours été heureuse, il m’a toujours fait sentir que j’étais exceptionnelle et il m’a encouragée à poursuivre mes rêves. Je me sentais importante, épanouie, heureuse et ça faisait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Ces derniers mois, il s’est plongé dans une avalanche de sentiments négatifs que je ne maitrise pas et j’ai la sensation qu’il m’entraine avec lui, balayant au passage la confiance que j’ai réussi à reconstruire à ses côtés et l’estime que je pouvais avoir de moi-même. Je ne me sens plus désirée, plus à la hauteur de cet homme qui me semblait si parfait, et plus digne d’être aimé. J’ai l’impression de me battre toute seule pour que les choses s’arrangent alors que de son côté son opinion semble être déjà arrêtée. « Bien sûr, tu as raison, c’est moi le problème, comme toujours. » Je capitule alors qu’il me reproche une nouvelle fois mon incapacité à communiquer sur cette hypothétique grossesse qui n’en était pas une. Je lui ai expliqué mon point de vue et si ça ne lui suffit pas, je n’y peux rien. Libre à lui de penser que je tais les raisons de mon précédent silence, il se sentira sans doute mieux en ayant l’impression que je lui cache des choses. J’aurais pu tenter de me justifier encore, de lui faire comprendre ce que je ressens, mais Alfie m’assène l’ultime coup de grâce en m’invitant poliment à quitter l’appartement, en profitant au passage pour me rappeler que je ne suis pas vraiment chez moi et que c’est grâce à lui que j’ai la possibilité de vivre ici. Je serre les dents pour ne pas hurler et me tourne vers l’armoire pour attraper un sac et fourrer quelques affaires dedans. L’opération ne me prend que trois minutes et même si mon côté organisé aimerait vérifier que j’ai emporté l’essentiel ou que toutes mes affaires sont correctement pliées et ordonnées par couleur, mon cœur lui me hurle de fuir loin de celui qui m’a blessé. Je lui fais tout de même face avant de sortir, parce que je n’ai pas vraiment le choix. « Je compte sur toi pour dire à Anabel que je serais vite de retour. Trouve n’importe quelle excuse valable qui l’inquiète le moins possible, elle a déjà bien assez à gérer comme ça. » Anabel est ma priorité et même si je meurs d’envie de partir très loin d’ici, je ne l’abandonnerais jamais. « Je reviendrais samedi, je lui avais promis qu’on passerait la journée ensemble. » Ce qui fait bien plus d’un soir hors de l’appartement mais j’en ai besoin et lui aussi. « Je reste joignable si elle a besoin de quelque chose. » Le cœur serré, je sors de la pièce sans rien ajouter de plus. Un détour par la salle de bain me suffit pour prendre le reste de mes affaires et je jette un dernier coup d’œil à la fillette endormie avant de quitter l’appartement. En m’éloignant, je ne me sens pas plus légère, loin de là, j’ai l’impression de jeter l’éponge au lieu de me battre pour sauver ce qui peut encore l’être, mais cette pause est peut-être ce qui nous manque pour mieux nous retrouver, en tout cas, je l’espère.

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