| draw your swords - McGrath sisters #6 |
| | (#)Ven 21 Fév - 2:47 | |
| Elle roule Jill. Depuis bientôt une heure. Une longue heure. Sans musique, sans bruit, sans rien. Elle a dû faire le tour de la ville au moins 5 fois, elle doit certainement faire le même chemin. Elle ne sait pas où trouver un point d'ancrage. Un cocon de sécurité et de calme. Ce dont elle a besoin après tout ça. Après toute cette conversation avec Bailey, parce que c'est certainement une des plus dure de sa vie. Elle est partie. Elle est partie de chez eux, parce qu'ils ont besoin de temps. C'est ce qu'ils se sont dit.
Elle n'a pas arrêté de pleurer, est ce que ça s'arrêtera un jour ? Elle a juste l'impression que sa vie se détruit, et elle n'est même pas capable de rester auprès de l'homme qu'elle aime pour essayer de tout réparer, réparer tous les dégâts qu'elle a causé. Il a fallut qu'elle grandisse, qu'elle vieillisse pour se rendre compte à quel point elle pouvait briser les gens, et à quel point elle était capable de faire mal sans s'en rendre compte. Elle avait fermé les yeux jusque là, mais elle ne pouvait plus maintenant. Pas après avoir vécu tout ça.
Et elle roule jusqu'à chez sa sœur, elles ont encore eu des altercations récemment. Mais elle sait qu'elle sera là, qu'elle ne parlera pas si Jill ne veut pas parler. Qu'elle la conseillera si elle le lui demande. Et c'est le seul autre endroit où elle veut être ce soir.
Elle gare sa voiture, elle ne sait même pas si elle prend le temps de la fermer. Il est tard dans la nuit et elle doit certainement dormir. Par chance, la porte d'entrée n'est pas fermée à clef. Alors elle entre Jill, elle essaie de ne pas faire de bruits, elle n'est pas là pour la déranger cette fois. Elle est juste là. Elle enlève ses chaussures, et elle monte dans la chambre de Ginny, par chance elle est seule, endormie. Jill se glisse dans son lit, en espérant ne pas la réveiller. Mais les yeux de sa petite sœur s'ouvrent. « ça va... » Très peu crédible, Jill est encore en train de pleurer, et ça n'est pas prêt de s'arrêter. |
| | | | (#)Dim 23 Fév - 20:11 | |
| Noah qui brosse ses dents, c'est toujours une longue et impressionnante cérémonie. Il a dû rester traumatisé par ce qu'un dentiste lui a dit y'a des années, ou par les enseignements rigoureux de sa grand-mère qui prenait un malin plaisir à surveiller chacun des gestes qu'il alignait l'un après l'autre dans la salle de bain annexée à sa chambre, à Londres. Mais à la seconde où il grimpe sur le petit banc devant la vanité, qu'il attrape sa brosse, qu'il la mouille avec un sérieux alarmant et qu'il y met la quantité toujours exacte (je devrais le mesurer un jour, la peser même) de dentifrice sur les poils, j'ai l'impression d'assister à une scène calculée à la seconde près.
Le bruit me rassure, ses gestes me rassurent, la routine aussi. Les détails d'une maison que j'habite un peu plus depuis les dernières semaines, les restes de boîtes qui s'éparpillent à l'étage reprenant possession des lieux. Je m'accroche aux valeurs sûres comme la chanson qu'il invente au fur et à mesure qu'il glisse entre ses canines et ses molaires, pour s'assurer de passer le nombre de temps suffisant à garder son email de gamin immaculé. Il compte les trois minutes réglementaires Noah, il passe de l'anglais à l'italien, il se trompe, et il pouffe de rire, y'a de la mousse qui salit le miroir devant lequel l'instant d'après il fait ses plus drôles (horribles) grimaces. C'est quand il a l'haleine fraîche qui remonte jusqu'à mon nez que je me relève du rebord du bain, que je l'attrape et le soulève de terre, que je le traîne façon poche de patates dans son lit. Sa chambre est tamisée des guirlandes de lumières qu'on y a posées y'a une vie, rendant le plafond aussi étoilé que s'il faisait du camping dans le jardin avec moi - habitude qu'on a prise en duo depuis quelques week-ends déjà.
Il ronfle à la seconde où je quitte son lit pour regagner le mien. J'ai dû passer une heure emmitouflée avec lui, peut-être deux, dix même, j'ai pas remarqué. Y'avaient que mes doigts qui se perdaient dans ses mèches ébouriffées qui comptaient au final. Mais au moins, lorsque je me glisse sous mes draps, lorsque je pose ma tête épuisée, lourde de trop penser sur l'oreiller, mes paupières se ferment automatiquement.
« ça va... » pas, non, ça va pas. Et toi non plus.
Je ne me réveille pas en sursaut, parce que je le connais le parfum de ma soeur. Je sais exactement ce que sent sa peau, je sais exactement comment sonne sa voix, je sais exactement que c'est elle qui s'est couchée à côté de moi, et pas seulement parce que mes iris se sont plongés dans les siens dès le moment où je l'ai sentie arriver. « Qu'est-ce qui s'est passé? » la question pourrait me revenir comme à elle, les cernes que je vois sur son visage brûlent autant que les miennes. |
| | | | (#)Dim 23 Fév - 21:58 | |
| Elle est dans le lit de sa sœur Jill. Elle ne sait même plus depuis combien de temps elle traine dehors, depuis quand elle roule avec sa voiture. Depuis combien d'heures elle pleure sans s'arrêter. Mais c'est la nuit, nuit noire. Elle ne se change pas, elle enlève juste ses chaussures et elle se glisse sous la couette. Elle n'a pas envie que Gin se réveille, ou peut-être que si ? Elle ne sait même pas, elle ne se sent même pas capable de parler. Mais les yeux de Gin s'ouvrent. Elle aurait pu croire que sa petite sœur allait avoir peur, ou au moins sursauter de la voir comme ça, mais non. Elle est calme, et Jill peut voir qu'elle n'est pas dans une meilleure forme qu'elle. Les sœurs McGrath étaient sur une pente glissante, et elle n'avait pas l'air prête à remonter. Aucune des deux ne sera positive apparemment, elles allaient juste parler, ou pas, mais en tout cas, elles vivaient ça ensemble. Et c'était le plus important à cet instant, parce que Jill n'avait besoin que d'elle. Et elle savait au fond d'elle, que c'était pareil pour Ginny.
Elle souffle un ça va. Un ça va qui veut dire que ça ne va pas du tout. Et elle le sait Ginny, elle le sait à chaque fois. Elles avaient eu beau ne pas être proche depuis des années, elles se connaissaient pas cœur. Parce qu'elles sont bien plus semblables qu'on peut l'imaginer.
Jill ne pourra pas dormir, elle le sait, elle ressent bien trop de choses. Comme si rien n'allait se calmer, comme si ça n'allait plus jamais aller mieux. Un gouffre sans fond dans lequel elle avait l'impression de tomber sans que personne ne puisse l'aider. Elle n'aimait pas cette sensation, elle l'avait ressenti bien trop de fois, et à chaque fois, ça finissait mal. Et elle ne veut pas faire de bêtise, elle ne pouvait pas faire de conneries. Elle est allée dans le lit de sa sœur au lieu de se défoncer jusqu'à perdre ce bébé. Mais elle ne l'avait pas fait, peut-être qu'elle en voulait vraiment au fond ? « Je... Il a trouvé un des test qui était positif, j'ai pas pu rester... J'avais besoin d'air... Ou, je sais pas... Je m'en veux de l'avoir laissé seul, mais je voulais pas lui faire plus de mal... » Son regard se perd dans le vide avant de revenir dans celui de sa sœur. Un regard sombre, et triste. Il se passe quelque chose. Quelque chose de grave. « Racontes moi. Dis moi tout Gin. » |
| | | | (#)Dim 23 Fév - 22:36 | |
| Les pieds de Jill sont froids. C'est la première chose que je remarque, quand ils viennent se lover contre mes chevilles, mes chaussettes enfilées comme à l'habitude qui ont laissé la place à sa peau frigorifiée de se blottir contre la mienne. Rien ne va, et c'est ça l'ironie, c'est ça l'horreur dans ses mots. Elle le sait autant que moi, au point où je ne doute même pas une seule seconde quand ma main vient prendre la sienne, quand je les laisse loin, mes craintes d'entrer dans la bulle de ma soeur au profit de lui céder la mienne.
« Je... Il a trouvé un des test qui était positif, j'ai pas pu rester... J'avais besoin d'air... Ou, je sais pas... Je m'en veux de l'avoir laissé seul, mais je voulais pas lui faire plus de mal... » tout va vite, trop vite. Tout va mal, trop mal. Elle parle et elle s'essouffle, elle mentionne Bailey et évidemment mon coeur se serre. Mais jamais je ne parlerai de lui quand c'est elle qui est à mes côtés, j'ai appris de mes erreurs et je ne me mêle pas entre eux, je choisis mes combats plutôt. Évidemment que je lui téléphonerai, évidemment que j'irai le voir, évidemment qu'il sera au centre de mes priorités ; lorsque je serai persuadée que ma soeur va mieux. C'est elle qui est là, c'est elle qui compte dans la seconde. « Tu as bien fait de venir ici. » elle n'a pas besoin de rien dire de plus, si elle ne le veut pas. Elle n'a pas besoin de craindre une stupide dispute, ni même que nos rancoeurs se mettent en travers de son besoin de se cacher. Jill est venue chez moi pour se sentir en sécurité, je la garderai sous mon toit jusqu'à ce qu'elle soit calmée.
Et j'ai été sotte, naïve, si idiote. De croire qu'elle ne verrait pas aussi facilement, aussi clairement en moi que je vois en elle. « Racontes moi. Dis moi tout Gin. » je soupire, ou du moins je soupirerais, si j'en avais la force. « Y'en a trop, je sais même pas par où commencer. » et je me déteste de dire ça. Je me déteste de m'avouer vaincue, je me déteste de le faire d'une voix qui tremble, je me déteste de sentir ma paume se resserrer sur celle de ma soeur, avide, alors qu'elle va aussi mal si ce n'est plus que moi. « C'est fini. » alors j'abrège à l'essentiel. Ce qu'il y a de simple ici, c'est que tout l'est terminé. Absolument tout. |
| | | | (#)Dim 23 Fév - 23:19 | |
| Jill profite du contact de la main de sa sœur dans la sienne. Parce que ça la rassure, parce que ça la réchauffe alors qu'elle ne se rendait même pas compte qu'elle avait froid. Un ancrage, juste un petit ancrage qui l'aide à ne pas sombrer plus qu'elle ne l'a déjà fait. Et Gin s'accroche elle aussi, qui aurait cru qu'elles pourraient avoir autant besoin l'une de l'autre ? Jamais elles n'auraient pu s'en douter. Et pourtant tout à changer. Et elle finiront par remonter la pente, ensemble. Elles seront toujours là l'une pour l'autre, et ça, quoi qu'il arrive. Jill s'autorisait à avoir besoin d'elle, à avoir besoin de Bailey et de toute sa famille. Elle osait enfin, même si ça lui ferait mal des fois, c'est certain. Elle ne voulait pas les fuir, elle ne voulait plus. Elle avait perdu trop de temps à fuir trop loin d'eux, et elle se rendait compte qu'elle avait perdu beaucoup de temps.
Elle parle finalement, un peu trop, tout est flou, tout est décousu parce qu'elle n'arrive pas à croire que ce qu'il vient de se passer. Une annonce de ce genre doit être heureuse normalement non ? Là c'était pas le cas, ça cassait tout. Absolument tout ce qu'ils avaient construit depuis des semaines, toute la confiance qu'ils avaient battis l'un pour l'autre. Tout ça c'était cassé à cause d'un foutu test de grossesse positif. Elle a deux solutions, elle le sait, et pourtant elle est incapable de prendre une décision cohérente. « Je sais... » Elle sait qu'elle est au bon endroit, elle n'en a jamais douté une seule seconde. Tout aurait pu s'arrêter là, cette discussion aurait pu être stoppée ici simplement, si Gin n'avait pas été dans le même état que Jill. Mais elle garde tout pour elle Ginny, elle ne parle que très rarement et Jill sent qu'elle arrive au bout. Elle explosera un jour, Jill en est certaine.
Alors elle lui dit de parler, et Gin le fait. Ça a l'air grave, ça a l'air de l'avoir détruit d'un coup, et c'est terrifiant. C'est terrifiant parce que les McGrath sont déjà des personnes détruites, et qu'il en faut beaucoup pour qu'ils se mettent dans des états pareils. Ils faut qu'elles respirent. Tout est toujours censé s'arranger pas vrai ? « Commence par où tu veux, on a tout le temps d'en parler. » Elle ne veut pas la brusquer, elle en parlera ou elle en parlera pas. C'est entièrement son choix. Un simple c'est fini, et Jill fronce les sourcils. « Avec Isy ? » C'est ce qui semblait le plus logique à cet instant. Mais elle sent que ces simples mots sont lourds de sens, que beaucoup de choses se cachent derrière et elle sait qu'elle aidera Ginny à faire face. |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 3:33 | |
| Je ne la lâcherai plus, plus jamais. C'est ce que je me répète à chaque inspiration, c'est ce que j'ancre à chaque inspiration quand mes doigts se faufilent toujours un peu plus fermement entre les siens. Y'a ce besoin si viscéral de sentir qu'elle est là, à des kilomètres de la crainte que j'avais eu de déranger dans son passage pendant des années. « Je sais... » « Et t'as du temps encore. Faut que tu prennes tout le temps qu'il te reste pour y aller à ton rythme. » elle est vulnérable Jill, elle est à fleur de peau, et j'aimerais tellement être plus forte pour la supporter entièrement en ce moment. J'aimerais tant être à sa hauteur et être puissante, l'être pour nous deux, lui donner tout ce que j'ai sans me vider à travers.
Mais si elle est démolie, si elle est brisée, je le suis aussi. Et elle le voit, je me hais de la laisser le voir. Même si ma chambre est plongée dans la pénombre, même si la lumière de la lune à travers les rideau arrive à peine à éclairer nos visages, elle voit tout Jill, elle me connaît par coeur, encore plus mes failles, encore plus mes blessures, chaque horrible éclat de douleur qu'elle maîtrise à la perfection pour avoir tout vu et tout vécu au fil des années.
« Commence par où tu veux, on a tout le temps d'en parler. » le temps sur lequel je mise, et elle aussi. On nous a appris à être patients, nos parents nous l'ont toujours dit. Que le temps était le meilleur allié. Celui qui nous rendrait plus solides, celui qui nous permettrait de construire et de solidifier nos carapaces. On nous a dit depuis notre plus jeune âge que le temps valait bien plus que l'argent, que c'était lui qui dicterait tous nos choix, qui sculpterait toutes nos forces. Mais on ne nous avait pas appris à quel point il faisait mal le temps, bousculant, brisant tout dans son sillage avant qu'on aspire à être meilleures, avant qu'on croit stupidement pouvoir l'être. « Avec Isy ? »
Elle est lâche, Ginny, quand elle hoche de la tête. Quand les mots restent bloqués dans sa gorge, quand le oui est silencieux mais qu'il est là, évident. « Ça va trop vite Jill, ça tourne trop vite. Ça fait mal. » et même s'il s'est passé du temps déjà, même si les heures ont fait place à des journées, et bien vite à des semaines depuis, la douleur est encore là, à vif. Je suis essoufflée, et elle l'est aussi. C'est ce qui déclenche la larme, la seule, l'unique, la traître, celle que je cache dans sa nuque pour ne pas lui imposer tout ça en plus du reste. |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 3:58 | |
| Jill garde la main de Ginny, elle n'est pas prête de la lâcher. Elles ont besoin de ce contact autant l'une que l'autre. Parce que seule, tout est bien trop dur à supporter. Tout est toujours trop violent, parce qu'il y avait toujours des choses qui étaient là pour détruire le peu de bonheur qu'elles pouvaient construire avec les gens. Mais elles, c'était une constante. C'était quelque chose qui avait mis bien trop d'années à arriver, mais qui était là maintenant. Et qui était indestructible. Ils fallait qu'elles s'aident, qu'elles soient forte ensemble puisqu'elles n'y arrivaient pas seule.
« Il voulait une réponse, il voulait savoir et moi je savais pas. Je sais plus rien... » Elle a l'impression que tout se détruit. Que chaque chose qu'elle ose approcher se brise en mille morceaux. Et elle ne veut plus de ça, c'est bien trop dur à supporter. Elle est fatiguée Jill, fatiguée de toujours devoir affronter de nouvelles choses. La vie ne peut pas être simple ? Juste cinq minutes ? Non, pas pour elle apparemment, ni pour Ginny. « Je sais pas ce que je dois faire... » Et c'est tout ce qui tourne dans sa tête depuis des heures. Elle est paumée, comme elle l'a toujours été. Mais elle est obligée de trouver une réponse à ça, il le faut. Et elle s'autorise à compter sur sa sœur, elle s'autorise à se montrer faible cette fois, parce qu'elle ne pouvait simplement plus faire autrement.
Et Ginny va mal, elle va bien trop mal pour que Jill ne s'en préoccupe pas. Pour que ça ne l'inquiète pas. Elle sent que sa sœur est au bord de l'implosion. Et elle sera là Jill, elle sera là quand il faudra ramasser les morceaux, quand il faudra la soutenir parce qu'elle sera au plus bas. Toujours. Elle n'est plus avec Isy, et Jill ne peut pas demander pourquoi tout de suite. Parce qu'elle sent que c'est profond, et que la blessure est à vif. Ginny n'a même plus la force de parler, elle passe son bras autour du cou de sa sœur pour la rapprocher d'elle. C'était inhabituel entre elles, mais tellement bénéfique. « ça va aller Gin, on finit toujours par aller mieux. » Même si ça, ça voulait aussi dire que tout finissait par aller mal de nouveau. « Je te comprend Gin, je te comprend tellement. » Jill aussi elle pleure, elles pleurent toutes les deux des larmes qu'elles ont retenue pendant bien trop longtemps. Elles étaient dans le noir, c'était la nuit. Ça resterait ici. « Je suis désolée qu'on aille mal Gin... » |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 4:51 | |
| « Il voulait une réponse, il voulait savoir et moi je savais pas. Je sais plus rien... » et c'est pour ça qu'elle est partie, c'est pour ça qu'elle avait besoin d'air - et lui aussi.
J'additionne les pièces les unes aux autres, je fais moi-même les liens que je ne supporterai jamais de lui demander à voix haute de peur de lui faire plus mal encore à la forcer à ressasser, à répéter. Les scènes qu'elle me raconte sans vraiment le faire, qui sont ancrées dans ses yeux bouffis, dans ses prunelles bafouées. « Je sais pas ce que je dois faire... » je porte sa main à mes lèvres glacées, embrasse la jointure avec tout l'amour, toute la tendresse, toute la chaleur que j'ai. « T'as pas besoin de prendre ta décision tout de suite. On la trouvera la réponse Jill. On la trouvera ensemble. » parce que c'est elle et moi contre le monde maintenant. Que ça l'a toujours été, et qu'on est enfin assez courageuses pour l'accepter.
Et les larmes, oh les larmes. Elles commencent finement, à peine. Elles prennent en ampleur, en vigueur, en douleur quand les miennes se mêlent aux siennes. Nos silhouettes sont ancrées l'une à l'autre quand j'ignore où ses mèches humides de mes pleurs commencent et où ma joue froissée de sa peine finit. « Je suis désolée qu'on aille mal Gin... » que j'entends à travers les sanglots, quand je resserre l'étreinte. Quand j'étouffe ce qui me reste de forces dans les draps, horrifiée à l'idée que Noah ait entendu la moindre parcelle de tout ça. « Ça arrêtera jamais, hen? »
Je sais, qu'elle veut me rassurer, je sais qu'elle veut se rassurer elle aussi. Et pourtant c'est comme ça depuis toutes nos vies. « J'ai peur, tu sais. Je suis terrifiée. » mon visage se dégage de sa nuque, je retrouve son regard aussi brouillé que le mien. « J'ai peur qu'un jour on ait eu tellement mal, qu'on ne ressente plus rien. Absolument rien. » |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 14:47 | |
| Elle est rassurante Ginny, elle est présente, et elle utilise les bons mots. Alors Jill souffle un peu. Mais le mal être est toujours là, toujours ancré au plus profond de sa chair et de son cœur. Parce que ça va bien plus loin que la conversation avec Bailey, parce que tout est bien trop intense depuis des jours, voir des semaines. Tout est flou, Jill ne peut pas raconter tout ce qui c'est passé en détail, ça faisait bien trop mal, parce que si elle en parlait, c'est que tout ça avait bien eu lieu. Et peut-être que c'était juste un cauchemar, un putain de cauchemar qui dure depuis qu'ils sont rentrés de Bali. Elle ne sait même pas depuis combien de mois elle est enceinte, elle ne sait pas si ce bébé va bien après la soirée qu'elle a fait avec Freya. Et elle a peur de savoir, elle est terrifiée, elle a peur d'avoir détruit la vie de ce petit être et de continuer de briser Bailey un peu plus chaque jour. Elles devraient peut-être rester là, rester sous cette couette jusqu'à ce que tout finisse par s'arranger. « J'ai dit que c'était un truc, j'arrive même pas à le voir comme un enfant... Comment je vais bien pouvoir gérer ça ? » Les questions qui s'enchainent, et les mots qui ont été durs quand elle a parlé de tout ça avec Bailey. « Il veut le garder Gin. » Parce que ça, c'est l'information la plus importante. Parce que si Jill décide qu'elle ne veut pas, elle cassera quelque chose entre eux. Quelque chose qui sera irréparable.
Elles pleurent, elles sont collées l'une contre l'autre dans ce grand lit froid. Elles vont mal, et à cet instant, n'importe qui serait capable de le voir. Mais qu'est ce qu'elles pouvaient faire de plus ? Elles avaient besoin de ce moment, de craquer sans que personne d'autre qu'elles deux ne le sache. « ça n'arrêtera jamais, hen ? » Et Jill soupire, parce que rien n'allait jamais bien éternellement. Elle avait eu le droit à quelques moments pendant lesquels elle se sentait heureuse, des moments où toutes ces voix, tous ces problèmes étaient bien loin derrière elle. Mais à peine arrivé à Brisbane, tout était revenu, absolument tout. « Faut continuer à croire que ça ira... » Qui aurait cru que ce serait Jill qui essaierait d'être positive dans cette conversation ? Elle le fait parce que Ginny est au plus mal, parce qu'elle n'a pas encore tout dit et que Jill doit être là.
Les mots de Ginny font couler une nouvelle larme sur la joue trempée de Jill. Parce que c'est tout ce qu'elle avait cherché pendant des années, ne plus rien ressentir. C'est tout ce qu'elle voulait depuis des années, mais elle a arrêté de cherché ça il y a quelques mois maintenant. Elle a arrêté quand elle a décidé d'aimer Bailey, quand elle a laissé sa sœur entrer dans sa vie après tant d'année à vouloir l'éloigner, quand elle a décidé de vouloir de vrais amis sur lesquels elle peut compter. « On la ressentira toujours cette putain de douleur Gin. » C'était violent, c'était fort, c'était la pire sensation du monde. Et pourtant, ça partira, puis ça reviendra. Parce que la douleur revient toujours. « Nos vies seraient bien trop simples si ne plus rien ressentir était aussi facile. C'est nous, on a toujours été comme ça et on le sera toujours. On ressentira toujours tout, et on sera toujours là quand ça va pas. Toujours. » Parce qu'elle ne voulait plus jamais s'éloigner d'elle, ou la pousser hors de sa vie comme elle l'avait fait depuis qu'elles étaient enfant. « Et parler ça aide à tout faire sortir. » |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 15:53 | |
| Les blocages et les obstacles qui remontent, les excuses et les justifications. Jill qui marche, qui court à contre-courant. Elle devrait pas être déstabilisée comme ça ma soeur, elle devrait pas parce qu'à mes yeux elle avait toujours été contre le vent, elle avait toujours su porter la moindre décision fièrement sur ses épaules. Encore plus quand elle allait à l'encontre de ce qu'on lui demandait de faire, ce dont on s'attendait d'elle.
« J'ai dit que c'était un truc, j'arrive même pas à le voir comme un enfant... Comment je vais bien pouvoir gérer ça ? » elle ne le verra pas, mais elle m'arrache un sourire. Il est triste, il l'est terriblement, mais il est là. Si elle se voyait avec Noah, si seulement elle voyait à quel point elle était douée avec lui, à quel point son instinct maternel avec mon fils avait toujours su me fasciner, elle ne dirait pas ces choses-là. « Il veut le garder Gin. » « Et il veut te garder aussi. Peu importe ton choix, il finira par comprendre. Il t'aime trop pour que ça en soit autrement. » je sais, que si elle décide de ne pas avoir l'enfant, Bailey sera brisé. Mais ils se retrouveront, ils se retrouvent toujours. Et ça, elle doit le comprendre au-delà de tout, au-delà du reste.
« Faut continuer à croire que ça ira... » pourtant, mes larmes et les siennes hurlent le contraire. Parce que c'est comme ça, c'est toujours comme ça. Tout va bien rien que pour dégringoler. La conversation est douce rien que pour nous préparer à nous effondrer. « Ça reste Jill. Ça laisse des marques, ça part jamais. » les stigmates qu'on partage, ceux qu'on cache. Les blessures qu'on accumule, celles qui sont ancrées, celles qui jamais ne vont disparaître, sur nos visages, sur nos coeur, sur notre chair, sur nos vies.
« On la ressentira toujours cette putain de douleur Gin. » et c'est ça, la finalité. C'est ça l'horreur, celle de ne vouloir plus rien ressentir autant que d'en être terrorisée. « Nos vies seraient bien trop simples si ne plus rien ressentir était aussi facile. C'est nous, on a toujours été comme ça et on le sera toujours. On ressentira toujours tout, et on sera toujours là quand ça va pas. Toujours. » on est humaines, on est cassées. On traîne tout, on le traîne mal, mais on le traîne tout de même. On tente d'être plus fortes, on le fait pour tout le monde et pas pour nous. Mais à l'entendre et à nous voir, à ressentir tout ce qui se dit et surtout ce qui ne se dit pas dans ma chambre qui sent l'eucalyptus et les larmes, la nuit et les doutes, on arrivera un jour à l'être, fortes, ensemble.
« Et parler ça aide à tout faire sortir. » ça fait mal de parler. Mais pas autant que de tout garder à l'intérieur. « C'était pas censé se terminer comme ça. » c'était censé être doux avec lui, c'était censé être simple. C'était censé être évident, il m'avait tellement semblé l'être un temps. C'était censé être ça, que j'aurais voulu, un copier coller exact, une vie douce en tous points, un regard aussi pur que celui d'Isy braqué sur moi, un regard que j'aurais pu, que j'aurais dû lui rendre au centuple. Mais ç'aurait été continuer de lui mentir à lui, et surtout continuer de me mentir à moi. Ce n'était pas pour moi, c'était tout sauf pour moi cette vie-là ; et j'avais été stupide, j'avais été ingrate, j'avais été égoïste de croire pouvoir la toucher du bout des doigts.
« Il est arrivé quelque chose. » c'est décousu, rien n'est relié. Les événements se sont enchaînés mais les problèmes étaient là bien avant. « Avec le bébé. » et pourtant, ce n'est pas pour autant que les dommages ne font pas plus mal. |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 16:52 | |
| Elle se sent vide, un vide douloureux. Un trou béant dans sa poitrine, et plus seulement à cause de ce qui se passe dans sa vie, c'est là surtout depuis que Ginny lui raconte tout ce qu'il se passe. Pourquoi tout allait mal au même moment ? Pourquoi elles étaient toutes les deux aussi brisées en même temps ? Mais heureusement, elles s'étaient retrouvées, heureusement l'instinct de Jill l'avait emmené jusqu'à chez elle. « J'en suis pas sûre Ginny. » Jill a besoin de lui dans sa vie, elle ne peut plus l'imaginer autrement, elle ne peut plus penser qu'elle pourrait vivre sans qu'il soit là, à ses côtés. « Pourquoi maintenant ? On aurait dû faire plus attention, ça va briser quelque chose, quoi que je décide... » Elle le sentait, elle savait que quoi qu'elle décide, quelque chose n'irait pas, quelque chose serait brisé.
« Je sais. » Parce que Jill aussi vit avec ces marques depuis toujours. Et parce qu'il se passerait encore beaucoup de choses dans leurs vies. Beaucoup de choses qui laisseront des marques et des cicatrices indélébiles. Elles vivent avec des blessures différentes, mais qui font tout aussi mal. Comment Jill n'avait-elle pu ne pas s'en rendre compte avant ? Comment elle avait pu croire que sa sœur ne souffrait pas constamment, que c'était la seule fille de cette famille à vivre avec de telles choses.
Elle a d'autre choses à dire Ginny, des choses toujours plus douloureuses, toujours plus violentes. Et Jill a peur de ce qu'elle va lui annoncer, elle ne pourrait pas l'expliquer, mais elle sent que ça l'a détruite, et qu'à cause de ça, Ginny ne sera plus jamais pareil. Elle la serre un peu plus dans ses bras, elle attend que l'annonce tombe, les secondes semblent devenir des heures. Mais Jill attend, elle attend que Ginny soit prête à parler, que ça se case correctement dans sa tête.« Il est arrivé quelque chose. Avec le bébé. » Jill a du mal à respirer correctement, mais elle se détache légèrement de sa sœur pour la regarder dans les yeux. Non. C'était pas possible, pas ça, pas à elle. Elle ne le méritait tellement pas. Jill savait à quel point elle voulait de ce bébé, et elle a peur de bien comprendre ce qui se passe. Elle n'a pas besoin de poser la question, elle ne veut pas le formuler à voix haute de toute façon. Ginny a perdu son bébé. Et Jill ne se préoccupe plus de ce qui ne va pas pour elle, son attention se reporte entièrement sur Ginny parce qu'elle va mal, et qu'elle va continuer d'aller mal pendant quelques temps. Et Jill ne l'abandonnera pas, pas cette fois. Elle ne la lâchera pas même si elle lui demande. « Je suis tellement désolée Ginny... » Et Jill la reprend dans ses bras, elle la serre encore plus fort, bien plus fort qu'elle ne l'a jamais fait. « Je suis là, je te lâche pas je te le promet. » Elle a besoin de quelqu'un, elle ne peut pas rester seule. « Je vais tout faire pour que ça aille... » C'est une promesse, une promesse qu'elle tiendra. |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 18:11 | |
| « Je suis tellement désolée Ginny... » t'as pas à t'excuser Jill. T'as pas à prendre le blâme de tout ça pour toi. T'as pas à rien partager, t'as pas à vouloir supporter mon mal, t'en as assez sur les épaules déjà. Mais c'est là que ça me frappe, fort, avec violence, que ça me rassure également, aussi paradoxalement que possible. Mes problèmes sont les siens, et les siens sont les miens. On est deux, là. On l'est envers et contre tout. Et elle me laissera entrer dans sa tête et dans son coeur que si je lui autorise la même chose. « Je suis là, je te lâche pas je te le promet. » et je souffle un peu mieux. C'est pas encore tout à fait ça, c'est tout sauf ça en fait. Mais ma respiration se calque à la sienne, les battements de mon coeur aussi. « Je vais tout faire pour que ça aille... » son t-shirt est trempé par ma faute, j'essuie mon nez et mon visage et mes yeux et les siens du revers de la main. Mes lèvres qui viennent se poser sur son front comme pour lui confirmer ce qu'elle sait déjà. Je vais tout faire pour que ça aille, pour toi aussi.
Et y'a un craquement dans le couloir, j'entends le grincement des vieilles lattes de bois d'une maison que j'ai rénovée y'a une vie. « Noah... » je ravale, je ravale tout. Je ravale la peine de toutes mes forces, je ravale les doutes et la peur. Je ravale tout ce que j'ai montré sans masque et sans filtre pour l'unique fois à ma soeur, la regarde une dernière fois avant de m'échapper des draps, de filer sur la pointe des pieds. Un bref tour additionné de ma silhouette qui s'appuie dans l'embrasure de la porte de sa chambre me confirme que Noah est toujours endormi. J'en profite pour aller lui replacer les quelques mèches qui lui barrent les yeux, pour l'aimer un peu plus alors qu'à mon sens, c'est totalement impossible de l'aimer plus que je ne l'aime déjà. Mes pas reviennent en sens inverse, dérivent près de la chambre d'amis vide, celle qui me donne l'idée, celle qui me susurre à l'oreille que ce serait bien, si Jill emménageait ici un temps. Si elle le veut.
« C'est toi la priorité. C'est toi et Bailey. » j'ai fini par revenir la rejoindre une poignée de minutes plus tard. Elle est toujours lovée dans mes couvertures et mes oreillers, je joue nerveusement avec mes doigts pour me rappeler cette sensation-là, au moins une qui ne m'étouffe pas. Ma vie en suspens, comme à l'habitude, c'est à elle que je pense maintenant. « Je pense que vous devriez en reparler à tête reposée. Je peux venir avec toi, on peut aller le revoir ensemble, demain. » ma voix est rauque alors que je tente de chuchoter, un murmure de plus maintenant que je me rapproche de Jill, que je reviens la rejoindre en douceur sur le lit qui est étonnamment maintenant devenu le nôtre. « Si tu es là pour moi, je veux l'être pour toi aussi. Laisse-moi. » |
| | | | (#)Lun 24 Fév - 18:45 | |
| Elles restent peut de temps assise dans ce lit, Ginny essayant de sécher les larmes de Jill et les siennes sans vraiment y parvenir. Jusqu'à ce que ça grince dans le couloir. Elles pensent toutes les deux que c'est Noah, et elles ne doivent pas impliquer Noah dans leurs malheurs. Jamais. Alors elles ravalent les larmes, elles se regardent une dernière fois et Ginny se lève pour aller vérifier.
Jill aurait pu la suivre. Elle aurait pu vouloir vérifier que son neveu n'avait rien entendu de tout ça. Elle l'aurait fait si le téléphone de Ginny n'avait pas vibré. Mais il a vibré, et Jill a tourné la tête, et elle a lu Bailey. Bailey avait contacté Ginny, il allait peut-être lui demander où était Jill. Alors elle pouvait répondre. Elle ne mettra pas ça sur sa jalousie ou sur sa curiosité mal placée, même si c'est certainement à cause de ça qu'elle déverrouille le téléphone pour lire le message. « Je reviendrai. » Comment ça il reviendra ? Est ce que ça veut dire qu'il est parti ? Jill entend du bruit derrière elle, Ginny revient. Et elle supprime le texto.
Pour elle ? Pourquoi il n'a pas envoyé un message à Jill ? Pourquoi il est parti alors qu'il avait promis de l'attendre ? Elle réfléchit Jill, comme si tout ça ne suffisait pas. Et elle rage, elle ne peut pas s'en empêcher. Elle rage alors qu'elle ne devrait pas, elle ne peut pas être énervée contre sa sœur alors qu'elle a vécu tout ça. Mais elle ne peut pas s'en empêcher. Elle va faire comme si tout allait bien, comme si elle allait mieux. Et Ginny ne s'inquiétera plus. Parce que Jill est une menteuse hors pair quand elle le décide. Elle parle Ginny, elle parle de Bailey et Jill évite une seconde son regard avant de plonger à l'intérieur. « Je gère Ginny, on est marié maintenant. Je le ferais moi-même. » Elle essaie de ne pas être froide, elle respire calmement. Elle veut certainement clôturer cette conversation pour aller vérifier par elle-même. « Je te laisse aussi Ginny, j'ai juste besoin qu'on règle ça seul, je veux pas que tu t'immisce dans cette histoire. » Elle hoche la tête Jill, les larmes ont arrêté de couler. Et ça, ça veut certainement dire qu'elle est tellement brisée qu'elle n'a pas la force de pleurer plus. Mais personne ne le verra, et là, elle n'autorise pas Ginny à le voir. « ça va s'arranger. » Elle dit ça en la regardant encore, un sourire rassurant ancré au visage. |
| | | | (#)Mar 25 Fév - 14:50 | |
| C'est ridicule, et c'est probablement la faute de la fenêtre entrouverte sur la nuit encore noire malgré l'heure avancée, mais lorsque je reviens dans l'embrasure de la porte de ma chambre, la pièce semble glacée.
Jill est toujours là, elle ne frissonne pas, et si je prends le temps de passer un cardigan autour de mes épaules en plus d'attraper une couverture qui traînait sur une chaise à portée, elle reste immobile. Mes mots remontent, mon envie infinie d'être là pour elle aussi. C'est peu à mes yeux, mais je me dis que de leur laisser le temps chacun de leur côté avant de se retrouver au petit matin ne peut faire que du bien. J'attendrai que Jill s'endorme pour envoyer un message à Bailey, m'assurer qu'il sache qu'elle est en sécurité, qu'elle est avec moi. Même s'ils ont bien pu se disputer au point où ma soeur s'est retrouvée aussi secouée, je sais que la priorité du Fitzgerald reste et restera toujours de savoir qu'elle va bien ; autant qu'elle, envers lui.
« Je gère Ginny, on est marié maintenant. Je le ferais moi-même. » oh. Et mes lèvres se scellent, interdites. Parce que j'ai été ingrate, naïve, parce que je n'ai pas le droit de m'en mêler, parce que ce n'est pas ma place, ça ne l'a jamais été. Bien sûr qu'elle sait gérer Jill, elle le connaît par coeur, il l'a choisie elle, ainsi la vie est faite. Il n'y a pas une pointe de jalousie qui est remontée en moi depuis l'annonce de leur mariage précipité, ni même depuis les premiers jours de leur idylle secrète. « Je te laisse aussi Ginny, j'ai juste besoin qu'on règle ça seul, je veux pas que tu t'immisce dans cette histoire. » pourtant, alors que Jill reprend ses marques et affirme avec confiance que tout est sous contrôle, le sien, il y a cette horrible sensation d'abandon qui creuse mon ventre désormais cruellement plat.
J'inspire alors, je cède. Elle a raison, je suis allée trop loin, j'ai oublié qui j'étais désormais dans leur histoire, j'ai oubliée que je ne suis plus rien. Alors je ravale, reprends la place qu'il me reste, celle que j'avais y'a un vie plus tôt, revenant me coucher à ses côtés. « ça va s'arranger. » qu'elle souffle à mon oreille, une seconde avant que je ne cède au sommeil, aussi. « Ça s'arrange toujours. » Jill ne m'a jamais menti, et l'inverse est toute aussi vraie. Pourtant, ces mots-là, ils ont tout de faux. Rien ne va s'arranger, et on le sait aussi fort et aussi douloureusement l'une que l'autre. |
| | | | (#)Mar 25 Fév - 23:58 | |
| Tout allait mal pour les filles McGrath, et elles avaient l'impression qu'elles ne s'en sortiraient jamais. Que ça n'irait jamais mieux, et que tout continuerait de s'effondrer autour d'elle. Elles avaient trop retenu de choses pendant bien trop de temps. Et elles avaient craqué, toutes les deux, blottis l'une contre l'autre dans ce lit. Ça n'était jamais arrivé qu'elles soient aussi proche. Comme quoi, il y avait un début à tout, et il y avait des espoirs pour tout. Personne n'aurait pu penser qu'elles se rapprocheraient, qu'elles pourraient parler calmement toutes les deux. Et pourtant, c'était en train d'arriver.
Mais il y a eu cette coupure, ce texto, et Jill qui a vrillé dans sa tête. Elle ne s'énervait pas, c'était bien pire, elle mentait Jill. Elle avait ravalé les larmes pour laisser paraître un masque qu'elle avait déjà tant utilisé. Et en quelques mots, elle l'éloigne Ginny. Elle la place hors de sa vie, hors de ces histoires. Parce que cette jalousie était encore là, ancrée en elle, elle ne partirait certainement jamais et c'était le plus douloureux. Mais elle reste dans ce lit Jill, bien plus loin de sa sœur qu'il y a quelques minutes. Pourquoi elle avait eu besoin de sortir de cette pièce ? Pourquoi Jill a regardé ce message ? Parce que, en faisant ça, elle brise à nouveau quelque chose, une petite partie de ce qu'elles avaient mis du temps à construire. Mais elle ne s'en rend pas compte, elle est bien trop aveuglée par tous ses sentiments. Alors elle s'allonge, prête à s'endormir. Mais les mots de sa sœur la tiennent éveillée pendant quelques minutes de plus. Et la main de Jill se loge dans celle de sa sœur. Une dernière fois avant de fermer les yeux.
Mais elle ne dort pas longtemps, elle a décidé qu'elle irait chez Bailey, qu'elle allait voir si il avait vraiment fuit la maison. Elle laisse un message à Ginny, ne pas l'inquiéter, elle veut qu'elle ne se doute de rien. Elle veut gérer la crise seule Jill, parce que Ginny a déjà bien assez de chose à supporter. « J'arrivais pas à dormir, je suis sortie prendre l'air et acheter des croissants, je reviens. » Elle va revenir, mais elle ne va pas vraiment prendre l'air.
Elle passe chez Bailey, elle trouve la maison détruite. Mais elle ne peut pas s'attarder, elle ne peut pas montrer qu'elle est énervée ou inquiète, parce qu'elle a dit à Ginny qu'elle reviendrait avec des croissants. Elle sèche rapidement ses nouvelles larmes, arrête d'essayer de joindre Bailey après de troisième appel sans réponse, et récupère Logan. Elle ne peut pas le laisser seul dans cette maison dévastée. Elle respire, achète des croissants. Arrivée devant la porte de chez sa sœur, elle affiche un sourire, un sourire pas trop grand, pas trop joyeux, pour être sûre qu'elle croit à tout ce qu'elle va bien pouvoir lui dire. Elle est accueillie par les cris de joie de son neveu, et une odeur de café. Elle devait tenir le coup, seulement une matinée. |
| | | | | | | | draw your swords - McGrath sisters #6 |
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