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{I can do anything, hell no…}
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" … Camille si tu veux que je te dépose c’est maintenant ou jamais… et il est presque quinze heures je te signale, tu vas être en retard !"  Tu sais que tu as raison et tu lances la phrase en direction de la salle de bain, non de ta salle de bain avant de pousser un énième soupir. Tu n’obtiens pas vraiment de réponses, dans le fond tu n’en attendais pas vraiment mais tu aurais adoré que ta cousine se dépêche et commence à ranger son maquillage et à te donner la moindre indication qu’elle a effectivement vu l’heure. Cela n’a pas l’air d’être le cas et tu préfères retourner à ton écran de téléphone portable, terminer ton dernier sms pour Yasmine et appuyer sur la touche envoyer. 14h45. Tu pousses un autre soupir avant d’aller physiquement te planter dans l’embrasure de la porte de la salle de bain et dans son champ de vision pour qu’elle n’ait aucune chance de te louper. Tu remarques qu’elle a changé de tenue depuis ton dernier passage et tu ne peux empêcher le roulement des yeux qui survient en constatant que oui, vraiment, elle est nerveuse.
Tu ne sais pas pourquoi, elle ne l’a pas dit explicitement, c’est une Price comme toi et cela t’étonnerait beaucoup qu’elle arrête de se maquiller pour soudainement parler de ses sentiments ou de ce qui la tracasse. C’est une fonceuse aussi et quand elle t’a demandé de l’accompagner à son entretien pour un futur stage avec un grand gourou du business qui donne aussi des cours sur l’un des campus de la ville, tu n’as pas hésité. Tu sais de quoi elle est faite et qu’elle aura la position qu’elle veut sans la moindre hésitation. Et puis, chose que tu n’avoues pas non plus, tu es content d’être loin de ton lieux de travail et ce même si c’est simplement pour une heure ou deux. La station de police est plus étouffante qu’autre chose ces derniers temps, certes, cela n’a jamais été un endroit très réconfortant, mais il y a quelques semaines de cela, l’idée d’aller au boulot ne t’aurait pas paru aussi … aussi terrifiante tout simplement. Tu as donc sauté sur l’occasion, une occasion rêvée et, tu te penches de nouveau vers l’écran de téléphone portable pour voir l’heure et oui, çà ce rythme-la, Camille va vraiment être en retard.
Elle se tourne vers toi la seconde d’après, pivotant sur elle-même pour te faire face. "Okay, okay… okay de quoi j’ai l’air ?" "Prête. Parfaite. Parfaite pour un entretien et pour un stage, on peut y aller…. ? Okay. Cool. Let's." Et non, tu ne lui laisses pas le temps de répondre et l’entraines vers ta voiture, clé déjà en mains. Les premières impressions sont très importantes, trop importantes pour être ruinées et la dernière chose qu’elle veut c’est arriver en retard, c’est certain. Donc personne ne t’en voudra de griller quelques feux, okay, tous les feux, ou encore d’être très généreux avec la pédale d’accélération, c’est pour une bonne cause, tu en es convaincu. Tu te gares comme tu le peux sur le campus et elle n’a pas besoin de te le demander, tu l’accompagnes jusqu’au lieu du rendez-vous, histoire de s’assurer qu’elle a tout ce qu’il lui faut. Y compris un câlin et ce même si elle roule des yeux prouvant que vous êtes bien de la même famille. Cela a au moins le mérite de te faire rire et tu lui lances un dernier : "Knock them dead okay .... ?" en guise d’encouragement avant de faire le chemin en sens inverse.
Tu ne sais pas combien de temps son entretien va durer, une trentaine de minute ? Une heure ? Connaissant Camille, probablement une heure. Tu pourrais potentiellement l’attendre, prétendre que tu as eu une urgence familiale et ne jamais retourner bosser. Cette excuse te plait, elle sonne très bien et tu es sur le point de sortir ton téléphone et composer le numéro de la technique judiciaire quand tes yeux repèrent une silhouette un peu trop familière pour être ignorée. "… Hassan ?" Tu poses la question à voix haute, interrompant l’autre homme dans sa propre marche et quand son regard à lui se pose sur toi, tu n’as plus l’ombre d’un doute. "Oui c’est bien toi, je me disais bien…" Léger sourire, avant que tu réalises qu’il est sûrement plus dans son élément ici que toi, il te semble vaguement te souvenir de lui donnant des cours, ou alors tu confonds avec quelqu’un d’autre.
"Non je suis pas là pour m’inscrire ou quoi que ce soit… Comment ça va depuis …. ?" Tu ne sais même pas comment finir cette phrase. Depuis que vos routes se sont croisées ? Depuis ta rupture avec Yasmine ? Et il est clair que si les choses n’avaient pas repris une tourne aussi positive avec la brune, tu aurais tourné les talons, mais pas aujourd’hui. Tout ce que tu as pu ressentir un jour à son égard s’est envolé et il faut bien avouer, que tu ne le connais pas, tout ce que tu sais c’est qu’il a une place importante dans la vie des Khadji. Mais il n’est jamais trop tard pour faire des efforts, non ?  C'est donc bien en ayant la brune en tête et réconforté par le poids du collier qu'elle t'a offert, que tu as de façon permanente autour du cou désormais, que tu ajoutes rapidement : "Le hasard fait bien les choses, c’est l’anniversaire de Yasmine dans pas longtemps et j’essayais, enfin j’essaye, d’organiser un petit quelque chose. Peut-être pas le jour même mais une soirée avec les amis avant... "

Depuis que les incendies s’étaient calmés et que l’air ambiant avait perdu, même en plein centre-ville, cette odeur âcre et désagréable qui avait caractérisé une grande partie de la saison estivale, une grande majorité des habitants de Brisbane semblait reprendre goût à la vie en extérieure dans tout ce qu’elle avait à offrir. Sur le campus de l’université rarement les espaces verts avaient autant été pris d’assaut, et si la cafétéria faisait grise mine c’était parce qu’élèves comme personnel préféraient s’octroyer le plaisir d’un déjeuner en plein-air, qu’il s’agisse de pique-niquer ou de trouver une place à l’une des terrasses de cafés et de restaurants disséminés à proximité. Au milieu des élèves ayant investi les rives du lac, le groupe de professeurs ne se distinguait que par les quelques cheveux grisonnants de certains et les rides étirant le coin des yeux pour d’autres, mais au jeu de la paresse à l’idée de retourner s’enfermer dans un amphithéâtre ou une salle de classe ils n’avaient rien à envier à la tranche la plus jeune de l’assemblée. Il fallait pourtant bien prendre le taureau par les cornes, et tandis que chacun s’étirait, bâillait, rassemblait son courage, Hassan avait dodeliné la tête pour répondre à la question de Gwen, qui proposait de l’attendre en fin de journée. « J’ai rendez-vous avec le doyen et le directeur de filière à seize heures, je sais pas combien de temps ça va durer. » Plus rapide à réagir, Rhett – qui reprenait tout juste le chemin du travail, sous l’œil inquiet d’Hassan et Joanne – avait demandé « Qu’est-ce qu’ils te veulent ? » et à cela le brun n’avait pu répondre que par un haussement d’épaules trahissant le flou total dans lequel ce rendez-vous le tenait depuis qu’il avait été programmé – soit deux jours plus tôt. « Je ne sais pas, me voir. » Dire qu’il ne ressentait pas une petite pointe d’appréhension et la vague impression d’aller se jeter dans la gueule du loup était un mensonge, quand bien même il n’avait à priori rien à se reprocher. Il aurait de toute façon bien le temps de continuer à y réfléchir puisque contrairement au reste de l’assemblée il n’avait pas de cours auquel se rendre ; Ainsi allaient ses jeudis après-midis, laissés libres pour lui permettre d’être disponible pour ABC les jours où sa présence était requise dans l’émission de dix-huit heures où il avait désormais ses habitudes. « Je te f-suis. J’ai des livres à rapporter à la bib-bliothèque. » Si les stigmates physiques de l’agression dont avait été victime Alfie terminaient de s’estomper, son élocution encore hésitante et sa tendance à beaucoup moins prendre la parole en groupe – lui qui avait d’ordinaire la langue si bien pendue – étaient là pour rappeler qu’il revenait de loin. Son pas aussi se faisait plus lent, mais les deux hommes n’étaient pas pressés et avaient même trouvé le temps de discuter un peu devant les portes de l’ascenseur avant de se séparer.

Prêt à tourner les talons, Hassan entendait poursuivre son expédition vers l’autre aile du bâtiment, où se situait son bureau, lorsqu’une voix dans son dos l’avait interpellé et fait se retourner « … Hassan ? » Ici, seules des voix familières l’auraient appelées par son prénom, les élèves oscillant entre Monsieur et Professeur, mais pas plus élève que familier Edge se classait dans la catégorie des surprises qui, sans être mauvaises, n’étaient pas de nature à l’enthousiasmer. « Oui c’est bien toi, je me disais bien … » Le sourire du bonhomme arrachant à Hassan un regard circonspect, il s’était tourné entièrement vers lui sans trop savoir quoi dire, se contentant d’un « Edge. » laconique, et prenant sur lui de ne pas user de sarcasme lorsque le visiteur avait ajouté « Non je suis pas là pour m’inscrire ou quoi que ce soit … Comment ça va depuis … ? » Depuis qu’il avait métaphoriquement craché au visage de Yasmine avant de revenir la bouche en cœur faire amende honorable ? Dans un coin de sa tête il pouvait presque entendre la jeune femme le rabrouer pour ce raccourci, et bien qu’il n’aurait eu que faire de savoir si Edge souhaitait se lancer dans des études d’astronomie ou viser la maîtrise d’une langue morte, il s’était forcé à garder son mauvais esprit pour lui et s’était contenté d’adopter un air placide. « La routine. Tu cherchais quelque chose ou quelqu’un ? » Parler de la pluie et du beau temps par simple politesse n’était pas son activité favorite, et il ne doutait pas qu’Edge se souciait aussi peu de savoir comment il allait que de se voir retourner la question juste pour la forme. Le renseignait s’il était perdu – ou peu importe la raison qui l’amenait sur le campus – en revanche, il pouvait. Passé quelques instants néanmoins, le photographe avait changé son fusil d’épaule : « Le hasard fait bien les choses, c’est l’anniversaire de Yasmine dans pas longtemps et j’essayais, enfin j’essaye, d’organiser un petit quelque chose. Peut-être pas le jour même mais une soirée avec les amis avant ... » Un peu pris au dépourvu, tant par la proposition que par le hasard qui décidément avait parfois bon dos, Hassan avait pris le temps de la réflexion avant de répondre, pas entièrement convaincu « Je ne sais pas si elle est vraiment d’humeur à voir beaucoup de monde en ce moment … » mais avec malgré tout dans un coin de la tête l’éventualité qu’au contraire, cela puisse lui faire du bien et lui donner une occasion de se changer – encore – un peu les idées. « Enfin j'en sais rien, tout dépend de la taille de ce que tu avais en tête. Et de qui d’autre tu comptes inviter par hasard. » Est-ce qu’Hassan aurait été mis dans la boucle si Edge et lui ne s’étaient pas croisés sur le campus ? Rien n’était moins sûr. « Tu en as parlé à Sohan ? » Moins rancunier que lui – pas assez, dirait Hassan – et plus au fait de ce qu’était devenu Edge durant tout ce temps, il lui serait peut-être de meilleur conseil. Rapport peut-être aussi au fait que si le photographe n’avait pas brillé par son amabilité envers Hassan durant le temps qu’avait duré sa relation avec Yasmine, Sohan s’était lui vu octroyé une sympathie dont le brun n’avait pas bénéficié.

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Changer n’est pas quelque chose qui se fait facilement. Non, pas du tout d’ailleurs, et toi mieux que quiconque sait qu’il est difficile de revenir en arrière, de vraiment s’excuser et de passer à autre chose. De vraiment tourner la page et ce sans vraiment de séquelles ou de conséquences. Un exercice impossible à accomplir pour certains, et pourtant, si ce n’étais pas le cas, Yasmine ne ferait pas partie de ta vie, si c’était le cas, tu n’aurais même pas tenté ce semblant de conversation avec Hassan. Et pourtant, tu le fais. Parce que justement, les choses ont changé. Yasmine et toi vous n’êtes plus un couple, cette histoire-là est finie depuis longtemps, mais vous n’êtes plus non plus des exs amers et encore plein de reproches et de regrets, non vous avez dépassé ce stade, vous en avez parlé et plus que parlez, vous vous êtes mis d’accord pour ne plus vraiment aborder le sujet de votre rupture, de près comme de loin. Vous êtes amis désormais, et bien entendu le sujet d’Hassan est arrivé dans certaines de vos conversations, et maintenant que tu sais qu’il fait parti intégrante de la vie des deux Khadji, le snober ne ferait pas de sens. Cela serait complètement hypocrite, tu ne le connais pas, tu n’as jamais fait d’effort pour aller vers lui, ça n’importe qui, et même le principal concerné, pourrait te le faire remarquer et même te le reprocher.
Et tu ne nierais pas les faits, ce n’est pas vraiment ton genre de le faire et oui, peut-être qu’à l’époque où tu sortais avec Yasmine, sa présence était une ombre, le genre d’ombre qui te rappelle constamment que peut-être tu n’as pas ta place là et peut-être que la jeune femme aimerait juste que ce soit lui qui te remplace. Mais encore une fois, tout ça, ça appartient au passé, à une autre vie et à un autre Edgerton maintenant que tu y songes vraiment. Tu n’es plus le même qu’à cette époque c’est certain. Et peut-être que tu le déranges, après tout Hassan bosse sur le campus, il se rendait sans doute à un cours ou à quelque chose de plus important, et encore une fois, tu peux comprendre, tu es rarement disposé à parler de ta vie personnelle à ton boulot, donc autant échanger quelques mots et avoir une vraie conversation plus tard. Dans un sens, tu comprends pourquoi il est concis, et pourquoi il souligne que Yasmine ne voudrait peut-être une journée rien qu’à elle au calme.
"Oui, je suppose que tu as raison…" Que tu admets dans un léger soupir, tes pensées dérivant vers la brune et sa façon plus qu’illogique de gérer le stress. Oui, Yasmine est une femme intelligente, la plus intelligente selon toi, mais elle est aussi la reine quand il s’agit de fuir ses problèmes, elle préfère de loin refaire sa tresse ou sa queue de cheval -cela dépend du jour- et se concentrer sur les autres. Récemment, sa distraction du moment eh bien… c’est toi, ce qui ne te dérange pas vraiment, si lâcher des bribes d’informations sur ton passé ou sur ce que tu aimes vraiment ou qui tu es vraiment, la rassure alors… cela te va. "Je… " Je pense qu’on peut faire quelque chose de simple, voilà ce que tu t’apprêtais à dire mais les mots s’effacent quand Hassan reprend la parole et tu sais l’instant d’après que s’il est aussi concis ou sur la défensive, c’est juste parce qu’il te parle. L’accusation est là, non sous-entendue et tu marques une légère pause, détaillant le jeune homme de la tête aux pieds, une partie de toi te demandant s’il est sérieux et tu finis par hausser les épaules. "Je pensais surtout qu’elle aurait quelque chose de prévu avec sa famille et qu’on pouvait faire un petit truc la veille histoire de." Qu’il ne te prête pas des intentions que tu n’as pas non, le but n’est pas d’isoler Yasmine ou d’accaparer toute son attention ou celle de Sohan pour te faire bien voir. Non, déjà, ton ego se porte très bien et ensuite c’est ce qu’il pense il est bien loin de la vérité.
"Mais non, Hassan, tu es la première personne à qui j’en parle pour être franc, c’était juste un début d’idée en fait, l’organisation n’est pas vraiment concrète." Tu as presque envie de rire en ajoutant cela, visiblement vouloir faire quelque chose de bien n’était pas la meilleure idée du jour. Tant pis, tu peux vivre avec toi-même et l’opinion qu’il a de ta personne. Franchement ? Ça n’a pas vraiment d’importance. Tu te contentes juste d’un autre haussement d’épaules, ton ton plus que neutre, car non, tu ne vas définitivement pas perdre ton sang-froid pour si peu. "Et juste que les choses soient claires, s’il se passe quoi que ce soit, tu seras invité, tu seras même en haut de la liste. Je sais que tu es important pour Yasmine." Mais, tu n’es pas le seul, te retiens-tu d’ajouter, tu n’as pas vraiment besoin de le faire, tu ne lui dois pas d’explications au final.

Si le rendez-vous fixé avec le doyen était déjà une épine dans son pied – du moins tant qu’il ne saurait pas de quoi il retournait exactement – tomber sur Edge de manière inopinée n’était pas pour arranger ses affaires. Ni probablement son humeur. Sur le papier l’homme n’était pourtant probablement pas un mauvais bougre, le brun s’en remettait pour cela au fait que Yasmine avait ce don naturel pour jauger les gens, mais le mépris dont il avait dès le départ fait preuve à son égard avait finalement persuadé Hassan de garder pour Edge un brin de méfiance. Une méfiance que les agissements dont le photographe s’était par la suite rendu les mots coupable n’avaient finalement fait que rendre justifiables, et qui nourrissait maintenant ses inquiétudes depuis le retour tout aussi inopiné opéré ces derniers mois par l’homme dans le quotidien de Yasmine. Et voilà que l’air de rien Edge le saluait et entamait la discussion en se donnant l’air sympathique, quand jamais lors de son précédent séjour dans le quotidien de la jeune femme il n’avait semblé vouloir s’en donner la peine, mué par des motivations connues de sa seule personne. À la méfiance d’Hassan s’ajoutait donc une certaine perplexité, tant concernant la situation que la proposition faite par le photographe d’organiser une fête d’anniversaire pour surprendre l’infirmière. La vérité c’est que l’enseignant doutait qu’il s’agisse d’une idée judicieuse, pas tant parce qu’elle venait d’Edge que parce que l’humeur de Yasmine n’était actuellement pas au beau-fixe, et que lui imposer une soirée entière entourée de personnes qu’elle gardait selon ses envies plus ou moins dans la confidence de ses soucis pouvait s’avérer être un coup de poker périlleux. « Oui, je suppose que tu as raison … » n’avait d’ailleurs pas tardé à répondre son interlocuteur d’un ton perplexe, et sans qu’Hassan ne soit de toute façon au fait de ce que Yasmine avait pu lui dire ou non de ses derniers tracas. Dieu sait que lui-même n’en connaissait probablement que l’infime partie qu’elle avait accepté de lui céder, il ne se faisait à ce sujet guère d’illusions et n’essayait plus de la pousser à plus loin que ce qu’elle se sentait de partager. Mais qui sait, Sohan aurait peut-être un avis plus éclairé sur la question, et parce qu’il doutait sérieusement qu’il aurait été mis dans la confidence si Edge avait eu l’occasion de croiser le frère de Yasmine avant lui Hassan lui avait suggéré de plutôt s’en remettre à lui, sans résister à l’envie de souligner le brin d’hypocrisie qu’il pensait deviner derrière ce que le photographe préférait qualifier de hasard. « Je pensais surtout qu’elle aurait quelque chose de prévu avec sa famille et qu’on pouvait faire un petit truc la veille histoire de. » s’était alors justifié Edge, sans qu’Hassan ne saisisse vraiment de quoi cette remarque était-elle supposée le défendre. Rapidement, l’homme avait de toute façon enchaîné en ajoutant « Mais non, Hassan, tu es la première personne à qui j’en parle pour être franc, c’était juste un début d’idée en fait, l’organisation n’est pas vraiment concrète. » Encore heureux, que s’était retenu de rétorquer l’intéressé … il n’aurait plus manqué qu’il demande leur avis, à Sohan ou à lui, pour en réalité avoir déjà tout organisé en amont. « Et juste que les choses soient claires, s’il se passe quoi que ce soit, tu seras invité, tu seras même en haut de la liste. Je sais que tu es important pour Yasmine. » Le changement dans le ton du photographe avait arraché à Hassan un rictus un brin agacé, mais tachant de conserver son air résolument placide il s’était contenté de faire remarquer en haussant vaguement les épaules. « C’était déjà le cas avant, et ça ne t’a jamais arrêté. Alors comprends que je m’étonne un peu de ce brusque changement d’attitude. » Et si l’enseignant se considérait comme quelqu’un de relativement peu rancunier au quotidien – un trait qui lui avait sans doute trop souvent joué des tours, à vrai dire – il préférait que les choses soient faites et dites dans les règles. Hors Edge semblait s’affranchir de ces règles pour estimer pouvoir souffler le chaud et le froid à sa guise sans explications. « Écoute, comme j’ai dit, tu devrais en toucher aussi un mot à Sohan, voir ce qu’il en pense. » avait-il finalement repris pour en revenir au sujet initial, et dans une apparente volonté de ne pas s’en tenir à faire du mauvais esprit. Il ne se sentait simplement pas légitime à décider seul si oui ou non l’idée avancée par Edge avait des chances de plaire à Yasmine, et un avis supplémentaire n’était jamais de trop, particulièrement s’il s’agissait du frère de la jeune femme. « Et de mon côté je vais essayer de me renseigner auprès de ses parents, savoir ce qu’ils avaient prévu et quand. Mais Yasmine a l’habitude de fêter son anniversaire en plusieurs fois. » Une habitude qu’elle n’avait pas tant adoptée de son plein gré que parce que la brouille qui opposait Sohan à leurs parents l’y avait forcée, certes, mais faute d’une résolution à court terme de ce problème elle avait fini par s’y faire faute de mieux. « Y’a un endroit où je peux te faire passer le mot, quand ça sera fait ? »

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Non, Hassan n'a absolument aucune raison de te croire. Aucune. Et si les rôles étaient inversés, si tu avais sa place, celle du second grand frère de Yasmine, oui, tu serais la défensive et tu aurais probablement déjà tourné les talons. Encore une fois, si les rôles étaient inversés. Ce n'est pas le cas, tu es dans tes pompes à toi et tu ne vois pas quoi faire d'autre pour prouver ta bonne foi. Ce n'est pas comme si tu pouvais mettre un genou à terre et lui demander pardon. Pardon pour quoi au juste ? C'est avec Yasmine que tu es sorti à l'époque, pas lui, et peu importe si son ego a été légèrement blessé, le tien l'a été tout autant. Et s'il a été là pour aider la brune à se relever après votre rupture, il doit savoir toute la vérité, doit savoir comment et pourquoi et franchement ... Tu ne peux pas te concentrer là-dessus. Tu as souhaité, espéré tellement de fois pouvoir retourner en arrière et effacer l'erreur que tu as commise, sauf que rien ne marche de la sorte.
Alors face à son rictus, tu prends une profonde inspiration, car t'énerver maintenant ne serait pas la bonne chose à faire et irait à l'encontre de tout ce que tu viens de dire justement. C'était déjà le cas avant... Là, c'est plus fort que toi, tu roules légèrement des yeux, car non, tu n'es pas stupide, tu as très bien compris le lien qui unissait Hassan à la famille Khadji et donc à Yasmine et à Sohan. Le laisser de côté par le passé était une belle erreur, mais c'était avant, comme il l'a si bien dit. Tu hoches simplement la tête à ses prochains mots, il est plus pragmatique que toi avec tes idées dans le vague et il est proche des parents de la jeune femme. "En toucher un mot à Sohan, c'est noté, et je le vois plus facilement que... toi." Il sera en effet plus pratique et facile d'en discuter autour de la machine à café du commissariat de police et, chose que tu sais déjà, Sohan ne te donnera pas l'impression d'être coupable pour un crime que tu n'as pas encore commis... C'est certain. "Et... Comme tu dis, c'était avant, c'était il y a presque deux ans maintenant, crois-moi quand je te dis que je suis passé à autre chose."
Vraiment, tu n'es plus cette personne-là et répéter tes bêtises d'avant et t'engouffrer dans les mêmes schémas ne fait pas parti des choses que tu veux accomplir. Il faudra plus d'une conversation pour convaincre Hassan, du moins, c'est ce qu'il te semble. "Yasmine aussi est passée à autre chose et on est en bons termes maintenant alors..." Et est-ce que ce n'est pas cela le plus important au final ? Non, tu n'as pas forcé ta nouvelle place dans la vie de l'infirmière et tu ne lui as pas menti depuis que vous avez repris le contact. Yasmine a pris la décision te concernant en toute connaissance de cause, alors oui, tu peux t'estimer heureux que la brune ait encore confiance en toi et te fasse de la place dans son cercle d'amis. Tu as parfaitement conscience de ne pas vraiment mériter cette deuxième chance, mais tant pis, autant en profiter au maximum, c'est de cette manière-là que tu vois les choses, et célébrer son anniversaire de la bonne manière te parait important. "Je n'attends pas la même chose avec toi, ça serait complètement hypocrite de ma part, mais on peut commencer par une entente cordiale. Cela sera déjà un bon début non ...?"
Cela te paraît être un très bon compromis au final. Tu n'attends pas vraiment à ce qu'il t'accueille à bras ouverts ou te propose de partager une bière sur le canapé de Yasmine, non. Tu es persuadé que cela serait un peu trop bizarre si ce genre d'événement venait à arriver et vous avez encore un très long chemin à parcourir pour en arriver là. Mais déjà, se parler normalement, et ce, sans se sauter respectivement à la gorge l'un de l'autre te permettrait de respirer correctement et de te dire que vous avez fait des progrès. Enfin, ça, c'est seulement s'il est d'accord. Tu ne peux pas le forcer ou le faire changer d'avis à ton sujet, tu peux juste lui donner des raisons de ne pas douter et lui en révéler un peu plus sur toi-même et ne pas juste être l'ex de Yasmine ou le type qui l'a trompé. "Bref, merci de te renseigner, et tu peux faire passer le mot via Sohan... Ou j'ai un numéro de téléphone sinon, ce qui serait légèrement plus pratique." Le sous-entendu est plus qu'évident est la balle est dans le camp d'Hassan, réellement et sans aucune animosité et avec toute la neutralité que tu possèdes, à lui de décider maintenant.

Parfois il arrivait à Hassan d’oublier qu’au bout du compte, Sohan était celui des Khadji qui avait eu le plus de contacts avec l’ex-petit-ami de Yasmine ces dernières années. Probablement parce qu’il n’avait pas eu l’occasion de repenser à Edge depuis qu’il avait disparu de la vie de Yasmine, ayant cessé de s’y intéresser à peine avait-il disparu du paysage, tant de par l’attitude qu’il avait eu envers lui à l’époque que par les circonstances dans lesquelles l’infirmière et lui s’étaient quittés. Probablement qu’il ne voyait pas d’un très bon œil le fait que les deux jeunes gens se fréquentent à nouveau, d’ailleurs, mais Yasmine était une grande fille et Hassan s’était promis de ne pas s’en mêler … Principalement parce qu’il avait encore en tête la manière dont s’étaient terminées les choses, la dernière fois que l’un d’eux avait eu le malheur de vouloir mettre son nez dans les fréquentations de l’autre. Tant d’ironie, quand on savait que Ginny et lui ne s’étaient plus vus ou parlés depuis … oh, un bon moment. Mais ce n’était ni le moment ni le lieu pour se perdre dans ce genre de tracasseries, et tâchant de retrouver un semblant de bonhommie Hassan avait réitéré à Edge dans des termes un peu plus conciliants le conseil déjà donné plus tôt. « En toucher un mot à Sohan, c'est noté, et je le vois plus facilement que ... toi. » C’était en effet un autre bon point pour lui, et ne s’attendant pas spécialement à ce que l’homme rebondisse sur le reste de sa phrase le brun s’apprêtait à prendre poliment congé. Sauf que non. « Et ... Comme tu dis, c'était avant, c'était il y a presque deux ans maintenant, crois-moi quand je te dis que je suis passé à autre chose. » On avait vu manière plus efficace de passer autre chose que de retourner rôder autour de son ex-copine, mais soit. Préférant ne pas jeter d’huile sur le feu l’enseignant n’aurait de toute façon rien eu le temps de répondre qu’Edge ajoutait « Yasmine aussi est passée à autre chose et on est en bons termes maintenant alors ... » sans que l’on sache bien si c’était Hassan ou lui-même qu’il tentait de convaincre, et au bout du compte le brun se sentait simplement mal à l’aise d’avoir cette discussion dans le dos de Yasmine. Elle n’avait mentionné ses retrouvailles avec Edge qu’à demi-mot, et soucieux de ne pas la brusquer il n’avait pas cherché à en savoir plus – autrement dit il n’en savait pas non plus assez pour savoir comment se comporter avec le concerné. Il manquait de latitude. « Je n'attends pas la même chose avec toi, ça serait complètement hypocrite de ma part, mais on peut commencer par une entente cordiale. Cela sera déjà un bon début non ... ? » Mais un bon début vers quoi, c’était la grande question. La laissant d’ailleurs en suspend quelques secondes, Hassan avait paru peser le pour et le contre de la proposition, qui pourtant ne l’engageait à rien de précis. Et finalement il avait acquiescé d’un signe de tête léger « On peut commencer par-là, oui. » car bien conscient que refuser aurait été contraire à nombre de ses principes. Il ne connaissait pas Edge et Edge ne le connaissait pas, le reste n’était guidé que par une méfiance visiblement réciproque. « Tu sais, je n’ai jamais été l’ennemi. Les choses auraient pu se passer différemment, si tu ne m’avais pas vu comme tel. » Différemment pour leur entente, du moins, car ce n’était pas ce besoin de marquer son territoire qui avait précipité la fin de sa relation avec Yasmine en définitive. « Et j’ai rien contre le fait que vous vous voyiez à nouveau, Yasmine et toi, simplement … Sois sûr de la traiter comme il faut, cette fois-ci. Elle n’a pas besoin d’une déception supplémentaire. » Et s’il s’était permis cette remarque sans faire état de la moindre animosité, c’était parce qu’il pensait Edge suffisamment malin pour le savoir. Mais un rappel quant au fait de ne pas la traiter comme un jouet ne pouvait pas faire de mal, compte tenu des circonstances. « Bref, merci de te renseigner, et tu peux faire passer le mot via Sohan ... Ou j'ai un numéro de téléphone sinon, ce qui serait légèrement plus pratique. » Acquiesçant sur ce dernier fait, le brun avait finalement sorti son téléphone portable pour prendre le dit numéro, justifiant au passage « Ça sera plus simple que d’obliger Sohan à jouer au pigeon voyageur. » Particulièrement s’il était question d’un renseignement concernant ses parents, sujet qu’Hassan avait avec le temps appris à soigneusement éviter avec son ami s’il ne lançait pas le sujet lui-même. La peur de lui faire plus de peine qu’autre chose. Pianotant au rythme des chiffres que lui avait dicté Edge, le brun avait sauvegardé le contact dans son répertoire et envoyé un SMS vide au destinataire pour qu’il obtienne son propre numéro en retour. « Tu n’as pas répondu à ma question, tout à l’heure. » avait-il finalement fait remarquer, en relevant les yeux vers lui « Tu cherchais quelque chose ? » Ou quelqu’un, peu importe, mais puisque de l’aveu du concerné il n’était pas là pour reprendre des études, on pouvait décemment se demander ce qu’il faisait sur un campus universitaire. Et Hassan était bien placé pour savoir que le lieu était un vrai labyrinthe lorsque l’on n’avait pas l’habitude d’y déambuler.

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crédit/ (tumblr) ✰ w/ @Hassan Jaafari

Pour la première fois depuis le début de cette conversion, tu as l'impression d'avoir fait des progrès. Oui, tu as la sensation d'avoir accompli quelque chose et quelque chose de bien lorsque l'homme en face de toi acquiesce et accepte, tout comme toi de faire un effort. Car il serait bien stupide de continuer d'être méfiants l'un envers l'autre, surtout maintenant, surtout que vous êtes tous les deux importants aux yeux de Yasmine. Et c'est au tour d'Hassan de s'expliquer et tu te retrouves à hocher la tête, une partie de toi d'accord avec lui. Mais comment lui expliquer que ce que tu as pu ressentir pour lui par le passé n'a jamais été rationnel et très clairement alimenté par la distance qu'il y avait entre Yasmine et toi à l'époque. Et un brin de jalousie. Car il y a deux ans de cela, quand vous étiez encore ensemble Yasmine et toi, la brune a bien pris soin de te garder le plus loin possible, n'hésitant pas à ramener Hassan sur le tapis à quelques reprises, et il t'a suffi de l'observer quelques fois pour comprendre que ce qu'elle ressentait pour Hassan ne se limitait pas à de la simple amitié. Chose qu'elle n'a jamais admis de vive voix, une simple intuition, c'est tout...
Donc oui, il y a deux ans de cela, tu avais le sentiment de tenir la chandelle et ce, jusqu'à ce qu'Hassan se rende compte que Yasmine existe. "Je ne t'ai jamais vu comme l'ennemi ... Oui, je sais, c'est difficile à croire, mais ouais, t'étais juste le gars sur lequel elle pouvait compter et pas moi. C'est tout." Tu fais preuve d'un élan d'honnêteté qui te surprend beaucoup pour le coup, mais pourquoi pas après tout ? C'est ce que font les adultes matures et responsables, pas vrai ? Ils s'expliquent er règlent leurs différents en n'en parlant calmement et pas juste en se contentant de juger les autres. Juger Hassan serait complètement débile, tu sais de lui uniquement ce que Yasmine t'en a dit et ton ressenti d'il y a deux ans. Sauf que tous ces sentiments-là n'existent plus, tu n'es plus le même type, tu as su tourner la page et tu sais maintenant qu'il est aussi essentiel ou important dans la vie de Yasmine, que Sohan par exemple. "Mais j'essaye de changer ça. Que ce soit avec toi ou avec Yasmine d'ailleurs." Que tu conclues simplement, sans aucune prétention, il s'agit de la vérité encore une fois et tu voudrais ajouter qu'il n'a absolument aucune raison de s'inquiéter.
Mais tu n'en es pas si sûr, tu as encore ton passage au St Vincent en mémoire, et tu ne sais toujours pas pourquoi la brune a accepté de rester à tes côtés et dans ta vie, tu n'en as pas la moindre idée encore une fois... Mais est-ce que tu as envie de lui donner des raisons de douter ou de faire marche arrière ? Non, pas vraiment. Et, chose que tu ne comptes pas verbaliser pour le coup, Yasmine est la dernière personne que tu veux décevoir, elle est trop importante pour toi. Elle l'a toujours été et tu n'es pas certain que votre amitié toute belle et toute neuve pourrait supporter une dispute, et ce peu importe la nature, ou une quelconque déception. Tu sortirais de sa vie et pour de bon cette fois-ci, tu ne le dis pas cependant, tu estimes que c'est un peu écrit sur ton visage à ce stade et tu préfères te concentrer sur autre chose, comme donner ton numéro de téléphone à Hassan. Une autre avancée il te semble. "Et oui, évitons de faire faire dix milles allers-retours à Sohan... je t'ai enregistré aussi." Ton téléphone portable a trouvé tes propres mains aussi, pour sauvegarder le numéro de l'autre homme et tu lui renvoies un léger sourire avant de ranger ton téléphone dans la poche arrière de ton jean, encore une fois. Très bonne question, qu'est-ce que tu cherchais ?  
"Juste ma voiture en fait, j'accompagnais ma cousine qui a un entretien pour un stage. Je ne vais pas rester dans les parages, elle va croire que je lui mets la pression, sinon." Camille est comme toi dans ce sens, si elle te retrouve sur le campus alors qu'elle t'a explicitement demandé de déguerpir, elle va se dire que tu t'inquiètes pour elle, ou pire que tu ne crois pas en elle. Et si quand il s'agit de Camille, tu joues plus les grands frères que les simples cousins, tu crois en elle c'est certain, donc autant la laisser gérer sa réussite ou son échec seule, pendant un temps du moins. "... Bonne fin de journée du coup ?" La fin de ta phrase est tournée comme une question, car tu ne sais pas s'il avait autre chose de prévu, ou s'il agit de la fin de votre conversation ou pas. Si cela l'est, tu t'estimeras heureux, c'est déjà un très bon début.

Il se dégageait d’Edge un instinct de compétition que même le sportif accompli qu’était Hassan peinait à comprendre. Probablement parce que s’il l’avait toujours été sur un terrain, le brun l’était beaucoup moins dans sa vie de tous les jours et dans ses relations. Et bien que l’ancienne flamme de Yasmine ait été ce jour-là d’humeur à faire amende honorable, sans que l’enseignant ne soit véritablement en mesure de comprendre d’où venait ce brusque changement de comportement, il n’avait pas été surpris de l’entendre admettre « Je ne t'ai jamais vu comme l'ennemi ... Oui, je sais, c'est difficile à croire, mais ouais, t'étais juste le gars sur lequel elle pouvait compter et pas moi. C'est tout. » L’excuse lui paraissait toujours un peu facile et n’expliquait pas réellement pourquoi cette animosité manifeste envers lui mais pas envers Sohan, mais soit … Disons un concurrent plutôt qu’un ennemi, s’il fallait jouer sur les mots. Ce qui ne changeait pas grand-chose dans les faits aux yeux du brun, d’autant plus qu’Edge n’avait eu besoin de personne pour saborder la volonté de Yasmine de se reposer sur lui au bout du compte, et parce que le concerné avait ajouté « Mais j'essaye de changer ça. Que ce soit avec toi ou avec Yasmine d'ailleurs. » Hassan avait décidé de ne pas en rajouter une couche supplémentaire et de se contenter d’accorder le bénéfice du doute à son interlocuteur … Il devenait un peu las des combats qui n’étaient pas les siens. Et l’initiative de base n’était pas mauvaise, probablement que si la période et les circonstances avaient été toutes autres Hassan y aurait vu une bonne idée, mais comme pour tout un tas d’autres choses Yasmine était devenu cet insondable mystère auquel il n’osait plus se frotter à la seule force de son intuition. Sohan n’aurait peut-être pas plus de certitudes, mais lui aurait en revanche au moins l’assurance que sa sœur ne lui en tienne pas rigueur avec trop de sévérité. Le numéro d’Edge enregistré dans son répertoire et la réciproque appliquée quelques secondes plus tard par ce dernier, le brun n’en oubliait pas l’heure qui tournait et son rendez-vous avec le doyen pour lequel il ne serait finalement plus si en avance que cela. Mais malgré tout pas du genre à prendre congé brutalement, hormis dans les rares cas où son agacement avait le dessus sur le reste, Hassan avait réitéré sa première question et obtenu une réponse plus terre-à-terre qu’il ne l’aurait imaginé. « Juste ma voiture en fait. » Sa voiture, ici ? « J'accompagnais ma cousine qui a un entretien pour un stage. Je ne vais pas rester dans les parages, elle va croire que je lui mets la pression, sinon. » Contre toute attente, la réponse avait arraché à l’enseignant un léger sourire ; Le côté familial de la chose, sans doute. « Tous les élèves n’ont pas la chance d’avoir des proches qui se soucient de leur réussite, je suis sûr qu’elle en a conscience. » avait-il alors fait remarquer avec un fond de bienveillance, certain que la nièce en question n’aurait pas accepté d’être accompagnée en premier lieu si la chose la dérangeait réellement. L’accord tacite voulant que la conversation touchait désormais à sa fin semblant aussi limpide pour l’un que pour l’autre, Edge avait finalement conclu « ... Bonne fin de journée du coup ? » et acquiesçant d’un signe de tête le professeur lui avait rendu la pareille en répondant « À toi aussi. J’essaye de te tenir au courant rapidement pour les parents de Yasmine. » Il n’irait pas jusqu’à affirmer hypocritement qu’il était content de l’avoir recroisé, Edge n’y croirait de toute façon probablement pas, mais Hassan était néanmoins toujours satisfait lorsque ses relations avec quelqu’un tendaient vers quelque chose de plus positif que le dédain, la méfiance, ou l’antipathie. Et c’est finalement un peu moins mal à l’aise vis-à-vis de l’homme qu’au début de la conversation que le brun avait pris congé, l’esprit de nouveau rapidement accaparé par le rendez-vous pour lequel il était attendu quelques étages plus haut.