| | | (#)Sam 22 Fév 2020 - 6:35 | |
| Les coups de fil de Beth étaient aussi ponctuels qu’elle ne l’était, et toujours très succincts. Scar se demandait parfois si, comme le reste de ses journées, elle n’était pas un créneau qu’elle lui accordait entre deux rendez-vous minutieusement organisés. Sous des allures de simple information, sa sœur lui avait finalement sommé de rappliquer chez elle, et s’il n’était pas question de Moira, les prétextes pour s’esquiver auraient vite fait de se bousculer dans sa tête. Tommy avait des impératifs et lui avait confié leur nièce, et Beth avait trouvé bon de partager la nouvelle avec sa sœur, qu’elle voyait en ce moment rarement plus que pour des échanges en coup de vent ou à travers la vitrine du café lorsqu’elle passait dans le coin. Scar avait encore un peu de temps avant son service, et n’avait tout compte fait rien de mieux à faire que de corrompre sa nièce préférée sous les yeux inquisiteurs de son autre tante. Au-delà de leur bataille d’ego fratricide, qui contrairement à celle qui divisait leurs frères se faisait dans un esprit tout au fait puéril et jamais dans le but de se nuire, Scar était toujours bien trop euphorique à l’idée de passer du temps avec Moira, qui ne cessait de grandir et de l’impressionner à chacune de leurs rencontres. Des prouesses qu’elle n’héritait de toute évidence pas de ses conseils, mais qui avaient quand même un arrière goût de victoire. Après tout, elle était de la famille. Ses réussites étaient les siennes, tout comme ses parents ne manquaient jamais de s’approprier ses échecs à elle comme si la faute leur revenait. En chemin, Scar s’arrêta face à la devanture d’une pâtisserie. Les gâteaux exposés étaient dignes d’une fournée de Beth, et la proximité de la boutique avec l’appartement de sa sœur était trop suspecte pour que ce soit une coïncidence. La brunette l’imaginait très bien se pomponner le matin juste pour descendre dans la rue munie d’un petit calepin, et attendre le moment propice pour taper la causette à la vendeuse sans s’attirer les foudres des clients. Elle entra alors, et s’enivra des effluves de sucre et de pâte à chou comme une enfant affamée. Des boîtes énormes de thé et de café étaient ordonnées en rang d’oignon sur une étagère. La diversification des bobos de la ville n’avait pas de limites, et Scar ne serait pas étonnée de découvrir qu’ils avaient aussi un potager dans l’arrière cour. La vendeuse l’accueillit avec un enthousiasme qui frôlait l’hypocrisie, mais si Scarlett était un tant soit peu pro elle reconnaîtrait que c’était une réaction dont elle devrait gratifier plus souvent ses clients. Ils continuaient pourtant de revenir, et elle en avait déduit qu’ils préféraient sa franchise un peu bourrue que les manières exagérées des serveuses habituelles. « Bonjooour. » avait-elle déclamé avec un accent chantant. Scarlett s’empêcha de rouler des yeux et lui répondit tout à fait cordialement, en esquissant même un rictus. « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? » enchaîna-t-elle sans se départir de sa bonne humeur. Peut-être qu’elle était juste foncièrement gentille. « Qu’est-ce que vous avez de moins artisanal, avec gluten et surtout pas vegan ? C’est pour ma petite nièce de 10 ans, je voudrais pas nuire à sa croissance. » demanda Scarlett avec un sérieux plutôt déconcertant. La vendeuse ne se laissa pas abattre pour autant, et garda le même air affable. « Je vous conseillerais le chocolat. On ne se trompe jamais avec le chocolat. » recommanda-t-elle en pointant un éclair au chocolat qui lui paraissait bien trop cher pour sa taille. « C’est ce que je pensais. » Et elle sortit de la boutique avec son petit sac (en carton), et trois de ces éclairs hors de prix. Beth vivait littéralement à deux pas, et il n’avait pas fallu plus de cinq minutes pour qu’elle atteigne le pas de sa porte. Elle sonna sans ménagement, et lorsque sa sœur lui ouvrit elle entra comme un prédateur en quête de sa proie. « Elle est où ma nièce préférée ? » dit-elle sur un ton joueur, persuadée que la petite s’était cachée sur ordre de sa tante. |
| | | | (#)Sam 22 Fév 2020 - 19:19 | |
| C’était bientôt l’anniversaire de Scarlett. La relation entre Scarlett et Elizabeth n’était pas au beau fixe. Elizabeth était peinée de ne pas arriver à connecter avec sa sœur. Ce n’était pas faute d’essayer et d’essayer encore mais ces deux-là semblaient être faites pour ne pas s’entendre…Elles avaient deux caractères tellement différents. Elizabeth c’était le calme, la rigueur et Scarlett la folie, l’impulsivité.
Elizabeth avait beau essayé d’aider sa sœur à contrôler ses pulsions, cette dernière n’en faisait qu’à sa tête, il était impossible de l’aider ! Elle avait besoin de structure pour avancer dans sa vie. Scarlett était très loin d’être bête mais elle n’avait jamais exploité ses capacités, au plus grand désespoir de sa chère grande sœur.
A chaque fois que les deux sœurs essayaient de communiquer calmement, cela finissait toujours en dispute. Pourtant, elles s’aimaient. Chacune le savait très bien. Mais Scarlett se positionnait toujours comme le vilain petit canard et Elizabeth était toujours la vilaine sorcière à ses yeux. Un jour, elle grandirait et elle comprendrait pourquoi Elizabeth était si exigeante avec elle. Et personnellement, Elizabeth avait hâte que ce temps arrive…Que sa sœur prenne enfin de la maturité et la remercie de l’avoir soutenue. Car Elizabeth était persuadée de toujours soutenir sa sœur. Et d’une certaine façon elle le faisait…mais pas dans le sens où souhaiterait Scarlett.
Mais peu importe le nombre de disputes, Elizabeth revenait toujours vers sa petite sœur. Elle était la seule personne pour laquelle elle mettait son ego de côté. Elle ne le faisait pas autant avec ses frères. Elizabeth était persuadée qu’entre femmes de la famille, elles devaient davantage se soutenir.
Scarlett était la reine pour échapper aux rassemblements familiaux. Elle était probablement gênée de sa situation professionnelle se disait Elizabeth. Mais elle voulait que la famille soit rassemblée pour célébrer la naissance de sa chère petite sœur. Et s’il y avait bien une personne encore pire qu’Elizabeth pour parler sérieusement, c’était Scarlett. Elle échappait toujours les conversations sérieuses. Mais cette fois-ci, Elizabeth avait mis au point un stratagème ingénieux. Elle avait prétendu garder leur nièce Moïra. Scarlett, tout comme Elizabeth, adorait sa nièce. Elles n’avaient pas tant que ça l’occasion de se voir et il était déjà arrivé qu’Elizabeth convie sa sœur à la garder avec elle. Et puis soyons honnête…les deux femmes avaient moins de difficulté à passer du temps ensemble avec leur nièce. La présence de Moïra les empêchait de se disputer.
Elizabeth avait donc annoncé à Scarlett un moment à trois alors qu’en réalité Moïra n’était pas du tout là. Elizabeth avait prévu de parler à Scarlett concernant son anniversaire. Elle voulait convaincre sa sœur de faire un repas avec leur famille entière. Cela faisait si longtemps qu’ils n’avaient pas passé de moment tous ensembles…
Elizabeth entendit la sonnerie retentir. Elle trouva derrière sa porte sans surprise sa sœur.
« Elle est où ma nièce préférée ? »
Scarlett passa le pas de la porte.
« Bonjour à toi aussi chère sœur… » Elizabeth était dépitée mais pas surprise du manque de politesse de sa sœur. Elle vit sa sœur scanner la salle à la recherche de leur nièce. Elle avait encore son sac en main et un paquet qui semblait provenait d’une pâtisserie entre les mains. Elizabeth avait bien peur que si elle disait de suite à Scarlett que Moïra ne venait pas, elle partirait sur le champ…
« Moïra n’est pas encore arrivée. Tommy est parti en retard et va venir la poser en coup de vent »
Mensonge parfaitement crédible vu la ponctualité de leur frère…Elizabeth s’en voulait mais sa sœur ne lui laissait pas le choix. |
| | | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 4:20 | |
| Beth évitait le conflit avec autant d'application que Scarlett le provoquait. Autant dire qu'il lui fallait déployer des montagnes d'effort pour parvenir à taper sur les nerfs de sa sœur, et que lui manquer de politesse était toujours une bonne introduction. Si Tommy lui en tenait rarement rigueur, et que Marius n'était pas assez présent pour lui inspirer une réaction hypothétique, Elizabeth était quant à elle à cheval sur des principes qu'elle tentait de rappeler à sa cadette par le biais des enseignements de sa nièce. « Tu vois c'est comme ça qu'il faut faire. » Et de tourner subtilement la tête vers Scarlett, qui perdait rarement une seconde pour lever les yeux au ciel et jouer les distraites. Ce genre de scène était courante, et même si Scar s'attendait souvent à se voir administrée les sermons maternels, il y avait un côté cathartique dans le fait de les entendre de la bouche de sa sœur. Elle avait alors tout le loisir de la contester sans craindre d'être reniée. Scar avait beau détester les réunions familiales et adorer faire preuve de contradiction, elle n'assumait pas si éhontément le dédain évident qu'elle inspirait à sa mère. C'était chaque fois une atteinte à sa fierté à laquelle elle s'efforçait de se montrer insensible, et c'était malheureusement une détresse dont personne ne semblait s'inquiéter dans la famille. Quoiqu'il en soit, épargner les salutations usuelles à sa sœur était au fond pour elle également un moyen de lui signifier leur proximité. Malgré son manque de civisme, elle saluait ses clients. Les inconnus. Avec sa famille et ses amis, à quoi bon s'encombrer des conventions ? Un peu comme Marius, sa sœur avait un caractère parfois trop obtus pour lire entre les lignes. Elle était très bonne pour apprendre des poèmes par cœur, mais quand il s'agissait de les interpréter elle manquait cruellement de sensibilité. « Ouais bonjour. Peu importe. » concéda-t-elle les bras ballants, alors que Beth lui avouait qu'elle s'essoufflait pour rien à chercher Moira, que son père n'avait pas encore déposée. Scarlett ne savait pas ce qui la chagrinait le plus : que Tommy puisse être moins ponctuel qu'elle, ou qu'elle soit condamnée à un tête à tête avec sa sœur. En ce moment le sort s'acharnait un peu sur elles, mais tout bien réfléchi Scar était bien plus à l'aise à l'idée de bavarder avec Beth plutôt que de se voir à nouveau confrontée seule à leur mère à une table de restaurant. « Ah. » se contenta-t-elle de répondre en déposant les pâtisseries sur le plan de travail de la cuisine. « Comment ça va toi ? Tu as l'air moins fatigué. » C'était typiquement une remarque que leur mère aurait pu faire. Un reproche déguisé en compliment. N'empêche que c'était vrai, et que si Scar voulait s'enquérir de l'état de sa sœur, c'était par véritable curiosité plutôt que pour flatter son savoir-vivre. Et à vrai dire, elle était surtout soucieuse d'apprendre où elle en était dans sa vie sexuelle. « Mmm, toi t'as tiré ton coup hier. » Ou comment prêcher le faux pour savoir le vrai. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020 - 5:26 | |
| « Ouais bonjour. Peu importe. »Scarlett était rageante. Il fallait toujours qu’elle fasse des entrées de star qui n’a pas besoin de prendre le temps de saluer. Et même si Elizabeth savait très bien que c’était une façon pour elle de se démarquer, cela l’agaçait toujours. Mais comme à son habitude, elle trouvait toujours en elle la force de lui pardonner. Au fond, Elizabeth se sentait coupable de l’attitude de sa sœur car elle avait fortement contribué à son éducation en tant qu’aînée investie, et même un peu trop probablement...Scarlett ne cessait de lui reprocher de ne pas lui laisser assez d'espace et de vouloir trop la commander dans ce qu'elle pouvait entreprendre. Mais Elizabeth ne lâchait rien, elle aimait profondément sa soeur et elle souhaitait de tout coeur qu'elle ait une situation de vie confortable. Lorsque Scarlett apprit le retard de son frère, elle ne put s’empêcher de cacher sa joie avec un ironique « Ah ». Il était évident qu’elle n’était pas ravie d’avoir un tête à tête avec Elizabeth. Si seulement elle savait qu'il allait durer... « Comment ça va toi ? Tu as l'air moins fatigué. » et elle rajouta « Mmm, toi t'as tiré ton coup hier. »Typiquement Scarlett, ne pas utiliser de gants pour soutirer des informations. Rentrer dans le tas. Mais ce trait de caractère était typiquement Warren, à part peut-être pour Marius dont la lâcheté le rattrapait parfois. Elizabeth avait très bien cerné la stratégie de sa sœur d’avancer un fait pour voir s’il était affirmé ou réfuté par le destinataire. Mais elle comprenait cette tentative de recueil d’informations. En effet, la belle ne donnait aucune information à son entourage sur sa vie privée. Tout simplement parce qu’elle était réticente à l’idée de retenter une relation sérieuse. Elle avait tenté l’expérience une fois et cela demandait beaucoup trop d’investissement et de temps, dont elle ne disposait pas de part l’énergie que lui demandait son travail. Et puis, pour être tout à fait honnête, elle avait surtout peur de ce qu’elle pouvait ressentir si elle tombait réellement amoureuse. Elizabeth et les émotions, ça faisait deux. « Cela ne fait aucun sens de dire que je suis moins fatiguée et de faire comme hypothèse que j’ai partagé ma nuit avec un homme. Ou alors il n’était pas très bon pour que je sois autant en forme. Mais passons, je n’ai pas forcément envie de m’épancher sur ma vie sexuelle avec toi ».Il ne fallait pas perdre de temps et rentrer dans le vif du sujet avant que Scarlett se rend compte de la supercherie. Ou Elizabeth lui avouerait-elle avant ? Elle ne savait pas encore comment se positionner sur ce point. « En attendant on peut peut-être discuter de ton anniversaire ? C’est bientôt…Tu as une idée de ce que tu comptes faire ? Je te demande ça pour m’organiser, te trouver une place dans mon emploi du temps, qui est très chargé comme tu sais »Elizabeth voulait tenter la carte de l’emploi du temps pour tirer les vers du nez de sa sœur. Et avec un peu de chance, Scarlett serait un peu agacée par la réflexion sur le fait qu’elle est très occupée…Et Elizabeth savait bien que l’irritation faisait ressortir la franchise chez sa sœur. Ainsi, elle aurait beaucoup plus de difficultés à mentir ou esquiver si elle était envahie par son agacement. @Scarlett Warren |
| | | | (#)Sam 25 Avr 2020 - 12:45 | |
| Scarlett ne comprenait pas vraiment pourquoi sa sœur se sentait investie d'une quelconque mission salutaire. Avait-elle des choses à se reprocher ? Leur mère avait toujours été présente – même un peu trop à son goût – et l'autorité de Beth n'était qu'une surenchère qu'elle avait beaucoup de mal à supporter. Personne ne doutait qu'en dépit de son obsession pour le travail, la plus âgée des Warren ferait une excellente mère. Si Scar ne lui répétait pas sans arrêt, c'était simplement parce qu'elle la soupçonnait d'en souffrir en silence. Comme une malédiction qu'elle portait seule, et qui la condamnait à être si impliquée et acharnée dans tout ce qu'elle entreprenait par ailleurs. Difficulté à trouver un père potentiel ou stérilité, Scar l'ignorait mais elle n'était pas encore prête à avoir cette discussion avec sa sœur. Elle la laissait donc la sermonner comme elle sermonnerait sa propre enfant, et écoutait ses conseils d'une oreille distraite. Les avertissements de Beth, autant que l'aide qu'elle essayait tant bien que mal de lui prodiguer, n'étaient pas toujours infondés. Ils l'étaient rarement, à vrai dire. Mais elle avait bien trop de mal à comprendre que chaque recommandation prenait des allures de reproche, et foncièrement Scarlett savait que s'ils étaient bienveillants ils étaient aussi une manifestation d'un mépris que leurs parents leur avait inculqué. Au final, Scar trouvait bien hypocrite que sa famille lui tienne rigueur de son manque de politesse quand eux-mêmes ne se cachaient pas de juger ses moindres choix avec une pointe à peine dissimulée de condescendance. Les choses iraient bien mieux entre eux tous si chacun prenait le temps de balayer devant sa porte. Elle était bien la seule à être honnête et franche, et c'était sans doute ce qui leur déplaisait.
Le malaise était palpable. Scarlett avait toujours du mal à trouver sa place dans ce décor épuré. Elle se sentait moins légitime que le mobilier, pour lequel sa sœur avait sans doute déboursé l'équivalent d'un salaire. Ce sentiment d'être étrangère dans sa propre famille était coutume, et il n'y avait bien que dans ces moments-là qu'elle se tenait droite et immobile. Le fruit de son conditionnement sans doute, même si elle refuserait de l'avouer. Sa seule parade était de tourner les choses à la dérision, mais comment faire avec un public qui était si hermétique au second degré ? « Olala, je retire ce que j'ai dit. Tu devrais vraiment tirer un coup pour te détendre. T'es tellement rabat-joie des fois. Arrête de tout prendre au pied de la lettre sérieux. » s'exclama-t-elle lorsque sa sœur la rabroua aussi sèchement qu'une nonne dans un couvent. Elle aurait justement aimé avoir cette relation avec sa sœur. Une relation dénuée de pudeur, sans jugement, où elles pouvaient parler de sexe plutôt que de dénigrer leurs choix de vie respectifs. « Avec qui tu parles de ta vie sexuelle alors ? Tes collègues ? » dit-elle un brin arrogante, considérant que si le sujet était tabou avec elle il n'avait pas de raison d'en être autrement avec le reste de son entourage. Enfin Beth s'autorisa à mettre les pieds dans le plat, et ramena la conversation sur un terrain qu'elle maîtrisait. « Mon anniversaire ? Je n'ai pas encore l'âge du Christ, pas de raison de le fêter avec les parents. Tu vas devoir trouver un meilleur prétexte pour nous réunir autour d'une table cette année. L'annonce d'une grossesse par exemple. Ou un coming out. » rétorqua-t-elle sans même tiquer sur son faux prétexte d'emploi du temps. « C'est quoi cette lubie encore ? T'as qu'à trouver une date toi-même si ton calendrier est si chargé. Puis t'es si douée pour les embuscades. Ou on devrait carrément changer ma date de naissance pour t'arranger. » Tout compte fait, il n'était pas question de laisser cette remarque impunie. |
| | | | (#)Mar 28 Avr 2020 - 16:30 | |
| « Olala, je retire ce que j'ai dit. Tu devrais vraiment tirer un coup pour te détendre. T'es tellement rabat-joie des fois. Arrête de tout prendre au pied de la lettre sérieux. »Elizabeth n’était pas surprise par la réaction de sa sœur. Mais il fallait admettre qu’à peine arrivée, elle commençait déjà fort en attaques verbales. Elizabeth riait jaune à l’intérieur d’elle, si Scarlett savait à quel point sa vie sexuelle était bien remplie…Mais hors de question d’avoir cette discussion avec elle. Scarlett avait besoin d’un modèle de stabilité, elle avait besoin de comprendre qu’il ne faut pas toujours prendre la vie à la légère. « Et toi tu devrais peut-être prendre les choses un peu plus au sérieux. Saches d’ailleurs que ma vie d’adulte responsable me convient tout à fait »Comment avait-elle pu autant échouer auprès de son frère et de sa sœur ? Que ce soit Tommy ou Scarlett, ils avaient tous les deux pris des décisions impulsives et irréfléchies alors qu’Elizabeth s’était toujours entêtée à les raisonner. Elle avait ce sentiment amer d’échec quand elle pensait à eux. Et avec cet échec venait la culpabilité. S’y était-elle mal pris ? « Avec qui tu parles de ta vie sexuelle alors ? Tes collègues ? »Elizabeth ne discutait que très peu de sa vie privée. Il y avait bien Hayden, sa meilleure amie depuis le lycée, qui était au courant de tout mais elle était bien une des seuls à avoir tous les détails…Elizabeth n’était pas du genre à se confier, elle gardait beaucoup de choses pour elle, considérant qu’elle était assez forte pour tout porter et qu’elle se devait d’être présente pour ses proches avant tout. Le syndrome du sauveur, elle l’avait définitivement en elle… « Ma vie sexuelle ne te regarde pas. Sujet clos. »Il est vrai que depuis bien longtemps, Elizabeth avait plutôt pris une position maternante envers sa jeune sœur. Etait-ce du à leurs années de différence ? A un vide intérieur qu’Elizabeth essayait de combler en prenant soin des siens ? Ou alors à un déni de volonté d’enfanter ? Ca l’avait déjà pourtant effleuré de devenir mère quand elle était avec Cody. Mais sa carrière prenait tellement de place dans sa vie à l’époque qu’elle avait vite effacé cette lubie de son esprit. Et depuis elle avait perdu Cody et même si elle maîtrisait très bien son travail, elle s’accrochait à l’excuse du fait que cela l’occupait trop pour ne pas se confronter à la réalité de sa solitude. Et faire un enfant en étant seule n’était pas envisageable dans l’éducation des Warren. « Mon anniversaire ? Je n'ai pas encore l'âge du Christ, pas de raison de le fêter avec les parents. Tu vas devoir trouver un meilleur prétexte pour nous réunir autour d'une table cette année. L'annonce d'une grossesse par exemple. Ou un coming out. »Elizabeth désespérait tellement d’arriver à réunir sa famille. Scarlett était si têtue, si indépendante. Et ce n’était pas des défauts mais c’était de sacrés obstacles concernant les repas de famille. Il faut dire que ces derniers terminaient souvent en dispute…Mais Elizabeth gardait espoir, elle s’accrochait à ce rêve qu’un jour ils dépasseraient ce malaise, cette colère, cette frustration qu’ils avaient tous en eux pour une raison ou une autre. « C'est quoi cette lubie encore ? T'as qu'à trouver une date toi-même si ton calendrier est si chargé. Puis t'es si douée pour les embuscades. Ou on devrait carrément changer ma date de naissance pour t'arranger. »Du Scarlett tout craché, elle avait un côté dramaturge avec lequel Elizabeth avait du mal. Il fallait toujours qu’elle exagère. Mais Elizabeth s’y attendait, elle respira calmement et garda son calme. « Ecoute Scarlett, je ne te demande pas la lune, je te demande juste de savoir si on peut essayer de célébrer ton anniversaire. On ne va pas passer notre vie à s’éviter, on est une famille quand même. Papa et Maman seraient ravis de te voir et tu ne penses pas que ça serait bien d’essayer de rapprocher Tommy et Marius ? Je sais que toi aussi ça te fait de la peine de les voir ainsi. Mais ils essayent...Et je pense que nous devrions aussi. Se voir tous ensemble autour de ton anniversaire est une parfaite raison. »Elizabeth donnait tout ce qu’elle avait pour tenter de convaincre sa sœur. C’était son rôle après tout, ou en tous cas celui qu’elle avait décidé d’endosser, rassembler à tout prix sa famille ensemble… @Scarlett Warren |
| | | | (#)Ven 8 Mai 2020 - 7:11 | |
| Elle devait l'admettre, Scarlett avait un seuil de tolérance et de patience particulièrement bas lorsqu'il était question de sa sœur. Une certaine irritabilité exacerbée par tous ces moments passés ensemble, et par les nombreuses tentatives de Beth de la guider sur le droit chemin. Au fond, Scar lui était assez reconnaissante d'avoir toujours été là pour elle, contrairement à leurs frères. C'était sa façon un peu vache de lui rappeler qu'elle l'aimait, et aussi un héritage de leur mère, qui faisait comme elles preuve d'une extrême exigence dans les liens qu'elle entretenait avec les autres, et surtout en ce qui concernait sa famille. Beth en était-elle seulement consciente ? Faisait-elle aussi la fine bouche parce qu'elle avait la conviction que malgré sa sévérité, Scarlett resterait fatalement à ses côtés ? C'était du moins ce que Scar s'obstinait à penser, quand sa sœur balayait ses efforts d'un revers de mauvaise foi, ou qu'elle s'amusait à jouer les saintes-ni-touche en sa présence. Elles semblaient ne jamais ce lasser de ce jeu. « Gna gna. » se contenta-t-elle de répondre dans sa grande maturité. A quoi bon étendre ce débat stérile ? Comme d'habitude, elles camperaient toutes les deux sur leurs positions, persuadées que leurs modes de vie respectifs étaient les meilleurs qui valent. L'hypocrisie était de mise. « Franchement Beth, tu aurais peut-être l'air un peu moins pète-sec aux yeux des gens si tu te livrais un peu plus. Je vois pas ce qu'il y a de si grave à parler de sa vie sexuelle avec sa sœur. » En tout cas, ce n'était pas avec ses frères qu'elle aurait cette conversation. Tommy lui avait déjà allègrement fait part de son avis concernant ses penchants exhibitionnistes. Elle faisait ça autant pour l'argent que pour l'orgueil, et personne dans cette famille n'était assez ouvert d'esprit pour le comprendre, ou ne serait-ce que le respecter. « Très bien, on parlera des sujets qui t'arrangent, pour changer. » reprocha-t-elle avec désinvolture, s'engageant à faire les cent pas dans le salon irradié de lumière, fébrile à l'idée que Tommy mette fin au plus vite à ce supplice. En tout cas, elle aurait pu jurer l'avoir entendu ce soupir exaspéré, quand elle avait sèchement décliné ses prétextes à réunir la famille. Beth ressemblait tellement à leur mère. Elle avait ce désir impérieux de réconcilier ses proches alors qu'elle contribuait, dans sa grande maladresse, à les éloigner. Toutes les deux s'y prenaient de la pire des manières, avec une sournoiserie qui agaçait tout le monde, et surtout elles ne voulaient jamais accepter que les choses ne se passent pas comme elles l'avaient prévu. Alors elles mentaient. Elles complotaient. Elles commandaient. Et malgré elles, attisaient la rancœur de toute la famille. « J'ai pas envie Beth. » dit-elle, un peu plus affectée qu'elle ne l'avait voulu. Scar n'évitait pas les réunions familiales pour le plaisir de contredire sa sœur. Et si Tommy et Marius devaient réapprendre à s'entendre, ils auraient plus de chance d'y parvenir de leur plein gré que sous la contrainte et l’œil inquisiteur de celles qui fomentaient leur réconciliation. « J'ai pas envie de me défendre pour la millième fois d'être une pauvre serveuse sans ambition. Ou d'expliquer pourquoi à 32 ans je suis célibataire et sans enfant. Vous me faites tous chier ok ? Il arrive quand Tommy là ? » s'impatienta-t-elle en jetant un œil désespéré par la fenêtre. « Pourquoi on pourrait pas juste accepter le fait qu'une famille n'est pas forcée de s'entendre ? Tout ça c'est que de la propagande religieuse. » Et elle savait pertinemment comme leur mère était attachée à sa religion et à ses normes d'un autre temps. |
| | | | (#)Lun 11 Mai 2020 - 18:24 | |
| Scarlett surenchérit sur la discussion de la vie sexuelle mais Elizabeth la laissa parler. Elle savait qu’elle ne cèderait pas sur ce point tout comme elle savait que Scarlett en profiterait pour l’attaquer. Qu’elle conserve plutôt son image de femme coincée et pète-sec que de femme libérée qui change de compagnie très régulièrement…Et puis ce n’était certainement pas un bon modèle à transmettre à sa jeune sœur. Elle pourrait en profiter pour se calquer sur elle. Et qu’adviendrait-il alors de son futur ? Scarlett avait encore le temps de se trouver un futur mari, quelqu’un qui l’accueillerait avec ses blessures et cicatrice de femme incomprise et mal-aimée. Car aimée, elle l’était, mais très probablement maladroitement. Elizabeth tentait tant bien que mal de la raisonner, de l’épauler et de lui rappeler qu’elle serait toujours là pour elle mais ce n’était jamais suffisant…Et au final, elle n’était pas sûre que cette attitude arrangeait leur relation déjà fébrile. « Très bien, on parlera des sujets qui t'arrangent, pour changer. »Elizabeth leva les yeux. Il y avait une différence entre éviter certains sujets délicats et ne parler qu’en boucle des mêmes sujets. Et le thème de son anniversaire n’était présent qu’une fois par an… « On a tous le droit d’avoir des sujets dont on ne souhaite pas parler »Concernant son anniversaire, Scarlett semblait fébrile, ce qu’elle était rarement… « J'ai pas envie de me défendre pour la millième fois d'être une pauvre serveuse sans ambition. Ou d'expliquer pourquoi à 32 ans je suis célibataire et sans enfant. Vous me faites tous chier ok ? Il arrive quand Tommy là ? »Elizabeth savait très bien que Scarlett sortait à nouveau l’attaque pour se défendre quand la vérité était qu’elle était blessée. Sa situation personnelle n’était pas au beau fixe et Elizabeth comprenait totalement que la jeune femme ne sache pas où se placer devant les exigences de leurs parents. C’est bien pour cela qu’elle insistait toujours pour l’aider à améliorer sa vie. Sauf concernant la vie amoureuse bien entendu. Là, si elle avait une recette miracle, elle l’aurait déjà essayée… « Scar, il n’est jamais trop tard pour changer ta situation professionnelle tu sais. Et si un jour tu décides de le faire, je serai là pour te soutenir. Concernant Papa et Maman, je comprends à quel point ça peut être difficile de leur faire face. C’est pour notre bien tu sais qu’ils nous en demandent beaucoup. »Les Warren n’avaient pas un mauvais fond, ils suivaient juste une ligne de conduite qu’ils considéraient être bonne pour leurs enfants. Elizabeth esquiva volontairement la partie concernant Tommy. Elle serait bientôt à court de temps... « Et puis franchement, tu es peut-être seule à 32 ans mais je ferais en sorte que Maman se concentre sur son autre fille célibataire. Je te rappelle que j’ai 37 ans donc tu as encore de la marge avant de battre le record de célibat »Un petit rire s’échappa malgré elle. Etait-ce le stress ? La réalité de cette vérité fracassante qu’elle transformait en rire grâce à un certain déni ? Etait-ce parce que la situation était cocasse ? Ce qui était sûr c’est qu’Elizabeth était prête à subir la foudre de sa mère pour essayer de faire en sorte que Scarlett passe un bon moment avec leurs frères et leur père. « Pourquoi on pourrait pas juste accepter le fait qu'une famille n'est pas forcée de s'entendre ? Tout ça c'est que de la propagande religieuse. »Propagande religieuse…Voilà de nouveau Scarlett qui montait sur ses grands chevaux. Elizabeth comprenait et respectait qu’elle ait des valeurs mais il ne fallait pas tout prendre au pied de la lettre. Et c’est de Elizabeth Warren dont on parlait, celle qui prend tout au sérieux…Mais parfois Scarlett avait vraiment tendance à exagérer. « Ca n’a rien à voir avec la religion. J’ai eu la même éducation que toi à ce niveau-là et je ne suis pas pratiquante pour autant. Mais par contre je crois sincèrement aux liens familiaux. La famille ce sont les personnes qui sont toujours là pour toi, peu importe ce que tu dis ou fais. C’est super important. Surtout pour des femmes célibataires comme nous tu ne penses pas ? »Elizabeth ne se voyait tellement pas vivre sans sa famille. Ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde mais elle les aimait de tout son cœur. Les chamailleries faisaient parties du lot n’est-ce pas ? @Scarlett Warren |
| | | | (#)Sam 23 Mai 2020 - 17:33 | |
| Les discussions des sœurs Warren finissaient le plus souvent en disputes. Rien d'autres que des bombes à retardement qu'elles savaient toutes les deux condamnées à exploser, sans toutefois jamais connaître la précision du compte à rebours. Quelques fois deux minutes suffisaient. D'autres fois, plus rares, elles pouvaient se supporter des heures. Ce jour-là, Scarlett n'était pas particulièrement endurante, et sa patience s'était consumée à mesure que le retard prétendu de Tommy s'allongeait. Une éternité et il n'avait toujours pas daigné passer la porte. Elle n'en pouvait plus. Si encore elle avait pu se préparer à un énième sermon de Beth, mais ce n'était pas le plan initial. Moïra aurait dû être là. Elle aurait dû focaliser leur attention sur autre chose que les défauts qu'elles ne se lassaient jamais de se trouver. Elizabeth n'était-elle donc jamais fatiguée de rabâcher sans arrêt les mêmes discours ? Une chose était sûre, elle était prête à avoir des enfants, car elle était particulièrement douée pour radoter. Encore et encore. La même rengaine intempestive dont elle était se persuadait toute seule de la bienveillance. Elle lui rendait volontiers ses mimiques agacées et gonflées de mépris. Si rouler des yeux était une preuve d'affection, elles auraient l'air gâteux. « Ah je suis bien contente que tu le dises. Dans ce cas, tu éviteras de me parler de ma situation professionnelle à l'avenir. C'est un sujet très intime pour moi. » rétorqua-t-elle en se gardant de s'attarder sur ce qu'elle pensait de la l'apparente pudibonderie de sa sœur. Beth faisait preuve d'une belle hypocrisie si elle croyait au bien-fondé de ses arguments. Dans leur relation déséquilibrée, les projecteurs étaient quand même majoritairement braqués sur les problèmes de sa sœur plutôt que sur les siens. Postée devant la fenêtre, Scarlett ne bougeait plus. Son esprit vagabondait à l'extérieur, tandis qu'elle écoutait Beth d'une oreille distraite. C'était comme écouter une chanson qu'elle connaissait déjà sur le bout des doigts. Elle avait beau être ailleurs, les paroles lui revenaient toujours. Ses dernières supplications lui avaient semblé assez sincères pour au moins susciter chez Beth la compassion que leur mère lui refusait. Malgré son évidente colère, elle avait senti sa gorge se nouer. Le soupir qu'elle poussa fut aussi contrarié que son aînée. Presque découragé. Ce genre de dépit qu'on arborait pour capituler. Le discernement de Beth était définitivement mort et enterré. Il gisait irrécupérable, juste à côté de son humour. « Tu comprends rien Elizabeth, c'est particulièrement effarant. T'as de beaux diplômes mais en termes de capacité émotionnelle t'en mènes pas large. » dénonça-t-elle, le regard toujours fixé sur la rue par-delà la fenêtre tout en secouant la tête. Pour dire son niveau de désolation, elle l'avait appelée par son prénom. « C'est maintenant que tu devrais me soutenir en fait. Pas quand j'accepterai de remplir les critères de parents. » Comme Tommy, avait-elle envie d'ajouter. Comme Marius essayait de le faire pour se racheter de ses manquements. « Pour ça c'est sûr que j'ai de la marge. » accorda-t-elle un peu sarcastique alors que sa sœur avait tenté de détendre l’atmosphère. A ce stade, elle ne pouvait plus rien dire ou faire d'assez convaincant pour la calmer. Beth enchaîna sur sa tirade bien ficelée sur les liens familiaux, et Scarlett n'aurait pas pu dire si c'était le même rire un peu jaune qu'avait eu sa sœur deux secondes plus tôt qu'elle laissa s'échapper. En tout cas, elle n'avait pas réussi à l'embarquer. « C'est bien le problème Beth. Si on en croit ta définition, je suis plutôt une McGrath qu'une Warren. Personne ne soutient personne dans cette famille. Sinon tu aurais arrêté de faire des plans sur la comète pour moi, et tu te serais attardée cinq minutes sur mes qualités. Et je parle pas de Marius, qui se rapproche plus d'un grand oncle que d'un frère pour moi. Tu me fais rire sérieux, avec tes discours de Mère Teresa. T'es complètement à l'ouest ma pauvre. » |
| | | | (#)Ven 29 Mai 2020 - 19:17 | |
| Elizabeth décida de laisser tomber le sujet de l’avenir professionnel. Cela ne faisait que mettre de l’huile sur le feu et ce n’était pas son but pour aujourd’hui. « Tu comprends rien Elizabeth, c'est particulièrement effarant. T'as de beaux diplômes mais en termes de capacité émotionnelle t'en mènes pas large. »Et ce n’était pas une découverte…Elle le savait très bien. « Franchement ce n’est pas nouveau. Tout le monde le sait que je suis une handicapée des émotions. Mais tu ne m’aides pas non plus à m’en sortir »Tiens, c’était ironique que ce soit Elizabeth qui demande de l’aide à sa sœur…mais elle avait conscience de ses difficultés avec les émotions. C’est comme ça, ça avait toujours été ainsi. Elle avait appris très jeune à tout renfermer dans des tiroirs à double tours. Elizabeth émettait un contrôle constant sur son attitude, son ton, son allure…C’était fatiguant mais moins que de faire face aux explosives émotions qu’elle ressentait. Car malgré son apparence froide, Elizabeth était en réalité une femme très sensible. Et si elle bloquait ce qu’elle ressentait c’était aussi en partie car c’était un véritable volcan à l’intérieur d’elle et elle préférait le faire taire. « C'est maintenant que tu devrais me soutenir en fait. Pas quand j'accepterai de remplir les critères de parents. »Etaient-ils si mauvais que ça ces critères ? Elizabeth ne le pensait pas mais elle garda cette réflexion pour elle, bien consciente que cela ferait flamber sa sœur. Elle voulait comprendre et la soutenir mais elle n’y arrivait pas. Faire les bons choix dans une vie amoureuse, ça, elle pouvait bien comprendre la difficulté…mais choisir de ne pas entreprendre d’études alors qu’on en a les capacités elle n’arrivait pas à le concevoir. Scarlett était passionnée, brillante, percutante…Elle aurait pu avoir un futur dans la direction dans le milieu associatif. Ou pourquoi pas dans la politique. Pourquoi s’enfermait-elle dans cette galère ? N’avait-elle pas confiance en elle ? Est-ce qu’elle avait peur ? Scarlett termina d’achever Elizabeth avec un monologue très vif. A la Scarlett quoi. Comme si Elizabeth ne voyait pas les qualités de sa sœur…Et c’était bien pour ça qu’elle essayait de la faire avancer, car elle voyait en elle tout ce potentiel. Scarlett était une femme belle, intelligente et aussi maligne, avec du caractère et sensible. Il était certain qu’à ses côtés on ne s’ennuyait pas ! « Je suis peut-être à l’ouest mais même en étant à l’ouest j’essaye de retrouver mon chemin. On ne peut pas en dire autant de toi…Traites moi de tout ce que tu veux mais le fait est que tu t’isoles de plus en plus Scarlett et que ça m’inquiète »Et c’était sincère. Qu’adviendrait-il de sa sœur si elle décidait de rompre définitivement le contact avec sa fratrie ? Elle parlerait sûrement à Tommy en douce mais il avait déjà son lot de problèmes et ne pourrait la soutenir que dans une certaine mesure. Elizabeth et Marius étaient plus fiables et posés. On pouvait facilement se reposer sur l’un ou l’autre. Enfin quand l’un ne décidait pas de partir à l’autre bout du monde sans dire au revoir…Mais Marius était de retour et semblait s’accrocher malgré le flot de reproches qu’il avait réceptionnés. Et ça Elizabeth le respectait. « Si tu ne veux pas voir les parents, acceptes au moins que l’on se retrouve tous les quatre pour ton anniversaire. Même Tommy je suis sûre qu’il serait content »
Ou pas. Mais ça valait le coup de jouer ce bluff. Elizabeth voulait laisser repartir Scarlett en ayant tout tenté. Mentionner Tommy était cependant un risque...Scarlett tenterait-elle d'attendre Tommy pour lui demander en vrai ? Allait-elle faire référence au fait qu'il n'était toujours pas arrivé ? Elizabeth commençait à se dire que ce n'était pas une si bonne idée que ça d'avoir inventé ce prétexte...Comment Scarlett allit-elle réagir ? Comprendrait-elle les raisons qui ont poussées Elizabeth à en arriver là ? « Et je te ferais le plus beau des cadeaux : je me tairai sur ta vie professionnelle. »Si cet argument ne la convainquais pas alors Elizabeth serait peut-être à court d’idées…C’était ridicule d'en arriver là mais Elizabeth était prête à tout tenter. Le temps passait, elle se faisait de moins en moins jeune et son objectif d’arriver à rassembler sa famille s’éloignait de plus en plus… @Scarlett Warren |
| | | | (#)Sam 13 Juin 2020 - 3:54 | |
| Quand on s’y attardait, le rue n’avait vraiment rien de fascinant. Et c’était d’autant plus difficile pour Scarlett de feindre le contraire, alors qu’elle sentait le poids du regard pressant de sa sœur dans son dos. La circulation n’était pas très animée. Quelques voitures ci et là vrombissaient en un éclair, et parfois une sirène retentissaient au loin, prétexte parfait pour laisser divaguer son imagination. Les passants n’étaient pas d’un grand divertissement non plus. Ils se croisaient et se décroisaient sans même un coup d’œil, trop concentrés dans la cadence de leurs pas pour remarquer les avertissements pas toujours opportuns des cyclistes. Beth n’avait définitivement pas de quoi se distraire le matin, quand elle émergeait avec une tasse de café généreuse et les informations en fond sonore. Scarlett préférait de loin le désordre qui régnait dans son quartier, et lui donnait ce sentiment si paradoxal d’être en sécurité quand elle détournait les yeux pour se réfugier dans le confort de son appartement. Toutes ces petites notes discordantes qui la questionnait parfois sur son appartenance à la famille Warren, qui se complaisait dans le luxe de sa routine. Son regard vrilla sans qu’elle ne tourne la tête, et elle ouvrit grand ses écoutilles au moment où sa sœur s’autorisa quelques paroles vulnérables. Venait-elle vraiment d’invoquer sa clémence entre deux reproches moins subtils ? D’admettre à demi-mot que, si Scarlett ne brillait pas dans sa vie professionnelle, elle était au moins douée d’une empathie qui faisait défaut aux membres les plus éminents de leur famille ? Elle ne l’avait peut-être pas formulé ainsi, mais Scar avait décelé un compliment dans ce timide appel à l’aide. Et elle n’était pas assez rancunière envers sa sœur pour l’ignorer. « Tu arrives déjà à admettre que tu as besoin d’aide. De MON aide. C’est un grand pas Beth. Et tu sais que même si je t’en fais baver tu n’as qu’à demander et je serai ravie d’échanger les rôles pour une fois. » admit-elle en pivotant cette fois pour s’adosser contre la fenêtre, et rassurer sa sœur d’un regard plus tendre que ceux qu’elles avaient échangé plus tôt. Leurs relations étaient capricieuses, entre disputes fraternelles et réconciliations modestes. Même Marius, qui avait subi l’affront ultime, avait fini par pardonner à son frère. Leur entente était encore balbutiante, mais Scar était optimiste, et demeurait persuadée qu’ils n’avaient besoin de l’aide de personne pour agir comme deux adultes que le temps avait adoucis. Le répit fut de courte durée et, piquée au vif, Beth monta sur ses grands chevaux. Elle ne s’en rendait pas compte, mais elle était d’une extrême malléabilité, et Scarlett arrivait généralement à retourner la situation pour se poser en victime de leurs sempiternels conflits. « De qui je m’isole Beth ? De vous ? Mais il est bien là le problème, je m’isole de personne. C’est vous qui m’isolez avec vos discours élitistes et vos grandes ambitions. Arrêtez de vouloir me dicter la vie. Tu crois que c’est normal d’avoir la boule au ventre quand je passe le portail des parents, tout ça parce que je sais qu’on va encore m’assener les mêmes remarques, et que ça commence vraiment à devenir lourd. Si encore j’avais un peu de soutien de ta part. C’est pas un hasard si je m’entends si bien avec Tommy. Parce que lui il a arrêté de me juger. » justifia-t-elle sans bouger de son poste de garde. Elle était à peine emportée, juste à fleur de peau. Comme si elle était lasse de devoir apprendre à sa sœur à lire entre les lignes. Lasse de devoir subir les mêmes remontrances à chaque Noël ou chaque anniversaire. Ce disque rayé elle n’était plus assez solide pour se l’infliger. Elle en avait marre de voir sa dignité piétinée chaque fois qu’elle s’asseyait à cette table où elle ne s’était jamais sentie à l’aise. « Et tiens tant qu’on parle de Tommy. Pourquoi il est à l’abri de vos belles leçons de morale ? Parce que vous avez pitié de lui ou parce que c’est un homme ? Non parce que ton féminisme écrasant devient légèrement contre productif. Je suis pas obligée d’avoir une carrière brillante pour prouver ma valeur en tant que femme dans la société. » Beth allait sans doute l’accuser d’extrapoler et jouer les ingénues, mais il y avait quand même dans son insistance une ambition féministe. Elle adorait cette force chez elle, mais n’était pas obligée d’aller dans son sens pour lui donner l’illusion de la réussite. « Si tu veux me faire un beau cadeau, ne te tais pas. Soutiens-moi. Tiens tête aux parents et montre-leur qu’on est unis. Après tout c’est pas ce que tu cherches ? |
| | | | (#)Mer 24 Juin 2020 - 16:22 | |
| Scarlett tentait de fuir à travers son langage corporel. Elle espérait peut-être retrouver de la force pour continuer la discussion en observant l’extérieur. Elizabeth avait bien conscience qu’elle en demandait beaucoup à sa sœur mais elle voulait aller au bout de son idée. Scarlett nota cependant la micro-tentative d’Elizabeth de lui tendre la perche d’une éventuelle association afin de combattre l’handicap flagrant d’Elizabeth concernant les émotions. Mais cet espoir d’alliance fut de courte durée car elle reprit de plus bel son discours engagé autour du thème de l’isolement. « Et pourquoi ne pas décider que ça rentre dans une oreille et que ça sorte par l’autre ? Je suis sûre que tu en serais capable. Tu nous reproches de vouloir te changer et pourtant tu essayes aussi de nous changer… »Elizabeth commençait à se demander s’il pouvait y avoir une issue positive à cette discussion…Scarlett était enfermée dans sa vision et ne chercherait pas à faire d’efforts. « Épargne-moi tes discours féministes Scar’. C’est justement parce que tu es une femme forte et avec un super potentiel que je veux que tu ailles au bout de tes capacités. Le monde a besoin de voir que les femmes peuvent aussi bien réussir que les hommes ! »Elizabeth ne comprenait vraiment pas que Scarlett ne saisisse pas qu’elle voulait la pousser vers le haut, l’aider à s’accomplir dans ce monde, laisser sa marque, contribuer à la cause féminine en ayant un poste haut placé et en gagnant aussi bien qu’un homme…Mais en mentionnant Tommy, Scarlett avait raison sur un point. Elizabeth avait diminué son insistance sur sa vie professionnelle. Tout simplement car elle avait eu très peur de le perdre définitivement lorsqu’il était parti. Cette peur l’avait cristallisée de l’intérieur et elle n’osait plus lui dire quoique ce soit. Et le peu d’interactions qu’elle avait avec lui elle se concentrait sur améliorer sa relation avec Marius. « Tommy a déjà assez à faire avec Marius et Moïra. Laissons-le en dehors de ça veux-tu »Scarlett demanda à Elizabeth de la soutenir mais elle ne pouvait pas. Elle n’avait pas envie de créer du conflit avec leurs parents. Elle en avait déjà assez avec elle, Marius et Tommy. Mais si Elizabeth continuait de vouloir faire avancer sa fratrie, elle était également terrorisée que Scarlett elle aussi prenne les voiles un jour comme ses frères l’avaient fait. Après tout, elle était la seule qui ne l’avait pas encore abandonnée…Et d’avoir pensé à la douleur qu’elle avait ressentie lorsque Tommy était parti, Elizabeth voulu se rétracter, arrêter cette discussion avant que cela aille trop loin. Pourquoi avait-elle autant insisté ? Elle décida de dire la vérité à Scarlett sur la raison de sa venue et espéra que sa jeune sœur ne parte pas au quart de tour. « On n’arrive à rien et je me sens fatiguée…Tu devrais partir parce que…Tommy ne viendra pas. Je l’ai utilisé comme excuse pour pouvoir discuter avec toi. Je suis sincèrement désolée…Je…je ne savais pas comment t’amener à discuter avec moi et je me suis dit que si je te disais vouloir parler de ton anniversaire, tu aurais fait l’anguille et tu aurais cherché à me fuir jusqu’à ce que ça soit trop tard »
Elizabeth essaya de lire le visage de sa sœur mais elle n’arriva à rien déceler. @Scarlett Warren |
| | | | (#)Ven 17 Juil 2020 - 12:15 | |
| Elles auraient pu deviner depuis longtemps que cette conversation avait atteint un point de non retour. De toute évidence Beth n'était pas la seule à s'obstiner, car Scarlett était chaque fois assez naïve pour espérer la convaincre que son emprise était nocive. Chaque fois les deux sœurs s'évertuaient à rejouer cette scène jusqu'à en perdre haleine, comme si ne pas essayer serait passer à côté du miracle auquel elles continuaient à s'accrocher inlassablement. « Si ça rentrait dans un oreille et ressortait de l'autre on n'aurait jamais de discussion. » contra-t-elle en levant les yeux au ciel, toujours acculée dans son coin. C'était d'ailleurs une prouesse que personne ne soulignait jamais, mais Scarlett faisait quand même preuve d'énormément de patience et de diplomatie avec sa famille. Avec n'importe qui d'autre elle aurait écourté ce calvaire plutôt que de ronger son frein. Ces efforts elle était prête à les fournir au saint nom de sa famille, parce que c'était tellement plus difficile et déshonorant de couper les ponts avec ses parents plutôt qu'avec des amis que la vie avait mené sur des chemins opposés. Les suggestions de Beth étaient tout de même révélatrices de ses ambitions superficielles. Elle préférait soigner les apparences que d'être confrontée au fond du problème, sans doute parce qu'elle savait intimement que le conflit qui avait gangrené leur famille était une affaire trop compliquée à résoudre à elle seule. « J'essaye de changer personne. Enfin, si tu considères que vous demander de faire preuve de tolérance c'est une atteinte profonde à vos principes alors peut-être que oui. » se défendit-elle avec insolence. Elle écouta le discours valorisant de sa sœur d'une oreille distraite. Ses intentions étaient sincères, mais elle refusait de comprendre que sa définition de l'accomplissement n'était pas universelle. A chaque parole Beth croyait se sortir de de terre alors qu'elle ne faisait que creuser davantage. Scar était certaine que sa mère l'aurait mieux estimée si elle avait fait le choix d'être une épouse et mère responsable. Ce n'était ni une question de salaire ou de rang, mais simplement de non conformité à ce qu'elle imaginait de la vie d'une femme. Scarlett n'était ni tributaire d'un homme, ni de son travail, et c'était un style de vie qui échappait à tout le monde dans cette famille. Elle hocha les épaules, bien d'accord sur le fait que Tommy avait assez de préoccupations pour s'encombrer de celle de satisfaire les désirs égoïstes de sa sœur. En revanche, si elle s'était sentie un brin en confiance, elle aurait pu faire la liste des choses qui la préoccupait elle aussi, comme ses logements précaires ou les activités auxquelles elle était forcée de s'adonner pour boucler ses fins de mois. Faire ces aveux, ce serait lui céder davantage d'arguments pour valider ses besoins viscéraux de lui obtenir une meilleure position que celle qu'elle lui prêtait au sein du DBD. Le fusible sauta. Scarlett l'avait vu dans les yeux de sa sœur, ce moment où elle avait décidé de capituler pour leur éviter de dire des choses qu'elles finiraient par regretter. Comme souvent, c'était elle qui sacrifiait son orgueil pour leur bien à toutes les deux. Scar resta figée cependant, tiraillée entre le colère et la résignation. Devait-elle vraiment feindre la surprise ? Ce n'était pas la première fois que sa sœur usait de faux prétextes pour rassembler ses proches sans les braquer à l'avance. Scarlett en avait marre d'être un pion dans ce que sa sœur considérait comme un terrain de jeu. Elle n'était ni le pantin de leur mère, ni le sien. Et savoir qu'elle avait à nouveau menti pour l'attirer dans ses filets la décevait plus que de réaliser que Moïra n'arriverait jamais. « T'es pas croyable Beth. » pesta-t-elle en rassemblant les quelques affaires qu'elle avait pu disséminer sur le comptoir de la cuisine. « Je te jure que si tu me refais un coup pareil, je refuserai de te voir tant que j'aurai pas décidé des circonstances. » Elle se dirigea en furie vers la porte, où elle adressa une dernière réplique cinglante avant de disparaître en fracas : « et ce sera toi qui expliqueras à Moïra pourquoi elle ne peut pas voir ses deux taties en même temps. » |
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