-20%
Le deal à ne pas rater :
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
239 € 299 €
Voir le deal

 (Maevory 2) Locked hearts & hand grenades

Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyDim 23 Fév 2020 - 5:44

Locked hearts & hand grenades
Maeve Fox & Gregory Morton

Samedi 22 Février 2020.

Alec se range sur le bas-côté et stationne devant un bâtiment rénové aux allures industrielles qui sera ma destination pour ce soir. Je le remercie d'un simple mot accompagné d'un sourire franc que seuls mes employés les plus fidèles peuvent se targuer de recevoir. Alec est bien sûr considéré comme tel puisqu'il est devenu mon chauffeur personnel quinze ans plus tôt et ne montre aucun signe de fatigue, aucune envie de changement. Il connaît mes trajets ainsi que mes instructions sur le bout des doigts. Il fait partie de ceux dont il serait difficile de me séparer, bien que personne ne soit indispensable en ce bas-monde. Je claque doucement la portière et entre dans le hall de l'immeuble. Je profite de la montée des escaliers pour me recentrer, pour contenir cette appréhension qui m'assaille depuis que j'ai pris ma décision, quelques heures plus tôt. Celle de briser un secret qui n'en est peut-être pas un. De vouloir renforcer une relation mise à mal, au risque de la voir s'effondrer définitivement.

Je me retrouve vite devant la porte d'entrée de Greg. Un court instant, je reste là, immobile, un bras ballant et le second soutenant mon grand sac à main sorti pour l'occasion (le dossier est épais), incapable de faire le moindre geste. Je ne suis plus certaine que cette visite inattendue soit une bonne idée. Si je dois être honnête avec moi-même, j'ai peur que Greg me claque la porte au nez avant même de me laisser desserrer les lèvres. Je sais qu'il est chez lui. Et je sais aussi qu'il est seul. J'ai pu tout prévoir avant de venir, grâce à la surveillance de dernière minute mise en place par Dominic à ma demande. Tout sauf la réaction qu'il aura en me voyant sur le pas de sa porte. Chose qui n'est pas arrivée depuis… qui n'est jamais arrivée, en réalité. Je m'arrange toujours pour le voir en-dehors de son loft. Officiellement, c'est pour une question de sécurité. Officieusement, c'est une autre histoire. Parce qu'à trop me rapprocher de son quotidien, de sa vie, il est possible que je devienne incapable de lui faire jouer son rôle d'agent double. Un rôle qui, pourtant, est devenu bien utile à mes affaires depuis qu'il a été mis en place.

Mais je suis là maintenant, alors est-ce que je tiens vraiment à faire marche arrière ? Aussitôt, les souvenirs de notre tout dernier rendez-vous, à Kangaroo Point, me reviennent en tête. Notre dispute à propos de ce meurtre, puis de mon frère. Nos regards plongés l'un dans l'autre, vaisseaux de cet échange silencieux et pourtant si lourd de sens. Je réalise que je ne peux pas repartir. Il faut que je sois fixée, que je sache s'il m'en veut parce qu'il ignore encore la vérité, ou s'il a vraiment choisi de faire de moi la méchante de notre histoire.

Je lève le poing et frappe deux coups nets et précis contre la porte, le coeur battant.

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptySam 29 Fév 2020 - 20:28

Doowap est crevé, il est tout content d’avoir couru pendant une bonne heure et demie à mes côtés. On monte les escaliers, allez dernier effort. Arrivés devant ma porte d’entrée, le chien halète comme un taré. Il s’est allongé sur le paillasson pendant que je cherche les clés, un sourire de con tracé sur son faciès. « Ben alors, on est fatigué pépère ? Qu’est-ce que je devrais dire moi ! » que je lui sors en lui tapotant la tête. Ce footing me fait un bien fou, j’en ai un peu chié les dix premières minutes mais je n’échangerais pour rien au monde cette sensation de bien-être qui envahit mon corps actuellement. Ma consommation de clopes a doublé ces derniers temps, et ma motivation pour courir aussi depuis que Chloe ne m'accompagne plus. Et puis, entre l’échange avec Maeve et celui avec Amos, j’avais besoin de concentrer ma frustration et ma colère : la cigarette était un des seuls moyens quand j’étais au boulot. L’altercation que nous avions eu au Kangaroo Point avec la dame Fox m’avait plus affecté plus que ce que je ne le pensais, j’avais eu le temps de réfléchir mais je sais pas trop si j’étais prêt à lui reparler, à lui pardonner, et surtout à accepter le fait qu’elle n’était pas la seule fautive de l’histoire, et peut-être même la victime.

Ma porte d’entrée à peine ouverte, Doowap se précipite sur sa gamelle d’eau. « Pauvre bête, c’est vrai que tu dois mourir de soif. » dis-je tout bas. Je crois que c’est l’être vivant à qui je parle le plus, et sans efforts en plus. Je referme la porte, retire mes chaussures puis me dirige vers la salle de bains pour enlever mes fringues trempées par la transpiration que j’étends sur la corbeille de linge sale. Les gouttes d’eau froide tombent sur mes muscles de mon dos contractés par l’effort physique, et je prends un réel plaisir à ressentir toutes ces sensations après course. En sortant de là, mon esprit est plus léger, je me sens mieux dans ma tête et dans mon corps. J’enfile mon jogging de pyjama avant de me diriger vers ma cuisine pour réchauffer au micro-onde le reste de poulet/pâtes préparé la veille, et profite du temps d’attente pour faire la gamelle du chien. Il est venu vers moi, la queue s’agitant frénétiquement parce qu’il sait que c’est l’heure de la bouffe, et qu’il doit certainement avoir une grosse dalle. « Oui oui oui mon chien, je sais que tu as faim, ça arrive. Je profite qu’il soit juste à mes pieds pour lui caresser affectueusement le crâne, j’ai l’impression d’être complètement gaga de lui, c’est bien le seul être sur terre à qui je donne autant d’amour. Je lui ordonne de s’asseoir avant de lui donner sa gamelle, mais ses oreilles se dressent, il a entendu un bruit et il court vers la porte d’entrée. Deux coups secs frappent, et Doowap se met à aboyer.

Je me dirige à mon tour vers l’entrée, et regarde dans le judas, un réflexe. C’est Maeve. J’ai absolument aucune idée de la raison de sa présence, mais elle est là. Elle est là, putain Greg évidemment qu’elle sait où t’habites. Ma main se dirige machinalement vers le museau de Doowap pour lui dire de la fermer. Je l’entends m’appeler derrière la porte, elle veut que je lui ouvre et apparemment elle sait que je suis là. Pourquoi se rend-elle chez moi ? Pourquoi ne pas me donner rendez-vous à l’extérieur, comme d’habitude ? J’entends mon cœur tambouriner contre ma poitrine et ma respiration s’accélérer. Tous les effets bénéfiques de mon footing semblent s’être enfouis sous mon corps à nouveau contracté sous le stress. Je me décide finalement à lui ouvrir la porte, et la fusille d'un regard qui se veut fermé mais qui exprime plus une interrogation qu’autre chose. « Qu’est-ce que tu fous là ? » Ma voix est grave, mon ton sec et mon attitude est tout sauf accueillante. « Pourquoi tu m’as pas prévenu de ton arrivée ? Et pourquoi t’es chez moi ? » L’amertume dans ma voix se fait déjà ressentir. Je dois pas être si prêt que ça à lui pardonner apparemment.

@Maeve Fox :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptySam 14 Mar 2020 - 5:21

Je ne suis pas surprise de percevoir des aboiements furieux déclenchés par mes coups contre la porte. Je sais que Greg partage son quotidien avec un chien auquel il tient beaucoup. Il semblerait donc que des présentations officielles soient de mise entre Doowap et moi ce soir. Je m'en serais bien passée, ne portant aucune affection particulière envers les animaux. Ils ne sont, à mon sens, que des boules de poils encombrantes, salissantes et inutiles. En tous les cas, si Doowap reste sagement à sa place et évite de sauter sur mon tailleur pantalon crème à mille cinq cent dollars, tout devrait bien se passer. Je pourrais même envisager de faire un petit effort en lui accordant une caresse. Ce geste ne me coûterait pas grand-chose et serait sans doute apprécié par son propriétaire. Et si je veux que Greg m'écoute et accepte de lire le dossier que je lui apporte, j'ai besoin de mettre toutes les chances de mon côté. Débarquer devant son loft sans l'avoir prévenu de ma visite au préalable me fait commencer cette épreuve avec un certain malus. Mais si je l'avais appelé, il n'aurait jamais accepté de me voir. C'est une certitude. Il était nécessaire que je le prenne au dépourvu.

Alors que je patiente, les bras croisés désormais, Doowap finit par se taire. La porte reste cependant fermée. Un sourire étire mes lèvres. Greg croit-il vraiment que je me suis déplacée sans m'assurer de sa présence ? Evidemment que non. Il te connaît bien mieux que ça. Il doit attendre un mot de ta part. Que tu le supplies, peut-être ? Une expression ennuyée gravée sur mes traits (je l'imagine à observer le moindre de mes mouvements derrière le judas), je me contente de soupirer. « Greg. Ouvre. » Je lui réclame d'une voix égale, neutre au possible. Je n'ai pas besoin d'en dire ni d'en faire davantage. Il me fera entrer quand il aura fini de me voir m'impatienter pour le fun. Ça aussi, c'est une certitude. Il n'est pas plus capable que moi de me tourner le dos. Même si je me dis parfois que cela aurait été préférable pour nous deux. Il ne serait pas obligé de mettre sa loyauté professionnelle entre parenthèses pour protéger ses pires secrets. Et je ne serais pas obligée de détruire son existence morceau par morceau, dans le seul but de préserver la mienne.

Finalement, son visage fermé apparaît dans l'encadrement. Son chien est posté derrière lui, sur le qui-vive, l'air de se demander s'il doit se montrer amical ou hostile envers moi. « Qu’est-ce que tu fous là ? » J'arque un sourcil médusé. Moins face à sa manière de m'accueillir (pour être franche, je m'y attendais un peu) que face à ce semblant de jogging lâche et terne qu'il porte. J'ai envie de lui demander par quel moyen il espère trouver un jour quelqu'un d'autre qu'un chien pour l'accompagner dans sa vie vêtu de la sorte, mais je me souviens que je ne suis pas là pour l'agacer (au contraire) et garde ma réflexion pour moi. « Pourquoi tu m’as pas prévenu de ton arrivée ? Et pourquoi t’es chez moi ? » Sans ce fichu clébard, j'aurais gardé le silence et avancé de quelques pas afin de me frayer un chemin à l'intérieur, puis je lui aurais donné des explications. Mais son amertume est palpable et Doowap doit la ressentir, comme le suggère le grondement qui monte en continu de sa gorge. Une chose est sûre : je n'ai pas du tout envie de finir en émincé. « C'est important. Est-ce que tu peux t'assurer que ton chien ne me déchire pas la gorge, et me laisser entrer ? » M'attendant déjà à la remarque sarcastique qui allait suivre (Greg est si prévisible), je me permets d'ajouter, non sans un ton narquois de mon propre cru. « Crois-moi, ce que j'ai à te montrer vaut la peine que je reste en vie un petit moment encore. » J'appuie mes mots en levant légèrement l'imposant sac, lui confirmant que je dis vrai et que je ne suis pas venue les mains vides. Avec ça, s'il me claque quand même la porte au nez, je quitte le monde des affaires et deviens dog sitter.

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptySam 14 Mar 2020 - 20:34

Doowap a gardé cette habitude de me prévenir en aboyant comme un con devant la porte quand quelqu’un reste planté plus de trois secondes. Ses aboiements sont plus ou moins intenses en fonction de la personne, et je me doutais bien que cette fois-ci il ne connaissait pas l’odeur de celle ou celui qui se cachait derrière la porte. Certaines fois, cela suffit à faire fuir les voisins qui viennent réclamer des œufs ou du lait, et je dois avouer que ça m’arrange franchement. Le moins je discute avec mes voisins de palier, le mieux je me porte. Je passe déjà suffisamment de temps à prendre sur moi et à faire des efforts au boulot et en dehors, ce n’est pas pour qu’on vienne me faire chier jusque chez moi. Quand je vois le visage de Maeve à travers le judas, je ne me rends même pas compte que Doowap a doublé en intensité. Il doit sentir que je ne me sens pas totalement à l’aise, il doit sentir mon stress et ma frustration, il doit sentir que je suis pas bien. « Greg. Ouvre. » Sa voix est presque douce, calme. Il ne faudrait pas que la grande dame montre ses sentiments et ses émotions, oh non loin de là. Je sais qu’elle déteste attendre, mais elle attendra un peu. Quelques secondes. Je ne suis pas à sa disposition, et elle empiète sur mon territoire.

Quand je lui ouvre enfin, elle me dévisage de haut en bas, s’attarde sur mon bas de pyjama avec son regard de dédain. Ne suis-je pas suffisamment bien vêtu pour accueillir Madame Fox ? J’en ai rien à foutre qu’elle me juge de la sorte, je sens son regard s’appesantir sur mon jogging et je croirais même voir du dégoût à travers ses yeux. Ferme là Maeve, vraiment ferme là si tu veux rentrer que je pense, suffisamment fort apparemment pour qu’elle ne fasse pas de remarque. Doowap doit ressentir mon irritation puisque je le sens tout près de moi, prêt à bondir s’il le faut. Il n’a pas confiance en les humains, pas après ce qu’il a subi, et il est devenu très protecteur envers le maître qui l’a recueilli, envers moi. Il ne fera rien si je ne suis pas physiquement attaqué, il se contentera de grogner et de montrer ses crocs jusqu’à ce que l’autre se barre, et j’apprécie de voir que Maeve a peur. Elle a peur de se faire bouffer, elle n’a jamais vraiment aimé les animaux et je le sais. Je garde cet avantage, et ne calme pour l’instant pas mon chien jusqu’à ce qu’elle me réponde, jusqu’à ce qu’elle se montre presque en position de faiblesse. « C'est important. Est-ce que tu peux t'assurer que ton chien ne me déchire pas la gorge, et me laisser entrer ? » Non pas que j’ai envie d’avoir un corps sur les bras, mais je jubile devant tant de pouvoir face à elle. Elle ne me laisse pas le temps de rétorquer, elle ajoute, sûre d’elle : « Crois-moi, ce que j'ai à te montrer vaut la peine que je reste en vie un petit moment encore. » Elle me montre son gros sac posé au sol, comme si ce qu’il contenait pourrait m’intéresser, mais je ne vois vraiment pas où elle veut en venir. « J'espère que tu vas pas parler en énigme, parce que j'ai vraiment pas la patience ce soir. » que j’affirme, plus sèchement que ce que j’aurais voulu.

Je n’ai pas envie qu’elle pénètre dans mon loft, je n’ai pas envie qu’elle viole mon espace. Et pourtant, je sais qu’elle est là pour une raison, certainement parce qu’elle ne voulait pas que l’on se rencontre ailleurs, qu’elle ne pouvait pas organiser cette entrevue ailleurs. C’est ce qui me pousse finalement à ordonner à Doowap de calmer ses grognement d’une caresse sur la tête et à ouvrir un peu plus ma porte pour la laisser passer. Mon cœur manque un battement lorsqu’elle s’avance vers moi. Ses pupilles plongent finalement dans les miennes et je peux y lire qu’elle est soulagée que je ne la laisse pas sur le palier. Elle ne veut rien laisser transparaitre, mais son regard ne ment pas, pas à moi. Son parfum me parvient alors à mes narines et mon visage se détend l’espace d’une demi-seconde. Je déteste me savoir aussi vulnérable avec elle, je déteste savoir qu’elle peut me faire flancher aussi facilement. J'ai envie de la serrer contre moi, qu'on retourne à l'époque où elle était mon tout, mais je me contente de fermer la porte d'entrée et de me diriger vers le bar de mon salon pour me servir un verre de whisky. Tant pis pour tous les bienfaits du footing, j'ai besoin de courage pour l'affronter ce soir.

@Maeve Fox :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyMer 18 Mar 2020 - 14:36

Je ne suis pas une femme qui donne des explications ou se justifie. Au contraire. Mes décisions et mes choix sont écoutés. Mes directives sont suivies à la lettre sans que personne ne se permette de les remettre en question. Pourquoi est un mot que l'on m'adresse très peu souvent, pour ne pas dire pratiquement jamais. Au fur et à mesure des années, cette façon de gérer mes affaires est devenue naturelle, une habitude tenace que je n'abandonnerais pour rien au monde. Jusque-là, je me suis comportée exactement de la même manière avec Greg, ne lui montrant que la business woman implacable que je suis devenue, couronnée de succès et enviée par un très grand nombre de nos pairs. Je me suis laissée aller à une minuscule faiblesse lors de notre dernière entrevue à Kangaroo Point. Une faiblesse que j'ai néanmoins su retenir et maîtriser avant qu'elle ne prenne trop d'importance. Mais ce soir, c'est différent. Autre chose. Ce soir, c'est la première fois que je fais un pas vers Greg avec une facette de moi-même qui a été longtemps enfermée à double-tour, dissimulée par un masque inébranlable : la vulnérabilité.

Je frappe donc à sa porte et insiste un peu pour qu'il m'ouvre au lieu de repartir sans demander mon reste. J'attends qu'il m'invite à entrer alors que je devrais m'imposer sitôt la porte ouverte. Et surtout, je lui donne la raison de ma visite, comme si le simple fait que je sois ici n'était pas suffisant pour qu'il accepte de me voir. Cela fait déjà beaucoup d'entorses à mes propres règles. Je crois, cependant, que le jeu en vaut la chandelle. Gregory Morton n'est pas n'importe qui. « J'espère que tu vas pas parler en énigme, parce que j'ai vraiment pas la patience ce soir. » Je lève les yeux au ciel et me contente de garder le silence, cette fois. Il a déjà calmé son chien et s'est décalé pour que je passe. Un rapide coup d’œil circulaire m'apprend que je suis bel et bien dans l'appartement d'un homme célibataire sans aucun goût en matière de déco. Mais je m'y attendais déjà et commenter le lieu de vie de Greg ne fait pas partie de mes priorités. Du moins, pas pour le moment. Je pose mon sac sur la table et Doowap s'approche avec une lenteur qui témoigne de sa méfiance. Sans geste brusque, je tends la main dans sa direction, restant assez loin pour qu'il ne se sente pas agressé. C'est à lui désormais de parcourir le reste du chemin s'il en a envie. Il paraît que c'est comme ça qu'il faut se présenter aux chats et aux chiens. Non pas que je m'y intéresse (tout le contraire en réalité), mais il est important que j'entretienne les apparences en tant que généreuse donatrice pour diverses associations. Et PETA Australie en a fait partie, quelques années plus tôt.

« Je ne sais pas si tu as revu Amos Taylor ? En tout cas, sache que j'ai accepté sa demande d'emprunt. » Je l'informe, brisant ainsi le silence. « Ce n'est pas le genre de services que ma société fournit, mais il me semble être un homme honnête et un bon ami à toi. » Sous-entendu : je l'ai aidé pour te faire une fleur. Pour te prouver que je ne suis pas aussi mauvaise que tu le crois. La vérité est, bien sûr, légèrement différente. Jamais je n'aurais passé un tel marché sans avoir quelque chose à gagner. Cependant, Amos et moi nous étions entendus pour que Greg n'en sache rien. Il n'y a donc aucun mal à ce que ce mensonge commun joue en ma faveur, n'est-ce pas ? « Tu m'en sers un aussi ? » Je lui demande en le voyant se verser un verre de whisky. « Je risque d'en avoir besoin. » Ce n'est pas un secret d'état. Il le devinera bien assez tôt, quand il parcourra les documents que je lui ai apportés. Entre-temps, Doowap s'est approché, me laissant le gratifier d'une courte caresse, avant de reprendre son poste auprès de son maître. Je le remercie intérieurement : cela suffira peut-être à calmer un tant soit peu les nerfs en pelote de Greg ?

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyVen 20 Mar 2020 - 11:29

Après avoir reluqué ma tenue, je sens le regard de Maeve balayer l’intérieur de mon loft. Elle doit se dire que je n’ai pas de goût, que c’est vide et impersonnel, mais j’en ai clairement rien à foutre de son avis. Je ne lui propose pas de s’installer et de faire comme chez elle, elle le fait d’elle-même, et pose son sac qui a certainement trainé par terre sur ma table à manger. Va falloir que je la nettoie avant de pouvoir bouffer dessus à nouveau. Doowap reste tout près de moi, prêt à bondir si Maeve se mettait à me sauter dessus pour m’étrangler. Il est un peu excessif ce chien, mais si ça peut dissuader Maeve d’être cassante, c’est déjà bien. Le canidé finit toutefois par se rapprocher d’elle, curieux. Même s’il fait un premier pas vers elle, il reste sur la défensive, certainement pour voir s’il peut lui accorder sa confiance, mais aussi peut-être pour lui faire comprendre (pour la énième fois) qu’elle n’est pas chez elle et qu’il est bien gentil de l’avoir laissée rentrer. J’avais laissé cette femme venir chez moi, et Doowap devait se dire que je n’avais certainement rien à craindre si j’avais autorisé ça, mais il devait aussi être conscient de la tension qui s’était installée et de l’irritation que je peinais à cacher. Elle tend sa main vers mon chien, pas si sereine que ça, mais je salue l’effort, avant que Doowap ne se laisse finalement caresser. Au moins elle s’est pas faite bouffer, c’est qu’elle vient certainement avec de bonnes intentions. Il revient alors en trottinant vers moi, fier d'avoir fait son boulot, et attend des caresses plus appuyées de ma part, ce que je lui donne.

« Je ne sais pas si tu as revu Amos Taylor ? En tout cas, sache que j'ai accepté sa demande d'emprunt. » J’ai envie de lui répondre que non, je l’ai pas revu Amos, je l’ai pas revu à cause de toi Maeve, parce que je pouvais pas lui dire que j’aime les hommes et que c’était sur ça que tu me faisais chanter. On s’est quitté sur des paroles blessantes, tout ça parce que t’as pas été foutu de te contenter de garder ce que je t’avais confié sur moi, tout ça parce que t’as préféré utiliser ton pouvoir pour m’avoir comme toutou. Mais je ne dis rien de tout ça, elle se heurte à un Gregory lassé, fatigué des disputes. « Non je l’ai pas revu. » que je me contente de dire. Je préfère pas m’étaler sur les blessures qu’elle a laissées, ni sur le fait que ses actes ont eu des conséquences sur moi, mais aussi sur mes relations avec Amos. « Ce n'est pas le genre de services que ma société fournit, mais il me semble être un homme honnête et un bon ami à toi. » Parce que c’est un ami à moi alors elle lui accorde ce prêt ? « Ah, ça va alors si tu fais des faveurs à mes potes. À moi par contre c’est une tout autre affaire, hm. » Je lâche un rictus amère, parce que j’y crois pas à la Maeve toute gentille qui veut juste bien faire les choses, parce que j’ai toujours en travers de la gorge le fait qu’elle m’ait utilisé de la sorte. Je ne lui jette pas un seul coup d’œil, je sais qu’elle est en train de me fusiller du regard, et j’ai pas envie de l’affronter encore. Je préfère sortir deux verres du buffet, je compte apaiser un peu mes palpitations par l’alcool fort, et je ne doute pas que Maeve me demandera de lui en servir un aussi. « Tu m'en sers un aussi ? » Sa question parvient finalement, et d’un sourire ironique, j’acquiesce discrètement. « Je risque d'en avoir besoin. » Qu’a-t-elle donc de si important à me dire ? La question me brûle les lèvres, mais je la laisse venir à moi. Je ne veux pas paraitre impatient ni concerné.

Le whisky versé généreusement dans chaque verre, je fais glisser le sien le long buffet pour qu’elle s’en saisisse, et me décide enfin à lever les yeux vers elle pour lever mon verre en sa direction. Je ne la quitte pas des yeux alors que j’avale une première gorgée du liquide ambré, savoure la chaleur qui descend dans mon œsophage, et la défie d’un sourire narquois pour qu’elle en fasse de même sans sourciller. Va-t-elle enfin parler ?

@Maeve Fox :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyDim 5 Avr 2020 - 3:50

« Non je l’ai pas revu. » Je suis un instant désarçonnée par cette réponse des plus laconiques de sa part. J'avais pourtant cru comprendre que les deux hommes entretenaient une longue et franche amitié. Alors comment se fait-il qu'ils ne se soient pas revus (ni même donné des nouvelles) en plus de deux semaines ? Pour être honnête, ma question était surtout rhétorique. Je pensais que mon nouveau collaborateur aurait au moins tenu Greg informé de l'issue de notre entretien, ne serait-ce que pour le remercier de son aide. Il semblerait que non. Je me demande ce que dissimulent les mots du lieutenant. Ce qu'il ne veut pas me dire. En dépit de notre relation des plus chaotiques, je le connais mieux que personne. Je comprends qu'il est dans la retenue en cet instant précis. J'aimerais pouvoir insister sur ce point, mais ce serait dévaler une pente dangereuse que je dois à tout prix éviter, au moins jusqu'à ce que nous ayons évoqué la principale raison de ma visite. Si Greg se fâche et me met dehors, je manquerais mon occasion, et j'ai conscience qu'il n'y en aura peut-être pas d'autre. Parce qu'il m'a fallu du temps mais aussi beaucoup de courage pour venir frapper à sa porte ce soir, avec les informations qu'il aura bientôt entre les mains. Et il est bien possible que je ne retrouve jamais ce même chemin. Celui qui m'a guidée ici. Rongée par le doute, je choisis finalement de ne pas relever et me contente de faire ce que je fais de mieux : tourner la situation à mon avantage. « Ah, ça va alors si tu fais des faveurs à mes potes. À moi par contre c’est une tout autre affaire, hm. » Il me tourne (heureusement) le dos. Il ne voit pas mes poings se serrer. Ni le voile noir qui traverse soudain mes yeux. Je me force à retenir la réplique cinglante qui me brûle les lèvres. Tu n'es pas là pour ça. Laisse couler, pour une fois.

Je trouve plus approprié de lui demander un verre de whisky. L'alcool m'aidera sans doute à supporter ses attaques sans me départir de mon calme apparent. J'attrape le verre qu'il m'envoie. Il lève le sien dans ma direction avant d'avaler une première gorgée, me défiant d'en faire de même. Je ne me laisse pas abattre et m'exécute, reproduisant même le petit rictus narquois en prime. J'ai beau essayer de ne pas l'énerver, il est hors de question que je le laisse terrasser mes limites. Que je le laisse croire qu'il a le dessus. Forte de ce premier coup de boost, j'emmène le verre un peu plus vide désormais, et le pose sur la table. J'ouvre le sac pour en sortir un simple ordinateur portable. Ce dernier n'a pas de connexion internet, et seul mon œil est capable de le déverrouiller. Il n'existe que pour héberger mes documents les plus sensibles. Entre autres, ceux que je m'apprête à partager avec Greg. Des fichiers détruits sur l'appareil d'origine, sans aucune copie nulle part. Des fichiers dont il n'a jamais eu connaissance. Je laisse le scan rétinien faire son travail, puis tourne mon regard vers Greg. Il a beau être chez lui, ça ne m'empêche pas de m'installer sur une chaise et de l'inviter à en faire autant, après avoir déposé le sac à mes pieds, débarrassant ainsi l'espace.

« Je vais te faire écouter quelque chose. Et ensuite on en parlera. » J'aurais pu faire l'inverse et lui donner (au moins) une idée générale. Mais cela m'aurait fait courir un énorme risque. Celui de me heurter à un refus catégorique de sa part. En le laissant dans le flou, il n'a pas le choix. Il ne pourra pas désentendre ce qu'il aura entendu, même si ça ne lui plait pas. Ni ignorer la vérité. Mon rythme cardiaque s'accélère soudain alors que je réalise que d'ici une poignée de minutes, tout aura changé entre nous. Je ne sais pas encore de quelle façon. Mais c'est une certitude : notre lien ne sera plus le même. Il ne pourra plus être le même. J'ouvre le logiciel et lance la lecture. Il y a d'abord une porte qui s'ouvre et se referme, des bruits de pas, puis des voix recouvrent ces derniers. Deux voix masculines, qui me font l'effet d'un véritable coup de poignard en plein cœur, même après toutes ces années. Il faut bien admettre que je n'avais pas entendu cette conversation depuis très, très longtemps moi-même.

Spoiler:

Darren ne répond pas. A nouveau les bruits de pas. Ceux de la porte. Le fichier est terminé. Je pensais être assez forte pour me retrouver face à ça. Je m'étais très clairement sur-estimée. Je me racle la gorge et refoule mes larmes. « Il y en a des dizaines d'autres étalés sur une période de dix-huit mois. J'ai mis un micro dans le bureau de mon père après avoir découvert ma signature sur des papiers dont je n'avais aucun souvenir. J'ai présenté ces sessions d'écoute à la police mais bien évidemment - je ne vais pas t'apprendre ton métier, ces preuves étaient irrecevables. Alors j'ai monté un meilleur dossier, avec leur collaboration. Je n'ai demandé qu'une seule et unique chose : que mon implication ne soit pas mentionnée. Jamais. Mais ça, tu le sais déjà. » J'avais insisté sur ce point en lui révélant la condamnation de mon père et de mon frère. « Tiens, si tu veux écouter le reste. » Je tourne l'ordinateur vers lui et me lève plus brusquement que prévu. Je rejoins la fenêtre du salon d'un pas décidé, mon verre à la main. J'ai besoin de m'éloigner de Greg et de lui tourner le dos à mon tour. Pour me recentrer. Pour reprendre contenance. Le whisky m'y aidera sûrement : j'ingurgite le reste cul sec, laissant mes yeux humides errer sur le ballet des phares blancs et rouges en contrebas.

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyDim 12 Avr 2020 - 12:55

On en avait pas eu souvent des disputes Amos et moi, et la dernière avait été particulièrement agressive et cassante. Merci Maeve encore une fois, tu deviens la pro pour foutre le bordel dans ma vie. Je lâche une pique, plus par habitude que par provocation parce que j’ai clairement pas envie d’user de mon énergie à nouveau pour m’énerver, mais je suis étonné qu’elle ne cherche pas à rétorquer. Elle se contente simplement de me demander à boire quand elle voit que je me sers un verre. C’est déjà une grande première, cette discussion va certainement marquer les annales : Greg et Maeve ont réussi à tenir plus de cinq minutes sans se cracher leur venin à la gueule. C’est digne d’un bon film d’action. Je lui envoie son verre et m’empare du mien pour m’abreuver du précieux liquide qu’il contient, et j’attends qu’elle en fasse de même. Elle ne tarde évidemment pas à le faire, saisissant cette opportunité pour me montrer qu’elle ne compte pas se laisser marcher dessus même si elle est en position d’infériorité, en se foutant ouvertement de moi lorsqu’elle imite mes gestes méprisants. Son attitude ne m’atteint pas, je sais qu’elle a besoin que je garde mon calme si elle veut pouvoir mener à bien sa mission – qui m’est toujours inconnue d’ailleurs – sans que je la dégage de mon loft. Alors que je me rince le gosier une seconde fois, je la vois s’emparer de son sac pour en sortir un ordinateur. Un ordinateur ? Elle aurait pu tout foutre sur une clé USB, ça aurait été plus simple que de ramener toute la panoplie. Je comprends finalement vite que l’ordinateur doit certainement être le seul objet qui puisse stocker ces informations, puisque le déverrouillage de la machine ne s’effectue pas avec un code ou une empreinte digitale, mais avec le scan de sa rétine. Ca rigole pas avec Maeve, putain. Je m’empare de mon verre et de la bouteille avant d’aller m’asseoir à ses côtés, et j’attends impatiemment de savoir ce qu’elle va me dévoiler. « Je vais te faire écouter quelque chose. Et ensuite on en parlera. » J’acquiesce comme un gamin à qui on demande de garder le secret, intrigué et curieux de découvrir ce qui est si important pour qu’elle débarque chez moi. Je dois avouer que je ne suis pas serein, elle n’a plus rien qui puisse me faire chanter normalement, mais on n’est jamais à l’abri avec cette femme. Elle lance le logiciel que je ne connais que trop bien, et j’en déduis que ce sont des enregistrements tirés d’un micro (qui a certainement été camouflé). Je crois reconnaître la voix de Darren, puis celle de William. Non, en fait j’en suis sûr. Mon hypothèse se retrouve confirmée quand je me rends compte qu’ils parlent de Maeve, non, qu’ils décident de son sort comme d’un pion qu’ils peuvent utiliser et jeter comme bon leur semble. Qu’entendent-ils par arrangements dans l’ombre ? Qu’ont-ils fait exactement ? Je me doute que les grandes entreprises telles que la Fox Compagny ne sont pas très respectueux de l’éthique et de la façon de gagner leur pactole, je suis conscient que la plupart d’entre eux trempent dans de sales affaires, Maeve la première d’ailleurs. Mais comment l’ont-ils utilisée elle pour parvenir à leurs fins ? Comptait-elle si peu pour William ? Je ne veux pas l’admettre, mais ces révélations me font mal. Je n’ai jamais vraiment protégé Maeve, c’est plutôt elle qui couvrait mes arrières, mais je n’ai jamais souhaité qu’elle en pâtisse autant avec les deux hommes de la famille Fox. Je savais que son père était un peu vieux jeu, qu’il ne jurait que par Darren, que son fils aîné faisait la fierté de la famille, mais j’étais loin de me douter qu’il reniait autant sa propre fille. La foutre en taule sans aucun scrupules, simplement pour qu’elle retourne à sa place de femme ? Sérieusement ? J’avale difficilement ma salive alors que l’audio touche à sa fin, et n’ose pas regarder celle assise à mes côtés. Mon regard fuyant cherche à répondre quelque chose alors que je sens mes mains légèrement trembler sous l’effet de l’émotion. C’est elle qui brise le silence en m’expliquant qu’elle a les a enregistrés à leur insu, elle a toujours eu suffisamment de cran pour ce genre de choses, et je n’en suis même pas étonné. Ce qui me rend perplexe en revanche, c’est qu’elle ne m’en ait jamais parlé avant. Elle a préféré me laisser croire qu’elle était plus que satisfaite d’avoir réussi à foutre deux membres de sa famille en taule pour devenir la grande cheffe, elle s’est précipitée avec joie dans ce rôle de méchante en utilisant cette partie de ma vie dont je suis le moins fier pour me faire chanter, et elle continue à garder ce masque, même avec moi. « Tiens, si tu veux écouter le reste. » L’ordinateur m’est complètement offert, mais je ne sais pas si mon cerveau acceptera davantage d’informations. L’image d’un William fort et respectueux s’est complètement désintégrée, mais j’ai encore de l’espoir pour Darren. Ce n’est pas le Darren que je connais, il s’est laissé entraîner par son père, par la soif de pouvoir et de richesse, mais il a bon fond. Il l’a prouvé avec cet audio, il a montré sa faiblesse face à son père qui s’est empressé de lui retourner le cerveau à nouveau. Non, Darren ne pouvait pas être aussi mauvais que William. Les yeux toujours rivés sur l’écran, je suis dans l’incapacité d’ouvrir un autre fichier audio. Je m’empare alors de mon verre dont j’avale le fond d’une traite, et me ressers généreusement avant de me lever pour me placer debout à côté d’elle, le regard fuyant au loin. « Pourquoi tu m’as rien dit ? » Je sais que ça lui a coûté énormément pour venir jusque chez moi, qu’elle a dû mettre violemment sa fierté de côté pour me faire entendre tout ça. « Pourquoi tu m’en as pas parlé avant, je veux dire ? Pourquoi maintenant ? » Je suis réellement en colère contre elle, contre tout ce qu’elle me cache depuis que l’on a fait notre vie chacun de notre côté. Je ne comprends pas cet éloignement soudain, pourquoi elle a cherché à me pousser aussi loin d’elle toutes ces années et pourtant, je n’ai qu’une envie, c’est de la prendre dans mes bras. « Est-ce que ça va, Mae… ? » que je finis finalement par lui dire en me retournant vers elle. Je la vois refouler ses larmes alors qu’elle s’agrippe à son verre d’alcool pour ne pas flancher, je la sens fébrile, son masque presque tombé. Comment on en est arrivé là, putain.

@Maeve Fox (Maevory 2) Locked hearts & hand grenades 4014933344
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyMer 22 Avr 2020 - 10:10

Vingt ans. Vingt longues années se sont écoulées depuis que la dissimulation de ce fameux micro sous le bureau de mon père a radicalement changé le cours de mon existence. Vingt longues années que les voix de William et Darren ne sont pas parvenues à mes oreilles. Car elles ne sont plus que des souvenirs, désormais. Les fantômes d'une famille ayant volé en éclat, qui errent parfois dans mes rêves, ou mes pires cauchemars. Je me pensais immunisée. Je croyais avoir vaincu ce sentiment de trahison intense, cette colère terrible, cette haine viscérale contre ces deux hommes prêts à sacrifier leur propre fille, leur propre sœur, pour le pouvoir et l'argent. Mais il n'en est rien. Je le comprends au moment où le haut-parleur du Mac crache les tous premiers mots de Darren. Il faut qu'on parle. Mon poing libre se serre et les larmes montent. Il est hors de question que Greg soit témoin de mon trouble. J'attends, la gorge serrée, que cet enregistrement prenne fin et propose au lieutenant d'écouter les autres s'il le souhaite. Il devrait en avoir assez entendu pour se faire une idée très précise de la situation dans laquelle je me trouvais à cette époque. Je n'ai pas sélectionné le passage le plus explicite, le plus incriminant, pour rien. Mais s'il a besoin d'en savoir plus, libre à lui. Après tout, n'est-ce pas pour ça que je suis venue ? Pour qu'il comprenne enfin que Darren ne mérite pas le piédestal sur lequel il le place ? Et qu'au contraire, Greg n'a fait que le surestimer ? Que ce n'est pas moi, la véritable méchante de notre histoire ?

Je quitte finalement ma chaise en un mouvement plus rapide qu'anticipé, non sans attraper mon verre au passage. Tournant le dos à Greg, je me concentre sur la circulation nocturne en contrebas. Toutes ces personnes qui rentrent à la maison après leur journée de travail. Certains sont seuls mais d'autres, impatients, se hâtent de retrouver leurs proches. Leur compagnon ou compagne, mais aussi leurs enfants. Leur famille. La mienne avait été brisée par son propre patriarche. Un homme aveuglé par ses croyances d'un autre temps selon lesquelles les femmes ne sont vouées qu'à procréer, les servir et être exhibées telles des trophées. Mon frère n'a pas été en reste, au contraire. Moins misogyne mais beaucoup plus malléable, il s'est laissé entraîner, amadouer par William, par ses rêves de grandeur. Notre père lui a promis monts et merveilles contre un minuscule sacrifice : moi, et Darren n'a pas mis longtemps à m'abandonner au profit d'un compte en banque inépuisable et d'une belle image aux yeux des habitants de la ville. Quant à ma mère, je l'aime d'un amour sincère, mais malheureusement pour nous, elle n'a jamais su contrer William. Même lorsqu'il me rabaissait plus bas que terre. C'est d'elle que Darren a hérité son impressionnante capacité à être manipulé.

J'entends Greg se lever et se resservir un verre. Il se glisse à mes côtés, laissant son regard errer dans la même direction que le mien. Le silence est pesant et chacun en profite pour boire une nouvelle gorgée, comme si le whisky pouvait nous aider à faire face. « Pourquoi tu m’as rien dit ? Pourquoi tu m’en as pas parlé avant, je veux dire ? Pourquoi maintenant ? » Parce que j'ai voulu me détacher de tout et de tout le monde. Ne plus avoir aucune faiblesse. Alors j'ai cherché à ce que tu me haïsses. Je pensais pouvoir le supporter. Mais aujourd'hui, je réalise que j'ai eu tort. C'est beaucoup trop difficile de lire le ressentiment dans tes yeux, dans ta manière de t'adresser à moi. Pourtant, c'est la seule et unique chose qu'il te reste à m'offrir. Et c'est entièrement ma faute. « Est-ce que ça va, Mae… ? » Ce surnom, qu'il est le seul à utiliser. Qu'il a tant prononcé en discutant joyeusement, en riant, en chahutant. Ses yeux sont sur moi. Je les sens me scruter, m'observer. J'ai mal, vraiment mal. A la gorge, au cœur, partout. Pourquoi je nous ai laissés en arriver là ? Elle est là, la première. Elle coule le long de ma joue gauche, lentement. Bientôt, d'autres la suivent. A cet instant précis, je me sais perdue, incapable de revenir en arrière, de faire comme si de rien n'était. Mon masque disparaît, chassé par les larmes. J'ai gâché ma plus belle relation, éloigné celui qui me connaissait le mieux, celui qui me soutenait comme personne, pas même Darren. Et pour quoi, au final ? J'aurais pu avoir une famille, moi aussi, à l'instar de ceux qui se pressent pour rentrer chez eux. La famille de mon choix. Mais au lieu de ça, tu l'as détruite. Pulvérisée.

Je me tourne enfin vers lui et nos regards se croisent. Le temps semble suspendu. Chacun de nous retient son souffle. Je ne compte pas me lancer dans de grandes explications. Je ne suis pas certaine d'en avoir la force et puis, ce n'est pas ce qui compte le plus. Au lieu de ça, je prononce les seuls mots auxquels personne n'a droit. Des mots qui ne font plus partie de mon vocabulaire depuis très longtemps. « Je suis désolée, Greg. Je… Pour tout. » Je suis désolée d'avoir tout gâché. De t'avoir causé autant de souffrance. De t'avoir laissé tomber. Tu ne méritais rien de tout ça. Si seulement j'avais le courage de réduire cette courte distance qui nous sépare. Je n'ai jamais eu autant besoin de quoi que ce soit que de ses bras, là, maintenant.

Pardonne-moi, Greg.



@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyLun 27 Avr 2020 - 11:17

L’image qu’elle essaie de maintenir depuis le début finit par s’effacer doucement sous les larmes qui emportent avec elles le semblant de la grande Dame Fox qui reste, et c’est seulement à ce moment-là que je comprends qu’elle s’autorise à ressentir à nouveau, à me montrer qu’elle reste humaine après tout. La trahison de son père l’a beaucoup plus affectée que ce qu’elle veut laisser paraître, mais je crois que c’est celle de son frère qui laisse une empreinte plus douloureuse. Je sais qu’elle les aime, ces deux hommes qui font partie de sa famille, je me doute qu’elle a dû se sentir un tant soit peu coupable en apprenant le décès de son paternel, qu’elle a dû essuyer quelques traces d’eau salée sur ses joues le jour de l’enterrement, mais je n’ai en revanche aucun doute sur le fait qu’elle ne regrette pas d’avoir repris le contrôle sur sa vie, qu’elle est fière d’être enfin maîtresse de ses décisions et d’avoir le pouvoir d’en avoir sur celles des autres. Ma frustration s’est complètement dissipée en même temps que son masque tombé, ma colère s’est transformée en peine partagée et la main qui agrippe mon verre de whisky se desserre un peu. Je l’aime énormément Maeve, je l’ai toujours aimée au fond, et de la voir en souffrance devant moi, devant ces souvenirs qu’elle a dû déterrer pour me prouver que j’avais tort sur elle, sur ses motivations et sur ses actes, ça me fend le cœur. Je suis conscient qu’elle a beaucoup pris sur elle pour venir me trouver ce soir, que ce geste qui pourrait sembler naturel et normal pour d’autres reflète bien plus pour elle. Je la sens trembler sous l’émotion, elle s’efforce de regarder dehors tandis que je reste planté à côté en train de la fixer sans oser bouger. J’ai peur qu’elle se referme à nouveau, j’ai peur qu’elle n’affronte pas cette partie d’elle-même qu’elle tente d’enfouir à tous prix, j’ai peur qu’elle me repousse à nouveau. Je déglutis bruyamment, ma salive a du mal à trouver son chemin dans ma gorge serrée et asséchée, qu’attend-elle de moi ? Maeve finit par se tourner vers moi, et pour la première fois en vingt ans, nous nous regardons vraiment, comme avant. Comme lorsqu’on était gamin et que la discussion n’était pas taboue, comme lorsqu’un seul regard suffisait pour comprendre que l’autre était dans le besoin, dans la demande de réconfort ou de conseils. La différence aujourd’hui, c’est qu’on s’est fait mal tous les deux. Elle a initié le combat mais je me suis empressé de sauter dans l’arène quand j’ai vu qu’elle prenait le contrôle sur ma vie, et je n’ai jamais essayé de l’écouter. J’ai toujours pris le parti de Darren, je l’ai défendu corps et âme sans prendre en considération son point de vue à elle, et je l’ai rejetée aussi violemment que possible, moi aussi. Je sais qu’elle ne souhaite pas s’étendre davantage sur ces enregistrements, je sais qu’elle ne dira rien de plus sur ce qu’elle ressent, mais je comprends qu’elle s’en veut. Je décèle dans son regard une palette entière de tristesse, les mots sont inutiles, elle sait à quel point elle m’a blessé. Mes prunelles n’expriment aucune rancœur aujourd’hui, pas maintenant. Maintenant, je veux l’enlacer, lui dire que rien n’est grave, qu’on trouvera une solution pour surmonter tout ça, qu’elle n’a plus rien à craindre et que je ne partirai nulle part, mais j’en suis incapable. Incapable de lui promettre des choses que je ne suis pas sûr de tenir, incapable de savoir si c’est l’émotion qui parle et que demain nous retournerons à la case départ. « Je suis désolée, Greg. Je… Pour tout. » Elle souffle ces quelques mots comme une confession, brisant le silence qui s’était installé entre nous. Ca lui fait mal de le dire, ça lui écorche presque la langue de l’annoncer à haute voix, mais elle s’est excusée, pour la première fois en vingt ans. Je pose alors mon verre sur le rebord de la fenêtre pour me libérer de mes deux mains et passe rapidement ma main dans ma barbe naissante, cette putain de manie qu’il faut que je cesse, qui montre que je suis inconfortable dans la situation, et me rapproche doucement vers elle. Je finis par lever une main vers son épaule, un premier contact qui me semble si nouveau et familier à la fois, et me rapproche un peu plus vers elle pour l’enlacer entièrement, placer sa tête contre ma poitrine en lui caressant doucement le dos. Les larmes restent coincées dans ma gorge, et je resserre un peu plus mon étreinte en pensant naïvement que cela m’aiderait à contenir les sanglots qui menacent de sortir. « C’est rien Mae, c’est rien. » que je me surprends à répéter alors que je la sens trembler de plus belle et que mes joues s’humidifient peu à peu. Je ne pensais pas que la soirée prendrait une tournure aussi émotionnelle, je ne pensais pas que j’en viendrais à chialer en la prenant dans mes bras, c’est totalement irréaliste et pourtant, c’est bien ce qui est en train de se passer. D’un rire nerveux, je relâche un peu mes bras jusqu’à ce qu’elle s’éloigne d’elle-même entièrement, et j’essuie furtivement de ma main mes joues et la goutte qui me pend au nez en évitant son regard. « T’as déjà mangé ? J’ai un reste de pâtes avec du poulet si tu veux. » que je finis par dire en me retournant pour m’emparer de mon verre de whsiky avant de me diriger vers la cuisine. « Avec tout ça j’ai même oublié de nourrir Dooowap tiens. » C’est bien plus facile d’éviter ce genre de conversation là tout de suite, et mon chien fait très bien office d’excuse pour que je puisse reprendre un peu mes esprits. « Allez, viens Doowap c’est l’heure de manger. » que je dis en tapant sur ma cuisse pour que le canidé me rejoigne dans la cuisine.

@Maeve Fox (Maevory 2) Locked hearts & hand grenades 4014933344
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyLun 11 Mai 2020 - 7:32

Pardonne-moi, Greg.

Le silence nous enveloppe à nouveau tout entiers de son linceul sombre et pesant. Je reste immobile, presque figée au cœur de cette scène inattendue et surréaliste. Pour autant, mon regard ne quitte pas le sien une seule seconde. Je l'observe poser son verre sur le rebord de la fenêtre avant que sa main fraîchement libérée ne vienne effleurer sa barbe naissante. Un geste trahissant son inconfort, ses doutes quant à la suite à donner aux événements. Je devine sans peine le combat intérieur qui l'anime. Doit-il me pardonner en dépit de la souffrance endurée, au nom de ce que nous étions dans une autre vie ? Ou doit-il au contraire refuser ces excuses qui arrivent bien trop tard car notre lien, trahi puis brisé par ma faute, est à jamais irréparable ? J'avais conscience en venant ici ce soir avec de tels documents audio (qu'il n'a pu entendre jusque-là, les seules copies se trouvant en ma possession) que tout changerait entre nous. Je ne savais pas si ce serait en mieux ou en pire, ce chemin restant à tracer dépendamment de ce qu'il choisirait de faire de ces informations. D'une manière ou d'une autre, ce ne serait plus comme avant.

Greg et moi avons passé seize ans à nous vouer une guerre froide et implacable, entre chantage et services forcés. Je voulais qu'il me déteste pour ne plus avoir à l'aimer moi-même. Il m'était plus simple de m'en détacher de cette façon. Oh, il avait bataillé dur pour moi, pour nous. Il avait mis du temps avant de baisser les bras, avant de se résigner et accepter que la Maeve qu'il connaissait n'existait plus. Puis, un beau jour, sa dernière lueur d'espoir s'était définitivement éteinte. Il avait fini par faire ce que j'attendais de lui : me haïr, de toutes ses forces. Alors, j'avais fini par faire ce que j'exigeais de ma propre personne : me servir de lui sans en ressentir le moindre regret. Et rien n'était supposé nous faire dévier de cette route.
Mais il t'a aidée. De son plein gré. Car durant ce fameux rendez-vous à Kangaroo Point, avant de me rappeler quelle horrible personne j'étais devenue et combien il m'en voulait pour ce que j'avais fait subir à William et Darren, Greg m'avait sauvée. Sortie d'un mauvais pas qui aurait pu me coûter très cher, en m'apportant les éléments d'une nouvelle enquête pour laquelle j'étais, évidemment, coupable. Il m'avait permis de prendre mes dispositions, et ainsi évité que je ne sois reconnue comme suspecte, ou pire encore. Il avait mis sa carrière en danger, sans que je ne l'oblige à quoi que ce soit (pour une fois). Il aurait pu fermer les yeux. Se contenter de jouer à celui qui n'était pas au courant et laisser ses collègues le débarrasser de son plus gros problème : moi.
Mais il t'a aidée. De son plein gré.
C'est pour ça que je me tiens devant lui sans plus aucun masque, sans plus aucun artifice. Cette histoire m'a fait réaliser une chose : tout ce temps, j'ai seulement cru avoir réussi. Parce qu'en dépit de ce que je lui fais subir, du mal que je lui inflige, Greg ne me hais pas, non. Il m'aime encore. Il ne m'a jamais abandonnée.

Sa main se lève doucement, hésitante. Elle se pose sur mon épaule. Notre premier contact depuis une éternité. Je ne le lâche pas ses yeux. Je ne veux plus m'en séparer. Sans doute lit-il dans mon regard tout ce que je suis incapable d'exprimer avec des mots, car la seconde suivante, il se rapproche de moi et m'enlace. Je me laisse happer par ce bien-être fulgurant qui m'étreint en même temps que ses bras. J'ai la sensation de me trouver à ma place, enfin. « C’est rien Mae, c’est rien. » Et les sanglots me secouent de plus belle, évacuant ce trop-plein, ces longues années gâchées. Je ne saurais dire combien de secondes je suis restée là, contre lui, avant que son étreinte ne se relâche. Je porte à nouveau mon attention sur la vue en contrebas, chassant mes dernières larmes, pendant que Greg fait volte-face pour attraper son verre et s'éloigne en direction de la cuisine. « T’as déjà mangé ? J’ai un reste de pâtes avec du poulet si tu veux. » Le temps que je saisisse ce qu'il vient réellement de me proposer, son esprit a déjà filé ailleurs. « Avec tout ça j’ai même oublié de nourrir Doowap tiens. Allez, viens Doowap c’est l’heure de manger. » En prenant bien garde à ne pas me faire face, il s'affaire à remplir la gamelle de son fidèle compagnon. Je termine cul sec mon propre whisky (qui ne m'a pas quittée un instant) et me rapproche de la table du salon où je dépose le verre désormais vide. « Tu peux m'indiquer ta salle de bains ? » Greg me répond sans se retourner. Je le connais. Il a besoin d'un peu de tranquillité, d'un peu d'espace. Et moi aussi.

Greg est appuyé sur le plan de travail lorsque je le retrouve. Seuls nos yeux légèrement rougis peuvent encore attester de ce qui vient de se passer entre nous. Je ne sais pas comment avancer à partir de là. Je suis en terrain inconnu. Mais c'est Greg, et je suis prête à tous les efforts pour me rattraper, lui prouver que ce soir n'est pas qu'un moment de faiblesse. « Si ton offre tient toujours, ton dîner poulet-pâtes me semble parfait. » J'aurais pu l'inviter à dîner, l'emmener dans un bon restaurant, un lieu discret pour que nous soyons tranquilles. Mais je n'en ressens pas l'envie. A la place, je veux rester ici. A l'époque, quand je lui rendais visite, on partageait les restes de son frigo assis sur le canapé en regardant un film ou une vieille série. Et on riait à s'en décrocher la mâchoire, jusqu'à s'endormir l'un contre l'autre, épuisés d'avoir trop veillé. Je me rends soudain compte que je souris béatement à la table basse située quelques mètres plus loin, quand une truffe humide vient chatouiller ma main. J'offre une caresse à Doowap et me tourne vers Greg. « Tu me montres où tu ranges ta vaisselle ? » Je lui demande en refermant mon PC portable, le rangeant ensuite dans sa pochette afin de débarrasser la surface.

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyMar 2 Juin 2020 - 15:14

Ma haine se dilue petit à petit dans ces larmes salées, trop longtemps retenues dans mes entrailles. Elles devaient certainement contenir toute la rancœur que j’éprouvais pour elle, cette amertume qui me rongeait de l’intérieur à chaque fois que j’y pensais. Je ne ressens plus que du soulagement maintenant, je suis fatigué de la détester, je ne veux plus de cette haine en moi, je ne demande qu’à l’aimer à nouveau, Maeve. Je déteste pleurer, je ne veux pas qu’elle me voit ainsi. Alors je me dégage de l’étreinte que je lui avais offerte, je me retourne pour essuyer mes joues, et je m’enfuis vers la cuisine pour reprendre mon souffle. Je préfère changer de sujet, je ne souhaite pas m’étendre sur ce que je ressens, je pense qu’elle non plus de toute façon. Elle a passé seize ans à enfouir ses émotions avec moi, elle s’autorise seulement à les laisser s’échapper maintenant qu’elle n’a plus le choix, maintenant qu’elle se sent étouffée. Je pense que ça fait déjà beaucoup pour aujourd’hui. Elle ne tarde pas à vouloir s’éclipser elle aussi, elle me demande où se trouve ma salle de bain et c’est d’un doigt tendu que je lui en montre la direction. Accroupi vers Doowap, je ne compte pas me retourner pour qu’elle voit que je suis toujours en train de pleurer, mes larmes ne veulent plus s’arrêter maintenant qu’elles ont commencé à perler le long de mes joues, pour finir leur trajectoire emprisonnées dans ma barbe. Maeve doit le savoir, elle me connaît tout de même, elle sait que j’ai besoin de me calmer un instant seul, et elle quitte le salon pour quelques minutes. Suffisamment pour que le poil de mon chien m’apaise, que je me resserve un autre verre de whisky et que je me fume une clope à la vitesse de l’éclair sur le balcon. J’hésite à m’enfumer les poumons une seconde fois, mais j’opte pour le retour à la cuisine : je ne voudrais pas qu’elle parte, je ne peux pas la laisser partir, pas maintenant qu’elle a commencé à s’ouvrir à nouveau. Il va falloir que je me prépare à la retenir, mais comment ?

Quand elle sort de la salle de bain, je la sens aussi perdue que moi. J’ose à peine croiser son regard, j’ai peur d’y trouver une expression qui ne me plairait pas. Et si tout ça n’était qu’une illusion ? Si elle cherchait à nouveau à me manipuler ? Était-elle sincère ? Oui Greg, arrête de douter, évidemment qu’elle l’était. Mais comment en être sûr au fond ? Et comment faire pour que tout redevienne comme avant ? Est-ce seulement possible ? « Si ton offre tient toujours, ton dîner poulet-pâtes me semble parfait. » C’est elle qui prend les devants, c’est elle qui parle en premier. Elle n’a pas l’intention de partir, elle semble honnête, son regard est doux et bienveillant : elle ne te veut plus de mal Greg. Mes lèvres s’étirent alors en un sourire timide alors que mes traits se décrispent un peu plus. Merci Maeve. Je me retourne pour mettre le plat à chauffer à nouveau, le poulet risque d’être trop cuit, mais tant pis. L’essentiel, c’est qu’elle soit là. On avait l’habitude de manger des trucs pas très fiables dans mon appartement d’étudiant, quand elle venait goûter les pâtes natures que je lui servais parce que j’avais eu la flemme de faire les courses et que mon frigo était vide. En seize ans, ça a eu le temps de changer tout ça. Je suis certain qu’elle doit avoir des plats préparés par son toutou de Dominic et qu’elle ne se contente pas de manger les restes. Pour moi en tous cas, ça n’a pas vraiment changé. « Tu me montres où tu ranges ta vaisselle ? » Sa voix m’arrache de mes pensées alors que je fixais le micro-ondes tourner. Je suppose qu’elle est déjà en train de débarrasser la table de son ordinateur, et de faire de la place parmi la paperasse qui s’est accumulée dessus. « Attends, j’arrive. » que je balance par-dessus mon épaule en récupérant le plat du micro-ondes ainsi que la bouteille de rouge à côté, puis me dirige dans la salle à manger pour poser le tout. « Les assiettes sont dans le placard à ta gauche. Les couverts dans le tiroir juste à côté. Ah, sors les verres de vin aussi. » finis-je par dire en relevant les yeux vers les siens. Nos regards se croisent à nouveau, et un sourire narquois (dénué d’ironie pour une fois) étire mes lèvres. « Quoi, c’est pas parce qu’on mange des restes qu’on peut pas boire du vin avec, si ? » Surtout parce que je suis pas encore tout à fait à l’aise pour ne pas continuer dans ma lancée, le troisième verre de whisky commence à me monter à la tête, mais j’ai besoin de plus. « Tu veux regarder Friends en mangeant ? » Je pose la question avec délicatesse, j’ai moins peur de retrouver le semblant de routine qu’on avait à l’époque que d’avoir à lui parler de tout ce qui s’est passé dans ma vie pendant toutes ces années-là. Je crois que je suis pas prêt à lui parler de tout ça de toute façon. Friends c’est bien. « J'ai même de quoi faire du pop-corn pour le dessert. » que j'affirme en espérant que ça ferait pencher la balance pour la série plutôt que pour les conversations gênées à table.

@Maeve Fox :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyDim 14 Juin 2020 - 7:13

Je referme la housse du Mac et enfouis ce dernier tout au fond de mon sac. Je dépose ensuite le tout dans un recoin du salon en un geste presque solennel. A la limite du symbolisme. Je veux cet appareil loin de nous, loin de notre attention. Même mes secrets les mieux gardés ne doivent pas compter en cet instant précis. Je les libère temporairement de tout leur poids, pourtant si primordial d'ordinaire, dans la grande balance de ma vie. Ils n'ont pas leur place au cœur de ce nouvel équilibre que je cherche à atteindre avec Greg. Pas encore. Pas ce soir. Je sais néanmoins que nous devrons les ramener à la surface un jour. Car ni lui ni moi ne pouvons enterrer tant d'années de souffrance, les balayer d'un simple revers de la main comme si elles n'avaient jamais existé. J'espère seulement que Greg et moi sommes sur la même longueur d'onde : prêts à nous accorder l'un l'autre, l'espace de quelques heures, un répit dont nous avons cruellement besoin.

Le micro-ondes annonce de son bip caractéristique que notre repas est réchauffé. La seconde suivante, Greg le récupère d'une main, la deuxième tenant une bouteille de vin rouge, et me retrouve près de la table désencombrée. « Les assiettes sont dans le placard à ta gauche. Les couverts dans le tiroir juste à côté. Ah, sors les verres de vin aussi. » Nos regards se croisent enfin. Pour la toute première fois depuis ce qui me semble une éternité. Un sourire définitivement espiègle étire ses lèvres, ses yeux brillants plongés dans les miens. « Quoi, c’est pas parce qu’on mange des restes qu’on peut pas boire du vin avec, si ? » Il s'adresse à moi avec humour, avec une gaieté retrouvée, sans que je ne puisse déceler aucune amertume ni colère. Je ne saurais décrire l'émotion qui m'envahit alors. Je suis cependant sûre d'une chose : elle me procure un bien-être dans lequel j'ai envie de me perdre. Longtemps. Et ce sont mes propres traits qui finissent par se détendre, le plus naturellement du monde, avant que je ne réponde sur le même ton. « Je suis bien d'accord avec toi. » Je ne suis pas très friande des mélanges d'alcool, mais il est hors de question que je dîne au whisky, et encore moins à l'eau. Il me faut un peu plus de degrés pour affronter la soirée.

Je me retourne en direction du meuble que Greg vient de m'indiquer. Je trouve vite les assiettes ainsi que les couverts, et m'apprête à les placer sur la table lorsqu'il me fait une proposition inattendue. « Tu veux regarder Friends en mangeant ? » Cette série qui a marqué la fin de nos jeunes années, entre études et premiers emplois. Un morceau de nos souvenirs communs. Je ne l'avais jamais terminée, d'ailleurs. Sans Greg, parti pour la France au beau milieu des aventures de ces six américains, j'avais perdu toute saveur pour ce programme. « J'ai même de quoi faire du pop-corn pour le dessert. » Entre Friends et la grignotage favori de mes vingt ans, je lis aisément entre les lignes. Greg est comme moi. Il ne veut pas avoir une vraie conversation, au contraire. Il a envie de profiter de ces retrouvailles, de ne rien laisser les gâcher. Il chasse donc les nuages noirs qui nous entourent à coup de vieille série et de maïs à éclater. A coup de ce qui, autrefois, constituait notre quotidien. Et il a raison. Je l'en remercie intérieurement, soulagée. « Tu te souviens où on s'est arrêtés ? » Je lui demande. Ma manière personnelle de lui dire oui. Je me dirige vers la table basse afin d'y déposer la vaisselle. « Je n'ai pas vu un seul épisode après… » J'hésite et retient la suite de ma phrase. A l'époque, je lui en avais voulu de partir sur un autre continent. J'avais vécu cela comme un abandon. Une part de moi continue à lui en vouloir aujourd'hui et lui en voudra sûrement jusqu'à la fin de mes jours. Qui sait la femme que je serais devenue si je l'avais eu à mes côtés ? Aurais-je été aussi loin ? M'aurait-il laissée aller aussi loin ? « Je ne voyais pas l'intérêt de la continuer sans toi. Ni tes pop-corns. » Je rétorque finalement en haussant les épaules, non sans un petit sourire en coin. Je ne veux rien dire ou faire qui lui donne l'impression d'être accablé de reproches. Et bien que cela reste dans un coin de ma tête, j'ai fini par accepter qu'il ait voulu se détacher de Brisbane. J'aurais juste préféré que ses envies d'ailleurs ne l'emmènent pas si loin de moi.

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptyMer 1 Juil 2020 - 5:14

Je reprends un peu plus confiance quand je vois qu’elle est plus ouverte, quand je m’aperçois qu’elle veut vraiment changer les choses. Je débouchonne la bouteille pendant qu’elle sort la vaisselle du placard, nous sert deux grands verres, et répartit le reste de mon frigo dans les assiettes. On aurait pu juste s’asseoir sur la table pour manger ce piteux repas, mais j’avoue que j’appréhende toujours les retrouvailles, les vraies, celles où on parle de notre vie, celles où on ‘rattrape le temps perdu’. Trop d’années se sont écoulées depuis qu’elle m’a sorti de sa vie : en seize ans, il s’en passe des choses. Je sais que ses conseils auraient largement été appréciés à l’époque, avec Alexis, avec Grace, dans cette nouvelle famille où je me faisais petit à petit une place. Avec ce boulot, aussi, je suis évidemment fier de ce statut de lieutenant, mais je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir. Cette pression, ce stress, ces histoires qui me glacent les os, c’est pas bon pour mon cœur. Je pense avoir fait mon temps, j’ai de plus en plus de mal à voir toutes ces horreurs, j’ai de plus en plus de mal à supporter cette insomnie qui me ronge à cause des enquêtes. J’attends peut-être juste que quelqu’un me pousse à arrêter, que quelqu’un me montre que je suis capable d’être bon dans un autre domaine, que quelqu’un me prenne par la main pour me dire que c’est pas grave si j’arrête tout maintenant. Mais je n’ai pas envie d’en parler ce soir, ni ce soir ni jamais en fait, ces doutes passeront à un moment donné, pour l’instant, je n’ai pas envie qu’on me psychanalyse, je n’ai pas envie de discuter de tout ça, je veux juste retrouver mon amie. Je sais que l’alcool va me faire parler, alors autant repousser l’échéance, autant essayer de retrouver un semblant de normalité avant de balancer tous les sujets qui fâchent, autant regarder Friends en silence, comme avant.

« Tu te souviens où on s'est arrêtés ? »

Sa réponse me soulage, ça signifie qu’elle est d’accord, qu’elle accepte et qu’elle apprécie cette proposition : je ne suis pas le seul à appréhender la discussion. « Je n'ai pas vu un seul épisode après… » Elle hésite, je connais la fin de la phrase, je sais qu’elle m’en veut d’être parti à Paris, mais aurais-je dû m’empêcher de vivre pour rester à ses côtés ? Aurais-je dû être à sa disposition ? J’étais son ami, son confident à la limite, mais je n’avais rien de son toutou de Dominic, je n’avais pas à rester pour elle. Peu importe combien elle m’a aidé. Malgré nos tentatives de retrouvailles paisibles, va-t-elle remettre de l’huile sur le feu en me reprochant toutes sortes de choses ? Pourquoi fait-elle ça ? Pourquoi cherche-t-elle toujours à tout gâcher ? « Je ne voyais pas l'intérêt de la continuer sans toi. Ni tes pop-corns. » Je me suis peut-être un peu vite emballé, elle cherchait simplement ses mots pour justement éviter une confrontation. Elle hausse les épaule, me sourit. Elle est venue en paix, Greg, arrête de douter. Je lui offre alors un sourire en retour, plus forcé que sincère, parce que je vois qu’elle essaie et qu’elle fait de son mieux. Regarder Friends ce soir est définitivement la seule solution possible si nous souhaitons ressortir d’ici tous les deux vivants, sur la voie de réconciliation. Je lui tends alors son assiette et son verre de vin et lève le mien en sa direction pour trinquer. « A nous, je suppose ? » dis-je avant de porter le verre à mes lèvres. Le vin contraste fortement avec le whisky, mais ce mélange d’alcool constitue le plus petit de mes soucis actuellement. Je détourne finalement le regard pour prendre la télécommande sur le canapé afin de lancer Friends sur Netflix. « Je ne me souviens plus où on s’est arrêté non plus. Mais on peut reprendre depuis le début, on risque de zapper plein de détails sinon. » D’autres saisons sont sorties entre temps, dix il me semble, et lui proposer de reprendre depuis le début, c’est aussi lui proposer de passer davantage de temps ensemble. « Installe-toi, je vais aller faire les pop-corn. On n’aura pas besoin de se lever comme ça. » Et alors que je me dirige en cuisine, je vois Doowap s’allonger aux pieds de Maeve, comme s’il l’avait déjà adoptée, comme si c’était normal qu’elle soit dans mon appartement, moi qui ne ramène que rarement du monde ici. C’est peut-être un signe, peut-être que la situation s’arrangera entre nous, peut-être qu’on passera au-dessus de tout ça.

Le sachet de pop-corn fourré au micro-ondes, j’attends quelques minutes avant de retourner dans le salon. Je passe la tête dans l’entrebâillement de la porte, curieux de savoir ce que fait Maeve en m’attendant, et je l’aperçois caresser mon chien, presque affectueuse. Les masques sont-ils vraiment tombés ? J’ai toujours du mal à croire qu’elle est dans mon salon pour une raison autre que du chantage, qu’elle a fait la démarche de venir me trouver pour me dire la vérité, et qu’on va tous les deux regarder notre série de l’époque en mangeant les restes de mon frigo. C’est comme si rien n’avait changé, c’est comme si elle avait toujours fait partie de ma vie. Le bip m’indique que les grains de maïs ont fini d’exploser, je mets le tout dans un grand saladier, et me dirige vers mon canapé où Maeve y est déjà installée. Le premier épisode de la première saison est lancé, le générique nous tire à tous les deux un sourire innocent, et nous nous mettons à manger en silence, obnubilés par l’histoire de ces six amis qui ont surmontés toutes ces épreuves sans que leur amitié ne soit jamais mises en péril. A quel moment avions-nous trouvé bon de nous déchirer, Maeve et moi ?

@Maeve Fox :l:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades EmptySam 18 Juil 2020 - 9:57

Nous sommes désormais installés côte à côte dans le canapé de Greg. Chacun son assiette fumante sur la table basse, chacun son verre à la main. Bientôt, nous serons plongés dans cette série qui a marqué nos jeunes années. A en devenir presque le symbole de notre relation. Nous n'étions que deux, nous deux contre le monde entier, mais nous étions pareils. Similaires à ces new-yorkais incapables de vivre les uns sans les autres. Nous étions proches, complices, fusionnels. Greg savait lire en moi comme dans un livre ouvert. Combien de fois en lui rendant visite, avais-je tenté de cacher la douleur d'une énième réflexion rabaissante de William, pour qu'il me perce à jour en quelques secondes, avant même que je n'aie eu le temps de passer la porte ? Il savait tout, toujours, tout le temps. Il me connaissait mieux que personne. Mieux que mes propres parents. Et surtout, mieux que Darren. Il était mon univers.
Puis il est parti. Sans le vouloir, il m'a abandonnée. Il n'aura pas fallu longtemps à mes pires démons pour réaliser que j'étais désormais sans défense. Sans rien ni personne capable de m'empêcher de sombrer. Je ne lui dirai jamais. Mais je suis persuadée que s'il était resté près de moi, j'aurais emprunté un chemin bien différent. Il était mon univers, oui. Mais il était surtout mon ancre, celui qui m'empêchait de dériver.

« A nous, je suppose ? » Mon regard transperce le sien et j'acquiesce, sourire sincère aux lèvres. Aucun mot, cependant, n'arrive à les franchir. J'ai la gorge trop serrée par les souvenirs qui remontent soudain, après de longues années profondément enfouis sous la surface. A l'unisson, nous buvons notre première gorgée de vin, puis Greg attrape la télécommande et démarre le programme Netflix. La page d'accueil ne tarde pas à apparaître sur l'écran qui nous fait face. « Je ne me souviens plus où on s’est arrêté non plus. Mais on peut reprendre depuis le début, on risque de zapper plein de détails sinon. » « Repartir de zéro me semble une excellente idée. » Je remarque un léger voile devant ses yeux, avant qu'il ne se reprenne. Je crois qu'il a compris le sous-entendu. C'est le mieux que je puisse faire à ce stade. Et il me semble pouvoir affirmer sans me tromper que c'est la même chose de son côté. Sinon, pourquoi m'aurait-il proposé un tel programme ? Le temps de parler, de parler vraiment, sans aucune retenue, n'est pas encore arrivé. Nous en sommes tous deux conscients, et l'avons accepté.

Le repas terminé, Greg finit par se relever et rejoindre la cuisine. Bientôt, une odeur de pop-corn embaume la pièce. Alors qu'il s'était fait discret jusque-là, Doowap s'approche et se laisse choir contre mes jambes. Sa tête se relève doucement. Il me regarde d'un air presque triste, comme s'il pouvait ressentir ce lien si spécial que Greg et moi partageons, et qu'il se demandait pourquoi je n'étais pas là plus souvent. Ou est-ce le mélange whisky-vin qui commence à faire son effet ? Je tends le bras, lui accorde quelques caresses. Greg réapparaît finalement, un grand saladier entre les mains. Il s'installe de nouveau à mes côtés, lance le premier épisode. Mon cœur éclate tout comme le maïs que nous sommes en train de grignoter à l'instant où j'entends les premières notes du générique. J'essaie de n'en rien laisser paraître mais, du coin de l’œil, je vois bien que Greg n'est pas indifférent non plus. Je réalise que tout n'est pas perdu entre nous. En dépit de ce que je lui ai fait subir, il a envie de me retrouver, autant que j'ai envie de le retrouver, lui.

Le quatrième épisode est sur le point de se terminer. Le saladier en plastique que Greg avait laissé entre nous repose maintenant sur la table basse, à l'instar de nos deux assiettes et verres vides. Sans un mot, je me décale afin de me rapprocher, et pose ma tête sur son épaule. Je ne sais pas s'il est surpris de ce geste. Mais il y répond sans perdre une minute : son bras m'entoure et me serre tendrement, telle une barrière protectrice.
Le huitième épisode est sur le point de commencer. Mais aucun de nous ne le verra jamais. Du moins, pas ce soir. Nos yeux sont clos, nos poitrines se soulevant et s'abaissant au rythme de nos cœurs calmes, parfaitement accordés.
Et, plus tard, je me ferai la réflexion que je n'avais pas dormi aussi sereinement depuis une éternité.

----- THE END -----

@Gregory Morton :l:
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty
Message(#)(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

(Maevory 2) Locked hearts & hand grenades