I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il avait suffi d'une seule soirée, de quelques heures, et d'une énorme dose de coïncidence pour que Joanne se sente à nouveau vivre. Cela peut sembler exagérer, mais elle voyait les choses différemment. Comme si leurs retrouvailles fortuite était le point de départ d'un nouveau chapitre. Un renouveau dans une relation qui s'était ternie avec le silence. La belle blonde en avait parlé avec sa meilleure amie la minute où elle était rentrée. Sophia tenait à connaître les moindre détails, toutes ses pensées et ses intentions. Leur conversation avait duré plus de deux heures, autour d'une tasse de thé et de quelques biscuits secs. Depuis, Joanne n'arrêtait pas de penser à lui-ce qui, en soi, n'était pas vraiment une nouveauté. Et même si elle se répétait constamment, la rouquine ne se lassait jamais de l'écouter s'enthousiasmer. C'était ainsi pendant toute une semaine, l'impatience se voulant grandissante à chaque jour qui s'approchait de ce fameux vendredi. Pas de gueule de bois le lendemain du gala, mais Joanne réalisait tout ce qu'elle avait osé dire à Jamie la veille, sans la moindre hésitation. Elle se demandait s'il s'était moqué d'elle, dans la voir dans un léger état d'ébriété. La veille de ce fameux déjeuner, la conservatrice était surprise de voir qu'il y avait des colis en train d'être livrés, à son nom. Perplexe, elle se demandait d'où cela pouvait provenir, mais ce fut en voyant le livreur, qui était ce fameux jeune homme à la silhouette élancée qui les avait interrompu non sans gêne le soir du gala. Elle trouvait que c'était une curieuse coïncidence qu'il se recroise. Ce ne fut qu'au moment où il lui dit que cela avait été réglé par Jamie Keynes que le rapprochement a été fait. Touchée, Joanne posa l'une de ses mains sur son coeur, alors qu'on lui demandait de signer l'accusé de réception. Toujours aussi embarrassé le jeune homme. Sophia était venue voir ce qu'il se passait, toute intriguée. Pour une raison qui lui était inconnue, elle n'osait pas l'ouvrir.
Le grand jour. Joanne avait au moins changé cinq ou six fois de tenue devant les yeux attendris de sa meilleure amie, qui tentait désespérément de la rassurer en lui disant que chacune de ses robes lui allait à ravir, mais rien n'y faisait. La matinée s'étendait en longueur, ça devenait interminable pour elle. De plus, le temps était pluvieux, maussade, empêchant toute possibilité de manger sur une terrasse, à profiter d'un ciel qui aurait du être estival. Elle avait peur que cela ne ruine tout. Fort heureusement, le restaurant dont lui avait parlé Jamie par SMS quelques jours plus tôt semblait avoir un intérieur tout aussi agréable et cozy. Ne connaissant pas l'adresse, elle quitta le musée trop tôt, de peur de se perdre et d'arriver en retard. Joanne n'avait répondu que succintement au message de Jamie, et se doutait qu'il aurait pu mal le prendre, d'une manière ou d'une autre. Sous son parapluie vert, la jeune femme avait trouvé facilement l'endroit indiqué. Il n'y avait personne encore. Son parapluie replié et mouillé en main, elle fut rapidement accueillie par un serveur élégamment habillé -sans pour autant être trop chic- et la débarassa de ce qu'elle tenait. Il la conduisait à la table réservée. Jamie avait du demander que ce soit assez isolé et près d'une fenêtre, en cas de mauvais temps. Du moins, c'était ce Joanne pensait, retrouvant là bien quelque chose qui était propre à l'homme qu'elle aimait. Il la débarassa de son trenchcoat trempé et la laissa s'installer. Une demi-heure avant l'heure prévue, l'attente allait être rude. "Excusez-moi... êtes-vous sûr que Monsieur viendra ?" demanda le serveur, alors que l'heure de rendez-vous s'était déjà passée d'une quinzaine de minutes. Joanne afficha un sourire triste "Oui, il... doit être certainement très pris par son travail, il ne devrait plus tarder." espérait-elle. "Vous ne voulez toujours rien boire en attendant ?" demanda le serveur en toute bienveillance. Joanne hocha la tête négativement. "Non, merci, je vais l'attendre." C'était au moins la troisième fois qu'il le lui demandait. Elle ne voulait pas consommer quoi que ce soit avant qu'il n'arrive. Elle s'était aussi imposée comme challenge de payer le restaurant, cette fois-ci. Enfin, une dizaine de minutes plus tard, il était là, s'approchant d'elle sans que le serveur n'ait besoin de l'accompagner. Immédiatement, le coeur de Joanne se mit à bondir violemment dans sa poitrine. Elle se leva, et se mit à côté de la chaise pour l'accueillir, ses mains jouant nerveusement entre elles. Un sourire discret s'afficha sur son visage. Les mots lui manquaient. La jeune femme décida donc de l'enlacer, en entourant sa nuque de ses bras, puis lui dit à voix basse un "Bonjour..." timide. Une fois qu'elle lâcha son étreinte, elle bredouilla."Je...Je ne connaissais pas l'adresse du restaurant. Alors, j'ai... je suis venue avec un peu d'avance." Un peu, c'était très relatif, et ça différait selon les points de vue. Chez elle, c'était plus d'une demi-heure d'avance. Tout en s'installant, elle lui demanda "Comment allez-vous ?". Joanne ne savait plus si cela relevait de l'habitude ou de leur jeu, mais d'une manière assez étrange, elle aimait beaucoup le vouvoyer. Du fait de leurs antécédents, elle avait l'impression que ça les rapprochait beaucoup que le tutoiement, pour le moment.
« Est-ce que quelqu'un peut me régler cette histoire de furet s'il vous plaît ?! » je lance fermement à travers l'open-space après avoir senti la boule de poils passer entre mes jambes. Il est possible de suivre le rongeur à trace grâce aux petits cris qui s'échappent de la bouche des journalistes à chaque fois qu'il frôle leurs mollets. Mais ils sont tous trop occupés à paniquer et empêcher leurs pieds de toucher le sol plutôt que d'essayer d'attraper la bestiole. Il court, il court… à travers les bureaux, dans tout l'étage. Il bouscule les poubelles qui déversent leur contenu sur le sol, manque de se faire écraser plusieurs fois, couine pour nous narguer. Je soupire, au bord de l'exaspération. La situation est particulièrement comique, mais je suis bien incapable d'en rire à cet instant. Un rongeur, comme le nom l'indique, ça ronge. Et toute la radio grouille d'un festin de câbles à mâchouiller pour le furet. Non seulement les câbles des ordinateurs, mais aussi ceux de la régie. Autant dire, des sommes immenses de matériel qui peuvent devenir inutilisables au moindre coup de quenotte. A l'autre bout de la salle, l'un des stagiaires se lève, soulevant fièrement la bestiole gigotante façon Roi Lion au dessus de sa tête, me répondant qu'il le tient. Bien entendu, le garçon se fait mordre, et lâche la boule de poils qui tombe sur son bureau. Paniquée, ses pattes glissant sur la surface en plastique, ses griffes viennent faire un désastre de post-its, de trombones, de scotch et de stylos avant d'essayer de courir sur le clavier de l'ordinateur du jeune homme. C'est sa camarade qui a immédiatement le réflexe de coincer l'animal sous l'une des corbeilles à papier vides. Le périple de Buzz s'arrête là. Je croise les bras et scrute l'open space et chacun des employés présents pendant une bonne minute avant de me diriger vers mon bureau. « Le prochain qui laisse la cage du rongeur ouverte, je le colle à l'horoscope pendant un mois. » dis-je avant de fermer la porte derrière moi. Isolé du reste de la rédaction, un rictus amusé apparaît finalement sur mes lèvres, malgré mes dents serrées et tous mes efforts pour rester sérieux. Daisy est la première de nous deux à craquer et se mettre à rire. Impossible de nous arrêter pendant un bon moment. Les heures passent et mon regard se pose régulièrement sur le coin inférieur droit de mon écran afin de voir les minutes me rapprocher du moment où je pourrais partir retrouver Joanne. Le restaurant est à deux pas de la radio, et non loin du Musée -à côté du pont qui sépare le lieu de travail de la jeune femme du mien. J'ai toujours trouvé ridicule le fait de n'être séparés que par un pont et une dizaine de minutes à pied, mais d'être incapables de se voir aussi souvent que nous le voulions lorsque nous ne vivions pas ensemble. Lorsque les chiffres passent de onze heure cinquante-neuf à midi pile, je saute de ma chaise, attrape mon manteau et m'apprête à partir. J'aime avoir un peu d'avance sur mes rendez-vous, et le temps de quitter la station, me faire arrêter trois fois en route, et marcher jusqu'au restaurant, je n'aurais que dix minutes d'avance. « Jamie ! Panique en régie, 'y pionce ! » lance un Eggsy entre la panique et le fou rire après avoir violemment ouvert ma porte. Je plisse les yeux. « Eg', si c'est une blague... » Il secoue vivement la tête pour m'assurer que ce n'est pas le cas. « On émet plus rien depuis dix minutes. » Mon coeur s'arrête, mes yeux sortent de mes orbites. En radio, dix minutes, c'est toute une vie. « Putain. » Je lâche mon manteau et cours en régie. Le régisseur avait été allongé sur le canapé se trouvant dans la petite salle sombre où il a déjà l'habitude de piquer une sieste quand il le peut. Personne pour s'occuper de la table. Pas la peine d'essayer de réveille le poivrot, il sera rendormi dans quelques minutes. Je m'installe donc dans son fauteuil, appuie sur les quelques boutons que l'endormissement soudain de mon collègue avaient désactivés, et nous reprenons l'antenne. Je passe la dernière demi-heure de l'émission en cours à la place du régisseur, remerciant la vie de m'avoir déjà fait assurer ce poste par le passé.
L'heure de musique lancée, je peux quitter la régie, récupérer mon manteau à toute vitesse et courir dans les escaliers en espérant que Joanne ne soit pas déjà partie. Il pleut. Et bien entendu, je n'ai pas de parapluie. Qu'importe, je boutonne entièrement mon manteau, remonte mon col sur ma nuque, et me fait à l'idée que je vais arriver trempé à mon rendez-vous. Je ne suis plus à ça près. Seulement cinq minutes de marche me séparent du restaurant. A travers une fenêtre, j'aperçois la petite silhouette blonde de ma cavalière de l'autre soir. Dieu merci, elle est encore là. A peine entré, je donne mon manteau au premier garçon que je croise et me dirige vers Joanne. Sans une once d'hésitation je l'enlace, instantanément réchauffé par ce contact. « Je suis sincèrement désolé pour le retard. » dis-je en la lâchant. Je m'assied en face d'elle, me remettant doucement de mes émotions de la matinée. Un large sourire étire mes lèvres, trahissant mon plaisir de la retrouver. « Je vais bien, même si mes nerfs ont été mis à rude épreuve ce matin. » je réponds, espérant que la seconde partie de ma phrase ne lui fasse pas croire que j'ai à nouveau perdu mon sang froid. Je passe une main entre mes cheveux mouillés. Cette tignasse ne devrait pas mettre longtemps à sécher. « Ne vous moquez pas, mais nous avons une mascotte à la radio. Un furet, Buzz. » Rien que de l'évoquer, je dois réprimer un rire. « Et je ne sais pas comment, sa cage s'est retrouvée grande ouverte, le bestiau à courir partout dans l'open space… et nous à courir après lui avant qu'il n’atterrisse en régie pour grignoter les câbles. » A y repenser, la scène était d'un ridicule rare. Je ris doucement avant de reprendre ; « Et lorsque j'allais quitter mon bureau, on est venu me chercher parce que notre régisseur s'est encore saoulé jusqu'à s'endormir sur sa table. » Je plaque ma main sur ma bouche. Bonjour la gaffe. Balancer de cette manière le problème d'alcool n'est pas vraiment sur la liste des bonnes manières. Je souris, gêné par mon éternelle maladresse. « Je crois que je ne suis pas censé dire ce genre de choses, c'est ignoble de ma part. Gardez-le pour vous. » dis-je à voix basse -alors qu'absolument personne n'est là pour nous espionner. Qu'importe. « Bref, je suis le seul de l'équipe à avoir été régisseur pendant quelques années, du coup… c'était pour ma pomme. » J'hausse les épaules. En soi, cela ne me dérange pas. Je me sens bien plus utile en régie plutôt que derrière mon bureau, à répondre à des mails et coups de téléphone. Le serveur s'approche de nous pour prendre notre commande de boissons. Sans même ouvrir la carte, je lui souris en ne demandant qu'une bouteille d'eau pétillante pour moi. Le garçon parti, mon attention se retourne vers Joanne. « Et vous, alors, comment allez-vous ? »
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Le pauvre était trempé et semblait s'être dépêché car il était légèrement essoufflé. Cela n'avait pas empêché la jeune femme de l'enlacer chaleureusement, elle était tellement heureuse de le revoir. Jamie s'excusa immédiatement, ne tardant pas à expliquer les raisons de son retard. Ces dernières étaient assez originales, ce qui fit hausser les sourcils de la jeune femme, amusée. Un furet. Là aussi, le choix de la mascotte était hors du commun. Joanne ne put s'empêcher de rire en écoutant sa mésaventure matinale. Une cascade de malchance qui était tombée sur lui le jour où ils devaient déjeuner ensemble. Peut-être n'était-ce qu'une simple coïncidence. Le rédacteur en chef regretta rapidement ses mots, Joanne sourit en baissant les yeux. "Promis, je n'en parlerai à personne." dit-elle à voix basse. Après tout, il n'y pouvait rien si son collègue avait un coup en trop dans le nez. Jamie avait sauvé les meubles, comme il devait le faire souvent, selon la jeune femme. "J'ignorais que vous étiez régisseur." Elle se doutait que dans ce genre de filière, il fallait grimper un grand nombre d'échelons pour arriver à un poste aussi prestigieux que celui de Jamie. Une place que l'on ne pouvait abandonner, tout le monde savait très bien que le remplacement irait vite et que l'on ne pouvait récupérer sa place comme bon nous semblait. Il y avait une certaine part d'injustice selon Joanne. Elle portait le bracelet que lui avait offert Jamie, c'était devenu quasi quotidien, comme si une part de lui restait toujours avec elle. La belle blonde aimait énormément ce bijou, et s'y était beaucoup attachée. Une habitude. "Je vais bien." dit-elle avant de marquer une pause, les yeux pétillants. "J'ai du réceptionné un colis bien étrange." commença-t-elle. "Adressé à mon nom alors que je n'avais rien commandé. Et une facture sans le moindre chiffre dessus." Joanne commanda au serveur un verre de jus de pomme, et il partit aussitôt chercher ce dont ils avaient besoin. "Curieux, n'est-ce pas ?" dit-elle d'un air faussement surpris. "Jusqu'à ce que je me rappelle que ce jeune homme svelte vienne quémander votre attention pour une certaine transaction. Il semblait à la fois surpris et peu étonné de voir que j'en étais la destinataire." Et le fait que le prix avait été dissimulé prouvait que la somme de ce colis devait dépasser l'entendement. Joanne lui sourit tendrement, et dit avec douceur. "Quoi qu'il s'agisse, vous n'auriez pas du." Plus une forme de politesse qu'autre chose, elle ne s'attendait pas à une telle attention de sa part alors qu'ils venaient tout juste de se retrouver. "Qu'est-ce que ce don peut-il vous apporter ?" finit-elle par demander en toute curiosité. Après tout, il n'avait pas adressé le colis au musée, mais à elle, personnellement. C'était très significatif en soi, mais Joanne ne pensait pas mériter une telle intention. Voulait-il à nouveau avoir son coeur ? Il l'avait depuis bien longtemps. "Je ne l'ai pas ouvert. Je n'osais pas." dit-elle timidement. Employant le même ton, elle ajouta "Merci. Merci infiniment." Le serveur finit par arriver afin de déposer les boissons sur leur table. Joanne n'avait même pas encore pris le temps de lire le menu, et se précipita sur cette dernière pour choisir le premier plat qui pourrait lui plaire. Un suprême de volaille, parfait. L'employé s'en alla rapidement après avoir noté la commande sur son calepin. Joanne s'éclaircit la gorge, songeant à venir sur un point quelque peu embarrassant. "Je suis désolée... Pour l'autre soir." Au fond, elle n'avait rien fait de grave ou d'inapproprié. "Je sais bien que j'ai bu plus que je n'aurai du." Mais elle se souvenait de tout, pas de lendemain difficile. "Sophia m'a toujours dit que c'était un bon côté de la boisson, pour moi. A dire des pensées que je n'oserai jamais partager en étant parfaitement sobre." Et c'était ça, qui la dérangeait. "J'espère ne pas vous avoir choqué de quelconque manière." dit-elle, inquiète. "C'était l'unique moyen pour que ces discussions qui n'étaient en fin de compte que des négociations soient audibles pour moi, et d'oublier le malaise que j'avais avec une personne qui me rendait mal à l'aise." Il le savait autant qu'elle, ce n'était pas son monde, et il lui était difficile de le comprendre. "Jusqu'à que vous apparaissiez. A partir de là, cette soirée avait pris une belle tournure." confia-t-elle avec un sourire et un regard tendre. Elle pensait chacun de ses mots. Elle se sentait prête à endurer n'importe quel de ses soirées, tant qu'il était là, avec elle.
Je réalise qu'il y a une bonne liste de choses que Joanne et moi ne savons pas l'un sur l'autre, malgré le nombre de mois qui nous séparent de notre première rencontre. Je ne connais pas grand-chose de son propre parcours, et sûrement en sait-elle trop peu sur le mien. Il faut dire que j'ai pris l'habitude d'être assez secret sur à peu près tous les sujets personnels, gardant une conversation assez générale. « C'était pendant mes premières années après mon diplôme. J'aimais beaucoup être en régie. » je réponds avec une certaine nostalgie. Mais il fallait bien évoluer. Utiliser le tremplin qu'étaient mes parents pour atterrir au niveau au dessus, et grimper les échelons un peu plus haut dès que l'occasion se présentait. J'admets avoir été opportuniste plus d'une fois, et avoir parfois utilisé mon nom, mais jamais à outrance. C'est un métier difficile où il faut ce qu'il faut. Mais pour chaque confiance qui m'a été accordée parce que je suis le fils d'un Lord, j'ai constamment redoublé d'efforts pour me montrer méritant. Je pourrais encore être régisseur aujourd'hui si je n'avais pas agi ainsi. Joanne me répond qu'elle a reçu un colis. Je devine rapidement qu'il s'agit du colis que j'ai moi-même fait adresser au Musée. Je ne peux pas m'empêcher d'afficher un sourire satisfait. Elle semble au moins captivée, l'effet de surprise est donc complet. « Fort curieux. » dis-je en plissant les yeux, l'air de réfléchir intensément à ce mystère. Un rictus amusé ne me quittant pas. « Vu qu'il s'agit d'un don, l'important est de savoir ce que cela va apporter au musée, non ? Et en partant de l'idée que toute personne voulant faire un don n'aurait « pas du », le musée serait bien vide aujourd'hui. » Faisant fi des bonnes manières les plus strictes, j'ai déposé mes avants-bras sur la table avant de me pencher légèrement vers Joanne, mon regard planté dans le sien, l'air malicieux. « Je préfère me dire que si je le pouvais, alors je le devais. » j'ajoute en haussant les épaules. Après tout, je ne vois pas quoi faire d'une montagne d'argent en trop. Encore moins l'intérêt de le garder pour moi alors que je peux offrir quelque chose, que ce soit à une fondation, une association, un musée. Mais il est vrai que j'avais fait l'acquisition de ces pièces avant de revoir Joanne à la soirée en question. Que je comptais déjà les lui faire expédier personnellement. Pas vraiment comme un cadeau, mais plus comme une preuve que je continue de penser à elle. Le centre de mon univers n'a pas changé. La jeune femme avoue ne pas avoir ouvert le paquet. J'ai les yeux brillants d'impatience à l'idée qu'elle découvre le contenu de la boîte. Je ne pourrais pas être là pour voir l'expression sur son visage, et c'est sûrement ce qu'il y a de plus dommage. « Pas besoin de me remercier, vous ne savez même pas ce que c'est. » Le paquet comporte trois objets -d'où le prix. Le premier est une peinture sur un épais morceau d'écorce d'eucalyptus représentant plusieurs animaux dont les formes étranges laissent deviner qu'il s'agit plutôt d'un essai de personnification d'une ou plusieurs divinités. Vient ensuite une statue, toujours en bois, clair cette fois, sorte de figurine grossièrement taillée se résumant à une silhouette avec des yeux et une bouche, et dont les mains sont en réalité des serfs de rapace -la chose semble effrayante au premier abord, mais je ne sais pas pourquoi elle m'a plu. Enfin, un bijou féminin, un imposant plastron fait de crins d'animaux teintés et tressés entre eux dont les couleurs sont encore flamboyantes. En me souvenant de l'exposition que m'avait montré Joanne au musée la première fois, je voulais connecter ma contribution à l'époque coloniale, mais en prenant l'autre tenant de l'histoire. Celui des envahis. Le serveur revient avec les boissons et en profite pour demander les plats que nous souhaitons commander. J'ai parfaitement oublié de me pencher sur le menu. Je l'ouvre très rapidement et mets un peu plus de temps que la belle pour me décider, cherchant avec attention tout ce que je peux me permettre de manger. Je trouve un plat d'aubergines farcies au sésame et riz parfumé que je n'hésite pas plus longtemps à choisir. De nouveau seuls, j'écoute attentivement Joanne en me servant un verre d'eau que je porte à mes lèvres. Elle revient sur nos retrouvailles de la semaine dernière, s'excusant. Je fronce les sourcils, incapable de m'empêcher d secouer négativement la tête pour désapprouver ses paroles ; elle n'a aucunement besoin de s'excuser, se justifier pour quoi que ce soit. « J'ai vu et entendu bien pire. » j'assure en gardant un sourire. Après tout, ces galas ont longtemps été mon lot quotidien. Les jeunes femmes ayant abusé du champagne, il y en a eu, et il y en aura toujours. « C'est vrai, c'était une belle soirée... » Et j'avoue être heureux que tout ne s'arrête pas là. De pouvoir revoir Joanne. Un peu à la manière des premières fois où nous nous côtoyés il y a quelques mois de ça. « Est-ce que je dois comprendre qu'il a des paroles que vous regrettez ? » je demande tout de même, curieux. Pour évoquer l'alcool, je suppose, peut-être à tort, qu'il a des choses dites ou faites qu'elle souhaite mettre sur le compte de la boisson pour les retirer. « Parce que je préférerais que tout soit toujours très clair entre nous. Qu'il n'y ait rien qui vous perturbe ou vous tracasse. » j'ajoute en trouvant sa main à mi-chemin de la table afin de lui assurer qu'elle peut me parler sans me craindre. Mes doigts la frôlant tout d'abord se risquent à prendre légèrement ses doigts entre les miens dans une étreinte discrète. Mon regard se pose une seconde sur cette main, ne sachant pas trop si je peux assurer un peu plus mon geste ou non. Mais ce que je vois, c'est le bracelet que je lui ait offert à Londres. « Tu le portes... » je murmure, touché -en oubliant le jeu. Je pensais qu'elle l'aurait jeté, donné, vendu, ou simplement fourré au fond d'un placard, dans le genre de boîte qu'on oublie à jamais. Au poignet de ma propre main, sa montre n'a pas bougé. Elle quitte ma peau aussi rarement que possible. J'ai pensé à la jeter aux oubliettes, mais je ne m'y suis jamais résigné.
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Réapprendre à se connaître. Ils connaissaient en profondeur une partie de l'être aimé, sans vouloir se pencher sur d'autres choses, semblait n'être que des détails à ignorer pour vivre leur relation. Joanne l'avait réalisé il y a un bout de temps, se montrant parfois même trop insistante sur certains points, ne demandant qu'à en savoir plus sur lui. Connaître son parcours, sa vie d'avant, aussi horrible pouvait-elle être, dans ce bain d'aristocrates. Si elle ne connaissait pas cette partie de sa vie qu'il préférait jamais, elle savait qu'elle ne pourrait jamais entièrement le déchiffrer, décoder ses quelques mots, ses gestes trompeurs. Joanne était curieuse de tout de ce côté là, elle se montrait très compréhensive sur les faits et sur ce qu'il s'était passé. Elle se sentait prête à entendre tout, ayant conscience que ça la dépasserait certainement. Deux mondes différents alors qu'ils voulaient vivre dans un même et unique univers. Désormais, la belle blonde savait qu'il avait été régisseur après avoir fini ses études. Une donnée supplémentaire qui complétait un peu plus ce puzzle d'un homme qui restait encore très mystérieux pour elle. Cela pouvait être décourageant, mais pas encore pour Joanne, motivée par ce renouveau de leur relation. "Si c'est uniquement pour étoffer la collection du musée, pourquoi me l'avoir adressée à moi ? Il y a bien d'autres personnes que vous aurez su satisfaire avec ce colis." demanda-t-elle, souriante. Il aurait très bien pu l'envoyer pour le directeur du musée, qui n'aurait fait que bichonner davantage ce précieux donateur par de multiples moyens. Ou un autre conservateur. Perplexe, elle se permit de lui poser comme question "La transaction... était-ce avant ou après que nous nous retrouvions ?" Il le devait, parce qu'il le pouvait. Jamie pouvait se permettre une multitude de choses. La conservatrice n'avait jamais cherché à connaître le montant affiché sur ses relevés bancaires, et ça ne l'intéressait pas. Elle ne préférait même pas y songer, le chiffre lui causerait certainement un malaise. "Je ne sais peut-être pas ce que c'est, mais je connais vos goûts en matière d'art et votre intérêt pour l'histoire. Ces objets doivent être d'une valeur inestimable." Joanne ne pensait pas au plan financier, mais de sa valeur historique, de ce que cela pouvait traduire et retranscrire. Ces petits détails qui nous donnaient des détails d'information pour mieux comprendre un passé plus qu'enrichissant. "J'ai donc toutes les raisons de vous remercier." Jamie avait toujours été méticuleux dans ses choix, ayant un goût très affiné par rapport aux détails, à la valeur que l'on pouvait attacher à une relique. Elle l'admirait beaucoup, totalement ravie qu'il y avait encore des personnes qui s'intéressaient presque autant qu'elle à ce que d'autres pensent n'être que des vieilleries. Son regard bleu était plein de reconnaissance. Il avait réussi à le capter, comme il savait si bien le faire, de ses yeux verts qui étaient encore souvent indéchiffrables. Comme hypnotisée, elle revint par curiosité sur l'une des phrases qu'il avait dit plus tôt. "Que pensez-vous pouvoir faire d'autre, et que vous devez faire, dans ce cas ?" Sa voix était à peine audible, avec un ton presque rêveur. Jamie avait certainement beaucoup d'autres projets et achats en tête. Il semblait par contre désapprouver les dires de la belle blonde concernant la soirée, comme si elle n'avait rien à se reprocher. Joanne le regarda avec interrogation, jusqu'à ce qu'il lui demande si elle devait se faire pardonner pour certains de ses dires. Ses yeux ne parvenaient pas à se détacher des siens, la gardant aisément sous son emprise. Elle restait immobile et muette pendant quelques temps, jusqu'à ce qu'elle lui retorque d'une voix douce "Je ne sais pas... Je devrais ?" C'était à lui de le lui dire. Elle sentit doucement les doigts de Jamie frôler les siens. Ce précontact fit bondir son coeur, repartant dans un rythme sur lequel elle n'avait aucun contrôle. Elle ne montra strictement opposition, le laissant prendre possession de quelque chose qui lui appartenait déjà. Jamie regarda alors sa main, surpris de ce qu'il voyait. Le bracelet. Il était ému. Par un mécanisme inconnu, ses iris bleus se rivèrent sur la poignet du bel homme, voyant que la montre n'avait pas changé de place. Ses yeux se mirent à briller, profondément touchée qu'il l'ait toujours. "Toi aussi..." lui chuchota-t-elle sans regagner ses yeux. Un long moment de silence s'imposa, regardant toujours la même chose. "Tu avais toutes les raisons du monde de vouloir t'en débrarasser..." Elle avait imposé une sorte de pause à leur relation, n'avait pas donné signe de vie pendant plus de trois semaines, et pourtant. Elle utilisa sa main libre pour y appuyer sa tête, posant son coude sur la table. Ne se sentant pas de taille à admirer ses yeux verts, elle se contenta d'observer leurs mains réunies. Timidement, ses doigts mirent à caresser avec douceur le dos de la main de Jamie, ayant une certaine crainte qu'il n'en veuille pas. "Je ne voulais pas et je ne... pouvais pas m'en défaire. Je... Je le porte presque tous les jours, sauf que ce n'est pas vraiment assorti avec le reste." avoua-t-elle à voix basse. Surtout que sa garde-robe étaient encore plus limitée puisqu'elle avait laissé une partie de ses affaires chez lui. "C'est un cadeau." Et ça ne se jetait pas. Beaucoup trop de valeur sentimental. "Un cadeau venant de toi."
Le mordant avec lequel Joanne insiste au sujet du fameux paquet qu'elle a reçu au musée m'amuse beaucoup. Je ne peux pas m'empêcher de sourire largement, ravi d'avoir piqué sa curiosité. « C'est vrai, j'aurais pu l'adresser à Sophia, je suppose qu'elle aurait aussi apprécié. » je lui réponds, mine de rien, haussant les épaules. Juste pour la taquiner. Je suppose que mon geste aurait eu exactement la même valeur pour le musée, qu'importe le destinataire des objets. Mais à mes yeux, je ne pouvais que l'adresser à la jeune femme assise en face de moi. Je me demande si elle l'a bien deviné lorsqu'elle me demande à quel moment de la soirée a eu lieu mon achat. « C'était avant. Je voulais faire d'une pierre deux coups ; une contribution dans un domaine qui me tient à coeur et aider au financement des prochaines fouilles de l'homme qui a découvert ce qui se trouve dans le paquet. » Ce qui ne répond pas à la problématique du destinataire -et je ne compte pas le faire, même lorsque j'ajoute ; « Mais que nous nous soyons revus ou pas, les objets vous auraient quand même été remis personnellement. » Disons que je ne sais pas comment formule l'intention que j'avais à ce moment là sans donner l'impression que je cherchais à attirer son attention, ou acheter son affection avec des objets ayant autant de valeur historique que monétaire. Je suppose que c'est ce que tout cela tend à inspirer, quoi que je fasse, de toute manière. Je me contente de sourire à ses nouveaux remerciements. Puis, la jeune femme me demande ce que je peux faire d'autre que donner au musée. Je ris doucement face à une question aussi vaste, répondant sans réfléchir ; « Eh bien, je pense que changer le monde est un bon placement à long terme pour mon argent. » Et dire que je n'ai jamais été très philanthrope. Ce n'est pas le genre de concept faisant partie de mon éducation. Donner à qui peut nous rapporter, nous servir, est le mantra le plus proche qu'on ait essayé de m'inculquer. Ma volonté d'aider mon prochain, d'effectuer des actions concrètes pour mes convictions, n'est arrivé qu'à mon arrivée à Brisbane. Je suppose que c'est l'amour du pays qui m'a inspiré cela. Malgré la ville, tout reste très naturel, et les gens d'ici semblent très attachés à ce qu'il en soit ainsi. « Par exemple, il y a cet immense continent de déchets, une véritable île de plastique dont la taille fait la moitié de l'Australie, et qui se balade dans le Pacifique. Donc je donne aux expéditions prévues pour en savoir plus, et essayer de solutionner la chose. » J'ai l'impression d'entendre tous ces millionnaires qui aiment particulièrement étaler la liste longue comme le bras d'associations dont ils sont les bienfaiteurs. Quelle horreur. Mais avoir découvert ce septième continent, comme ils l'appellent, m'avait tellement choqué que je n'avais pas hésité à faire un geste. « Oh, et vous saviez que votre gouvernement est sur le point d'autoriser l'ouverture d'une immense mine de charbon en plein milieu de la Grande Barrière de Corail ? C'est d'un ridicule. » je poursuis, prêt à continuer à déballer tous les enjeux environnementaux qui attirent mon attention dernièrement, et pourquoi pas embrayer sur des causes culturelles jusqu'à la fin du repas. Je me mords la lèvre pour me stopper et ris nerveusement ; « Pardon, il ne faut pas me lancer sur ce genre de sujets, je ne m'arrête plus. » Il faut dire que, au fond, il y a vraiment énormément de choses que je peux faire, que je dois faire. Nous avons finalement évoqué la soirée de la semaine dernière. Joanne me demande si elle devrait en effet regretter quelque chose. J'arque un sourcil, pensant que c'est plutôt à elle de me dire cela. Mais puisqu'elle me retourne ma question, je lui réponds simplement ; « Je ne trouve pas, non. » Tout du moins, je n'ai pas envie qu'elle regrette quoi que ce soit. Si cela ne dépend que de moi, alors qu'il en soit ainsi : cette soirée était parfaite, et je n'ai rien à lui faire retirer sans que cela ne gâche le tableau. Elle remarque à son tour la montre à mon poignet, pensant que je m'en serais débarrassé. J'ouvre de grands yeux. Folie. « Me débarrasser de la seule chose qui me liait un temps soit peu à toi ? Sûrement pas. » dis-je avec un léger rire tant cela me semblait complètement impossible. Autant la distance a été imposé par Joanne, et il m'aurait semblé naturel qu'elle s'éloigne de tout ce qui puisse se rapporter à moi -ce cadeau compris-, pour ma part, j'aurais été incapable d'arracher cette montre à mon bras. Mais elle ne voulait pas non plus se défaire de son bijou. « Je suis content qu'il te plaise autant. » Le serveur arrive avec nos plats. L'avantage des restaurants à l'heure du déjeuner, en semaine, c'est la rapidité du service -mais dans notre cas, cela pourrait vite devenir un inconvénient, raccourcissant sensiblement notre moment à deux. Je bois une gorgée d'eau, souhaite un bon appétit à Joanne, et attaque une première fourchette. « Vous avez des nouvelles de ce cher Lionel ? » je demande, reprenant assez naturellement le vouvoiement avec un sourire. Mon coup de téléphone à la femme du directeur (et non au directeur lui-même, me disant qu'une femme serait largement plus sensible et outrée face à une affaire de ce genre, et bien capable d'être d'assez grande influence sur son mari pour le faire réagir) n'avait duré que quelques minutes. Juste le temps de lancer quelques citations de ce qui avait été dit avec une bonne précision, et de faire comprendre que je donne rarement aux établissements qui laissent passer toute forme de harcèlement sexuel, aussi minime soit-elle.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Avant. Il avait acheté ces objets avant que le hasard ne les réunisse. Bien sûr qu'ils allaient être exposés au musée, aux yeux de tous, mais seule Joanne saurait qu'il les avait attribué à son nom, et même s'il ne s'agissait que quelques griffures au stylo, cela signifait beaucoup pour elle. Jamie aurait pu tout abandonner ou même l'oublier en trois semaines, il n'en était rien. Il comptait envoyer ce don au musée, tout en ayant une pensée pour elle, alors qu'il aurait pu passer outre. Joanne nota la subtilité du geste : il aurait très bien pu lui envoyer un bouquet ou autre directement sur son bureau, rien que pour elle, mais là il avait malicieusement utilisé un autre moyen habile et quasi inaperçu pour montrer qu'elle était toujours dans son esprit. La jeune femme resta silencieuse un moment, touchée. "Je ne vous donnais aucun signe de vie, pendant des semaines, mais vous vous étiez tout de même pris le temps de penser un peu à moi..." Elle culpabilisait un petit peu, mais savait qu'elle n'y pouvait rien. Ce recul lui avait été nécessaire, sur de nombreux points. D'abord pour guérir des blessures, autant physiques que mentales, puis revenir doucement sur ces mois passés ensemble -qu'elle ne regrettait pas. Elle aurait voulu que le temps s'accélère pour que leur relation soit acceptable aux yeux de tous, et avant tout, aux yeux de Reever. La belle blonde savait que Jamie s'intéressait à beaucoup de choses, mais il ne lui avait jamais dit qu'il donnait également de l'argent pour des association écologiques. Une belle intention. Elle avait toujours pensé que ces gens riches donnaient pour dorer leur plastron souvent souillé par des ereurs qui les poursuivaient pendant des années. Qu'importe la somme, ils donnaient leur argent juste pour dire que, et ne se souciaient plus ensuite des exploits des associations pour lesquelles ils avaient investi. Jamie semblait vivement concerné par le sujet, on devinait facilement que lorsqu'on le lançait sur le sujet, il était impossible de le stopper. Joanne faisait aussi attention à ce genre de choses, mais à moindre mesure. Le tri des déchets, l'économie des ressources, ce genre de choses. "Une conservatrice ne peut pas faire grand-chose face aux décisions de son gouvernement." Une triste réalité. Tant que cela allait apporter de l'argent au pays, on se fichait de l'avis de sa population. "J'agis pour l'écologie à échelle bien plus minime que la vôtre." ajouta-t-elle d'un sourire. Elle ne pouvait pas se permettre de faire plus de dons. "Mais tous les deux mois, j'aide au financement des recherches pour le cancer, ou pour des maladies peu connues du grand public." Ce n'était pas des sommes extravagantes, mais elle pensait que ça les aiderait tout de même, ne serait-ce qu'un peu. Le grand-père de Joanne avait eu un cancer des poumons alors qu'il n'avait pas touché une seule cigarette de sa vie. De récents résultats ont pu prouver que cette anomalie génétique aurait été déclenché d'une certaine façon, qui aurait engendré la mutiation des cellules pulmonaires en cellules cancéreuses. Pour Joanne, la génétique s'exprimait différemment, rien ne laissait à penser qu'il lui arriverait la même chose que son grand-père. Ce dernier est d'ailleurs toujours bien là, avec un bout de poumon en moins, mais en très grande forme. Le genre de choses qui donne espoir et qui motive Joanne à donner. "Quand un membre de sa famille est touché, on est tout de suite plus sensibilisé." dit-elle en haussant les épaules. Elle ne pensait aucunement à elle-même en envoyant cet argent. Jamie s'excusa de s'être lancé dans le débat, qui aurait effectivement pu être interminable. La jeune femme lui sourit en toute sympathie. "Ce n'est rien. Il est bon de savoir à quoi vous vous intéressez." Parce que pour cette partie écologique, elle l'ignorait aussi. Combien de choses ne s'étaient-ils pas dit sur eux-mêmes ? La liste lui semblait soudainement très longue. Ensuite, Jamie lui dit qu'il ne trouvait pas qu'elle devait regretter quoi que ce soit de ce qu'elle ait pu dire lors du gala. Elle sourit, heureuse de savoir qu'elle n'ait pas poussé le bouchon trop loin. Il semblait tenir énormément à la montre que lui avait offert Joanne, malgré tout. "Et qui nous lie encore... non ?" demanda-t-elle à voix basse, incertaine de ses paroles. Elle aurait volontiers faire perdurer ce sujet de conversation et garder ce contact avec sa main, mais le service était particulièrement rapide, et l'employé se trouvait déjà là à servir les plats, alors que Joanne ne s'était même pas encore pris le temps de boire une gorgée de son jus de fruits. Elle remercia le serveur d'un sourire avant que ce dernier ne s'éclipse. Ils se souhaitèrent un bon appétit et commencèrent à manger. Il venait aux nouvelles de son sous-directeur. Joanne devina rapidement qu'il s'était permis d'intervenir là où il fallait. Joanne but de son de jus de pomme et commença à manger un morceau de viande. "Il est venu me dire lui-même qu'il démissionnait, en début de semaine, prétendant avoir eu une opportunité ailleurs." dit-elle simplement, quoiqu'elle ne croyait pas trop ce que son ancien supérieur lui avait dit. "Les bruits de couloir disent qu'il se serait bien fait remonté par le directeur, qui lui sait très bien que nous sommes... eh bien..." Joanne ne savait pas si elle pouvait se permettre de dire qu'ils étaient ensemble ou en couple, et préféra ne pas finir sa phrase en buvant un peu de jus. Les bruits de couloir, c'était Sophia, parce qu'elle arrivait à savoir tellement de choses, à soutirer des informations de partout, Joanne se demandait comment elle y parvenait. Joanne sourit, gênée en pensant à ce qu'elle lui avait raconté.
Le regard encore posé sur nos mains qui se touchent timidement, regardant ce bracelet apposé à cette montre, je souris à la question de Joanne pour seule réponse. Bien sûr, ce cadeau me lie toujours à elle. Il me lie aussi à Londres, aux souvenirs que nous avons de notre séjour là-bas, bons comme mauvais. Il me lie au jour où je lui ait dit que je l'aime, à la première fois où elle est parvenu à me briser le coeur, puis à la première fois où nous avons fait l'amour ensuite. Sans oublier les heures passées à traîner, à discuter, à ne rien faire, ou à se balader, découvrir la ville, les musées. Il me rapporte à sa présence dans le cimetière lorsque je suis allé dire au revoir à mon frère. Toujours sa présence, face à mes parents. Ce fameux jour où elle est devenu ce que j'ai de plus cher. Cette montre, au final, a été le discret témoin de notre relation, depuis ses débuts officiels à sa fin. Et maintenant, elle participe au retour de la flamme, à ce nouveau chapitre. Elle a bien trop d'importance à mes yeux pour que je puisse songer m'en défaire un jour. Elle restera sûrement à mon poignet jusqu'à ce que le bracelet en cuir ne lâche. Que Joanne veuille être à mes côtés ou non. Elle reste le cadeau de mon tout premier véritable amour. La preuve que je suis bien capable d'aimer -et même d'être aimé. Autant de souvenirs, de sensations et d'émotions qui ne me quittent jamais. Les plats arrivés, je change de sujet en demandant des nouvelles du supérieur de la jeune femme. Ma confrontation avec lui a été la première véritable épreuve pour mon sang froid depuis ma crise de colère à l'hôpital, et je ne pensais pas la réussir aussi bien. Mais je dois dire que depuis l'épisode qui m'a valu l'éloignement de Joanne, quelque chose a immédiatement changé. Je n'ai jamais eu confiance en moi-même, en ce que je peux découvrir à mon sujet, et cette fois, j'ai réussi à me faire peur, à me choquer. Perdre ma compagne a été une belle leçon, et parallèlement à cela, mes jours de repos m'ont permis de me souvenir la raison de mon départ de Londres : ne plus être sous le contrôle de quoi que ce soit, choisir ma vie. Et laisser la colère prendre possession de moi au point de ne plus contrôler mes gestes va largement en dehors de ces deux principes. Je suppose qu'une telle colère contre le monde entier est normale après une vie de peur et de frustration. C'est le juste retour des choses, un effet de balancier extrême. Cette nouvelle période passée, je peux enfin choisir la direction à emprunter. Et cette sensation de liberté, d'être défait de mes dernières chaînes, me rend parfaitement serein. Je me sens moi-même plus confiant et épanoui. Prêt à réellement profiter de la vie, et accepter le moindre bonheur qui se présente à moi. Il reste toujours une entrave à mes yeux, mais je parviens à faire avec ; deux cachets tous les soirs, après tout, c'est peu cher payé pour se sentir en paix. Peut-être viendra le jour où je m'en passerai. Je porte ma fourchette à ma bouche en écoutant Joanne m'annoncer que le sous-directeur en question avait annoncé sa démission. J'ai d'abord l'air surpris par la radicalité de la décision, avant d'esquisser un rictus satisfait. « Oh, parfait. » dis-je en haussant les épaules. Le directeur aurait donc pris des mesures, influencé par ce qu'il a pu voir de Joanne et moi il y a quelques temps. La belle avorte sa phrase dans son verre de jus. Mais j'insiste pour qu'elle la termine ; « Que nous sommes ? » je demande, à la fois curieux et malicieux. Je ne sais pas ce que nous sommes à ses yeux, tout est encore très flou, sans contours. Sa réponse pourrait m'éclairer sur le sujet. Quoi qu'il en soit, mon coup de téléphone a porté ses fruits. Peut-être trop. « Vous ne m'en voulez pas, j'espère. J'ai expliqué la situation au directeur… enfin, à sa femme. Mais je les ai laissé décider de l'attitude à adopter. Je n'ai rien demandé de tout ça. » dis-je afin qu'elle ne pense pas que j'ai exigé le renvoi de son ancien supérieur. Néanmoins, est-ce seulement vrai ? Mon regard reste planté dans mon assiette alors que je réfléchis à la question. En appelant, est-ce que j'ai vraiment laissé le moindre choix à qui que ce soit ? Je pensais l'avoir fait, mais au fond, c'est sûrement se voiler la face. Qu'aurait-il pu se passer d'autre ? « Ou peut-être bien que oui... » Je ravale mon malaise avec un peu d'eau. « Je suis désolé. » dis-je sincèrement, mon regard dans le sien.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il fallait bien évidemment qu'elle termine sa phrase, ayant plus qu'éveillé la curiosité de son interlocuteur. Jamie ne la quittait pas des yeux, son regard la troublait. Qu'était-il, désormais ? Avant qu'ils ne se séparent sans se voir pendant plus de trois semaines, ils s'étaient langoureusement embrassés sur une plage, comme s'il s'agissait d'un au revoir. Et c'était un peu le cas. Tant de jours étaient passés, mais il n'y en avait pas un seul où Joanne ne pensait pas à lui. Il l'avait prise de court en exigeant d'elle qu'elle termine la phrase, parce qu'elle ne savait pas quoi répondre. Elle ne voyait pas comment décrire leur situation. La belle ouvrait la bouche à plusieurs reprises, pensant avoir trouvé le bout de phrase le plus correspondant. Gênée, elle baissa les yeux et se massa la nuque, se sentant incapable de trouver une réponse correcte. "Que nous sommes ensemble, d'une manière ou d'une autre." finit-elle par dire à voix basse. "Quoi nous fassions, où que nous étions, j'avais un peu toujours en tête que nous étions tous les deux ensemble." Joanne sentait qu'elle s'était comme greffée à Jamie, à sa vie, incapable de s'en défaire. Elle maintenait le même ton de sa voix, s'assurant que personne n'écoute leur conversation. "Malgré tout ce qu'il s'est passé entre nous dernièrement, il n'y a pas eu un seul instant où je désirais me passer de vous. Alors que beaucoup de choses me disaient d'aller voir ailleurs... Mais je ne le pouvais pas, et surtout, je ne le voulais pas." Embarrassée, Joanne gardait ses yeux baissés, ses doigts commençaient à trifouiller ceux de son autre main. "Je... Vous êtes la seule personne à avoir vu, vécu et à s'être autorisé des choses avec ou pour moi. Et je voudrais que ça continue à être le cas. Que ce ne soit que vous." D'être cette unique personne dans sa vie. Elle aurait bien pu mentionner son ex-mari, elle devait certainement penser la même chose de lui quand elle l'aimait. Mais là, il n'y avait que Jamie, il n'y avait que lui qui comptait. La jeune femme rit nerveusement. "Vous devez certainement me prendre pour une folle, à m'entendre dire tout cela." Toute personne sensée ne se serait pas rapproché de lui, en ayant vécu ce que Joanne avait enduré. Mais cette dernière savait qu'il ne recommencerait jamais, qu'il le regrettait très certainement. Elle le connaissait suffisamment pour dire que c'était la rage qui avait pris le dessus sur son corps et qui l'avait obligé à faire ces gestes violents, et rien d'autre. Ce n'était pas Jamie, lui était revenu la seconde après avoir vu Joanne au sol, complètement terrifiée. Elle avait eu le temps de ressasser encore et encore cette scène, à l'analyser sous tous les angles. Sophia appuyait ses pensées et songeaient à la même chose. Joanne terminait doucement son repas -les doses étaient parfaites pour un déjeuner de midi. Il n'y en avait pas de trop pour ne pas s'endormir le reste de l'après-midi, sous le poids des aliments ingurgités. "Je suis désolée, je me laisse facilement emporter." En repensant à tout ce dont ils avaient déjà vécu ensemble. Joanne n'arrivait pas à sortir de sa tête leur semaine à Londres. Une semaine parfaite à ses yeux, où il n'y avait qu'eux deux, à ignorer le monde qui les entourait. Elle ferait n'importe quoi pour que cela se reproduise au moins une fois de leur vie, s'il l'acceptait et continuait à l'aimer toujours autant. Jamie s'excusa rapidement d'avoir tellement influencé le directeur, sans vraiment le vouloir, dans le choix de remonter les bretelles l'ancien sous-directeur.. Il avait comme un léger malaise de savoir qu'il ait incité quelqu'un à démissionner d'un poste assez prestigieux. "Vous n'avez pas à vous excusez." dit-elle d'une voix douce, avec un sourire qui se voulait rassurant. "C'était son choix à lui de partir, le directeur l'aurait volontiers gardé à partir du moment qu'il ne recommençait pas ce... type de comportement." Elle haussa les épaules. "C'était un fin négociateur, et un très bon diplomate quand il voulait l'être, mais peut-être pas suffisamment attaché aux valeurs que dégagent le musée et à ses principes pour continuer ainsi." Elle porta son verre de jus de pomme aux lèvres afin d'y boire deux gorgées. "Il a tenu à me préciser qu'il est persévérant." dit-elle dans un soupir. "Je ne pensais pas qu'il... était intéressé par... moi." L'idée même la surprenait et la dégoûtait dans la mesure où il s'était permis bien des gestes alors qu'il n'y avait strictement rien entre eux. Du moins, ça n'allait que dans un sens. Il était temps de passer à un autre sujet de conversation. Joanne finissait déjà son assiette. Le temps passait tellement vite, les empêchant de se retrouver comme il le faudrait. Elle jeta rapidement un oeil dehors, voyant qu'il pleuvait toujours des cordes. Joanne lui aurait bien proposé de se promener un peu avec lui, mais là encore, on les en empêchait. Elle soupira, une nouvelle fois, l'air triste. Le serveur vint débarrasser les assiettes vides, proposant ensuite la carte des desserts. Joanne opta pour un fondant au chocolat. Une fois parti, elle reprit la parole. "J'avais laissé beaucoup d'affaires chez vous..." commença-t-elle, retrouvant le sourire. "Avez-vous déjà recolonisé l'espace libre avec de nouveaux achats ?" demanda-t-elle avec un rire, le connaissant sur ce point. Elle n'y pensait pas à mal, elle ne s'attendait de toute façon pas à ce qu'il vienne lui demander une nouvelle fois de vivre chez lui dans les mois qui viennent, ce serait beaucoup trop beau.
Ensemble. Pour elle, nous sommes, et nous étions toujours ensemble, d'une certaine manière. Malgré tout ce qui a pu se passer et la distance qui a été mise entre nous, nous restions liés pour elle. Sur le moment, je m'en veux d'en avoir douté. D'avoir quasiment baissé les bras. J'imagine que je pouvais difficilement penser autre chose après trois semaines d'un silence parfait, suivant mon attitude impardonnable. C'était plutôt légitime de penser que Joanne ne reviendrait pas. Pas après tout ça. Elle avait largement assez subi de choses, un divorce, une fausse couche, pour avoir envie de se protéger de tout autre danger. Il y avait toujours une infime chance qu'elle me pardonne, mais si minime… « J'avoue que j'avais si peu d'espoir que vous reveniez vers moi que j'avais du mal à nous considérer « ensemble »... » dis-je avec une voix assez basse pour traduire ma gêne. Je déglutis, cherchant quoi dire pour la rassurer. Qu'elle n'aille pas penser que je l'avais oublié pendant mon attente. « Je ne me suis pas intéressé à qui que ce soit d'autre. J'ai continué d'attendre, mais à cette soirée, j'avais commencé à me résigner. » Le fait est que si Joanne n'était pas réapparue, il y aurait eu de grandes chances pour que je me penche un peu plus sur Hannah, que j'avais trouvé particulièrement captivante. Je n'aurais certainement rien tenté, mais je me serais permis de m'en approcher. Cela n'a pas eu à arriver. Je suis très touché par les paroles de Joanne, auxquelles je ne m'attendais pas. Malgré ce qu'elle avait pu dire au gala, j'avais gardé une certaine distance de sécurité vis à vis de ses propos que je mettais grandement sur le compte du champagne. Cette fois, rien ne m'empêche de les croire. Je lui souris doucement pour la rassurer alors qu'elle pense que je vais la croire folle. « Pas du tout. Je ne me permettrais pas de penser ça. » Même si je ne comprends absolument pas quels mécanismes au sein de son crâne blond l'ont amené à revenir vers moi, à refuser de tirer un trait sur notre relation, je me garde bien de la croire folle. Je suis bien trop reconnaissant pour ça. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle avait baissé les bras me concernant, pensant qu'il valait mieux tout laisser tomber, que notre histoire n'en valait pas la peine. Elle fait preuve d'une incroyable bonté. « Je pense que j'ai beaucoup de chance que vous vouliez encore de moi. » dis-je sans oser la regarder, mordillant nerveusement ma lèvre inférieure. Je la retrouve à peine que j'ai l'impression d'avoir fait la bourde du siècle. Faire démissionner son supérieur, j'ai fait fort. Même si cela me ravit de savoir que ce Lionel ne sera plus dans le même bâtiment que Joanne à longueur de journée, capable de recommencer ses gestes déplacés, mettre un homme au chômage n'est pas vraiment une chose dont je peux être fier. C'était peut-être son choix, mais sans ce coup de téléphone, il restait des chances qu'il reste à sa place. « Persévérant ? Après ça ? Je rêve. » Ou pas. Je retire. Qu'il s'en aille aussi loin que possible, qu'il s'enterre à Perth, et qu'il n'approche plus. De toute manière, je ne veux plus en entendre parler. « Je crois que la seule chose qu'il ait dite qui ne soit pas profondément idiote, c'est que vous n'avez pas conscience de votre charme. » dis-je à Joanne avant que le serveur n'apparaisse pour prendre nos assiettes vides. Le temps passe bien trop vite. L'idée de la quitter dans une poignée de minutes me serre le coeur. Mais je ne la laisse pas me gâcher ce moment, dont je veux profiter de chaque seconde. Sans même regarder la carte des desserts, je demande une coupe de glace à la vanille -pour laquelle le monde entier sait mon adoration. La table vidée, ma main vient se poser à mi-chemin, paume ouverte, l'invitant à y déposer la sienne. Joanne évoque les affaires laissées chez moi ; mon coeur rate un battement à l'idée que sa phrase suivante consiste à me demander de les récupérer. Je ris nerveusement, soulagé et amusé, quand elle demande finalement si j'avais repris possession de l'armoire. « Non, je n'ai touché à rien. » dis-je en songeant au fait que j'ai à peine osé ouvrir cet espace dédié à la jeune femme dans le dressing. « Mais j'ai quand même fait des achats. » j'ajoute avec un rire. Ils se sont juste entassés dans mon espace, qui n'est décidément plus aussi rangé que ce que je souhaiterais. Mon regard fuit un instant celui de la belle en repensant à la robe qui attends toujours de rencontrer sa propriétaire. D'être portée. Celle achetée au défilé où j'ai retrouvé mon ami James. « Il y a un cadeau qui vous y attend, dans votre armoire. Je l'avais acheté il y a quelques semaines, le jour où je suis sorti voir ce défilé et… Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de vous le donner. Ca attendra votre retour, je suppose. » Si retour il y a. Je l'espère de tout coeur. Avant les deux prochaines années, de préférence.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il reconnaissait avoir perdu espoir sur son retour, et Joanne le comprenait parfaitement. Il était difficile pour elle de se relancer là-dedans. Quels mots utiliser, que lui demander, que dire. Le gala avait été une opportunité en or, et elle l'avait saisi dès qu'elle le pouvait. Elle n'aurait pas rêvé mieux, tout avait été fait pour que cette fameuse soirée devienne parfaite. Jamie ne se permettrait pas la penser folle, et ne l'était pas. Son visage afficha un sourire tendre. Elle baissa les yeux, en disant : "Le hasard a donc fait les bonnes choses au bon moment, je suppose." Il commençait à perdre espoir, et elle n'osait pas revenir vers lui. Il avait fallu d'un petit coup de baguette pour réunir ces deux âmes perdues, et ça avait fonctionné. Elle se demandait comment les choses se seraient passées si elle ne lui avait pas envoyé ce court SMS. Jamie disait avoir beaucoup de chance qu'elle veuille encore de lui. "Je crois que d'une façon ou d'une autre, je voudrais toujours de vous." Son visage afficha l'hésitation qu'elle avait par rapport à ce qu'elle comptait dire ensuite. "C'est dans ces cas là où l'on sait que l'on peut pardonner, et prendre de l'avant. Et espérer venir voir des jours encore plus beaux que ceux qui ont déjà été vécus." Un sourire s'était progressivement dessiné sur son visage de porcelaine, croisant les doigts qu'il croit chacun de ses mots, qu'il s'en imprègne et qu'il en comprenne le sens. [color=#006699]"Je sais que ce n'était pas vraiment vous, ce soir-là. Je sais qu'une colère sans nom avait pris possession de vous. Et que c'était elle qui avait agi."[/colr] Elle ne connaissait néanmoins pas les sources de cette rage, mais elles étaient multiples, elle en était sûre. Joanne l'avait déjà vu prendre les membres de Jamie comme une marionnette, à ravager tout sur son passage pour extérioriser et semer le chaos autour de lui. Il fallait bien qu'ils en parle un jour ou l'autre, et même si elle appréhendait encore les gestes un peu trop brusques de n'importe qui, elle était prête à pardonner, et elle tenait à ce qu'il le sache et qu'il la croit. Lel bel homme approuvait ensuite l'un des dires de son ancien supérieur, concernant la jeune femme. Cette dernière ne savait pas où se mettre. "Même si ce n'était pas profondément idiot, ça reste idiot quand même." finit-elle par dire avec un rire gêné, refusant ce compliment. Sa tête se baissa davantage jusqu'à ce qu'elle remarque la main de Jamie qui s'était posée sur la table, prête à accueillir la sienne. Ses yeux bleus s'alternaient entre cette paume et le visage de l'homme, le regardant avec interrogation et s'assurant que c'était réellement son intention. Elle sourit timidement et finit par y poser ses mains dans la plus grande délicatesse. Ses mains avaient toujours été plus chaudes que celles de Joanne, c'était agréable. Elle ne put s'empêcher d'exprimer une certaine satisfaction que d'être à nouveau en contact avec sa peau. Il assura qu'il n'avait pas touché à ses affaires, mais reconnut tout de même avoir fait un peu de shopping. Elle ne put s'empêcher de rire. "Je maintiens ce que je vous avais dit un jour : j'adorerai venir avec vous, vous voir essayer votre nouveau et prochain costume." dit-elle d'un air intéressé. Rares étaient les hommes qui aimaient faire de tels achats sans s'en lasser, elle tenait à en profiter. Il lui avait fait un autre cadeau. Joanne le regarda avec des yeux ronds, le dévisageant de plus en plus au fur et à mesure qu'il prononçait avec ses mots. Elle resta bouche bée pendant de longues secondes, n'en revenant pas. "Une robe à un défilé... vous... êtes-vous en train de parler d'une robe de créateur ?" Donc un vêtement hors de prix, d'une qualité irréprochable, et Joanne n'avait aucun doute sur les goûts de Jamie en matière de style. Elle restait longue impressionnée, réalisant à peine ce dont il venait de parler. Ce ne fut qu'au moment où le serveur apporta les desserts qu'elle réalisa l'autre partie de sa phrase. "Il me tarde de la voir." avoua-t-elle à voix basse, tout en brisant la croûte de son fondant de chocolat afin que son coeur dégouline sur l'assiette. "Vous m'avez déjà gâté avec tellement de choses... Pardonnez-moi, j'en perds mes mots. Je ne sais plus vraiment où me mettre." Son regard devint soudainement plus malicieux. "Mais puisque nous sommes sur cette lancée, je dois vous avouer que j'ai toujours votre cadeau d'anniversaire..." Elle marqua un temps de pause. "Vous m'aviez prise de court en ne me révélant pas la date, il fallait bien que je me rattrape." ajouta-t-elle lorsque son sourire se mit à s'élargir.
Evoquer ma crise de colère est loin de me mettre à l'aise. Malgré la gentillesse des mots de Joanne, mes yeux se baissent, ma mâchoire se serre, et je cherche mon verre pour me cacher derrière une gorgée d'eau. C'est particulièrement déstabilisant d'entendre quelqu'un d'autre évoquer ce moment, comme si j'avais été victime d'une possession -loin d'être ma première possession. Je suis désormais abonné aux fantômes et aux démons qui viennent agir à ma place comme une vulgaire marionnette. Ce n'était pas vraiment moi, ce sentiment était le plus insupportable qui soit. « C'est vrai... » je murmure. La colère a agi à ma place. Néanmoins, aujourd'hui, ce tel niveau de rage me semble injustifié. J'étais simplement tombé dans une spirale infernale dans laquelle la première étincelle de colère avait créé l'aigreur à l'encontre de moi-même et ma faiblesse face à cette permanente rage. En colère d'être en colère, à partir de là, il n'y avait plus rien à faire d'autre que d'attendre l'explosion qui mettra fin au cycle. Je soupire. Tout est complètement soir concernant ce soir là. Les souvenirs ne reviennent qu'au moment où j'ai constaté que Joanne était au sol. C'est encore une image terrible pour moi. « Je préférerais vraiment éviter d'en parler. » dis-je avant de reprendre une gorgée d'eau. Peut-être qu'un jour nous pourrons évoquer cet événement, échanger à ce sujet, mais j'en doute. Je parviens à changer de sujet en glissant un subtil compliment à l'intention de Joanne. Comme toujours, elle le refuse et en profite pour se rabaisser. Je ne cherche même plus à lui faire entendre raison. Je suppose qu'être aimée suffira à la faire sentir belle à force.« Idiote vous-même. » je souffle tout bas, mais de manière assez audible pour qu'elle l'entende. Je lui adresse un sourire malicieux. Il se transforme en rire lorsque Joanne insiste afin de m'accompagner un jour où je souhaiterais me faire faire un nouveau costume. « Et je maintiens que vous pourriez vous ennuyer ferme. » Je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant à regarder quelqu'un se faire mesurer sous toutes les coutures, choisir un tissus, essayer une cravate ou des chaussures. Parlant vêtements, j'en profite pour mentionner la robe que je comptais offrir à la belle il y a des semaines de cela. Nous étions en froid lorsque je l'avais acheté, et j'avais l'espoir que la situation s'améliore pour la lui donner, mais cela n'a pas été le cas. Quand mon regard se pose sur Joanne, je vois avec étonnement sa mine bouche-bée, cherchant ses mots. Je dois être beaucoup trop habitué à mon propre univers pour comprendre en quoi ce genre d'achat est si choquant. « Oui mais... » A mon tour de chercher mes mots, gêné, ne sachant pas si j'ai fait quelque chose de mal ou non. « Je vous jure que ça n'a rien à voir avec votre robe de l'autre soir. Elle est vraiment très simple et... » Et je ne vais quand même pas gâcher la surprise en la lui décrivant de long en large pour lui assurer qu'elle pourra tout à fait porter cette robe au quotidien. « Vous le verrez par vous-même. » dis-je finalement avec un sourire, toujours gêné. J'ai l'habitude de gâter mon entourage, sans trop savoir pourquoi. Je suppose que, comme les gestes, les cadeaux sont une autre manière de montrer mon affection afin d'éviter les mots. Sans oublier le bonheur que cela me procure de voir quelqu'un recevoir une surprise. « Vous allez devoir vous trouver un endroit où vous mettre parce que j'ai la fâcheuse tendance de couvrir les personnes que j'aime de cadeaux. » Et je ne suis pas le seul. Joanne évoque un cadeau d'anniversaire. C'est à mon tour d'ouvrir de grands yeux, particulièrement surpris. « Oh non. Non, je… » Je ne trouve pas mes mots. C'est inutile à vrai dire. « Je suppose que c'est trop impoli de refuser un cadeau. » dis-je résigné, mais souriant. J'avais pris soin de garder mon anniversaire secret -jusqu'à ce que Lehyan ne gâche tout. C'était mon choix, Joanne n'a pas à se rattraper de quoi que ce soit. Mais si elle a déjà acheté quelque chose, je ne vais pas le lui jeter à la figure. « Mais je ne suis pas certain d'avoir mérité le moindre cadeau. » j'ajoute en haussant les épaules. La présence de la jeune femme est déjà un immense cadeau en soi, je ne peux pas demander plus. Le repas touchant à sa fin, le serveur revient nous débarrasser. Au moment de demander l'addition, Joanne me devance. Je la regarde, surpris, et malgré mes protestations, elle insiste et je me plie. La pluie n'a pas cessé dehors, et je n'ai toujours que mon manteau pour m'en protéger. Heureusement que la radio est à deux pas. « Je suis en congé exceptionnellement samedi prochain. Est-ce que c'est un bon jour pour se revoir ? » je demande timidement, espérant qu'elle accepte. N'ayant qu'une envie : passer du temps avec elle, encore et encore.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Parler de cette horrible soirée mettait Jamie dans une position inconfortable. Elle l'avait bien vu et pouvait le comprendre. Peut-être était-il trop tôt pour reparler de ce fâcheux événement mais Joanne se doutait que cela devait revenir un jour ou l'autre. Il admettait ce qu'elle venait de dire et préféra passer rapidement le sujet. La belle blonde accepta d'un signe de tête et d'un sourire compatissant, afin de conclure cette conversation et d'en venir sur une nouvelle. Pour venir sur quelque chose qui mettait Joanne aussi mal à l'aise, mais d'une autre façon. Les compliments. Ces petits mots doux qu'elle n'arrivait pas à accepter de qui que ce soit, même de Jamie. Elle ne savait jamais quoi dire ou quoi faire à ce moment là, et ayant peur de réagir d'une mauvaise façon, elle préférait les refuser et dire que ce n'était pas vrai. Elle le pensait la plupart du temps, se demandant sérieusement ce qu'on pouvait lui trouver de si charmeuse, ou autre beaux mots de ce genre. Il la traita d'idiote avec un sourire malicieux en coin alors qu'elle haussait un sourcil à cette remarque. Elle lui sourit sans rétorquer quoi que ce soit. Jamie semblait si sûre de lui en disant qu'elle s'ennuierait certainement à le voir se trouver un nouveau costume et tous les accessoires qui s'y attacheraient. Elle l'accompagna dans son rire avant de lui dire qu'il ne fallait pas sous-estimer les capacités de certaines personnes lorsqu'il s'agissait de shopping. Encore moins quand on parlait de femmes, certains misaient cela sur une histoire de génétique. Mais Jamie était la preuve vivante que ce n'était pas le cas. Elle viendrait un jour avec lui, elle se le promit. Il était certain qu'elle ne se permettrait jamais de mettre le même prix pour des vêtements, et il venait de le prouver en reconnaissant lui avoir acheté une robe de créateur. D'un styliste qui peut se permettre de faire des défilés. Il se trahit un peu lui-même en essayant de la rassurer, qu'il s'agissait de quelque chose de simple. Jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il allait trop en dire. Ca le rendait adorable, Joanne ne put s'empêcher d'en sourire. "J'ai hâte de la voir". finit-elle par dire, enthousiasmée de voir ce qu'il avait bien pu prendre pour elle. C'était à son tour d'être surprise d'entendre qu'il y avait également quelque chose pour lui. Il disait que c'était impoli de refuser un cadeau. "Ca l'est, en effet." se contenta-t-elle de répondre. Bien évidemment, il pensait ne rien mériter, surtout après les récents événements. Joanne lui sourit tendrement, en caressant doucement sa main à l'aide de son pouce. "Soyez-le, maintenant. Soyez certain." Si elle pensait qu'il n'aurait pas du avoir ce cadeau, elle ne lui en aurait jamais parlé. A moins qu'elle voulait lui faire un coup bas et revenir volontairement sur sa décision, mais ce n'était pas son genre. L'idée même ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Ce n'était pas avec joie qu'elle vit le serveur arriver afin d'enlever tous les éléments vidés qui se trouvaient sur la table. Après des négociations difficiles et beaucoup d'insistance, elle parvint à payer l'addition, malgré les nombreuses contestations. Elle gagna un air victorieux lorsqu'il baissa les bras, pleinement satisfaite de sa persévérance. Ils se levèrent, et avant de quitter le restaurant, Jamie lui demandait si se revoir le samedi suivant serait convenable. Voir qu'il veuille aussi la revoir la touchait beaucoup. Ce rictus ne quittait pas ses lèvres, et elle parvint ensuite à acquiescer d'un signe de tête. "Oui, c'est parfait." répondit-elle les yeux pétillants, avec beaucoup d'enthousiasme. Elle était censée travailler ce jour-là, mais Sophia ne refusera certainement pas de la remplacer -Joanne lui avait sauvé la mise plus d'une fois déjà. Elle avait déjà hâte d'être le week-end suivant, d'être avec lui. Et pourquoi pas, à partir de là, tenter de se voir un peu plus régulièrement. Elle ne rêvait que de cela.