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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyJeu 27 Fév 2020 - 23:08

Il agite ses membres en même temps que le fait le moniteur. Il bande les muscles, maintient ses poignets à la hauteur de ses épaules, les mains fermement serrées, les phalanges de sa droite frôlant son menton. En un élan maladroit, il se balance vers l’avant et envoie son poing dans un buisson qui frétille à peine et duquel se détachent quelques feuilles sèches et jaunies. Il recommence le mouvement, les yeux figés sur le fameux arbuste qui ne mérite pas tant d’attention, et il s’ébranle encore légèrement. Un soupir s’échappe des lèvres de Joseph alors qu’il repose son attention sur le sportif à la prestance bien plus impressionnante que la sienne. Son corps entier semble entraîné dans une chorégraphie presque artistique, mais le sac de boxe qui lui sert de buisson (ou c’est le contraire) absorbe les chocs avec difficulté. Cela fait quelques semaines que l’ex taulard se rend sur le parking de cette salle de sport sans jamais pénétrer dans l’établissement, comme s’il n’en avait pas l’autorisation. Alors il profite de la large fenêtre qui lui offre une vue plongeante sur le gym, là où moniteurs et élèvent s’entraînent à frapper un tas de trucs - y compris l’un et l’autre. Il s’est mentalement attaché à cet homme présent tous les mardis, comme s’il l’avait indirectement désigné comme son entraîneur personnel. Et il frappe le vide, apprend en observant de loin, se ridiculise souvent devant des passants mais replace ses cheveux vers l’arrière comme si de rien n’était avant de rapidement reprendre la position de défense.

Il a de l’énergie à dépenser, Joseph. Beaucoup trop. Il se sent différent depuis quelques mois, comme si une nouvelle énergie négative s’était installée dans ses poings qu’il a souvent envie de balancer dans les dents de ceux qui l’incommodent. C’est une chance s’il arrive encore à contenir ses envies de meurtre, bien qu’il ait perdu le contrôle à deux reprises désormais. La première victime ne l’avait pas mérité, et la seconde, si. S’il ne lui a fallu que quelques moqueries pour transformer un crayon de plomb en une arme tranchante, il ne vaut mieux pas imaginer ce qu’il pourrait faire dans une situation plus dérangeante où il peut mettre la main sur un objet plus dangereux.  

Alors il tape le vide avant de taper des visages. Il sait qu’il a besoin de le faire pour s’empêcher de perdre le contrôle une troisième fois – il ne pourrait pas supporter l’idée de devenir un véritable vaurien qui utilise davantage les muscles de ses bras que celui entre ses deux oreilles. Il n’a jamais été le méchant de l’histoire, Joseph (en tout cas, pas dans sa propre version de l’histoire) et c’est bien parce qu’il n’a jamais perdu l’empathie avec laquelle il est né. Cette empathie, cette petite lumière dans ses yeux, ce sourire qui soulève le coin de ses lèvres lorsqu’un acte de bonté se produit devant ses yeux, cette façon qu’il a de cacher sa nervosité derrière un gloussement et un raclement de gorge embarrassé. Il n’est pas venu au monde dans le corps d’un criminel, Joseph. Et il ne mourra pas en en devenant un.

Il tape encore. Les feuilles de l’arbuste se frisent pour une énième fois. Ses yeux naviguent entre sa cible et le moniteur sportif. Il analyse ses mouvements et les répète, comme s’il se trouvait à la place de la jeune femme devant lui, celle qui a payé pour ses cours, elle – ou alors il la trouve jolie et a décidé de lui faire une faveur pour la draguer un peu en espérant continuer la journée ailleurs avec elle. Un peu trop concentré, Joseph ne remarque pas qu’il se décale vers la droite et son coude vient frapper la vitre, la faisant vibrer sur toute sa hauteur. Aussitôt, il se redresse en se pinçant les lèvres, s’assurant que personne dans le gymnase n’a entendu sa maladresse. Il saute alors sur l’occasion pour prendre une pause, épuisé après seulement quelques minutes. Il faut dire qu’il n’est pas au meilleur de sa forme et ce ne sont sûrement pas le manque de sommeil et la consommation de stupéfiants qui améliorent son cas. Étourdi, il trouve son confort sur un carré d’herbe près de la fenêtre, là où il pose son fessier près de son sac qui attendait patiemment le retour de son propriétaire. Il y plonge la main, en sort un paquet de clopes et en coince une entre ses lèvres en observant les voitures déferler sur le boulevard. Lorsqu’il fait craquer son briquet en dessous de l’embout, il remarque une tache d’herbe sur ses nouvelles godasses et s’empresse immédiatement de la frotter avec ses doigts. Il n’est pas question de déjà salir ce nouvel achat alors qu’il peut que trop rarement se gâter avec plus que le nécessaire.
     
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptySam 4 Avr 2020 - 15:57

Certains jours Vittorio arrivait presque à se convaincre que tout cela lui suffisait. Ce travail, cet endroit, ce diplôme de moniteur qui enfin lui servait à quelque chose après des années à moisir au fond d’un dossier sans qu’il n’ait même l’envie de lui faire honneur. Des boulots ingrats l’italien en avait connu, contrairement à la légende tous ne lui avaient pas forcément appris quelque chose, mais ils avaient au moins eu le mérite de remplir son assiette et de lui permettre d’avoir un toit sur la tête, un luxe qui n’allait pas forcément de soit lorsqu’il était arrivé à Rome tout juste majeur et sans un sou en poche. Il n’était plus à plaindre, Vitto, mais certains jours comme aujourd’hui il lui arrivait encore de contempler ce qu’il avait perdu plutôt que ce qu’il avait encore, et de se demander avec amertume : alors c’est ça maintenant, ma vie ? Il avait sacrifié des choses, des gens, des fiançailles qui peut-être auraient pu lui apporter cette illusion de réussite totale après laquelle il avait tant couru, tout ça pour réussir des études et accéder à un métier qui lui donnait enfin la sensation d’être devenu quelqu’un. Il avait représenté la loi, la Justice avec une majuscule, il aspirait à devenir quelqu’un d’important et puis … Et puis plus rien. La chute, la dégringolade, et l’exil. Dans ce pays de malheur il n’était plus personne, et puisque sa modestie ne l’avait jamais étouffé il avait la certitude de valoir mieux que ça, même en tant que moniteur. Il aurait mérité des élèves avec un brin de potentiel, des gens qui en voulaient, qui s’intéressaient à la boxe et à ce qu’elle avait à offrir pour d’autres raisons que l’effet de mode ou le plaisir de pouvoir s’en vanter sur instagram. Ainsi se dressait le profil de son élève du mardi après-midi, créneau 15h-16h30, pas méchante malgré cette tendance à illustrer chacune de ses séances de sport par un selfie devant le miroir longeant l’un des murs, le deal passé entre elle et lui consistant à ce qu’il ne fasse plus de remarque à ce sujet en échange de quoi elle cessait de vouloir immortaliser son portrait pour présenter son « moniteur préféré » à ses followers. Qu’on le pende s’il se retrouvait un jour sur un réseau social, même Donnie n’était pas parvenu à l’y forcer pour alimenter le compte officiel d’Hibiscus.

Pas bien méchante, mais pas bien douée non plus, l'élève boxeuse. Il était pratiquement certain qu’elle faisait de son mieux pourtant, malgré la tendance à se décourager facilement et à un peu trop écouter sa fatigue. Elle faisait de son mieux mais ce n’était pas suffisant, elle brûlait des calories et huilait la machine, mais jamais elle ne pourrait prétendre à devenir une bonne boxeuse, à défaut d’une grande. Il y en avait bien un là-haut, pourtant, qui semblait doter d’un potentiel un peu plus intéressant à travailler ; Et par là-haut l’italien ne faisait – pour une fois – pas référence à une quelconque forme de pensée spirituelle mais simplement à la silhouette s’agitant maladroitement derrière les bosquets longeant les baies vitrées du rez-de-chaussée. Donnie ne l’avait probablement jamais remarqué, sans quoi il l’aurait probablement fait déguerpir depuis longtemps, mais ce n’était pas la première fois que Vittorio le remarquait dans sa vision périphérique et qu’il croyait déceler son petit manège. Lui aussi aurait bien pu dire quelque chose, c’est vrai, mais l’inconnu ne faisait de mal à personne, et l’italien avait appris à se mêler de ses affaires et à ne pas mettre son nez dans celles des autres quand cela n’était pas nécessaire. « Ce mec est vraiment creepy af. » Moniteur et élève avaient levé le nez en même temps lorsque l’inconnu, dans un mouvement malheureux avait cogné son coude contre la vitre, et l’attention revenant à Vitto la jeune femme avait cherché l’approbation du bonhomme du regard, sans toutefois la trouver. « Il t’a déjà abordée ou importunée ? » Ne voyant pas bien le rapport, elle lui avait répondu d’un ton hésitant « Non, mais … » - « Alors laisse-le. Tu ne le remarquerais même pas, si tu étais correctement concentrée. » Grommelant quelque chose que l’italien avait préféré ne pas relever, elle n’avait pas objecté plus que cela, et la fin de la leçon s’était déroulée comme habituellement. Ni moins bien, ni avec une fulgurance particulière dans les progrès de la demoiselle, si ce n’était pour son cardio clairement meilleur que lorsqu’elle avait débuté les premières leçons et s’essoufflait dès l’échauffement.

Passant la veste floquée du logo d'Hibiscus par-dessus son tee-shirt pour ne pas se refroidir – l’automne était là, après tout, même s’il n’avait pas ma même valeur sur ce caillou de malheur qu’ailleurs dans le monde – Vittorio avait fait cracher deux bouteilles d’eau au distributeur automatique qui trônait dans le hall, et pris la direction de l’allée qui séparait l’entrée de la route d’un pas tranquille. Assis à l’ombre d’un arbre, son curieux spectateur semblait vouloir prendre une pause lui aussi et observait le ballet des voitures cigarette au bec. « Tu attrapes ? » Purement rhétorique, la question n’avait servi qu’à lui faire tourner les yeux dans sa direction et s’était suivi directement de la bouteille d’eau qu’il lançait dans sa direction. Histoire de tester ses réflexes, dirons-nous. « Le manque d’hydratation. C’est la principale cause des courbatures du lendemain, avec l’absence d’étirements. » Alors à défaut de s’étirer le bonhomme pourrait au moins faire bon usage de cette eau, et accepter un conseil qu’il n’aurait pas grappillé officieusement, pour une fois. Cela ne changerait rien aux ravages provoqués par la cigarette en revanche, mais Vittorio ne pouvait pas être sur tous les fronts … Déjà qu’il ne savait pas trop ce qu’il faisait là, pour commencer. Il avait un autre cours dans une demi-heure, collectif celui-là – les pires.
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyMer 8 Avr 2020 - 14:39

Joseph est confortable dans sa bulle, son pouls légèrement plus rapide que lorsqu’il se trouve en repos. Il ne connait pas bien la technique qu’il tente d’apprivoiser en suivant des cours à travers une vitre mais il a l’impression que, plus les mardis s’écoulent et plus la danse de la boxe s’imprègnent dans ses muscles. Cela faisait un petit moment qu’il n’avait pas réveillé ces fameux muscles qui avaient poussé derrière les barreaux et ces derniers s’amaigrissaient de jour en jour, leur propriétaire n’arrivant à pas à tous les cas à satisfaire son estomac – l’orgueil l’empêche effectivement de se nourrir proprement. Les ressources, il les a. Si Deborah savait qu’il se privait quelques fois d’un repas, elle lui enfoncerait une dinde entière dans la gorge et ne le relâcherait pas tant qu’il n’a pas tout avalé. C’est peut-être la raison pour laquelle le jeune homme préfère faire profil bas, l’idée de gober une volaille de cette façon ne le fait pas particulièrement fantasmer. « Tu attrapes ? » Des réflexes, Joseph en aurait s’il n’avait pas perdu l’habitude de se faire interpeller. Trop lunatique dans sa bulle et concentré à juger l’apparence trop propre de certaines voitures qui se partagent le boulevard, il lève les yeux bien trop tard et une bouteille d’eau glaciale percute son tibia et roule quelques centimètres avant de se faire ralentir par la pelouse épaisse. Surpris, il observe cette dernière mais ne se l’approprie pas immédiatement, préférant interroger du regard le professeur de sport afin de s’assurer qu’il ne fait pas erreur sur la personne. La clope encore coincée entre les lippes, il vient la récupérer avec ses doigts pour se libérer la bouche, organe fortement pratique lorsqu’il s’agit de poser une question : « C’est pour moi ? » Non, c’est pour l’herbe, elle semblait un peu sèche. Elle est stupide, cette question, mais il ne faut pas en vouloir à celui qui a perdu l’habitude des cadeaux. Joseph ne s’attendait pas à voir le visage de ce coach d’aussi près, ayant préféré laisser une vitre épaisse les séparer jusqu’à aujourd’hui. Il faut croire qu’il y a des activités plus subtiles que de se battre contre un buisson en offrant une vue plongeante aux habitués du gym. « Le manque d’hydratation. C’est la principale cause des courbatures du lendemain, avec l’absence d’étirements. » C’est étrange. L’ex taulard s’attendait à tout sauf ça. L’inconnu aurait pu lui jeter une chaussure ; il aurait davantage compris la raison derrière ses actes. Cela fait plusieurs semaines qu’il s’offre les cours de combat sans payer le moindre dollar et voilà que le coach lui propose une bouteille d’eau ainsi que des conseils pour ne pas se réveiller le lendemain matin avec l’agilité d’une carcasse desséchée. Il ne peut donc pas s’empêcher de préciser avant que l’homme ne se mette à essayer de lui vendre ses options d’abonnement soi-disant exceptionnelles : « J’peux pas t’payer pour tes conseils. » Il détourne les yeux vers la bouteille d’eau qui crie son nom. Sa gorge lui rappelle qu’il est effectivement déshydraté et que ce n’est pas la clope qui s’effrite lentement entre ses doigts qui le soulagera. Pour libérer ses mains, il la coince à nouveau entre ses lèvres, tire une latte par réflexe et tend le bras vers la bouteille pour l’empoigner. Il la secoue pour la débarrasser de quelques brins d’herbe qui se sont collés à sa forme cylindrique et vient poser sa large paume sur le bouchon pour le dévisser. En prenant une première gorgée, il repose son attention sur le garçon perché sur ses longues jambes devant lui, le dévisageant malgré lui. Il n’arrive toujours pas à croire qu’il est là par simple bonté – ou alors, le sport permet vraiment de canaliser l’énergie de ses pratiquants et de les transformer en douillet petit nuage. C’est bien ce dont Joseph aurait besoin : avoir l’esprit aussi léger que l’air. Ce ne sera malheureusement pas possible avant qu’il ne règle la montagne de problèmes qui le tape à chaque fois qu’il tente de l’ignorer. À moins que ce soit lui qui la tape, cette montagne, mais, pour le moment, il n’a pas la technique pour se battre contre un ennemi aussi imposant. Le buisson n’a d’ailleurs perdu que quelques feuilles avant de rire de lui en lui soulevant sa troisième branche. « Alors, t’as un truc à m’vendre ou t’es une des rares âmes charitables d'la ville ? » Il pourrait se lever pour arriver à sa hauteur et paraître bien élevé mais ce ne sont pas les apparences qui comptent à ses yeux, pas depuis qu’on lui a collé une étiquette dans le front. Il est devenu ce que la société a voulu faire de lui. Certains sont nés pour devenir grands et d’autres sont venus au monde pour ne pas leur faire de l’ombre.          

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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyJeu 16 Avr 2020 - 17:52

Des quelques traits que Vittorio pensait à tort avoir décelé chez son visiteur du mardi, l’efficacité de ses réflexes en était probablement un qu’il avait un peu trop surestimé. En témoignait la bouteille d’eau minérale qui, si elle aurait pu être saisie au vol sans trop de mal face au peu de force avec laquelle il l’avait envoyée, s’était contenté d’atterrir dans l’herbe dans un bruit mou, avant de rouler jusqu’aux pieds de son destinataire. Ce dernier ne s’était d’ailleurs pas baissé immédiatement pour la ramasser, fixant le bout de plastique comme s’il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était supposé en faire, et relevant finalement les yeux vers l’italien pour demander « C’est pour moi ? » comme si le fait qu’il l’ait lancée dans sa direction n’était pas un indice suffisamment clair sur la question. À moins qu’il ne s’agisse de méfiance, mais du point de vue de Vittorio si tel était le cas il aurait mieux valu y penser avant de jouer les observateurs clandestins ; Il devait bien se douter qu’il finirait par attirer l’attention, et avait déjà de la chance que personne ne le lui ait fait remarquer plus tôt. Haussant les épaules, le moniteur avait justifié son geste par un argument plus pratique que simplement désintéressé, espérant peut-être prouver ainsi sa bonne foi, mais d’un ton bourru le bonhomme avait rétorqué « J’peux pas t’payer pour tes conseils. » et baissé à nouveau les yeux vers la bouteille, que Vittorio n’avait aucune intention de récupérer. Encore moins maintenant que s’ajoutait la possibilité que, s’il ne pouvait pas payer pour ses conseils, il n’avait peut-être pas d’argent à dépenser dans une bouteille d’eau. « Tu m’as entendu demander quoi que ce soit en contrepartie ? » L’argument, bien que donnant à l’italien l’impression d’enfoncer une porte ouverte, semblait avoir fait mouche puisque l’inconnu s’était finalement saisi de l’eau sans faire de commentaire supplémentaire. Chacun se laissant alors le temps de boire en silence, Vitto avait mis un point d’honneur à ne pas faire un pas de plus dans la direction de l’inconnu, qu’il sentait sur ses gardes et qu’il ne souhaitait pas faire fuir bêtement. Si son comportement l’intriguait déjà lorsqu’il se contentait d’occuper sa vision périphérique depuis l’autre côté de la baie vitrée, sa curiosité se trouvait désormais titillée par ces airs de bête aux abois que l’homme arborait, et que l’italien ne connaissait que trop bien. Il se demandait ce qui pouvait bien pousser ce type à être là chaque semaine, réglé comme une horloge, pour assister à un cours dont il n’était pas le bénéficiaire mais auquel il semblait porter plus d’intérêt que la nénette en brassière de sport auquel il était initialement dispensé. Et des élèves véritablement intéressés par la pratique plutôt que par le fait de se donner bonne conscience en étant inscrit dans une salle de sport, l’italien en voyait passer bien trop peu pour laisser celui-ci lui filer entre les doigts – chose qui risquait fort d’arriver maintenant qu’il se savait découvert. « Alors, t’as un truc à m’vendre ou t’es une des rares âmes charitables d'la ville ? » Ayant visiblement décidé qu’il se trouvait très bien assis, l’homme n’avait pas quitté le coin d’herbe sur lequel était posé son séant mais n’avait pas manqué de jauger Vittorio des pieds à la tête. « Elles sont si rares ? » Il n’en avait pas eu l’impression. Les étrangers n’avaient pourtant pas très bonne presse lorsqu’ils n’étaient pas des touristes, et l’accent de Vitto ne laissait aucun doute quant au fait qu’il n’était pas du coin, mais malgré tout il avait senti plus de bienveillance qu’autre chose à son égard depuis qu’il était à Brisbane, peu importe qu’elle ne soit que de surface. En aurait-il été de même s’il n’avait pas fréquenté assidûment une paroisse depuis son arrivée ? Rien n’était moins sûr. « Je n’ai rien à te vendre. Mais j’aime bien savoir à qui j’ai affaire, surtout lorsqu’il s’agit de mes élèves … y compris s’ils sont passagers clandestins. » Plutôt qu’une accusation, il s’agissait surtout de lui faire remarquer qu’il se trompait de cible s’il souhaitait subitement faire preuve de méfiance envers quelqu’un. « Si j’étais là pour te faire déguerpir je ne serais pas venu avec une bouteille d’eau, alors relax. » Ceci étant dit le moniteur s’était permis quelques pas supplémentaires, et arrivé enfin à la hauteur de l’inconnu il lui avait tendu une main, non pas pour le persuader de se lever mais pour le saluer, et montrer suffisamment patte blanche pour espérer obtenir, en échange du « Je m’appelle Vittorio. Vitto. » ajouté ensuite, que son interlocuteur se présente à son tour.
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyMar 21 Avr 2020 - 16:22

Joseph est tout de suite parti aux conclusions hâtives. Il ne faut pas lui en vouloir : il a été conditionné à penser qu’une personne l’approchant ne le fait pas pour lui faire un cadeau. Il ne lui faudra pas qu’une bouteille d’eau gratuite pour accepter l’idée que cet entraineur et là pour lui offrir compagnie. C’est donc avec le plus grand naturel qu’il coupe immédiatement les ponts en affirmant ne pas pouvoir acheter ce qu’il vient lui vendre, si c’est le cas. « Tu m’as entendu demander quoi que ce soit en contrepartie ? » Dans un silence contemplatif, il observe les yeux du grand homme, un à un, cherchant à déceler ses intentions derrière leur brillance. Ne trouvant qu’une bonté inexplicable, il se contente d’hausser les épaules et de s’emparer de la bouteille pour boire une première gorgée. Malgré tout, il n’abandonne pas immédiatement ses recherches et préfère briser le silence une seconde fois pour éviter de se sentir épié par un vautour plus haut perché que lui – lui qui a eu l’habitude d’être cet oiseau de proie quand il cherchait des victimes à frauder en promettant la magie contre quelques billets verts. « Elles sont si rares ? » Joseph ne peut s’empêcher de glousser en passant sa main dans sa barbe, sa gestuelle répondant positivement. Dans les derniers jours, on ne lui a attribué que le rôle du bouc émissaire. Les fautes, ils les a toutes enchaînées, comme s’il appréciait de gonfler sa collection d’erreurs. Mais, au contraire, s’il se battait contre un pauvre buisson quelques minutes auparavant, c’était bien pour éviter de faire de cette collection une familiarité. Il a besoin de se défouler pour évacuer toute cette testostérone handicapante serrant ses poings à la moindre infortune. Il n’aime pas ce qu’il est devenu, lui qui était l’ange parmi les criminels, celui qui distribuait des roses plutôt que des coups. La prison a bel et bien planté une graine de pourriture dans ses tripes qui se sont rapidement infectées. « Peut-être pas pour les mecs comme toi. » Il inspire la gentillesse, ce type. C’est carrément déstabilisant de se trouver face à lui, et c’est peut-être pour cette raison que Joseph n’ose pas se lever pour arriver à sa hauteur. Il aurait peur de réaliser qu’il est réellement plus petit que lui, dans tous les sens du terme. En gardant ses fesses sur la pelouse, il fait planer le mystère. « Je n’ai rien à te vendre. Mais j’aime bien savoir à qui j’ai affaire, surtout lorsqu’il s’agit de mes élèves … y compris s’ils sont passagers clandestins. » Un sourire amusé soulève la commissure de ses lèvres pour la première fois. Il prend une seconde gorgée d’eau pour réfléchir un peu avant de parler, conscient que le commentaire qu’il a envie de passer sera complètement inutile. Et puis zut, on s’en fiche. « Je pensais que tu n’enseignais qu’à des filles. » Il observe sa réaction, le regard nouvellement éclairé par la malice – ça lui fait du bien de baisser sa garde. « À moins que le mardi soit la journée des femmes et que je suis simplement mal tombé. Ou bien tombé, du coup. » Il ajoute, détaillant sa théorie sur un ton un peu plus sérieux, quoique, sérieux, il ne l’est pas. Il préfère détourner l’attention en usant de l’humour – quel humour, vous direz. Au moins, il a réussi, pour le moment, à éviter la question du passager clandestin. « Si j’étais là pour te faire déguerpir je ne serais pas venu avec une bouteille d’eau, alors relax. » Ou, alors, c’est une de ces fameuses techniques de vente qui consiste à offrir un truc banal avant de proposer quelque chose de plus grand et plus dispendieux. « J’suis rassuré, alors. » qu’il répond sur un ton mou en reposant ses yeux sur l’herbe, pensant que la discussion terminerait sur cette note. Cependant, il sent un mouvement au-dessus de sa tête et il découvre la main tendue de l’homme. Par réflexe, il éteint sa cigarette à moitié entamée contre l’herbe et la glisse dans sa poche – pas de gaspillage ici. Il attrape la fameuse main et s’y accroche, jetant un coup d’œil à Vittorio pour s’assurer qu’il le tient fermement. Il se redresse enfin pour découvrir que lui et l’entraineur sont à la même distance du ciel. « J'me disais bien que t’avais l’accent d’un mec qui a un prénom qui se termine avec un O. » Ses yeux se baladent un instant sur les tatouages décorant l’entièreté de ses bras et il ne peut s’empêcher de penser à Blake, qui arbore les mêmes. Ça le réconforte, en quelques sortes, de voir quelque chose de familier. « Espagne ? Portugal ? Une île que je ne connais pas en plein milieu de l’atlantique ? » Il sait que ses tentatives risquent d’être vaines parce qu’il n’a pas l’expérience pour discerner les accents. Il n’a jamais voyagé et n’a côtoyé que des australiens de pure souche au fil de sa vie. « Jo. » Il se présente en retour, puis souffle : « Rien d’exotique là-dedans, c’est un surnom que j’utilise pour cacher ce fardeau qu’est de partager le même prénom qu’un des personnages principaux du roman fictif intitulé La Bible. » Eh bien, tu t’améliores pour ridiculiser l’Église, Jo.

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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyVen 1 Mai 2020 - 13:06

Silencieusement, acceptant enfin la bouteille d’eau non sans qu’il ait fallu verbaliser l’évidence – il ne s’agissait que d’une bouteille d’eau, et rien de plus – l’inconnu avait toisé Vittorio quelques instants. Peut-être pas volontairement, peut-être pas consciemment, mais malgré la différence d’altitude que leur conférait leurs postures respectives l’italien s’était senti scruté des pieds à la tête, dans un mélange de méfiance et de curiosité. Mais de ses intentions l’italien n’avait rien à cacher, et rentrer dans le jeu commun de la méfiance c’eut été donner une bonne raison à son boxeur clandestin de continuer à la cultiver. Entre autres choses, ce dernier semblait d’ailleurs posséder également le cynisme en bandoulière, dont dégoulinait le « Peut-être pas pour les mecs comme toi. » qu’il lui avait lancé ensuite après quelques lampées d’eau minérale, arrachant à l’italien un haussement de sourcils et un rictus lourd des remarques qu’il préférait garder pour lui : il n’était pas venu jusque-là pour dispenser une quelconque leçon, fusse-t-elle de boxe ou de foi en l’humanité. Encore que malgré cela Vittorio classait définitivement le pourfendeur de buissons dans la catégorie des élèves, car après tout observer était déjà une façon d’apprendre et celui-là l’observait déjà depuis un moment. Suffisamment en tout cas pour être en mesure de rétorquer « Je pensais que tu n’enseignais qu’à des filles. » à ce sujet. « À moins que le mardi soit la journée des femmes et que je suis simplement mal tombé. Ou bien tombé, du coup. » Quelque chose dans le ton qu’il avait employé laissait penser à Vittorio qu’un sous-entendu se cachait derrière la remarque, mais n’en saisissant pas vraiment l’ironie il s’était contenté de hausser à nouveau un sourcil et d’épingler « Pas plus le mardi qu’un autre jour. Pourquoi, c’est l’idée de te mêler à des adversaires féminines qui t’empêche de passer la porte ? » sans trop d’animosité néanmoins. Le fait était que cela ressemblait à une fausse excuse à ses yeux, et qu’il fallait avoir bien peu de confiance en ses capacités pour craindre qu’une paire de seins soit de nature à y faire de l’ombre – et cela venait de Vitto, pas réputé pour sa vision progressiste de l’égalité homme-femme. Désireux malgré cela de montrer sa bonne foi, il avait réitéré sa volonté d’être là en paix et avait pour ce faire tendu une main engageante dans la direction de son interlocuteur pour se présenter plus formellement. Contre toute attente l’homme s’en était saisi, et se fendant d’un « J'me disais bien que t’avais l’accent d’un mec qui a un prénom qui se termine avec un O. » que l’italien avait suffisamment entendu depuis qu’il vivait ici pour ne plus s’en étonner ni sans offusquer, il avait questionné « Espagne ? Portugal ? Une île que je ne connais pas en plein milieu de l’atlantique ? » sans se donner la peine de renvoyer l’ascenseur – se présenter à son tour, donc. « Raté. Mais tu as éliminé presque toutes les options. » Plutôt que de lui fournir le fin mot de l’histoire, l’italien avait jugé plus urgent de planter à nouveau son regard dans celui de l’inconnu comme pour lui signifier qu’il oubliait quelque chose, et finalement l’homme avait indiqué « Jo. Rien d’exotique là-dedans, c’est un surnom que j’utilise pour cacher ce fardeau qu’est de partager le même prénom qu’un des personnages principaux du roman fictif intitulé La Bible. » Right, si Vittorio était à ranger dans la case des un mec comme toi, le dénommé Jo était donc à classer dans celle de ce genre de gars. « Roman le plus vendu au monde, cela dit. » Pas le plus lu, le Coran lui avait ravi ce titre, mais l’italien savait s’arranger avec les arguments qui servaient son propos. « Joseph, donc. Ou bien Josué … Pas Judas, j’espère ? » La question n’était pas sérieuse, bien qu’ il aurait dans ce cas eu de bonnes raisons pour ne pas vouloir s’en vanter, bien que cela en aurait sûrement dit plus long sur le type de personnes qu’étaient ses parents plutôt que lui-même. « Je dois quand même te faire remarquer, Jo, que de là où se situe ton point d’observation on pourrait croire que ce ne sont pas les enchaînements pieds-poings qui t’intéressent. » S’autorisant une gorgée d’eau le temps que son interlocuteur saisisse là où il voulait en venir, Vitto avait vaguement haussé les épaules « Je ne remets pas en cause ta bonne foi, t’as l’air du genre à ne pas vouloir de problèmes … Mais certains – et certaines – pourraient se faire des idées. » Et il en aurait peut-être, des problèmes, s’il n’y prenait pas garde.
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyDim 3 Mai 2020 - 22:52

« Pas plus le mardi qu’un autre jour. Pourquoi, c’est l’idée de te mêler à des adversaires féminines qui t’empêche de passer la porte ? » C’est plus fort que Joseph : il ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit là encore d’une stratégie marketing pour lui vendre des leçons de sport de combat. Cette fois, il s’est armé de la technique qui consiste à titiller l’égo d’un mec viril qui ne sentirait pas la gloire s’il n’était comparé qu’à des adversaires du sexe opposé. Malgré tout, le plus vieux entre dans le jeu, n’ayant pas l’intention de jouer plus longtemps le rôle du client déjà insatisfait avant même que le premier cours ne commence. De toute façon, il lui a déjà dit qu’il n’a aucun argent à lui glisser dans la paume en échange de ses conseils de pro, ça ne servirait à rien d’insister. Ses oreilles semblent fonctionnelles. Alors, simplement pour se faire plaisir à coups de sarcasmes, il répond sur un ton amusé : « Oh, tu sais, ça ne me servirait à rien d’entrer là si je sais que les yeux des filles sont déjà tous rivés vers leur professeur. » Pourquoi s’empêcher de complimenter un inconnu quand la parfaite occasion se présente ? Après avoir traversé des épreuves plus difficiles les unes que les autres, Joseph a appris une chose importante : il ne sert à rien de taire le positif parce qu’il se fait de plus en plus rare. Et puis, l’ex taulard a toujours eu le cœur sur la main et ce ne sont pas ses défaites répétitives qui l’ont changé pour autant. Il suffit de fracasser une pierre en mille morceaux pour se rendre compte qu’on ne change pas sa nature. « Raté. Mais tu as éliminé presque toutes les options. » Pris au jeu, Joseph fait claquer sa langue contre son palet pour imiter la déception comme s’il était l’invité d’une émission de télévision qui aurait loupé la question qui vaut des millions. À vrai dire, il n’a pas la connaissance nécessaire pour deviner les racines de ce Vittorio. Physiquement, il ressemble à tous ces australiens bronzés qui passent leur journée à attraper les vagues et à combattre des mouettes affamées qui tentent de choper leur barre tendre protéinée. En dernier recours, Joseph décide d’analyser plus amplement les dessins qui ornent l’entièreté de ses avant-bras mais aucun indice ne lui pique l’œil. Il devra malheureusement donner sa langue au chat et admettre qu’il n’est pas le plus futé des cerveaux en ville. « J’ai peur de dire de la merde alors je préfère ne plus énumérer tous les pays que j’connais. » Légèrement hébété, il croise ses bras sur sa poitrine en secouant la tête de droite à gauche, l’expression du perdant tapissé sur le visage. C’est à son tour de se présenter et, cette fois, il n’a pas à faire deviner sa ville natale car il y vit encore aujourd’hui. Incapable de seulement offrir son prénom au coach, il ne peut s’empêcher de passer un commentaire qui ridiculise l’Église – il faut bien le faire quand l’occasion se présente, c’est sur le dos de la religion qu’il pose toutes les fautes du monde. De son enfance empoisonnée aux mauvais choix qu’il a pris et qui l’ont mené vers l’illégalité puis la punition. « Roman le plus vendu au monde, cela dit. » Même s’il possède ce titre, ça ne fait pas de lui la lecture la plus agréable. « Joseph, donc. Ou bien Josué … Pas Judas, j’espère ? » Surpris, l’interrogé hausse un sourcil en esquissant un sourire. Il n’a pas l’impression de faire face à un amateur. Il l’a lu, le roman le plus vendu du monde, et il se souvient des prénoms des personnages principaux ainsi que de celui du traître. « J’imagine que certains diraient que Judas me correspond davantage mais ta première proposition était la bonne. » Il ne prend pas la peine de préciser sa pensée, espérant naïvement que Vitto oublierait le premier prénom qu’il a listé. « Je dois quand même te faire remarquer, Jo, que de là où se situe ton point d’observation on pourrait croire que ce ne sont pas les enchaînements pieds-poings qui t’intéressent. » Soudainement interpellé, il redresse le dos et observe méticuleusement le carré d’herbe qu’il piétinait en menant bataille contre l’innocent buisson. C’est seulement après qu’il repense aux élèves qui fréquentent le cours et il se pince naturellement les lèvres en grimaçant. Effectivement, la Terre entière marque un point : perché dans le haut du gym, il ressemble probablement à un lion qui attend de sauter sur sa proie. Cette perspective ne lui avait pas effleuré l’esprit avant que l’autre homme ne lui en fasse part. « Je ne remets pas en cause ta bonne foi, t’as l’air du genre à ne pas vouloir de problèmes … Mais certains – et certaines – pourraient se faire des idées. » Embarrassé, il passe sa main dans sa barbe puis sa poitrine se gonfle d’air. En un soupir, il souffle : « M’ouais. Certains pourraient effectivement se faire des idées. » Il ne fait que répéter sa phrase pour se laisser un peu plus de temps pour réfléchir. Il ne peut pas défendre son point de vue sans admettre la véritable raison derrière cette habitude qu’il a pris de camper dans ce coin. Un rire nerveux accompagne le début de sa prochaine phrase. « J’suis pas là pour mater. J’ai besoin d’canaliser mon énergie et j’avais l’impression qu’en suivant tes gestes, j’y arrivais. » Légère pause pour mettre de l’ordre dans ses idées, puis il reprend. « Mais comme j’t’ai dit, j’ai pas d’quoi payer. J’l’aurais fait, si j’pouvais, et je n’me serais pas empêché de me fondre à la masse féminine. » Il redresse son regard pour enfin l’ancrer au sien avant de prendre un ton sérieux : « T’as raison, je ne cherche pas les problèmes, alors si tu veux que j’dégage, j’le ferai. J’reviendrai pas, j’trouverai des tutos sur Google, ça ne doit pas être trop difficile. » Aussitôt sa phrase terminée, il remplit sa bouche d’eau pour hydrater chaque recoin qui avait séché à cause de la nervosité.  

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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyDim 24 Mai 2020 - 17:54

C’est avec une certaine satisfaction que Vittorio avait accueilli la tendance au sarcasme de son visiteur clandestin, son « Oh, tu sais, ça ne me servirait à rien d’entrer là si je sais que les yeux des filles sont déjà tous rivés vers leur professeur. » rétorqué avec amusement n’apparaissant pas tant comme une remarque à prendre au sérieux que comme une preuve qu’il avait un minimum de répondant – et l’italien était sensible aux gens qui ne se laissaient pas marcher sur les pieds comme de vulgaires paillassons, persuadé que l’on ne pouvait pas attendre des autres qu’ils vous respectent si vous ne vous respectiez pas déjà vous-même, pour commencer. Cela lui avait en tout cas suffit pour décider de se présenter, et pour ne pas prendre la mouche au prétexte d’une énième remarque le renvoyant à son statut d’étranger – juré, il avait pourtant fait des efforts en ce qui concernait son accent. Pas des plus calé en géographie, l’homme avait cependant rapidement déclaré forfait, se fendant d’un « J’ai peur de dire de la merde alors je préfère ne plus énumérer tous les pays que j’connais. » résigné et légèrement déconfit, Vittorio s’autorisant de son côté une gorgée d’eau avant de lui faire un geste de la main pour lui signifier que ce n’était pas très important. D’où qu’il vienne il n’y était plus désormais, c’était aussi simple – et malheureux – que cela. Un peu comme le fait tristement banal d’avoir affaire à quelqu’un qui médisait sur la bible à ses yeux, un comble lorsque l’on portait un prénom avec une telle connotation … Encore que des trois propositions établies par l’italien, toutes ne se plaçaient pas sur le même pied d’égalité. « J’imagine que certains diraient que Judas me correspond davantage mais ta première proposition était la bonne. » La réponse l’avait suffisamment interpelé pour lui faire arquer un sourcil, car il s’agissait là d’une bien piètre façon de considérer sa propre personne – allez savoir pourquoi, l’espace d’un instant il lui avait rappelé Nino. « Au fond ce n’est qu’un nom. L’important c’est ce qu’on en fait. » Et Vittorio était – heureusement ou malheureusement – de ces personnes intimement persuadées que tout dans la vie n’était qu’une question de volonté. Ou disons presque tout. Reste que se sentant désormais plus légitime à faire en remarque en ayant un nom à mettre sur le visage de son interlocuteur, l’italien s’était permis de lui faire remarquer le double-sens que son comportement de mouchard pourrait laisser entendre aux yeux de personnes un peu moins disposées que lui à offrir le bénéfice du doute. Dans une moue un peu embarrassée, le dénommé Jo avait concédé « M’ouais. Certains pourraient effectivement se faire des idées. » et fait mine de contempler son propre aveu quelques instants avant de reprendre, avec cette fois-ci un brin de nervosité. « J’suis pas là pour mater. J’ai besoin d’canaliser mon énergie et j’avais l’impression qu’en suivant tes gestes, j’y arrivais. » Ce n’était pas le but, mais néanmoins l’orgueil de Vitto avait accueilli l’aveu avec une certaine satisfaction. La suite cependant avait rendu à l’italien une moue sérieuse « Mais comme j’t’ai dit, j’ai pas d’quoi payer. J’l’aurais fait, si j’pouvais, et je n’me serais pas empêché de me fondre à la masse féminine. » et tandis que Joseph se défilait finalement tel un chat échaudé en concluant « T’as raison, je ne cherche pas les problèmes, alors si tu veux que j’dégage, j’le ferai. J’reviendrai pas, j’trouverai des tutos sur Google, ça ne doit pas être trop difficile. » lui l’avait jaugé quelques secondes en silence, réfléchissant au sous-texte qui se cachait assurément derrière ses paroles. Ce n’était pas à Nino qu’il lui faisait penser, en fin de compte. « Je doute que les buissons fassent des adversaires très stimulants pour canaliser son énergie. » À moins d’être jardinier paysagiste. Laissant à son tour échapper un vague soupir, signe qu’il n’était absolument pas certain de ce qu’il s’apprêtait à faire, l’italien avait repris « Reviens lundi soir, vingt-deux heures. J’aurai peut-être mieux à te proposer. » L’offre était à prendre ou à laisser sans qu’il n’offre la moindre possibilité d’en négocier les termes, Vitto n’étant pas non plus là pour faire dans la philanthropie, néanmoins sa nonchalance était feinte tandis qu’il ajoutait « Enfin, sauf si Google te semble pouvoir remplacer un vrai cours avec une vraie personne. Je ne voudrais pas faire concurrence à l’internet. » avec un brin de sarcasme, avant de hausser les épaules et de terminer le contenu de sa bouteille d’eau. « Et avant que tu ne poses la question, non, je ne compte pas te demander quoi que ce soit en échange. À part d’être à l’heure, je déteste le manque de ponctualité. » La fiabilité de quelqu’un se mesurait, à ses yeux, à sa capacité à être ponctuel en toutes circonstances.
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyMer 27 Mai 2020 - 0:15

« Au fond ce n’est qu’un nom. L’important c’est ce qu’on en fait. » Décidemment, Joseph n’arrive pas à faire le portrait de l’homme qui s’est présenté à lui comme une âme charitable perchée sur son petit nuage rose. Il semble protégé des préjugés et rares sont les spécimens comme lui. Il ne pensait pas tomber sur une perle rare en choisissant ce buisson pour premier adversaire – second, en fait, le premier avait été Alfie et il s’était aussi peu défendu que l’arbuste qui a été séparé de quelques feuilles et brindilles. D’ailleurs, Joseph n’avait toujours pas compris la raison derrière la soumission de son ami : la question tourne dans sa tête depuis ce jour-là. Pourquoi n’a-t-il pas essayé de lui écraser les pieds, de se projeter vers l’arrière en prenant appui sur le comptoir, d’agripper n’importe quel objet qui aurait pu faire office s’arme improvisée ? Il s’est laissé porter par le vent comme la plume qui se détache de l’aile d’un oiseau.

Même si Vittorio ne se laisse pas influencer par les apparences, il rappelle à son visiteur inhabituel qu’il n’est pas le seul présent dans le gymnase et que tous les autres yeux qui se tournent vers Joseph pourraient croire à la malveillance. Il ne nie pas les faits : il pourrait effectivement ressembler à ce pervers dans les films qui se cache dans l’ombre pour choisir sa future victime. Mais le garçon n’est pas là pour ça et il se défend comme il le peut, rappelant tout de même au coach qu’il n’a pas les moyens pour payer ses cours, bien que son unique intention depuis le premier mardi ait été de prendre du poil de la bête et d’apprendre à balancer ses poings bourrés d’énergie. Ce ne sont pas les femmes qui attirent ses yeux quand il se présente derrière la vitre. « Je doute que les buissons fassent des adversaires très stimulants pour canaliser son énergie. » Incapable de le contredire, il ricane en hochant la tête. Ce buisson n’est qu’une victime inutile. « Reviens lundi soir, vingt-deux heures. J’aurai peut-être mieux à te proposer. » Son visage est transparent : une expression de surprise peut facilement se lire dans ses traits soudainement détendus. Machinalement, il se met à hocher de la tête pour noter la date et l’heure dans sa cervelle, carte mémoire d’ordinateur surpuissant. « Enfin, sauf si Google te semble pouvoir remplacer un vrai cours avec une vraie personne. Je ne voudrais pas faire concurrence à l’internet. » Comme un  enfant sur le point de perdre sa part de gâteau au chocolat, il soulève la main et s’exclame : « Non, oui, non, non, je viens, carrément. Je suis intéressé. » Par réflexe, il porte lui aussi sa bouteille à ses lèvres, l’élève suivant déjà les gestes de son futur professeur.  « Et avant que tu ne poses la question, non, je ne compte pas te demander quoi que ce soit en échange. À part d’être à l’heure, je déteste le manque de ponctualité. » Ça tombe en plein dans ses cordes : Joseph est l’homme le plus ponctuel de Brisbane – notamment parce qu’il passe la majorité de ses journées à flâner, faute d’avoir quelque chose de mieux à faire. C’est pratique de connaître les horaires de passage des autobus par cœur. « Tu peux compter sur moi. »

Les six jours s’écoulent sans que Joseph ne passe une journée sans penser au rendez-vous qui lui a été proposé. Lundi à vingt-deux heures, il arrive quinze minutes en avance. Il ose entrer dans les lieux seulement lorsque les derniers usagers en sortent, les cheveux collés par la sueur et le visage rougi par l’effort. Plutôt discret aux abords, il tend le cou dans le gymnase à la recherche de l’homme avec lequel il a discuté une semaine plus tôt. Il porte déjà un short de sport qu’il s’est acheté la journée-même : un vieux truc en solde et démodé. Bon, s’il avait pu, il n’aurait pas choisi cette couleur de canari et aurait opté pour quelque chose de plus sobre mais il ne roule pas sur l’or. « Y’a quelqu’un ? » Il demande une première fois d’une voix faible. Il réajuste son sac sur son épaule et l’eau dans la bouteille se secoue, rappelant sa présence à son propriétaire. « J’ai amené une bouteille d’eau parce qu’une mauvaise hydratation est la principale cause des courbatures. » Il dit, amusé, en trouvant enfin Vittorio qui rangeait le matériel de la journée. Il laisse une certaine distance entre eux. « J’ai fait mes recherches et je suis presque certain que t’es italien. » Il l’interroge du regard, impatient de découvrir s’il a misé juste pour une fois.  
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyMer 26 Aoû 2020 - 14:25

« Tu peux compter sur moi. » Il l’avait entendue maintes et maintes fois cette phrase. De la bouche de ses frères, de la bouche de Vincenzo, de la bouche de sa mère, de la bouche de ces gens avec qui il avait partagé les galères de ses premiers mois à Rome. Il l’avait entendue souvent et avait été déçu presque autant de fois, il l’avait trop, beaucoup trop entendue désormais, et pour cette raison quand Jo(seph) l’avait prononcée avec enthousiasme l’italien ne l’avait pas pris au mot et s’était résolu à attendre de voir le moment venu si le bonhomme tenait parole. Il ne laissait plus le bénéfice du doute à personne, mais se gardait à la place le droit d’être agréablement surpris si quelqu’un faisait mentir son scepticisme. Et puis la semaine était passée, Vittorio avait eu mille choses à faire et à penser, et Joseph lui était progressivement sorti de la tête jusqu’au lundi suivant. Comme pour s’assurer que Donnie ne grincerait pas trop fort des dents lorsque viendrait le moment d’alléger le planning de l’italien pour lui permettre d’effectuer le dernier stage juridique nécessaire à la validation de son équivalence – un stage que Vittorio cherchait toujours sans grand succès, la plupart des cabinets et autre structures ne semblant pas familières avec le concept de devoir payer un loyer en parallèle de ses études, et donc d’exiger une rémunération – ce dernier avait accepté dans l’entre-deux de faire des heures supplémentaires. Une rentrée d’argent contre laquelle il ne crachait pas, quand bien même Brusco n’appréciait que moyennement ces journées de solitude à rallonge dont son maître ne revenait qu’à la nuit tombée, et qui le laissait donc en charge de la fermeture d’Hibiscus quatre des sept soirs de la semaine qui débutait.

C'est dans ce contexte de tranquillité relative – Hibiscus comptait toujours quelques habitués tardifs – qu’il avait donné rendez-vous à Joseph la semaine précédente, à l’abri du regard de Donnie qui n’aurait pas approuvé que Vittorio ne prenne encore la salle pour un moulin. Mais ce que Donnie ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal, pas vrai ? De dix-neuf heures trente à vingt-et-une heure trente il avait fait transpirer Youri, un ancien militaire reconverti comme agent de sécurité et qui reprenait le sport après une agression et une convalescence ; Rien à voir avec les minettes en legging. Youri était là pour souffrir – dans le bon sens du terme – et s’il semblait peu commode au premier abord l’italien avait découvert quelqu’un dont la charge musculaire équivalait la bonhommie … en clair, au même titre que les bras recouverts de tatouages de Vitto n’en faisait pas automatiquement un voyou, la carrure d’armoire à glace de Youri n’en faisait pas automatiquement une brute épaisse. Au départ du bonhomme l’italien était donc de relativement bonne humeur, et si une partie de lui regrettait de s’être rajouté des heures supplémentaires en donnant rendez-vous à Joseph quand il aurait tout aussi bien pu ranger en vitesse, fermer boutique et rejoindre Gaïa, l’autre était impatiente et curieuse de voir si le boxeur de buissons tiendrait parole et passerait la porte du local à l’heure convenue la semaine précédente.

Et contre toute attente, il était à peine vingt-et-une heure cinquante lorsque du bout du couloir s’était élevé un « Y’a quelqu’un ? » trop incertain pour appartenir à quelqu’un qui se savait parfaitement en droit de se trouver là. À l’heure, et même plus encore, donc. Les bras chargés des protections du cours de boby-combat qui n’avaient pas été rangées, Vittorio avait hélé « Ici ! » pour inviter son visiteur à passer l’accueil et le rejoindre dans le gym, et quelques instants plus c’était bel et bien Joseph qu’il avait vu s’inviter dans sa vision périphérique – Joseph et un short jaune criard sur lequel il n’avait pas fait de commentaire, soupçonnant que le bonhomme n’était d’ordinaire pas le genre à jeter son argent dans du matériel de sport et trouvant déjà une certaine satisfaction dans le fait qu’il s’en soit donné la peine quand bien même Vitto n’avait rien exigé de sa part à ce sujet. « J’ai amené une bouteille d’eau parce qu’une mauvaise hydratation est la principale cause des courbatures. » Laissant échapper un bref éclat de rire, l’italien avait fait un geste dans sa direction pour le saluer tout en commentaire avec amusement « On a révisé ses leçons, à ce que je vois. » puis était allé entasser les chevillères et autre protèges-poignets dans l’un des casiers tout en ajoutant à la volée « La seconde cause principale c’est le manque d’échauffement, du coup tu sais ce qu’il te reste à faire pendant que je termine de ranger. » Ce qu’il rangerait maintenant il n’aurait pas besoin de le ranger plus tard, et Bayside n’étant pas la porte à côté il ne serait pas mécontent de pouvoir enfourcher son vélo directement après en avoir fini avec Jo. « Tu sais comment on s’échauffe, hm ? » avait-il néanmoins questionné, soudainement incertain. Près d’un banc quelqu’un avait oublié une serviette éponge vert pomme, et sous ce même banc un Airpod solitaire pleurait son jumeau disparu – et l’on s’étonnait encore que la caisse des objets trouvés sous le bureau de l’accueil ne désemplisse jamais. « J’ai fait mes recherches et je suis presque certain que t’es italien. » Un sourire un brin narquois s’étirant sur son visage, Vitto avait secoué la tête « Presque certain ? » Cela manquait un peu de conviction, suffisamment pour qu’il décide de ne pas confirmer ou infirmer cette conclusion. Pour une raison obscure cela lui avait en revanche fait repenser à autre-chose « Si jamais quelqu’un débarque, t’es un camarade de promo et j’te fais bosser en échange de tes fiches de révisions, pigé ? » En tant qu’illustre inconnu Joseph n’avait pas le droit d’être là, au cas où il en aurait douté il en avait désormais la confirmation. Mais Vitto quant à lui ne semblait au demeurant pas spécialement inquiet.
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyMer 16 Sep 2020 - 19:03

Joseph savait qu’il était tombé sur l’une des rares perles qui se cachent dans les coins les plus inattendus de Brisbane. S’il n’a jamais osé mettre le pied dans ce gym qu’il espionnait depuis plusieurs semaines déjà, c’est bien parce qu’il s’attendait à faire face à un énième rejet. Comment pourrait-il en vouloir à des gens qui prennent soin de leur santé de le toiser lorsqu’il sort une cigarette ou lorsqu’il gratte l’intérieur de son bras, là où moult irritations lui pourrissent son confort depuis des années ? Il ne fait pas partie de ce monde et ce Vittorio semble avoir fermé les yeux sur leurs différences comme s’il n’avait pas remarqué que le curieux ne possédait pas les caractéristiques des familiers du gym. Certes, une couche de muscle sépare sa peau de ses os mais cette dernière se fait de plus en plus superficielle – parce qu’il ne l’utilise plus assez. Depuis qu’il ne s’ennuie plus en prison, il ne sent plus le besoin de lever des poids ou de souffler en fixant le mur devant lui, ses jambes tentant de suivre le rythme du tapis roulant. Maintenant, quand il se surprend à fixer les nuages en attendant que les aiguilles de l’horloge tournent, il sort de sa poche un petit cylindre d’herbe qu’il embrase et qu’il coince entre ses lèvres : parce que c’est tellement plus facile d’obtenir une dose de dopamine de cette façon. Pas besoin de forcer et de compter les calories. Il n’a qu’à fermer ses paupières tremblantes et laisser son cerveau flotter au-dessus de son propre corps.

Mais, ce soir, à l’heure que les deux garçons avaient fixé, il n’a pas apporté de joint ni de clope. Les poches de son short digne d’une publicité de crème solaire sont vides et il a laissé son sac à l’entrée, dans l’un des casiers qui semblent être prévus à cet effet. Il arbore un air confiant en approchant du coach qui lui a fait parvenir sa position en élevant sa voix dans l’établissement calme. Pourtant, il ne sait pas encore ce qu’il fait là, exactement. Vittorio lui a offert l’occasion de se battre contre un adversaire de sa taille – et qui ne possède pas de verdure – mais Joseph est un débutant et son simple accoutrement le crie sur tous les toits. Pour rapidement briser la glace, il présente sa bouteille d’eau à l’homme caché sous une pile d’équipements et il attend de capter son regard pour lui faire part de sa brillante décision d’avoir apporté de quoi d’hydrater : parce que c’était le premier conseil qu’il lui avait donné. « On a révisé ses leçons, à ce que je vois. » Lèvres retroussées en un sourire convainquant, il hoche la tête en s’humectant les lèvres. La simple évocation de l’eau assèche sa gorge. « Pourtant, j'ai jamais été bon élève. » Peut-être une façon pour lui de prévenir le sportif : il n'était pas l'enfant prodigue qui apprenait ses leçons. Il était plutôt celui qui collectionnait les pires notes. Il n'a plus qu'à espérer que les sports de combats et les mathématiques ne s'enseignent pas de la même façon. « La seconde cause principale c’est le manque d’échauffement, du coup tu sais ce qu’il te reste à faire pendant que je termine de ranger. » Suivant son futur coach du regard, il fronce les sourcils et laisse ses yeux patiner un moment entre les équipements qu’il traîne avec lui comme si ces derniers allaient lui donner un indice sur la méthode à utiliser. Il sautille sur place, ses semelles couinent, il s’arrête rapidement en passant sa main dans ses cheveux qui se sont déjà permis d’affronter l’air. « Tu sais comment on s’échauffe, hm ? » Ce doit être sa pose légèrement mal à l’aise qui a trahi sa discrétion. Il a un certain ego, Joseph, et ce serait difficile pour lui d’admettre qu’il ne connait pas la base du sport alors qu’il est un garçon – voilà un constat démodé que lui a enseigné son père lorsqu’il versait une larme. Un garçon, ça ne pleure pas. Un garçon, c’est fort. Un garçon sait viser entre les deux oreilles d’un kangourou et n’a besoin d’appuyer qu’une seule fois sur la gâchette pour que le corps de l’animal ne soubresaute au sol. « C’est à ce moment que j’me ridiculise complètement en disant la vérité ? » Il demande finalement après avoir haussé les épaules, bien obligé d’admettre ses faiblesses.

Il a besoin de rappeler leur rencontre, de faire référence à la moindre anecdote comme pour s’assurer que Vittorio se souvient bien de lui et qu’il ne lui demandera pas de quitter les lieux trop rapidement. Après lui avoir parlé, après avoir écouté son accent, il avait fait ses recherches et son attention s’étaient arrêté sur un pays en forme de bottine. « Presque certain ? » Son intonation le fait douter. Il n’est pas italien, alors ? Il a tout faux ? « J’ai pas raison, alors ? » Il marmonne dans sa barbe, légèrement embarrassé comme un élève devant la classe qui ne donne pas la bonne réponse et qui déclenche des éclats de rire dans toutes les rangées de pupitres. « C’est le Mexique, alors. Ou quelque part en Amérique du sud. » Il renchérit pour au moins gratter quelques points en prouvant qu’il connait les pays hispaniques. « Si jamais quelqu’un débarque, t’es un camarade de promo et j’te fais bosser en échange de tes fiches de révisions, pigé ? » Le commentaire lui met la puce à l’oreille et, naturellement, il analyse les alentours pour s’assurer que personne ne les regarde – vieux réflexe de criminel qui évite le son des sirènes. « Quoi, j’ai pas l’droit d’être là ? » Embarrassé, il lève les mains devant lui. « J’veux pas t’causer d’ennuis, hein ! » Ou, plutôt, il ne veut pas se retrouver dans une situation illégale, aussi minime soit-elle.  
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyMar 27 Oct 2020 - 15:49

La tristesse de la vie de Vittorio, c’était qu’à force de prétendre être quelqu’un qu’il n’était pas, les occasions pour lui de faire quelque chose avec spontanéité s’étaient raréfiées avec les années. Ici pourtant, à Brisbane, plus rien ne l’y obligeait et seule son incapacité à lâcher prise l’empêchait de tomber une bonne fois pour toutes l’illusion du gars lisse et dénué d’accrocs. Ici qu’il vienne de Naples ou de Rome ne faisait pas de différence, il aurait bien pu venir de Barcelone ou de Rotterdam que les gens ne l’auraient pas regardé autrement : comme l’étranger qu’il était. Ici personne ne connaissait Scampia, et il aurait bien pu dire qu’il y était né sans recevoir en échange cette grimace mi-compatissante mi-méfiante qu’il aurait assurément reçue à Rome s’il n’avait pas « embellit la réalité » comme il aimait à le dire – manière polie de qualifier ses mensonges éhontés. Ne pas se faire remarquer et se contenter de faire son boulot sans broncher, c’était ce à quoi il s’astreignait depuis qu’il avait compris que la suite de sa carrière se ferait sans doute entre les murs d’Hibiscus et que faire reconnaître ses diplômes n’était qu’une question d’égo … Alors au milieu de tout cela, cette proposition sortie de derrière les fagots de laisser un parfait inconnu accéder au complexe en dehors des heures d’ouvertures semblait venir de nulle part. Il ne se l’expliquait pas, et s’il était parfaitement honnête avec lui-même il s’attendait plus à se faire poser un lapin que le contraire, et malgré tout le dénommé Joseph était bel et bien au rendez-vous – en avance, qui plus est. En avance, et visiblement décidé à se montrer sous le jour d’un élève assidu. « Pourtant, j'ai jamais été bon élève. » Comme tant d’autres, à moins que l’italien ne soit influencé par dix-sept années consécutives à côtoyer bien plus de cancres que d’élèves studieux. « C’est que tu n’as jamais trouvé la bonne discipline. Ou le bon professeur. » Mais loin de lui l’idée de vouloir se lancer des fleurs en se présentant déjà comme le sauver de la situation … La perspective n’était pas pour lui déplaire, cela dit, probablement parce qu’elle brossait son égo dans le sens du poil. Et il aurait de toute façon rapidement l’occasion de se faire une idée de la situation, puisque niveau débutant, Joseph semblait en être l’exemple le plus évident. « C’est à ce moment que j’me ridiculise complètement en disant la vérité ? » Mieux valait pour eux deux considérer la question comme purement rhétorique, et ne se fatiguant pas à la relever l’italien s’était contenté de rebondir sur les suppositions du brun au sujet de ses origines – sujet qui, au demeurant, semblait le passionner. « J’ai pas raison, alors ? » Peut-être, peut-être pas, son haussement d’épaules ne confirmait ni n’infirmait la théorie, mais puisque Joseph avait renchéri en ajoutant « C’est le Mexique, alors. Ou quelque part en Amérique du sud. » Vittorio avait estimé que le mystère avait suffisamment duré … Et surtout il ne méritait pas de parasiter son cours avant même qu’il n’ait démarré. Cette manie des anglo-saxons à confondre toutes les langues latines. « C’est bon, c’est bon, rendons à César ce qui est à César. Ou à mon sang italien l’honneur qu’il mérite, plutôt. »  Mexicain, et puis quoi encore. Abandonnant dans un bac en plastique les objets trouvés du jour, à peu près certain que seul l’airpod orphelin serait réclamé, il avait eu l’air de soudainement se rappeler un détail et mentionné à Joseph le petit mensonge dont ils devraient tous les deux s’acquitter pour éviter de plus gros ennuis. « Quoi, j’ai pas l’droit d’être là ? » Levant les mains en signe de reddition, le visiteur avait renchéri « J’veux pas t’causer d’ennuis, hein ! » et un peu malgré lui son bref accès de panique avait provoqué chez Vitto un léger rire « Relax, va pas te faire un ulcère. » Puis, s’efforçant de reprendre un brin de sérieux, il avait ajouté en haussant les épaules « Ce que le boss ne sait pas ne peut pas lui faire de mal … mais ça n’empêche pas de prendre ses précautions. » Et puis au fond si quelqu’un devait avoir des ennuis ce ne serait pas Joseph, alors qu’il laisse donc Vitto s’en inquiéter lui-même. « Allez, on n’est pas là pour bavarder il parait, Jo. » Et il fallait encore en passer par les bases de l’échauffement avant de rentrer dans le vif du sujet, raison de plus de ne pas prendre racine. « Dix allers, dix retours, d’un mur à l’autre, avait-il alors indiqué en désignant du menton les deux extrémités de la pièce dans le sens de la longueur. les cinq premières traversées en petites foulées, et après en alternant une en accélération et une tranquillement. » Si le bonhomme était habité à courir ce ne serait qu’une promenade de santé, et si ce n’était pas le cas … eh bien, pour cela aussi il y avait un début à tout. La boxe c’était aussi voir du souffle et savoir l’entretenir.
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Message(#)His shadow [Vitto&Jo] EmptyJeu 5 Nov 2020 - 22:07

« C’est que tu n’as jamais trouvé la bonne discipline. Ou le bon professeur. » Ou parce qu’il n’a jamais continué ses études, ou parce qu’il a toujours remis en question l’autorité quand il était gamin, ou parce qu’il faisait toujours le con durant la récréation, influencé par son meilleur ami qui ne savait tenir en place. Il n’a réellement jamais été un bon élève, Joseph, ni même un bon garçon, parce qu’il était toujours le premier à trouver le trouble sans même le chercher. Il n’avait ni bon enseignant pour lui montrer la voie, ni adulte sur lequel poser ses yeux et son admiration. Il s’était toujours senti incompris dans un monde de grandes personnes qui ont oublié ce qu’est l’enfance. Au moins, devant lui, son professeur semble être né dans la même décennie que lui. Ils partagent déjà plus de points en commun que jeune Joseph et les figures d’autorité quatre fois plus âgées que lui. « On verra bien. » Il lance finalement en esquivant un sourire, conscient que cet exercice sera hors de l’ordinaire. Il n’a jamais assisté à un cours de façon volontaire – même si on pourrait presque dire qu’il n’est pas ici volontairement, aujourd’hui, parce que la colère qui boue en lui l’a fortement influencé. Il a besoin de s’en débarrasser en tapant dans un truc qu’il ne risque pas d’envoyer à l’hôpital. À la vue des sacs de boxe suspendus un peu partout dans la salle, il se met déjà à fantasmer à l’idée d’en décrocher un du plafond avec un seul coup de poing (bon, malheureusement, ce genre de chose ne se passe que dans les films de Captain America). Ce ne sont pas ses bras sous entraînés qui le mèneront à un tel succès. « C’est bon, c’est bon, rendons à César ce qui est à César. Ou à mon sang italien l’honneur qu’il mérite, plutôt. » Le soulagement se lit dans les traits de Joseph qui s’étirent en une sorte de grimace mélangée à un sourire fier. Il est rassuré de constater que ses recherches n’avaient pas été en vain. Il ne se sentait pas bien malin à nommer tous les pays hispaniques – ne lui demandez pas de différencier l’italien et l’espagnol, il ne pourrait pas y arriver. Les deux langues chantent de la même façon dans ses oreilles. Si vous voulez le perdre encore plus, additionnez le portugais à l’équation. « Carrément certain, alors. » Il était carrément certain. Pas seulement presque certain.

Il était plutôt détendu, jusqu’à présent, mais lorsque Vittorio lui demande de mentir pour lui si jamais ils se font interrompre en plein entraînement, la crainte durcit immédiatement ses muscles. C’est son instinct qui l’encourage à jeter un coup d’œil autour d’eux pour s’assurer qu’ils ne sont pas observés. C’est comme s’il craignait de voir des policiers en train de l’attendre derrière la fenêtre. « Relax, va pas te faire un ulcère. » Il repose ses yeux sur le jeune homme, reprenant ses esprits : il s’était trop rapidement perdu dans le fil d’un cauchemar romancé. « Ce que le boss ne sait pas ne peut pas lui faire de mal … mais ça n’empêche pas de prendre ses précautions. » Le suricate craintif hoche la tête en replaçant ses cheveux trop longs vers l’arrière. « D’accord. J’suis ton pote de promo. » Il répète, pour lui faire comprendre qu’il a bien compris le plan si jamais une tierce personne apparait dans la salle. Cela lui prendra beaucoup de temps avant de réaliser que ses problèmes à lui ont pris bien plus d’ampleur que ceux des gens normaux. Vous savez, les gens qui ne tabassent pas leur meilleur ami après avoir écopé de trois ans de taule. « Allez, on n’est pas là pour bavarder il parait, Jo. » C’est l’heure de dépenser de l’énergie, génial. Automatiquement, le novice se met à sautiller sur place d’impatience, ses yeux se perdant naturellement vers les fameux sacs de boxe. « Dix allers, dix retours, d’un mur à l’autre, les cinq premières traversées en petites foulées, et après en alternant une en accélération et une tranquillement. »  Oh. Traçant du regard une ligne entre les deux murs désignés par Vitto, il fait une moue involontaire. « Je marche déjà plusieurs kilomètres par jour, j’pourrais pas tout de suite passer à la prochaine étape ? » Il tente, pressé de serrer les poings pour les envoyer valser dans une poche de sable. Devant le regard de son entraîneur improvisé, il soupire et balaie l’air du revers de la main avant de se placer contre le mur pour se préparer. Heureusement, il a déjà entendu les termes qu’a utilisé le garçon alors il ne se ridiculise pas une seconde fois. Il s’exécute, petites foulées, accélération, tranquillement, accélération, tranquillement, accélération… et il s’arrête près de Vitto une fois qu’il a terminé, le souffle étonnamment régulier. L'entrainement continue ainsi jusqu'à tard le soir.    
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