| ∆ birdie cadburry & joseph keegan |
| ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Dim 1 Mar 2020 - 20:54 | |
| speed-dating : Birdie & Joseph
Il est déjà l'heure de changer de table et de prendre congé de sa première rencontre. Heureuse ou malheureuse, intéressante ou plus morne qu'un jour de pluie, voyons voir si cette seconde rencontre fera toute la différence ... @Birdie Cadburry & @Joseph Keegan, en piste |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 13:08 | |
| Le temps donné est fini et Birdie s’attendrait presque à un gong percutant signant la fin du premier tête-à-tête. Mais non, il n’y a qu’une simple voix pour le leur dire et les informer que les messieurs peuvent se rendre à la prochaine table. Et le dessin qu’elle a commencé à griffonner sur la serviette en papier. Cadburry fait un point rapide sur le premier entretien et ce qu’elle pourrait en tirer pour un potentiel hypothétique « on ne sait jamais » bouquin. Cody est propre sur lui, il est rentré facilement dans son jeu, il n’a pas eu l’air d’être perturbé qu’elle lui parle de mots mêlés et de tortues. C’est un point bénéfique pour lui, il faut dire. Peu de personnes réagissent comme ça quand Birdie se met à parler. Mais après, le type d’évènement lui-même peut laisser croire que tout le monde se montre sous son meilleur jour alors peut-être que Cody a juste dévoilé la face sympathique de lui-même. Finissant son verre dans deux gorgées bien dosées, elle le repose sur la table, lève la main pour en demander un autre mais apparemment, c’est que quand l’entretien commence. Alors Birdie boude, elle bougonne, elle joue avec les pages de son carnet - elle pourrait en faire de l’origami peut-être, histoire de ne pas gaspiller le papier. C’est important le recyclage après tout. Est-ce que cette soirée va donner quelque chose au final ? Elle n’en sait rien. Il n’y a pas l’air d’avoir d’énergumènes prêts à lui offrir son cerveau à analyser pour comprendre l’humain. Ce qui est très fâcheux.
Enfin, peut-être pas aussi fâcheux que de recroiser un regard bleu qu’on aurait pensé vider de toute vitalité après tant d’années - ou au moins l’espérer et le prier très très fort. Il y a une sensation étrange de revoir un fantôme du passé. Horriblement désagréable. Pire qu’une douche froide en plein Sahara.
Birdie a ses perles bleutées qui se bloquent instantanément sur la personne encore debout en face d’elle. Il y a les icebergs qui fondent et les volcans qui éruptent. Une fusion de lave et de banquise qui s’entrechoque dans ses veines, dans son corps et qui vient quelque part courtcircuiter son cerveau. Ses doigts sont gelés alors que ses pieds, eux, brûlent d’envie de fuir. De partir loin d’ici, de claquer la porte, de s’en foutre totalement de cette nouvelle expérience humaine parce que tout sauf ça.
Parce que ça, ça fait mal. Parce que ça, ça ramène des souvenirs qu’elle veut enterrer, qu’elle a foutu à la pioche, au feu, aux chiottes, en enfer. Et l’enfer vient lui remonter à la figure, comme une mauvaise bactérie qui refait surface avec un rire démoniaque qui vous hérisse le poil. Son poil à Birdie n’a pas besoin d’un rire pour être hérissé. C’est même le silence plat, le calme affolant de quelques secondes où elle se retrouve paralyser. Aussi bien dans ses gestes que dans ses paroles. Un exploit. Non, pas dans ce contexte-là.
Qu’est-ce qu’elle est censée dire ? Qu’est-ce qu’elle est censée faire ? « T’as coupé tes cheveux. »
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| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 19:44 | |
| Il dandine entre les tables, le pas lent et les mains enfoncées dans ses poches. Il observe du coin de l’œil la première femme qui a rencontrée et elle évite son regard pour tout de suite le tourner vers sa seconde rencontre : un franc succès pour Joseph. Il faut croire que les femmes n’aiment pas les garçons trop honnêtes même si c’est ce qu’elles demandent toujours. De toute façon, ce n’est pas grave. Il n’est pas venu ici pour rencontrer la femme de sa vie parce que cette dernière n’existe pas. Alors il tourne la page, et change de table. Il pivote la tête, abandonnant la première étape, et pose ses yeux sur la prochaine fille déjà attablée et….
Et…
Son corps en entier cesse de fonctionner. Il titube sur place après s’être arrêté dans sa lancée et il l’observe de loin celle dont il n’oublierait jamais le reflet. Il s’empêche de respirer pendant trop longtemps et ses joues deviennent rouges comme le sang qu’il a fait verser au sens figuré cette nuit-là. Même s’il essaye de ne pas se rappeler, il en est incapable ; et le nom de Birdie bondit encore et encore dans sa tête, accompagné de ces cris de détresse qu’elle a poussé en dernier recours sans qu’il ne se relève de son canapé pour lui venir en aide. Alors il reste debout entre les deux tables, droit comme un piquet, incapable de terminer le chemin qu’il a entamé. Parce qu’il se revoit quelques années auparavant, idiot, connard, ingrat, salaud.
Les insultes, il les absorberait toutes comme une éponge si Birdie laissait la rage parler pour elle. Il ne pourrait rien lui dire en retour parce qu’il n’a pas le droit de le faire. Mais elle reste silencieuse, tout comme lui, et ses yeux ne mentent pas : elle se souvient de son visage tout autant qu’il se souvient du sien. Ses cheveux sont encore dorés et ses yeux aussi bleus qu’avant : c’est son teint qui a changé. De son visage s’échappe un aura moins chaleureux qu’avant, comme si elle s’était refermée dans une coquille pour ne plus avoir à affronter les souvenirs de son passé. Devant lui, il ne voit plus la jolie fille enthousiaste adepte de mots croisés. C’est une victime d’une guerre solitaire qui la fixe en silence.
Pas pour longtemps. Elle lance la discussion pour briser ce malaise qui les sépare. Elle parle de ses cheveux, ces mèches sur sa tête dont il se fiche complètement mais qu’il a fait couper pour faire plaisir à celle qui riait de sa facilité déconcertante à lui faire une queue de cheval. « Birdie… » Il arrive à prononcer, non sans que sa gorge se noue à nouveau. Il jette un regard autour d’eux, ayant soudainement l’impression que tous les yeux sont rivés vers lui et que le monde entier sait ce qu’il a fait. Ou plutôt, ce qu’il n’a pas fait. Il prend une grande inspiration et affronte sa crainte. « Je n’ai jamais pu te dire que j’étais désolé… » Putain, quelles excuses minables pour un méfait impardonnable. « J’étais tétanisé mais… j’sais que y’a aucune excuse au monde qui pourrait justifier mes actions. » Il porte sa main à son visage pour se frotter la barbe, embarrassé. Il ferme le paupières pour seulement affronter la noirceur et souffle : « J’peux aller me cacher aux toilettes si tu préfères. J’pourrais leur dire que j’étais été pris d’une gastro subite et que je ne pouvais pas rester à la table. » Il lui offre la possibilité de faire comme s’ils ne s’étaient jamais croisés parce qu’il comprendrait si elle préfère l’oublier une seconde fois, si elle a réussi la première.
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| | | | (#)Mar 3 Mar 2020 - 12:36 | |
| « Birdie… » Cette dernière serre la mâchoire tout comme ses phalanges qui se blanchissent autour du pied de son verre. Elle contemple les solutions qui s’offrent devant elle ; un verre, un crayon, une lampe, une serviette en papier avec un gribouillage dessus. Il y a aussi une fine barrette qui irait peut-être mieux contre sa jugulaire que dans ses cheveux ? Elle n’en sait trop rien, Birdie, ses yeux bleutés sont absolument tétanisés, un miroir vide alors que derrière, c’est le tumulte absolu. Qu’il prononce son prénom après tant d’années, après ce qu’il a fait - ou plutôt son manque incroyable d’action justement - elle pourrait lui foutre finalement son poing dans sa gorge pour l’étouffer et lui arracher la luette. Des options toutes aussi alléchantes mais encore faudrait-il qu’elle puisse ne serait-ce que bouger pour accomplir un tiers de ce qu’elle fait comme schéma dans sa tête. « Je n’ai jamais pu te dire que j’étais désolé… » Désolé. Désolé ? « Tu sais ce que ça veut dire, au moins, d’être désolé ? » Parce que Birdie ne voit pas en quoi il a été désolé. Elle ne sait pas sur quelle planète il se trouvait ce jour-là. Pas la sienne, en tout cas, sinon il aurait essayé quelque chose, non ? Non, sûrement trop lâche, comme n’importe quelle espèce humaine.
« J’étais tétanisé mais… j’sais que y’a aucune excuse au monde qui pourrait justifier mes actions. » Il ferme les yeux. C’est ça, rien de mieux pour éviter un lancé de mine en plein dans la rétine. Un malheureux accident, quelle maladroite elle peut être - même si c’est faux. Birdie n’est pas maladroite et encore moins quand elle est en alerte. Elle est juste une boule de nerfs, elle qui sait les détendre mieux que personne. Elle qui ne laisse jamais ses réelles émotions l’envahir, qui réussit toujours à paraître pour mieux se faire voir et exister.
Mais là, elle aurait juste envie d’être engloutie. D’être invisible. De ne plus exister. Alors elle décrète que le voir galérer dans ses futiles excuses qui n’ont aucun sens et aucune saveur, c’est sa petite revanche personnelle. Birdie l’a mérité, est-ce qu’on lui jettera la pierre ? Absolument pas. Elle se sent à la fois victime mais puissante à ce moment-là. Même si tout reste engourdi, que rien ne répond, qu’il n’y a que le vide intégral dans sa tête et juste ce foutu moment qu’elle pensait avoir occulté à jamais. « J’peux aller me cacher aux toilettes si tu préfères. J’pourrais leur dire que j’étais été pris d’une gastro subite et que je ne pouvais pas rester à la table. » Son corps finit par s’actionner pour se poser en bord de chaise, croisant les bras sur la table. « Regarde-moi dans les yeux si t’es pas si lâche que ça, Jo. Tu crois que ça va être aussi simple ? T’as raison, tes excuses serviront à rien. T’es aussi coupable que lui. Je crève d’envie de te massacrer mais te voir déjà comme un pauvre gamin qui ne sait pas où se mettre, c’est déjà une petite victoire. Donc non, Joseph. Tu vas rester assis ici et tu vas me supporter pendant toutes ces minutes. » Sa voix est basse, presque douce, trop douce pour son tempérament. Son minois est penché, un fin sourire sans chaleur à bout de lèvres. Birdie a le ventre noué, elle a le palpitant qui s’affole mais elle déglutit. Elle est plus forte qu’elle ne laisse prétendre, Cadburry. Et surtout, surtout la rancune assez tenace pour outrepasser la douleur de la trahison par celui qu’elle considérait comme son bienfaiteur.
« Je préférais tes cheveux plus longs. » Finit-elle par déclarer d’une voix claire tout en se calant le dos contre le dossier de la chaise. Birdie est terrifiée mais Birdie ne le montre pas. Birdie veut avoir la main du dessus, la main de velours qui se tient prête à dégainer et s’enrouler pour achever. Comme Joseph a pu l’achever sans avoir rien fait.
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| | | | (#)Mer 4 Mar 2020 - 13:16 | |
| Elle est en colère est tout au monde pourrait expliquer son état. Douze années se sont écoulées mais les visages ne s’oublient pas. Du moins, pas le visage de celui que Birdie a regardé en dernier avant qu’elle ne soit entraînée dans une salle isolée. Cette image a toujours hanté Joseph et il avait secrètement espéré que le temps avait fait son œuvre et que les plaies de Birdie avaient été pansées : mais il ignore la douleur que prodigue ce qu’elle a vécu et il n’aura jamais le droit de penser le contraire.
Il mérite les hostilités déjà lancées. À peine eu-t-elle le temps d’observer les nouvelles rides sur le visage de Joseph et ses cheveux plus courts qu’elle lui rappelle immédiatement la faute qu’il a commise dans le passé. Il faut se rendre à l’évidence : le coupable pensait avoir la chance de ne plus jamais la revoir et de ne pas avoir à confronter cette culpabilité qu’il avait presque réussi à oublier. Mais, maintenant que les deux iris bleus de Birdie sont plantés dans les siens, la scène est aussi claire dans sa tête qu’avant, comme si le viol avait eu lieu le matin-même. « Tu sais ce que ça veut dire, au moins, d’être désolé ? » Il n’est pas dans une position de se battre. Tout ce qu’il peut faire, c’est baisser la tête pour laisser la réalité l’abattre à coups de poing. Jamais il ne pourra se faire pardonner et cela fait longtemps qu’il s’est résolu à accepter le fait qu’il était dans le tort du début à la fin quand il a gardé ses fesses sur le canapé avant de glisser le joint qui tournait entre ses lèvres. Il a mal réagis et aucun argument de pourra le défendre. Alors il secoue la tête de droite à gauche, se pince les lèvres, incapable de supporter le regard de Birdie. Ses mains se sont naturellement enfoncées dans ses poches, comme si ça allait l’aider à se faire tout petit, à disparaître. Conscient qu’aucun des deux n’apprécie la situation, il propose simplement de fuir jusqu’à la salle de bains, là où il se cachera pour la débarrasser de sa présence ainsi que des vieux souvenirs. Birdie n’est cependant pas de cet avis et lui fait savoir qu’elle préfère admirer le lâche qu’il est plutôt que de le laisser fuir comme il l’a toujours fait. Ses mots crèvent de vérité et Joseph n’a rien à cacher : il sait qu’il a toujours été le chien de traîneau placé à arrière, celui qui suit les autres sans jamais aller de l’avant. Il a toujours fait profil bas pour ne pas être le centre d’attention et il faut croire que ça n’a pas fonctionné cette nuit-là. Quand il redresse la tête pour observer la jeune femme à nouveau, sa gorge se serre devant un visage sarcastique et des lèvres étirées en un faux sourire. Il cligne à plusieurs reprises des paupières et tire la chaise devant elle pour s’y installer, posant immédiatement ses coudes sur la table, les mains jointes devant lui. « J’ai rien à dire pour ma défense. Je te donne raison sur tous les points, si ça peut te faire plaisir. » Qu’est-ce qu’il se sent minuscule. Il a l’impression que toutes les canons de la Terre sont posés sur sa tempe et que, au moindre faux mouvement, à la moindre phrase ambiguë, sa cervelle s’étend sur le sol du restaurant. Faute d’avoir le courage de la regarder dans les yeux, il ne fait que fixer son épaule. « Je préférais tes cheveux plus longs. » Il s’humidifie les lèvres et pousse un très léger gloussement, sans que son visage ne s’illumine. Il regrette soudainement d’avoir terminé son verre de vodka à la première table. « Et toi t’es toujours aussi belle. » qu’il répond en murmurant, pensant qu’il s’en sortira plus facilement en jouant les gentils garçons, bien que son cas soit désespéré. S’il croit que ce sont les compliments qui apaiseront l’atmosphère, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
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| | | | (#)Ven 6 Mar 2020 - 19:42 | |
| C’est assez étrange de voir qu’il y a le battement de son pied nu finalement posé au sol comme pour garder contact avec la terre ferme qui bouge plus rapidement que la sensation des douze années qui se sont écoulées. Son genou tape contre le pied de la table et Birdie ne s’aime pas d’être comme ça. Et elle n’aime encore moins Joseph en face d’elle, qui finit par s’asseoir après l’avoir regardé avec une expression digne de la race canine. Mais la jolie blonde a bien trop de respect pour les animaux pour comparer ce qui transpire de Joseph avec eux.
Joseph, cette ombre du passé qui vient planer sur elle, enfin à sa hauteur et non plus en la toisant de tout son tronc - même si, encore une fois, pauvre humain abattu qui se tient devant elle. Il n’y a même pas assez de mots pour décrire ce qui peut se passer dans la tête de Birdie. Elle n’est pas forcément méchante et pourtant, elle pourrait se montrer aussi cruelle avec Joseph que si elle avait son agresseur lui-même en face d’elle. On pourrait presque souffler ‘‘le pauvre’’ mais Cadburry juge qu’il est aussi coupable que tous les autres imbéciles inertes qui n’ont servi à rien ce soir-là. Un panier à fermer à triple tour pour les étouffer et leur couper toute envie de continuer à vivre. Une douce utopie.
« J’ai rien à dire pour ma défense. Je te donne raison sur tous les points, si ça peut te faire plaisir. » Les dents se serrent, les doigts sont à quelques secondes près à briser le verre qu’ils tiennent avec insistance. « Tu te fous de ma gueule, là ? Si ça peut me faire plaisir ? » Birdie a envie de croire qu’il est maladroit, Joseph, qu’il ne sait pas quoi dire, qu’il balbutie comme un gamin apprenant à parler. Dans d’autres circonstances, ça aurait été flatteur de faire perdre toute prestance à autrui mais là, il a clairement de la chance qu’il n’y a pas de liquide dans son verre. Ni une fourchette à porter de main. « Ton pote l’a pris en quinze minutes, son plaisir. J’espère qu’on lui a coupé les couilles depuis. Je ne te pose pas la question, tu ne devais déjà plus les avoir à l’époque. » Birdie crache ses mots avec une pudeur rare venant d’elle. L’oiseau qui passe son temps à piailler, extravertie, toujours en mouvement, jamais sans filtre. Pour une fois, il se tait et se canalise, l’oiseau. Parce que ça reste une marque ancrée quelque part et c’est bien quelque chose que Birdie ne veut pas étaler à la terre entière.
Pauvre sotte terrorisée qui n’a même pas porté plainte. Elle maudit son elle-même du passé. De n’avoir rien fait, d’avoir laissé couler, de ne pas s’être battue. Mais elle avait été effarée, bousculée, culpabilisée. Sa faute, ma faute, trop joueuse, trop naïve, trop innocente. Un sourire mal interprété, une confiance mal confiée et le résultat est là. Brisée mais relevée quand même. C’est au moins le positif dans cette histoire ; elle en est sortie plus grande, Birdie. Même si elle n’a rien à dire. A personne.
« Et toi t’es toujours aussi belle. » Oui, donc clairement il se fiche d’elle. A une certaine époque, Birdie aurait été plus qu’heureuse d’entendre ces mots sortant de la bouche de Joseph. Mais aujourd’hui, elles ont un goût amer, une pâle couverture pour tenter de noyer un poisson bien trop gros et dont la tentative du compliment est bien trop faible. Alors Cadburry le regarde avec dédain, avec dépit, avec dégoût tout en levant le bras. Elle ne peut pas continuer sans alcool. Alors on vient les servir. Elle demande à garder la bouteille. Elle boit cul sec et s’en ressert un deuxième qu’elle essaie d’apprécier un peu plus. Une fois mais pas deux. Pas folle, la bête. « Qu’est-ce que tu fiches ici ? Le pauvre Joseph est en mal d’amour ? Ou bien tu viens cueillir la première naïve que tu croiseras pour la ramener à ton QG ? » Son dos se cale de nouveau contre le dossier, ses lèvres bordant son verre. Ses yeux bleutés sont impassibles, froids et son ton encore plus.
Mais Birdie n’a rien à se reprocher. Plus maintenant en tout cas.
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| | | | (#)Ven 6 Mar 2020 - 20:19 | |
| Joseph n’a jamais été le meilleur pour se sortir d’une situation extrêmement embarrassante. Il n’a aucun moyen de se faire pardonner et il est conscient de ce faire depuis qu’il a vu Birdie pour la dernière fois disparaître derrière le cadre de la porte. C’est probablement pour cette raison qu’il n’a jamais cherché à la retrouver : il avait peur de confronter celui qu’il est devenu après avoir passé trop d’années avec des criminels. Il n’a jamais pu repenser à elle sans que sa gorge ne se noue et sans que l’envie de vomir lui prenne. Alors il a égoïstement espéré que jamais il n’aurait à la croiser pour subir le poids de la colère d’une femme qui a lâchement été abandonnée par son ami qui lui avait promis une « belle soirée ». Il n’est pas à plaindre, le petit chien à la queue repliée entre les jambes. Il mérite les insultes, les reproches et les regards noirs parce que ce qu’il a fait ne sera jamais pardonné. La page ne sera pas tournée et il pataugera dans la culpabilité pour le reste de sa vie, algue gluante et stagnante au fond d’un marais.
Mais il donnerait cher pour revenir en arrière et pour envoyer son poing dans la mâchoire de Dylan. Il le ferait, s’il avait une deuxième chance, pour se prouver à lui-même qu’il n’est pas devenu le connard qu’il a prétendu être pour se défendre du monde extérieur. Il a toujours eu peur, Joseph, et c’est ce qui a fait de lui un lâche.
Il ne peut rien faire pour s’en sortir ou pour faire oublier à Birdie son expérience traumatisante. Alors il ne fait que s’agenouiller devant elle et tout de suite abandonner la bataille qu’il ne pourrait pas gagner – et qu’il ne voudrait pas gagner. « Tu te fous de ma gueule, là ? Si ça peut me faire plaisir ? » Ses yeux s’écarquillent parce qu’il réalise qu’il est terriblement mauvais avec les mots. Évidemment que ce n’était pas la phrase à dire. « Ton pote l’a pris en quinze minutes, son plaisir. J’espère qu’on lui a coupé les couilles depuis. Je ne te pose pas la question, tu ne devais déjà plus les avoir à l’époque. » S’il y a quelque chose qu’on peut dire à propos de birdie, c’est qu’elle a un sens de la répartie irréprochable. « J’en sais rien. » Le groupe n’existe plus. Il a été réduit en cendre. Il ne connait pas les noms des survivants et il ne les saura probablement jamais. Il pourrait mentir pour la rassurer : lui dire que son agresseur n’est plus et que jamais elle ne pourra revoir son visage. Mais il n’en sait rien.
La main posée sur la table, il la gratte nerveusement avec ses ongles, espérant s’occuper les pensées à autre chose pour que les aiguilles de l’horloge tournent plus rapidement. « Qu’est-ce que tu fiches ici ? Le pauvre Joseph est en mal d’amour ? Ou bien tu viens cueillir la première naïve que tu croiseras pour la ramener à ton QG ? » Il redresse la tête et croise son regard. Cette fois, son visage semble légèrement détendu, comme s’il venait de trouver le moyen de saisir une opportunité pour se détacher des phares des projecteurs. « Je ne fais plus partie de ce monde. J’ai fait mon temps derrière les barreaux et je ne côtoie plus des salauds. Si je suis ici, c’est parce qu’une amie m’y a obligé. » qu’il répond, tentant de se donner des airs plus… normaux. Il est comme les autres citoyens, maintenant. Il ne se cache plus toute la journée dans un appartement à boire et à enchaîner les joints. Bien que son ancienne famille lui manque mais, ça, il ne le dira jamais à voix haute. « Et… Et toi ? » Ça, c’est une tentative pour détendre l’atmosphère en changeant de sujet. Il veut bien savoir la raison de son inscriptions à cet événement de speedating parce qu’il faut croire qu’il n’arrive pas à comprendre comment elle peut ne pas avoir trouvé de partenaire à sa vie. Elle était gentille, drôle, belle, et il espère que rien n’a changé malgré tout.
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| | | | (#)Sam 7 Mar 2020 - 7:53 | |
| « J’en sais rien. » Il n’en sait rien. Il ne sait pas si l’autre connard est toujours vivant ou mort. Si elle a des chances de le recroiser un jour dans la rue. Elle qui pensait qu’un type comme eux n’aurait que d’autres alternatives que de finir entre quatre murs : la prison ou le cercueil. Non, un type comme son agresseur ne mériterait même pas de pourrir sous terre, bien trop précieuse et importante. Il devrait finir dans la fosse commune, dans un brasier où l’on détruit les déchets bien trop nocifs pour cette planète.
Birdie a bien trop de souvenirs qui remontent à la surface ; ceux où elle restait cloitrer chez elle pendant des jours. Les sourcils froncés d’Elwyn, les ‘‘toc toc’’ à la porte tout doux et tout gentils de sa sœur. Les parents qui n’ont rien vu, les ponts qu’elle a coupés, les soirées qu’elle a ignoré. Elle n’écrivait plus rien, elle ne répondait plus rien, mais tout allait bien. Elle n’est pas très normale, Birdie, elle a un moment de faiblesse, ce n’est pas grave, ça lui passera. On n’insistait pas parce que Birdie ne décrochait pas un mot. Elle se piquait le doigt de frustration avec ses aiguilles alors qu’elle coupait rageusement ses vêtements pour en fabriquer d’autres. Comme une armure qu’elle veut se créer, une peau qu’elle veut changer, couvrir, tenter de renaître. Tous ces souvenirs que Joseph balaie d’un simple ‘‘j’en sais rien’’ et d’un horripilant ‘‘si ça peut te faire plaisir’’.
En même temps, Cadburry ne s’attend pas à ce qu’il la rassure. Elle a dépassé ce stade à présent. Elle a appris, elle a évolué, elle a changé. Elle s’est renforcée, aussi. Même si ses muscles lui rappellent qu’elle n’est peut-être pas si prête que ça si jamais elle revoit son agresseur.
« Je ne fais plus partie de ce monde. » Good for you. « J’ai fait mon temps derrière les barreaux et je ne côtoie plus des salauds. » Birdie arque un sourcil, presque surprise. Qu’il se soit fait prendre ou de voir qu’une de ses hypothèses est réalité ? Sûrement les deux. « Si je suis ici, c’est parce qu’une amie m’y a obligé. » Voilà qui la ferait presque sourire. « Qu’elle est prévenante, ton amie. Elle s’est inscrite aussi ? » Son doigt tourne sur la table, ses perles bleutées s’y accrochant tout en en méditant. Elle serait presque curieuse de la voir, cette amie. Elle aurait sûrement des choses à lui apprendre. L’une et l’autre, certainement. « Combien de temps ? » Aussi longtemps qu’elle, enfermée dans la cage qu’elle n’a jamais demandée à personne ? « J’en conclus que ta joyeuse famille de connards a été dissoute ? » Parce qu’il ‘‘n’en sait rien’’ et qu’il ‘‘ne côtoie plus des salauds’’, ça semble être une solution plutôt facile à trouver.
« Et… Et toi ? » Birdie lève la tête vers lui et elle camoufle son vertige en buvant quelques gorgées du nectar dormant dans son verre avant de hausser les épaules. « J’ai vu la lumière et je suis rentrée. J’étais juste venue faire des mots croisés mais on m’a foutu un formulaire sous le nez et me voilà. La vie est toujours surprenante. Pour le meilleur comme pour le pire. » Trouver l’âme-sœur n’est certainement pas une priorité. Ni hier ni demain. Et encore moins ce soir. Elle claque sa langue contre son palais avant de prendre la bouteille et de le servir. « T’inquiètes pas, je vais pas mettre à exécution les plans macabres que j’ai en tête. Pas maintenant, en tout cas. Trop de témoins, je serai obligée d’éliminer tout le monde. Ce qui serait fâcheux car j’ai repéré un de mes voisins que j’adore trop pour réussir à le tuer. » Une fois le choc passé, sa langue semble se délier naturellement de nouveau. Une façon de casser le silence qui pèse même s’il ne dure qu’une seconde. Une seconde, ça laisse trop de place pour songer, réfléchir, se remémorer. Cadburry ne veut pas alors elle lève son verre, son coude sur la table, le tendant vers Joseph.
« A nos retrouvailles. » Imprévues. Perturbantes.
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| | | | (#)Lun 9 Mar 2020 - 15:48 | |
| La seule solution qui se présente à Joseph est de miser sur ce retournement dans sa vie, celui qui l’a obligé à faire un trait sur sa famille criminelle. Mais, même si aujourd’hui il ne trempe plus autant dans les affaires illégales, ça ne change rien au passé qui existe réellement et qui ne pourra jamais s’effacer. Il n’a rien fait lorsque Birdie s’est fait traîner dans la pièce voisine. « Qu’elle est prévenante, ton amie. Elle s’est inscrite aussi ? » Il secoue légèrement la tête avant de se rendre compte que les yeux de Birdie ne sont plus rivés vers lui et qu’il devra lui donner une réponse à voix haute : « Non, elle a déjà un partenaire de vie. » qu’il marmonne. Il est conscient que cette histoire que Deborah écrit avec Camil n’est que supercherie mais il se doit de jouer le jeu lui aussi même si ça lui déplaît énormément. Il ne veut pas être celui qui cause encore plus de problèmes. « Trois ans. » Birdie aurait probablement préféré se retrouver trois années derrière les barreaux plutôt que de vivre avec le souvenir de son viol toute sa vie : c’est pour cette raison qu’il n’ajoute rien à ce sujet. « Ouais, si on veut. Je ne sais pas beaucoup de chose à leur sujet et je préfère éviter d’en parler. On était pas très légaux, tu l’sais bien. » qu’il ajoute sur un ton moins fort, ne désirant pas dévoiler de telles informations sur un lieu public. Birdie est bien la seule femme dans son cercle social qui a rencontré sa bande et il aimerait que ça reste ainsi.
Il veut l’interroger à son tour pour cesser d’être le centre d’attention. Il sait que ça ne sera pas facile d’entretenir une discussion normale avec Birdie mais il tente le coup. Il vaut mieux pour lui d’essayer d’embellir la soirée plutôt que de la laisser s’enfoncer davantage. « J’ai vu la lumière et je suis rentrée. J’étais juste venue faire des mots croisés mais on m’a foutu un formulaire sous le nez et me voilà. La vie est toujours surprenante. Pour le meilleur comme pour le pire. » Il esquisse un sourire, le premier devant Birdie. « Tu fais encore des mots croisés, alors. Tu demandes toujours aux gens que tu croises de chercher un mot qui les représentera ? » Il passe sa main dans sa barbe et réfléchit quelques secondes : « Parce que je crois que je trouverais le mot teubé ce soir. » Il tente la voie de l’humour dans l’espoir que Birdie s’y laisse entraîner.
« Oh, tu peux aussi attendre qu’on soit à l’extérieur. Je t’attendrai dans la ruelle à côté du restaurant si jamais t’as envie de te défouler à l’abri des témoins. » Il hausse les épaules, le ton presque sérieux, parce qu’il mériterait carrément de se faire retourner la cervelle à coups de pelle. Il scrute les voisins et se mord la lèvre inférieure, hésitant. Il ne sait pas s’il a le droit d’amener la discussion plus loin, comme s’il devait avoir un permis-parler-à-Birdie pour réellement lancer des sujets plus légers. « Quel voisin exactement ? Un mec qui n’a pas eu la mauvaise idée de se couper les cheveux ? » Puis elle lève son verre, attendant qu’il fasse de même avec le sien malheureusement vide. Il le soulève quand même pour le faire clinquer contre celui de la jeune femme et il hoche simplement la tête à son toast avant de la regarder avaler plusieurs gorgées sans lui-même avoir le luxe de le faire.
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