J’ai l’impression d’avoir gravi des sommets entiers tellement je suis soudainement fatigué, qu’à ma tête posée contre la sienne j’aimerais simplement m’allonger pour qu’on dorme et qu’on oublie, qu’on efface tout comme on le fait toujours si bien. Pourtant mes lèvres attrapent les siennes au vol, répondent à peine au contact qu’elle demande et que je continue de toujours rechercher, incertain de la suite des événements. Ma respiration s'apaise quand je vois sa poitrine se soulever doucement, à un rythme bien plus acceptable que le mien. « Je veux être avec toi. Vraiment. Qu'ils acceptent ou pas. » C’est à mon tour que d’inspirer, quand elle me dit tout ce que je voulais simplement entendre sans jamais le lui demander. On s’est dit ‘oui je le veux’ devant un maire, on s’est échangés les ‘je t’aime’ dans deux langues différentes pourtant personne n’avait jamais pris le temps de dire qu’il voulait être avec l’autre. Et c’est ça, tout ce qui importe. Pas les bagues, pas les promesses, pas les signatures sur des papiers dont elle ne comprend même pas les mots. Ce n’est pas ce qui fait sens, quand en parallèle on a dû se séparer bien plus de fois qu’on ne s’est retrouvés, pendant plus d’une décennie.

« Je veux qu'on continue de partir à l'autre bout du monde, parce qu'on a le droit d'être ensemble ici comme là-bas, comme partout. » Mes doigts glissent dans ses cheveux, ma seconde main se pose sur sa hanche alors que l’horizon s’éclaircit peu à peu et que je commence peut être à enfin comprendre que ça fait parfois du bien, de parler.

« Et je veux que t'arrêtes de faire ça aussi, je vais finir avec des ecchymoses sur le front et tout le monde va se demander ce que tu m'as fait subir et ça aidera pas notre cause. » Et si j’arrête de l’embrasser c’est seulement pour rire et reposer ma tête non plus contre son front mais sur le mur, à quelques centimètres à peine derrière moi. Mon sourire s’affirme de nouveau doucement alors que mes doigts font repasser ses mèches rebelles derrière ses oreilles et que mes lèvres s’étirent désormais bien plus face à sa vue que pour ce qu’elle vient de dire. Elle est belle et elle est parfaite mais ça elle ne l’entendra pas tout de suite encore parce que je vais l’entendre tenter d’imiter ma voix sur tout l’avion du retour sinon. Je la connais trop bien pour faire ces erreurs de débutant, raison pour laquelle je la laisse prendre possession de mes mains si elle y trouve là un quelconque soulagement.

« Cette fois, c'est okay. Pour vrai. » A mon tour de venir embrasser son front une ultime fois, lui précisant en murmurant à peine que son tatouage est terminé.