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 Do you have the time ?

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Message(#)Do you have the time ? EmptySam 7 Mar 2020 - 16:18




Do you have the time ?
Bien sûr que cette dispute avec Greg m’était restée en travers de la gorge. Il l’avait jalonnée d’un manque notoire de confiance en moi alors que, dans les faits, je m’étais simplement inquiété pour lui par sa faute. Que me reprochait-il exactement ? D’avoir essayé d’être moins bienveillant ? L’hypocrite. Je n’aurais posé aucune question qu’il m’aurait jugé égoïste, voire égocentrique. Mesurait-il seulement le caractère inédit de mon comportement ? Me tracasser du sort d’autrui, les aider à affronter leur angoisse et leurs remords, ce n’était réservé qu’à mes amis sincères, ceux dont je me tins à l’écart durant cette période funeste de ma vie, qui ne m’avait méprisé lorsque je réintégré la leur. Gregory comptait parmi ceux qui avaient compris mon choix, qui l’avait accepté sans m’en tenir rigueur. Il avait gagné ses titres de noblesse à s’être montré compréhensif. Moi, je ne lui en avais pas voulu quand sa présence aurait pu m’être bénéfique. Il n’avait pas rué dans les brancards pour m’obliger à me sociabiliser. Il m’avait laissé venir, à mon rythme, respectant mes besoins, même si je n’arrivais plus à statuer si me tenir à l’écart des autres était une bonne ou une mauvaise chose pour moi. A aucun moment je ne me suis offusqué qu’il n’ait pas cherché à me contacter. Aujourd’hui, c’était différent. Il faisait le mort et ça m’agaçait au plus haut point. Son attitude traduisait que je m’étais trompé sur la nature même de notre relation et je me sentais idiot d’avoir songé que nous partagions quelque chose d’inébranlable. Je l’étais d’autant plus qu’il me manquait, cet enfoiré. Je me souciais toujours de ses aveux et je me demandais, par ailleurs, quel secret il pouvait renfermer. Il était clair qu’il en souffrait. Il était envahi par le regret. Etait-ce dernier qui justifiait sa lâcheté ? Un message, ça ne l’aurait pas tué. Au contraire, ça aurait suffi à m’adoucir et, quand il survient – Il avait besoin de mon adresse, celle au port – j’ai hésité à lui répondre. Je l’ai laissé mariner dans son jus près de trois jours, comme l’aurait fait une gonzesse avec son mec. La métaphore m’amusa et, tandis que j’accédais enfin à sa requête, je songeai que le laisser dehors m’amuserait un temps. Je n’en fis rien. Lorsqu’une petite demi-heure plus tard, il frappa à ma porte – qui cela pouvait-il d’autres – je ne l’ouvris qu’à moitié. « Qu’est-ce que tu veux ? » ai-je persiflé, feignant d’être furieux. Dans le fond, j’étais ravi qu’il ait enfin mis de côté sa fierté pour réparer ses conneries. « Tu as au moins apporté quelque chose pour te faire pardonner ? » Je l’ai détaillé de la tête au pied, cherchant entre ses mains, cachés à ma vue, une bonne bouteille par exemple. « Je te laisserais bien entrer, mais je suis occupé avec une blonde somptueuse… Ouais. Tu vois, ça m’arrive, à moi, contrairement à toi, l’antiquité. » Ce n’était pas tout à fait un mensonge. Une femme que je n’aurais pas mieux décrite se pavanait souvent à moitié nue dans cette cabine. Elle n’était simplement pas là ce soir ou pas encore.  


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Message(#)Do you have the time ? EmptyMar 10 Mar 2020 - 14:38

Plusieurs semaines sans voir Amos, c’était pas évident. Surtout après l’altercation qu’on avait eue. Trop terré dans ma rancœur, mon ego prenait le dessus et c’est tout naturellement que j’agissais en bon connard. Pas de message, pas d’appel, pas de visite surprise. J’avais eu besoin de me calmer, de retrouver ma rationalité et d’accepter que c’était à moi de faire le premier pas. C’est bien une des seules fois où on part aussi brouillés l’un avec l’autre. J’avais ressenti toute la rancœur qu’il exprimait à travers ses mots tranchants, mais surtout son incompréhension face à mon silence. Je n’avais pas voulu lui confier la raison pour laquelle je suis aussi sceptique vis-à-vis de Maeve, la raison pour laquelle je ne voulais pas faire l’intermédiaire entre les deux pour qu’il puisse lui demander de l’aide. Je n’avais pas voulu parce que ça signifiait lui exposer mes parts les plus sombres, et toute la honte que j’aie, réprimée et enfouie au fond de mes entrailles. Mon lourd secret aurait été posé abruptement sur la table tandis que j’aurais été mis à nu, vulnérable à nouveau, et j’avais besoin de tout sauf ça. Je sais pourtant qu’il sera le dernier à me juger, mais c’est un énorme pas à faire, c’est me dévoiler entièrement et donc assumer que je suis un monstre, en quelque sorte. Qui frappe – presque à mort – une personne pour ces raisons ? Le chantage, pourquoi pas, mais en venir aux mains ? A ce point-là ? Cette part de ma vie, je souhaite l’effacer de ma mémoire, je ne souhaite en aucun cas qu’elle remonte à la surface, qu’elle m’explose en pleine face quand je m’y attends le moins. Et, quand je prends conscience de là où Maeve m’a amené avec ce putain d’aveu, ça donne clairement pas envie de recommencer. Mais c’est différent avec Amos, je sais qu’il emportera cette confidence dans sa tombe si je le lui demandais, qu’il la ressortira jamais contre moi. C’est pas de ça dont j’ai peur, c’est surtout de sa réaction quand je lui dévoilerai mon désir pour les hommes. Dans tous les cas, c’était à moi de faire le premier pas, c’était moi qui devais lui présenter mes excuses et lui donner des explications. J’aime pas bien le fait d’être le fautif dans l’histoire, et d’en être conscient. Mais il faut que je fasse quelque chose, il est bien trop important pour moi pour que je l’autorise à ne plus jamais apparaitre dans ma vie.

Quand j’arrive devant son bateau, je me rends compte qu’il ressemble parfaitement à Amos, et ça m’arrache un petit sourire. J’inspire un grand coup avant de descendre par la petite passerelle pour me retrouver devant sa porte, et m’arrête à nouveau avant de frapper. Je me doute qu’il ouvrira, mais il peut faire sa tête de con quand il le souhaite Amos, comme quand il a pris trois longs jours avant de me filer son adresse. Ma respiration est un peu plus saccadée, et je dois avouer que je suis un anxieux quant à sa réaction. Je sais pourquoi je suis là, et il va falloir que j’aille jusqu’au bout. Je tambourine trois coups secs à sa porte de mon poing, avant de replacer mon bras le long de mon corps. Il vient m’entrouvrir sa porte, et passe sa tête dans l’entrebâillement de la porte, sourcils froncés. « Qu’est-ce que tu veux ? » J’essaie de me montrer ouvert, mais les excuses ne veulent décidément pas sortir. « J’viens juste pour voir si t’es pas mort après ton entrevue avec Maeve. » que je lui sors, tentant tant bien que mal de garder mon sourire. Elle m’avait fait comprendre qu’elle avait donné suite à la requête d’Amos, et ça m’avait suffi, bien que je reste toujours sur la défensive et prêt pour le pire avec elle. « Tu as au moins apporté quelque chose pour te faire pardonner ? » Il a l’air de ne pas m’en vouloir, et d’être lui aussi disposé à discuter, et je lâche un soupir de soulagement avant de dévoiler ma main droite invisible pour Amos caché derrière sa porte en bois. Je lui tends un sac contenant sa bouffe préférée et une bouteille de whisky japonais en édition limitée, j’espère que ça me permettra de me racheter. « Tu penses vraiment que je ne te connais pas, depuis le temps ? Je sais que t’es un gros porc qui me laissera pas rentrer si je viens pas avec de la bouffe et de quoi boire, mais seule ma présence devrait te contenter. » Je me tente à l’humour, j’essaie de détendre l’atmosphère, et Amos est réceptif. Je n’en doutais pas, mais ça me rassure. « Je te laisserais bien entrer, mais je suis occupé avec une blonde somptueuse… Ouais. Tu vois, ça m’arrive, à moi, contrairement à toi, l’antiquité. » Je sais qu’il se fout de ma gueule, qu’il fait allusion à la dernière fois, et je me dis qu’à partir de là, tout peut rentrer dans l’ordre. « Ben tant mieux alors, faudrait penser à partager aussi. » que je lui sors en poussant la porte pour forcer mon passage. Il m’aurait laissé entrer de toute façon, il meurt d’envie de me montrer l’intérieur de son bateau. Je l'étreins chaleureusement, plusieurs grosses tapes entre ses omoplates pour lui signifier que je suis heureux de le retrouver. Je le prends par les épaules pour l'éloigner un peu, et le regarde droit dans les yeux. « Tu m'as manqué, ptit con va. » que je lui dis en lui donnant des petites claques sur sa joue presque rasée.

@Amos Taylor :l:
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Message(#)Do you have the time ? EmptyMer 11 Mar 2020 - 23:05




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Bien sûr que j’étais content de recevoir son message. Je le sais fier, Greg. Qu’il fasse un pas vers moi ne signifiait pas seulement qu’il reconnaissait ses torts. C’était également la preuve que notre amitié, je ne l’avais pas rêvée. Elle n’était pas morte en même temps que ma fille sous prétexte que je le gardai à distance de ma peine. Bien sûr, nous aurions pu en souffrir auquel cas jamais je ne lui aurais demandé le service de m’introduire dans les quartiers de Maeve Fox. J’étais néanmoins convaincu, jusqu’à ce qu’il instaure entre nous des non-dits, qu’ils se braquent face à mon inquiétude toute légitime. Des semaines que je doute de mon instinct, que je lui cherche tantôt des circonstances atténuantes tantôt des poux littérairement. Mais, il était là, devant ma porte, avec à la bouche un prétexte fallacieux, sans doute parce que je tarde à lui ouvrir la porte en grand. « De toi à moi, c’est toi qui crains pour tes fesses la concernant. Moi, je l’ai trouvée charmante. » le provoquais-je, une lueur de défi au fond des yeux. Pourquoi fallait-il qu’il revienne sur le sujet ? Pourquoi ne pouvait-il pas se contenter d’ouvrir les bras, de rappeler qu’il est désolé et sollicité une visite de mon bateau ?  « Regarde. J’ai même réussi à obtenir ce que j’attendais d’elle sans perdre un œil, une main ou autre chose. » Le sous-entendu se passe de commentaire. Il est graveleux. La bouffe, le sexe, outre l’argent, fait tourner le monde et ces derniers temps, je suis loin d’être une exception de la gent masculine. Je relèverais presque du cliché à papillonner autour de Raelyn comme un insecte serait attiré par la lumière d’un réverbère. « Fais voir si tu as apporté le bon mot de passe. » ai-je finalement remarqué en récupérant d’entre ses mains le sac plastique estampillé d’un restaurant destiné aux carnivores, aux vrais.  Brochettes d’agneau grillées, salades et sans doute des pâtes grecques. Le choix comptait parmi mes repas sains favoris. Je saluai l’initiative et sa mémoire.

Doucement, béant un soupçon plus largement la porte de la cabine, je lui adressai une plaisanterie supplémentaire, qui aurait néanmoins pu être plus vraie qu’il ne se l’imagine. Ce n’est pas là qu’on m’attend, pas avec une blonde qui ne serait pas Sarah. D’aucuns me fréquentant n’ignorent ma fidélité malgré la séparation. Raelyn était peu à peu un incontournable dans ma vie. L’idée de partager ma jolie blonde me répugna et je grimaçai. « Oh non. Non. Non. Je ne suis même pas sûr que je te laisserais la regarder en fait. Tu perdrais un œil. Mais, je peux t’en parler si ça t’intéresse. » Juste ce qu’il faut. C’était surtout un prétexte pour suggérer qu’il était le bienvenu finalement et qu’à moi aussi, il m’a manqué. « C’est ça. Allez… » Je me décalai, parce qu’il ne me laissait pas le choix. Il se frayait un passage et m’adressa plusieurs accolades complices et quelques claques dans mon dos que je lui ai rendues. « Toi aussi, mais lâche l’affaire, Morton. » me plaignis-je en repoussant sa main. « Entre, regarde ce que tu m’as permis d’obtenir, mais pour lequel tu n’auras aucun remerciement et pâme-toi. » conclus-je en pénétrant dans le catamaran. Je ne pris pas la peine de lui demander son opinion sur l’intérieur entièrement rénové. Il n’avait pas besoin de mon accord pour s’exprimer. Je préférai nous sortir deux verres à vin et des couverts. « Alors ? Quoi de neuf depuis ta petite crise ? » Une fois encore, mes pupilles brillent d’un soupçon de défi. « C’est bon, je ne reviendrai plus dessus. » Je levai les mains en guise de rédemption. Ce serait derrière nous à partir de maintenant à moins que… « Sauf si tu es curieux de savoir ce qui s’est passé…avec Maeve » Bien que de mon côté, je ne reviendrai plus sur l’objet de notre conflit. S’il le souhaite, je l’écouterai. Peut-être même que je l’aiderai, mais ça se limiterait à ça.    


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Message(#)Do you have the time ? EmptyJeu 12 Mar 2020 - 23:19

Je me doute qu’Amos ne m’en veut pas, il est au-dessus de ce genre d’histoire. Ses provocations me confirment de toute façon qu’il est ouvert et plutôt heureux de me voir débarquer chez lui, comme s’il avait peur que notre amitié ait été mise en péril. Elle l’aurait sans doute été si je n’avais pas fait le premier pas, si je ne m’étais pas décidé à me sortir les doigts du cul et à accepter que j’eusse une grosse part de tort. L’accepter c’est une chose, le dire en était une autre. « Regarde. J’ai même réussi à obtenir ce que j’attendais d’elle sans perdre un œil, une main ou autre chose. » Il me montre fièrement son bateau, il a cette lueur dans ses yeux qui me prouve que j’ai bien fait et qu’il faudrait effectivement que j’accorde le bénéfice du doute à Maeve, mais surtout que je fasse confiance à Amos. Il est pas con Amos, il a les pieds sur terre et s’il a demandé mon aide, c’est qu’il savait ce qu’il faisait. Je l’espère très fort en tous cas.

Je lui tends le sac contenant le repas spécifiquement conçu pour lui, et sa réaction me fait sourire. Il ne me remercie pas, ne me lance pas de regard approbateur, mais je lis dans son regard qu’il apprécie le geste et le fait que je me souvienne de ses goûts. Il feint avoir de la compagnie, et je force le passage sans aucune gêne étant donné que je ne le crois pas une seule seconde. Je lui propose de partager la soi-disant jolie blonde, mais il grimace et me dis d’un ton bien presque plus sérieux : « Oh non. Non. Non. Je ne suis même pas sûr que je te laisserais la regarder en fait. Tu perdrais un œil. Mais, je peux t’en parler si ça t’intéresse. » Il a donc vraiment quelqu’un dans sa vie actuellement, il ne mentait pas. Je hausse un sourcil interrogateur, amusé. Le Amos ronchon de la caverne avait vraiment réussi à apprécier la présence de quelqu’un d’autre ? Il avait réussi à faire en sorte qu’elle ne fuit pas ? Il avait réussi à partager plus que ses draps avec elle ? « Noooooon, TOI ? TOI tu as une belle blonde qui se réveille à tes côtés maintenant ? Evidemment que tu vas m’en parler ! » Je me fous ouvertement de sa gueule, parce que c'est nouveau, je ne pensais sincèrement pas qu’il réussirait à considérer autre chose que la mort de Sofia. Je suis content, réellement content pour lui si cette demoiselle permet à Monsieur Taylor de se laisser aller un peu, de décompresser et de s’autoriser à aimer ça à nouveau.

Je l’embrasse violemment, lui claque les joues affectueusement parce que sa tronche m’a réellement manquée avant qu’il ne se dégage de mon emprise et me montre fièrement l’intérieur de son catamaran. L’odeur de bois mélangée à celle d’Amos me confirmait qu’il s’était déjà approprié l’espace, et je ne doute pas qu’il s’y sente mieux que dans son studio miteux. « Ca m’rappelle la fois où j’suis venu te rendre visite avec Alexis y’a quelques années. » Un semblant de nostalgie passe à travers mes pupilles, on avait passé de supers vacances cet été-là. Quand j’étais encore avec Alexis, et surtout quand Sofia était encore en vie… « Alors ? Quoi de neuf depuis ta petite crise ? » Sa voix me recentre, et je souris de mépris, un sourcil arqué. « C’est bon, je ne reviendrai plus dessus. qu’il me sort finalement avec sa tête d’innocent. Ma vie avait repris son cours, et je n’avais pas grand-chose de sensationnel à raconter. C’est plutôt sa vie à lui qui me semblait mouvementée, pas la mienne bien rangée entre le boulot et mes plans cul irréguliers. « Sauf si tu es curieux de savoir ce qui s’est passé…avec Maeve » Je dois avouer qu’il me tente, il me tend une perche, et j’ai bien envie de la saisir. « Elle t’a fait chanter par je ne sais quel moyen et c’est pour ça qu’elle a accepté de te prêter de l’argent ? Ne me sors pas qu’elle l’a fait uniquement parce que tu es mon pote d’enfance, je veux bien croire qu’elle t’a pas coupé un doigt ou deux mais j’goberai pas ça. » Mon ton se fait plus sérieux, j'ai réellement envie de savoir comment il a fait pour lui extorquer 350 000$. « Parce que clairement, quand je lui ai annoncé que j'aime aussi les hommes, elle s'en est servi contre moi. » Je lâche cette dernière phrase aussi innocemment que possible, qui prouve toute ma bonne volonté, qui montre que je lui fais confiance et que je suis prêt à en parler. J'ai pas envie d'en faire des caisses, juste lui dire la vérité. Je suis venu pour ça non ? Je me racle la gorge parce que ça m'a troué le cul de le sortir comme ça, parce que ça m'a allégé le coeur de le dire à voix haute, mais parce que ça m'a aussi foutu une boule énorme en plein milieu de mon estomac. J'ai peur d'affronter son regard, et je m'agrippe alors au verre qu'il vient de poser, en faisant claquer son culot contre la table. « Bon tu nous sers ou quoi ? J'ai le goulot tout asséché moi ! » que je sors nerveusement en riant.

@Amos Taylor
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Message(#)Do you have the time ? EmptyDim 15 Mar 2020 - 12:36




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Et je l’observe, les yeux plissés, pas tant parce qu’il a l’air surpris que je puisse m’acoquiner avec une autre femme que la mienne, mais car il est presque outrageant. Bien sûr, je ne me vexe pas. Ce genre de plaisanteries est monnaie courante entre nous. Néanmoins, je m’interroge. Qu’est-ce qui l’étonne tant ? Présume-t-il que je reprends goût à la vie ou que j’accepte que mon union avec Sarah soit en putréfaction et bonne à enterrer ? Sans doute un peu des deux et l’idée étira mes lèvres d’un sourire discret. « Oui. Pas tout de suite. On va te laisser redescendre avant. » le taquinais-je non sans l’arrêter de peur qu’il exagère. « Tout ce que je peux te dire pour le moment, c’est qu’elle ne se réveille pas à mes côtés tous les matins. » Régulièrement, certes, mais Greg semblait monter sur ressort. Il aurait tôt fait d’extrapoler, de me prêter à ma liaison un caractère grave et ça, ça me ferait flipper. Les drames qui frappèrent mon existence m’avaient appris à ne plus me projeter vers l’avenir puisque trop souvent, je soupire sur mon passé. Ces derniers temps, je m’étais moi-même effaré à tergiverser sur la nature de ma relation avec Raelyn. Elle me sortait de ma zone de confort et Dieu seul sait les dangers qui guettent en dehors de ma bulle. Sur l’heure, j’avais surtout besoin d’appréhender le virage que j’empruntais malgré moi en gardant la tête froide, sans quoi, je nous abîmerais à chercher à nommer notre association qui, aujourd’hui, est d’une simplicité sans précédent. Nous aimons passer du temps ensemble, l’attraction charnelle est à son comble et c’est parfait en l’état. Dès lors, histoire de me préserver de son enthousiasme, je nous ai ramenés à plus de mesure quoique, à son image, j’étais heureux de le voir. Je ne repousse ses marques d’affection que pour la forme finalement. Dans le fond, elles sont rassurantes. Bien que je préférerais crever que de l’admettre, je m’étais inquiété pour mon amitié avec Greg. Chaque élément de mon quotidien retrouvait peu à peu sa place et ça m’allait très bien. « Ah oui ? Qu’est-ce qui t’a fait penser à ça ? » m’enquis-je tout de même alors que je sens poindre en lui une vague de nostalgie. Lui manquerait-elle, Alexis ? La cherche-t-il encore au travers ces histoires d’un soir ou d’un peu plus ? « Tu as toujours des nouvelles, d’ailleurs ? Comment va-t-elle ? Et sa fille ? Tu la vois encore ? » De mémoire d’homme, il m’avait paru, à l’époque, qu’il avait noué pour cette enfant une profonde affection. Je ne serais pas surpris qu’ils soient en contact.

Le plus naturellement du monde, la conversation bifurqua vers l’objet de notre dispute : Maeve Fox. Cette femme d’affaires perpétuellement dans la réserve, ce qui contribuait sans doute à forger sa réputation de requin, m’avait fait une forte impression. Je l’avais trouvé à l’écoute, agréable et profondément attachée à Morton. Nous avions décidé de commun accord qu’il valait mieux le laisser à l’écart de mon objectif principal, l’avouable, celui qui justifiait un emprunt considérable. Pourtant, je n’ai pas déposé sur le plateau mon impression. Il n’était pas prêt à l’entendre dès lors que son propos est toujours chargé de mépris. J’avais à cœur d’éviter querelle supplémentaire. Aussi, me suis-je contenté de le rassurer : « Elle ne l’a pas fait pour toi, mais parce qu’elle a compris que j’étais malin. » avançais-je soucieux de ne pas éveiller la curiosité du flic. « Et je n’ai rien perdu en membres et elle ne m’a pas fait chanter non plus. Notre arrangement est sain. » Autant qu’il puisse l’être en tout cas. Était-ce le moment d’admettre qu’il la jugeait trop sévèrement ? Trop tard. J’ai réagi trop tard. L’objet de sa rancœur glissa sur le terrain. Il a claqué d’un coup sec dans mon tympan tandis que je débouchais la bouteille de vin qui accompagnait les victuailles apportées en guise de cadeau. Machinalement, j’ai relevé les yeux vers lui, mais ils ne brillèrent pas de la lueur du jugement. S’ils s’illuminent d’une étincelle, elle n’est que déception. Franchement, si sa bisexualité le gêne, j’en avais cure. Ma mère n’est jamais parvenue à me formater sur son mode de pensée. Dans mon esprit, chacun fait ce qui lui plaît et comme ça lui chante. C’est la base même du vivre ensemble. « Elle s’en est servi contre toi parce que tu lui en as donné la possibilité. Si tu vis ça comme un sale petit secret honteux. » remarquais-je en remplissant le fond de son verre de vin. « Et ça a l’air d’être le cas. » Il avait préféré provoquer le conflit plutôt que de l’admettre. « Évidemment qu’on pourra s’en servir contre toi. Il faut assumer, mon grand. Tu ne seras ni le dernier ni le premier. » Je lui tapotai l’épaule, le tout surplombé d’un sourire. « Tiens bois. Ça t’évitera de dire des conneries. Franchement, j’en reviens pas que tu aies fait tant de mystères. C’est quoi qui te gêne tant ? Le regard des autres ? » C’était souvent là que le bât blessait. « Si tu veux mon avis, tu devrais régler ça avec elle. Je pense qu’elle a beaucoup d’affection pour toi. Un jour, tu vas le regretter si tu ne fais pas un geste vers elle. Est-ce qu’il lui arrive encore te demander de faire des trucs pour elle ? » me suis-je inquiété, évaluant la réplique comme un élément capital pour la suite. Au vu du tableau présenté par la femme d’affaires, j’aurais tôt fait de me méfier de sa duplicité si elle m’avait mené en bateau concernant Greg. En attendant la réponse, j’ai glissé dans le four les brochettes d’agneau. « Ça y est ? Tu es redescendu ? Parce qu’il faut que je te demande quelque chose et que tu te mettes dans la peau d’un spécialiste des relations amoureuses. Comment tu sais quand un truc qui, normalement, devrait être sans lendemain est en train d’échapper à notre contrôle et sortir du cadre ? »


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Message(#)Do you have the time ? EmptyJeu 19 Mar 2020 - 23:24

Je sais à quel point Sarah a été importante pour Amos, et à quel point tout ce qui s’est passé ces derniers temps l’a affecté. Je ne doute pas qu’il puisse séduire, il est beau Amos, il sait s’y prendre avec les femmes, mais je ne le pensais pas prêt pour ouvrir son cœur à nouveau. Peut-être que je me trompe sur la nature de la relation qu’il entretient avec la blonde en question, mais il a le sourire aux lèvres quand il me l’annonce, et ça, ça veut déjà tout dire. « Oui. Pas tout de suite. On va te laisser redescendre avant. » Il ne m’empêche pas de rire, ni ne referme la potentialité de m’en parler, mais il cherche à m’intriguer encore plus. « Tout ce que je peux te dire pour le moment, c’est qu’elle ne se réveille pas à mes côtés tous les matins. » Ils n’ont pas l’air de se cantonner au côté charnel et éphémère de la relation, elle a l’air d’être régulière. « Pas encore, tu veux dire ? » Un clin d’œil ponctue ma question, je le sens sur la défensive, comme s’il ne voulait pas non plus se laisser prendre dans une toute nouvelle relation juste après Sarah.

L’intérieur de son bateau est décoré avec simplicité, seuls le mobilier nécessaire s’impose tandis que les babioles sans aucune utilité ne sont pas forcément les bienvenues ici. Son grand canapé m’attend, et je peux apercevoir une armoire qui garde précieusement les nombreux verres, tous parfaitement assemblés et rangés en fonction de l’alcool qu’ils doivent contenir. L’odeur de la mer est prégnante, et me rappelle pourquoi Amos a tant insisté pour obtenir son bateau, pour le ramener au plus près de ce qu’il aime le plus. « Ah oui ? Qu’est-ce qui t’a fait penser à ça ? » Il sait à quel point j’aimais lui rendre visite, à quel point j’aimais partager ces moments avec Alexis. Je l’avais introduite à Amos, et c’était bien une grande première pour moi, moi qui n’avais jamais voulu me poser depuis Nathalie. « J’sais pas, ça m’rappelle juste les vacances tout ça, du temps où on avait encore toute la vie devant nous, que rien ne nous paraissait impossible. » Je ris, pour alléger la nostalgie, pour détendre mes expressions crispées. Je ne suis pas si vieux, mais je sais que j’ai raté le coche, je n’aurais jamais d’enfants, il est trop tard pour se trouver une femme à mettre en cloque. « Tu as toujours des nouvelles, d’ailleurs ? Comment va-t-elle ? Et sa fille ? Tu la vois encore ? » Je souris. Il se souvient de Grace, évidemment qu’il se souvient d’elle. Je lui avais confié mes peurs concernant cette ado jeune adulte, je savais pas comment m’y prendre avec elle ni comment trouver ma place dans cette famille. « Elle va bien, je crois. La dernière fois que je l’ai vue, c’était au poste de police pour récupérer son frère qui s’était fait arrêter. » Je sens les questions d’Amos arriver, et j’anticipe, essaie de résumer la situation qui avait amené à nous retrouver avec Grace. « Tu te souviens, Jeremy est autiste. Il s’est retrouvé en plein milieu d’une manifestation, et mes collègues l’ont pris pour un gars violent donc ils l’ont embarqué au poste. » que je sors en riant à moitié. Sur le coup, la situation avait été beaucoup plus délicate, entre Grace qui insultait les flics et son frère qui tentait de se calmer avec son fidget spinner dans mon bureau, les retrouvailles avaient été mouvementées. « Elle est photographe maintenant, la gamine. » Je me rends compte que je prends plaisir à parler d’elle, comme si j’en étais fier, comme si c’était ma gamine. « Et Alexis, ben, non, pas de nouvelles. Apparemment elle s’est remariée avec un mec. C’est tout ce que je sais. » Ca clôt la conversation sur elle, parce que j’ai pas envie d’en parler plus, parce que j’ai toujours du mal à passer au-dessus.

J’embraye sur Maeve, je cherche à en savoir plus sur leur entrevue. « Elle ne l’a pas fait pour toi, mais parce qu’elle a compris que j’étais malin. » Je ne doutais pas de ça, et il le sait. « Et je n’ai rien perdu en membres et elle ne m’a pas fait chanter non plus. Notre arrangement est sain. » Il me rassure, mais je suis déjà en train de compter jusqu’à trois pour déposer une partie de mon lourd secret sur la table. Je tente de détendre l’ambiance que j’avais tout à coup alourdie en réclamant à boire, mais Amos fait évidemment abstraction de cette intervention. « Elle s’en est servi contre toi parce que tu lui en as donné la possibilité. Si tu vis ça comme un sale petit secret honteux. » Mes yeux sont toujours rivés sur mon verre, je ne peux pas le regarder, la honte me ronge et bien que sa réaction n’ait rien d’un jugement sur mon orientation sexuelle, elle l’est toutefois sur le fait d’avoir caché cette part de moi à tout le monde. « Et ça a l’air d’être le cas. » Je suis comme un gamin à qui on fait la morale, tête baissée et regard détourné. « Évidemment qu’on pourra s’en servir contre toi. Il faut assumer, mon grand. Tu ne seras ni le dernier ni le premier. » La réaction d’Amos ne m’étonne pourtant même pas, il n’a tout simplement pas réagi à ma révélation en se confondant en excuse ou blague de merde pour montrer son inconfort, il m’a juste exposé le fait d’avoir été con de l’avoir caché parce que c’est le meilleur moyen d’être atteint de cette façon. Il me tapote l’épaule en guise de rassurement, et je m’autorise cette fois-là à relever les yeux brillants en sa direction. Je n’ai pas besoin de parler, il sait que je le remercie pour son honnêteté, pour le fait qu’il n’en ait pas fait tout un plat. Je comprends que je peux lui en parler librement, qu’il ne me jugera pas et qu’il aura une oreille attentive à mes doutes et mes peurs. En sera-t-il de même quand je lui dirais que j’ai frappé presque à mort des mecs gays, justement parce qu’ils sont gays ?

« Tiens bois. Ça t’évitera de dire des conneries. Franchement, j’en reviens pas que tu aies fait tant de mystères. C’est quoi qui te gêne tant ? Le regard des autres ? » Il essaie de rendre la discussion moins moralisatrice, plus légère. « Ca dépend des autres. C'est différent au poste, tu le sais. J’ai bâti ma réputation de lieutenant comme je l’ai pu, avec rigueur et autorité, réussi à obtenir le respect de tous, et tout le reste. » Comme si un homme qui aime un homme ne pouvait pas avoir toutes ces qualités. « C’est juste que… C’est pas tout. C’est pas le fait de dévoiler que j’aime les hommes le problème, c’est le fait que Maeve le fasse à ma place. » et ça voulait dire aussi demander aux gars que j’avais tabassé de témoigner contre moi, pour qu’ils aient enfin leur revanche, et surtout du fric, beaucoup de fric. Et je vois difficilement comment de simples excuses pourraient effacer cette trahison qu’elle a commise, pourraient justifier le fait de me faire chanter à ce point-là pour que j’agisse comme son toutou. Lui en parler ne servirait à rien, réveillerait des douleurs trop intenses. « Non, c’est fini maintenant. Je lui dois plus rien. » Je me garde bien de lui dire que la raison pour laquelle elle a arrêté de me faire chanter, c’est parce que je lui ai fait une faveur en lui montrant les preuves contre elle, contre le crime qui avait été commis le 31 décembre 2019. Qu’elle puisse prendre ses mesures pour se protéger. Je porte enfin le verre de vin à mes lèvres pour en humer les arômes et le déguster, la tension est redescendue mais le breuvage ne me fera pas de mal. « Ça y est ? Tu es redescendu ? Parce qu’il faut que je te demande quelque chose et que tu te mettes dans la peau d’un spécialiste des relations amoureuses. » Je sors mon premier rire depuis que notre conversation a débuté, il change enfin de sujet, passe à son propre cas, et ça m’allège un peu le cœur. « Comment tu sais quand un truc qui, normalement, devrait être sans lendemain est en train d’échapper à notre contrôle et sortir du cadre ? » Il me parle de sa fameuse blonde, de celle qui se réveille à ses côtés le matin, mais pas tous les matins. « Comme si j’étais le spécialiste en relations amoureuses, ouais. » Un sourire en coin, je roule des yeux, parce qu’il sait qu’à part Nathalie et Alexis, ma vie sentimentale se réduit à… Pas grand-chose. « Comment t’as fait pour que cette histoire sans lendemain finisse par se répéter ? Tu sais bien qu’en recommençant, tu t’engouffres dans une spirale infernale et il est difficile d’en sortir. » C’est la raison pour laquelle je ne revoyais jamais les personnes avec qui j’avais couché. Sauf Elizabeth. Et Thomas. Mais Thomas c’est différent. Je suppose.

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Message(#)Do you have the time ? EmptySam 21 Mar 2020 - 0:19




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En réalité, je ne veux rien dire du tout. Raelyn et moi en sommes à peine au stade où nous appréhendons que notre relation s’étende sur une distance qui dépasse le charnel. Rien qui présage d’un emménagement à moyen un terme. Je n’étais pas convaincu de le désirer d’ailleurs. En revanche, j’aimais que nos rencontres s’espacent de moins en moins. Nous étions passés d’un soir à l’occasion au profit de quelque chose de plus régulier dont je parlerai plus tard, lorsque je jugerai le moment adéquat. Sur l’heure, nous avions plus urgent à régler, Greg et moi. Il n’était pas question de faire l’impasse sur une mise au point par rapport à notre dernier différend. L’ombre de Maeve Fox planait autour du nous avec plus de force que le souvenir d’Alexis et de Grace, la fille de cette dernière. Je fus heureux d’apprendre qu’elles allaient bien. « Et,ça va ? ça ne t’a pas fait bizarre ? D’apprendre qu’elle était mariée ? » Avaient-ils regretté de pas lui avoir demandé sa main, quand visiblement, c’est ce qu’elle attendait de la vie ? Et lui, à quoi la dédiait-il, son existence ? A vivoter entre plusieurs amantes et à nourrir de la rancœur pour une vielle amie ? La femme d’affaire est servie sur la table de notre conversation assez rapidement et je vois bien que quelque chose cloche dans son attitude. Il n’est pas aussi guilleret qu’à l’accoutumée et, autant je m’en étonnai, autant ai-je compris dès lors qu’il pressa le détonateur de ce qu’il pensait être une bombe. A mon sens, ça ne changeait pas grand-chose. Il pouvait gérer sa sexualité comme il l’entendait. Aussi, n’ai-je pas relevé ou pas comment il l’avait souhaité. Je ne me suis pas écrié. Je n’ai pas lancé les bras au ciel non plus. Je m’étais contenté, non pas de le sermonner, mais de lui confier mon ressenti sur sa honte. Elle est palpable et je pressens que ça n’est pas à cause de moi, mais que c’est bien plus profond, comme s’il n’assumait pas ces propres choix, ce qui me poussa à l’interroger, l’air de ne pas y toucher, et aussi délicatement que possible. Lui, il me jette un regard empli de gratitude. Il n’était pas nécessaire et je réitérai mon geste précédent : une tape amicale et réconfortante sur l’épaule. « Oui. Ça, je peux l’entendre. » avouais-je en évaluant ce qu’il devait être pesant de craindre pour sa réputation dans le cadre de son job. Ça l’était d’autant plus que la sexualité des uns n’appartient pas aux autres. A-t-on déjà entendu un hétérosexuel tendre la main et se présenter en ces termes : Salut, moi c’est Amos, et j’aime les femmes. Ça n’aurait aucun sens. Pourquoi donc devrait-il se soucier que chacun découvre qui il est quand il tend à si bien le cacher, y compris à moi ? Et, soudainement, ça prend tout son sens. C’est parce qu’il n’est pas le seul à détenir ce secret. Maeve le conservait également, mais au vu de sa détermination à protéger son ami de moi, j’avais peine à croire qu’il soit en réel danger. « Tu veux que je te dise ? » Et tu promets de ne pas chercher à en savoir plus, hurlait mon regard. « Je ne sais pas si elle a déjà eu l’intention d’utiliser ce qu’elle savait. Et, si j’étais toi, j’anticiperais. Elle t’a fait chanter et c’est dégueulasse, mais ça ne peut l’être que si tu laisses le pouvoir à l’autre. » J’ai haussé les épaules, fataliste. Je ne juge pas, je lui explique comment moi, j’aurais réagi. Dans la difficulté, je prends les devants. J’enraie toute machine qui me ferait perdre le contrôle de ma vie. Mais, n’est-ce pas facile pour moi ? Ne l’est-ce pas parce que je n’ai strictement plus rien à perdre, si ce n’est – et c’est inédit – Raelyn ?

Ce constat, je le tirai il y a peu après que je l’eus trouvé avec un autre que moi. L’idée de la partager m’a semblé insupportable et je réalisai que d’être loin d’elle l’était tout autant. En réclamant l’exclusivité qu’elle m’offrit de la plus intense et complaisante des façons, je savais que j’étais en train de mettre le doigt dans un engrenage, un de ceux dont on ne sort jamais sans encombre. « Ben, tu l’es déjà plus que moi. Je te rappelle que ma vie sentimentale se résume à un mariage qui a foiré. » Et, pour la première fois depuis des années, je l’avoue sans amertume et sans trébucher sur les mots. « Et qu’en matière de coup d’un soir, on ne peut pas dire que je sois un adepte. » admis-je alors que, jusqu’il y a peu, j’avais continué à partager le lit conjugal à l’occasion, lorsque la révérende était disposée ou que l’un de nous deux en manifestait l’envie. Sans doute était-ce pour cette raison que je n’avais pas perçu le danger. « Je sais bien, mais je crois qu’il faut la rencontrer pour comprendre. Ce qui n’arrivera pas. » remarquais-je pour couper court à son imagination. Déjà je referme la porte de mon four. J’enclenche la minuterie et, comme mon acolyte, je bois une gorgée de vin. « Elle est… » Comment la décrire ? Aucun mot, à disposition, ne semble pouvoir faire honneur à tout ce qu’elle m’inspire. « Elle est….je sais pas comment l’exprimer. » Je vais donc me risquer à une image. « Imagine que je mets devant tes yeux ton plat préféré et que je te dis qu’il est tout pour toi. D’accord ? Et, tu n’as pas le temps de finir l’assiette, qu’on te la reprend. » Dans l’absolu, elle ne s’était pas enfouie. Personne ne m’avait empêché de la toucher. Mais, je trouvais la comparaison éloquente. « Alors que c’était la meilleure version de ton plat préféré justement. Une version pleine d’arôme dont tu avais oublié le goût. Tu me suis ? » Je n’ai pas attendu qu’il hoche de la tête pour poursuivre. « Eh bien, ça te donne une idée de comment j’ai oublié de ne pas recommencer, même si au départ, j’étais convaincu que ça n’arriverait plus. Le truc, c’est que je l’ai sous les yeux souvent et que je te prie de croire que c’est compliqué de résister et encore plus de pas faire des trucs un peu étranges quand on me connait. Je lui ai cuisiné des pâtes, on en parle ? »


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Message(#)Do you have the time ? EmptyMar 31 Mar 2020 - 1:57

Amos ne me répond pas quand j’essaie d’ouvrir une conversation sur sa blonde, et je n’insiste pas plus. Il m’en parlera quand il en aura envie, je sais pertinemment que de le forcer à parler ne nous mènera à rien. Il préfère, lui en revanche, se focaliser sur Alexis et sur ce que j’ai ressenti au moment où j’ai appris qu’elle s’était remariée. J’ai pas vraiment envie de m’étaler sur ça non plus, Alexis fait partie de mon passé, elle y a eu une place importante mais nous avions décidé d’un commun accord de se séparer, les attentes étaient bien trop importantes de mon côté pour que l’on puisse rester ensemble. Si elle s’est remariée aujourd’hui et qu’elle est heureuse dans son nouveau ménage, je ne peux que partager son bonheur. Je ne lui dois plus rien, et elle ne me doit plus rien non plus, la question ne mérite même pas d’être posée. « Ca va. On a chacun refait notre vie de notre côté de toute façon, il fallait s’y attendre. » Elle avait réussi à refaire sa vie en tous cas. Je ne doutais pas de ça avec elle, mais ça ne fait pas moins mal pour autant. Je n’avais pas réussi à avancer de mon côté, trop blessé par mes relations, trop impliqué et trop aveuglé à chaque fois pour voir que j’allais en sortir, souffrant et détruit. Notre relation avait en fait mis un point final à ma volonté de me reconstruire avec quelqu’un, bien que l’envie d’avoir des enfants ne m’aie jamais quitté.

Alors que je vide mon sac et qu’Amos me fait la morale, je sais qu’on a dépassé le stade des aveux et que je n’ai plus besoin de craindre sa réaction. Je me contente de me justifier sur les raisons pour lesquelles j’avais accepté d’être le toutou de Maeve sans m’étaler davantage, discuter de mes excès de colère avec lui ne servirait à rien mis à part me ramener plusieurs années en arrière lorsque j’étais mal dans ma peau et si peu confiant. Cette histoire ne devrait pas ressortir de toute façon, Maeve me l’avait promis. « Tu veux que je te dise ? Je ne sais pas si elle a déjà eu l’intention d’utiliser ce qu’elle savait. Et, si j’étais toi, j’anticiperais. Elle t’a fait chanter et c’est dégueulasse, mais ça ne peut l’être que si tu laisses le pouvoir à l’autre. » Il anticiperait ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Faire mon coming-out de façon ouverte pour qu’elle ne puisse plus me faire chanter sur ça à nouveau ? Ca aurait pu marcher s’il n’y avait pas eu l’événement ‘j’ai frappé les gars avec qui j’ai couché parce qu’ils sont gays’. Non, c’est beaucoup trop risqué, et les victimes sont apparemment toujours remontées puisque Maeve est parvenue à les contacter pour qu’ils témoignent contre moi. Et pourquoi pense-t-il qu’elle n’a jamais eu l’intention de l’utiliser contre moi ? Avaient-ils parlé de moi lors de leur entrevue ? Sans doute, mais à quel point ? « Hm, j’y réfléchirais. » que je me contente de dire malgré le fait que je sache que je ne dévoilerais rien de tout ça à personne d’autre. A moins que je ne me trouve un plan B pour fuir Brisbane et recommencer ma vie loin de tout. « Et juste pour savoir, pourquoi est-ce que tu es si certain qu’elle n’aurait jamais utilisé ça contre moi ? » Il avait piqué ma curiosité, et je ne pouvais pas laisser passer ça. Je m’étais confié, c’était à son tour maintenant.

« Ben, tu l’es déjà plus que moi. Je te rappelle que ma vie sentimentale se résume à un mariage qui a foiré. » Il n’a pas tort sur ce point, mais à voir où ça m’a mené aujourd’hui, je suis clairement pas la référence. D’un rictus moqueur, je l’invite à continuer d'un coup de menton dans le vide. « Et qu’en matière de coup d’un soir, on ne peut pas dire que je sois un adepte. » Cette fois-ci, c’est un rire généreux qui sort de ma gorge. Je lui demande comment il a réussi à se mettre dans une telle situation, ça m’étonne de lui d’être autant indécis et en questionnement. « Je sais bien, mais je crois qu’il faut la rencontrer pour comprendre. Ce qui n’arrivera pas. » mon sourcil se relève, un sourire narquois sur mes lèvres. Ah non, t’es sûr de toi Amos ? Parce que vu comme c’est parti je vais pas tarder à la rencontrer ta chérie. Il bug quand il faut la décrire, je sais pas s’il essaie de me cacher qu’il a un début de sentiment pour elle, ou s’il essaie de s’en cacher tout court, mais je l’ai rarement vu dans cet état. « Imagine que je mets devant tes yeux ton plat préféré et que je te dis qu’il est tout pour toi. D’accord ? Et, tu n’as pas le temps de finir l’assiette, qu’on te la reprend. » Je relève mon regard pendant que je réfléchis, il est parti sur des métaphores pour illustrer sa relation avec sa blonde, c’est mal barré. « Alors que c’était la meilleure version de ton plat préféré justement. Une version pleine d’arôme dont tu avais oublié le goût. Tu me suis ? » A peu près, oui. Comme quand j’ai rencontré Alexis après Nathalie. Que je redécouvrais ce que c’était d’aimer, et que je découvrais aussi que ça pouvait être simple. « Eh bien, ça te donne une idée de comment j’ai oublié de ne pas recommencer, même si au départ, j’étais convaincu que ça n’arriverait plus. Le truc, c’est que je l’ai sous les yeux souvent et que je te prie de croire que c’est compliqué de résister et encore plus de pas faire des trucs un peu étranges quand on me connait. Je lui ai cuisiné des pâtes, on en parle ? » Il avait posé ses couilles sur la table, il avait osé m’en parler alors que le Amos que je connais aurait habituellement tout fait pour l’oublier et passer à autre chose. Que lui avait-elle fait ? « Hm. Je vois. La belle sirène a réussi à envoûter le pirate pour qu’il lui cuisine des pâtes. Ben dis donc elle a frappé sacrément fort cette blonde. » Je prends le temps de me foutre de lui, et de boire une gorgée de mon vin avant de lui répondre. « Et tu me demandes comment savoir si t’es en train de perdre le contrôle ? Parce que tu vas me dire que tu connais pas la réponse là ? » que je lui demande ironiquement avec un sourire moqueur sur mes lèvres. « Ca te fait pas du bien, de te laisser aller un peu ? De goûter à nouveau à tout ça et de savoir que t’es vivant, que tu peux ressentir encore ce genre de choses ? » Parce que ça avait été ma bouffée d’air frais à moi. « Pourquoi est-ce que tu cherches tant à te contrôler ? Elle est si mauvaise pour toi ? Parce que tu m’as l’air d’être un con heureux quand tu parles d’elle, et c’est franchement beau à voir. » que je lui avoue avant de lever mon verre en sa direction pour trinquer une nouvelle fois. « Vous avez déjà pris des photos de vous deux en mode selfie amoureux sur votre téléphone ? Parce que si c’est le cas, t’es foutu mon gars. »

@Amos Taylor
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Message(#)Do you have the time ? EmptyVen 3 Avr 2020 - 0:45




Do you have the time ?
Hormis dans de rares cas, je ne me permets pas de me mêler des affaires d’autrui, principalement lorsqu’elle ne me concerne pas directement. Or, Greg et moi, nous sommes amis de longue date. Aussi, n’ai-je pas conservé jalousement mon opinion sur sa situation avec Maeve. Ça ne me regarde pas évidemment. J’en suis parfaitement conscient, mais je n’ai pas l’impression de jouer les pères moralisateurs en lui confiant mon sentiment par rapport à son amie d’antan. Certes, elle avait tenu le rôle de corbeau dans la vie du flic. Elle l’avait manipulé pour servir ses propres intérêts. Sa colère était donc toute légitime, mais elle m’avait paru sincère lorsqu’il s’invita à la table de notre conversation professionnelle. Elle avait de l’affection pour cet homme penaud face à sa sexualité. Sans doute s’était-il imaginé que je ferais de sa bisexualité un problème, que je le jugerais et qu’au comble de la bêtise, je me serais méfié de lui. Sauf que je me contrefiche de ses préférences au lit. Je me préoccupe davantage de ce que sa fierté bride sa liberté et empêche une réconciliation qui pourrait l’alléger ses épaules d’un poids. Je suis persuadé s’il prenait la peine de mettre de côté son orgueil pour amorcer ne fût-ce qu’une discussion, il s’en porterait mieux. Peut-être même qu’il arrivera à dormir plus tranquillement la nuit. « Parce que c’est évident. » ai-je répliqué tandis qu’il m’interroge maladroitement. Son but, j’en suis certain, c’est d’apprendre si nous avons évoqué son nom durant notre échange. Pour obtenir une réponse franche – quoique j’aurais respecté le serment qui me liait à Maeve le concernant – c’était de cette façon qu’il fallait la poser. Je ne suis pas sensible à ce qui se doit se deviner. J’adore jouer, mais les charades et autres distractions du genre ne m’intéressent pas. « Pourquoi elle m’aurait rencontré sinon ? Je ne suis personne. » Un poisson rouge qui tourne en rond dans son bocal pour un requin de son envergure. La messe était dite. Il n’obtiendrait rien de plus. Le repas serait bientôt réchauffé. J’ai donc entrepris de dresser la table en bifurquant vers un autre sujet : Raelyn.

C’est un nouveau combat que d’aborder ce sujet sans trop en révéler. J’avais besoin de conseil, pas de titiller sa curiosité au point qu’il brûle de rencontrer la nymphe. Il est flic. Elle les déteste. Je ne les aime pas beaucoup non plus. Greg et Olivia font figure d’exceptions. L’expliquer à l’un comme l’autre, c’était risqué qu’ils se sentent tous deux trahis, de façon différente, mais non moins cuisante. Je souhaitais autant me l’éviter. Aussi ai-je opté pour une métaphore. La comparer à un péché mignon n’avait rien de réducteur. Elle était le mien et il valait mieux de parler de saveur que de décrire ses courbes, l’intensité de son regard ou tout autre trait qui, au cœur d’une étreinte brûlante ou lors d’un moment sage et tendre, me rend complètement fou. Je me découvrais des trésors d’éloquence d’ailleurs. Pour moi, qui ne suis pas forcément à l’aise avec la poésie des mots, je me trouve plutôt évocateur. La preuve en est, il saisit l’ampleur des dégâts, voire de mes sentiments naissants, ceux que je m’emploie à réfuter de toutes mes forces. « Envoûter. Ça va, n’exagère pas non plus. » me suis-je défendu plus mal à l’aise que je ne l’aie souhaité. Difficile de conserver ce masque d’indifférence pour ne pas m’alerter. Je n’en mène pas large et je ne convaincs personne, moins encore cet aguerri des relations humaines. Quoi qu’il en dise, il s’y était frotté bien plus que moi. J’étais resté trop longtemps prisonnier consentant de mon mariage pour apprivoiser toutes les ficelles du métier de séducteur. Je n’en étais pas un d’ailleurs, à moins que ça ne soit malgré moi. Je ne comptais plus le nombre de fois où je m’étais demandé ce que Raelyn pouvait bien trouver de si intéressant. « Et, je ne perds pas vraiment le contrôle. » Enfin, je crois. « Qu’est-ce qui te fait penser que j’ai perdu le contrôle ? » Je passe de l’embarras à la panique en un temps record. « Non, mais parce que si tu crois que je perds le contrôle, ça veut dire qu’elle pourrait le croire aussi. Or, je ne suis pas certain que c’est vraiment ce dont nous avons besoin tous les deux. On ne forme pas vraiment un couple elle et moi. » Mais, on y ressemblait drôlement, un rien trop à mon goût. « Te moque pas, Greg. Je suis très sérieux. C'est assez problématique en fait. » ai-je aussi répliqué devant son ironie. « Je ne sais pas si ça me fait autant de bien que ça. Ça me fait plutôt flipper moi. Je ne suis même pas divorcé. Et, Sarah a plus l’air aussi décidée. Elle m’a cassé les couilles pour que je signe et maintenant que c’est fait, elle a plus l’air d’en vouloir. Elle est persuadée que j’ai rencontré quelqu’un, ce qui n’est pas tout à fait faux, mais qui n’est pas tout à fait vrai non plus. » Je me perds en circonvolution sans queue ni tête. Je ne me reconnais plus. Moi, si taiseux, d’apparence si sûr de ne jamais parler pour ne rien dire, je me fais l’effet d’un adolescent devant la fille qu’il a envie d’emmener au bal de promo. Est-ce ce qu’il sous-entend quand il parle de con heureux ? « Peut-être une ou deux. Je ne sais plus. » J’en avais toute une panoplie en réalité. De quoi faire un album. Mais, je n’aime pas être foutu. Je déteste ça parce que je ne sais pas si cette liaison est mauvaise ou non. « Elle, non. » Même si elle fait un boulot détestable, mais suis-je en reste ? Et quand bien même, il ne la définit pas. « Mais, ce truc, c’est un peu malsain. Je ne sais pas comment t’expliquer. C’est… » J’ai mimé une explosion de mes mains. « Tu vois le genre ? Et, je te parle pas de sexe, ça, ça serait facile à gérer. Je te parle de… de pouvoir en fait. Elle en a sur moi et je le vis mal. » Parce que, comme elle, je suis indépendant et que j’y tiens à cette morosité. Elle est mon moteur. Sans elle, qui vengera ma fille ? Qui ?


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Message(#)Do you have the time ? EmptyMer 8 Avr 2020 - 0:22

En vérité, je ne savais pas exactement si Maeve pouvait vraiment utiliser ce qu’elle avait contre moi. Je ne la connais plus, je ne sais pas de quoi elle est capable. Elle a tout de même été capable de me faire chanter pour parvenir à ses fins, pourquoi n’aurait-elle pas mis ses menaces à exécution si je ne lui avais pas obéit au doigt et à l’œil ? Je sais à quel point je suis important pour elle, ce dont je ne suis vraiment pas sûr, c’est qu’elle pourrait très bien faire passer sa réputation en première position, et non notre relation. « Parce que c’est évident. » Apparemment plus pour lui que pour moi. « Pourquoi elle m’aurait rencontré sinon ? Je ne suis personne. » Il n’a pas tort sur ce point, elle cherchait peut-être juste à se faire pardonner après tout. Dans tous les cas, mes questions resteront certainement sans réponse, et ce n’est certainement pas Amos qui l’a entrevue une petite heure au maximum qui pourra m’en fournir. De toute façon il semble clore la conversation, et je n’ai pas vraiment envie d’en parler davantage non plus. Je réponds d’un simple haussement d’épaules, et il enchaîne rapidement avec sa blonde et ses demandes de conseils. Je m’étonne de le voir parler aussi poétiquement, il cherche ses mots et je crois voir dans ses paroles qu’il est en train de tomber, plutôt même de plonger dans une situation qui le déplait. Est-ce parce qu’il ne contrôle plus rien ? Ou est-ce parce qu’il s’autorise enfin à s’ouvrir et que ça l’effraie ? « Tu me demandes d’abord comment faire pour savoir si tu perds le contrôle, je te retourne la question, et maintenant tu fais mine de toujours avoir le dessus ? Tu vois pas que c’est un peu paradoxal tout ça ? » que j’affirme alors qu’il s’affole. Le Amos qui me fait face est complètement perdu face à ses sentiments, et je crois déceler une grosse peur de son côté. Comme si c’était vraiment terrible qu’il se laisse aller sur ce terrain. « Non, mais parce que si tu crois que je perds le contrôle, ça veut dire qu’elle pourrait le croire aussi. Or, je ne suis pas certain que c’est vraiment ce dont nous avons besoin tous les deux. On ne forme pas vraiment un couple elle et moi. » Je ne voyais pas vraiment le problème face à ça. Comment la situation pouvait être dangereuse pour lui s’il venait à perdre le contrôle, et surtout pourquoi ? Il parle d’un ‘nous’ en employant le ‘tous les deux’, mais il affirme juste après ne pas être en couple avec elle. Se projette-t-il trop loin avec elle pour avoir si peur ? Ou cherchait-il juste à passer de bons moments avec elle sans vouloir s’engager, mais la situation a fait qu’il n’a pas pu s’échapper à temps ? Joue-t-elle avec lui sans qu’il n’arrive à se sortir de là ? Pourquoi ne s’autorise-t-il pas à enfin profiter maintenant que lui et Sara divorcent ? Quel est le mal dans tout ça ? « Je ne sais pas si ça me fait autant de bien que ça. Ça me fait plutôt flipper moi. Je ne suis même pas divorcé. Et, Sarah a plus l’air aussi décidée. Elle m’a cassé les couilles pour que je signe et maintenant que c’est fait, elle a plus l’air d’en vouloir. Elle est persuadée que j’ai rencontré quelqu’un, ce qui n’est pas tout à fait faux, mais qui n’est pas tout à fait vrai non plus. » Ah. Sara avait encore frappé. « Et dans tous les cas ça changerait quoi pour Sara ? Vous êtes plus ensemble, et ça date pas d’hier. Va falloir qu’elle arrête de te retenir comme ça, tu peux pas vivre indéfiniment en attendant sa bénédiction ni en attendant qu’elle signe les papiers du divorce. Je comprends que ce soit pas évident, ni facile de passer par-dessus tout ça, mais vous êtes grands non ? Merde quoi. Si c’est ça qui te retient, ça me ferait vraiment chier par contre. » que j’affirme, presque autant en rogne que lui. Je trempe à nouveau mes lèvres dans mon verre, et finis par avaler ce qui reste de liquide avant de réclamer à ce qu’il me serve à nouveau. Il repart à nouveau sur la blonde avec qui il couche (et pour qui il cuisine même des pâtes, le coquin), et tente de m’expliquer que leur relation est malsaine et… Explosive, je crois ? « Tu vois le genre ? Et, je te parle pas de sexe, ça, ça serait facile à gérer. Je te parle de… de pouvoir en fait. Elle en a sur moi et je le vis mal. » AH. Bah voilà. On en vient finalement. Il a juste peur de perdre le contrôle et de ne plus être celui qui domine. « Mais Amos tu t’entends ? T’es pas sérieux là ? T’as peur de perdre le contrôle parce que tu seras plus celui qui auras le dessus sur elle ? Mais en fait il va falloir que tu comprennes un truc : dans un couple… Enfin, pas dans un couple pour vous deux si tu veux. » Je me reprends parce que je sens son regard désapprobateur, et je me souviens qu’il m’a affirmé ne pas être dans une relation amoureuse avec elle. Mon cul oui. Surtout qu’il a des photos d’eux sur son téléphone. « Bref, dans une relation, quelle qu’elle soit, jamais personne n’aura le contrôle sur l’autre. Sauf si ya histoire de manipulation et là c’est encore un autre cas, parce que je pense pas qu’elle te manipule ? Si ? » Je l’interroge sans vraiment attendre de réponse, Amos n’est pas le genre de mec faible qu’on puisse manipuler à sa guise, pas en violence psychologique en tous cas. « Donc si tu penses déjà que t’avais le contrôle sur elle alors que vous étiez simplement deux personnes qui passaient du bon temps ensemble, tu te trompais déjà. Elle t’appartient pas, tu lui appartiens pas, vous êtes deux personnes à part entière, et penser avoir le contrôle sur l’autre c’est qu’une illusion mon pote. » Voilà que les rôles s’inversaient, et que je me retrouvais à lui sortir de grandes phrases. Comme si j’étais bien placé pour les sortir, moi et mes échecs amoureux, mais j’avais tout de même appris de ces échecs, de ces relations qui m’ont bousillé un peu plus le cœur.

@Amos Taylor
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Message(#)Do you have the time ? EmptyMer 8 Avr 2020 - 14:14




Do you have the time ?
Et là, je suis complètement paumé. J’en aurais presque regretté d’avoir abordé la question de Raelyn avec Greg tant nous parlons un langage fondamentalement différent. Ce qu’il trouve paradoxal est pourtant d’une clarté limpide. Si j’œuvre à ne pas perdre le contrôle, c’est pour évider d’envoyer à ma maîtresse de mauvais signaux, ceux qui laisseraient sous-entendre que je m’attache à elle alors qu’il n’a jamais été question, au départ, d’entretenir une relation suivie autrement que pour le sexe. C’est ça mon inquiétude. Est-ce que ce que je fais est signe d’affection ? Est-ce que je suis en train d’enfoncer le doigt dans un engrenage qu’il me sera impossible d’arrêter avant qu’il me soit arraché douloureusement ? « Tu ne me retournes pas la question, tu sous-entends que je l’ai déjà perdu. Forcément, je flippe et j’essaie de t’expliquer pourquoi ça me fait si peur, ce qui me retient et comment faire pour ne pas donner l’impression que la situation m’échappe. Je n’ai pas été assez clair ? » C’est une véritable question. Je me sais limité en matière de mots, surtout lorsque je suis concerné d’aussi près. D’après lui, je ne dois plus me tracasser de mon mariage avec Sarah. Sauf qu’elle a partagé ma vie durant de très longues années, que son bien-être compte, que j’ai travaillé à la réussite de mon mariage et que je me suis opposé au divorce. Que je lui accord lui fait mal. Je le sens. Pourquoi ? Je l’ignore, mais je ne peux pas faire semblant que sa peine n’existe pas sous prétexte qu’elle m’a mis à la porte. Mon mépris pour le geste est à distinguer de la personne et c’est une belle personne, Sarah. C’est quelqu’un de bien qui ne mérite pas que je la traîne dans la boue pour convoler avec une autre, d’autant que je n’ai aucune certitude que ce n’est pas un coup dans l’eau. J’ai bien des présomptions sur l’avenir, mais je ne parierais pas ma chemise. « Quant à Sarah, je peux pas tomber dans la bassesse de la vengeance. Je veux dire, on a partagé énormément tous les deux. On a eu un enfant ensemble. » Que Sofia ne soit plus n’y change rien, elle est et restera la mère de mon enfant. « On était plus ensemble, mais on a continué à se voir, souvent, très régulièrement même. J’ai longtemps cru que ça voulait dire qu’elle voulait nous sauver, raison pour laquelle j’ai refusé le divorce. Maintenant, je lui ai donné ce qu’elle voulait et j’ai peur que ça soit pour de mauvaises raisons, qu’elle l’ait compris et que c’est pour ça qu’elle s’y oppose. En plus, je soupçonne que ça lui fait mal au cœur et je n’ai pas envie de ça. » Mon épouse n’a commis aucun crime qui mérite que je me repaisse de son affliction. « Mais ça veut pas dire que c’est ça qui me retient. Ce qui m’embête, c’est que j’ai l’impression de jouer sur deux tableaux en leur mentant à toutes les deux. J’ai pas envie de faire de Rae l’autre femme. Je n’ai pas envie de les blesser et de me blesser au passage. » En résumé, j’ai peur d’être un véritable salaud doublé d’un égoïste.

On était loin de la description peinte par Greg. Je ne parle pas d’ascendant. Je ne joue pas dans la catégorie des mâles alpha pour lesquels dominer est une question de virilité. Moi, je prône l’indépendance et l’équité. Je mise sur le respect des pairs et, surtout, de la liberté de l’autre. Je n’aspire pas à décider pour Rae, à choisir sans lui accorder voix au chapitre. Lorsque ça m’arrive, c’est surtout lié à la peur qu’elle me jette ou me rejette. Dès lors, devant les mises en garde de Greg, je reste perplexe, voire agacé. Est-ce l’image qu’il a de moi ? Ne voit-il pas qu’il est lui-même dans la contradiction ? « Mais, je ne te parle pas de dominer qui que ce soit. » ai-je répliqué, perplexe et abasourdi, en remplissant son verre et en sortant du four les brochettes. J’en ai piqué deux dans le plat et je lui en ai tendue une. Manger, boire, ça aide à y voir plus clair. « Est-ce que je t’ai déjà donné l’impression d’une le genre de mari qui a essayé de prendre l’ascendant sur sa femme ? » Sarah était libre de ses mouvements. Je l’ai encouragée dans la totaité de ses projets. Je me suis dévoué à notre famille afin que la grossesse n’y soit pas un frein. Avec quoi il vient ? Je n’ai jamais emprisonné qui que ce soit dans la geôle de l’affection sous prétexte que j’étais amoureux. Il m’agace à présent. Je n’aime aucune de ses allégations et je soupire, incapable de dissimuler qu’il me crispe au plus haut point. « Tu prêches un convaincu l’ami. Je sais tout ça. » ai-je tenté, sans me renfrogner. J’avais besoin de conseil, pas d’une nouvelle dispute parce que j’ai tendance à me montrer susceptible dès lors qu’il est question de Raelyn. « On ne fait pas que passer du bon temps ensemble. J’ai peur de tomber amoureux d’elle, parce qu’elle veut pas de ça et que si ça arrivait, je vais tout faire pour que ça devienne réciproque et c’est justement là que je vais vivre avec cette impression de lui avoir imposé mes sentiments. Je ne veux pas tomber amoureux d’elle. » ai-je répété, histoire qu’il imprime. « Je veux juste continuer à passer du bon temps sans que ça vire à la prise de tête. Ce que je suis en train de te demander, c’est s’il est déjà trop tard ou pas. » Au moins, les choses sont dites. Plus de place pour les malentendus ou les quiproquos. Néanmoins mal à l’aise, j’ai entrepris de dresser la table et j’ai avalé mon verre de vin cul sec.


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Message(#)Do you have the time ? EmptyJeu 16 Avr 2020 - 17:27

J’ai l’impression qu’Amos se contredit, il me parle de contrôle comme si ça avait une grande importance, comme s’il me demandait s’il l’avait déjà perdu alors que lui-même savait pertinemment que la situation lui échappait. Il connait les réponses, et quand j’appuie ses hypothèses, il se met à contester. « Tu ne me retournes pas la question, tu sous-entends que je l’ai déjà perdu. Forcément, je flippe et j’essaie de t’expliquer pourquoi ça me fait si peur, ce qui me retient et comment faire pour ne pas donner l’impression que la situation m’échappe. Je n’ai pas été assez clair ? » Encore une fois, il avoue qu’il a peur que la situation lui échappe, c’est bien qu’il a un problème avec le contrôle, non ? « Je sous-entends que tu l’as déjà perdu parce que… À ce que j’ai compris, tu ne voulais rien de sérieux avec cette demoiselle ? Et pourtant elle te fait redécouvrir des sensations oubliées, et pas seulement en ce qui concerne le côté charnel, c’est bien ça ? Tu as peur de tomber amoureux d’elle ? De perdre le contrôle sur toi-même ? Tu as peur que la situation t’échappe dans quel sens Amos ? Tu as peur qu’elle te laisse tout seul avec tes sentiments ? C’est de ça dont tu me parlais quand tu me faisais tes métaphores avec ton plat préféré ? » Je lui réponds en toute sincérité parce qu’au fond, je ne sais même pas si j’interprète ses mots de manière juste. Il remet Sarah sur le tapis, mais je ne peux m’empêcher de le voir heureux et de réussir à enfin tourner la page avec elle. Je suis bien conscient qu’il était fou amoureux d’elle, qu’ils ont partagé énormément de choses ensemble (dont une fille, c’est pas rien), mais aujourd’hui ils ne sont plus ensemble, aujourd’hui ils cherchent à divorcer, et aujourd’hui il ne lui doit plus rien. Pourquoi me parle-t-il de vengeance ? Se venge-t-il de ses souffrances avec cette blonde pour qui il développe clairement des sentiments ? Ce rapprochement était-il malsain au départ ? Pourquoi remet-il toute sa personnalité et son comportement en jeu, comme si ce qu’il faisait avec sa blonde était mal ? Et dans tous les cas, si Sarah s’oppose à cette relation qu’il entretient aujourd’hui avec sa demoiselle, est-ce qu’elle est vraiment en droit d’exiger quoi que ce soit ? Elle a demandé le divorce, elle revient sur sa décision, ça arrive dans la plupart des cas, mais est-ce qu’Amos compte la blesser volontairement s’il s’engageait plus profondément avec sa blonde ? « Mais pourquoi est-ce que tu penses jouer sur deux tableaux ? Qu’est-ce qui te retient de dire à Sarah que tu veux vraiment passer à autre chose, que le divorce est ce qu’il vous faut à tous les deux ? Ca ne t’empêchera pas de prendre de ses nouvelles ou d’être présent pour elle, en tant qu’ami. Plus en tant que mari. Vous n’êtes plus ensemble Amos, les sentiments n’ont peut-être pas tous disparus, mais tu sais autant que moi que tu ne l’aimes plus, plus comme avant en tous cas. L’affection ne peut pas disparaitre, on est d’accord, partager autant de temps et autant de choses avec une personne, ça s’efface pas comme ça. Mais tu ne lui dois plus rien, et l’inverse est juste aussi. Vous avez fini par vous mettre d’accord sur un divorce, et maintenant qu’elle te soupçonne de voir ailleurs, elle se rétracte ? C’est normal, ça arrive à pas mal de couples mariés je pense. » Pas à moi, j’avais pas eu cette chance de faire en sorte que les choses s’arrangent. Nathalie avait pris la décision pour nous deux, elle s’était barré avec son amant et j’avais pas eu mon mot à dire. « Mais va falloir que tu prennes une décision, que tu sois au clair avec toi-même et avec les deux femmes. » Parce qu’en effet, il ne pouvait pas rester dans cette situation qui risquait de faire du mal à tout le monde. « Et avec euh… Rae ? C’est quoi le problème ? Tu ne lui as pas dit que tu étais en instance de divorce ? »

Amos s’active pour réchauffer les brochettes de viande et nous resservir du vin, il a raison : avec de la bouffe et de l’alcool, les conversations comme celles-ci passaient souvent mieux. « Est-ce que je t’ai déjà donné l’impression d’une le genre de mari qui a essayé de prendre l’ascendant sur sa femme ? » Je soupire en entendant son ton accusateur. « Evidemment que non, Amos, c’est pas ce que je voulais dire. » Je calme un peu ma voix parce que si ça continue, j’allais certainement le blesser et je ne voulais pas d’un Amos braqué qui ne parlait plus. « Quand je te parle de contrôler Rae, c’était l’illusion du contrôle. Le fait que tu penses avoir l’ascendant sur elle dans le sens où tu contrôlais tes sentiments vis-à-vis d’elle, et le fait que tu penses pouvoir t’échapper si ça devenait trop sérieux. Je te parlais pas du contrôle dans le sens où tu fliquais tous ses faits et gestes, mais le contrôle dans le sens où tu pensais savoir mieux te gérer. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire ? » J’essaie de lui expliquer mon point de vue, et surtout le fait que je ne l’accusais aucunement d’être un pervers narcissique manipulateur, simplement un homme en manque de confiance qui se donnait l’illusion d’être dominant dans la relation parce qu’il pensait qu’elle ne l’aimait plus que lui ne l’aimait ? « On ne fait pas que passer du bon temps ensemble. J’ai peur de tomber amoureux d’elle, parce qu’elle veut pas de ça et que si ça arrivait, je vais tout faire pour que ça devienne réciproque et c’est justement là que je vais vivre avec cette impression de lui avoir imposé mes sentiments. Je ne veux pas tomber amoureux d’elle. » AH. Il l’avouait enfin. « Je veux juste continuer à passer du bon temps sans que ça vire à la prise de tête. Ce que je suis en train de te demander, c’est s’il est déjà trop tard ou pas. » Un sourire étire enfin mes lippes après toute cette incompréhension, et je porte mon verre de vin à ma bouche tout en réfléchissant. « Ca dépend de ce que tu veux donner, de ce que tu peux donner. C’est à toi de voir ce que tu veux, mais il va falloir faire un choix. » que j’annonce en pinçant mes lèvres et en hochant la tête. « Tu me dis que tu veux pas tomber amoureux d’elle, mais est-ce que c’est vraiment possible étant donné que vous vous voyez relativement souvent, de ce que j’ai compris ? Etant donné que vous partagez beaucoup plus qu’un lit, de ce que j’ai compris aussi ? Est-ce que prendre tes distances avec elle est une option ? » finis-je par demander.

@Amos Taylor
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Message(#)Do you have the time ? EmptyVen 17 Avr 2020 - 23:24




Do you have the time ?
Après les incompréhensions de nos discours respectifs et au terme de mon hasardeuse tentative pour ne pas révéler la nature exacte de mes craintes, je pourrais résumer cette conversation en trois mots : il a raison. J’ai utilisé des métaphores parce que ça m’a semblé plus facile que d’admettre tout de go que j’en pince plus sérieusement pour Raelyn que ce que j’avais souhaité au départ. J’ai fait un effort pour utiliser les mots à la faveur d’une comparaison sous prétexte qu’en effet, je suis mort de trouille à l’idée que mes sentiments soient univoques. J’ai opté pour le sous-entendu, car il m’a semblé moins engageant et plus rassurant que d’affirmer que ma maîtresse à supplanter ma femme ou mon ex-femme. Je ne sais plus comment la qualifier. Son instabilité – grande nouveauté de sa personnalité – me crispe au plus haut point. Elle me met dans une situation délicate où je suis forcé de mentir à l’une et à l’autre quand ça me ressemble peu finalement. Moi, normalement, et à la condition expresse que les faits s’éloignent du sentimental, j’assume mes actes. Je ne les cache pas. Je ne les dissimule pas non plus. Sauf que Gregory envoie ses flèches justement dans le mile. Je me sens toujours lié à Sarah par l’affection, à cause de ce que nous avons traversé ensemble, mais ça n’a plus lieu d’être. « Ce qui me retient ? » ai-je répété, non pour gagner du temps, mais parce que la question me surprend. Quoique non, ce qui m’effare, c’est que j’ignore que répondre. « Je sais pas. Peut-être parce que ni elle ni moi n’avons réellement fait le deuil. » De Sofia, cela va sans dire et, quand bien même, mon regard s’est voilé de tristesse, une de celle qui retient les mots dans la jugulaire. « Ou peut-être parce que je suis venu à Brisbane dans l’espoir que l’éloignement nous ferait du bien, qu’on arriverait à recoller les morceaux et qu’être attiré par une autre femme. » Attiré ! Le mot est faible. Il ne fait pas honneur à ce qui se trame dans mon cœur, mais aucune autre formule ne m’accroche. « Ben, c’est raté un truc, être passé à côté et j’ai dû mal à les appréhender comme si c’est des bonnes nouvelles. » L’échec, c’est supposé faire mal et, dans certains cas, nous mettre à terre. Je ne les avais jamais apprivoisés autrement. N’y-a-t-il pas là de quoi être désarçonné finalement ? « Et, si c’est normal qu’elle se rétracte ? » lui ai-je emprunté faute de mieux. « Ça veut dire que ça va lui passer, non ? Parce que, dans le fond, je crois que je suis au clair avec ce que je ne veux plus.»

Mon histoire avec Sarah est révolue, ça, j’en suis certain. En signant les papiers, ma main n’a pas hésité. J’ai paraphé d’un trait net, précis, à l’image de ma détermination. « Mais, non, je lui ai pas dit que j’étais en instance de divorce. » Et, profondément penaud, ma main a glissé dans ma nuque. « Ce n’était pas supposé être important. » Et je doute qu’il ait désormais un bon moment pour l’avouer. J’ai déjà trop traîné. « Je mise un peu sur la chance du coup. Genre, Sarah signera vite et je ne serai pas obligé d’en parler. » ai-je baragouiné dans ma barbe, la tête penchée sur mon verre de vin, vin que je fais ricoché d’un mouvement du poignet contre les parois. « Ouais. Je sais, ça me ressemble pas d’être aussi lâche. Je ne me reconnais pas non plus, tu sais. » Sauf que j’estime manquer d’amplitude pour agir sans abîmer ma liaison avec ma petite blonde. « Et oui, c’est ça. Je n’arrive pas à gérer la situation, c’est exactement ça. » ai-je amorcé avant de trancher dans le vif du problème, recueillant au passage un sourire de mon interlocuteur qui, vraisemblablement, avait statué sur : il est déjà trop tard vieux. «  Et, non, je crois que non, ce n’est pas possible. Tout comme je n’envisage même pas de prendre de la distance. Je crois qu’au contraire, ça aggraverait le truc. » La minuterie du four a résonné derrière moi. Les brochettes sont réchauffées. Nous allions pouvoir manger et je me souviens parfaitement avoir songé que j’étais sauvé par le gong. Dans mon esprit, l’avertissement souligne la fin des rounds et l’heure d’en entamer un second où je ne finirais pas KO. « Et  toi ? Les bruits de couloirs racontent que tu as participé à un speed dating. Info ou intox ? » l’ai-je taquiné, du mieux que je le pouvais, en déposant sous nos yeux le plat de victuailles : viandes et pommes de terre en chemise. « J’aurais peut-être dû faire une salade. » Trop tard. Je meurs de faim.
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Message(#)Do you have the time ? EmptyLun 27 Avr 2020 - 2:20

« Ce qui me retient ? Je sais pas. Peut-être parce que ni elle ni moi n’avons réellement fait le deuil. » Je ne peux rien rétorquer face à cette remarque. Même si je n’ai jamais ressenti cette douleur de perdre un enfant, je comprends néanmoins à quel point cela peut être dur pour lui et Sarah. Cette perte a certainement déclenché la fin de leur mariage de ce que j’en pense, chaque couple réagit différemment à la suite d’événements tragiques tel que celui-ci, et si Amos avait besoin de s’exiler pour y voir plus clair, je ne pouvais en aucun cas juger. Mais là on ne parle pas de leur deuil à tous les deux, on parle de sa capacité à passer au-dessus de son mariage, au-dessus de son ex-femme. Peut-être qu’ils ont encore besoin de temps, mais je ne crois pas en cette hypothèse. Je pense sincèrement qu’Amos veut sauter le pas, je le vois lutter et nager à contre-courant parce qu’il est effrayé, et je comprends mieux pourquoi il a peur de trahir Sarah en s’engageant plus loin avec Rae : il a peur de la trahir vis-à-vis de leur fille, il a peur qu’elle pense qu’il l’oublie. Mais avancer sans son ex-femme qui demande le divorce, c’est aussi un moyen de guérir à sa façon. « Et, si c’est normal qu’elle se rétracte ? Ça veut dire que ça va lui passer, non ? Parce que, dans le fond, je crois que je suis au clair avec ce que je ne veux plus.» Au moins il savait qu’il avait tracé un trait sur leur mariage, il fallait maintenant qu’il réussisse à couper le fil qui le relie encore à Sarah, il fallait qu’il coupe ce lien et qu’il cesse de penser que ce serait de trahir la mémoire de leur fille. « Mais, non, je lui ai pas dit que j’étais en instance de divorce. Ce n’était pas supposé être important. » Je l’écoutais sérieusement jusque là, mais je ne peux me retenir de lâcher un rire face à cette dernière remarque. « Un divorce c’est pas supposé être important ? Ben p’tain mon vieux, on a pas la même définition dis-moi. » Parce que c’est bien connu, ce genre de cachoterie, ça ne renvoie jamais une vraie bonne image quand on débute une relation, et ce qu’il était en train d’avoir avec Rae, c’était bien parti pour que ce ne soit pas uniquement que du cul. Amos essaie de se rassurer comme il peut en affirmant que Sarah signerait vite, et ça me fait rire à nouveau. Son ex-femme ne semblait apparemment pas si déterminée que ça à signer les papiers, et qu’est-ce qu’il ferait si elle mettait plusieurs mois à signer et qu’elle débarquait à Brisbane pour essayer de recoller les morceaux avec monsieur Taylor ? Je n’avais pas l’habitude de le voir ainsi, fuyard en espérant que le tout allait s’améliorer avec ‘un peu de chance’. « Ouais. Je sais, ça me ressemble pas d’être aussi lâche. Je ne me reconnais pas non plus, tu sais. » A nouveau, j’acquiesce d’un hochement de tête en laissant le poids de mon crâne rebondir sur ma nuque, et je ne peux m’empêcher de sourire quand il m’annonce que j’ai raison. Finalement, j’aurai réussi à aller au bout des choses, il aura fallu une demi bouteille de vin et un haussement de ton pour qu’il m’avoue tout ça, mais je reste sur le fait que j’ai quand même réussi. « Que ça aggraverait le truc de prendre de la distance ? Pourquoi ça ? » Est-ce que dans le fond, lui-même n’aurait pas envie que tout ça s’arrête, est-ce qu’il n’aurait pas envie d’aller plus loin avec sa blonde ? La minuterie du four nous indique à tous les deux que les brochettes sont prêtes, et Amos en profite évidemment pour esquiver ma question et nous servir à tous les deux à manger. J’en salive tellement j’ai faim, et si mon regard ne me trahissait pas, c’est mon ventre qui le fait en grondant méchamment. « Et  toi ? Les bruits de couloirs racontent que tu as participé à un speed dating. Info ou intox ? » Je relève mes yeux qui s’étaient fixés sur la viande pour les plonger dans les siens, étonné qu’il en sache quelque chose. « Comment tu sais ça toi ? » que je demande en souriant à moitié tout en sachant pertinemment qu’il ne me dévoilera pas sa source. « Ben écoute, ouais j’voulais tester avant de mourir. T’sais les rhumatismes arrivent bientôt donc bon, il fallait bien se lancer un jour. » Je me cache sous l’humour, je n’allais évidemment pas lui avouer que j’étais peut-être prêt à ouvrir mon cœur à nouveau. « Aaaaaah cette soirée était bien drôle tout de même. Et puis, figure-toi que j’ai quand même réussi à choper quelques numéros. » que j’affirme en lui offrant un clin d’œil et en me servant deux brochettes avant de m’en fourrer la moitié d’une dans ma bouche. « J’y ai rencontré un flic, le mec est hyper protecteur envers sa sœur, limite incestueux quoi. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs pendant notre speed-dating le pauvre, mais au moins j’me suis bien marré. T’as vu ma vie est intéressante en ce moment hein. » que je finis par dire en lui jetant un regard complice, la bouche encore à moitié pleine de viande.

@Amos Taylor
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Message(#)Do you have the time ? EmptyMer 29 Avr 2020 - 21:49




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Il rit, à gorge déployée, et je ne m’en vexe pas le moins du monde. Les limites de ma susceptibilité s’arrêtent là où s’initie ma connerie et, ne pas parler de ma situation familiale à Rae en est une de taille. Sauf que je maintiens, en mon for intérieur, que je n’ai pas cherché à mentir ou lui cacher une part importante de ma vie. Les événements se sont déroulés sans que je n’aie le temps de les voir venir et à l’instant où je me suis décidé à tout lui révéler, j’ai été happé par la spirale de la jalousie. Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est trop tard, alors j’attends. «A ma décharge, c’était pas supposé prendre ce virage-là. » Autrement dit, m’attacher et avoir le sentiment que l’inverse n’existe pas que dans ma tête. «  Mais je vais le faire. Je vais lui dire. J’ai déjà failli le faire mille fois. » Mais, que nous arrivera-t-il si Raelyn considère cet aveu comme une trahison ? Me jettera-t-elle ? M’accusera-t-elle d’avoir manqué d’honnêteté alors que tout le reste, qu’il s’agisse de mes attentions ou de mes autres révélations sont teintées d’une franchise rare ? L’idée de nous abîmer me tend, m’angoisse alors, quoique ça ne me ressemble pas vraiment, j’attends que le train parte, que Sarah retrouve enfin la raison sans envisager un instant de passer à côté de ceux que je partage avec Raelyn. « Ben, rappelle-toi de ma métaphore. C’est quand on t’interdit ou que tu t’interdis un truc que tu as le plus envie d’y aller. Si j’essaie de prendre de la distance avec cette fille, je vais encore plus attirer par elle. Je le sais. J’ai essayé. » Mon esprit de contradiction approchait de son apogée d’ailleurs. Mais, qu’importe, je clos le débat d’un haussement d’épaules, profitant que le repas soit prêt pour changer de sujet. Je me crispe peu à peu. Je n’aime pas être au cœur d’une discussion. Alors, j’en reviens à Greg et aux gentilles rumeurs à son sujet.

Comment je savais qu’il s’était rendu à speed dating n’avait pas la moindre importance. En revanche, j’étais bien plus intéressé par les raisons qui le poussèrent à s’inscrite et sur le résume global de sa soirée comme de son ressenti. Le terrain de conversation est idéal pour manger. Je ne suis pas certain d’avoir envie de me faire des nœuds dans l’estomac et de perdre en appétit à cause de mes problèmes de mariage et de cœur. « On dira que le monde est petit. Allez, raconte. »  Je suis tout ouïe alors que j’attaque moi aussi mon plat. Y-a-t’il un met plus agréable au goût que l’agneau ? « Arrête, comme si l’âge avait quelque chose à voir avec ce genre de décisions. » ai-je avancé en roulant les yeux au ciel. « Comment ça se passe en fait ? » D’après moi, la question mérite d’être posée. Le cinéma nous vend le phénomène comme ayant un réel potentiel puisque nul ne ressort des festivités déçus. « Tu sais quand même que ça fait un peu désespéré ? » Je le taquine évidemment. Dans le fond, je ne le pense pas vraiment. «  Et ces numéros, tu en as fait quoi ? A la trappe ? Tu as rappelé ? » Et c’est quoi cette histoire de frère hyper protecteur ? Je comprends qu’on veuille protéger les siens, mais de la façon dont Greg le rapporte, ça m’a tout l’air d’être sacrément malsain. Alors, me rinçant le gosier d’une gorgée de vin, j’ai réclamé des détails. « Et c’est tout ? Mais, donne-moi des détails. Quel intérêt de ce genre de soirée si tu ressors pas avec des vrais anecdotes pour faire rire les potes ? » l’ai-je aussitôt chahuté.

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