Il faut changer de table. Et ça va vite finalement, elle commençait juste à être à l'aise, un peu plus bavarde aussi, mais Mimi se plie au jeu. Q'est-ce qu'il lui a prise déjà d'accepter de s'inscrire à ce genre d'évènement ? Elle ne sait plus vraiment. Un défi qu'elle se lance à elle même dans un sens, puisque Mimi n'est pas vraiment la personne adéquate pour se faire des amis. Pour aller vers les autres, mais finalement, c'était presque facile avec Yelahia. Est-ce que ça le sera aussi avec le prochain ? Elle se lève Mimi et s'approche d'une autre table, son nom inscrite en lettre dorée sur le chevalet blanc, celui de l'homme en face d'elle aussi. Blake. Il porte bien son nom, c'est la première chose qui vient à l'esprit de la blonde. Il est sombre, à moins que ça ne soit toute l'encre sur son corps qui lui fasse penser ça ? Elle n'en sait rien, mais dans un sourire timide, elle vient finalement s'asseoir en face de lui. Ils ne se ressemblent pas, il est aussi brun qu'elle est blonde. Aussi tatoué, que sa peau à elle est vierge. Mimi se sent petite face à lui, un peu intimidée aussi, sa timidité maladive là, toujours présente, avec toutes les personnes qu'elle rencontre.« Bonjour, je suis Mimi. » D'accord c'est un peu nul. Et en plus de ça c'est marqué sur le papier, mais c'est tout ce qui lui vient pour le coup, elle n'a pas bu pourtant, elle ne devrait pas avoir l'esprit aussi embrouillé. « Je sais que c'est marqué mais je trouvais ça plus personnel de se présenter. » Mimi n'aime pas vraiment le froid d'un bout de papier glacé, est-ce qu'elle se débrouille bien ? Non, en fait elle est plutôt entrain de s'embourber, elle en est certaine. La blonde se cale dans sa chaise, tente de se mettre à l'aise. Mimi devrait savoir pourtant, qu'elle n'a rien à faire ici, mais elle avait envie de sortir un peu de sa zone de confort, sortir un peu de son quotidien morose, parce qu'hormis le théâtre et sa chambre d'hôtel elle ne voit pas grand monde. Ou plutôt elle évite les gens, elle rase les murs et frôle simplement la vie quand elle voudrait pouvoir la vivre pleinement. Mais c'est difficile, quand Alexander habite dans la même ville, quand il pourrait la retrouver à tout moment et la tuer une bonne fois pour toute, sous un coup de trop ou un verre qui lui monte à la tête. Violence et alcool, c'est tout ce qu'elle arrive à résumer de son mariage désastreux, de cette alliance qu'elle a balancé à la mer pour ne plus jamais avoir à la porter. Le seul moyen qu'elle a trouvé pour fuir, une bonne fois pour toute. « C'est lequel votre premier tatouage ? » C'est un peu indiscret non ? Sa question la fait rougir toute seule. Elle a réfléchit à haute voix, dans forcément s'en rendre compte. Mais il en a tellement que oui, elle se demande bien quelle oeuvre il a inscrite en premier sur sa peau. « Pardon c'est une question qu'on doit souvent vous poser. » Et il n'y a pas à dire, Mimi manque cruellement d'originalité.

Il ne s’était pas attendu à passer un bon moment et pourtant, à peine Sibby partie qu’il se prenait déjà au jeu de chercher quelle jeune femme allait le rejoindre à sa table. Il n’était pas là parce qu’on l’avait forcé, il savait ce qu’il avait à faire. Il avait simplement besoin d’être charmant pour pouvoir trouver celle qui l’avait payé pour se trouver là. Et il doutait fortement que ce soit la belle blonde qui venait de le rejoindre. Elle n’avait pas le profil de celles qui faisaient appel à lui à ce genre de soirées. Elle semblait plus jeune que lui, timide au premier abord, presque gênée d’être là. Il lui sourit, amusé mais assez intelligent pour ne pas le montrer. « Bonjour, je suis Mimi. » Il avait bien sûr déjà cette information mais il hocha la tête comme s’il enregistrait l’information. « Je sais que c'est marqué mais je trouvais ça plus personnel de se présenter. » Elle semblait réellement gênée, par lui ? Ou par l’ambiance en général de ce genre de soirée ? Il n’aurait pas su le dire. Il savait que ses tatouages, son allure imposante pouvaient être intimidant mais lui faisait toujours en sorte, avec les femmes, de leur laisser voir uniquement ce qu’il voulait. Un mec normal qui n’a pas la personnalité de son physique. Il jouait un rôle et en général, il était plutôt doué à ce jeu. Il lui adressa donc un sourire rassurant, laissant les bras le long de son corps pour ne pas gonfler sa silhouette davantage. « Le personnel, ça me va. Blake, enchanté de te rencontrer Mimi. » C’était un drôle de prénom, un diminutif peut-être ? Il n’eut pas le temps de poser la question parce qu’il voyait bien son regard voyager sur les dessins posés sur ses bras, son cou, ses tempes, ses mains. Et ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. Il sut alors que, comme Sybille avant elle, sa première question se tournerait sur ce sujet. « C'est lequel votre premier tatouage ? » Il pencha légèrement la tête sur le côté en souriant. Il n’était pas l’être le plus intelligent de la tête mais celle-là, il l’avait vu venir. C’était une question récurrente. Et il serait hypocrite de s’en agacer, il en avait fait son métier. « Pardon c'est une question qu'on doit souvent vous poser. » Au moins, elle en avait conscience. Blake but une gorgée de la boisson qu’il avait commandé avec la précédente demoiselle. « D’habitude, on me demande jusqu’où ils vont, ça doit être une façon de me demander de tomber la chemise » Plaisanta-t-il en riant pour refaire tomber l’atmosphère. Mimi semblait timide et gênée par ses questions, le but était de dédramatiser leur situation. Ils ne se connaissaient pas et devaient apprendre certaines choses l’un sur l’autre en peu de temps. Ils allaient devoir aborder certains sujets. « Vous avez de la chance, le premier que j’ai fait est visible au premier coup d’œil ! » Ajouta-t-il en relevant le coup pour dévoiler la fleur rose qui l’ornait. Il l’avait fait à Brisbane et c’était le seul qu’il avait fait avant son départ de la ville. Il avait une signification particulière pour lui qu’il ne dévoilait jamais. Il baissa la tête pour croiser à nouveau les yeux de la jeune femme. Il ne pouvait nier qu’elle était belle et elle paraissait innocente. S’il avait eu le moindre intérêt pour la gente féminine, il aurait pu s’intéresser à elle. Si seulement il comprenait ce genre de choses. « Vous en avez ? » Demanda-t-il à son tour, presque certain de connaître la réponse. « Alors, vous passez une bonne soirée Mimi ? Qu’est-ce qui vous amène dans une soirée pareille ? » Cherchait-elle réellement l’amour ? Ou passer le temps ? Il devait bien lui poser la question savoir ce qu’elle voulait. Il ne savait toujours pas qui l’avait engagé pour passer cette soirée ici, il fallait qu’il en apprenne plus sur elle.

Spoiler:

Mimi est une jeune femme timide au premier abord, elle ne sait jamais réellement comment aborder les autres ni comment se placer dans l'espace finalement. Comme si elle n'appartenait pas au bon monde, ou même à la bonne époque. Et pourtant elle est là, c'est dans cette vie là qu'elle évolue, alors elle essaye de s'adapter et de se fondre dans le moule. Elle est étrange non ? En tout cas elle se sent un peu idiote face à Blake, parce qu'elle bafouille presque, parce qu'elle est mal à l'aise, c'est une nouvelle rencontre, et elle a envie de la mener jusqu'au bout. Elle se détend un peu quand il se présente à son tour malgré leur prénom marqué sur ce bout de papier. Mimi s'autorise à sourire et s'enfoncer un peu plus dans sa chaise, pour s'ancrer dans le moment. « Enchantée aussi Blake.» Mimi l'observe un peu, et forcément, ce sont les dessins sur sa peau qui attire son oeil en premier. C'est impolie de dévisager quelqu'un comme ça non ? Sûrement, mis elle s'hasarde quand même à poser la question. Elle écarquille un peu les yeux à ses mots et ne peut s'empêcher de rire un peu. « Ah oui ? C'est une drôle de technique non ? Est-ce que ça marche en général ?» Parce qu'elle trouve ça étrange Mimi. Ou peut être qu'elle ne réfléchit pas de la même façon que les autres. Ou simplement son manque d'expérience dans l'art de la séduction qui parle pour elle. Mimi s'est mariée quand elle a atteint sa majorité, elle n'a connu qu'un homme dans sa vie, un homme qu'elle déteste plus que tout, elle n'a pas eu le loisir de s'adonner au badinage. Elle se détend en tout cas, l'humour à ce pouvoir là sur elle apparemment. Mimi pose sa tête sur sa main, posant ses yeux sur lui. « Non, je n'en ai pas. Pour faire un tatouage il faut avoir une histoire à raconter, et moi, je n'ai rien à raconter.» Alors elle ne pourrait rien tatouer sur sa peau, Mimi n'aurait rien à dévoiler, rien de fière à exhiber. Elle y a pensé, plusieurs fois, pour couvrir les diverses cicatrices sur son corps, mais c'est une partie de son histoire qu'elle ne saurait recouvrir, même pas des dessins colorés. « Et bien étonnamment oui. J'ai un peu de mal, à aborder les autres, mais finalement la soirée est agréable.» Assez pour l'inciter à parler plus que d'habitude en tout cas.« Une amie m'a emmené ici, et je crois que c'était une bonne idée finalement.» Plus que ce qu'elle ne pensait en tout cas. « Et vous ? Est-ce que la soirée vous plaît ? .» Est-ce qu'il a l'habitude de ce genre d'endroit ? Elle se le demande Mimi. Peut être que oui, ou bien est-ce juste les apparences ? Elle ne se fie pas vraiment à tout ça, parce qu'elle sait mieux que personne qu'il faut se méfier du paraître. « Quel est votre métier ?» Est-ce que ça a un rapport avec l'encre sur son corps ou c'est juste une passion ? Elle essaye de le savoir en tout cas, sincèrement intéressée par ce qu'il peut lui raconter. Mimi s'intérèsse aux âmes qu'elle rencontre, s'intérèsse à tout ce qu'on peut lui apprendre.

@blake lewis

Il ne put pas rater sa réaction à sa réponse. Et il sourit davantage. « Ah oui ? C'est une drôle de technique non ? Est-ce que ça marche en général ? » Son rire fut un peu incontrôlable. La timidité de Mimi venait peut-être de pousser un peu sa naïveté dans ses retranchements. Il prit quelques secondes pour ajouter. « Disons que c’était mon métier, montrer mes tatouages pour que d’autres aient envie d’en faire. Alors je ne refuse jamais. Sauf si c’est dans l’intention d’abuser de moi ! » Il plaisantait, encore. Mais qu’à moitié finalement. S’il se déshabillait, c’était toujours dans le cadre de son travail. Il ne le faisait jamais autrement. Il ne se perdit pas dans de telles pensées et préféra se concentrer sur la demoiselle. Il avait toujours tendance à ne pas aimer parler de lui, il déviait toujours la conversation mais ce soir, il n’avait pas vraiment le choix. Il devait donner de sa personne pour obtenir lui-même des réponses. Il devait jouer le jeu du charme pour toucher l’argent qu’on lui avait promis. Mais Blake savait faire semblant mieux que personne. « Non, je n'en ai pas. Pour faire un tatouage il faut avoir une histoire à raconter, et moi, je n'ai rien à raconter.» Il fut surpris par ce genre de réponse. C’était un jugement sévère envers elle-même. Elle venait d’attiser une curiosité qu’il ne pensait pourtant pas très élevée. Le choix de ses mots le percutèrent et lui parlèrent tellement. En plus d’être timide, elle semblait posée et pas spécialement déprimée par ce qu’elle venait de lui répondre. Il décrivit des cercles autour de son verre avec sa main gauche, une attitude qu’il avait prise et qui, il l’avait constaté, avait un effet apaisant chez certaines personnes. Ou certaines autres pouvaient facilement s’agacer d’un mouvement trop persistant. Il ne quittait pourtant pas Mimi des yeux. « Vous parlez à quelqu’un qui a dédié son corps au tatouage sans qu’ils aient la moindre signification. » Il n’y en avait qu’un, en réalité, qui avait une signification pour lui mais chaque autre tatouage n’en n’avait aucun. Il avait donné son corps à un artiste qui l’avait recouvert de ce qu’il voulait. Et il l’avait payé assez cher pour qu’il accepte. Mais il comprenait le fond de ce qu’elle voulait dire. « Avoir conscience de ce genre de chose donne à penser que justement, vous n’avez pas rien à raconter. » Parce que souvent, beaucoup tentent de combler les vides, de s’inventer des vies pour les peindre. Elle avait probablement plus à dire que certains clients qu’il avait pu rencontrer. Il partit sur un sujet plus léger, sur le but de cette soirée et qu’elle y faisait. « Et bien étonnamment oui. J'ai un peu de mal, à aborder les autres, mais finalement la soirée est agréable.» Il sourit en hochant la tête, ravi pour elle qu’elle passe un si bon moment. « Une amie m'a emmené ici, et je crois que c'était une bonne idée finalement.» Il ne pouvait pas vraiment l’approuver ou la désapprouver. Il n’avait pas d’ami assez proche pour seulement envisager de lui proposer ce genre de soirée. « Votre amie espère que vous y trouverez le grand amour ou souhaitait-elle simplement être accompagné au cas où ? » Il se demandait si elle était célibataire ou juste venue rendre service à une amie trop peureuse pour se présenter ici toute seule. Si elle croyait en l’amour, si elle cherchait à le rencontrer, à provoquer le destin à un speed-dating. « Et vous ? Est-ce que la soirée vous plaît ? .» Il jeta un œil autour de lui une seconde. Il vit tous les autres couples, table après table et il sourit intérieurement. Il n’était pas sociologue mais ce genre de soirée était une mine d’or pour analyser certaines comportements. Lui se fichait bien de tout ça. « Ça aurait pu être pire. Je ne suis pas en ville depuis longtemps, il faut parfois se jeter à l’eau pour faire quelques rencontres. » Un énorme mensonge dissimulé derrière une demi-vérité. Il avait quitté Brisbane depuis cinq ans mais il y était né. Mais la demoiselle n’avait pas besoin de le savoir. C’est pourquoi, par précaution, il demanda. « Vous vivez ici depuis longtemps ? » Il pourrait toujours prétendre chercher un bon restau où passer une bonne soirée alors qu’il connaissait la ville par cœur. « Quel est votre métier ?» Il s’y attendait, à cette question. Elle était inévitable dans un rendez-vous comme celui-ci. Il n’hésita même pas en haussant les épaules. « Mannequin et modèle en reconversion. Je cherche à partir en free-lance dans la photographie. » Un mensonge monté de toute pièce. Il savait qu’il avait le physique pour être mannequin, aucun problème pour ça. Et puis prétendre ne pas avoir d’entreprise était ne pas prendre le risque qu’on le cherche par ce biais. « Vous avez des passions, Mimi ? » Plus que le métier de quelqu’un, c’était son intérêt pour ses loisirs qui intéressaient Blake. Souvent, l’être humain pense qu’une personne qui possède une passion est quelqu’un de plus stable que la normale. Et ce n’était pas tout à fait faux.

Mimi ne peut s'empêcher de sourire en le voyant rire, et comprend finalement que ça fait partit de son métier. Montrer son corps, exhiber des dessins colorés ou en noir et blanc, les laisser s'exprimer et finalement être assez convaincant pour donner envie de laisser une aiguille transpercer la peau. Rêveusement elle essaye d'imaginer les arabesques imaginaires qui doivent le parsemer, elle invente déjà des histoires à chacun des traits qu'elle arrive à discerner, laisse l'imagination divaguer. Mimi n'aurait rien à raconter d'elle, aucune blessure exhiber aux yeux du monde, juste des tâches bleus qui tachent son corps et qu'elle garde soigneusement cachées, sa croix, sa peine, et son fardeau qu'elle assume toute seule. Mimi est un peu intriguée, naïvement elle pensait que l'art s'exprimait toujours pour une manière précise, pour apporter des réponses ou étaler des pensées, ce n'est pas le cas de Blake. des dessins qui ne lui parle pas et qu'il arbore pourtant sur chaque centimètre carré de sa peau.« Est-ce que ce n'est pas difficile à porter ?» Mimi aurait l'impression d'être dénaturée, de ne pas réellement être elle même, mais elle réfléchit certainement à l'envers, parce qu'elle ne prend pas en compte l'argent qu'il a pu toucher pour ça, elle voit le monde d'une autre façon et l'exprime à sa manière. « Il n'y en a aucun qui parle de vous ?» Elle cherche un petit bout de son âme là, quelque part, caché peut être sous ses yeux. Mimi détourne les yeux, un instant, elle n'a rien à raconter pour le reste du monde, elle ne sait pas l'exprimer en tout cas, parce qu'elle n'a rien accomplit de sa vie Mimi, elle n'est pas une héroïne à la destinée improbable, elle n'aurait pas eu sa place dans un des romans de Jane Austen. « Alors disons plutôt que je n'ai rien à vouloir raconter.» Subtile nuance finalement plus significative sans doute. Puis c'est finalement l'ambiance générale de la soirée qui vient s'installer là entre eux, Mimi cherche des yeux son amie, elle ne la voit pas, probablement trop absorbée dans ses rendez-vous, elle a du se fondre dans la foule. «Ni l'un ni l'autre, elle espérait que je me change les idées et que je fasse l'effort de sortir. Je suis assez solitaire.» Est-ce qu'il découvre Brisbane alors ? Mimi est intriguée, intéressée, elle n'est jamais partit d'ici, n'a même jamais voyagé alors elle est avide de récit, avide de découvrir le reste du monde à travers les yeux d'une autre personne. «Ah oui ? Vous venez d'où ?.» Elle ne lui trouve pas d'accent, mais peut être n'est elle pas assez douée pour détecter ces choses là. «Est-ce que vous voyager souvent ?» Elle aimerait beaucoup partir Mimi, découvrir d'autres villes, d'autres pays, mais pour ça il faudrait déjà qu'elle en est le courage et qu'elle mette de côté sa peur de l'avion, mais c'est difficile, parce que la blonde n'a jamais réellement été courageuse. «Oui je suis née ici, et je n'en suis jamais partit.» Pas de récit à raconter, pas d'anecdote amusante à commenter. Un joli projet qu'il expose, la photographie. Mimi est sensible à toute forme d'art, indéniablement. «Alors vous êtes un artiste j'imagine. Pourquoi la photographie ?.» Curieuse de savoir ce qui l'attire dans les images sur papier glacé. Mimi replace une de ses mèches blonde derrière son oreille, réfléchissant un instant. «La musique, sous toutes ses formes. Du triangle en passant par la batterie. Il y'a quelque chose dans les harmonies qui me fascine.» Elle sourit un peu. Ce n'était pas pour rien que Mimi avait fait de la musique son métier. «Les livres aussi. J'ai beaucoup d'imagination, j'ai tendance à divaguer. Souvent.» Est-ce qu'elle passe pour une folle ? Peut être un peu finalement.

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Blake avait l’habitude de parler de ses tatouages, de les montrer, d’en faire la publicité. Mais on lui demandait souvent ce qu’ils signifiaient, comme s’il allait réellement répondre à cette question. C’était probablement celle qui le dérangeait le plus, après tout, qui est-ce que cela concernait ? Pourquoi ce besoin tellement humain d’en apprendre toujours plus sur son voisin, sur celui qui nous fait face ? Blake détestait ces interactions sociales, ce besoin de connaître, de savoir, de fouiner. Il s’y employait ce soir parce qu’il était payé pour, il ne l’aurait jamais fait de lui-même, s’intéresser à autrui n’était pas dans ses habitudes. Particulièrement lorsqu’il faisait face à une femme. Mais il devait faire semblant, donner son plus grand sourire et entretenir une conversation dont il ne comprenait jamais les codes réellement.  Est-ce que ce n'est pas difficile à porter ?» La jeune femme semblait surprise, incapable de comprendre sa démarche et c’était bien naturel. Personne ne faisait ça à sa connaissance, dessiner son corps de dessins qu’il ne comprenait pas lui-même. Avant qu’il ne puisse répondre, elle ajouta pourtant. « Il n'y en a aucun qui parle de vous ?» Ca, c’était une question à laquelle il s’attendait. Il finit par hausser les épaules, redresser le dos le poser finalement sur son dossier, dans une position bien plus confortable, plus décontractée. Il voulait qu’elle se détende, qu’elle relâche la pression qu’elle semblait se mettre à elle-même. Il voulait qu’elle adopte, par mimétisme, un comportement similaire au sien. « Si je vous le disais, je serais obligé de vous tuer. » S’amusa-t-il à répondre, dans un murmure confidentiel et avec un léger sourire en coin. Il finit par secouer la tête. « Je n’ai jamais vraiment réfléchi à la question, c’est un peu comme porter des fringues pour une marque. Et j’avais quand même un droit de véto. » Il n’était pas question pour lui de se retrouver avec n’importe quoi. Il avait des limites, comme bien des gens. Mais son tatoueur était professionnel, il n’avait jamais eu l’intention de lui dessiner n’importe quoi sur la peau. Il avait toujours vu les dessins avant qu’ils ne soient apposés sur sa peau et il les avait toujours approuvé. Il n’y en avait aucun qui lui faisait honte. Mais il ne répondit pas à sa question. Un seul tatouage avait une signification pour lui, il n’était pas question qu’il le dévoile. Il ajouta alors, un sourire taquin aux lèvres. « Si vous voulez en apprendre plus sur ces dessins, il faudra accepter que l’on se revoit. » Il était charmeur, charmant. Il avait l’habitude de l’être, il n’avait pas exclu la possibilité qu’elle soit sa cliente. Mais dans le cas contraire, il ne s’engageait pas vraiment, il n’avait pas l’intention de revoir qui que ce soit. « Alors disons plutôt que je n'ai rien à vouloir raconter.» Il respectait ça et n’insista pas. Il y avait des parts d’un être qu’il ne fallait pas titiller, surtout pas dans une expérience aussi étrange et impersonnelle qu’un speed-dating d’une demi-heure. Il observa son regard à la foule autour d’eux, peut-être à la recherche de celle qui l’avait accompagné. «Ni l'un ni l'autre, elle espérait que je me change les idées et que je fasse l'effort de sortir. Je suis assez solitaire.» Ca encore, il le comprenait parfaitement. Il attrapa son verre à ce moment-là pour un boire une gorgée et le tendit vers la jeune femme, comme s’il faisait un toast officiel. « Pourquoi la solitude serait un problème ? Tant qu’elle vous convient bien sûr, elle ne devrait pas être jugée. » C’était une question détournée. Etait-elle solitaire par choix de vie ou simplement parce qu’elle y était forcée ? Il ne comprendrait pas cette manie que les gens avaient de vouloir imposer leur point de vue à leur entourage. En matière de solitude, de couple, de vie de famille. Un concept qui lui échappait encore, comme bien d’autres.

«Ah oui ? Vous venez d'où ?... Est-ce que vous voyager souvent ?» Il but une gorgée et reposa son verre. Il retourna fouiller dans les yeux de la jeune femme pour lui répondre. « Je suis originaire de Sydney, je suis Australien, je connais quelqu’un dans le coin qui pourrait m’aider à monter mon projet, j’ignore encore s’il prendra vie ici ou bien à Sydney. J’ai visité plusieurs villes à travers les salons de tatouage où je me rendais, les grandes de ce monde, Londres, Paris, New-York. » Il avait eu de la chance, même s’il n’avait pas eu beaucoup de temps pour faire du tourisme. Il mentait encore beaucoup mais comme ils ne se connaissaient pas, elle  n’avait pas besoin de savoir qu’il était né ici. «Oui je suis née ici, et je n'en suis jamais partit.» Ils n’avaient pas le même âge et peu de chances d’avoir des amis en commun. Elle pourrait découvrir qu’il mentait mais qui viendrait le lui reprocher, il n’avait pas l’intention de la revoir. «  Qu’aimeriez-vous voir dans ce monde, Mimi ? » Ses rêves étaient-ils à l’image de son opinion sur elle ? Avait-elle des envies, des destinations préférées ? La conversation filait sur sa nouvelle passion inventée de la photographie. «Alors vous êtes un artiste j'imagine. Pourquoi la photographie ?. Un artiste. Il était surtout un mythomane professionnel. Il masquait la vérité, la déformait, lui apportait ce qu’il avait envie. C’était un art après tout, il en était persuadé. Il préférait le dessin à la photographie, il aurait peut-être dû choisir un mensonge plus proche de la réalité mais il était doué pour improviser. « Le temps nous dira si j’ai une âme d’artiste. En tout cas, je capture des moments uniques et je les immortalise sur papier. Montrer la beauté de ce monde à ceux qui n’arrivent pas à la voir. Montrer leur propre beauté à ceux qui refusent de l’affronter dans un miroir. J’imagine que c’est bien pâle comme motivation. » Il ricana, se moquant lui-même de ses airs de philosophe du dimanche. Il préféra se concentrer sur les passions de la belle blonde. «La musique, sous toutes ses formes. Du triangle en passant par la batterie. Il y'a quelque chose dans les harmonies qui me fascine.. Les livres aussi. J'ai beaucoup d'imagination, j'ai tendance à divaguer. Souvent.» Voilà deux arts qui lui échappaient totalement. Il n’écoutait pas la musique et il ne lisait jamais. Il détestait ça, il n’avait jamais lu un livre de sa vie mais impossible pour lui de l’avouer. « Vous pratiquez d’un instrument ? Triangle ou batterie peut-être ? » Il sourit doucement, gentiment moqueur, il avait l’habitude de rire des autres mais cette fois, il le faisait avec bienveillance.

Mimi ne juge pas son mode de vie, non, mais elle essaye de comprendre, parce que oui, il y'a beaucoup de chose que la blonde a du mal à assimiler, notamment son métier étrange. Mais elle s'y intérèsse réellement pour le coup, parce qu'elle n'aime pas rester dans l'ignorance et finalement, il semblerait qu'elle ouvre réellement les yeux sur le monde depuis qu'elle a quitté le domicile conjugale. Alors finalement est-ce qu'un seul de ces dessins lui correspond réellement? Elle semble se détendre en tout cas, plus encline à la discussion et moins nerveuse. Mimi s'autorise même à rire un peu face aux mots que lui lance Blake.«Ah oui ? Je crois que je suis prête à prendre le risque.» Un risque qu'elle prenait tout les jours avec Alexander. Mais maintenant, elle n'a plus à être angoissée, en tout cas elle compte bien profiter de sa liberté tant qu'elle le peut encore, parce que toutes les bonnes choses ont une fin et elle sait que ça arrivera tôt ou tard. .«D'accord oui, je vois. Est-ce qu'il y'a un morceau de votre peau qui ne porte pas de tatouage ? » Parce qu'il semble en avoir partout, des pieds à la tête, et pour le coup, Mimi ne se rend pas réellement compte de ce q'il peut se cacher derrière ses mots. Est-ce que ça peut paraître déplacer ? Peut être. Il esquive tout de même sa question et Mimi n'insiste pas même si la curiosité est toujours là. bien présente. Elle replace une mèche blonde derrière son oreille, esquissant un léger sourire. .«D'accord. Je compte bien continuer à mener mon enquête sur ces dessins.» Et découvrir la seule oeuvre sur sa peau qui le représente réellement. Il boit une gorgée de son verre, elle en fait de même, et entrechoque sa boisson contre la sienne lorsqu'il tend son contenant vers elle. Mimi hoche doucement la tête. .«C'est vrai oui, j'aime bien ma solitude, j'en ai prise l'habitude je crois.» La blonde réfléchit un instant. .«Mais ce n'est pas si mal de me sortir de ma zone de confort de temps en temps, parce que je n'ai jamais le courage de réellement le faire par moi même.» Mimi manque de témérité, c'est évident, mais elle essaye en tout cas de s'obliger à aller de l'avant et s'ouvrir un peu aux autres. Mimi écoute son récit. Visiblement fascinée. Elle vit un peu ses voyages à travers son récit, parce qu'elle n'est jamais partit elle, Mimi n'a jamais quitté le sol Australien, ni même Brisbane à vrai dire. Il a pu en voir lui, du paysage, et elle se demande si un jour elle pourra en faire de même Mimi. Visiter le monde et découvrir autre chose, partir d'ici pour peut être ne jamais revenir. Quand elle aura plus qu'un billet en poche. «J'espère que votre projet aboutira.» Parce que c'est important de pouvoir réaliser ses rêves. elle le sait Mimi, parce qu'elle s'évertue tout les jours à les garder de vue et à ne jamais désespérer de pouvoir un jour les accomplir. Mimi boit chacune de ses paroles en tout cas, incapable de déceler le mensonge dans toute cette histoire. Trop naïve, ou trop confiante sans doute. Qu'importe au fond. «Tout.» Mimi voudrait tout voir. Tout comprendre. Aprés des années à avoir été enfermée entre quatre murs, elle aspire à tout découvrir. «C'est un peu présomptueux de ma part mais je voudrais tout découvrir. Poser mon doigt au hasard sur une carte et décoller de Brisbane.» Et elle le fera un jour, parce qu'elle en a envie et parce que lorsque sa situation le lui permettra elle fera en sorte de découvrir tout ce qu'elle a envie de voir. Des pyramides égyptiennes, en passant par les quais de scènes pour finir par les chars colorés de Rio. Il étale son art et elle est presque subjuguée Mimi. Réellement. «Vous ne seriez pas poète à vos heures perdues ? .» Elle se moque gentiment, mais elle comprend ce qu'il veut dire, elle a toujours été fascinée par les personnes ayant la faculté de capturer un moment sur papier glacé. «Ni triangle ni batterie, je risquerais de casser les oreilles de mes voisins.» Non, ce serait même catastrophique en réalité. «Je joue du piano .» Et c'est déjà pas mal, bien qu'elle n'exclue pas la possibilité d'apprendre à jouer d'un autre instrument un jour. «Je chante aussi .» Mimi vit de son art, et elle a de la chance, elle le sait, parce que ces opportunités là ne se présentent pas tout le temps.

«Ah oui ? Je crois que je suis prête à prendre le risque.» Blake sourit, peut-être pour la première fois de façon sincère. S’il jouait un jeu, il lui arrivait de se prêter à l’expérience malgré tout. Mimi était assez simple dans sa façon de parler, loin des femmes qu’il avait l’habitude de cotoyer. Elle était belle mais semblait l’ignorer. Elle avait de la conversation, de l’esprit. Non, il ne passait pas un mauvais moment en soit, il fallait juste qu’il garde à l’esprit qu’il n’était pas là pour ça. Il sourit, lui faisant comprendre qu’il faudrait qu’ils se connaissent mieux si elle voulait réellement en apprendre plus sur lui et sur ses tatouages. «D'accord oui, je vois. Est-ce qu'il y'a un morceau de votre peau qui ne porte pas de tatouage ? »  Il arqua un sourcil, intrigué. « Quoi, vous aussi vous voulez que j’enlève mes fringues ? » Il rit, il plaisantait évidemment. Ils en avaient parlé un petit peu plus tôt et si la question était légèrement différente, elle revenait un peu au même. Jusqu’où s’étendaient ses dessins qui semblaient infinis. Il reprit légèrement son sérieux, comme s’il réfléchissait à la question, il observa ses bras, ses mains, ses doigts peints de dessins et il finit par hausser les épaules. « En fait, vous contemplez la seule partie qui n’en n’a pas. » Son visage. Il se refusait à y toucher et il ne le ferait jamais. S’il avait étendu ses tatouages le long de son cou, sur son crâne et le début de ses tempes, il s’arrêtait là. Il secoua légèrement la tête. « Et l’autre partie qui n’en n’a pas, je ne suis pas sûre qu’il soit judicieux de la citer dans un moment pareil. » Ricana-t-il sans la moindre gêne. Il était à l’aise avec des sujets plus serrés et cela l’amusait de voir comment elle allait réagir. En réalité, avant qu’elle le pointe du doigt en le traitant de port, il leva les deux mains en l’air, en signe de reddition. « N’oubliez pas que c’est vous qui avez posé la question ! » Lui rappela-t-il, à juste titre et avec un sourire en coin sur les lèvres. Accepterait-elle, après ça, de le revoir, il était curieux de le savoir. Il n’avait pas un look vraiment typique, il effrayait souvent, mais elle ne semblait pas avoir d’à priori malgré les tatouages qui couvraient sa peau. Après tout, il était charmant, du moins il l’espérait, et il était habillé avec élégance, il était tout à fait normal ce soir. Un autre certes, mais parfaitement normal. «D'accord. Je compte bien continuer à mener mon enquête sur ces dessins.» Il sourit et se pencha pour attraper l’enveloppe qui contenait la liste des festivités pour la demoiselle. Il voyait le temps filer à toute allure. Il attrapa le stylo mis à disposition sur la table, félicitant la prévoyance des organisateurs, et inscrivit son numéro de téléphone sur le papier. Il lui retourna l’enveloppe et reposa le stylo. Elle avait les cartes en main. Même s’il n’avait pas l’intention de la revoir, il lui fallait bien aller au bout de son rendez-vous et rester crédible. « Attention, dit comme ça, ça peut porter à confusion. » Il s’amusa une fois de plus à ses dépends avant de trinquer avec elle à la solitude et aux gens intrusifs. Mais elle ne semblait pas du même avis que lui sur la question. «C'est vrai oui, j'aime bien ma solitude, j'en ai prise l'habitude je crois… » Il fronça légèrement les sourcils, un détail venait de le titiller. «Mais ce n'est pas si mal de me sortir de ma zone de confort de temps en temps, parce que je n'ai jamais le courage de réellement le faire par moi même.» Il pencha légèrement la tête en posant son verre, intrigué. « Ca sous entend presque que ce n’était pas un choix, cette solitude que vous évoquez. » Qu’elle en ait pris l’habitude laissait entendre qu’elle ne l’avait pas sciemment choisi. Il comprenait un peu mieux pourquoi ce genre de soirée pouvait être une bonne chose pour elle.

Il la remercia lorsqu’elle lui fit par de son souhait. Il n’avait pas autant d’optimisme qu’elle concernant ce projet imaginaire mais il pourrait toujours y réfléchir après tout. Il n’était pas mauvais en photographie. «C'est un peu présomptueux de ma part mais je voudrais tout découvrir. Poser mon doigt au hasard sur une carte et décoller de Brisbane.» Il sourit, même si ces mots lui évoquaient quand même une grande tristesse de la part de la demoiselle. C’était ce genre de fille qu’il adorait bousculer un peu, à une époque. Qu’il aimait défier, qu’il voulait voir s’épanouir. Quand il se préoccupait encore d’autrui et des personnes qui l’entouraient. « Personne n’a encore cherché à vous faire sortir d’ici ? Un homme, une amie ? » Cette fois, la curiosité avait pris le dessus sur son petit jeu. Elle lui semblait enfermée dans une vie qu’elle n’avait pas choisi. Il aurait dû n’en n’avoir rien à faire mais elle lui évoquait quelqu’un, il pensait à Sol quand il voyait Mimi. Il était idiot de ne pas l’avoir remarqué avant. «Vous ne seriez pas poète à vos heures perdues ? .» Il rit, cette fois. Lui, poète ? Il avait sûrement piqué cette phrase à quelqu’un il ignorait d’où ces mots lui venaient. Il n’avait jamais été qu’un gamin à l’éducation déplorable et même s’il s’était rattrapé, il était loin de l’être. « Sûrement pas. » Il s’intéressa à elle, à ce qu’elle faisait de ses passes temps, de son temps libre. Le piano, le chant. Il eut un sourire intrigué. « J’imagine qu’il est inutile de vous convaincre de me faire part de votre talent ? » Elle ne semblait pas du genre à vouloir pousser la chansonnette avec une salle pleine autour d’elle. Et quand il entendit le gong final de ce rendez-vous, il sourit. « Sauvée par le gong. » Son sourire s’agrandit et il inclina la tête. « Ravie d’avoir fait votre connaissance, Mimi, j’espère que nos chemins pourront se recroiser très vite. » Il désigna l’enveloppe avec son numéro et il lui adressa un clin d’œil charmeur. Ils allaient devoir prendre congé et continuer pour un dernier rendez-vous. Blake avait envie de rentrer chez lui.

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