Terminé les prises de tête. Il était temps d'assumer ses sentiments. Et des sentiments, Cade en avait bien pour la jolie blonde qu'il avait dans ses bras. Comment pouvait-il en être autrement quand elle occupait ses pensées quotidiennement et qu'il mourrait d'envie d'en coller une à chaque type qui se trouvait trop près d'elle. Il aimait bien trop avoir l'attention de Savannah porté uniquement sur lui, tout comme il ne concevait plus de laisser cette place à un autre. Il ignorait complètement ce qui s'était dit et comment s'était terminé sa relation avec Joshua, mais il s'en foutait royalement. Ce qui comptait, c'était qu'elle avait su capter la sincérité de ses mots quand il avait avoué qu'il regrettait amèrement son incapacité à lui donner ce qu'elle voulait. L'exclusivité. Voilà ce qu'il lui avait donc promit avant qu'ils n’atterrissent tous les deux dans sa chambre pour sceller ce pacte, pour ainsi dire. Et quelle délicieuse conclusion, quelle charmante signature en bas de page. Il en était conscient, il ne s'agissait pas d'une nuit comme toutes celles qu'ils avaient échangés auparavant. Les vannes étaient ouvertes, il y avait comme une fêlure dans la carapace pour si épaisse de l'ex agent fédérale. Et ce moment était propice à des échanges inédits.

A la seconde où Savannah évoqua le sous-sol, Cade saisit le message. Il n'y avait pas eu trente-six histoires, ni d'autres événements liés à ce genre de lieu. Elle voulait connaître la vérité, celle dont elle n'avait probablement pas eu entièrement connaissance. Pour cause... Grimes n'avait jamais évoqué ça depuis longtemps, et à quelqu'un d'autre que des agents gradés prêt à l’assommer de questions et de jugements hâtifs mettant de côté toute émotion. Avec un certain retrait dans la voix, il débuta son récit par quelques généralités qui devinrent vite des précisions. Graham était le meurtrier qui avait changé sa vie professionnelle et affective. En parler n'était pas simple et il tentait de faire abstraction de toutes ces images qui avait tendance à faire s'emballer son cœur. - Graham Hawkins. Il était jeune. Méticuleux et... complètement paumé. Ses parents sont décédés dans un accident tragique, il vivait avec sa grand-mère. Et sa sœur, Joan. Les yeux de la jeune femme le hantait encore. Il aurait donner n'importe quoi.... - C'est Joan qui nous a conduit à lui. On a... on a pas mal bossé ensemble. Est-ce qu'il fallait évoquer cette relation passionnelle qu'ils avaient entamés pendant l'affaire et qui lui avait aussi porté préjudice ? Savannah était-elle prête à l'entendre ? "Elle bossait pour le FBI aussi?" La voix de la jolie blonde le tira un instant de ce film à répétition qui se jouait dans son esprit. Il la regarda et garda comme un air hésitant sur le visage. - Non... non elle était considérée comme témoin dans un premier temps. Mais les soupçons qu'on a vite porté sur son frère jumeau l'a amené à travailler avec nous... Et je suis aussi vite tombé sous son charme... Fermes la Grimes, Appuies sur cette putain de touche Echap. Et sors toutes ces images de ta caboche ! Le parfum de Joan, il pouvait encore le sentir... la couleur ivoire de cette perle qu'elle portait continuellement autour de son cou, ce qu'elle avait de plus précieux. Le bijou de sa mère. Cade était irrévocablement tombé amoureux de cette fille alors que tout rapprochement avec un témoin était formellement interdit. Il poursuivait son récit en venant au moment où, prêt à donner l'assaut à l'extérieur, son chef ne l'avait pas vu partir, seul, dans ce sous-sol mal éclairé et donnait la chaire de poule à n'importe quelle personne dénué de détermination. "Et cette fille?" Cade baissa les yeux. Cette interruption tombait bien. La suite était à chaque fois une douleur supplémentaire. "J'veux dire....Elle n'a pas cherché a témoigner pour livrer sa version des faits?" Il releva le regard et celui-ci se perdit en face de lui... - J'ai tué son frère Savannah... Au moins, il ne passait pas par quatre chemins. La vérité. Rien que la vérité. - Et je n'y ai pas été de main morte. Il regarda Savannah, qui demandait à en savoir plus encore, il le voyait. Et bordel, ce que ça faisait mal ! - Il avait... son flingue sur sa tête. Il menaçait d'appuyer sur la gâchette si je n'faisais pas ce qu'il voulait. Il était taré et il l'aurait fait. Il l'aurait fait si je n'avais pas désobéit, si je n'avais pas été plus rapide que lui et si je n'avais pas tiré dés que j'en ai eu l'occasion. Ceci expliquait en partie pourquoi il avait été mis à pieds. Mais encore... il continua. - J'ai tiré. Plusieurs fois. Je me suis assuré qu'il ne puisse plus nuire... Son acharnement. Voilà ce qui avait péché. Voilà ce qui avait apeuré Joan, effrayée de le voir agir avec une telle hargne. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle se trouvait assise à l'arrière d'une camionnette de secouristes, une veste trop grande et ornée d'un macaron FBI sur le dos. Rien que dans ses yeux, il avait lu toute l'incompréhension et à ce moment, elle avait sans doute oublié que c'était pour elle qu'il avait agit.

Allongée contre lui, je savoure ce délicieux sentiment qui s'empare de moi. Il n'y a là plus aucun doute, plus aucune frustration, ni même un quelconque soupçon de culpabilité. Je me sens apaisée, sereine, et j'aimerais que cet état de bien-être perdure encore et encore. Nous venions de loin, et je n'aurais jamais imaginé pouvoir un jour partager un moment comme celui-ci avec lui, pas sans une certaine retenue en tout cas. Dès le départ, nous n'avions pas suivi le courant qu'impose une relation nouvelle. Nous avions préféré écouter avant tout cette attirance physique indéniable, et nos retrouvailles sur le continent australien nous avait permit d'apprendre à nous connaître de façon plus profonde, de nous permettre de développer un attachement indéniable face à beaucoup de similitudes dans nos vies. Tous ces moments passés ensemble nous avaient liés l'un à l'autre, nous forçant a accorder une place particulière, sans même le vouloir dans nos vies respectives. Cette place qu'il avait occupé pour ma part n'avait jamais été comblée par un autre, peu importe la volonté que j'y avais mit, je m'étais donc convaincue qu'avec le temps, je parviendrais à l'oublier. Ce paradoxe qui entoure notre relation m'a souvent dépassé. Cette impression que tout soit si simple lorsque je suis à ses côtés, et si complexe à la fois lorsqu'il faut poser des mots sur ce que nous partageons. Le nouveau tournant que venions de prendre devait normalement nous permettre d'éloigner les problèmes, c'est l'idée que je parviens à m'en faire en tout cas.

Il y a cependant ce sujet, qui était parvenu à nous séparer l'un de l'autre, pour diverses raisons, et pour lequel, j'avais encore quelques interrogations. J'avais lu le rapport rédigé par les fédéraux, à plusieurs reprises d'ailleurs, mais quelques informations semblaient encore m'échapper, et Cade me l'avait bien fait signalé lorsque je lui avais balancé quelques horreurs au visage au sein de ce café. Quelles étaient-elles? Que s'était t-il réellement passé pour que cette mission qu'il remplissait en tant qu'agent vienne a l'opposer à ses supérieurs hiérarchiques, alors que leur objectif était pourtant commun? Je ne voulais pas briser ce moment fort que nous partageons, et que nous méritons amplement après toutes ces récentes mésaventures, mais ce dernier semble nous rapprocher plus que jamais au sein de cette chambre, et cet instant est propice à la confession. Mon attitude est bien différente de celle que j'avais adopté en apprenant la nouvelle. Je fais preuve de recul, d'objectivité et surtout, je parviens a me fier à cette partie au fond de moi, celle qui me pousse à lui vouer une confiance absolue. Je suis de son côté. Peu importe ce qu'il dira, peu importe si c'est contraire à l’étique, je sais faire preuve de tolérance, même si cette capacité n'a pas été au rendez-vous lorsque j'avais appris la nouvelle, surpassée par une impulsivité démesurée, provoquait elle-même par une grande déception. Ce prénom cité à de nombreuse reprise dans le rapport fini donc par trouver sa place. Cette femme n'était pas une simple victime, elle était liée à cette affaire depuis le début. "- Non... non elle était considérée comme témoin dans un premier temps. Mais les soupçons qu'on a vite porté sur son frère jumeau l'a amené à travailler avec nous..." Je hoche doucement de la tête, parvenant a imaginer d'avantage les circonstances de cette scène. Si la destitution de ses fonctions pouvait le faire passer pour le méchant de l'histoire, il était pourtant celui qui avait fait son travail, qui avait assuré une issue des plus favorables. Sauver une innocente ou tuer un assassin? Le choix est évident pour tout le monde. Ce qui était un peu plus délicat, c'est l'interprétation que les autorités s'en était faite, et la seule chose qui aurait pu venir justifier d'avantage ce geste héroïque n'était autre qu'un témoignage en sa faveur, celui de la jeune femme. Pourquoi ne l'avait t-elle pas fait? Il lui avait tout de même sauvé la vie après tout. " - J'ai tué son frère Savannah..." Certes. Ce détail pouvait faire basculer la balance. Je suis forcée pendant un instant de me mettre à sa place pour mieux comprendre ça, aurais-je été du côté de l'un de mes frères dans de pareils circonstances? Alors que celui-ci brandissait une arme sur ma tempe? La réponse était évidente. Peu importe le lien du sang, cet homme était un meurtrier avant tout, il était capable du pire, même d'infliger ça à sa propre soeur.  "- Et je n'y ai pas été de main morte." Mon regard se relève dans le sien, comme si ce dernier cherchait à mesure la gravité de ce geste. "- Il avait... son flingue sur sa tête. Il menaçait d'appuyer sur la gâchette si je n'faisais pas ce qu'il voulait. Il était taré et il l'aurait fait. Il l'aurait fait si je n'avais pas désobéit, si je n'avais pas été plus rapide que lui et si je n'avais pas tiré dés que j'en ai eu l'occasion." Je devine l'agitation qu'évoquer ce moment provoque en lui. "- J'ai tiré. Plusieurs fois. Je me suis assuré qu'il ne puisse plus nuire..." Est ce que la décision de ses supérieurs le poussait à douter de la sincérité de son geste? Je hoche brièvement de la tête, ma main venant se déposer sur sa joue. "T'as fais ce qu'il fallait" dis-je en tentant de soutenir son regard. "Peu importe les conséquences que tu paies maintenant..."Notamment l'arrêt de sa carrière. "J'pense pas que t'aurais supporter de te regarder dans un miroir si tu lui avais laissé la possibilité de tirer avant toi" C'était même une certitude. D'une voix douce et qui se veut rassurante, je poursuis "Cet homme était un meurtrier. T'as peut être ôté une vie, mais c'est quoi comparé à toutes celles que tu as probablement sauvé?" Mes sourcils se relèvent, appuyant mes propos avec force. "Et tant pis si ça n'a pas été approuvé pas le FBI ou même par cette fille Cade." Tant que lui était convaincu par son geste, le reste devait rester secondaire. Je viens me relever doucement, et déposer un instant mes lèvres sur les siennes. "Moi j'te crois." Je n'avais pourtant pas toutes les armes en main, si ce n'est ce rapport, et la version que Cade venait de me livrer, mais j'étais intimement persuadée qu'il avait agit dans l’intérêt de tous.

C'était inédit d'entendre Cade se dévoiler ainsi. Et ça l'était encore plus quand on savait à quel point cette histoire l'avait perturbé à l'intérieur. Cela faisait plus de deux ans et demi qu'il trainait ça bien enfouit et Savannah était la première à pouvoir écouter ce récit avec toute l'émotion et la sensibilité qu'il transpirait. Non, il n'avait pas montré autant quand il avait du raconter les faits devant ces grands seigneurs de la commission. Ces papys qui se croyaient encore importants et ces petit jeunes qui pensent être au sommet de la gloire en le prenant de haut... ils n'auraient pas pu tout comprendre avec leurs yeux de professionnels devant prendre parti sur une affaire qu'ils n'avaient pas vécu. Ils n'avaient pas vu les atrocités que Graham avait laissé derrière lui. Il n'avaient pas connu Joan et son rire cristallin. Ils n'ont jamais croisé le regard d'un tueur en série qui n'était en fait qu'un gamin... Alors oui, en parler retournait le couteau dans la plaie encore béante. Mais se confier faisait finalement du bien, au fond.

Savannah était curieuse et Grimes lui dévoila ce qu'il pensait être le fil rouge qui avait mené à son licenciement. Légitimement, elle posait des questions sur l'enquête, et sur la jeune femme qui était au centre de celle-ci. - J'ai tué son frère Savannah... C'était une réalité. Peu importe ce que le contexte voulait dire, il avait ôté la vie du frère jumeau de Joan. Et ce n'était pas un cas isolé. L'agent fédéral Cade Grimes était un tueur, lui aussi. - J'ai tiré. Plusieurs fois. Je me suis assuré qu'il ne puisse plus nuire... Cette vision lui chauffait le cœur, le faisait presque trembler tant la nervosité et l'adrénaline du passé était encore perceptibles. Chaque mot lui faisait revivre la scène et à chaque fois, c'était le regard apeurée de Joan qui le hantait.

"T'as fais ce qu'il fallait" La douceur de la voix de Savannah, et sa main parcourant sa joue surent le ramener à la réalité. "Peu importe les conséquences que tu paies maintenant..." Il plongea son regard dans le sien, cherchant la véracité de ses mots. "J'pense pas que t'aurais supporter de te regarder dans un miroir si tu lui avais laissé la possibilité de tirer avant toi" Non, c'était vrai. S'il était arrivé quelque chose à Joan, jamais il ne se serait pardonné. La jolie blonde était une oreille attentive et un soutien infaillible à cet instant où, pour la première fois, il ne fuyait pas ni ne devenait grossier en revenant là dessus. "Cet homme était un meurtrier. T'as peut être ôté une vie, mais c'est quoi comparé à toutes celles que tu as probablement sauvé?" Il en avait sauvé oui, mais il en avait prit aussi. Il 'n’était pas certain que Savannah veuille connaître cette part du métier d'agent fédéral, et cette partie de sa vie. Cade l'écoutait. Elle s'avérait être un véritable pansement pour l'âme et sa voix était tellement bienfaitrice. "Et tant pis si ça n'a pas été approuvé pas le FBI ou même par cette fille Cade." Cette fille avait néanmoins eut un rôle bien plus important dans cette histoire que ce qu'il avait bien voulu exposer jusqu'ici. Et alors qu'il ouvrit la bouche pour s'apprêter à lui en dire quelques mots, Savannah termina "Moi j'te crois." Finalement, mieux valait-il pas laisser ça derrière eux ? Les yeux toujours fixés dans les siens, il finit par esquisser un semblant de sourire et lever le menton de la jolie blonde avec son index. - C'est l'plus important. Trouvant ses lèvres pour lui voler un baiser long et sensuel, Cade se sentait déjà un peu plus léger de savoir qu'elle n'ignorait plus la vérité. Et étant donné que cette affaire faisait partie du passé, autant la laisser là où elle était. Joan avec.