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 Oh, lying in secret to myself | leoden #9

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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptyMar 10 Mar 2020 - 19:45

Oh, lying in secret to myself@Auden Williams
J'aurais dû faire plus vite. Renverser de la citronnade, encore, pour interrompre tout ce que je n'aurais jamais eu envie de voir.

Bien évidemment. J'aurais dû voir les signes.
J'ai vu les signes, en fait. J'ai refusé de les interpréter, j'ai refusé de piquer ma crise alors que tout ce que je voulais c'était détruire l'intégralité de ce qui se trouvait sous ma main. J'ai pris la fuite sur ces foutues îles au milieu de nul part, comme si ça pouvait repousser l'échéance, comme s'il y avait quoi que ce soit à repousser de toute façon. Je ne sais pas ce que j'ai attendu. Rien, probablement.

Et c'est trop tard, maintenant, c'est trop tard parce que mes phalanges blanchissent avant que je ne m'éclipse dans un coin de l'atelier, parce que mes yeux se posent douloureusement sur le portrait de Auden sur lequel je me suis tant détruit les yeux à force d'en parfaire les traits. Sans jamais m'en satisfaire, sans relâche. Il n'y a rien que je ne déteste plus que ce portrait, désormais, que j'ai envie de décrocher pour le balancer par une fenêtre de l'atelier. J'aimerais qu'il s'enlaidisse comme Le portrait de Dorian Gray, mais là aussi, j'attendrais dans le vide. C'est ma spécialité, d'attendre dans le vide, de toute façon.

J'ai bousillé un crayon, détruit la feuille sur laquelle je tentais vainement de coucher mes idées depuis environ trente minutes. Je mords si fort l'intérieur de mes joues, pour renvoyer à mes yeux le signal fort que fuir, c'est bon pour les robinets. Personne ne pleure, pas ici. Ne pas partir non plus. Fuir, c'est bon pour les robinets. Mon crayon brisé que je jette dans un coin, et voilà que j'attrape de quoi rattraper l'esquisse minable qui s'étire sur la feuille noircie de mes ratures - et couverte de taches d'eau, pas d'eau salée, non ce ne sont pas des larmes, juste un peu d'eau que je perds par les yeux. Des larmes de rage qui ont percé ma barrière que j'essuie, en maintenant une mine indifférente, du coup de l'épaule. La mine neuve se pose sur une feuille toute blanche - j'ai bazardé l'autre. Ce sont les traits de Molly, que je tente de retranscrire, même si j'ai tout autre chose en tête. Même si j'ai envie de vomir, de prendre la fuite, de quitter cet endroit de malheur, de quitter même l'intérieur de ma tête, qui me rappelle sans cesse un "J'y aurais rajouté du rouge. En couche superficielle. En partant du bas, tu vois le genre ?" qui me semble lointain, tellement lointain. Vas te faire foutre, avec ton bleu de merde, Auden Williams. Vas te faire foutre, parce que j'avais raison et qu'il y manquait du rouge à ce tableau de merde.

Et bientôt on les voit clairement, les traits du visage de Molly. Mes yeux concentrés ne se relèvent même pas, lorsque je l'entends passer dans la pièce. « Félicitations. » Ils ne sont pas mariés, après tout je les ai juste - aïe - vu s'embrasser - aïe. Ou peut-être que si. Moi, si, je suis marié. Je suis marié et très heureux. Très heureux. J'accroche le plus beau des masques d'indifférence que je puisse maîtriser, coince le bout de ma langue entre mes lèvres à mesure que les traits prennent forme, sur mon modèle. J'accroche un sourire à mes lèvres - la mécanique est bien huilée. A mon annulaire brille tout ce qui symbolise le renouveau. « Je suis allé dans les îles. J'aurais dû prendre un appareil photo. J'ai pris mes carnets, mais j'ai pas eu le temps de dessiner. » Je me retiens d'en faire trop, d'en faire pas assez, de partir en claquant la porte et de balancer toute la peinture qui tombera sous ma main contre les murs. Je me retiens, parce que peut-être bien que je n'ai pas vu ce que mes yeux ont aperçu. C'est bien là tout mon problème: mon cerveau idiot et naïf oublie de rappeler à mon cœur qu'il n'est là que pour battre.

Pas pour tomber amoureux.
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Auden Williams
Auden Williams
le complexe de Dieu
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Oh, lying in secret to myself | leoden #9 9OYzxwd Présent
ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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POSTS : 23596 POINTS : 160

TW IN RP : violence physique et verbale
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
CODE COULEUR : darkgreen
RPs EN COURS : (04)savannah #9aubreyjames #25 › ginny #117


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ginauden #114 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?

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famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.

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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

RPs EN ATTENTE : damon #16

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willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.

RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens
AVATAR : Richard Madden
CRÉDITS : corpse heart (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › louisbxne (gif ugo)
DC : Swann & Ambrose
PSEUDO : Kaelice
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INSCRIT LE : 29/05/2019
https://www.30yearsstillyoung.com/t24284-auden-canicule-en-ete-mamie-va-y-passer
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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptyJeu 12 Mar 2020 - 0:01

Tout a changé et pourtant personne ne le remarque. Moi si, bien sûr, elle aussi, mais pas les autres. On reste nous même, on se dispute pour des teintes de couleur, on se dispute pour des poils de pinceau, on se dispute parce que Pizzasagne est sale et que c’est sûr et certain que c’est sa faute à elle et pas la mienne s’il est désormais bleu. C’est de ma faute à moi, par contre, si pour qu’elle arrête de parler je l’ai embrassée parce que oui, ça ça a changé, ça on en a le droit, et ça je sais qu’elle le déteste parce que je l’empêche de vivre sa vie et je m’impose et c’est tout ce que je sais que je ne dois pas faire, que je ne fais pas non plus. Sauf quand ça m’amuse, sauf quand y’a ses yeux paniqués qui viennent trouver les miens parce qu’elle veut l’annoncer à Robin-Hope en grandes pompes alors que moi je me serais contenté d’un emoji ou d’un millier.

« Félicitations. » Le voilà le rabat-joie qui se devine déjà au son de sa voix, dans ses paroles encore plus. Lui qui prend tout l’espace dans mon atelier sans que je ne lui reproche quoi que ce soit, lui qui meurtrie des crayons sans que je ne lui en veuille, lui qui malgré tout ça trouve encore le moyen de se plaindre alors qu’il devrait s’estimer heureux. Mes yeux s’attardent davantage sur son dessin que sur son visage sans que cela n’étonne personne, et même à l’envers j’en devine aisément les traits d’une femme, genre de dessin que je ne l’avais jamais vu réaliser. Et pour une fois ça n’a rien à voir avec un manque d’attention de ma part. Il dessine une femme, il rage en dessinant cette femme, il rage en bousillant ses outils, il rage en me voyant embrasser Ginny - qui n’est pas lui, donc.

Il dessine mais il ne cache pas sa main, lui. Il ne cache absolument rien, pas même la bague luisant à son annulaire laquelle ne fait aucunement écho à la mienne, luisant au même endroit. ”Félicitations à toi aussi.” C’est un jeu de merde auquel on pourrait s’y prêter pendant une éternité. Il n’a pas le droit de jouer à l’ego brisé alors qu’il semble si vite être passé à autre chose et que je sais que c’est faux, qu’il se ment, qu’il me ment à moi aussi. Il n’est pas passé à autre chose, il tente seulement de le faire croire à lui même comme au reste du monde.

Il est au bord du précipice alors que je garde mon calme, que je l’observe peaufiner les traits de son dessin alors que je referme la porte de l’atelier et me repose sur la table au centre. « Je suis allé dans les îles. J'aurais dû prendre un appareil photo. J'ai pris mes carnets, mais j'ai pas eu le temps de dessiner. » Pas eu le temps, trop occupé à vivre son faux idylle ; je vois. Son intervention m’arrache un rire aussi bref que faux, preuve de mon manque cruel d’intérêt pour ce qu’il peut bien faire de son dimanche après midi ou même de ce qu’il fait en dehors de mon atelier. ”Je suis allé à Firenze et je me suis marié. C’est un concours ?” Parce que je vais le gagner, son concours de merde, même s’il refuse d’avouer son existence. Il a besoin de moi mais l’inverse n’est pas aussi vrai. ”Elle existe autre part que sur tes dessins, elle ?” Celle la là, sa femme.


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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptyDim 15 Mar 2020 - 23:12

Oh, lying in secret to myself@Auden Williams
« Félicitations à toi aussi. » Oh, ta gueule. Je suis à deux doigts de la déchirer du bout de mon crayon, la feuille sur laquelle s'étirent les traits harmonieux du visage de Molly. C'est la colère, c'est la déception, c'est tout ce que j'ai envie de briser entre mes doigts. C'est un mélange que je ne comprends pas, un cocktail que je j'abhorre et qui me donne l'impression de me noyer. Bientôt, mon cerveau va passer en mode automatique. Bientôt, j'aurai envie de pleurer. Je sais qu'à la seconde où je passerai ces portes, on ne pourra plus m'arrêter qu'avec trop d'alcool et de chocolat. Déjà, mon esprit est parcouru de "et si" qui n'auraient, de toute façon, pas mené plus loin que les rêves à l'intérieur de ma tête. Auden est avec Ginny. Auden est avec Ginny et mets toi ça bien dans le crâne.

Il est merdique, mon tissu de mensonge. Il est merdique et pourtant je continue de dessiner, visiblement plus concentré sur le dessin que sur la présence du peintre, alors que tout mon être me hurle de faire autre chose que de rester penché sur cette esquisse tremblante. « Je suis allé à Firenze et je me suis marié. C’est un concours ? » Marié. Auden est marié. Mes yeux retrouvent les siens alors que ma main se lève de la feuille. « Cool. » Un seul mot qui sonne amer. Auden est marié. Comment ais-je pu passer aussi longtemps à côté des signes. Comment Auden est-il marié; comment le Auden que j'ai rencontré dans une galerie d'art est-il marié, depuis quand, pourquoi, qui est-il et qu'avez-vous fait au Auden qui voulait plus de bleu et pas de rouge sur son tableau ? « Elle existe autre part que sur tes dessins, elle ? » « C'est ma femme, elle. Elle s'appelle Molly, elle. » Répliquer du tac au tac n'aura pour conséquence que d'envenimer mon ton, alors que je me mets à jouer avec la bague qui enserre mon annulaire.

Je me suis arrêté de dessiner. J'ai dérobé ma main gauche à sa vue, aussi, parce que mon poignet tremble. Il tremble à force que mon poing se serre. « Depuis quand tu te maries ? » Depuis quand t'es du genre à te marier, Auden Williams ? « J'ai encore un de tes pulls. Je te le ramènerai dans la semaine. » La phrase est débitée sur un ton que je voudrais neutre. Que je voudrais, seulement. Dis moi que tu t'en fiches. Dis moi que tu as oublié. Dis moi que de toute façon, tu ne comptais pas le réclamer.
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Auden Williams
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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptyMar 17 Mar 2020 - 11:21

« Cool. » ”Cool.” la bataille d’egos fait rage et il sait très bien que je serai le dernier à lâcher prise, que si je dois perdre beaucoup alors je perdrai beaucoup mais jamais je ne m’abaisserai devant lui. Il ne peut pas être heureux et guilleret à l’autre bout du monde, il ne peut pas l’être sans moi parce que ce n’est qu’un mensonge dont il n’arrive même pas à se convaincre lui même. Ses doigts tremblent et je suis presque certain qu’il en est de même pour ses lèvres ; ce n’est pas l’attitude d’un jeune marié heureux.

« C'est ma femme, elle. Elle s'appelle Molly, elle. » Il rage, il attaque presque, il mord de loin. Il n’est pas content, le chien de compagnie qui se croit soudainement devenu molosse. Il pense pouvoir résister une éternité à chacun de mes assauts mais il faiblit déjà, lâche du terrain en parlant de sa femme, lui donnant un prénom en plus d’un titre. Comme si son identité avec réellement un quelconque intérêt à mes yeux, comme si voir ses traits grossiers sur une feuille de papier allait pouvoir servir sa cause. Si j’étais un minimum concentré sur ses dires j’aurais pu faire le lien avec la même Molly venant parfois à l’atelier mais pour ça il faudrait que j’en ai quelque chose à faire : ce n’est pas le cas. Elle n’est qu’un dommage collatéral de plus dans la quête de normalité d’un Léo totalement perdu et je n’ai pas à m’en vouloir pour les erreurs qu’il commet. Il fait ça pour attirer mon attention et la mienne seule, c’est évident. C’est aussi évident que c’est inutile et voué à l’échec. Il ne fait pas le poids. ”Je t’ai pas demandé son prénom.” Elle a encore moins d’importance qu’il a un jour peut être pu en avoir.

« Depuis quand tu te maries ? » ”Je te retourne la question.” On joue au jeu des répliques du tac au tac, non ? Je n’ai pas à me forcer pour être froid ou condescendant, j’ai une vie d’expérience derrière moi. Il croyait m’avoir cerné et le voilà démuni, le gamin. Il tente de se raccrocher là où il le peut sans jamais y parvenir puisque c’est peine perdue. Il y a une exception dans ma vie, une seule, une pour qui j’ai tout abandonné et pour qui je continuerai de le faire aussi ; et ce n’est certainement pas lui.

« J'ai encore un de tes pulls. Je te le ramènerai dans la semaine. » ”J’en ai d’autres.” Ça sentira son odeur et je n’en veux pas. Ca ramènera tous les souvenirs et je n’en veux plus. Il tente une technique d’approche trop subtile alors que j’ai simplement envie de lui rappeler que ce n’est pas de mon pull dont il a besoin mais de moi. ”Tu pourras t’en servir comme doudou. Une fois que t’auras rempli ton devoir conjugal avec ta femme.” Depuis quand il aime les femmes, lui, d'ailleurs ?


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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptyMer 18 Mar 2020 - 0:57

Oh, lying in secret to myself@Auden Williams
Il m'énerve sévère, à répéter mon "cool". Il m'énerve plus que d'habitude, je veux dire. Ça doit être à cause de son nouveau statut, qui brille au dessus de sa tête. Enfin, "qui brille", tout est relatif. A la bataille de regard, je sais qu'il gagne. Ce n'est même pas la peine d'essayer. Je préfère me concentrer sur les traits de mon dessin - qui est loin, loin d'être à la hauteur de mes attentes. Je m'agace, à ne pas savoir quoi faire de mes mains. Et bientôt, mon poignet tremble, conséquence de la frustration qui m'habite et cogne contre mon cœur par vagues.

« Je t’ai pas demandé son prénom. » « Ça te fait chier, qu'elle existe ? Je dis encore ce que je veux, il me semble. », que je lâche en relevant les yeux et les mains de mon dessin. J'ai fait mieux sans matériel. J'ai fait mieux avec un stylo bic, sur une vieille feuille vierge trouvée dans ma valise. Non content de ne pouvoir m'occuper les doigts, je viens rassembler la feuille du poing, la froissant sans délicatesse. Il n'a pas besoin de le dire, le prénom de sa femme à lui. Il n'a pas besoin de le dire et il le sait déjà. Le crayon désormais entre les dents, je fais de petites confettis avec les bordures de la feuille. Il n'aurait plu à personne, ce dessin. Il ne me plaisait même pas à moi. Il est une mascarade idiote, inutile, une mascarade d'enfant de douze ans qui voudrait prétendre qu'il se fiche de tout et surtout du reste du monde. Une mascarade que je ne vais pas tenir très longtemps encore. Et la mascarade, c'est lui, de toute façon. Depuis quand se marie-t-il, Auden le conquérant ? « Je te retourne la question. » Je me renfrogne, décoince le stylo d'entre mes incisives. « C'est un choix. Je prends mes responsabilités. » Avec un mariage que je n'ai que partiellement choisi, et avec une femme que je ne connaissais pas. Ce n'est pas ce que j'appelle "prendre ses responsabilités", mais on s'en contentera.

J'ai son pull, bien plié dans mon armoire. Il dort au milieu de souvenirs que je tente d'oublier. « J’en ai d’autres. » Je hausse les épaules, termine de rassembler les miettes du dessin. Bien sûr qu'il en a d'autres. Celui là, c'est simplement ma carte "hey j'ai ton pull" que je gardais comme un dernier recours, une excuse ultime naïve et très, très lourde. « Tu pourras t’en servir comme doudou. Une fois que t’auras rempli ton devoir conjugal avec ta femme. » Il l'aura, son pull de merde. Il l'aura, je l'ai décidé au moment où mes yeux on recroisé les siens. « Tu ne me demandes pas son prénom mais tu parles d'elle toutes les deux secondes. Je vais croire qu'avec ta femme à toi t'as déjà des problèmes, à force. » J'aimerais bien. « Ton stupide pull, tu l'auras la semaine prochaine sans faute. J'ai pas besoin d'un doudou. Je suis très heureux avec Molly. » Je suis très heureux avec Molly. Je suis très heureux avec Molly. Peut-être que si je le répète assez... « De toute façon, je ne sais pas en quoi ça te regarde. Quand t'auras assez rempli ton devoir conjugal, que tu seras père de trois enfants en bas âge et quand t'abandonneras tout ce que tu fais pour elle, je n'oublierai pas de revendre le tableau que j'ai chez moi, celui qui est de ta main. Ça vaudra de l'or, quand ça se fera rare. » Ça vaudra de l'or, surtout pour mes yeux avides de souvenirs, qui se feront de moins en moins tangibles au fil des jours. Tant mieux. Tant pis.
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damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.

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modeo #5 › young, dumb. now all the words are my own, but i don't want you to judge. i thought inspiration was all about fun, life's been eating me up it's poisoned my cup and if i leave the house, i'll get hit by a truck.

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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptyMer 18 Mar 2020 - 1:43

Il sait très bien que je ne connais pas la patience et il joue sur ça. Si je maîtrise le jeu pour le moment, rien ne dit que ce sera toujours le cas dans quelques minutes quand il aura usé toutes ses cartes et qu’il fera parti de la longue liste de tous ceux que j’ai envie de frapper de manière irrémédiable. Il joue à un jeu qu’il ne maîtrise pas, il se croit invincible et il est loin de l’être, le gamin qui se croyait déjà roi. Si son poignet tremble, je garde résolument mes poings fermés et accrochés à la table de bois pour qu’il n’en soit pas de même. S’il y a un perdant dans cette histoire, un seul, c’est bien lui. « Ça te fait chier, qu'elle existe ? Je dis encore ce que je veux, il me semble. » ”Essaye pour voir.” Essaye de me défier Léo et ça sera le première et la dernière fois, quand tu sais très bien que je ne supporte aucunement une quelconque sorte d’autorité. Encore moins quand ça provient d’un gamin à peine en âge de faire ses propres choix - et qui les fait mal, qui plus est, comme celui de se marier avec une parfaite inconnue alors qu’en parallèle j’aurai eu besoin de quinze années pour en arriver au même stade.

« C'est un choix. Je prends mes responsabilités. » Tu fais tes choix et tu les fais mal, tu prends tes responsabilités et tu les prends mal. Voilà tout ce que t’apporte l’indépendance, Léo : des emmerdes. Il est en roue libre et il se perd, il va chuter bien vite et ça va faire mal si au moins ça ne lui est pas fatal. Grand bien lui fasses. Ses problèmes n’ont jamais été les miens et aujourd’hui plus que jamais il s’évertue à le préciser, à clamer son indépendance vis à vis de moi et du reste du monde. Très bien.

« Tu ne me demandes pas son prénom mais tu parles d'elle toutes les deux secondes. Je vais croire qu'avec ta femme à toi t'as déjà des problèmes, à force. » Si je rigole c’est par stress. Non pas pour moi, non pas parce que je doute de quoi que ce soit à propos de me relation avec Ginny ou même de la brune elle même ; mais bel et bien parce que s’il commence à s’en prendre à elle plutôt qu’à moi il va vite se rendre compte à quel point il avait eu le droit à un traitement de faveur jusqu’alors. Traitement de faveur qu’il n’en sera que plus difficile à oublier, quand mes doigts ne se resserreront non plus sur le rebord de la table mais autour de son cou. J’ai l’habitude qu’on s’en prenne à moi et généralement je m’en amuse même, mais elle est une limite à ne pas franchir. Elle est à garder en dehors de tout ça, quand rien de notre historique ne la concerne en rien. ”Fais gaffe à ce que tu dis.” Il va la franchir, la ligne rouge, cet imbécile. Il a une lueur de défi dans son regard que je me déteste à surprendre.

« Ton stupide pull, tu l'auras la semaine prochaine sans faute. J'ai pas besoin d'un doudou. Je suis très heureux avec Molly. » ”Répète le assez t’y croiras peut être.” Essaye de te persuader que tu peux être heureux sans moi. Essaye de te persuader que tu peux vivre sans moi, même, maintenant que tu as su ce que c’était que d’évoluer à mes côtés. Essaye. Essaye et on verra, Léo, qui de nous est le plus stupide.

« De toute façon, je ne sais pas en quoi ça te regarde. Quand t'auras assez rempli ton devoir conjugal, que tu seras père de trois enfants en bas âge et quand t'abandonneras tout ce que tu fais pour elle, je n'oublierai pas de revendre le tableau que j'ai chez moi, celui qui est de ta main. Ça vaudra de l'or, quand ça se fera rare. » Et là il perce, mon rire. Il s’élève plus hauts que nos chuchotements qui cachent nos hurlements, il s’élève plus haut que le froissement du papier dans sa paume. Il s’élève plus haut que mes ongles crissant sur le bois, attendant l’ultime remarque de sa part pour changer de matière dans laquelle s’enfoncer. ”C’est quoi qui t’emmerde le plus là dedans ? Que je couche pas qu’avec toi ? Que je ne couche plus avec toi ? Que je puisse avoir une vie dans laquelle t’es pas inclus ? Que t’aies plus personne à qui demander des peintures ? Elle peut pas t’offrir ça, ta femme à toi ?” Je lâche le bois, me relève, enfonce mes poings dans mon pantalon et le toise de ma hauteur, le visage plus que jamais fermé. ”J’ai pas besoin de toi dans ma vie, moi.” Elle n’est pas suffisante, ta femme à toi, Léo ?


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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 28 Mar 2020 - 0:07

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« Fais gaffe à ce que tu dis. » Oh, ta gueule, bis. Le voilà qui se fait menaçant, maintenant qu'on parle de sa femme à lui. Je me retiens de lever les yeux au ciel, car je sais que ça serait franchir la limite. J'ai assez d'un poignet blessé. J'ai assez d'un séjour à l'hosto', voilà bientôt un an que je n'y suis pas retourné et il me faut tenir ce record. J'y suis presque, encore quelques mois à tenir ma prudence et ma diplomatie. C'est difficile, que c'est difficile, quand tout ce que j'ai envie de faire c'est d'aller me planter devant lui pour ouvrir ma grande gueule, au risque de me prendre un coup au premier mot prononcé. On a frisé ça, l'autre fois, de l'année dernière, celle que je préfère oublier. Celle qui fait que désormais, il y a son portrait de ma main à moi accroché dans l'atelier.

« Répète le assez t’y croiras peut être. » « Ta gueule. », que je dis vraiment cette fois, pas avec assez d'assurance pour que le ton monte au dessus du chuchotis. Mes poings se crispent, alors que je me redresse un peu sur ma chaise, juste pour pouvoir soutenir son regard sans avoir à me briser la nuque en quatre. J'y crois. J'y crois. Je suis heureux. Très heureux, même. Molly est une chouette personne. Molly ne m'envahit pas, elle ne trotte pas dans ma tête tous les quatre matins, elle ne m'oblige pas à manger du chocolat sous ma couette ni à avoir envie de balancer tous mes carnets par la fenêtre.

« C’est quoi qui t’emmerde le plus là dedans ? » Tout, Auden.
« Que je couche pas qu’avec toi ? Que je ne couche plus avec toi ? » C'est pas ça, l'important, Auden.
« Que je puisse avoir une vie dans laquelle t’es pas inclus ? » Parce que j'y étais inclus ? Vraiment, Auden ?
« Que t’aies plus personne à qui demander des peintures ? » « Arrête. », que j'essaie de marcher sur ses mots avec le mien, sans pour autant y parvenir. « Elle peut pas t’offrir ça, ta femme à toi ? » « Arrête de parler d'elle. »

Mes poings se serrent encore, faisant blanchir mes phalanges. Le peu d'ongles que j'ai s'enfoncent si fort dans mes paumes que je suis certain d'en sentir le sang perler. Et au final, ce goût se répand même sur ma langue. Je ne relâche la pression de mes dents sur l'intérieur de mes joues que lorsque je me rends compte que la douleur est trop forte. La douleur physique, et le reste. Je me lève, à mesure qu'il s'approche. Je me lève, et je parais encore minuscule. « J’ai pas besoin de toi dans ma vie, moi. » Il détruit, le couperet. Il annihile, réduit en poussière, me donne envie de me ranger dans une très, très petite boîte pour ne plus en sortir. « Mo-oi non plus. » Je toussote, pour essayer de me donner plus d'aplomb. Je me sens si ridicule que bientôt, les larmes pointeront peut-être le bout de leur nez. Pour l'instant, je me contente d'essayer de faire passer de l'air jusqu'à mes cordes vocales, malgré la chair nouée de ma gorge.

« T'es pas le centre du monde. » Mais tu es- étais le centre du mien.
« Ça ne m'intéresse plus, tout ça. » Je montre le ciel, paumes tournées vers le plafond, pour ne pas le désigner lui.
« Je m'en fiche, t'as jamais été rien d'autre qu'un peintre. » Il sait que c'est faux, c'est là que j'ai perdu. Là, et aussi quand mes yeux rejoignent encore les siens, mes yeux et tout mon être qui sont incapables de proférer des mensonges. Mon stupide regard qui cherche à retrouver la vue de cette galerie, de ce rouge et de ce bleu, de ce chemin à vélo sous la pluie jusqu'à chez lui, de cette douche, de ce lit, de cet atelier et de tout ce qui venait avec. « Ça n'a jamais été rien d'autre que du rouge et du bleu. » Ça n'a jamais été que moi, l'idiot de service, qui fondait - fondrait - contre lui à la moindre indication contraire, au moindre mot et au moindre sourire, au moindre texto, même s'il pleuvait dehors et que je ne me déplace qu'en bicyclette. Même si je ne me déplacerai désormais plus qu'en rêve, en pensée et en souvenirs.
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Auden Williams
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
STATUT : Dire à Ginny qu'il veut divorcer: check. Dire à James qu'il l'aime (à un moment pas opportun du tout): check.
MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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POSTS : 23596 POINTS : 160

TW IN RP : violence physique et verbale
ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui
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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 28 Mar 2020 - 0:37

« Ta gueule. » Brave garçon, essaye encore pour voir. Dis le plus fort, articule, essaye sérieusement. Essaye et tu verras à quel point t’étais privilégié jusque là et à quel point la chute n’en sera que plus douloureuse pour toi.

« Arrête. » Arrête quoi, Léo ? « Arrête de parler d'elle. » Qui ça ? Celle que tu aimes plus que tout au monde, celle pour qui tu serais prêt à te sacrifier, celle qui remet en question tout ce que tu pensais acté dans ta vie ? C’est vraiment de la même personne dont on parle, Léo ?

« Ça ne m'intéresse plus, tout ça. » Tout ça quoi, je pensais qu’il n’y avait jamais rien eu justement ? Il se lève et mes yeux ne quittent pas les siens, du vert dans du marron, un mélange qui ne ferait de sens pas même pour moi. Il se veut imposant, il se veut adulte, il se veut bien des choses qu’il ne sera pas et que je me tue à lui dire, pourtant. Il est sur la défensive et m’amuse, lui qui tente de vivre seul mais qui ne peut s’empêcher de tout relier à moi. Essaye encore et t’y croiras peut être, à défaut d’y arriver. Il fait un pas en avant et j’en fais un de plus, lâchant le bois de la table et l’appui qu’elle m’offrait pour occuper mes mains. Il n’y a que nous, la porte est fermée et personne n’oserait entrer dans mon atelier, peu importe les bruits qui pourraient en ressortir.

« Je m'en fiche, t'as jamais été rien d'autre qu'un peintre. » Sa voix se perd et mon souffle est calme, désormais. Je prends sur moi et je respire, je calme l’afflux de sang à mon cerveau et mes poings qui me démangent. Il a enchaîné toutes les erreurs possibles et inimaginables mais il reste Lui, ce qui est une raison suffisante pour ne pas le frapper - pour le moment encore. Il a sa mâchoire serrée et son corps crispé tout entier, je rêve de venir poser mes mains sur ses muscles brûlants pour les lui dénouer, tactique utilisée une seconde pour qu’il baisse sa garde et que sa tête rencontre la sol à la vitesse de l’éclair. Il fait confiance trop vite, trop fort, et aux mauvaises personnes. C’est loin d’être un cocktail gagnant quand bien même je l’avais prévenu dans quoi il s’embarquait. Je l’avais prévenu que tout aurait une fin sans en préciser pour autant la date. Je l’avais prévenu que ça ferait mal sans pour autant stipuler à quel point, quand je me suis faufilé dans son coeur sans pour autant lui demander quoi que ce soit. Je n’ai jamais rien demandé et il a donné sans compter. Erreur de débutant. Il n’avance plus mais moi si. Un dernier pas existe entre nous, un seul et dernier.

« Ça n'a jamais été rien d'autre que du rouge et du bleu. » Le rouge sera ton sang et le bleu ce qui restera sur ton corps après aujourd’hui, Léo. Et le pas est franchi quand seule la veine sur ma tempe reste encore visible et que j’ai su calmer mes poings et ma respiration, parfait camouflage dans mon milieu naturel. Ma main s’élève doucement, presque au ralenti, pour venir se loger au creux de sa mâchoire sans pour autant s’y attarder, glissant doucement dans son cou pour s’y arrêter. Ma tête s’abaisse au niveau de la sienne jusqu’à ce que j’arrive à sentir son souffle. Mon sourire naît là, juste là, à ce moment précis quand je devine déjà la suite des événements et qu’elle me plaît au plus haut point. « Ça a toujours été plus que du rouge et du bleu. » Ça ne sera pas que des séquelles physiques, elles seront tout autant morales. Elles ne partiront pas dans quelques jours ou semaines, ça je peux te le promettre. « Ca a toujours été plus que de la peinture. » Mes doigts glissent encore, s’accrochent au col de son t-shirt sans lui faire mal ni même être menaçant alors que je me veux presque rassurant. « Tu veux que j’arrête quoi, Léo ? »


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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 28 Mar 2020 - 1:24

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Il faut que je sorte. Il faut que je me tire de là, avant de disparaître sur le sol, comme une flaque de quelque chose de complètement transparent et d'inconsistant. Je voudrais me cacher, me soustraire aux yeux du peintre dont les miens ne savent pourtant pas se détacher.

Le contact est brûlant et pourtant je frémis.
Le contact est brûlant et pourtant je ne recule pas.
Le contact est brûlant et pourtant je voudrais me fondre au creux de sa main, alors que ma tête s'incline imperceptiblement, assez pour suivre le mouvement de ses doigts.

Sa main qui trace un sillon trop connu, alors que je me maudis de céder si facilement au trop brun de ses yeux. Mon regard s'accroche au sien, mais mon regard ne jure plus. Mon regard a perdu la bataille - et même la guerre. Mon regard se rend en même temps que mon corps, et si j'avais fait arme de chair et de poings serrés, c'est de prunelles perdues et de lèvre tremblante que je me soumets. Il a gagné, mais j'entrevois un peu de répit. Mon souffle prend le rythme du sien à mesure que sa tête prend la hauteur - la bassesse, dans son sens le plus figuré - de la mienne. Je me sens soleil, devant lui. Je me sens brûlant, brûlé, tout mon corps flambe et vite, il me faut de l'eau, je voudrais me noyer dans le béton du sol, avant que le feu ne gagne autre chose de ma peau. C'est trop tard. Il a déjà touché le cœur. Je suis fichu, depuis longtemps déjà. « Ça a toujours été plus que du rouge et du bleu. » Je tente de calmer mon souffle, ne fait que raviver les braises. Je voudrais être capable de réflexe, de mouvement de recul, je voudrais me savoir capable de lui envoyer ma main dans la figure, je voudrais me savoir capable de courir loin, si loin d'ici. Mais mon réflexe, c'est d'arrêter de respirer. Mes poings se desserrent, mon corps s'est relâché en même temps qu'il a posé ses doigts sur ma peau. Mon épiderme brûle si fort, que peut-être est-ce la morsure du froid. Probablement sont-ce ses doigts, qui sont brûlants de feu, et moi qui fonds sous ses gestes et sous ses yeux, alors que mon regard fuit le sien.

« Ça a toujours été plus que de la peinture. » Les larmes grimpent, je les arrête en levant les yeux au ciel, parcouru d'un rire nerveux et d'un seul, qui me fait mal à la gorge et déchire ma cage thoracique. Il n'a sa place nul part, ce rire amer qui ne fait que m'enterrer. Je ne saurais lui en faire une, au même titre que je ne saurais en faire une pour cet anneau qui s'accroche à mon annulaire gauche. Ma main est si lourde, lorsqu'elle grimpe s'accrocher à tout ce qu'elle rencontre. La manche de son haut, je crois. Je n'ose pas relever les yeux, que j'ai à nouveau fixé au sol, et qui s'embuent d'eau salée. Un battement de cils et elles s'écrasent par terre, les perles translucides. Un battement de cils et je m'en suis débarrassé, assez pour pouvoir relever les yeux sans paraître trop ridicule.

« Tu veux que j’arrête quoi, Léo ? » Arrête d'être toi, car je ne peux plus le supporter.
« Tu veux que j’arrête quoi, Léo ? » Arrête d'être le grain de sable dans ce que je croyais être une machine bien huilée.
« Tu veux que j’arrête quoi, Léo ? » Arrête d'être l'obstacle en travers de mon chemin, contre lequel, pour lequel je tombe, tombais, tomberai encore inlassablement pour je ne sais combien de temps encore.
« Tu veux que j’arrête quoi, Léo ? » N'arrête rien, surtout. N'arrête rien, s'il te plaît n'arrête surtout pas, parce que je supporterai pas de perdre tout ce que j'avais, tout ce que je croyais avoir peu importe tout ce que voyais comme l'excellent bonheur d'être ici, juste à côté de toi, avec le tout petit microscopique peu d'attention que tu pouvais me porter, aussi mince la tranche soit-elle, aussi fine la lucarne aura-t-elle été, aussi menue la part de lumière aurais-je reçu sur le cœur.

Il n'y a rien de plus douloureux que ma respiration qui cesse d'être, rien de plus empressé que mon cœur qui s'emballe, que j'ai l'impression de sentir comme s'il courrait son dernier marathon. Rien de plus vertigineux non plus que la chute que je ressens au creux du ventre, alors que milles papillons retournent tout mon estomac et que ma tête cogne si fort que je suis certain que mon sang brûlant est en train d'en faire fondre toutes les cellules. Rien n'est plus fou que la sensation qui descend ma colonne, remonte en flèche jusque dans ma nuque - et je pourrais en donner des dizaines, des adjectifs différents. Ils pourraient fleurir par milliers dans ma tête, tous en même temps, se bousculer comme mille voix.

Il n'y a rien de désespéré que ce baiser que je plante sur sa bouche, les yeux fermés, le cœur au bord des lèvres et l'amour au ventre.
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Auden Williams
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ÂGE : 40 ans. (25/12/1983)
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MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder.
LOGEMENT : Le passage chez James a été aussi bref que chaotique, finalement. Il reste à l'hôtel en attendant de trouver autre chose.
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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 28 Mar 2020 - 1:59

Il a fait tout ce que j’attendais de lui, finalement. Il a fait tout ce que tout le monde aurait cru qu’il allait faire, quand moi même j’ai distillé autant d’indices que possibles lui laissant croire qu’au delà du fait qu’il pouvait il le devait. C’était naïf de sa part que de croire qu’à nouveau je jouais franc jeu et que je n’avais aucune sorte de cinquième as dans ma manche, technique enseignée par nul autre que mon frère aîné, lui qui sait mieux que tout le monde et qui accepte encore moins la défaite que je l’aurais pu.

Sauf que cette fois-ci ce n’est en rien une défaite. Pas pour moi.
Oh pour lui, oui. C’en est une. J’espère qu’il a profité de l’instant la seconde qu’il a duré, j’espère qu’il a bien profité de mes lèvres qui gouttaient autant le sel que les siennes parce que cette fois ci nul doute possible : c’était la dernière fois. J’enrage autant que je jubile qu’il l’ai fait, énième preuve qu’il a besoin de moi dans sa vie, énième preuve qu’il ne cesse de mentir alors que tout ce qu’il veut c’est continuer à pouvoir graviter autour de moi. Il se veut un des anneaux de Saturne alors que Saturne n’en a rien à faire que d’en troquer un pour un autre, en perdre un au milieu des millions d’autres. Un ne fait pas tout. Un ne compte pas. Un n’est rien du tout, pas même si fût un temps il était un privilégié. Au passé, avant.

J’ai eu la réponse que je voulais et une fois mon ego assez flatté il est hors de question pour moi que de prolonger ce baiser qui n’a pas lieu d’être. On aurait pu, avant, on aurait tout pu. On l’a fait sans compter, on a fait ça et bien d’autres choses, il le sait autant que moi et les images resteront à jamais gravées dans notre esprit sans que je puisse le nier un seul instant. Mais ce baiser non plus, il ne risque pas de l’oublier, quand à sa main à peine posée sur l’encolure de mon tee shirt fait opposition la mienne, se resserrant plus vite que je ne l’aurais cru autour de son habit à lui. Sa gorge se retrouve bien vite compressée, ce qui n’est pourtant que le cadet de ses soucis alors que je n’ai besoin que de deux nouveaux pas en avant pour le plaquer contre le mur. Il tremble, le mur construit à la va-vite parce que j’avais besoin de mon espace à moi. Il tremble et je n’en ai rien à faire, que quiconque le voit alors que tous savent déjà ce qui se trame derrière. Son coeur est réduit en lambeaux, il part en fumée sans que cela ne me fasse quoi que ce soit au mien, plus vaillant que jamais.

J’avais besoin de faire la part des choses tout comme j’avais besoin d’une rupture aussi nette que franche entre le passé et le futur. Je le fais pour elle mais ça serait mentir que de dire qu’elle est la cause de tout ceci alors que je sais que jamais elle ne m’aurait rien demandé, qu’elle aurait encore moins proposé que tout se passe de cette manière ci. Je ne peux cependant pas risquer qu’il revienne dans ma vie alors que toute la place revient à une autre, qu’elle l’a depuis toujours et qu’elle la prend toute entière alors que lui se contente d’en recevoir les miettes depuis quelque mois à peine. Il n’y a rien de comparable et l’argumentation parle de mes poings, de ma main saine qui se refuse de le lâcher alors que je ne hurle même pas, que je rage encore moins alors que ma seconde main vient essuyer mes lèvres. Ses pieds cherchent le sol, mon avant bras lui bloque la respiration alors que j’appuie de toute mes forces sans penser à lui un seul instant. Il n’a jamais été question de lui, il n’a jamais été question de plus, il n’a toujours été que du bleu et du rouge, du sang et des ecchymoses. « T’aurais jamais dû faire ça. » C’est le moment où on joue enfin carte sur table. Il a joué son coeur dans cette partie qui n’en valait pas la peine et voilà que je rafle la mise. « Ce n’était que du rouge et du bleu. C’était bien moins que de la peinture. » La peinture fait du sens dans ma vie, elle me donne un but et des rêves, elle me donne quelque chose à quoi me raccrocher depuis des années et jamais je ne pourrai la rabaisser à un niveau plus bas que le sien. Un niveau auquel lui n’a cependant jamais eu accès. « Je suis marié. » Et un jour tu comprendras que ça signifie bien plus qu’une bague à n’importe quel droit, que ça signifie bien plus qu’un jour avec de beaux habits et de jolis textes écrits à la va vite sur des bouts de papiers déchirés. Ça prend du temps, ça consume et ça donne de la force aussi. C’est tout sauf ce que tu es en train de vivre, là, toi. « Je l’aime. » Le coup de massue infligé alors qu’il était déjà à terre, sûrement, mais qui à mon sens me semble plus que nécessaire. Les mots chuchotés à son oreille, secret que je pourrais dévoiler au reste du monde sans problème désormais mais qui revête un tout autre sens quand il ne s’agit que de lui et de moi, au milieu des larmes qui perlent sur ses joues. Je l’aime elle et pas toi. Je l’ai toujours aimé elle et jamais toi.
Essaye, pour voir. Essaye de faire la même avec ta femme. Essaye de voir si elle est suffisante, Léo, et un jour tu pourras peut être rentrer dans la cour des grands.

Je recule mon bras maintenant que la trace de ses clavicules l’a marqué, le pas en arrière que je juge nécessaire pour ne pas vouloir réellement le frapper. Il en a déjà eu pour son compte. Mes yeux ne le lâchent pas un seul instant et ne lui donnent aucune seconde de répit, pas même alors qu’il s’agit d’apprendre à respirer de nouveau. « Tu devrais en faire autant. »

Je recule mon bras maintenant que la trace de ses clavicules l’a marqué, le pas en arrière que je juge nécessaire pour ne pas vouloir réellement le frapper. Il en a déjà eu pour son compte. Mes yeux ne le lâchent pas un seul instant et ne lui donnent aucune seconde de répit, pas même alors qu’il s’agit d’apprendre à respirer de nouveau. « T’aurais jamais dû faire ça. » Je crache de nouveau, amer au possible, ne tolérant désormais plus personne dans ma bulle, pas même lui.


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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 28 Mar 2020 - 2:50

Et c'est complexe, là. Parce que si mon atelier baigne dans le calme, celui d'Auden résonne jusqu'ici. Je laisse faire, je laisse toujours tout faire. Je ne m'en inquiète pas, je ne m'en inquiète plus tant l'entendre hurler n'est pas une surprise, tant la majorité des bruits bizarres dans la galerie viennent toujours de sa porte close et jamais d'ailleurs, ou presque. Mais il y a des meubles qui se bousculent, je jure que tout se bouscule et mes sourcils qui se froncent un peu plus, au fil de l'écho qui ne se calme pas, qui s'intensifie plutôt. « Attends, deux secondes. »

Mais Yele n'a pas attendu deux secondes, il est passé devant. Je ne le laisse pas y aller seul, appréhendant parfaitement que peu importe l'état dans lequel Auden se trouve, c'est tout sauf un inconnu qu'il souhaite voir débouler chez lui. Je tente de toquer, à un moment, naïve gamine qui croit qu'un bref et discret tapement de jointures contre le bois vernis risquerait de changer quoi que ce soit. Mais il parle et il a sa voix, la voix qu'il utilise quand il se bat, la voix qui menace, la voix caverneuse, la voix qui vient avant les pires coups qu'il peut donner. Yele est décalé lorsque je tourne la poignée, lorsque j'entre maintenant, ravalant ma salive aussi sèchement que possible.

« T’aurais jamais dû faire ça. » il se recule et j'avance, un pas un seul, gardant l'immense distance de sécurité entre Auden et moi, entre Léo et moi, entre qui que ce soit et moi, au final. Leurs souffles saccadés se braquent, on n'entend que ça emplir la pièce en entier, on n'entend que ça, et je voudrais lui dire d'arrêter, mais il a déjà fini. Lui parler ne sert à rien, poser ma main sur son bras ne serait que stupide, idiote Ginny qui arrive trop tard, qui ne voit que la finale, qui ne voit que les dommages collatéraux. Je m'en veux de scruter Auden en premier, je m'énerve de m'assurer qu'il n'est pas blessé d'abord, avant de jeter un nouveau coup d'oeil à Léo, constatant qu'il survit, y voyant au final un Léo brisé, bien au-delà de ses os.

Je n'ai pas besoin de savoir de quoi ils parlaient alors que je le sais déjà. J'ignore volontairement plutôt.

Les mots remontent mais ils restent pris dans ma gorge. Je pourrais m'excuser de l'intrusion mais ce serait obsolète, je pourrai demander à Léo s'il va bien mais ce serait horriblement effronté. Je pourrais tenter de raisonner Auden, mais il n'en fera qu'à sa tête, dans ces moments-là il n'en fait toujours qu'à sa tête. Ma tête alors, que je tourne vers Yele, m'excusant en silence, l'implorant de séparer l'un de l'autre, du moins d'aider Léo à sortir d'ici en un morceau et sans renchérir vers pire.
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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 28 Mar 2020 - 3:44

Elle me propose de faire quelque chose de nouveau, de dessiner. Et j'aurais pu lui rire au nez alors qu'elle me parlait d'art, qu'elle me proposais de tenir un pinceau. Mais j'ai pas envie de me foutre de Ginny, et elle a l'air de bon conseil après tout. « J'espère que t'es prête à avoir le plus insupportable des élèves. » Et je hoche la tête. Mais je fronce les sourcils quand j'entends des bruits étranges dans l'atelier d'à côté. L'atelier du mec brun qui ne parle jamais mais qui traine toujours autour de Ginny comme un oiseau de proie. Certainement en train de me surveiller, prêt à me sauter dessus si j'ai le malheur de m'approcher d'un peu trop près. Elle me demande d'attendre, comme si j'allais la laisser partir là-bas seule. Je suis bien plus grand qu'elle, et en deux enjambés je suis passé devant elle.

J'ouvre la porte, et j'aurais peut-être dû toquer. Parce que je vois quelque chose que j'aurais préféré ne pas voir, et je pense qu'il vaut mieux que Ginny n'ait pas vu non plus. On est en arrière, on est trop loin pour qu'on nous entende arriver et Gin ne bouge pas, elle reste en arrière alors que son mec est en train d'en étrangler un autre. Mais ça ne m'étonne qu'à moitié, il a la tête du gars qui tape sans vraiment réfléchir. Mais je reste en arrière, c'est pas mes histoires. Je sais même pas ce que je fous au milieu de tout ça. Ginny s'excuse d'un regard mais rien n'est de sa faute. Mais il a l'air de suffoquer le gars contre le mur, il a vraiment pas l'air d'être dans un bon état et quand le brun le lâche je me sens obligé d'approcher. Je me prendrai peut-être un poing dans la figure, mais ce ne serait pas le premier. Je dois m'assurer qu'il va bien, les vieux restes du médecin que je ne suis plus visiblement. Vérifier qu'il est conscient, et qu'il va bien. Qu'il va bien physiquement au moins. Parce que je ne sais pas ce qu'il s'est passé ici, mais ça a certainement été intense. On est pas censé faire un truc comme ça après avoir embrassé la même personne, il doit y avoir quelque chose derrière tout ça, et tout ce que j'espère, c'est que Ginny en a vu le moins possible.
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Message(#)Oh, lying in secret to myself | leoden #9 EmptySam 11 Avr 2020 - 0:31

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J'ai arrêté de respirer, mais pas pour les bonnes raisons.

La première seconde, je n'ai pas compris. Je n'ai pas fait attention. Les papillons retournaient encore assez mes viscères pour m'empêcher de réaliser. Ce n'est qu'après, juste la seconde d'après, que je sais que j'ai perdu. Littéralement tout perdu. Pas juste une bataille, cette fois-ci. Ma main rejoint la sienne, sur ma gorge, alors que l'étau se resserre. Mes lèvres se retrouvent incapables de supplier quoi que ce soit, instruments inutiles figés dans leur stupeur. Je savais, je savais les conséquences qu'allait avoir mon geste. Mais la douleur provoquée par l'apnée n'est pas la plus aiguë. J'aurais aimé qu'elle le soit. « T’aurais jamais dû faire ça. » Mes deux mains cherchent à faire lâcher la sienne, alors que la tête me tourne déjà. C'est que je partais déjà sans air, tant l'oxygène était déjà difficile à trouver dans cette pièce. Je n'aurais jamais dû, mais c'est à peu près tout ce que je fais toujours. « Ce n’était que du rouge et du bleu. C’était bien moins que de la peinture. » Mes ongles s'enfoncent dans la chair de sa main. Je voudrais le faire taire. Je voudrais qu'il cesse, je voudrais que l'air me manque encore plus, je voudrais ne rien entendre de ces mots là. C'était bien plus que du rouge, c'était bien plus que du bleu, c'était tout ce que je voulais, tout ce que j'avais, tout ce pourquoi je voulais exister. Tout ce qui me faisait exister.

« Je suis marié. » Il est marié.
« Je l’aime. » Il l'aime.

Tout le poids se retire de ma gorge, et j'y porte tout de suite ma main, alors que mes jambes cèdent comme l'auraient fait celles d'une poupée de chiffon. Respirer est désormais plus pénible, pour autant. Rien ne me fait sentir plus idiot que ce moment là. On a toujours une petite voix au fond de la tête, vous savez, celle qui crie des lancinants "comment ai-je pu être aussi stupide, stupide, stupide" en écho. « Tu devrais en faire autant. » Si j'en avais eu l'audace, je me serais levé. Au lieu de ça, je me contente de rester enfermé dans mon silence, trop abasourdi pour bouger. Il me faudrait m'échapper. Je voudrais le supplier de me garder à ses côtés, même dans un coin de la pièce. Je voudrais ne jamais quitter cet endroit, que je considère presque comme mon second foyer. « T’aurais jamais dû faire ça. » « J'ai compris. », que je souffle en sourdine alors que ma gorge n'arrête pas de brûler. En lieu et place de mon cœur, il y a un énorme charbon ardent gros comme le poing, qui me donne envie de vomir.

Je déteste encore plus ces gens, que j'entends entrer dans la pièce. Je les déteste parce qu'ils n'ont pas l'air d'avoir compris la symbolique derrière le fait de fermer une porte. Je les déteste parce qu'ils me volent tout ce qu'il me reste, soit l'autonomie et l'audace de me lever moi-même et de fuir de mon plein grès. Je les déteste parce que ce dernier moment n'appartenait qu'à moi. Ces - ses - derniers mots n'appartenaient qu'à moi. Je ne me sens pas maître de cette dernière action, c'est exactement comme tout ce que j'ai toujours fait de toute ma foutue vie. Je repousse le type qui se tenait devant moi, prend le chemin de la porte d'un air précipité, sans lancer un seul regard à l'être qui peuplait autant le centre de la pièce que le centre de mon petit monde. Pas de regard non plus pour Ginny
(je suis marié, je l'aime)
dont je contourne la silhouette de mon pas fuyant.

Je sors comme je suis entré.
Sans faire de bruit.
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