Le concept du speed dating était assez frustrant, intéressant aussi, mais surtout frustrant. Cette idée de te lancer dans des conversations intéressantes et passionnantes et d’être coupée si brutalement pour ensuite te retrouver face à quelqu’un de diamétralement opposé à celui d’avant. Cette façon de consommer les minutes à vive allure et de lâcher sans pouvoir protester cette personne avec qui ça pouvait matcher. C’était tout aussi intéressant et rassurant d’entendre le gong lorsque ça ne colle pas à l’inverse. Et cette espèce de jalousie qui s’installe quand tu cherche du regard celui qui t’as plu et que tu le vois tout aussi engagé dans sa nouvelle conversation avec cette autre inconnue.
Je l’avais cherché du regard, Greg et je me mordais les doigts à chaque instant. Je m’en voulais pour ma réaction, je m’en voulais de l’avoir laissé filer sans être capable de lui dire que j’étais au moins désolée. Sans pouvoir lui expliquer pourquoi, comment. Est-ce que vraiment il fallait lui donner des explications ? Qui était-il pour que j’ai l’impression de lui devoir au moins ça ?
J’avais passé un bon moment, avec Elias, il était charmeur et drôle, mais il ne me plaisait pas suffisamment pour qu’il y ait ce petit plus, pour qu’il y ait cette décharge que m’avait procuré Greg. Ce moment où mon cœur s’était presque arrêté alors que nos doigts s’étaient effleurés pour nous serrer la main. Il était flic et ce n’était pas une excuse pour me faire fuir.
Alors que la soirée prenait fin, que je quittais Juliette après nos pauvres échanges, je n’avais plus goût à rester par ici. Je reprenais alors mes affaires quand j’eu l’impression de voir Max. Ce mec que j’avais rencontré en attendant Loan dans un bar, il y a quelques mois maintenant. Je sortais encore avec Andy et nous retrouvant seuls tous les deux dans ce bar, nous avions fini par aller faire un tour dans la ville. Il était nouveau et ne connaissait pas grand-chose, je me souviens d’avoir passé une très bonne soirée, sincère et amicale. Mais alors que je m’apprêtais à l’approcher, quelqu’un l’interpella et l’appela par un autre prénom : Jet. Si ce prénom sonnait faux dans ma tête, c’est qu’il me rappelait de vieux souvenir lointain que je préférais laisser là où ils étaient. Me trompant peut-être de personne, je préférais ne pas faire attention à lui et réellement m’en aller.
Arrivant dehors, j’allais me diriger vers l’abris bus pour rentrer rapidement chez moi quand juste à quelques mètres de moi, Greg était là. Je me stoppais net dans ma progression et ressenti à nouveau ce sentiment étrange, m’obligeant alors à aller à sa rencontre. « Greg ! » je lève la main pour attirer davantage son attention avant de m’approcher et d’arriver à son niveau. « Tu as passé une bonne soirée ? » est-ce que c’est nul ? Est-ce que je suis vraiment légitime à lui poser cette question comme si de rien n’était ? Comme si je n’avais pas agi comme la première des idiotes ? « J’suis désolée, pour tout à l’heure… » que je lance, petite moue sur le visage, désolée et gênée à la fois. Faites qu’il ne m’en veuille pas !

Entre Noa qui me dégage parce que je suis flic, Juliette qui vient pour rencontrer des ‘potes’ parce qu’elle est mariée (non mais qui vient à un speed-dating pour se faire des potes sérieusement ?) et Elias le frère beaucoup trop protecteur qui s’avère être flic, cette soirée a été plus intéressante que ce que je m’imaginais. Ce serait me mentir à moi-même si je disais que je ne m’attendais pas à trouver une nana qui aurait potentiellement pu me correspondre sur le plan émotionnel, mais je me faisais (quasiment) aucune idée et j’étais quand même venu dans l’optique de repartir avec quelqu’un à mon bras pour terminer la Saint Valentin en beauté. Pas que je sois romantique, non, juste que j’avais besoin de décharger mes couilles et j’avais aucune envie de trainer dans un bar ce soir. Je voulais pas finir encerclé par tous les étudiants de la ville qui n’ont ni Valentin ni Valentine, et qui viennent juste se torcher la tronche entre amis alors que j’aurais été le seul quadragénaire perdu au milieu de cette foule aux hormones pas encore régulées.

Je me dirige vers l’abri bus pour m’éloigner de la populace encore toute émoustillée par cette soirée speed-dating, et observer les énergumènes qui sortent du restaurant. J’en profite pour allumer ma clope en attendant Elias, il doit certainement dire à sa sœur qu’il ne la bordera pas ce soir, que ce soir il va aller se bourrer la gueule avec un quadra qu’il a rencontré à la soirée. La fumée qui pénètre dans mes poumons me fait un bien fou, j’avais déjà bu quelques verres de whisky et l’alcool n’aide vraiment pas à restreindre ma consommation. J’aperçois la première femme que j’ai remarquée ce soir, la fameuse femme aux cheveux bleus et rouges vêtue de sa robe aux allures de sac poubelle. Elle repart apparemment gagnante de cette soirée avec un petit homme dodu au blazer recouvrant une chemise quechua et des baskets au pied. Ils sortent en riant fortement et en se bouffant du regard, et ils arrivent à m’arracher un sourire niais ces cons, j’suis content pour eux. Une voix familière m’interpelle, je sais à qui elle appartient. « Greg ! » Je tourne ma tête en direction de mon interlocutrice, et Noa a la main en l’air pour me signifier que c’est bien elle qui m’appelle. « Noa ? » que je souffle suffisamment bas pour qu’elle n’entende pas mon étonnement. Je suis surpris qu’elle vienne à ma rencontre, et bien que je ne doute pas de mes capacités de séduction et du potentiel que j’aie, je ne m’attendais pas à ce qu’elle revienne vers moi. « Tu as passé une bonne soirée ? » Elle essaie de lancer une conversation, et sa maladresse et son malaise me font sourire. Je t’ai vraiment tapé dans l’œil hein ma petite.

« J’suis désolée, pour tout à l’heure… » Elle se rapproche de moi, et s’arrête à une distance raisonnable, comme si elle avait peur que je ne sois plus ouvert à la discussion et qu’elle attendait un signal de ma part pour s’autoriser à se rapprocher. « Ben alors, ta soirée a été si terrible que ça pour que tu reviennes voir un flic ? » Je m’autorise à la taquiner, à lâcher une petite vanne pour lui montrer que je ne lui en veux pas et que j’ai toujours tout mon humour. « Eh bien, disons que ma soirée a été… Originale. » que je lâche en riant. « J’ai d’ailleurs l’impression qu’on a rencontré les mêmes personnes toi et moi. » J’arrête ma phrase, je me rends compte que ça veut dire que je l’ai observée toute la soirée. Je me rattrape, le plus vite possible. « Enfin, t’as rencontré Elias aussi, c’est ça ? T’sais le gars super sûr de lui hyper protecteur avec sa sœur. » Je suis certain qu’il lui en a parlé aussi, vu le bonhomme, c’est le genre à faire des grandes annonces pour montrer qu’il est possessif et que sa sœur c’est sa propriété.

@Noa Jacobs

« Noa ? » Il n’a pas l’air si étonné que ça de me voir pointer mon nez vers lui. Pourquoi, j’aurai compris qu’il soit aussi surpris que moi de me voir me venir ici et oser aller lui parler. J’le comprends, j’avais mal agis, j’avais eu l’attitude d’une petite conne et l’avais mis dans une case avec un tampon marqué « FIRED » dessus juste parce qu’il avait été honnête en me disait qu’il était dans la police. Et moi et mes vieux traumatismes, on avait mal agit. J’étais pourtant la première à dire qu’il ne fallait pas faire de généralité, la première à dire qu’il fallait donner sa chance à tout le monde et sans la moindre hésitation, j’avais fait tout le contraire de mes doctrines. Prêcher la bonne parole était une chose, l’appliquer pour soi-même en était une autre. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, je déteste pourtant ça et aujourd’hui, j’étais celle que je ne supportais pas. Et puisqu’il ne semble pas m’en tenir rigueur, je me permets de poursuivre, j’air de rien, bien que pas très à l’aise dans mes bottes. J’suis obligée de lui présenter mes excuses. Histoire d’au moins soulager ma conscience !
« Ben alors, ta soirée a été si terrible que ça pour que tu reviennes voir un flic ? » Hm, j’irai pas dire ça… disons que j’avais ce besoin de me racheter et que oui, il fallait que je revienne voir CE flic. Au moins, il a pas l’air d’être rancunier, pas l’air de m’en vouloir tant que ça. « Eh bien, disons que ma soirée a été… Originale. » comme 95% des personnes présentes dans cette salle je suppose, car oui, je réduis à 5% ceux qui doivent être habitué des speed dating. Ca doit pas être si répandu. J’suis persuadée que la grande majorité n’est là que pour tester, pour faire plaisir à un proche, pour répondre à une promesse à sa meilleure amie. « J’ai d’ailleurs l’impression qu’on a rencontré les mêmes personnes toi et moi. » Après avoir jeté un œil à peu prêt milles fois vers lui dans la soirée, je confirme effectivement, qu’on a croisé les memes personnes sur notre parcours. A croire que c’était fait exprès. « Enfin, t’as rencontré Elias aussi, c’est ça ? T’sais le gars super sûr de lui hyper protecteur avec sa sœur. » Et cette remarque me fait sourire à mon tour, pour ne pas dire me faire rire. Un hochement de tête et me voilà partie, bien derrière moi cette gêne qui me collait au basque avant de m’approcher de lui. « Exactement ! J’ai pas compris ! C’est pas commun pour se la jouer protecteur avec sa sœur ! » un speed dating. « Et… Juliette ! Mais je crois qu’elle était pas réellement là pour faire copain-copain avec une nana ! » plutôt attirée par le sexe opposé. « J’suis sortie sans attendre les résultats des questionnaires qu’on devait remplir… » et bon, je m’en moquais de savoir si j’avais reçu un 10 sur 10 sur mon physique ou mon humour. Je trouvais le process un peu limite. « C’est quoi la suite du programme pour toi, alors ? » est-ce que j’avais une chance de lui proposer d’aller boire un verre histoire de me rattraper ou alors il attendait quelqu’un qu’il avait croisé à cette soirée ? Intérieurement, je priais pour qu’il me donne ma chance et je croisais déjà deux doigts derrière mon dos.

« Exactement ! J’ai pas compris ! C’est pas commun pour se la jouer protecteur avec sa sœur ! » On est toujours sur la même longueur d’onde, le seul bémol se limitait au fait que je suis flic, mais Noa semble apparemment passer dessus puisque c’est elle qui vient à ma rencontre. « Et… Juliette ! Mais je crois qu’elle était pas réellement là pour faire copain-copain avec une nana ! » J’éclate de rire face à sa remarque, Juliette n’était pas méchante, elle était juste… Un peu perdue. Pour se retrouver dans une soirée où de nombreux célibataires se rencontrent en espérant trouver des amis, elle ne pouvait être que naïve, ou pas très futée. Et qu’a-t-elle dit à son mari ? ‘Je vais juste rencontrer des inconnus dans une soirée speed-dating’ ? Ils sont sacrément ouverts dans ce couple s’il l’a laissée sortir. C’est pas vraiment mon cas, j’y crois pas trop à la polygamie ou au polyamour ou je sais pas trop quoi. Pour moi, ce ne sont que des excuses pour aller baiser partout sans que l’autre ne soit sur notre dos. Dans ce cas, pourquoi s’investir dans une relation si c’est pour aller voir ailleurs ? « J’suis sortie sans attendre les résultats des questionnaires qu’on devait remplir… » Mon sourcil se relève. Elle n’avait donc fait aucune rencontre suffisamment intéressante pour ne pas vouloir savoir avec qui elle aurait pu matcher ? « Ouais, moi non plus. » que j’avoue en me frottant le crâne. De toute façon, la seule qui m’ait vraiment tapé dans l’œil, c’est celle qui me fait face, et elle ne paraissait pas très ouverte à ce que ça aille plus loin un peu plus tôt dans la soirée. Son avis avait apparemment changé, et je ne peux que m’en réjouir. « T’étais même pas curieuse de savoir si je t’avais donné une bonne note ? » Mon ton taquin appuie mon regard joueur qui n'avait pas arrêté de la provoquer pendant les courtes sept minutes.

« C’est quoi la suite du programme pour toi, alors ? » Je crois comprendre qu’elle cherche à m’inviter à continuer la soirée avec elle, je ne m’en serais pas douté en sortant du restaurant, sinon j’aurais clairement pas proposé à Elias d’aller se bourrer la gueule avec moi. Je ne sais pas ce qui m’a empêché de poser un lapin au gamin insolent, peut-être le fait que je savais que je passerais un bon moment avec lui aussi, mais j’ai opté pour dire la vérité à Noa. Peut-être qu’elle acceptera de venir boire un verre avec moi plus tard, à l’occasion ? « Ben du coup ce soir je compte taquiner un peu plus Elias sur sa sœur, on va aller boire un coup ensemble. » J’aurais pu inviter Noa, mais ça aurait certainement été une mauvaise idée. Ma personnalité est complètement différente entre le lieutenant borderline sur ses blagues de mauvais goût, et le séducteur que je suis quand je suis de sortie. « Et toi, tu as des trucs de prévu ? » Je lui retourne la question poliment en tirant une dernière bouffée de cigarette avant d’en souffler la fumée dans la direction opposée à celle de Noa. « Si tu veux bien de moi, on pourra toujours essayer de se revoir à l’occasion, autour d’un verre ou d’un café ? » Il y a peu de chance qu’elle refuse, mais je sens quand même mon cœur s’accélérer contre ma poitrine. « Tu veux bien me donner ton numéro ? » que je finis par dire en levant les yeux vers elle et en sortant mon téléphone de ma poche.

« T’étais même pas curieuse de savoir si je t’avais donné une bonne note ? » Mes yeux se relève, curieuse, bien sûre que si, mais en réalité, j’aurais misé sur une sale note pour se venger de ma réaction bête et puérile en son égard. Et pourquoi, j’avais moi-même rempli ce questionnaire le concernant avec la plus grand objectivité, parce que j’avais tout aimé de ces quelques minutes passées en sa compagnie, de ces quelques minutes où je mourrais d’envie d’en connaitre d’avantage à son sujet, ou j’me voyais déjà partir avec lui, où j’me voyais déjà dix ans plus tard. Jusqu’à la phrase de trop. Une phrase qui, comme un reflex conditionné de pavlov, alors qu’il avait prononcé ce mot, je m’étais braquée et dans une position de rejet. Quelle idiote… Comme aliénée par ce traumatisme. « Je crois que de mon côté, ce qui a fait chuter ta moyenne, c’est ton sens de l’humour… » que je taquine, menteuse, sa moyenne était honorable et frôlait presque la perfection. Car autant son physique, que son humour m’avaient touché et quant à son charisme… il me mettait KO et me faisait perdre mes moyens.
Mes doigts croisés, toujours dans mon dos, j’étais prête à prier sous ses yeux pour aller finir cette soirée ailleurs, toujours en sa compagnie, qu’il me donne la chance de me rattraper. « Ben du coup ce soir je compte taquiner un peu plus Elias sur sa sœur, on va aller boire un coup ensemble. » est-ce que ma déception était visible sur mon visage ? je pense qu’il m’était difficile de le cacher, mais je tentais d’étirer mes lèvres à son maximum pour sortir le plus beau sourire fake que je pouvais. Bien que, ca avait l’air drôle, comme programme. « Tous ces efforts pour laisser tomber sa sœur maintenant ? Ou vous comptez la traquer à deux maintenant ? » je les imaginais aisément, caché derrière un aquarium ou un pot de fleur, buvant leurs bières, tout en jetant un œil vers la sœur d’Elias qui poursuivait aussi sa soirée avec son match de la soirée. Cette vision là me faisait rire, spontanément, mais j’étais toujours déçue et j’ignore pourquoi je m’attendais à ce privilège de toutes façons. « Et toi, tu as des trucs de prévu ? » j’inspire un bon coup, réfléchissant à la réponse en même temps. « Hm, du coup, non. » comme si c’était pour moi la suite logique… mais j’crois que j’allais me consoler avec le fait qu’il allait boire un verre avec Elias et pas une autre femme. Que j’étais à peu prêt sûre que ni lui ni Elias avait derrière la tête de passer la toute fin de soirée dans le lit de l’un ou l’autre. Question de flair. « Si tu veux bien de moi, on pourra toujours essayer de se revoir à l’occasion, autour d’un verre ou d’un café ? » et là, c’était inespéré pour moi, je me voyais déjà repartir la queue entre les jambes, prête à dormir dans la demie-heure qui suivait. « Tu veux bien me donner ton numéro ? » est-ce que j’avais déjà dégainé mon téléphone à la seconde où il avait fini sa phrase. « Oui ! » c’était un peu trop spontané à mon goût. Je souris cette fois plus sincèrement et j’étais à présent comme une gamine devant son crush de lycée, à la fois gênée, bête, mal à l’aise mais très heureuse et impatiente. « Tiens, note ton numéro, je t’envoie un message aussitôt. » histoire de m’assurer que ce soit le bon numéro, que celui-ci, je le perde pas, que j’attende pas un sms qui n’arriverait jamais. Si c’était un piège pour te débarrasser de moi, c’est foutu, j’suis rodée sur ça. « Est-ce que ça veut dire que j’ai finalement eu une bonne note ? » que je demande, comme si la première de la classe avait besoin de sa bonne moyenne pour bien dormir le soir. « Il se pourrait bien que j’sois juste un peu jalouse d’Elias maintenant… » que j’finis par ajouter, lui laissant comprendre – ou pas – que j’aurai bien pris sa place, pour ce soir.

« Je crois que de mon côté, ce qui a fait chuter ta moyenne, c’est ton sens de l’humour… » Je reste convaincu que ma note se maintient en haut du classement puisque comme je l’ai dit plus tôt, le seul point sur lequel on avait du mal à s’entendre, c’était mon métier : je l’ai vue me dévorer du regard, rougir quand je lui parlais mais surtout, je la sentais plus que réceptive à la moindre phrase qui sortait de ma bouche. Je mentirais si je disais que le jeu n’allait que dans un sens, elle avait toutes les qualités jusque-là qui me suffisaient pour que je m’intéresse plus qu’à son apparence, et j’avoue avoir espéré plus de quelques secondes quant à ce qu’on pourrait devenir, et si on pourrait dépasser le côté charnel. Elle cherche d’ailleurs certainement à mieux me connaître puisqu’elle me demande (indirectement, certes, mais tout de même) si je suis libre ce soir, et je crois même déceler une petite déception traverser son visage quand je lui annonce qu’Elias fait partie de mes plans de la soirée. Mes instincts sont à l’évidence toujours aussi fiables quand il s’agit de séduction. « Tous ces efforts pour laisser tomber sa sœur maintenant ? Ou vous comptez la traquer à deux maintenant ? » Un sourire narquois étire mes lippes, je suis loin d’être ce genre de mec creepy ultra protecteur, si Elias comptait sur moi pour cette mission, ce serait sans moi. « A moins qu’il ne l’ait invité pour garder un œil sur elle, j’en doute. Je préférerai largement passer ma soirée ailleurs sinon. » Avec toi par exemple. J’en viendrais presque à regretter mon choix pour terminer ma soirée. Je lui retourne la question, peut-être qu’elle a finalement eu un autre homme qui lui a proposé de continuer la soirée, elle-aussi. J’avoue que si la réponse est positive, ça m’embêterait un peu mais après tout, elle est libre de faire ce qu’elle souhaite. « Hm, du coup, non. » Du coup, ça veut dire qu’elle cherche à ce que je l’invite ? Rah fait chier. J’essaie de rattraper le coup en lui proposant d’aller boire un verre une autre fois, ça montre que je suis intéressé, non ? « Oui ! » Elle est intéressée aussi apparemment. Elle me tend son téléphone rapidement, m’ordonne de rentrer mon numéro et je m’exécute sans réfléchir. On est encore une fois sur la même longueur d’onde. Un vieux sourire de niais est toujours tracé sur mon visage, on dirait deux ados. « Est-ce que ça veut dire que j’ai finalement eu une bonne note ? » Je relève les yeux de l’écran pour les plonger dans les siens, elle est quand même inquiète de savoir ce que je pense d’elle. « Il se pourrait bien que j’sois juste un peu jalouse d’Elias maintenant… » Elle cherche même à me montrer plus que ça, et j’en suis ravi. J’ai plus vraiment envie de repartir avec Elias pour le coup, je devrais peut-être l’envoyer chier pour qu’on se reprogramme une sortie entre couille plus tard, mais je le vois déjà sortir du restaurant et nous repérer. « Si tu veux tout savoir, tu as eu la meilleure note. Et rassure-toi, tu n’as absolument rien à lui envier. Vraiment pas. » que je finis par dire d’une voix plus suave. Le gamin débarque avec ses airs de bad guy, roulant des épaules et lâchant un « Fallait me dire, on aurait remis ça à un autre jour… ». Si seulement. Tout aurait été vraiment plus simple. Mais il n’en pense pas le moindre mot puisqu’il grimpe directement dans sa voiture et m’invite à le rejoindre. J’ai juste le temps de recevoir un SMS de Noa, de lui montrer mon téléphone en guise de preuve, et de lui offrir un clin d’œil avant de lui dire : « Je t’écris au plus vite, on trouvera un moment rien que pour nous madame la directrice. » Je termine sur ce petit surnom, lui prouvant que je n’ai rien oublié de notre conversation qui n’a duré que sept minutes, sept courtes minutes suffisantes pour savoir qu’il y aurait bien plus que cette discussion de partagée entre nous.