Je serre le morceau de papier froissé dans ma main comme si je me raccrochais à une bouée de sauvetage. Je connais son contenu par coeur à force de l'avoir lu. Un nom associé à une adresse. Ma destination de ce matin. Le bus me dépose donc dans le quartier de Redcliffe. Je ne marche pas plus de cinq minutes avant de me retrouver en face du bâtiment recherché. Je lance un regard concentré sur les sonnettes et trouve rapidement l'identité notée sur ma feuille de bloc-notes, aux couleurs de la police de Brisbane. Je lève un doigt et m'apprête à presser le bouton au moment-même où une vieille dame sort de l'immeuble. Je lui tiens la porte le temps qu'elle sorte, lui offre un sourire puis m'engouffre dans le hall d'entrée. Je préfère ne pas m'annoncer. Il est toujours plus facile de s'expliquer de vive voix plutôt qu'à travers un interphone, à fortiori compte tenu de la raison de ma visite…
Je me rends à l'étage et au numéro indiqués. Sans doute la jeune femme a-t-elle un sacré sens de l'humour pour accepter de vivre dans un appartement dont la plaque argentée indique 666. A sa place, et même si je suis une scientifique (soit pas du tout superstitieuse), je ne sais pas si j'aurais eu son audace. Délaissant mes pensées, je frappe trois coups nets et patiente. J'entends du bruit provenir de l'intérieur, ce qui me rassure. Elle est chez elle. Si elle accepte de me faire entrer, je n'aurais donc pas à attendre davantage pour obtenir des réponses. Les premières pièces d'un immense puzzle que je ne suis encore pas certaine de vouloir reconstituer entièrement. Seul l'avenir le dira. De toutes les manières, à en croire mon médecin, je n'aurais peut-être pas le choix non plus.
La porte s'ouvre sur le jeune visage auquel je m'attendais, mais pour faire bonne mesure, je demande tout de même. « Nicoletta Jones ? » Liv avait accepté de me montrer la copie informatisée de son permis de conduire, afin que je puisse la reconnaître. Une chose est sûre : la jeune blonde ne fait clairement pas plus de ses vingt-huit ans. Alors que j'attends une approbation de sa part, je vois son expression changer. Se peut-il qu'elle m'ait reconnue ? Possible, puisque selon Liv, c'était elle qui avait appelé les secours et était restée avec moi jusqu'à leur arrivée. « Bonjour. Lex Hamilton. » Je lui tends la main, celle qui n'est pas occupée à jouer avec le bout de papier presque en miettes. « Je suis désolée de vous déranger. Je… Je peux entrer quelques minutes ? » Je l'interroge encore, alors que son regard à elle n'exprime rien d'autre qu'une profonde surprise. Au moins, elle sait qui je suis. Il y a donc peu de chances qu'elle me refuse ma requête.
Some Assembly Required Nico & Lex Chez moi posée tranquillement devant la télévision après avoir fait une petite grasse matinée comme il se doit après une journée d’hier plutôt intense pour finir quelques pages de mon dernier conte. C’est que ça ne s’écrit pas et ne se dessine pas seul malheureusement et qu’il me rester que peu de temps avant de l’envoyer sous presse afin de boucler mon livre au plus vite pour le mettre ensuite entre les petites mimines des gosses afin qu’ils puissent vivre une épopée enfantine sous les couleurs de la grande Nico. C'était mon but premier de faire rêver les gamins lorsque les parents lisait l'histoire de l'un de mes livres, à chaque fin de lui se trouver donc une morale pour chacune des histoires raconter. C'était ma marque de fabrique, et cela était très bien au vue des nombres de ventes de mes bouquins. Un peu trop d'ailleurs, parfois j'avais du mal à suivre la demande de nouveauté à produire. Bref aujourd'hui c'était censé être une journée tranquille, assise devant la télévision, devant Netflix pour me remettre encore et toujours quelques franches rigolades en regardant ma série préférées, Brooklyn Nine Nine. Mon café en main, enfin plutôt mon latte comme je les aime afin de profiter d'un peu de chaleur et de trouver le réconfort dans un bon plaid pour accouplé deux petits plaisirs de la vie, café-plaide. Mais ce petit plaisir de la vie venait de s’écourter en entendant frapper à trois reprises sur ma porte des enfers. Bien-sûr cela était assez ironique vu que ce n’était pas vraiment la porte des enfers, j’avais trouver cela tellement fun de pouvoir avoir cette adresse à donner aux gens, voir leur réaction pleine de surprise, c'était assez comique à voir. C’était drôle à mon humble avis, et c’était d’ailleurs celui de pas mal de personnes, qui peut se vanter d’avoir l’appartement du diable hein ? Personne, j’étais surement la seule dans tout Brisbane. Une silhouette d’une demoiselle, enfin surement plus vieille que moi, une femme, une très jolie femme d’ailleurs.
Je n’attendais pas de visite aujourd’hui, alors pourquoi venait-elle frapper chez moi de la sorte. Bref, fallait que j’arrête de pensée au pourquoi, je n’avais qu’à ouvrir la porte et j’en serais beaucoup plus. Déverrouillant la chaine de la porte et tournant ensuite la poignée afin d'entre-ouvrir lentement la porte pour enfin tomber sur le regard de la femme se tenant sur le pas de ma porte. Sur un ton jovial et très courtois elle prit la parole afin de me dire. « Nicoletta Jones ? ». La regardant en fronçant les sourcils suite au fait qu’elle connaissait mon vrai prénom, que je ne divulgue à personne, personne ne savait réellement mon prénom entier. Arborant une moue surprise en fixant un peu mieux la femme se tenant devant moi, c’était la personne qui avait eu un accident il y a peu, j’étais même rester avec elle jusqu’à ce que les secours arrivent. Elle venait donc de se présenter à moi, oui c’était bien cela, Lex, la femme du fameux accident dont j’avais été témoin. Lui tendant ma main afin de lui serrer la sienne, une légère étreinte pour venir relâcher cette dernière afin de la fixer du regard. Elle venait de reprendre la parole sans me laisser intervenir, « Je suis désolée de vous déranger. Je… Je peux entrer quelques minutes ? ». Dit-elle de façon assez direct, m’interrogeant alors que moi je la fixe pleine de surprise en me plongeant dans son regard noisette. Ouvrant un peu plus ma porte pour me rapprocher légèrement d’elle, me grattant légèrement la nuque afin de venir lui répondre. « Je vous en prie, donner vous la peine de rentrée dans l’antre des enfers… ». Dis-je en rigolant bêtement en espérant qu’elle ne me prenne pas pour une folle pour revenir aussitôt lui dire. « J’suis bien Nico Jones, par contre il y a très peu de gens qui savent mon prénom en entier ! Même sur ma carte d’identité c’est indiqué "Nico", comment m’avez-vous trouvée ? ». Dis-je sur un ton curieux d'en apprendre davantage sur comment elle avait eu mon nom. Il n’y avait que mon permis de conduire où c’était encore indiquer " Nicoletta ", je n’avais pas encore pris le soin de m’occuper de ce petit changement. Lui indiquant de s’installer sur le bar de la cuisine tandis que je me retrouver en face d’elle, derrière le bar afin de venir lui dire. « Un café ? Un thé ? Ah et vous allez mieux après tout ça ? On peut surement se tutoyer car je ne suis pas fan du vouvoiement ! ». Dis-je en arborant un sourire, c'était un peu une question con dans le sens ou elle aller surement bien si elle se trouver devant moi non ? Bref parfois j'avais le don de poser des questions non pertinente. La fixant tout en tapotant sur le plat du bar en attendant la réaction de ma comparse se trouvant devant moi.
Je suis immédiatement invitée à entrer dans cet antre des enfers, pour citer la jeune femme qui se tient en retrait derrière la porte. Je réponds poliment en affichant un sourire amusé bien que mon humeur soit plutôt sombre. Je ne saurais décrire ce sentiment étrange qui me submerge alors que je suis sur le point de récupérer le tout premier morceau de mon puzzle personnel. Je pénètre dans l'appartement lumineux, dans tous les sens du terme. Les rayons du soleil s'invitent un peu partout dans la grande pièce de vie, mais la décoration a été sélectionnée afin de donner un effet à la fois coloré et jovial. Quelque chose me dit que ces choix reflètent à la perfection la personnalité de sa propriétaire (ou locataire). « J’suis bien Nico Jones, par contre il y a très peu de gens qui savent mon prénom en entier ! Même sur ma carte d’identité c’est indiqué "Nico", comment m’avez-vous trouvée ? » Une légère grimace déforme mes traits. Je suis confuse, mais je ne peux pas lui dire la vérité. Je ne la connais pas, je suis donc méfiante et il est hors de question que Liv ait des ennuis pour avoir voulu m'aider. « Grâce à un ami. » Je reste volontairement dans le flou (tout en mentant un petit peu), en espérant qu'elle s'en contentera.
D'un signe de la main, Nico m'invite à m'installer derrière le bar de la cuisine. Je m'exécute, prenant place sur l'un des tabourets alors qu'elle passe elle-même de l'autre côté. « Un café ? Un thé ? Ah et vous allez mieux après tout ça ? On peut surement se tutoyer car je ne suis pas fan du vouvoiement ! » « Je prendrais bien un café, merci beaucoup. » Je réfléchis une courte seconde à la meilleure manière d'aborder la suite, avant de me jeter à l'eau. « Je suis encore de ce monde, grâce à vous. A toi. » Je corrige aussitôt. Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de me montrer aussi familière avec une étrangère, mais après ce qu'elle a fait pour moi, je serais bien en peine de lui refuser cette faveur. « Sarah n'a pas eu cette chance. Je n'ai pas le droit de me plaindre. » Comme je n'ai pas envie de rentrer dans les détails d'un deuil qui n'existe pas à mes yeux, j'enchaîne immédiatement. « Nico, je suis venue pour deux choses. La première, et de loin la plus importante, c'est pour te dire merci. Ce mot est si faible quand on sait ce que tu as fait pour moi. » Si Sarah était morte sur le coup, ce n'était pas mon cas. Sans l'intervention de la jeune femme, j'aurais péri dans l'incendie du véhicule. J'étais inconsciente à ce moment-là, mais Liv m'avait raconté les détails, les ayant lus dans le rapport de ses collègues. En attendant les secours, Nico avait agi, mettant sa propre existence en danger pour protéger la mienne. « Je te dois la vie. Ni plus ni moins. Si tu as besoin de quoi que ce soit un jour, je serais là. » Je me fais une note mentale de lui laisser mes coordonnées avant de partir.
Puis, j'entre dans le vif du sujet. Celui qui fait mal, mais qui est tout aussi inévitable et essentiel à mon rétablissement. Je sais déjà que c'est moi qui conduisais. L'apprendre m'a fait l'effet d'un coup de poignard en pleine poitrine. Maintenant, reste à déterminer pourquoi j'ai fait une embardée. Pourquoi j'ai tué ma compagne. « Tu étais dans la voiture derrière nous. Est-ce que… Est-ce que tu as remarqué quelque chose de particulier ou d'étrange en nous suivant ? » J'ai conscience que la question semble elle-même assez surprenante. Si je veux que Nico m'aide, il faut que je me révèle davantage, que je le veuille ou non. « En réalité, j'ai subi un traumatisme crânien, qui a endommagé mon hippocampe. Je ne souviens pas de l'accident. Ni de ce qui l'a causé. » Pour l'instant, je garde le reste pour moi. Mon amnésie de quatre ans n'est pas nécessaire à la conversation, et je veux éviter de lire dans le regard de Nico cette pitié qui me suit constamment, et que j'abhorre plus que tout au monde.
Some assembly required Nico & Lex Une chose était sûre pour moi là à cet instant présent, c’était bien que je ne m’attendais pas du tout à la venue de cette femme. Cette personne que j’avais sortie du véhicule lors de cet accident qui avait couté la vie à l’une des passagères. Enfin je n’en savais pas plus que cela où la police m’en avait vaguement parlé lorsqu’ils m’ont demandé mon nom et tout ce qui s’en suit pour mon témoignage. Elle était devant moi et confuse de mon interrogation concernant le fait qu’elle savait mon nom complet, mise à part ma famille et les hautes instances du gouvernement, personne pouvait le savoir. Mais la jolie brune le savait, surement qu’un des flics lui avaient dévoilés ? Non, elle venait de lui dire que c’était via un ami finalement qu’elle avait eu l’information. Bref je n’allais pas en faire tout un sketch, le plus important c’était cette fille-là se trouvant devant moi et qui venait de franchir le seuil de ma porte pour se diriger dans mon antre. « Je prendrais bien un café, merci beaucoup. ». Me dit-elle en prenant place sur la chaise tout en s’arrêtant un instant de parler comme pour venir réfléchir à quelque chose. M’exécutant pour lui faire un petit café tout en lui faisant un hochement de tête suivit d’un léger sourire pour m’atteler à la tâche de lui faire son breuvage. « Je suis encore de ce monde, grâce à vous. A toi. ». Me dit-elle en se corrigeant presque aussitôt comme pour prendre sur elle d’être familière avec une inconnue, je ne pouvais pas lui en vouloir cela dit mais moi et le vouvoiement ce n’était pas trop ça.
Waouh elle me balance ça comme si j’étais une héroïne, je n’en suis pas une, normalement tout le monde aurait agi de la sorte non ? Le café était prêt mais je rester devant ce mug sans rien dire ni bouger. D'après les police j'avais agi instinctivement en la sortant du véhicule à temps, je vous l'accorde que ce n'était pas évident pour une fille comme moi de sortir le corps inerte d'une demoiselle même si j'étais ceinture noire de karaté. Dans le karaté on utilise bien plus le poids et la force de son opposant pour gagner et non d'avoir en sa possession une force surhumaine. Bref je me retourne enfin vers elle pour lui donner la tasse de café en la fuyant que très légèrement du regard pour venir ensuite lui dire sur un ton tremblant d’émotion. « Non ! Je te rassure tu me dois rien ! Tout le monde l’aurait fait non ? ». Dis-je sincèrement en ne sachant pas quoi dire d’autre sur ce qu’elle venait de me dire. Mon cœur battant légèrement la chamade sous le coup de cette pression qu’elle venait de me mettre. Non je n’étais pas une héroïne moi, juste une nana qui était dans la voiture de derrière et ayant essayé d’aider comme elle le pouvait. Une héroïne aurait surement réussi à sortir tout le monde du véhicule non ? Mais j’avais déjà sauvé une vie non ! Bref, elle venait de reprendre la parole afin de me dire que Sarah, le nom de sa compagne surement, n'avait pas eu cette chance là, d’être sauvée. Elle ne me laisser pas le temps d’en dire plus pour venir reprendre la parole soudainement. « Nico, je suis venue pour deux choses. La première, et de loin la plus importante, c'est pour te dire merci. Ce mot est si faible quand on sait ce que tu as fait pour moi. ». Me dit-elle en toute sincérité, je ne savais pas vraiment où me mettre après une telle déclaration, je n’étais que moi, j’avais agi instinctivement sans vouloir me donner le rôle d’une héroïne.
Et pour finir tout ça, elle venait de reprendre la vie en me disant clairement que si j’avais ne serait-ce que besoin de quoique ce soit, je pouvais l’appeler et qu’elle serait là ! « Euh… écoute sérieusement j’ai agi par instinct sans réfléchir au danger ou autre ! Tout c'est passé tellement vite... J’aurai voulu sortir Sarah également mais cela m’étais impossible ! Je suis désolé d’ailleurs pour elle… ». Dis-je avec une grande sincérité car je l’étais tellement mais d’après l’enquête de la police elle avait était tuée sur le coup alors je n’aurai pas pu y faire grand-chose cela dit. J’étais tout de même navrée en essayant de boire une gorgée de café pour retrouver un tant soit peu de normalité dans tout ça. Puis Lex vint prendre la parole en arborant une question surprenante, du moins cela m’avait surpris durant l’espace d’un instant. « Tu étais dans la voiture derrière nous. Est-ce que… Est-ce que tu as remarqué quelque chose de particulier ou d'étrange en nous suivant ? ». La fixant sans rien dire pour le moment, juste en me plongeant dans son regard qui avait sincèrement envie d’en savoir plus sur toute cette histoire. Si j’avais vue quelque chose de ma voiture ? Oui j’avais vu deux nanas s’embrouiller très clairement d’ailleurs, avec quelques zigzags sur la route avant l’accident. Cela avait l’air plutôt un clash sérieux et assez violent de ma voiture. Puis en me laissant dans mes pensées sans réellement parler, trop perdue à me rappeler ce que j’avais vu ce soir-là ! Elle venait de me déclarer qu’elle souffrait d’amnésie sévère suite à cet accident. « Écoute Lex ! Si je peux me permettre bien sûr ! Parfois vaut mieux oublier certaines choses… J’ai tout vu de derrière dans ma voiture. Mais sérieusement, tu es sûre de vouloir en apprendre plus sur tout ça ? ». Dis-je sérieusement sans vouloir lui cacher quoique ce soit, mais surement pour la protégée car parfois sérieusement valait mieux oublier pour pouvoir avancer dans la suite de sa vie.
Je ne saurais décrire cette émotion qui me submerge au moment où mes lèvres expriment toute la gratitude que je ressens envers Nico. Son acte est purement et simplement héroïque : elle a mis sa vie en danger pour sauver la mienne. Ma reconnaissance est donc réelle, sincère. Mais elle reste néanmoins teintée d'un étrange sentiment. Je ne me souviens de rien. Ce que je sais de ce tragique événement est ce que l'on a bien voulu me raconter. Ce qui me donne une impression de le vivre différemment de la réalité. Comme si l'accident était arrivé à l'un de mes proches. Comme si je venais remercier la jeune femme d'avoir aidé une personne chère à mon cœur, plutôt que de m'avoir aidée moi. « Non ! Je te rassure tu me dois rien ! Tout le monde l’aurait fait non ? » J'attrape le mug de café qu'elle me tend et enroule mes mains autour du contenant chaud. « Je n'en suis pas si sûre. » Je lui souffle, presque triste de ce constat. Certains ne seraient même pas arrêtés. D'autres encore auraient attendu que la voiture flambe sans tenter quoi que ce soit, craignant pour leur propre existence. J'en aurais voulu aux premiers, mais pas aux seconds. Ce n'est plus de la non-assistance à personne en danger lorsque l'on risque soi-même de mourir. Non, définitivement, Nico n'avait pas agi de la même manière que tout le monde. Au contraire. Et rien que pour cela, ma dette envers elle perdurerait à jamais.
Elle évite mon regard, embarrassée face à mes mots. Elle insiste sur le fait que ses mouvements ont été dictés par son instinct, que tout s'est passé trop vite pour lui donner le temps de réfléchir à la situation. Elle s'excuse même de ne pas avoir été en mesure de sauver Sarah. « Merci. » Soudain, quelque chose me frappe : vit-elle avec cette culpabilité ? Ce qui expliquerait peut-être son malaise ? J'espère que non, mais dans le doute, je ne peux pas rester silencieuse. « Tu n'aurais rien pu faire pour elle. Sarah est morte sur le coup. » Je prends un peu de café pour dénouer ma gorge comprimée. J'ai beau ne pas me rappeler de Sarah, je reste évidemment plus que sensible à son décès, et en parler m'est difficile. Je décide donc d'évoquer le second sujet de ma visite et m'ouvre un peu à Nico, espérant qu'elle comprenne l'énorme importance de son propre témoignage. Elle paraît hésiter et ma poitrine se serre. J'ai le pressentiment que cela cache une terrible vérité. Sa question conforte mes doutes. Pourquoi me demanderait-elle si je veux vraiment savoir, sauf à ce que ses prochains mots me choquent ? L'espace d'une seconde, j'hésite. J'hésite vraiment. Mais je ne pourrais pas me reconstruire sur des chimères. Que j'aie envie de savoir ou non n'a aucune importance. Parce que j'en ai besoin.
Je plonge un regard déterminé dans celui de Nico et finis par rompre le silence. « Oui. Il le faut. » Ma voix est confiante et pourtant, tout mon corps tremble à l'intérieur. Pour être honnête, j'ai peur de la suite. Peur de comprendre que ce n'était pas vraiment un accident. Que j'aurais pu l'éviter. Que j'aurais pu ne pas tuer Sarah si j'avais fait les choses autrement. Aussi effrayant que cela puisse paraître, j'en suis à prier pour apprendre qu'un animal a traversé sous mon nez, ou qu'un autre véhicule m'a forcée à dévier brusquement de la route. Tout mais pas l'alternative. Tout mais pas une erreur fatale de ma part. Je me raccroche au mug de café comme je me serais raccrochée à une bouée de sauvetage en pleine tempête. En priant pour que les vagues ne m'achèvent pas.
Some assembly required Nico & Lex C’est vrai que d’après cette jolie brune se tenant devant moi, d’après les flics aussi d’ailleurs, j’avais agi comme une héroïne. Peut-être, mais ce n’était absolument pas le but de la manœuvre pour moi, tout ce que je voulais c’était sauver une vie tout simplement, même deux si j’avais pu le faire. Je n’étais pas le genre de personne qui s’auto-congratulée d’avoir sauvé une personne, du coup quand Lex venait de me remerciait de lui avoir sauvée la vie, dans le fond j’étais contente de l’avoir fait mais un peu embarrassée de ses remerciement. « Je n'en suis pas si sûre. ». Me souffle-t-elle en me fixant du regard. Elle n’avait pas tort cela dit, car la plupart des gens auraient surement fait mine de ne rien avoir vu et de continuer leurs vies tranquillement. Cela c’était passer tellement rapidement que je ne me souvenais pas vraiment comment j’avais trouvé le courage de faire ça à tout cela, surement l’instinct et à coup d’adrénaline. Bref elle tenait tout de même à me remercier d’avoir essayé, même d’y avoir pensé de pouvoir aider son amie Sarah, un hochement de tête envers elle après ce remerciement très sincère. D’après elle, je n’aurais pas vraiment pu faire quoi que ce soit pour Sarah, car elle était morte sur le coup de l’accident, alors j’aurais surement prit un risque encore plus gros pour rien du tout. Pourtant au fond de moi, j’avais sincèrement l’envie de pouvoir faire quelque chose pour elle qu’elle soit morte ou vivante, ne serait-ce pour qu’elle ne brûle pas dans les flammes. Durant l’espace d’un instant, j’étais comme paralysé en y repensant, en repensant à la scène qui avait mené à cet accident terrible qui avait hanté mes nuits durant quelques temps. Entre cet accident et le fait que je n’avais pas réussi à aider Sarah, j’avais eu quelques soucis à trouver le sommeil, même si elle était morte sur le coup, cela ne changer rien sur le fait que j’avais été incapable de sortir cette fille de la voiture. Surement qu’avec le temps ce sentiment s’en irait et qu’en rencontrant cette jolie brune se trouvant devant moi, cela m’aiderait donc à passer à autre chose dans le sens où elle m’indique depuis tout à l’heure que cela n’était pas ma faute.
Mais la jolie brune, répondant au nom de Lex n’avait pas pris la décision de venir me voir pour faire une causette et me remercier, y avait aussi le pourquoi du comment sur la façon de comment s’était produit l’accident. Je l’avais quand même mise en garde que parfois il fallait mieux ne rien savoir pour pouvoir avancer, que les réponses parfois font bien plus mal que de rester dans l’ignorance. Je comprenais qu’elle voulait en savoir plus sur l’accident mais j’avais peur pour elle qu’elle ne se voit autrement que coupable si je lui dévoilais toute l’histoire de mon point de vue. Il le fallait pour elle, elle avait un t on remplit de confiance en me disant cela, très certainement mais bon pour le coup j’avais un peu de pression dans le fond de mon estomac. Fallait-il que je lui dévoile réellement l’histoire, que je l’édulcore un peu pour pas qu’elle le prenne vraiment mal. Non elle voulait la vérité alors je lui donnerais, je ne mentirais pas à cette fille car ce n’était pas mon genre de dévoilait des mensonges à qui que ce soit. Me raclant la gorge pour venir me diriger vers le sofa afin de m’installer tranquillement pour avoir plus de facilité à lui parler tout en lui faisant signe de venir s’assoir, car il le fallait, il fallait pour elle de s’assoir. Tapotant mes doigts entre eux dans un premier temps, certainement pour trouver le courage de lui dire ce qu’il c’était passer. Après qu’elle s’installe à mes côtés, prenant une grande respiration pour venir lui dire quelques mots. « En fait, j’étais juste derrière vous ce soir-là ! Durant plusieurs kilomètres d’ailleurs. Ce que j’ai vu, pour moi ça avait l’air d’une dispute, une grosse dispute d’ailleurs… ». Dis-je en m’arrêtant pour essayer de boire une gorgée de café et reprendre un peu d’air pour continuer la suite de l’histoire. « La dispute avait l’air d’être assez violente de mon véhicule. Parfois votre voiture faisait des zigs zags à plusieurs reprises d’ailleurs. Je me rappelle que je me disais en moi-même que c’était la première fois que je voyais une dispute aussi virulente, et qu’en voiture cela devait être difficilement gérable... ». Dis-je en essayant de me rappeler d'autres choses pour lui en apprendre plus mais ce n'était pas aisée de se rappeler de tout cela après tout ce temps et surtout le fait que j'aimerais bien ne plus me rappeler de cette vision d'horreur quand la voiture était sortie de la route pour finir sa course dans le talus.
Je tente de faire passer une confiance et une assurance sans faille dans mes mots et dans le ton de ma voix. Les doutes me submergent mais Nico ne doit en aucun cas deviner leur présence. Si elle sent la moindre hésitation de ma part, si elle ne me croit pas assez forte pour encaisser, elle risque de ne pas être totalement franche dans son récit. Peut-être altérera-t-elle quelques éléments pour me préserver. Or, sans mes souvenirs, elle est la seule et unique personne au monde capable de me rendre ce morceau du puzzle. Ce fragment manquant de ma vie. Sa question est néanmoins légitime et sa sollicitude me touche. Mais Nico doit comprendre une chose importante : connaître les circonstances précises de mon accident n'est ni un choix ni une option. C'est au contraire une réelle nécessité. L'une de celles qui me permettront de me reconstruire. Ainsi, je ne peux que plonger mon regard dans celui de Nico, avec le profond espoir d'une amnésique qui espère entendre la vérité sans aucun détour, peu importe les éventuelles conséquences.
La propriétaire des lieux quitte la cuisine et traverse l'espace ouvert afin de se rendre côté salon. Elle me fait signe de la rejoindre. Je m'exécute aussitôt, attrapant le mug encore bien plein de café chaud et m'installant sur le canapé. A en croire l'expression grave de son visage, elle semble se battre avec elle-même : doit-elle me fournir les informations demandées ou non ? J'acquiesce presque imperceptiblement, mais assez pour la mener dans la bonne direction, pour la convaincre que je suis prête à tout entendre. Je ne le suis pas. Et en réalité, je le suis encore moins depuis que je peux ressentir la réticence de Nico. D'un autre côté, il est hors de question que je quitte cet appartement sans savoir. Je porte la tasse à mes lèvres et bois une gorgée, ce qui me donne une excuse pour quitter la jeune femme des yeux une poignée de secondes, le temps de me ressaisir. Au moment où je reporte mon attention sur elle, Nico se lance enfin.
Dispute, violente, zig-zag, virulente. De son histoire, c'est ce que je retiens. Les voilà, les preuves ultimes de ma culpabilité. Sarah et moi étions en pleine confrontation. Pourquoi ? Et surtout, pour quelle raison avais-je continué à rouler en dépit de la situation plus que dangereuse ? Pourquoi ne m'étais-je pas rangée sur le côté afin de résoudre ce problème entre nous, sans mettre nos vies en danger ? Sans mettre la vie des autres en danger ? Et si j'avais foncé dans un véhicule sur la route d'en face ? Si j'avais blessé des gens, ou pire encore ? Mon cœur se met à cogner dans ma poitrine comme s'il cherchait à passer au travers. J'ai du mal à respirer. Je me lève brusquement du canapé. « J'ai besoin… besoin d'air. » Sans attendre une quelconque permission, je m'approche de la porte vitrée et l'ouvre pour me jeter sur le balcon. Les deux mains accrochées à la balustrade en guise de soutien (mes jambes s'apprêtent à lâcher), j'essaie de me débarrasser de cette terrible impression d'étouffement. J'inspire à plein poumons puis expire de manière lente, contrôlée. Lorsque la crise est passée, l'évidence me frappe de plein fouet. Celle que je redoutais le plus. Sarah est morte. Et c'est entièrement ta faute. Tu l'as tuée. Incapable de retenir ni la douleur ni le chagrin qui m'envahissent toute entière, je me laisse glisser contre le mur extérieur et éclate en sanglots.
i on m’avait dit qu’aujourd’hui, la femme qui avait eu un accident de la route juste devant moi, d’où j’étais le seul témoin de cette scène, je n’y aurais pas cru. Pourtant Lex était bel et bien devant moi, me demandant des explications sur ce terrible moment de sa vie qui lui avait couté sa même mémoire et sa copine. Le problème c’est que la vérité peu parfois faire bien plus mal que le mensonge, mais elle voulait le savoir, coute que coute, car il le fallait pour son bien, du moins c’était exactement ce qu’elle arborait sur son visage. C’était comme si elle m’incitait à lui dire toute la vérité sans me retenir, sans oublier le moindre détail. Pourtant moi, justement je pensais qu’a elle en me disant qu’intérieurement cela ne serait surement pas évident à entendre et qu’elle pourrait vraiment être mal après mes mots sur ce qui s’était passé ce soir-là. Mais donc, l’invitant à s’assoir afin de lui expliquer un peu comme je le pouvais en essayer de ne pas faire de détour mais aussi en essayant d’être la plus rassurante possible même si pour le coup elle n’allait pas vraiment être rassuré en entendant cela. J’étais pourtant partie dans ma tête à essayer de ne pas sortir de mot difficile, non pas que je voulais minimiser l’accident mais voir cette fille-là devant moi, avec cet air triste, ce n’était pas facile pour moi alors j’essayais de lui dire des mots pas trop dur. Mais au final sans réellement m’entendre parlementer, je venais de sortir des mots assez durs envers ledit accident.
C’était un difficile pour elle d’entendre cela sans réellement se sentir hors de cause en sachant que s’était-elle qui était au volant, à sa place je serais surement dans le même état qu’elle en entendant mes mots, ces mots assez crues et difficiles à entendre, mais elle m’avait dit d’être honnête. Ce n’était pas facile pour moi de dévoiler tout cela mais à entendre pour elle, c’était une claque dans la figure, un poignard dans le cœur, sans visage se raidit directement après mes mots, des larmes viennent couler le long de son visage. Se levant brusquement du canapé pour venir dire quelques mots, « J'ai besoin… besoin d'air. ». Dit-elle sans attendre la moindre permission de ma part, elle prit soudainement la direction de mon balcon afin de prendre l’air afin d’évacuer toute cette tristesse, cette rancœur qui venait de l’envahir après mes mots. Me levant pour me rendre dans la cuisine afin de prendre une bouteille d’eau, au cas où elle aurait soif après tout cette sensation de tristesse l’envahissant. Prenant la direction du balcon afin de voir comment elle allait, certainement très mal en encaissant ce que je venais de lui dire.
Une fois dehors, elle était contre le mur en sanglot, me rapprochant doucement et gentiment vers elle en lui posant la bouteille d’eau. « Tiens, si jamais tu as soif ! ». Dis-je en me mettant au même niveau qu’elle afin d’être à ses côtés dans cette épreuve difficile. C’était vraiment déchirant de la voir comme ça, même si elle m’était pas connue il y a peu, j’avais de la peine pour elle, elle se sentait tellement coupable alors qui pourrait réellement retenir ses larmes après en savoir autant. L’attrapant avec l’un de mes bras afin de lui faire comprendre que j’étais là pour elle dans cette épreuve, pour la réconforter du mieux que je pouvais. Bien-sûr cela n’était pas évident pour elle comme pour moi, mais je pouvais au moins faire cela, pleurer dans les bras de quelqu’un peut parfois faire tellement de bien. Se plaquant sur moi en faisant couler à flots ses larmes le long de son visage tandis que l’une de mes mains lui caressait les cheveux, histoire de l’apaisait un tant soit peu. « C’est ça ! Relâche tout ce que tu peux, je suis là pour toi ! Même si on ne se connait pas vraiment, je suis là. Sert toi de mon épaule autant qu’il le faudra. Et si tu veux parler, je serais là également Lex… ». Dis-je sur un ton sincère, je voulais vraiment être là pour elle, pourquoi ? J’en savais rien, juste que je voulais l’aider, j’étais comme ça moi, si quelqu’un était mal, fallait que je fasse ce que je pouvais pour l’aider.
Je commence doucement à comprendre pourquoi mon subconscient semble aussi déterminé à ne pas me rendre la partie manquante de ma mémoire. Entre la mort de Sam en 2014 et celle de June en 2018, il a sans doute pensé que la perte de ma compagne, dont je suis (de plus) la seule et unique fautive, me serait simplement insupportable. La goutte d'eau faisant déborder un vase déjà beaucoup trop plein, en somme. Alors, il a choisi de m'enlever tous les souvenirs me ramenant à elle. En discutant avec mes proches, j'ai découvert que la période à laquelle commence mon amnésie correspond à ma rencontre avec Sarah. Mon esprit, mon cerveau, ont compris que je finirais par apprendre la vérité. Bien plus que des faits, ils ont oeuvré ensemble afin de me retirer ce que personne ne pourrait me redonner : mes sentiments. Mon bonheur de vivre avec elle, l'amour que je ressentais pour elle. Comment son décès pourrait-il me toucher, me détruire, si je ne me rappelle même pas avoir croisé son chemin et encore moins l'avoir aimée ? Le corps humain et ses capacités incroyables resteront à jamais un véritable mystère. On peut essayer de le comprendre, de le décrypter autant que l'on veut, mais certains de mes pairs et moi-mêmes sommes la preuve vivante qu'il restera toujours des zones d'ombre.
Les larmes coulent abondamment sur mes joues déjà trempées. Je sens très vite une présence près de moi et je réalise que je viens de craquer devant une tierce personne, qui n'est ni Jacob, ni mon père, ni aucun de mes proches. Au contraire. Elle a beau m'avoir sauvé la vie, Nico reste une étrangère à mes yeux. En plus de la douleur, de la peine, je me sens maintenant mal à l'aise. « Tiens, si jamais tu as soif ! » Je relève la tête et mon regard croise le sien. Compréhensif, presque triste. Je tends la main afin d'attraper la bouteille d'eau qu'elle m'offre, avant de la remercier d'un simple signe, incapable pour l'heure de prononcer le moindre mot. Je m'en veux de la mettre dans cette position si délicate. Elle m'avait pourtant prévenue que la vérité serait dure à entendre. J'aurais peut-être dû l'écouter. Je n'étais pas prête, pas encore. Mais il est désormais trop tard pour faire machine arrière. Il faut que tu te calmes, Lex. Respire, bon sang. J'essaie, j'essaie sincèrement. Pourtant je n'y arrive pas. Les véritables circonstances de mon accident avec Sarah ont ouvert une vanne que je ne peux plus arrêter. Elles ont brisé quelque chose en moi. Mon espoir. Témoin de ma violente détresse, Nico s'assoit au sol, passe un bras autour de mes épaules et me ramène doucement près d'elle. « C’est ça ! Relâche tout ce que tu peux, je suis là pour toi ! Même si on ne se connait pas vraiment, je suis là. Sert toi de mon épaule autant qu’il le faudra. Et si tu veux parler, je serais là également Lex… » Je ne suis généralement pas du genre à me laisser aider, et encore moins par des inconnus. Malgré cela, son infinie tendresse me touche au plus haut point et face à cette dernière, il ne me reste qu'une seule et unique chose à faire : me laisser aller.
Je ne sais pas combien de minutes on reste là, sur ce balcon. Je perds le fil. Mon esprit est embrumé d'images, toutes plus éprouvantes les unes que les autres. Sam, me souhaitant bon un bon voyage avant que je n'embarque dans la capsule Soyouz. June, m'adressant le plus beau des sourires alors que je la prends dans mes bras pour la première fois. Les rêves que j'ai abandonnés. Les gens que j'ai perdus, même ceux qui sont encore là, parce que ces quatre fichues années qui me font défaut me donnent l'impression de n'être plus rien pour eux. D'avoir manqué des événements importants, des éléments essentiels de leur existence. Je finis par me reprendre, avec lenteur et prudence. Je me redresse et sèche mon visage. Mes yeux rougis se posent bientôt sur Nico. L'embarras me submerge mais je fais de mon mieux pour ne pas le laisser remporter cette bataille. « Je suis désolée. Je crois… Je crois que j'en étais arrivée au point de rupture, avec tout ce qui s'est passé dernièrement, je… Je suis désolée que ce soit tombé sur toi. » Mon attention se pose sur la bouteille d'eau posée à mes pieds. D'un mouvement leste, je m'en saisis et boit plusieurs gorgées. Maintenant que je n'ai plus de larmes, il faut bien me réhydrater, non ? Je me tourne ensuite vers Nico, consciente qu'elle doit s'en vouloir - à tort - comme le suggère l'expression qu'elle arbore et qui ne la quitte plus. « Tu ne dois pas te sentir coupable. J'ai voulu savoir. Même si ce n'est pas l'impression que ça donne, j'avais besoin de cette vérité. Je… J'espérais juste qu'elle soit différente. » Que cette sortie de route n'ait été, réellement, rien de plus qu'un accident. Que je ne sois pas responsable du décès prématuré de celle qui était ma compagne, la femme dont j'étais tombée amoureuse. Mes iris finissent par trouver ceux de Nico. Après ce qu'elle a fait pour moi, elle mérite de savoir. « Je n'ai pas été complètement franche avec toi. Je n'ai pas oublié que l'accident. » Je me donne le temps d'un soupir pour être certaine de mon choix, et me jette à l'eau. « Je n'ai plus aucun souvenir sur les quatre dernière années. Mon médecin pense que ça vient d'un traumatisme. Alors… Je cherche à découvrir lequel. » Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
C’était tellement compréhensible pour moi que Lex pète une durite après ce que je venais de lui révéler. C’est jamais simple la réalité des choses, de savoir que juste avant l’accident, une embrouille avait éclaté entres elles, que j’avais assistée à la scène qui n’était pas des plus saines qui soient à l’arrière derrière mon volant. C’est pour ça que j’avais entreprit d’aller lui chercher une bouteille d’eau fraiche lorsqu’elle s’en aller dehors afin de prendre l’air, c’est jamais simple de réagir face à une personne inconnue pour essayer de la réconfortée. Puis trouver les mots est aussi un grand moment car il faut savoir trouver les bons, ne pas faire de connerie ce qui pourrait également être encore bien pire que la situation actuelle ne l’est déjà pour elle.
Elle est adossée contre le mur de ma terrasse, ça me fend le cœur de la voir comme ça, de tout se mettre sur le dos, d’un autre côté je serais exactement comme elle si j’étais à sa place. Une fois que je venais de me rapprocher d’elle en lui parlant, lui ramenant une bouteille d’eau car fallait s’hydraté après avoir pleuré durant pas mal de minute. Je lui dis que même si on ne se connaissait pas, elle pouvait avoir mon soutiens, mon épaule pour pleurer s’il le fallait je serais là pour elle. J’ai toujours été le genre de personne à venir en aide aux autres, non je ne suis pas bénévole dans les donations ou autres entités du genre mais j’aimais bien aider mon prochain voilà tout. « Il n’y a pas de mal Lex, ne t’en fais pas pour ça. Je me doute que ce n’est pas ce que tu voulais entendre, la vérité peut être terrible parfois. ». Dis-je en arborant un ton des plus sincère qui soit, en même temps ce n’était pas faux, la vérité est parfois souvent terrible et devrait ne pas se savoir pour le bien des autres.
Elle vient ensuite m’annoncer qu’elle m’avait menti sur un point, sur le degré de son amnésie qui était bien plus important que celui du soir de l’accident. Un léger froncement de sourcil en entendant cela, la pauvre déjà qu’une légère amnésie n’est déjà pas évidente mais à ce degré-là, cela ne devait pas être facile à vivre. Quatre années de sa vie qui s’envole de la sorte aussi facilement que l’on respire, cela devait être horrible, assurément. Posant ma main sur son épaule pour comme essayer de la rassurée, de l’encouragée, peu importe pourquoi dans le fond. « C’est dingue ça ! Tu m’étonne que tu pète un plomb, c’est totalement compréhensible. Après si jamais tu as besoin d’un coup de main pour t’aider en quoi que ce soit, je suis là ! ». Dis-je sincèrement, j’avais l’envie de l’aider, de l’épauler dans cette démarche qu’elle faisait afin de retrouver sa mémoire. « Après, comme je disais tout à l’heure, les réponses peuvent parfois être terrible, prépare toi mentalement pour tout ce que tu apprendras d’ici peu… ». Dis-je en essayant de lui sourire pour ne pas la faire flipper encore plus qu’elle ne l’est déjà. On dit souvent que la vérité est ailleurs non ? C'était dans une série ça il me semble...
Je ne me suis jamais sentie aussi déstabilisée ni aussi perdue de toute ma vie. Aussi vulnérable, réellement. Les émotions me heurtent par vagues immenses les unes après les autres : la terreur, la colère et la culpabilité sont le trio dominant de ce ballet incessant. Moi, qui suis plus souvent dans la retenue que l'inverse, je suis strictement incapable de me maîtriser en cet instant précis. Je pleure dans les bras d'une totale inconnue, avant de lui révéler la vérité sur mon amnésie. Sur le fait qu'il me manque bien d'autres souvenirs en plus de celui de l'accident. Durant mon coma, mes proches ont enterré une femme que j'ai aimée, puis tuée. Et dont le prénom sonne pourtant creux à mes oreilles.
Peut-être aurais-je dû me taire face à Nico. Essuyer mes larmes, reprendre un poil de contenance, la remercier pour sa franchise et quitter son appartement. Mais je ne le peux pas. Je crois que si je tentais de me relever, je finirais de nouveau sur le sol du balcon. Sans compter que Nico me paraît réellement touchée par ce qui m'arrive. Qu'ai-je encore à perdre, en me confiant à elle ? A celle qui a su me sortir de mon véhicule avant qu'il ne prenne feu, qui m'a littéralement sauvé la vie ? Je sais qu'elle n'aura pas d'autres pièces du puzzle à me donner. Mais ce n'est pas pour ça qu'elle ne peut pas m'apporter son aide. Et là, maintenant, la seule et unique chose dont j'ai besoin, c'est d'une présence réconfortante.
Nico ouvre de grands yeux lorsque je lui expose la situation exacte. Elle ne s'attendait évidemment pas à une telle révélation. Les amnésies rétrogrades sont déjà des diagnostics rarement posés en règle générale. Et celles qui, comme la mienne, nous retirent nos souvenirs sur plus de quelques heures voire quelques jours sont quasi inexistantes. Nico finit par plonger son regard dans le mien. « Si jamais tu as besoin d’un coup de main pour t’aider en quoi que ce soit, je suis là ! » J'acquiesce, sourire reconnaissant aux lèvres. Elle n'en a pas conscience, mais elle fait déjà beaucoup en étant simplement là. En m'ayant ouvert sa porte, tout à l'heure. En me laissant me reprendre sans aucune forme de pression. « Après, comme je disais tout à l’heure, les réponses peuvent parfois être terrible, prépare toi mentalement pour tout ce que tu apprendras d’ici peu… » Elle a raison. Je viens justement d'en faire les frais.
Et c'est précisément là que ça se corse pour moi. Je fais face à deux chemins et n'ai aucune idée de celui qu'il me faut emprunter. D'un côté, je ne me vois pas ne pas retrouver les quatre ans qui me font défaut. On ne parle pas d'un mois, là. Mais de presque cinquante d'entre eux, durant lesquels mon entourage a évolué. Mon lien avec chacun aussi, sans doute. J'ai la terrible impression de ne plus connaître ma famille, mes plus proches amis. D'un autre côté, il y a le Docteur Evans qui m'explique à quel point cette amnésie est liée à un traumatisme important. Si je veux recouvrer la mémoire, il va me falloir briser les murs érigés par mon esprit dans le but de me protéger. Autrement dit, je dois ré-apprendre la vérité afin de rendre l'amnésie inutile, et ainsi regagner l'accès au pan de mon existence qui a été mis sous clé. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Ne devrais-je pas plutôt me concentrer sur l'avenir, et laisser ce passé manifestement douloureux où il est ?
« J'en ai conscience. Je sais que les circonstances de l'accident ne sont probablement que la partie visible de l'iceberg. Mon médecin a été très clair à ce sujet : si j'ai oublié quatre ans (et pas deux, ou un, ou juste une poignée de jours), ce n'est pas un pur hasard. » Nico a peut-être d'autres questions à me poser mais je pense avoir eu ma dose de complications ce matin. Je me remets debout, non sans m'accrocher à la rambarde, et constate que mon corps a repris quelques forces. « Je ne vais pas t'embêter plus longtemps. J'ai déjà bien assez abusé de ta générosité. » Mes lèvres s'étirent en un demi-sourire et j'essuie mes joues humides d'un geste prompt. Nico semble presque déçue que je la quitte. L'attention qu'elle me témoigne réchauffe mon cœur meurtri. « Tu peux peut-être me laisser ton numéro ? » Je lui demande en récupérant mon portable dans le Jeans et en le lui tendant afin qu'elle puisse s'enregistrer parmi mes contacts. « Si un café te dit, à l'occasion. » Mais ce n'est pas la raison principale de ma proposition. Le ton de ma voix se fait plus sérieux alors que j'ajoute. « Je suis en vie grâce à toi, Nico. Alors si je peux faire quoi que ce soit, n'importe où, n'importe quand… N'hésite pas, d'accord ? » J'espère avoir l'occasion de tenir cette promesse, un jour. Car sans elle, j'aurais perdu bien davantage que des souvenirs…
On ne se connaissait pas depuis longtemps, à peine quelques heures en réalité. Pourtant cette femme m’avait touchée en plein cœur, pourquoi ? Je n’en savais rien, du moins tout ce que je pouvais dire c’est qu’elle avait toute ma compassion car je n’aimerais pas être à sa place et qui le voudrait. Ne pas se rappeler de quatre longues années, serait un supplice inhumain pour quiconque. Mais en plus de cela, rajouter le fait qu’elle ne se rappelle même plus de la personne qu’elle aimait et qui est morte ce soir-là dans l’accident. Ce qu’elle devait ressentir comme peine devrait ne pas pouvoir tenir dans n’importe quels contenants existant tellement que sa peine était grande. La voir pleurer devant moi était tellement déchirant que je me retenais du plus profond de moi pour ne pas la suivre tant elle m’arrache mon cœur en morceau. Par contre, je devais la mettre en garde ce qui l’attendrait en cherchant des réponses, bien sûr qui lui fallait des réponses, tout le monde en voudrait mais fallait qu’elle se tienne prête à affronter des réponses qui pourraient ne pas lui plaire. Parfois, il ne vaut mieux rien savoir pour ne pas être blessé, même si affronter la vérité pourrait lui rappeler de mauvais souvenirs, elle avait l’air d’être bien décider à les affrontés.
« Ouais ce n’est pas rien Lex ! Je te souhaite bien du courage en tous les cas et si jamais... tu sais où me trouver. ». Dis-je en hochant la tête et en croisant les bras, tout en plongeant dans son regard encore bien triste et humide après tant de larmes. Je prends un post-it pour venir lui écrire mon numéro de téléphone et ensuite je viens lui tendre ledit post-it avec un sourire en prime. « Tiens ! Tu peux me joindre à n’importe quelle heure. Pour le café, c'est quand tu veux également. ». Lui dis-je sincèrement en lui tenant sa main qui venait d’attraper le post-it. La jolie Lex venait de prendre la parole pour venir encore me remercier de l’avoir sauvé ce soir-là ! Un léger sourire venait d’apparaitre sur mon visage, même si j’aurais voulu en faire bien plus et sauver sa copine par la même occasion. Me disant également que si un jour, j’avais besoin d’elle, je pourrais compter sur elle. Un sourire un peu gêné tandis que je venais de relâcher sa main pour reprendre la parole. « Ok je prends note alors ! Même si tu ne me dois rien. Sait-on jamais, un jour j’aurai peut-être besoin d’un service, ou d'autre chose... ». Dis-je tout en la fixant, cette fille était tellement courageuse avec tout ce qui lui était arrivée, une femme d’une très grande force. Il en fallait pas plus pour clore notre petite discussion, tandis que je la raccompagnée vers ma porte en la saluant à l’aide de ma main, tandis qu’elle s’en alla subtilement vers les escaliers.