| Your matches still light up the sky | leolie #12 |
| | (#)Dim 15 Mar 2020 - 13:27 | |
| « Je t'ai apporté des trucs très utiles d'importance absolument capitale. », que je lance, grand sourire aux lèvres, la tête dépassant à peine de la pile d'objets que je trimbale entre mes bras. Oui, Charlie emménage dans un appartement tout neuf, donc j'estime qu'il est de mon devoir de l'encombrer encore plus. Pour une fois, je ne me suis pas perdu en venant. Il y a de l'amélioration. Lorsque je pose les paquets cadeaux que je tenais jusque là dans les mains, mon alliance s'accroche au papier. Elle me rend la vie difficile, cette alliance. Pourtant je la garde à mon annulaire, comme la promesse d'un truc dont je n'ai pas encore conscience. Je me poserai des questions existentielles plus tard.
« J'ai pas dévalisé les boutiques. C'est juste le strict minimum. » Evidemment. Des paquets de popcorn à faire chauffer au micro-ondes, des jouets marrants pour les bébés - même s'ils sont encore trop petits, je savais que je n'aurais pas dû les acheter, je le savais, je le savais - beaucoup de chocolat de toutes les couleurs, un livre de recettes faciles et rapides et des bières. « Pardon. J'ai paniqué. Il est où ton micro-ondes ? » Il est cool, cet appartement. Bien situé, en plus. Enfin, pour moi, ça fait loin en vélo. Il me faudra faire preuve de calme pour prendre les transports sans oublier de m'arrêter à la bonne station, ou que sais-je. Avant d'attraper un paquet de popcorn, j'attrape l'un des deux paquets cadeaux. Le rouge, avec un énorme nœud dessus. « C'est un truc qui prendra probablement la poussière. Mais c'est cool. Je ne pouvais pas ne pas t'encombrer avec. » Dedans, elle trouvera une boîte à musique en bois. J'ai commandé le mécanisme sur un site louche, mais elle joue bien You're My Best Friend, de Queen. La boîte en bois qui contient le mécanisme, je l'ai assemblé moi-même. Elle est gravée de son prénom, sur le couvercle. C'est cheesy, ok. Mais il faut marquer le coup, non ? Le coup de quoi, d'abord ? On croirait à des cadeaux d'adieu. Je ne veux pas que ça sonne comme ça. « J'ai ramené un pull que t'as oublié chez moi, aussi. Promis, le chat n'a pas trop dormi dedans. » Si.
Et parmi tout le bordel que j'ai ramené avec moi, il y aussi les grandes planches de dessins que j'ai commencé à esquisser pour la fresque que je voudrais faire où Charlie me laissera la place. Elle a un nouvel appartement. Elle a des bébés. Je suis marié. Nous avons beaucoup grandi, cette année. Beaucoup trop à mon goût. Beaucoup trop vite, aussi. J'en ai presque le vertige. |
| | | | (#)Ven 20 Mar 2020 - 15:09 | |
| Il vient de pulvériser le record du nombre de mots à la seconde, là, c’est sûr et certain. Le problème c’est que Charlie n’en a pour le moment rien à faire qu’il lui ait ramené du sable de la cité enfouie de l’Atlantide ou même la Toison d’or, quand tout ce qu’elle veut c’est prendre dans ses bras son imbécile de meilleur ami. « Je t'ai apporté des trucs très utiles d'importance absolument capitale. » C’est toi le truc très utile et absolument capital, stupide. Si elle le laisse s’avancer dans la maison c’est seulement pour ne pas qu’ils fassent tomber la pile de cadeaux d’ici à trente secondes mais une fois tout son discours terminé et ses bras ballants, ce sont les siens qu’elle vient passer autour de ses épaules dans le but de l’enlacer. Ils ne se sont pas beaucoup vus depuis la naissance des jumeaux, entre son mariage et sa lune de miel et les journées chargées de la blonde. Pourtant elle se dit que ce n’est que partie remise et qu’ils vont pouvoir rattraper tout le temps perdu dans cet appartement trop grand pour elle (elle plus deux demis, oui, d’accord).
Les paquets de popcorns tiennent miraculeusement entre les doigts du brun, la boîte à musique garde encore tous ses secrets sur la table, à côté des planches d’esquisses qu’il a sûrement travaillé des nuits entières et du pull amenant bizarrement quelques poils de chat avec lui. Pourtant ce n’est toujours pas ce qui importe le plus, quand sa tête enfouie près de son cou l’embrasse à cet endroit précis avec l’impression d’avoir raté bien trop d’événements dans sa vie. ”Micro onde là bas mais tu pars pas tant que j’ai pas trouvé ce que sent ton nouveau parfum.” Ou c’est peut être celui de sa femme qu’il sent, maintenant ? Peu importe, le problème reste le même et le mystère entier : il ne sent plus comme avant et elle a besoin de poser des mots sur tout ce qui est nouveau dans sa vie. Et il sent le fruité, maintenant, Léo. Il sent le renouveau, un peu, ou ça c’est elle qui l’invente pour se rassurer.
Comme convenu elle relâche son emprise une fois la nouvelle senteur trouvé, se dirigeant fièrement vers la cuisine avec le popcorn en main. A peine est-il posé dans le micro onde qu’elle se prépare à ouvrir ce dernier une seconde avant la fin du compte à rebours pour ne pas que l’alarme réveille les jumeaux - oui, c’est toute une organisation. ”Sur une échelle de 1 à John, tu m’en veux de t’avoir inscrit à l’émission de mariage ?” Prenant le tout avec légèreté, elle sourit franchement à son meilleur ami, ses yeux vissés vers sa nouvelle bague. Elle lui vole son annulaire, l’observe sous toutes les coutures, fait tourner l’anneau un millier de fois avant d’en venir encore et toujours à la même conclusion : il est super beau. ”Ca s’est bien passé les Philippines ? Enfin genre, le pays je me doute que ça s’est bien passé, mais avec elle ? Vous vous voyez toujours depuis ? Vous avez pu être seuls, des fois ?” Elle sait à quel point il a du mal avec la pression, raison pour laquelle elle espère de toute son âme que la réponse à la dernière question sera un oui. Pour la dernière question et toutes celles d’avant aussi.
|
| | | | (#)Sam 21 Mar 2020 - 20:44 | |
| Mes bras retrouvent vite leur place préférée sur la planète Terre (et aussi de la galaxie) : enroulés autour de Charlie. « Micro onde là bas mais tu pars pas tant que j’ai pas trouvé ce que sent ton nouveau parfum. » « Tu sens le bébé et je dis rien, moi. » Je suis bien, là. Je pourrais y rester des heures. S'il ne me fallait pas des mains pour lui offrir tous les trucs que j'ai apporté, je ferais tout ça scotché à elle. Elle m'a manqué, terriblement manqué, et j'ai l'impression d'avoir passé environ dix ans et vingt-deux secondes (précisément) sans la voir. C'est beaucoup trop. C'est une distance qui me tord le ventre, depuis qu'elle a sa vie et que j'ai la mienne, depuis qu'il est difficile de faire corréler nos deux existences pour se voir autrement que dans les pensées de l'un et de l'autre. Elle sent le bébé, Charlie. Cette odeur imprègne jusqu'à ses cheveux, contre lesquels je pose mon nez en affichant une mine faussement dégoûtée. Elle sent le bébé et elle respire le bonheur. J'aimerais mettre le tout sur le compte des hormones, du baby blues qu'elle ne vit pas et non pas sur le compte de sa propre vie, qu'elle vit un peu sans moi à cause des aléas de nos quotidiens respectifs. Si elle est heureuse, je suis heureux. Que je fasse partie intégrante de l'équation n'est pas le plus important, tant qu'elle sent le bébé et le bonheur à plein nez. Moi, je ne sais pas ce que je sens. Un peu moins la fête, un peu plus la tranquillité. Un peu moins la vie étudiante, un peu plus la panique qui m'habite à l'idée d'approcher de la trentaine.
« Je t'en veux quarante-deux. » C'est la réponse à toutes les questions existentielles. C'est aussi mon nombre préféré. Je ne peux pas lui en vouloir John, car je crois que je ne pourrais jamais le faire. Ce niveau là de colère est encore un peu trop élevé. Charlie s'est éloignée et il se trouve que j'ai un peu froid, maintenant, même si la température est largement assez élevée dans la pièce. Elle revient bien vite, pourtant, à l'assaut de la bague que je porte à l'annulaire. « Je ne l'ai pas encore perdue. C'est un miracle. » Un vrai de vrai, oui. J'aurais bien aimé n'y porter aucun intérêt, mais rien n'est vraiment simple, en ce moment. Plusieurs fois, j'ai songé la porter simplement en pendentif, autour de la chaîne que j'ai au cou. Et pourtant, la présence de cette bague dorée ne me dérange pas. Je commence doucement à m'y habituer, si bien que je suis certain de me sentir nu, si je venais à la retirer.
Elle pose les questions trop vite, la blonde. J'ouvre la bouche et la referme comme un poisson hors de l'eau, à deux doigts de poser ma main sur sa bouche pour pouvoir répondre à chacune de ses interrogations une par une. « C'était... » Je cherche mes mots, les yeux vers le plafond. C'était un moment au temps suspendu que je n'arriverai peut-être pas à décrire avec des mots. C'était une accalmie avant la tempête. « C'était reposant, étrangement. On a pu éviter les caméras quelques fois, mais il a fallu ruser. » Rien que d'y penser, j'entends le bruit que faisait la cascade où Molly et moi nous sommes rendus, le neuvième jours. « On a fait en sorte d'avoir un peu de vie privée. C'était surtout le soir et le matin, en fait. » Et parfois dans la journée aussi, quand les caméras n'étaient pas témoins de certains de nos regards complices et furibonds, nos œillades de sales gosses préparant un mauvais coup. Elle est cool, Molly. Elle a de la patience. Il lui en faut. « Elle habite à l'appartement. Partiellement, du moins. Elle n'y dort que quelques soirs par semaine, c'est juste pour, heu... Tester. C'est genre, une phase de l'émission, pour voir si on est compatibles sous le même toit. Y'a plus les caméras, on doit se filmer nous mêmes. » Sa présence me convient. Je me sens un peu moins seul dans mon appartement trop grand pour moi, quelques soirs par semaine. « Et toi, les bébés ? Tu t'habitues aux pleurs et aux réveils dans la nuit ? Il tient bien son rôle de papa, Tim ? Il te relaye la nuit et tout ? Tu me dis, sinon j'irai l'empoisonner pour lui faire comprendre qu'il a une grande mission à accomplir. » Je bats des cils, le cœur un peu tremblant, bien résolu à changer de sujet. Mais je ne raconte pas de bêtises : il a intérêt à tenir son rôle, le Timothy, sinon je me chargerai personnellement d'aller lui tirer les oreilles. |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 13:02 | |
| Ils ont toujours eu beaucoup de mal à s’écouter l’un l’autre quand ils avaient tous deux des milliers de choses à se dire, lesquelles faisaient plus ou moins de sens. Ils ont toujours été désarticulés, que ce soient dans leurs mots ou dans leurs paroles, mais c’est aussi ce qui les caractérise le plus. Aujourd’hui pourtant, c’est avec une attention nouvelle qu’elle écoute chacune de ses explications, chacune de ses intonations, chaque mot qu’il choisit avec beaucoup de précision. Il est marié. Il est marié et il ne lui en veut qu’au niveau quarante deux donc ça doit être une bonne chose, sûrement.
Elle prend note de tout ce qu’il lui apprend sur l’émission comme si elle allait un jour à participer à son tour, ce qui semble totalement impensable maintenant qu’elle a des enfants et que sa vie se range peu à peu. Ils sont loin, les deux amis intrépides qui dansaient jusqu’au bout de la nuit, entre alcool et pilules en tout genre, usant de leurs charmes pour arriver à leurs fins. Ils sont très loin, ces deux amis là, si loin qu’ils pourraient même être morts que cela ne les choquerait pas. Ils ont fait place à de nouveau eux et une fois le temps d’adaptation passé, Charlie est certaine que ce sera pour le mieux.
« Elle habite à l'appartement. » C’est à ce moment précis que si Charlie avait quelque chose dans la bouche alors elle aurait tout recraché sur Léo. Ils. Habitent. Ensemble. Quelques soirs par semaine, qu’il précise, qu’elle n’écoute pas, qu’elle n’écoute plus, qu’elle n’entend même plus. Il a l’air heureux et ça s’entend autant dans sa voix que ça se voit sur son visage. Il a l’air heureux et si c’est réellement le cas alors elle l’est aussi, autant pour lui que pour elle même. Léo est heureux, il habite partiellement avec sa femme, il a une femme. ”Elle laisse des cheveux partout ? Ils sont longs ses cheveux, ça doit être l’horreur.” De toutes les questions qu’elle aurait pu poser, celle-ci semble soudainement être la plus importante. Il n’y a aucune jalousie dans ces mots alors que quelques mois plus tôt à peine c’était elle qui laissait traîner ses mèches blondes de partout. Ce qui compte avant toute chose c’est son bonheur et elle a l’air de lui en donner à foison. Tant qu’elle continuera de le rendre heureux alors Charlie ne lui reprochera rien, mais à la seconde où ça change alors il y a fort à parier qu’elle saura mettre à exécution tout ce qu’elle a appris aux côtés d’Ariane (et ce n’est pas une bonne nouvelle pour Molly, ça).
Ce n’est pas parce qu’il n’a eu le droit qu’à une seule question sur Molly que c’est la seule qu’elle avait en réserve. Au contraire, elle va sûrement les distiller pendant de longues et interminables heures. « Et toi, les bébés ? Tu t'habitues aux pleurs et aux réveils dans la nuit ? Il tient bien son rôle de papa, Tim ? Il te relaye la nuit et tout ? Tu me dis, sinon j'irai l'empoisonner pour lui faire comprendre qu'il a une grande mission à accomplir. » Elle sourit, passe son bras autour des épaules de Léo avant d’ouvrir le micro onde et libérer l’odeur de pop corn fraîchement préparés (et brûlants, très brûlants, faut pas se brûler). Ses lèvres se posent furtivement sur sa joue, elle laisse planer une seconde de silence, le temps pour eux de déménager sur le canapé du salon. ”On s’habitue à dormir deux heures. Enfin je crois. Enfin j’espère tu vois, c’est comme un lendemain de soirée où il faut retourner en cours mais … y’a des bébés qui pleurent au lieu de gens qui chantent.” C’est comme un lendemain de soirée, c’est tout comme un lendemain de soirée. Il faut simplement s’en persuader, sûrement. Elle pioche les grains éclatés un à un, sent le sel attaque le bout de ses lèvres. ”Il fait au mieux. Il vient quand il peut.” Elle ne le veut pas à nouveau dans sa vie. Pas déjà. L'appartement aurait largement la place de l’accueillir nuit et jours mais ce n’est pas ce qu’elle veut pour le moment. Ils ont besoin de temps et elle est persuadée que ça aussi c’est pour le mieux. ”Calme toi Néron y’a personne à empoisonner encore.” Elle rigole finalement, lui tend sa part du butin de pop corn. ”Tu voulais dessiner quoi dans la chambre des jumeaux ? Tu m’as jamais dit.” Et elle n’a pas pris le temps non plus d’observer les esquisses qu’il a ramené, trop occupée à l’enlacer.
|
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 18:31 | |
| « Elle laisse des cheveux partout ? Ils sont longs ses cheveux, ça doit être l’horreur. » J'ai un petit rire. A vrai dire, je suis un habitué des envahisseuses, entre Molly et elle. « Elle laisse ses cheveux dans le lavabo. Mais je râle, t'en fais pas, je ne me laisse pas marcher sur les pieds. », que je lui assure, le menton redressé. Elle sait que ce n'est pas vrai. Je ne râlais déjà pas quand elle laissait ses cheveux dans le lavabo. Ou alors, juste pour la forme. Je suis content, d'avoir de la compagnie. Je suis content aussi que ça ne soit que quelques soirs par semaine, pour l'instant. Il me faut un peu de temps pour adapter mon espace. J'avais déjà commencé à me préparer à cette éventualité en accueillant Archie. « Je suis étonné que tu me pose cette question et pas "où est-ce qu'elle cache son maquillage, que je puisse y mettre de la mort aux rats dedans ?" » J'abuse à peine.
En tout cas, moi, je ne modifie rien de mes habitudes : Timothy est la prochaine cible de mes menaces. Mais je ne vois pas ses affaires, dans l'appartement. Je ne le vois pas lui non plus. J'espère pour son intégrité physique qu'il n'est pas un père en fuite, car son nom grimperait alors tout en haut de la liste de ceux inscrits sur mon Death Note. L'odeur de popcorn envahit la pièce, et je me retrouve à nouveau contre Charlie, qui a cette fâcheuse tendance à me rappeler qu'elle est plus grande que moi sans même s'en rendre compte. Des années que ça arrive, et ça, ça ne changera pas : mon ego en prend toujours un petit coup microscopique, l'espace d'une seconde. « On s’habitue à dormir deux heures. Enfin je crois. Enfin j’espère tu vois, c’est comme un lendemain de soirée où il faut retourner en cours mais … y’a des bébés qui pleurent au lieu de gens qui chantent. » Suuuper. Énorme ambiance. C'est décidément un truc d'adulte, de se réveiller à cause des bébés qui pleurent et pas parce qu'un type ivre nous tombe dessus. C'est décidément un truc que je ne veux pas expérimenter tout de suite, voire jamais. Les bébés des autres non, les bébés de Charlie à la limite, mes propres bébés c'est hors de question. Le canapé du salon est plus agréable pour échanger les nouvelles du front (car nos vies sont un peu comme des champs de bataille miniatures sur lesquels sont disposés des obstacles tels que des alliances, ou des couches de bébé). Tim fait au mieux. Je me retiens de lever les yeux au ciel. « Tu devrais lui envoyer des couches pleines par la poste. » Pour le rappeler un peu à son devoir sacré. « Y'a personne à empoisonner, pas encore. », que je souligne en vrillant son regard du mien, les sourcils haussés.
Elle mange tous le popcorn, comme d'habitude. J'ai bien fait de lui en acheter dix tonnes. Quand ses gosses seront en âge d'en manger, ça sera la guerre. « Tu voulais dessiner quoi dans la chambre des jumeaux ? Tu m’as jamais dit. » Là, mes yeux s'illuminent. Je bondis du canapé, ne reviens qu'avec mes planches et mes croquis. « Alors. J'ai eu pleins d'idées. » Je lui montre des planches de toutes les couleurs, des jungles sauvages et des oasis splendides, des koalas et des éléphants, d'immenses steppes et des formes géométriques, où se perdent des créatures fantastiques. J'ai eu le temps de potasser, en allant un tout petit peu moins à l'atelier. Juste un tout petit peu moins. Mais mon préféré, celui sur lequel j'ai le plus travaillé, c'est celui qui représente des dinosaures. « J'ai fait des croquis avec tous les dinosaures, puis leurs noms, parce que c'est essentiel de tous les apprendre. » Les petites voitures et les dînettes, c'est surcoté. Les meilleurs jouets restent et resteront les dinosaures. « J'ai dessiné pleins d'arbres, aussi. T'as qu'à choisir ceux que t'aimes le plus, je ferai des dinosaures au milieu d'une forêt. Je t'accorde également le droit de choisir les dinosaures que tu veux. » Je ponctue mes explications de battements de cils qui se veulent attendrissants. Je n'ai proposé aucune autre option pour les dessins que j'ai présenté avant, parce que je veux secrètement qu'elle choisisse les dinosaures. Et si ce n'est pas ça qu'elle veut, j'en dessinerai un géant dans sa chambre, pour me venger. |
| | | | (#)Lun 23 Mar 2020 - 1:25 | |
| Léo, fier résistant contre l’envahisseur arrivant en robe de mariée. Elle imagine déjà la scène. Et c’est hilarant.
“Parce que voyons ça ne va servir à rien de mettre de la mort aux rats dans son maquillage, sauf à part peut être son rouge à lèvre.” Le sourire sur ses lèvres grandit doucement, comme le font les pires acteurs dans les pires films d’horreur (moins plus moins ça donne plus, c’est bien ça ? Ca n’a pas changé, hein ?). “Mais si tu me dis où est ce qu’elle range ses pilules pour bronzer plus vite, là, je dis pas non.” Ou ses pilules pour bronzer tout court, peut être, parce qu’elle est d’une pâleur incroyable. Aussi pâle que Charlie pour qui on doute couramment de ses origines australiennes (et à qui on répond par un “aaaah” dès lors qu’on apprend qu’elle est aussi à moitié irlandaise). Le pire dans tout ça c’est qu’elle n’a encore rien à reprocher à Molly et aucune envie de meurtre à l’horizon, mais il lui a tendu une perche tellement grande que jamais elle n’aurait pu ne pas la prendre. Il se prépare au pire et il a sans doute raison, lui qui sait mieux que personne qu’elle le défendra bec et ongle au moindre faux pas de sa femme.
Une fois posés sur le canapé, Charlie lit dans ses mots des reproches contre Tim qu’il ne prend pas la peine de voiler et plutôt que d’y répondre elle préfère plutôt venir se poser contre lui. Lui dérobant le sachet de pop corn, elle se laisse lentement couler sur le canapé avant de venir poser sa tête dans le creux de l’épaule de son meilleur ami, le reste de son corps épousant les formes du sien. Peut être que ce n’est pas le cas pour Léo mais de son côté en tout cas c’est certaine : ils sont parfaits, là, bien loin des couches pleines à envoyer par courrier.
Le repos est pourtant une chose abstraite lorsqu’on a pour meilleur ami une véritable pile électrique sur pieds, laquelle décide qu’il est déjà temps de se remettre en marche pour courir ramener toutes ses esquisses et autres idées. La blonde regarde la scène d’un air amusé, gobant les grains un à un, sagement, tout en lui demandant de faire attention à ne pas trop monter dans les décibels. Les propositions s’enchaînent à vitesse grand V alors qu’elle fait au mieux pour toutes plus ou moins les retenir. Des dinosaures et des arbres. Noté capitaine. C’est une bonne idée. Elle aime. Elle aime beaucoup, à vrai dire, et elle trouve la combinaison attendrissante (ok elle aurait trouvé ça attendrissant s’il n’y avait eu que les dinosaures aussi, ne mentons pas). ”Okay prend des notes j’ai attendu toute ma vie pour ressortir les noms de dinosaures appris dans Jurassic Park.” Elle annonce, prépare déjà le terrain, fière au possible alors qu’elle replace une mèche de cheveux à l’arrière de sa nuque. ”Des Ptéranodons parce que c’est mignon, des Brachiosaures parce que c’est incontournable, des Tricératops parce qu’ils sont adorables, un T-Rex pour leur rappeler Ariane et leur dire que s’ils sont pas sages elle va les manger.” Elle marque une pause et hoche de la tête pour compléter ses paroles sur la rousse, sérieuse au possible. ”Et un Plésiosaure comme ça je l'appellerai Nessy.” Un de ses milliers de rêve qui deviendra ainsi réalité. Elle éclate finalement de rire avant de montrer les arbres de son choix à Léo, ne se basant sur aucune cohérence que ce soit mais seulement sur les couleurs et les formes de ces derniers. Parce que c’est cool. “Tu viens quand tu veux pour le dessiner. Enfin faut que tu sortes les bébés de la chambre pour pas les étouffer avec les produits chimiques mais bref, tu vois. Je te ferai un double des clés quand j’aurai le temps.” Elle est prête à le supplier de ne pas tuer les bébés pendant au moins une minute tellement elle doute de sa connaissance à propos de leur fragilité bien loin d’être seulement apparente. ”Et à Molly ? Tu lui as dessiné des trucs ? Genre des arbres ? Genre des Nessy ? Ou … tu lui as dessiné ta maison ? Tu lui as dessiné tes chats ? Elle aime les chats au fait ou va falloir que tu lui mentes à elle aussi quand tu diras “promis Socrate n’a pas dormi sur son pull” ? Pourtant elle l’aime Socrate, Charlie. Même s’il perd ses poils. Même s’il perd beaucoup ses poils.
|
| | | | (#)Dim 29 Mar 2020 - 18:17 | |
| Elle veut déjà la tuer. Elle veut déjà la tuer mais c'est fair, moi aussi je ne parle que de trucider Timothy dès que j'ai l'occasion de le faire. On pourrait faire un bingo avec toutes les techniques qu'on utilise chaque fois en pensées et en mots pour assassiner les partenaires de l'autre.
Je fais attention de ne pas faire trop de bruits, pour ne pas réveiller les bébés. C'est difficile, pourtant, de ne pas courir partout à l'intérieur de cet appartement tout neuf que je n'ai pas encore colonisé de thé malencontreusement renversé par terre. J'ai hâte que ses enfants soient en âge de dessiner partout, même sur les murs. Ça sera très chouette, de les encourager à griffonner "le portrait de maman" en bonhomme-bâton sur le papier peint. Dans leur chambre, ils n'auront qu'à continuer de dessiner des dinosaures, puisque c'est ce que je voudrais vraiment peindre là-bas. J'ai arrêté de voler du popcorn pour essayer de me concentrer sur la réalisation de mon meilleur regard de chien battu. Il faut qu'elle accepte de me laisser peindre des dinosaures et des arbres. Ne pas oublier les arbres. « Des Ptéranodons parce que c’est mignon, des Brachiosaures parce que c’est incontournable, des Tricératops parce qu’ils sont adorables, un T-Rex pour leur rappeler Ariane et leur dire que s’ils sont pas sages elle va les manger. » « Tu es horrible. C'est d'accord. » Pauvres enfants menacés par le dinosaure Ariane. Charlie choisit aussi les arbres et je coche le tout à force qu'elle me les montre du doigt, en hochant la tête. Lorsque tout est enfin sélectionné, je range les croquis dans la grande chemise de carton vert avec laquelle je suis venu. « Mais oui. Je te donnerai des jours, tu me diras quand t'es dispo' pour que je vienne squatter. Oh, pourquoi on ne proposerait pas à Cian de m'accompagner ? C'est lui, le parrain de l'autre équipe. » Le parrain que Ariane et moi, on affronte dans une compétition acharnée qui rendra Gabriel "meilleur être humain de la planète" d'ici quelques années.
Bien sûr, qu'on se remet à parler de Molly. « Et à Molly ? Tu lui as dessiné des trucs ? Genre des arbres ? Genre des Nessy ? Ou … tu lui as dessiné ta maison ? Tu lui as dessiné tes chats ? Elle aime les chats au fait ou va falloir que tu lui mentes à elle aussi quand tu diras “promis Socrate n’a pas dormi sur son pull” ? » « Ouh. Ça fait beaucoup de questions. » Je me concentre un instant pour me rappeler l'ordre des questions et prends une grande inspiration avant de donner mes réponses, une à une. « J'ai fait un dessin d'elle, quand on était en voyage. C'est celui que j'ai posté sur Instagram. Elle est vétérinaire. Du coup j'ose espérer qu'elle va bien cohabiter avec les chats. Pour l'instant, Socrate se méfie. » Il se méfie de tout le monde, sauf de Charlie. Il aime beaucoup Charlie, en fait, tant et si bien que je pourrais presque lui donner le chat qu'il ne se rendrait même pas compte que je ne suis plus là. « Elle s'est donnée pour mission d'apprivoiser Socrate. Et elle veut lui donner tous ses pulls. Je lui ai dit que c'était une manœuvre risquée, mais elle s'en fiche. » Je hausse les épaules, léger sourire aux lèvres. « Elle est chouette, avec moi, tu sais. Patiente, et tout. Elle ne s'énerve pas quand je râle pour un rien. Elle fait des blagues. Elle mange tout mon chocolat. » Ça, ça c'est scandaleux, par contre. « Elle prend moins de place que toi dans le lit, par contre, et elle elle ne prend pas toute la couette au moins. » Je vole d'autres popcorn, grand sourire narquois vissé au visage. « J'ai trop peur qu'elle veuille me présenter sa famille, par contre. Genre... vraiment présenter, tu vois. Si elle me propose un repas avec eux, je suis sûr que je vais partir en courant. » Le pire, c'est que je ne blague pas du tout. Je balaie le sujet du revers de la main. « Bref, je me débrouillerai pour lui éviter de penser qu'elle peut me proposer ce genre de trucs. T'es sûre que les bébés ne sont pas réveillés ? A l'atelier de maternité, avec Ariane, on a appris des supers techniques pour porter les bébés et je dois m'entraîner. » Et puis, ok, ils sont adorables les bébés de Charlie, avec leurs petits pieds et leurs petites mains, même s'ils bavent et pleurent - parfois les deux en même temps. |
| | | | (#)Mar 31 Mar 2020 - 0:40 | |
| Beaucoup de questions amènent logiquement beaucoup de réponses et on ne peut pas dire que Léo rechigne sur les explications, bien au contraire. Il répond avec précision à chaque point évoqué par son amie et c’est bien là qu’elle le reconnaît, son meilleur ami du tonnerre qui vaut tous les amis de la terre entière. Elle ne peut totalement cesser de se méfier de sa nouvelle femme sortie de nulle part mais elle reste une alliée de taille pour le moment, elle qui semble pouvoir redonner le sourire à Léo alors que Charlie était trop occupée avec sa propre vie pour pouvoir le faire. Elle a pris le relais sans que personne ne lui demande quoi que ce soit et c’est un acte que la Villanelle ne saurait jamais oublier, peu importe comment les choses pourront un jour évoluer entre les deux époux. Époux. Oh, tout a tellement changé. « Je lui donnerai un de mes pull comme ça Socrate pourra baisser sa garde et là elle en profitera pour l’attaquer avec ses croquettes préférées. » Elle avance, propose des alternatives, donne ses trucs et astuces pour apprivoiser le petit Socrate. L’avis des chats de Léo comme tout autant que celui des êtres humains si ce n’est même plus.
Les cheveux dans le lavabo, la vétérinaire, Socrate, le chocolat. Oh il en a des choses à dire, sur sa Molly. Et ce n’est que du bon, alors ça devrait contenter Charlie et la rendre heureuse à son tour. « Ouais ouais ouais, elle te pique pas la couverture parce que c’est que le début. D’ici un mois tu dors par terre, mon gars. » La blonde lève les yeux au ciel avec un sourire plus grand que de raison, sa première passion dans le monde restant de se moquer de son meilleur ami de toutes les manières possibles. Ça, et le fait qu’elle ne puisse pas accepter qu’il compare sa manière de dormir à une autre qu’il ne connaît que depuis quelques semaines. Elle aussi elle ne prenait que deux centimètres de long sur le lit au début et après et - ouais nan, elle a toujours pris toute la place. Et toute la couette. Désolée, Léo.
« Léo ... » Oh si elle parle de passer au stade ‘sérieux’ avec lui alors cette inconnue va le perdre dans la seconde. Il y a des mots à ne jamais évoquer avec le Ivywreath et celui-ci en fait partie. Charlie le sait depuis le tout début, c’était noté dans les premières lignes de leur accord tacite. Elle le sait et le reste du monde l’ignore encore, Molly avec. « S’il n’y avait pas cette bague, » Ses mains enveloppent ses doigts, lui cachant l’anneau hors de sa vue pour appuyer au mieux ses paroles. « tu penserais à te poser avec elle ? » Se poser au lieu de ‘s’installer’, au lieu de ‘fonder une famille’, au lieu de ‘se marier hors d’une émission de télé-réalité’, au lieu de ‘ne voir plus qu’elle dans ta vie’. Se poser, au lieu de tout ça, une étape à la fois, un problème à la fois aussi.
Il demande à changer de sujet et jamais elle ne pourrait lui refuser une telle demande. « C’est bientôt l’heure du biberon de toute façon. Tu veux t’occuper de Gabriel ? » Ce n’est absolument pas l’heure du biberon mais il vient de lui avouer à demi-mot avoir envie de s’occuper des bébés (de son filleul, seulement de son filleul) et elle ne peut pas le lui refuser. Dans un sourire elle se lève la première sans réellement attendre la réponse de son ami, se dirigeant dans leur chambre en gardant la lumière éteinte pour ne pas brusquer les choses. Elle se dirige vers le berceau de Willow et pointe du doigt celui de son frère, faisant preuve d’une confiance totale envers le jeune marié. « Ils vous ont aussi appris à doser la poudre pour le lait ? Avec la température ? » Qui sait, peut être qu’il est même mieux formé qu’elle au métier de parent.
|
| | | | (#)Mar 31 Mar 2020 - 15:38 | |
| Socrate se méfie, mais pas pour longtemps. Socrate est long à apprivoiser, même si Charlie a très vite su comment acquérir son affection. Mais il n'y a pas que ça, de nouveau. Il y a aussi que Molly ne prend pas toute la couette et que j'en suis bien surpris. Je n'ai pas l'habitude, alors je suis sur mes gardes. Je dors bien, avec elle. Je ne me réveille pas au milieu de la nuit. Elle ne fait pas l'étoile de mer. Il faudrait que je lui demande si je la dérange, la nuit, moi. Mais osera-t-elle seulement me dire que oui ?
Charlie sait combien la suite me fait paniquer. Je n'ai même pas besoin de lui faire de dessin. Elle sait combien je suis capable de partir en courant à la moindre évocation des mots clefs "parents", "bébés" et autres "contrats de logements". En matière de lâcheté, j'ai assez fait mes preuves auprès de Clément. « S’il n’y avait pas cette bague, tu penserais à te poser avec elle ? » Ses mains se sont enroulées autour des miennes et j'observe, entre deux morceaux de peau, cet anneau brillant que je porte désormais depuis plus d'un mois. Je m'y suis fait, je crois. Je ne le sens plus. Il n'alourdit plus ma main. Je ne pense plus à l'accrocher autour de mon cou plutôt que de le porter accroché à mon annulaire. « Je ne sais pas. », que j'avoue dans un soupir. « Je l'aime bien, mais c'est compliqué à dire. Je crois que oui. » S'il n'y avait pas quelqu'un d'autre. Si le quelqu'un en question ne prenait pas déjà toute la place. Si le quelqu'un d'autre n'existait pas. « J'ai peur qu'elle ne me le dise pas, quand ça ne va pas. » J'ai peur que nous n'arrivions jamais à vraiment communiquer correctement, que nous ne parlions jamais le même langage. J'espère que nous arriverons à nous apprivoiser mutuellement, elle et moi.
C'est aisé, de changer de sujet de conversation. Je ne remercierai jamais assez Charlie pour sa compréhension. Avec elle, je n'ai jamais vraiment besoin de parler longtemps. Tout est assez naturel, tranquille, sans réel besoin de forcer pour passer à autre chose. « C’est bientôt l’heure du biberon de toute façon. Tu veux t’occuper de Gabriel ? » « Je peux ? » C'est un sourire ravi qui accompagne les mots de ma meilleure ami et les miens. Une poignée de secondes plus tard, nous nous retrouvons dans la chambre des enfants, qui sommeillent encore. « Ils vous ont aussi appris à doser la poudre pour le lait ? Avec la température ? » Je me concentre, alors que la blonde me désigne le berceau de mon filleul. Mon. Filleul. Qui aurait un jour pensé qu'on me laisserait autant de responsabilités ? « Je ne m'en souviens plus.. Mais par contre, je connais de super positions de yoga pour femmes enceintes. » Oui oui, vraiment. De drôles d'exercices, que nous avons appris avec Ariane. De drôles d'exercices qui ne serviront probablement jamais, entendons-nous bien. Tout doucement, je me penche au dessus du berceau de Gabriel. Mes doigts se glissent sous sa nuque et je m'efforce de prendre l'enfant dans mes bras avec le plus de délicatesse possible. J'alterne mes regards entre Charlie et le bébé, pour m'assurer que je fais les choses bien. Déjà, le bébé s'agite, se tortille, et je suis certain de sentir mon cœur faire un bond. « T'es pas content ? Oui, non, c'est pas maman. Non, c'est pas papa non plus. Oh. » Bébé s'agite encore, et je tente de le rassurer comme je le peux. Doucement, il s'immobilise assez pour que je sois très à mon aise. Un nouveau sourire se pose sur mon visage. « Qu'est-ce qu'il est léger ! », que je souffle. Mon nez se pose sur sa tête. « Il sent le bébé. » Merci pour cette intervention, Léo. « Comment tu fais quand les deux pleurent en même temps ? » Je ne sais pas pourquoi je chuchote. Certainement pour ne pas briser l'instant. « Est-ce que... Est-ce qu'il y en a un qui pleure plus que l'autre ? » Je voudrais apprendre à les connaître par cœur. Contre moi, je suis certain de sentir battre le petit cœur de Gabriel. Mes yeux se figent d'étonnement. « Wooow. » Ses petits doigts se sont enroulés autour de mon index, qu'il tire vers sa bouche. « Quelqu'un est affamé. Oh, Charlie, je crois qu'il va se mettre à pleurer. » Je jure que je vais pleurer aussi. « Non non non, ne pleure pas. Pardon. Noooon regarde, regarde, je te berce. Tu veux que je te chante une berceuse ? » Et je me mets à fredonner Killer Queen, parce que pourquoi. « Tu les berces avec Queen, rassure moi ? S'ils n'aiment pas la voix de Freddie Mercury, tu es en droit de les renier. » |
| | | | (#)Jeu 2 Avr 2020 - 11:14 | |
| Léo confesse petit à petit chacun de ses doutes, tant à propose de sa femme que de leur mariage en général et Charlie fait au mieux pour tenter de répondre à chacun d’eux de la meilleure manière qui soit. Le bonheur de son meilleur ami prime avant tout le reste, raison pour laquelle elle n’accorde que peu d’importance aux sentiments de sa femme dans l’équation. C’est simple, pourtant, il n’y a pas grand chose à retenir : Léo > all. Le all comprend tant Molly qu’elle même, le all regroupe tout autant les désirs de l’inconnu tel que le présenter à sa famille. Léo connaître la famille de Charlie mais c’est différent, bien différent. Jamais elle n’a eu à le présenter comme son petit ami (quelle folle idée) et encore moins comme son mari. Tout est compliqué pour eux qui passent du rien au tout en un temps record et qu’on vient désormais de lâcher dans la nature hostile sans aucune guide de survie et avec comme seule indication “filmez nous des trucs svp”. « J'ai peur qu'elle ne me le dise pas, quand ça ne va pas. » « T’as peur que ça n’aille pas ? » C’est tout ce qu’elle entend et tout ce qu’elle voit. Léo avant tout, encore et toujours.
Elle avorte bien vite la conversation d’elle même, pourtant. Connaissant le jeune homme mieux que personne, elle sait qu’il a besoin de se vider l’esprit et de penser à autre chose. Elle sait aussi qu’il n’a jamais réellement aimé les enfants mais que tout change quand il s’agit de son Gabriel, son neveu à lui. Elle hoche vivement de la tête pour le conforter dans sa question : bien sûr que oui il peut le prendre dans ses bras, elle a une confiance aveugle en lui.
Il use de la délicatesse la plus infinie et le sourire de Charlie n’en est que plus grand à chaque fois qu’elle pose de nouveau ses yeux sur lui et le duo qu’il forme désormais avec son filleul. Elle sait qu’elle a fait le meilleur choix possible en le choisissant lui pour prendre soin de son enfant. A son tour elle s’occupe de prendre sa jumelle entre ses bras, la berçant de l’exacte même manière que le fait naturellement son ami. « Comment tu fais quand les deux pleurent en même temps ? » « Je prie tous les Dieux pour qu’ils n’aient jamais existé et après je me dis que je suis la plus horrible mère du monde donc on va sur le canapé tous les trois et ils sont chacun dans un bras. » Elle répond du tac au tac avec décontraction tout en rigolant au milieu de sa phrase pour la dédramatiser au possible. Elle aime ses bébés, bien sûr qu’elle les aime de tout son coeur - sauf quand ils pleurent les deux en même temps, justement. Willow dans ses bras, elle effleure doucement les parties de sa peau pour la réveiller petit à petit avant qu’ils ne passent au moment du repas. Léo semble pourtant demander autant d’attention qu’elle si ce n’est plus mais ce n’est certainement pas la blonde qui risque de lui refuser quoi que ce soit, bien au contraire. « Est-ce que... Est-ce qu'il y en a un qui pleure plus que l'autre ? » Après avoir laissé ses yeux se poser un instant sur son fils qu’il tient entre ses bras, elle statue rapidement la réponse pour laquelle aucun doute n’est possible : « Ton filleul. C’est un monstre. » Elle accentue le dernier mot, sourires aux lèvres. Le petit garnement ne se calme que lorsqu’il est dans les bras de son père et autant dire que cela n’a rien de pratique quand elle doit le calmer au beau milieu de la nuit et qu’elle est justement toute seule.
Léo panique mais Léo s’en sort aussi admirablement bien pour sa première fois avec un nourrisson. Il a des gestes doux et attendris et toute sa concentration est focalisée sur l’enfant seulement. Elle le regarde avec fierté, la blonde. Elle se dit qu’il a beaucoup changé et grandi, lui aussi, quoi qu’il puisse en dire. S’il le voulait il ferait un très bon père. « Tu les berces avec Queen, rassure moi ? S'ils n'aiment pas la voix de Freddie Mercury, tu es en droit de les renier. » C’est avec un rire qu’elle quitte la pièce, sa fille de nouveau presque endormie sur son épaule.
Elle le retrouve dans la cuisine en train de préparer les deux biberons et à en vérifier la température en la testant sur son poignet. Si ce n’est pas parfait, nul doute que Gabriel saura le leur faire remarquer. « I’m in love with my car est leur préférée par contre, ils ne savent pas encore trop comment choisir de bonnes chansons. Mais c’est Queen alors je ne peux pas déjà les renier. » Sourire en coin, elle lui tend le biberon destiné à Gabriel avant de proposer le sien à la petite fille. Elle devient enseignante le temps d’une minute et mime à son meilleur ami l’inclinaison à avoir pour que le biberon soit le plus facile à boire pour l’enfant. La démonstration se conclue par un thumbs up lorsqu'il y arrive parfaitement, parce que trop de sérieux tue le sérieux. « Tu pourras venir les voir si tu veux, avec Molly. Ou même les garder si tu prépares un stock d’heures de sommeil avant de venir. » Charlie propose sans rien forcer. Ce sont ses enfants et elle en assume l’entière responsabilité mais avoir l’attention avec laquelle Léo s’occupe d’eux et cherche à bien faire, elle se dit que peut être que ça lui ferait finalement plaisir de les voir grandir de plus près.
|
| | | | (#)Dim 10 Mai 2020 - 15:49 | |
| « T’as peur que ça n’aille pas ? » « Ouais, qu'on... Je sais pas. Qu'on ne veuille pas les mêmes choses. » Ça serait normal. Nous sommes deux personnes bien distinctes, mais si Molly voulait un jour des enfants ? Si elle voulait une maison, un jardin, une tondeuse à gazon - quel enfer - et une voiture ? Elle est plus âgée de moi. Elle voudra tout cela avant moi - elle voudra tout cela quand moi je ne le voudrai jamais - et peut-être même qu'elle ne veut maintenant mais qu'elle ne me le dira pas. Peut-être même qu'elle ne dit rien juste parce qu'elle flippe de ma réaction, parce qu'elle a peur que je m'énerve, que je la jette dehors, que je découpe ses affaires en très petits morceaux très très très fins.
C'est mieux si on parle d'autre chose. C'est mieux si je me concentre sur Gabriel, immobile dans mes bras. Immobile, jusqu'à ce qu'il ne fasse sa tête de je vais pleurer, regarde moi bien, dans deux secondes ta vie est un enfer. Comment fait-elle, Charlie, quand ils font cette tête là ensemble, ligués contre elle toute seule dans son chez-elle vide ? « Je prie tous les Dieux pour qu’ils n’aient jamais existé et après je me dis que je suis la plus horrible mère du monde donc on va sur le canapé tous les trois et ils sont chacun dans un bras. » « Tu dois avoir des bras de boxeuse. » Gabriel s'agite, mais je fais tout mon possible pour le maintenir au creux de mes bras, confortablement installé. Son petit visage rond m'arrache un sourire, quand il me détaille des yeux comme si j'étais la chose la plus curieuse qu'il ait vue de tout sa vie. Courte, d'accord, mais quand même. « Ton filleul. C’est un monstre. » Alors c'est lui, le plus grande gueule des deux. « Il tient de sa mère. » Je fronce les sourcils, relève les yeux vers ma meilleure amie. « Parce qu'il sait se faire entendre. Pas parce que t'es un monstre. » C'est mieux corrigé. « Ou l'inverse, je ne sais plus. », que je souffle dans un énième sourire.
Nous changeons de pièce, et Gabriel a l'air d'avoir envie de mener une révolte. Son petit visage curieux s'étonne de ne pas déjà avoir été servi en lait. « I’m in love with my car est leur préférée par contre, ils ne savent pas encore trop comment choisir de bonnes chansons. Mais c’est Queen alors je ne peux pas déjà les renier. » « Ha. Oui. C'est un problème. » Il faudra y remédier. Je compte bien leur offrir trop de posters de Queen quand ils auront l'âge de comprendre quelles sont les choses bénéfiques pour leur santé mentale.
Pour l'heure, c'est le moment de prouver combien je ferais un papa génial en donnant le biberon à Gabriel. Charlie s'improvise prof, quand je tente de me rappeler les consignes du stage de maternité auquel Ariane et moi avons pratiquement fichu le feu. La langue pincée entre mes lèvres, je me concentre du mieux que je peux pour que Gabriel arrête de faire sa tête de si je pleure ça sera de ta faute et uniquement de ta faute. Bébé ne pleure pas. Bébé boit en agitant ses petites mains. Si bébé est content, je suis content aussi. A la fois fasciné et fier, je laisse s'étaler sur mes lèvres un grand sourire qui ne me quittera plus - ne m'a déjà pas quitté depuis plusieurs minutes. « Tu pourras venir les voir si tu veux, avec Molly. Ou même les garder si tu prépares un stock d’heures de sommeil avant de venir. » « Oh, je ne sais pas si... » Et si elle attrapait le truc dont tout internet parle, la baby fever ? Si au retour, tout ne soit que silence gêné et questions en suspens ? Si Molly lâchait par inadvertance des "tu ferais un papa formidable" qui me font déjà suffoquer ? Je m'arrête dans la phrase, secoue doucement la tête. Respire, Léo. Respire. « D'accord, bien sûr. Ils sont trop mignons. Me-erci. » Respire. « Pour tout. De me faire confiance. C'est... Promis, je ne lui apprendrai pas à faire des cabanes avec des clous rouillés. Ariane, je ne sais pas, par contre. » On leur apprendra à faire des sarbacanes pour emmerder tout le monde à l'école. On leur apprendra à faire des tours de magie fumeux. On leur apprendra les meilleures punchlines. « Ils ont de la chance de t'avoir comme maman. Et moi comme parrain, évidemment. » Et soudain, le monde est un tout petit peu plus clair. |
| | | | | | | | Your matches still light up the sky | leolie #12 |
|
| |