Ce putain de chien va nous causer des ennuis. Je le sais d'avance. Je refuse de mourir pour un clébard, bien que j'adore les animaux. Celui-là n'a pas l'air coriace, il ne fera pas un bon chien pour nous défendre. Et s'il est blessé, c'est la mort assurée. Peut-être bien que son sang attirera les zombies, aussi. Quel enfer. « On peut toujours essayer, je refuse de l’abattre alors qu’on ne connait rien de son état. » « Il risque de ralentir. », que je préviens. Je lui ai laissé la responsabilité du choix, mais elle connaît probablement mon issue favorite - enfin, celle qui nous laissera le plus de chances de survie. « Je refuse de l’abandonner ou de le tuer. » Elle a l'air déterminée à le garder auprès de nous. Je soupire un coup, mes épaules s'affaissent alors que le chien vient se mettre entre nous. Il n'a vraiment pas l'air farouche. « Je le porterai de mon bras libre s’il faut, et je lui donnerai ma nourriture si tu le veux vraiment pas avec nous. » « Ce n'est pas que je ne le veux pas, Molly, c'est juste que j'estime que nos vies sont plus importantes que celle d'un chien. »

Pour autant, je dépose mon sac sur le sol. Ici, nous sommes plus ou moins à couvert, et la disposition du pont nous permettra de pouvoir bouger en cas d'urgence. Je reste pour autant silencieux, en sortant une boîte de thon de mon sac. Le chien, du reste, a l'air d'avoir compris mes intentions. « Je lui laisse quinze minutes pour reprendre des forces. Après, je m'en vais. » Avec ou sans elle, peu importe - du moins, c'est ce que je tente de lui faire comprendre. Elle sait peut-être aussi bien que moi que je ne la laisserai pas en arrière. Peut-être se fera-t-elle alors une raison. « Ce n'est qu'un chien, Molly. Je sais combien c'est difficile de laisser une vie derrière nous, mais j'aimerais que tu comprennes bien que nos deux vies passeront toujours avant les vies que nous pourrons croiser en chemin. Avant toutes les vies. » Les adultes comme les enfants. La mienne avant la sienne, aussi, pour l'instant.