Une heure du matin. Il pleut. Des cordes. Par chance, il fait chaud, mais tous tes vêtements sont trempés, et finalement, à force d'être assis contre cette porte, tu commences à grelotter. Tu regardes devant toi, et tu vois cette tempête battante, qui dure depuis maintenant deux heures. Le quartier est calme, ça doit faire une bonne heure que t'as vu personne passer dans cette rue. Le seul signe de vie que t'as pu apercevoir, c'est un chat qui s'est approché de toi, mais est vite parti en courant quand t'as bougé. Dommage, t'aurais bien aimé de la compagnie, même d'une petite bête à poils. Alors, tu restes planté là, l'eau ruisselant de tes cheveux, couvrant le sol du porche d'une fine couche d'eau de pluie. Par réflexe, tu glisses ta main dans ta poche pour jeter un oeil à ton téléphone, mais tu te souviens qu'il est en mille morceaux sur le sol d'une baraque, après un énième excès de colère de ta part. Putain. Tu fermes les yeux, et ta tête cogne le bois de la porte qui se trouve juste derrière toi. Tu prends une longue inspiration, et puis, même si t'as déjà essayé à trois reprises, tu toques à nouveau à la porte, en espérant que Matthias ne t'ait pas entendu les précédentes fois, et qu'il descende t'ouvrir. Mais rien n'y fait.

Finalement, t'aurais pas du sortir ce soir. Mais c'est samedi soir, et tu peux pas t'en empêcher. T'as beau vouloir rester loin de tout ça, le monde de la nuit te rattrape toujours. Et puis, t'avais rien d'autres à faire de toute façon. Tes potes n'étaient pas disponibles, et ce garçon t'avait parlé de cette soirée, chez un de ses amis, alors t'avais débarqué là-bas. Quelle mauvaise idée de ta part. Maintenant, t'es là, face à cette porte fermée, qui n'est pas prête de s'ouvrir de si tôt. Tu la regardes un instant, et puis, tu t'adosses à celle-ci. Lentement, tu te laisses glisser contre le bois, jusqu'à ce que tes fesses retrouvent à nouveau le sol. Tu regardes autour de toi, et surprise : personne. Petit à petit, tes yeux se ferment, les quelques rails que tu as tapé à la soirée n'aidant pas. Et finalement, tu t'endors là, trempé de la tête aux pieds, à attendre encore une fois ton sauveur.

tell me that I'm alright

obaid & matthias

La journée a été longue, infinissable même. Le montage de mon film est fini depuis maintenant quelques semaines, mais la sortie a dû être déplacé. Avec les derniers événements de ce qu’il se passe dans le monde, des tonnes de gens se faisant contaminer et hospitalisé à cause de ce fichu virus du Covid-19, j’ai pris la décision avec mon équipe je reporter la sortie de mon film. Si cela est un peu frustrant, même plutôt très frustrant, la sécurité des gens est de plus grandes importances. Au cours des dernières semaines, j’ai également pris la décision de sortir de moins en moins de chez moi et de tenter d’éviter un maximum le contact avec les gens. Cependant aujourd’hui, j’ai des réunions de prévus toute la journée et je n’ai pas vraiment d’autre choix que de m’y rendre. Réunion sur réunion pour m’annoncer que les choses vont devoir ralentir, que les cinémas vont surement fermer, et que le mieux c’est de rester chez soi. C’est donc pour cela que je passe la journée à annuler d’autres rendez vous sur les semaines à venir, à annuler des réservations de studios et autres choses en tout genre. Autant dire que c’est loin d’être la journée qui me rend de bonne humeur, mais c’est comme ca. L’avantage c’est que je vais enfin pouvoir me remettre à fond sur le sport, me remettre à fond sur l’écriture de mon nouveau film, de passer du temps au téléphone avec Cora ou d’autres amis.

Il est presque une heure du matin lorsque je me gare enfin devant l’allée de devant chez moi. Régler tout m'a pris bien plus de temps que ce que je pensais. La pluie est tombée toute la journée et lorsqu’il pleut en Australie, en général ca ne rigole pas. Je suis à peine sortie de ma voiture que je suis déjà trempée de la tête aux pieds. Arrivé près de ma porte, je sursaute alors en tombant sur une silhouette recroquevillée. Je reconnais tout de suite Obaid, il a l’air trempé lui aussi et visiblement il n’a pas l’air d’avoir très chaud. Je m’accroupi et vient doucement secouer son épaule. J’ignore depuis combien de temps il est là, à peine à l’abri de la pluie et depuis combien de temps il attend surement que je rentre. « Eh O, come inside. » Je lui tends la main pour se relever et vais déverrouiller la porte d’entrée pour le laisser sortir. Je retire rapidement mes chaussures pour ne pas tremper toute la maison et vais attraper deux serviette sèches dans l’armoire. J’en donne une au brun. « What are you doing here? You must be freezing. How long have you been waiting? » Je crois bien qu’il est grand temps que je lui achète un téléphone afin qu’il puisse me contacter lorsqu’il en a besoin.

@Obaid Attar

T'as beau être en train de dormir, les images de cette soirée repassent dans ta tête. Tu te revois en train de t'amuser, avec ce mec qui t'a invité. Et puis, tu revois la dispute, quand on t'annonce que la soirée se passe chez son mec, et que tu savais même pas qu'il était en couple. Tu te revois sortir ton téléphone, et montrer à tout le monde les messages qu'il t'a envoyé, des messages qui sont loin d'être sages, et puis, tu te revois péter un plomb, balancer ton téléphone, et balancer une droite à la face du mec. Un vrai carnage. Etait-ce vraiment qu'une seule droite ? Vu la douleur que tu ressens à la main alors que t'es en train de dormir, ça devait être plus. Tu t'en souviens plus trop. Tu te souviens plus non plus de comment t'as atterri devant chez Matthias. T'as marché ? T'as pris des transports ? Aucune idée. Mais t'es là, endormi devant sa porte, grelottant parce que t'es trempé.

Et puis, les images s'arrêtent, et tu sens une main se poser sur ton épaule. Par réflexe, tu te réveilles en sursaut et t'attrapes fortement la main qui a osé te toucher, mais quand t'entends la voix de Matthias, tu la lâches immédiatement. T'as du mal à reprendre tes esprits, et il t'aide à te lever, puis te fait entrer à l'intérieur. La lumière te fait mal au crâne, et tu trouves difficilement ton chemin jusqu'au canapé, sans réaliser que t'es en train de foutre de l'eau partout. « What are you doing here? You must be freezing. How long have you been waiting? » Il te file une serviette, et tu lèves la tête vers lui alors que tu t'entoures du tissu chaud. « I don't even know dude. What time is it ? I broke my phone. » Tu passes la serviette dans tes cheveux, les séchant rapidement, avant de te couvrir à nouveau. Il peut voir dans tes yeux que t'es pas sobre. « I think I fucked up tonight. » Ces derniers mots, tu les prononces sans même oser le regarder. T'es sûr qu'il va encore être déçu, et qu'au fond, il doit en avoir mal de te ramasser à la petite cuillère à chaque fois. Mais tu savais pas où aller, et faut croire que tes pas t'ont guidé jusqu'ici de manière instinctive.

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obaid & matthias

La vie n’est pas simple, bien loin de là même. Elle vous lance souvent des épreuves, des montagnes a gravir et des chemins rudes à empreinte. Pour ma part, ce chemin difficile a toujours été ma famille, mon passé, cette partie de ma vie que j’ai aujourd’hui décidé de mettre derrière moi. J’ai grandi avec une mère qui ne s’est jamais occupé de moi, un père qui a disparu avant même ma naissance et que je n’ai donc jamais connu. C’est ma grand-mère qui m’a élevé jusqu’à mes huit ans, avant qu’elle ne décède et que je me retrouve livré à moi-même. La vie n’a pas toujours été simple, ca c’est sur, mais au fond c’est pour cela que je suis aujourd’hui l’homme que je suis. C’est parce que malgré les moments de faiblesses, comme celui de ma tentative de suicide lorsque j’avais quatorze ans, j’ai continué d’avancer. Alors lorsque j’ai rencontré Obaid dans l’association grand frère, lorsqu’il a commencé à me faire confiance et qu’il m’a parler de sa famille, j’ai compris que lui et moi n’étions pas si différent. Je me suis épris de ce gamin un peu trop paumé qui a simplement besoin qu’on le soutienne et qu’on l’aide à avancer, qu’on l’aide à s’en sortir. Je me suis promis de ne jamais le laissé tomber, de faire tout ce que je peux pour l’aider et pour lui faire sortir la tête de l’eau. « I don't even know dude. What time is it ? I broke my phone. » Je jette un coup d’oeil à l’horloge. « It’s past 1 a.m. » Je sais qu’Obaid n’a pas besoin qu’on lui fasse la morale, je sais que ce n’est pas la façon de l’aider. Alors que je lui tends la serviette il reprend la parole. « I think I fucked up tonight. » « You’re gonna stay here and we’re going to talk about it okay ? It’s gonna be fine, I promise. »

Je m’éloigne le temps d’aller chercher un jogging, un t-shirt et un pull propre, mais surtout sec. Je les pose sur le lit avant de revenir vers le jeune. « Just go take a shower and put on some warm dry clothes first okay? I put some stuff out on the bed for you. » Je ne lui laisse pas le choix, il le sait parce qu’il commence à me connaitre maintenant. Pendant qu’il part sous une douche, j’en profite moi aussi pour me sécher les cheveux et me changer de t-shirt afin d’avoir des habits secs. Je fais chauffer une casserole de lait et prépare de chocolat chaud. Les mêmes chocolats chauds que faisait ma grand-mère lorsque j’étais gosse. Lorsqu’il revient, je lui fais signe de s’assoir dans le canapé et le donne une tasse. « Tell me what happened. » Je veux savoir ce qu’il s’est passé. J’ai besoin de savoir si je veux pouvoir l’aider. Je sais que ce n’est pas simple de se sortir de cette vie, mais je vais l’aider à le faire.

@Obaid Attar

Il est 1h passé. Putain, t'as vraiment dû t'endormir devant sa porte en l'attendant. Cette soirée, c'est vraiment de la merde, en vrai. Tu repenses à tout ce qui s'est passé, et tu te dis que des fois, tu devrais t'abstenir de sortir. Tu devrais t'abstenir de laisser ton cerveau du bas penser pour toi, surtout quand ça finit de la sorte. T'es trempé, t'as plus de téléphone, et tu passes pour le pire des cons face à Matthias. C'est pas la première fois, tu m'diras, il doit avoir l'habitude. Il passe son temps à te ramasser à la petite cuillère, et toi à lui dire que c'est la dernière fois, qu'à partir de maintenant, il a plus besoin de s'en faire. Mais à chaque fois, tu trouves le moyen de rompre cette promesse et de te retrouver dans une nouvelle merde. Comme si tu les attirais, comme si t'étais un aimant à problèmes. Pourtant, lui, il a réussi à s'en sortir. Il a une baraque, une vie stable, plus vraiment de problèmes. Pourquoi lui et pas toi ? Pourquoi toi, la vie continue à te foutre dans la merde ? Tu soupires. La drogue t'aide pas à avoir des idées claires et positives, clairement. Mais malgré tout ça, Matthias arrive toujours à avoir les bons moments. « You’re gonna stay here and we’re going to talk about it okay ? It’s gonna be fine, I promise. », dit-il. Et à partir du moment où il te dit que ça va aller, tu le crois. Parce qu'à chaque fois que t'es à ses côtés, tout s'améliore, et tout va bien. Tu le regardes dans les yeux, relevant la tête vers lui, mais tu ne réponds pas.

Alors qu'il s'éloigne, tu retires ton t-shirt complètement trempé, cherchant où le poser alors que tu t'entoures à nouveau de la serviette qu'il t'a filé. Matthias revient, et il reprend la parole. « Just go take a shower and put on some warm dry clothes first okay? I've put some stuff out on the bed for you. » A ses mots, tu acquiesces. Il a l'habitude que tu dises pas merci, parce que c'est un mot que tu prononces très rarement. Mais dans ta manière d'acquiescer et de le regarder, il peut comprendre directement à quel point t'es reconnaissant. Alors, tu te diriges vers la salle de bains, et tu finis de retirer tout ce que t'as sur toi après avoir fermé la porte. Puis, tu te glisses sous la douche, et tu fais couler sur toi un jet d'eau chaude. Putain c'que c'est bon. Tu restes là un bon instant, avant de te laver, mettant un peu trop de savon sur toi parce que t'es pas habitué à ce genre d'odeurs, et t'en profites même pour laver tes cheveux qui doivent puer la clope. Enfin, tu pars t'habiller des vêtements que Matthias t'a sorti, et tu le rejoins dans le salon. Tu sais très bien ce qui va se passer maintenant, et t'appréhendes un peu. « Tell me what happened. » Tu attrapes la tasse, et tu viens t'installer sur le canapé, prenant une couverture pour la mettre au dessus de toi. « I was invited to a party by a guy I've been flirting with for a few weeks. I discovered during the party he had a boyfriend, and the party was at his boyfriend's place. » Rien que d'en parler te met à nouveau la rage, et tu bois une gorgée de ton chocolat pour éviter d'y penser trop. « And then, Hurricane Obaid happened. » Tu ne rajoutes rien d'autre, mais tu lui montres ta main blessée, qui montrait que t'avais été violent.

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obaid & matthias

Ce n’est jamais facile de s’en sortir, surtout lorsqu’on se sent seul, lorsqu’on à l’impression de n’avoir personne qui comprend ce que l’on traverse. Je le sais parce que c’est ce que j’ai ressentit pendant des années, ce sentiment de n’avoir personne sur qui compter, ou de ne compter pour personne. Cette sensation qu’il ne vaux pas la peine de se battre alors qu’il n’y a personne qui nous attend. Ce qui m’a en grande partie sauvé c’est d’avoir rencontré certaines personnes, ces personnes qui sont aujourd’hui à mes yeux comme une véritable famille pour moi. Alors je sais ce que Obaid ressent, je sais à quel point cela peut être difficile de tenter de voir le bout du tunnel, de trouver une raison de se battre tous les jours et de ne pas abandonner, de ne pas baisser les bras. Mais c’est parce que je sais ce que c’est, que j’ai l’impression de me voir moi une dizaine d’années en arrière que je ne peux pas laisser Obaid se débrouiller seul. Les choses peuvent s’arranger, j’y crois et je l’aiderais. Je le laisse alors entrer dans la maison, et aller se glisser sous une douche chaude. Ce genre de douche qui fait du bien au corps mais aussi au moral. Lorsqu’il revient, je m’installer avec lui avec une grande tasse de chocolat chaud. « I was invited to a party by a guy I've been flirting with for a few weeks. I discovered during the party he had a boyfriend, and the party was at his boyfriend's place. » Je me doute déjà un peu de la suite, parce que je commence à connaitre Obaid, je commence à savoir comment il réagit, comment il est. « And then, Hurricane Obaid happened. » Je ne peux pas lui en vouloir. Je prend doucement sa main blesse avant de juste me baisser vers la table basse près de nous pour y attraper un kit de premier secours.

« Look, I know it’s hard for you to… Control the anger, but you’ll get there okay? » Oui je crois en Obaid, je crois qu’il finira par arriver à s’en sortir, par arriver à trouver une vie qui lui plait vraiment et qu’il mérite. Je vois bien qu’il a touché à la drogue ce soir, je peux le lire sur son visage. « I’ll get you a new phone and next time you feel angry, instead of beating up someone, you call me okay? » Je prend de quoi désinfecter sa main. « Next time, you walk away and you call me. I will come pick you up, wherever you are okay. » Je le regarde quelques secondes, ayant presque l’impression de me retrouver face à un double de moi plus jeune. Je n’ai jamais vraiment touché à la drogue, mais il y a une époque ou l’alcool était mon meilleur ami et ou les lames de rasoir ne m’était pas innocent. « You’re gonna stay here okay? I’ve got a spare bedroom; it can be yours. » Je finis de soigner sa main. « We’ll try this way and if it’s still too hard, we’ll find another way. A rehab or something. »

@Obaid Attar

Tu n’hésites pas bien longtemps à lui raconter ce qui a pu se passer ce soir. De toute façon, tu sais qu’il ne te lâchera pas et qu’il voudra que tu lui dises ce que t’as fait, donc t’as pas vraiment le choix. Tu lui racontes comment tu t’es retrouvé à cette fête, tu lui racontes ce qui s’est passé avec ce gars, et ce que tu as découvert. Rien que d’en parler, ça te fait remonter la haine que t’as ressenti à ce moment précis, mais il est hors de question que tu perdes ton sang froid face à Matthias. De toute façon, ça sert à rien que tu t’énerves à présent, ça ne changera rien. Tu lui montres donc ta main, pour lui faire comprendre que tu n’as pas fait que gueuler. Et au moment où il prend ta main, tu revois les images défiler dans ta tête. Tu te vois mettre un coup de poing à ce mec qui t’a pris pour un con, puis un deuxième, avant qu’il ne se retrouve au sol. Tu te souviens même d’avoir mis un coup de pied quand il était à terre, avant de te faire sortir de cette baraque. Par chance, t’as pas pris de coup, alors que t’aurais pu.

Matthias te sort de tes pensées quand il prend la parole. « Look, I know it’s hard for you to… Control the anger, but you’ll get there okay? » Tu te concentres sur ses paroles, mais t’as un peu du mal à y croire. Est-ce qu’un jour, tu vas réussir à contrôler ta haine ? Cette haine qui réside en toi depuis des années maintenant, et qui refait surface bien trop souvent, et de manière très agressive. T’en sais rien, et ça te fait vraiment flipper. Parce qu’en vrai, t’as pas envie de finir comme ton père. T’as pas envie d’être cette personne qui va creuser un trou à son enfant, et qui va le pousser à l’intérieur pour le regarder tomber. Alors, il faudra bien que t’apprennes un jour à la contrôler. Mais comment ? « I ain’t that sure about that, but if you say so. » En vrai, t’aimerais être plus positif ce soir, mais ta colère et la drogue ne t’aident pas à voir les choses du bon côté. « I’ll get you a new phone and next time you feel angry, instead of beating up someone, you call me okay? » « Yeah, if I don’t break it first. », réponds-tu assez directement, d’une voix un peu sarcastique. En vrai, tu ne sais pas comment Matthias fait pour te supporter, surtout quand t’es dans ce genre d’état. Si t’étais à sa place, ça ferait longtemps que tu te serais mis une bonne gifle. Mais à force, il a dû prendre l’habitude. Bon, il se venge un peu en passant le désinfectant sur ta main, ce qui te fait grimacer et serrer ton poing pour essayer de supporter la douleur. « Next time, you walk away and you call me. I will come pick you up, wherever you are okay. You’re gonna stay here okay? I’ve got a spare bedroom; it can be yours. » Ton coeur manque un battement quand tu entends cette phrase. Rester chez lui ? Avoir une chambre ? Ta mâchoire se serre, et sans que tu puisses le contrôler, tes yeux deviennent vitreux. T’as pas envie de pleurer devant lui, mais ses mots résonnent dans ta tête. T’as du mal à y croire, parce que t’as pas l’habitude qu’on fasse des choses comme ça pour toi. Tu te demandes même si t’es pas encore en train de rêver. « We’ll try this way and if it’s still too hard, we’ll find another way. A rehab or something. » « Why are you doing this ? » Demandes-tu, en le regardant dans les yeux, encore sous le choc que quelqu’un s’occupe de toi de cette façon, alors que tes parents n’ont jamais rien fait pour toi. C’est le genre d’attention que t’aurais voulu avoir de tes parents, mais la seule chose qu’ils ont réussi à faire, c’est te détruire. « I mean, I am fucking nobody to you. You could be enjoying your life, with your friends and all, but you keep trying to rescue me, even though I’m causing trouble everywhere I go. I fucking beat up someone tonight, police could knock anytime at your door to come and get me cause I’m an ex drug dealer and a mess that’s always having trouble with the law. I could fuck up your life, dude ! Don’t you get it ?! » Ton ton s’élève, sans que tu ne saches pourquoi. Hurricane Obaid refait son apparition, et tu ne sais même pas pourquoi tu t’énerves sur lui alors qu’il n’a rien fait et qu’il cherche juste à t’aider. Tu te lèves brusquement, et fais tomber la trousse de secours dans ton élan. Tu commences à marcher dans le salon, faisant les 400 pas. « I’m just gonna bring more and more trouble in your life ! Don’t be stupid. » Si tu t’énerves, c’est parce que t’as pas envie qu’il regrette cette offre un jour, et que tu te fasses abandonner à nouveau. Alors, tu préfères t’énerver et lui faire peur, afin de lui faire changer d’avis, plutôt que de t’accrocher à lui et être déçu, comme d’habitude. Même si tu sais qu’il est là depuis deux ans, et qu’il n’a jamais bougé. On ne sait jamais.

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Je sais ce que c’est que d’être seul, de ne pas savoir vers qui se tourner lorsque l’on en ressent le besoin. Je sais ce que d’avoir l’impression que le monde entier vous en veux, d’être en colère contre le monde entier, contre soi-même et d’avoir l’impression de ne pas savoir commencer avancer, ou même si on en est capable. Tout ce que je vois passer dans les yeux d’Obaid, toute cette colère qu’il a en lui, c’est exactement ce que je ressentais alors que j’étais à peine plus jeune que lui maintenant. C’était exactement les mêmes choses que je ne croyais pas possible. « I ain’t that sure about that, but if you say so. » Je lui adresse simplement un sourire. Je sais qu’il n’a pas confiance, qu’il a du mal à croire que les choses puissent s’arranger pour lui un jour, et c’est pour cela que je ne laisse pas, c’est pour cela que je serais présent à chaque pas, à chaque avancé, même si il me repousse. « Yeah, if I don’t break it first. » Encore une fois, je me contente simplement de lui sourire et d’attraper le kit de premier secours pour soigner sa main.

Je vois le regard confus d’Obaid, ce regard mélanger entre l’incompréhension, l’envie de faire confiance mais sans trop savoir si il devrait et cette colère. Cette colère qui est là, au fond de lui, en permanence comme elle l’était en moi aussi. Si aujourd’hui j’ai de la chance de vivre la vie que je vis, cela n’a pas été facile, rien n’est jamais facile dans la vie après tout, mais le chemin que j’avais empreinter et que celui que le brun empreinte aujourd’hui est plus compliqué, parsemé de plus d’obstacle. « Why are you doing this ? » « He’s not use to being helped. He just needs some time. » Je me dis. « I mean, I am fucking nobody to you. You could be enjoying your life, with your friends and all, but you keep trying to rescue me, even though I’m causing trouble everywhere I go. I fucking beat up someone tonight, police could knock anytime at your door to come and get me cause I’m an ex drug dealer and a mess that’s always having trouble with the law. I could fuck up your life, dude ! Don’t you get it ?! » “Oh I get it, believe me, but I won’t give up” Son ton monte, sa voix est sèche, pleine de colère, d’incompréhension, mais je reste calme. Je lève le regard vers lui, alors qu’il se lève d’un coup pour faire les cent pas. « Because, I know what it’s like to be where you are. Because I would have given anything to have people help get through. Because I care about you. You might have done some dumb shit, but this doesn’t define you. » Ma voix est calme, posée. « I’m just gonna bring more and more trouble in your life ! Don’t be stupid. » Peut être que le flic allait débarquer, qu’ils allaient posé des questions, mais cela ne me freine pas pour autant.

« Do you know why I’m doing all this? Because when I look at you I don’t see a delinquent, or someone who just needs attention from everyone. I just see a kid that his family and the society has fucked up. I just see the same lost kid that I was twelve years ago. » J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont aide à m’en sortir, c’est tout. « I’m not saying that it’s easy because it isn’t. You won’t have your shit together tomorrow and nothing will ever be perfect, believe somedays it’s still hard, but it DOES get better Obaid. If you want to, I’ll help you put your life together. But it’s only if you want to. » Je finis par me lever et viens placer mes mains sur ses épaules. « I know you’re a good kid, and I believe in you, O. »

@Obaid Attar

Tout à coup, tu exploses. Tu ne sais pas vraiment pourquoi une simple invitation de Matthias te met dans un état pareil, mais voilà que tu commences à crier, que tu fais tomber tout ce qu’il y a autour de toi, et que tu te mets à faire les cents pas dans ce salon. Ton visage est devenu rouge, tes yeux sont vitreux, mais t’essaies de te retenir de fondre en larmes. Pourquoi t’es comme ça putain ? Peut-être parce que c’est la première fois de ta vie où on te fait une proposition de la sorte, une proposition qui pourra te faciliter la vie, et la rendre meilleure. Parce qu’aujourd’hui, t’as pas vraiment d’endroit où vivre. Tes affaires sont parsemées à droite à gauche chez les gens, tu ne sais même pas où sont la moitié de tes fringues d’ailleurs. Ca fait si longtemps que tu n’as pas eu un endroit que tu peux appeler « home », depuis que t’es parti de ton gang, en fait. Parce que quand t’étais avec eux, t’avais un toit au dessus de la tête. Et depuis, rien.

Tu veux pas que Matthias regrette cette proposition. Tu sais que tu n’es pas quelqu’un de stable, que tu pètes facilement un plomb, que t’as un train de vie qui n’est pas de tout repos, et au bout d’un moment, y a moyen que ça tape sur le système de Matthias. Tu ne sais même pas s’il a réfléchi à cette proposition, ou s’il te lance ça parce que t’es dans un mauvais état et qu’il veut, comme d’habitude, te rassurer. Et dans ta tête, tu te dis qu’il finira par vouloir te foutre dehors, et à nouveau, tu vas te retrouver dans la merde, et tu ne sauras pas sur qui compter. « Because, I know what it’s like to be where you are. Because I would have given anything to have people help get through. Because I care about you. You might have done some dumb shit, but this doesn’t define you. » Ses mots résonnent à nouveau dans ta tête. I care about you. Cela faisait bien longtemps que tu n’avais pas entendu ses mots sortir de la bouche de quelqu’un alors qu’il s’adressait à toi. Et pourtant, c’est bien ce qu’il avait dit, et sa manière de répondre est si sincère. Tu sais qu’il ne ment pas, il te l’a déjà prouvé. Alors, tu essaies une dernière fois de l’en dissuader, mais voilà qu’il se lance dans une tirade.

« Do you know why I’m doing all this? Because when I look at you I don’t see a delinquent, or someone who just needs attention from everyone. I just see a kid that his family and the society has fucked up. I just see the same lost kid that I was twelve years ago. » C’était peut-être une des seules personnes qui ne te voyait pas comme un délinquant, oui. Et cette phrase sur ta famille et cette société te fait presque trembler tellement elle te touche. Tu sais qu’il a raison, tu sais que rien de tout ça n’est ta faute à la base. Mais pourquoi les choses ne se sont-elles pas améliorées depuis que tu as quitté ta famille, et le gang ? « I’m not saying that it’s easy because it isn’t. You won’t have your shit together tomorrow and nothing will ever be perfect, believe somedays it’s still hard, but it DOES get better Obaid. If you want to, I’ll help you put your life together. But it’s only if you want to. I know you’re a good kid, and I believe in you, O. » Matthias s’est levé, et il est maintenant debout devant toi. Ses mains sont posées sur tes épaules, et tu peux sentir sa prestance et son énergie positive te pénétrer rien qu’avec ce geste. Il sait te rassurer, il sait comment faire pour que tu ne te sentes pas comme une grosse merde, mais comme quelqu’un d’important. Et alors qu’il te dit que t’es un bon gamin, et qu’il croit en toi, un seul mot s’échappe d’entre tes lèvres. « Fuck. » Au même moment, une larme s’échappe de ton oeil, et se met à glisser sur ta joue. Et pour éviter qu’il la remarque, tu l’attrapes et te blottis contre lui. D’autres larmes coulent à présent, non pas de tristesse, mais parce que Matthias est la personne que tu as toujours voulu avoir dans ta vie, ce rôle que ton père n’a jamais pu remplir. « Can we go to sleep ? I’m exhausted. », demandes-tu alors que ta tête est enfouie dans son cou. T'as juste envie qu'il ne te voit pas pleurer, mais d'un côté, ça te fait tant de bien d'être dans ses bras.

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obaid & matthias

Je comprends la colère d’Obaid, je comprends cette incompréhension. Je comprends qu’il ne comprenne pas pourquoi je fais cela, je comprends qu’il est perdu et qu’il a sûrement juste besoin qu’on lui montre la direction pour s’en sortir. Ce n’est pas facile pour moi d’aider Obaid, ce n’est pas simple parce que cela me ramène dans le passé, dans ce passé que j’ai si longtemps fui, essayer d’oublier. Ce n’est pas facile parce que cela ramène de vieux démons, de vieux souvenirs, mais je ne vais pas l’abandonner pour cela, je ne vais pas le laisser tomber, jamais. Je n’ai jamais aimé parler de mes sentiments, parler de moi, mais pourtant ce soir je le fais un peu, pour faire comprendre à Obaid qu’il ne faut pas baisser les bras, qu’il ne faut pas abandonner. Je le fais pour lui expliquer pourquoi je veux l’aider, pourquoi je lui proposer de venir vivre avec moi quelque temps. Plus je parle, plus je m’ouvre, plus je vois sur le visage d’Obaid que je touche les bons boutons, que je secoue quelque chose en lui. Il a sûrement besoin d’entendre cela, même si il n’y est pas habitué. Il a besoin d’entendre que je ne laisserais pas, que je tiens à lui parce que c’est la vérité. Je tiens à ce gamin, je m’y suis attaché en deux ans, depuis la première fois que je l’ai vu. Il en a déjà fait du parcours, même si il ne s’en rend pas forcément compte. « Fuck. » et le seul mot qui sort de sa bouche alors que je finis de parler.

Je vois cette larme couler sur sa joue, mais je ne le relève pas, je le laisse accepter tout ce que je viens de lui dire, je le laisse comprendre aussi. Et il ne faut que quelques secondes avant qu’il ne vienne pas se blottir contre moi. Mes bras viennent l’entourer et je viens doucement caresser son dos. « Can we go to sleep ? I’m exhausted. » Je me sépare de lui et lui adresse un sourire. « Yeah sure, let me show you your room. » Je l’entraine avec moi. Je monte les escaliers et arriver dans le couloir je prends à gauche, côté rue avant d’ouvrir la porte de l’une de mes chambres d’amis. « Well, this is yours. » Je souris à nouveau et lui laisse découvrir la grande chambre. « You’ve got a bathroom right there, and if you need anything, clothes, toothbrush that kind of shit, we can go to the store tomorrow. » je viens ouvrir la porte de salle de bain pour lui montrer avant de refermer. « You can help yourself with anything in the kitchen, just clean after yourself. You might get Nanka and Arlo coming to see you in here from time to time but if you don’t want them around just make them leave the room. » Je lui adresse un nouveau sourire. Nanka, ma chienne husky, est particulièrement curieuse, même si Arlo, mon chat, est plutôt l’inverse et ne s’aventure pas trop prêt des étrangers. « Do you need anything ? »

@Obaid Attar

Les mots de Matthias résonne encore dans ta tête, et ils resteront gravés dans ta mémoire jusqu’à la fin de tes jours. Ca doit être la première fois que t’entends ce genre de discours. C’est la première fois qu’on te dit ces choses-là, et ça ne te laisse pas indifférent. Si d’habitude, t’es très fort pour cacher tes émotions, cette soirée a été un tel rollercoaster que tu ne peux plus rien garder pour toi. C’est pourquoi cette larme coule sur ta joue, et que même en essayant de te cacher dans son cou quand tu te blottis contre lui, il peut t’entendre renifler bruyamment pour ravaler les autres larmes qui ont suivi. Alors, tu veux que cette soirée s’arrête, même si elle se finit sur une note joyeuse. Parce que même si tu pleures, une partie de ces larmes sont des larmes de joie. Alors oui, tu pleures parce que t’es triste que les gens qui auraient dû te dire tous ces mots ne l’ont jamais faits, et ont préféré te foutre dans la merde et te briser totalement, à tel point que t’en as encore des séquelles des années après et que tu n’arrives pas à te relever. Mais tu pleures aussi parce que t’es heureux. Heureux d’avoir Matthias dans ta vie. Heureux d’avoir trouvé quelqu’un que tu peux considérer comme ta famille. Car aujourd’hui, oui, ta famille, c’est lui. Et c’est ce soir que le nom de l’association prend tout son sens. Matthias est vraiment ton grand frère. Ton grand frère de coeur, celui qui ne partage pas le même sang que toi, mais avec qui tu partages bien plus. Du coup, pour oublier ces larmes, tu lui demandes si vous pouvez aller dormir à présent. « Yeah sure, let me show you your room. »

Matthias t’entraine alors à l’étage, et tu montes les marches sagement et silencieusement, le suivant jusqu’à ce qu’il te fasse pénétrer dans une pièce. « Well, this is yours. » Tu n’en reviens pas d’entendre ça. Après 2 ans à vivre à droite à gauche, parfois à la rue, tu as enfin une chambre. Une pièce rien qu’à toi, où tu vas pouvoir stocker tes affaires sans avoir peur de les perdre. « You’ve got a bathroom right there, and if you need anything, clothes, toothbrush that kind of shit, we can go to the store tomorrow. » Wait, what ? Une salle de bain rien que pour toi ? Tu n’en reviens pas. Tu pénètres à l’intérieur après avoir allumé la lumière, et tu tournes sur toi-même pour admirer la pièce. Il y a une douche. T’auras plus besoin de rentrer par effraction chez des gens ou dans une salle de sport ou une piscine pour te laver. « You can help yourself with anything in the kitchen, just clean after yourself. You might get Nanka and Arlo coming to see you in here from time to time but if you don’t want them around just make them leave the room. » Franchement, ça, je m’en fous. J’ai l’habitude de me faire déranger la nuit par des animaux, par des gens, par des bruits. C’est pas ça qui va m’empêcher de dormir. « Do you need anything ? » Tu tournes alors la tête vers lui, et tu le regardes dans les yeux. « Hm, yeah. I need you to tell me I’m actually still not sleeping on your porch and this isn’t a dream. » You smile to him, something you don’t usually do to people. But he gets your smiles, he often gets them actually. « I want to pay you a rent, though. Seems fair. »

tell me that I'm alright

obaid & matthias

Ce n’est jamais facile d’affronter son passé, d’affronter la personne que l’on est, que l’on est forcé de devenir à cause de nombreux facteurs et de tout faire pour devenir une autre personne. C’est ce qui avait été pour moi il y a bien des années, j’avais mis du temps à accepter que les choses pouvaient s’arranger, que la vie pouvait devenir meilleur et que j’avais encore des opportunités. Il avait été difficile de me dire qu’il ne fallait pas que je baisse le bras, qu’il fallait que je me batte. Après toute la vie entière est une bataille, une bataille plus simple pour certains que pour d’autres. Cela avait pris du temps mais j’avais réussi. Aujourd’hui je suis assez fier de l’homme que je suis devenu, de ce que j’ai pu accomplir dans ma vie, de ma carrière, même si bien sûr, j’ai aussi eu encore quelques ratés. Mon divorce en est la preuve vivante. J’avais été amoureux une fois dans ma vie, une fois je m’étais dit qu’elle serait la femme de ma vie, qu’elle était celle avec qui je voulais passer ma vie et pourtant cela n’avait pas marché. Il y avait trop d’obstacle, trop d’épreuves et notre couple n’avait pas survécu à tout cela.

Alors aujourd’hui quand je vois Obaid, quand je vois ses réactions, cette façon qu’il a de croire qu’il n’est pas assez bien pour quoi que ce soit, j’ai l’impression de me retrouver face à un double de moi des années plutôt. Alors je tente de le rassurer, de lui montrer et de lui prouver que je ne compte pas le laisser tomber. Je lui fais découvrir sa nouvelle chambre et salle de bain où il pourra rester aussi longtemps qu’il voudra. Je le regarde alors qu’il semble si émerveillé par le fait qu’il va avoir tout cet espace pour lui. Je lui adresse un sourire et m’appuie contre l’embrasure de la porte, les bras croisés pour les laisser faire. « Hm, yeah. I need you to tell me I’m actually still not sleeping on your porch and this isn’t a dream. » Je ne peux m’empêcher de rire légèrement. « Don’t worry, you’re not dreaming. But I can pinch you if you want to be sure. » Je tends la main, faisant semblant de m’approcher de lui avant de laissé retomber mon bras avec un nouveau rire. « I know it probably looks a bit crazy, but I promise you it’s real. »

« I want to pay you a rent, though. Seems fair. » Je secoue la tête. « Nope, no way you’re giving me any of your money. First of all because this house is all paid up so I don’t even pay rent myself. And second because I want you to keep your money for yourself. So you can’t save up and when you really need it, it’s there. » Je lui adresse un sourire. « If you want to do something you can cook from time to time, if you know how to. Because I’m a terrible cook! » Je ne suis vraiment pas doué pour la cuisine, à part pour ce qui est de faire des pates et du riz alors quelqu’un qui sait cuisine c’est toujours la bienvenue.

@Obaid Attar

T’as encore du mal à réaliser ce qui est en train de se passer ce soir. Tu n’arrives pas à croire que c’est vrai, qu’on est vraiment en train de te sauver de la rue, de te sauver de ce sentiment de ne jamais savoir si le soir, tu vas dormir dans un vrai lit, sur un canapé, sur un tapis, ou sur le bitume de la ville. Tu n’arrives pas à croire qu’à partir de maintenant, chaque soir, tu pourras rentrer dans ta propre chambre, où tes affaires t’attendent, tes habits, tes crayons, tes cahiers, tes produits pour les cheveux, tout. Ca fait si longtemps que tu n’as plus eu ça, et putain, ce que ça fait du bien. Bon, tu sais que ça va être encore la merde, au niveau de la thune, au niveau de tes consommations, au niveau de tes relations avec les gens en général, au niveau de ton rapport avec le travail, mais rien que d’avoir un lit sur lequel tu peux t’écrouler le soir après une longue journée te rend heureux. Tu ne sais même pas comment le remercier, et tu lui demandes mêmes si tout ceci est vrai, ou si t’es encore assoupi à la porte de cette maison. « Don’t worry, you’re not dreaming. But I can pinch you if you want to be sure. » Il rit, et ça te fait rire aussi. T’es une grosse boule d’émotions ce soir, et après être passé par la colère et les pleurs, c’est la joie et les rires qui ont pris possession de toi. Et tu sais vraiment pas comment Matthias fait à chaque fois. Il a ce don, sur toi. « I know it probably looks a bit crazy, but I promise you it’s real. » Tu acquiesces alors, ton sourire toujours plaqué sur ton visage. C’est ta façon de dire merci. Il a l’habitude avec toi, de toute façon. Tu dis pas grand chose, mais tu sais montrer que t’es reconnaissant envers lui.



D’ailleurs, tu lui dis même que tu veux payer un loyer, parce que tu trouves ça normal. Tu vas utiliser son eau, son électricité, se courses, donc tu trouves ça normal de payer quelque chose. Mais il refuse directement : « Nope, no way you’re giving me any of your money. First of all because this house is all paid up so I don’t even pay rent myself. And second because I want you to keep your money for yourself. So you can save up and when you really need it, it’s there. » « What about the food, and everything ? I need to help in a way. » T’en démords pas, t’as envie de participer à quelque chose, parce que tu trouves ça tout à fait normal. Il a jamais demandé à avoir quelqu’un à sa charge, et tu te dois bien de le remercier d’une façon. « If you want to do something you can cook from time to time, if you know how to. Because I’m a terrible cook! » Ok, c’est pas vraiment ce que tu suggérais, mais bon, si ça peut l’aider, pourquoi pas ? « Dude, I’ve worked in how many restaurants again ? I’ll be the cook in here, I’ll even clean the house. » Voilà, comme ça, tu te sentiras utile, et t’auras pas l’impression d’abuser de lui. « Tomorrow, you’ll have the best breakfast of your life, promise ! Well, if I manage to wake up… » T’exploses de rire, et tu t’assois sur le lit, ton regard toujours rivé sur lui. Et avant qu’il te quitte pour rejoindre sa chambre, tu rajoutes. « You know you’re the best, right ? »

tell me that I'm alright

obaid & matthias

Je n’ai jamais été du genre à laisser tomber les gens. Il me faut souvent du temps pour faire confiance à quelqu’un, pour leur donner une chance, surement à cause de mon passé, à cause de tout ce que j’ai vécu, mais une fois que j’ai confiance, que j’ai quelque chose en tête, je ne laisse pas tomber. Cela fait maintenant deux ans que je connais Obaid, deux ans que j’apprends à le connaître et que plus j’en apprends sur lui, plus je sais qu’il est un gamin qui a juste besoin d’aide et qu’on peut lui faire confiance, il a besoin qu’on lui fasse confiance. Alors lui proposer une chambre, lui proposer de l’héberger, de l’aider, n’est pas compliqué à lui proposer. Je suis sûr que si il est installé quelque part où il se sent en sécurité, ou il a l’impression d’avoir un chez lui, il arrivera à toujours sa vie. Je suis sûr qu’il arrivera à s’en sortir et je ne fais que lui tendre la main lorsqu’il en a besoin. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’il est hors de question que je ne lui prenne son argent pour une maison ou je ne paye pas de loyer parce qu’elle été acheté. Cependant, je vois bien qu’il a ce même air têtu que moi. « What about the food, and everything ? I need to help in a way. » C’est à ce moment là que je lui propose de faire à manger. Oui parce que si je sais faire le minimum, je ne suis cependant vraiment pas un grand cuisinier. Je ne suis pas du tout pour faire autre chose que des plats basiques. « Dude, I’ve worked in how many restaurants again ? I’ll be the cook in here, I’ll even clean the house. » Je lui adresse un sourire. « Sounds good to me. » « Tomorrow, you’ll have the best breakfast of your life, promise ! Well, if I manage to wake up… » Je ris légèrement. Je me rappelle l’époque ou je dormais aussi jusqu’à pas d’heure le matin. Aujourd’hui si j’arrive à dormir jusqu’à 9h c’est un miracle. « Perfect, can’t wait to taste that. »

Je baille à mon tour, l’heure commençant à faire effet sur moi et la journée aussi. J’ai besoin de dormir et je suis qu’au moins cette fois ci je vais m’endormir à peine la tête posée sur l’oreiller. Je commence à faire demi-tour alors que la voix d’Obaid ne s’élève à nouveau. « You know you’re the best, right ? » Je lui adresse un sourire et fais mine de bomber le torse. « I know. People keep on telling me this. » Je me mets à rire, n’étant, bien sur, pas du tout sérieux. Si il y a bien un truc que j’ai encore du mal à gérer, c’est que l’on me fasse des compliments, alors je préféré en rire. « I think you just deserve the help you know. I believe in you. » Je lui adresse un sourire. « Try to get some sleep. G’night O. » Je sors de la chambre et vais me laisser lourdement tomber sur mon lit.

@Obaid Attar

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