| | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 18:33 | |
| Avoir un frère c'était probablement le genre de trucs qui me rendait vraiment, vraiment possessive. Avoir un frère depuis une poignée de mois à peine, c'était un autre niveau complètement et le pauvre gars s'étant retrouvé propulsé dans ma vie aussi vite que moi dans la sienne avait eu droit à tous les traitements de faveur de ma part pour y aller en douceur. Parce que j'apprends à la connaître Tim, j'apprends à voir comment il est, j'apprends à m'adapter à ce qu'il fait, j'en cumule des efforts pour ne pas le secouer aussi fort que mes habitudes de rustre le suggèreraient. Mais c'est parce que je veux que ça fonctionne vraiment, entre nous. J'en ai besoin.
« J'espère que je dérange pas parce que je m'en fous au final. » mon sourire est grand, il est immense quand c'est le mieux que je puisse faire comme salutations. J'ai validé d'abord avec Charlie qu'il avait les bébés aujourd'hui, et que donc si jamais j'abusais de sa patience il avait un exit plan pour me foutre hors de chez lui et s'occuper d'eux comme le père merveilleux qu'il est depuis le début. Mon regard dérive une seconde de plus sur son visage pour en juger de son humeur du jour, s'il est fatigué, s'il est épuisé ou s'il montre le moindre signal d'alarme que j'enregistrai aussi vite que possible mais tout me semble bon.
Alors mes Converse se retrouvent dans l'entrée, la boîte de carton que je traîne depuis file sur la table de son salon et je me pose en tailleur devant, prête à en exhiber son contenu. « J'ai pensé qu'on était prêts pour un aller simple vers memory lane. » que j'annonce, dégainant mon album de finissants d'une année où j'ai jamais gradué, ainsi qu'une pile de vidéos cassettes du pire de mes souvenirs que ma mère a enregistrés durant ma jeunesse. À ça, s'ajoutent des photographies honteuses également, la totale pour finaliser les présentations bien comme il se doit. S'il veut jouer le jeu et dégainer ses propres mémentos de son passé, j'en serai autant euphorique que pour lui de voir les conneries compilées du mien. |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 19:19 | |
| Il avait beaucoup moins de temps à consacrer au reste du monde depuis la naissance des jumeaux mais hors de question pour Tim de laisser ces quelques personnes qui comptaient sur le bord de la route. Alors, il avait gracieusement invité Ariane à la maison, autant pour voir les petits que pour lui assurer pour la centième fois qu'il allait parfaitement bien. C'était difficile à croire quand sa soeur l'avait vu dans un état peu commode juste avant la naissance des enfants mais Decastel avait tout fait pour se remettre sur pied et prendre soin d'eux depuis qu'ils étaient entrés dans sa misérable existence. Ariane avait toute sa place dans les histoires du soldat parce que c'était elle qui l'avait retrouvé, même si ce n'était qu'une méprise au début. Elle avait fait des recherches sur son père, apprenant au final qu'ils étaient deux à avoir souffert de son absence, alors, nécessairement, le lien était né. Ils s'étaient rapprochés avec le temps, même si aucune de leur situation personnelle n'était simple depuis quelques temps: Timothy ne se l'avouerait peut être pas aussi aisément mais il avait besoin d'Ariane. Elle était plus forte que lui, en un certain nombre de points, lui qui s'épuisait à la tâche avec les jumeaux quand il les avait. Ils dormaient enfin, les petits monstres, et il put accueillir la chère Parker dans son salon en bordel, s'étonnant de la voir débarquer avec toute une armada d'objets dans un carton. Decastel ne dit rien cela dit, se contentant de la laisser faire, s'asseyant en face d'elle et la regardant, les traits légèrement tirés mais un réel sourire naissant au coin des lèvres. "Tu vas me dire tout ce que j'ai loupé avec Ariane, c'est ça? Laisse moi voir, alors." Avec son air curieux, il déterra quelques clichés, en montrant une d'elle bébé, s'outrant certainement qu'ils partageaient quelques traits physiques à cette époque, ce qui avait largement changé depuis. "C'est cette coupe atroce que tu me cachais tout ce temps?" Il eut un léger rire avant de s'asseoir plus commodément, gêné. "Tu trouverais ça bizarre si je te dis que j'ai rien à te montrer de moi?" Il n'avait jamais rien eu, n'avait jamais rien voulu parce que les souvenirs lui faisaient mal et Tim avait décidé il y avait déjà bien longtemps de cela de ne pas laisser autant de pouvoir sur lui à son passé. |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 20:10 | |
| "Tu vas me dire tout ce que j'ai loupé avec Ariane, c'est ça? Laisse moi voir, alors." « Regarde et apprends. »
Il est immense, le sourire sur mes lèvres quand il s'installe face à moi et qu'il se prête au jeu le gamin. Je dis gamin, parce que même s'il est plus vieux que moi Tim y'a toujours l'instinct de la grande soeur qui embarque de façon innée avec lui. J'ai toujours envie (besoin) de le protéger, même s'il gère le gars, il est père de deux enfants, il aurait même pas à me dire rien d'autre que je lui lèverais mon chapeau haut et fort.
Une photo vole dans ses mains, j'ai absolument aucun orgueil quand on est tous les deux ensemble et que surtout, surtout, l'opération sert mine de rien à pallier les 30 ans où je l'ai pas fait chier, où il n'a pas gravité dans mon univers. On reprend le temps où on peut. "C'est cette coupe atroce que tu me cachais tout ce temps?" j'éclate de rire, les tendances qui ne sont plus ce qu'elles étaient, mais surtout l'air espiègle qui finit par attirer son regard sur un point bien précis. « C'est pas ça le pire dans cette photo, tu remarques rien sur mes dents? » ma bouche d'antan ornée de broches dégueulasses donnant l'impression de sortir d'un film d'horreur, en attendant qu'il remonte les yeux vers le sourire Colgate que je lui donne maintenant, impeccablement droit. C'était la merde mais ça a valu le coup.
"Tu trouverais ça bizarre si je te dis que j'ai rien à te montrer de moi?" « Nah, pas bizarre. Mais faut que tu jures que t'as vraiment rien comme preuves tangibles sinon j'vais penser que tu as pire pour compétitionner. » je pouffe, pas fâchée du tout même s'il a des trucs et qu'il me les cache, plutôt triste un temps, si justement c'est vrai. Alors je laisse pas la nostalgie monter quand j'attrape la première vidéo du bord, faisant exprès de passer derrière lui pour lui ébouriffer les cheveux et qu'il se retrouve au bord du torticolis au passage, avant de glisser la cassette dans le lecteur que j'ai piqué chez maman, aussi. « Genre pire que ce t-shirt-là. »
À l'écran, y'a Ariane 6 ans, 3 dents en moins et une brosse à cheveux dans les mains à chanter comme une crécelle des chansons d'Aznavour au petit matin sur notre balcon à Paris. Maman avait oublié de troquer mon costume de scène, quand le dit t-shirt est dans un genre de mix cuir velours aux couleurs néons qui crèveraient les yeux de quiconque sans même toucher leurs prunelles tellement ça flash.
« T'étais quel genre d'enfant, toi? » parce que moi, clairement, j'étais une peste, qui ça étonne.
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| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 20:25 | |
| Elle avait toujours été beaucoup plus libre que lui, Ariane, cela se voyait sur le moindre cliché qui passait entre ses doigts délicats. Tim, en d'autres circonstances, dans un autre temps, aurait sûrement pu en pleurer de le constater mais avoir des enfants l'avait fait mûrir et tout cela ne le prenait plus tant au coeur. Certes, il n'aurait jamais de satisfaction à creuser au fond de son passé mais il se refusait à repasser par le stade de la colère concernant tout ce qu'il avait vécu parce que, justement, c'était passé et il aurait beau remuer ciel et terre pour changer l'affaire que rien n'y ferait. Alors, il vivait avec, souriant face à l'appareil dentaire de sa petite soeur, se disant qu'il avait quand même raté des instants exceptionnels mais cette fois, il en riait, l'idiot. Il riait de voir que Parker faisait exprès d'appuyer là où c'était le plus ridicule pour elle, certainement qu'elle ne voulait rien lui cacher de la personne qu'elle était, de tous les stades par lesquels elle était passée. Il n'y avait plus aucun rejet, plus aucune envie d'une part d'ombre entre eux deux et Timothy lui en était reconnaissant pour cela, même s'il n'eut pas réellement eu le temps de lui dire qu'elle était déjà en train de lui faire visionner une performance honteuse au micro d'une jeune elle, clairement dévergondée. Decastel éclata de rire, plus vite qu'il ne l'aurait dû mais Ariane avait sûrement couché avec la honte depuis longtemps. "T'es sérieuse là? T'as accepté qu'on te filme dans cet état là? Mon dieu, t'es inatteignable comme soeur. Je m'incline face à ton flegme." Et pas que, son courage aussi mais Tim n'osait pas aller vers ce chemin là, écoutant la question de sa cadette sans savoir quoi lui dire en réalité. La vérité, sûrement, il ne pouvait que choisir cette route là. "Triste. Seul. Enfin, sauf quand Sam s'occupait de moi mais il pouvait pas toujours me protéger de la folie de ma maman alors... Je sais pas si on peut dire que j'ai été un enfant. J'ai été une poupée, juste." Et il ne cillait même pas en prononçant ces mots, les acceptant enfin pour ce qu'ils étaient, trente ans trop tard sûrement. "Je suis content que mes enfants vivent quelque chose de radicalement différent... Qu'ils aient une tante aussi folle et qui chante mal, par contre, je sais pas si c'est génial pour leur avenir mais bon, ils feront avec." Il lui fit un clin d'oeil avant de rire à nouveau: clairement, Tim avait besoin d'Ariane. |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 22:23 | |
| À la télé, c'est la cacophonie, c'est l'horreur, c'est le pire numéro que j'ai à lui offrir et en soit pour moi, ça en devient le meilleur. "T'es sérieuse là? T'as accepté qu'on te filme dans cet état là? Mon dieu, t'es inatteignable comme soeur. Je m'incline face à ton flegme." « J'avais 6 ans, j'aurais accepté de saccager n'importe quelle chanson en faussant comme une crécelle rien que pour des bonbons et un peu d'attention tu penses quoi. » les priorités jadis qui étaient bien différentes d'aujourd'hui, les idéaux aussi.
"Triste. Seul. Enfin, sauf quand Sam s'occupait de moi mais il pouvait pas toujours me protéger de la folie de ma maman alors... Je sais pas si on peut dire que j'ai été un enfant. J'ai été une poupée, juste." et si je me doute qu'à cet âge-là Tim devait être beaucoup plus timide, beaucoup plus calme, n'en reste que de me voir m'agiter comme une idiote à l'écran adoucit l'échange de souvenirs qui ne font que souligner en aparté l'enfance qu'on a pas eue ensemble, qu'on nous a refusée.
La chorégraphie à la télé change pour un dîner lambda et j'ignore pourquoi on en a fait un film, ma main a trouvé celle de Tim entre temps mais si on nous demande c'était juste parce qu'il avait des restes de négatifs de photos de collés dessus. Il en a besoin autant que toi, Ariane. "Je suis content que mes enfants vivent quelque chose de radicalement différent... Qu'ils aient une tante aussi folle et qui chante mal, par contre, je sais pas si c'est génial pour leur avenir mais bon, ils feront avec." j'éclate de rire, roule des yeux, soupire, lui offre toute l'artillerie lourde avant d'hausser les épaules, maligne. « Ouais, bah tant que tu me mets pas sur la corvée des berceuses Gabriel devrait bien dormir. » Gabriel sur lequel j'insiste, juste parce que c'est le mien. Willow est cool aussi, vous méprenez pas, mais Gab est mon roi.
« Il est pas là Sam, d'ailleurs? » je change de sujet, divague, le rattrape au vol avant qu'il ne retourne se cacher derrière son regard voilé. « Que j'évalue lequel de vous deux fait les plus belles tresses. » mes sourcils dansent, j'agite la tête des deux côtés en attendant que mes mèches volent dans un sens comme dans l'autre. « Oh non, pas ça, j'assume pas ça! » et mon coup d'oeil lui, il divague sur mon journal intime d'une autre époque, celle de Jet et de toutes les merdes dans lesquelles il m'avait embarquées, carnet sur lequel je m'élance pour tenter de le retirer du champs de vision de Tim. |
| | | | (#)Lun 23 Mar 2020 - 0:31 | |
| Parfois, Tim avait bien du mal à croire qu'il avait une soeur. Il se réveillait en pleine nuit en se pinçant après avoir réalisé que, oui, Ariane était là. Elle existait, elle était réelle, comme il n'avait jamais pu en rêver jusque là. Decastel s'était toujours senti incroyablement seul, même si Sam avait été là pour le soutenir sur un chemin tortueux, il brillait par son absence désormais. Alors, savoir qu'il avait une petite soeur pour le remettre sur les rails s'il déconnait de trop, c'était un privilège dont il n'était pas prêt de se lasser... Sûrement parce qu'elle était encore plus ridicule que lui dans son genre. Timothy allait certainement se relever la nuit suivante pour en rire de cette fameuse vidéo d'Ariane et c'était quelque chose qui lui faisait énormément plaisir, pour sûr. "Avoue que tu voulais rentrer dans les Spice Girls plutôt." Histoire d'avoir un minimum d'ambition et puis avec le déhanché qu'elle montrait à son jeune âge, tout un tas de portes auraient dû s'ouvrir pour elle. Au final, Ariane était mieux comme elle était maintenant, à lui tenir la main comme si c'était quelque chose qu'elle faisait tout le temps alors que le brun savait que c'était faux. Elle n'était pas comme les autres, la Parker, elle évitait de jouer à la sentimentale mais elle prenait soin de lui, toujours, quoiqu'il arrive. "Justement, peut être que tu devrais chanter pour le faire dormir, la psychologie inversée tout ça, parce que je viens de passer une heure avec le coco là. Il est usant ton filleul, vois tu." Il l'aimait comme un dingue cela dit, c'était sa petite perle et pour sûr qu'il lui raconterait tout un tas d'histoires en grandissant, peut être même qu'il lui expliquerait tout ce qui lui était arrivé à son âge. Il verrait plus tard, Tim, parce que là, Ariane envoyait du lourd et il avait besoin d'être très concentré. "Il est en voyage, je sais pas où... Mais qu'avons nous là?" Quelque chose qu'elle n'avait pas envie de montrer puisqu'elle tenta de lui voler des mains ce fameux journal qui devait déceler bon nombre de secrets. "Je promets de pas lire si tu me racontes à la place. A toi de voir, soeurette." C'était la première fois qu'il utilisait un tel surnom, Tim aurait pensé que cela lui ferait bizarre mais pas du tout, à la place, son coeur en fut réchauffé. |
| | | | (#)Jeu 26 Mar 2020 - 13:40 | |
| "Avoue que tu voulais rentrer dans les Spice Girls plutôt." « Si t'oses me dire que j'avais aucune chance, t'es mort. » qu'il pouffe, qu'il rigole, qu'il se moque Tim, mais je sais aussi bien que lui que j'aurais été impeccable en Spice Girl. J'aurais été en première ligne, y'aurait eu des poupées à mon effigie, j'aurais raflé tous les honneurs quand j'aurais lancé ma carrière solo et aujourd'hui je nous couvrirais de luxe lui et mon filleul et l'autre aussi, elle aurait droit à une part de gâteau au caviar de plus par jour, disons.
Parlant d'eux, Gab me manque. "Justement, peut être que tu devrais chanter pour le faire dormir, la psychologie inversée tout ça, parce que je viens de passer une heure avec le coco là. Il est usant ton filleul, vois tu." je pouffe, zappe à un autre passage sur la vidéo où j'explique avec des tas d'arguments de merde pourquoi ça serait important, que dis-je, vital que maman me laisse adopter un serpent. Elle a même fait des graphiques, la Ariane de 11 ans, pour prouver son point. « Will est pire. » que je râle, parce que même si Gab est une plaie à endormir, Willow sera toujours pire toutes catégories confondues. C'est inné. Comme le sourire en coin que je dédis à mon frère, la pique qui n'en est plus vraiment une. Il le sait, que je les aime les deux.
Oh, le journal. "Il est en voyage, je sais pas où... « Encore? » je le coupe, je suis conne, je suis fourbe, je resserre mes doigts sur le carnet et le supplierais presque du regard si j'étais pas occupée à battre des paupières avec condescendance. « Il est parti depuis longtemps? » j'alterne, j'abuse, je presse, je rigole, comme je suis fucked. Mais qu'avons nous là?" « On devrait se tirer aussi, en voyage, avec les bébés. » dernier argument, dernière tentative, et le pire c'est qu'elle sonne pas si extrême que ça à mes yeux comme idée. On devrait.
"Je promets de pas lire si tu me racontes à la place. A toi de voir, soeurette." « C'est rien de bien glorieux. » j'inspire, me replace au sol, ramène mes jambes, essaie de faire la part des choses. « Pas pour moi, moi j'suis toujours glorieuse. » ma tête dodeline, les échos de ma voix de crécelle de pré-adolescente emplissant à nouveau le salon. « Rien de bien glorieux pour le connard avec qui j'étais à l'époque, par contre. » et connard pour décrire Jet, c'est bien peu. |
| | | | (#)Jeu 26 Mar 2020 - 22:31 | |
| Elle ne serait jamais objective, sa soeur, parce qu'on lui avait offert Gabriel sur un plateau et que son objectif restait de le protéger, voire de le couver, quitte à faire preuve de mauvaise foi. Clairement, le petiot avait récolté de la meilleure tante au monde alors que Tim n'aurait jamais envisagé qu'il en ait une un jour. Un oncle certes, et encore, dieu seul savait où traînait Sam ces dernières semaines. Cela dit, Timothy ne lui en voulait pas puisque son aîné avait sacrifié une majeure partie de son existence pour son bien être et il était clairement temps que le cadet lui rende la pareille en le laissant voguer vers d'autres horizons. Il reviendrait forcément un jour ou l'autre et là, le soldat pourrait lui présenter ses neveux et lui expliquer en long, en large et en travers tout ce qu'il avait pu rater de leur vie. En attendant, il ferait preuve de patience et laisserait Ariane se ridiculiser jusqu'à la fin de la journée en cours si elle avait encore du stock de vidéos et autres clichés comme preuve de son enfance tumultueuse. Au lieu de rétorquer quelque chose, le brun haussa les épaules, voulant clairement dire qu'elle n'avait aucune chance de devenir une égérie d'un girls band des années 90 mais hors de question de la froisser en suggérant ce genre d'idées saugrenue. A la place, il feinta l'ignorance, ramenant bien vite le sujet aux deux marmots qui dormaient enfin dans la chambre attenante au salon. "Là, je crois que t'as les idées faussées par ton rôle de marraine. Je te laisses Gabriel en garde trois jours et tu verras que tu changeras d'avis, non?" Willow semblait être un ange à côté de son grand frère, toujours plus calme, plus réservée, sûrement parce que Gabriel avait pris trop de place en comparaison d'elle dans le ventre de leur mère et aujourd'hui, elle bataillait encore pour exister aux yeux des autres. C'était un combat que le jeune Decastel connaissait bien, même si les circonstances étaient pour le moins différentes concernant sa propre enfance. "Je crois que ça fait six bons mois maintenant. Se tirer où? Parce que tu sais que ça fait un sacré déménagement tout leur attirail, aux petits démons." Pas sûr que Tim survive en dehors de Brisbane de toute manière. Il l'avait prouvé en s'engageant à l'armée et maintenant, regrettant amèrement cette décision mais peut être qu'il comprenait enfin ce que la rousse tâchait de faire... Noyer le poisson. "Détails, madame. Dé-tails. De qui tu parles? Qu'est-ce qui s'est passé? Laisse pas ton frère dans la tourmente." Il s'amusait de ce genre de dénominations et Tim aurait encore du mal à s'y faire pour un moment, mais le tout sonnait étonnamment bien à ses oreilles. |
| | | | (#)Jeu 2 Avr 2020 - 18:26 | |
| Et je m'arrête pour regarder ses traits, pour les calculer dans ma tête comme je le fais tout le temps maintenant. "Là, je crois que t'as les idées faussées par ton rôle de marraine. Je te laisses Gabriel en garde trois jours et tu verras que tu changeras d'avis, non?" « Pourquoi tu penses que c'est mon préféré. » parce qu'il est une terreur, parce qu'il parle mon langage, parce qu'il crie pour dire ce qu'il veut, parce qu'il dit ce qu'il veut tout court. Ça compte.
"Je crois que ça fait six bons mois maintenant. Se tirer où? Parce que tu sais que ça fait un sacré déménagement tout leur attirail, aux petits démons." il parle Tim, et tout ce que j'entends, ce sont des défaites et de mauvaises justifications. « Te trouves pas d'excuses mon gars. On part quand? » si il veut, on va le faire. Avec les gamins. On va les gérer comme un charme et on va aller prendre l'air. En famille.
Prendre l'air et surtout pas parler de la suite, quand il enchaîne et que je me défilerais presque, s'il insistait pas au point où mon coeur se serre à la seule idée de lui mentir ou de l'ignorer. "Détails, madame. Dé-tails. De qui tu parles? Qu'est-ce qui s'est passé? Laisse pas ton frère dans la tourmente." « Je parle du roi des cons. » et je souffle, mal à l'aise, rageuse mais pas envers Tim, envers l'autre raté décrit dans les pages qui défilent sous nos yeux. « Et encore j'suis polie parce qu'il y a des oreilles chastes. »
Je laisse les mots passer rapidement, je laisse les feuilles se dévoiler du bout des doigts. « Il s'appelle Jet et c'est le pire des ratés. » que je commence, comme si c'était suffisant, comme si parler de lui était pas encore douloureux après toutes les années de merde que j'ai vécues à ses côtés et surtout, les pires qui sont venues après. « C'était mon vrai premier copain, et y'a absolument rien de glorieux qui en est ressorti. »
La seconde vérité est passée de mon côté, là, on va du sien. « C'était qui ton premier amour? » |
| | | | (#)Jeu 2 Avr 2020 - 19:59 | |
| Elle était unique en son genre, sa petite soeur, et dire qu'il avait vécu tout ce temps sans la connaître, un véritable crève-coeur pour Tim. Ariane avait la dose de caractère qui lui avait toujours manqué et la côtoyer lui avait certainement permis de se laisser plus aller quand il était en colère ou juste triste. Timothy avait toujours eu cette tendance à tout tasser au fond de son coeur, faire en sorte que ses secrets restent bien gardés surtout lorsqu'il était question de ses émotions. Avec Parker pour le surveiller et sortir toutes les bêtises qui lui passaient par la tête, Decastel faisait beaucoup moins attention à l'endroit où il laissait la clé habituellement. Il riait en l'entendant parler de Gabriel en ces termes: les deux se ressemblaient bien trop pour que ce fut sain et Tim n'était pas du tout pressé de le voir adolescent suivre les récits de sa tante comme si elle était le Messie. En attendant, autant profiter du dormeur alors qu'elle continuait sur sa lancée bien entamée, du Ariane tout craché. "On va pas partir, Ari'. Je suis bien ici, moi, pas toi?" Il avait d'ailleurs mis trente ans à se sentir bien dans cette ville, ce serait bête de tout gâcher aussi prématurément, il espérait sincèrement que sa cadette comprendrait. Enfin, comme il venait de déterrer son journal intime d'adolescente, Tim supposait qu'elle était plus que pressée de prendre le premier avion pour s'échapper du récit compliqué qu'elle allait devoir faire. Bon, elle évitait encore les détails des événements concernant ce Jet que Decastel ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam mais il semblait que ce n'était pas une personne qu'on avait franchement envie de connaître. "Qu'est-ce qu'il s'est passé avec lui? Je suis désolé qu'il t'ait rendu malheureux." Il ne pouvait pas vraiment en dire plus puisque Tim n'avait pas eu la chance de vivre aux côtés d'Ariane durant cette période, un regret qu'il devrait porter toute sa vie même s'il n'aurait jamais pu deviner qu'elle existait vu le peu d'éléments qu'il avait concernant son géniteur. La rousse en profita d'ailleurs pour poser des questions indiscrètes à Tim, forcément, donnant donnant, n'est-ce pas? "Pendant longtemps, j'ai cru que mon premier amour était une de mes amies, Alex, mais on m'a prouvé que j'avais tort, je suis nian-nian à souhait mais... Mon premier amour, c'est Charlie. J'ai jamais eu personne avant et là, c'est le moment où tu te moques." Il n'avait rien vécu, le pauvre français et il savait que ce n'était pas normal à son âge mais maintenant, il essayait. Vraiment. "T'as pas un frère qui a eu un succès fou. Faut dire que j'ai toujours été très timide et comme je bossais dans un cimetière... Bof pour les rencontres." Il prenait un peu plus son indépendance désormais, même si ce n'était pas toujours facile pour les garçons comme lui. |
| | | | (#)Ven 3 Avr 2020 - 14:14 | |
| "Qu'est-ce qu'il s'est passé avec lui? Je suis désolé qu'il t'ait rendu malheureux." « Tout, c'est ça le pire. »
Il a pas besoin de savoir les moindre frasques que Jet a pu me faire subir, parce que petit un je lui ai fait vivre pire, et petit deux je sais que ça fait que du mal quand je parle de tout le mal que justement, cette histoire-là a amenée. J'ai été conne d'être amoureuse de lui aussi fort et de l'être restée aussi longtemps. J'ai encore des tas de cicatrices qui le prouvent et pas que sur ma peau, et ça sera certainement pas en l'expliquant en long et en large à Tim que je vais faire un peu mieux et un peu plus vite la paix avec tout ça.
Alors je suis fourbe, bien sûr que je le suis, et bien sûr qu'il est parfait à se prêter au jeu avec toute la franchise dont il est capable. "Pendant longtemps, j'ai cru que mon premier amour était une de mes amies, Alex, mais on m'a prouvé que j'avais tort, je suis nian-nian à souhait mais... Mon premier amour, c'est Charlie. J'ai jamais eu personne avant et là, c'est le moment où tu te moques." il a encore une lueur dans les yeux Tim quand il parle de Charlie, malgré tout ce qui s'est passé entre eux deux durant la dernière année. Et ça, ça ça veut tout dire. « Je me moque pas si tu te moques pas. » du menton, je pointe mes nouvelles frasques d'idiote de 5 ans maintenant à l'écran. Personne rigole, on fait que s'ouvrir l'un à l'autre mieux qu'on l'ait jamais fait.
"T'as pas un frère qui a eu un succès fou. Faut dire que j'ai toujours été très timide et comme je bossais dans un cimetière... Bof pour les rencontres." « Attends, attends, une minute. » mon index se hausse et mes sourcils avec. « T'as bossé dans un cimetière?! Genre un vrai cimetière? » s'il entend l'excitation et le ravissement dans ma voix, c'est bel et bien parce que je fais absolument rien pour cacher mon engouement. « C'est le moment où tu peux te sortir de la partie explications au sujet de ce qui se passe entre Charlie et toi maintenant en me racontant toutes tes meilleurs histoires de poltergeist, by the way. » il m'a permis d'avoir un exit plan plus tôt au sujet de Jet, je fais pareil pour lui in a heartbeat. |
| | | | (#)Ven 3 Avr 2020 - 17:37 | |
| Il était triste que sa soeur ait été autant malheureuse pendant de longues années et Tim n'avait pas été là, c'était habituel avec lui de se sentir mal pour autrui, de ne pas se sentir à la hauteur des quelques personnes dont il pensait le monde, voire plus encore. Ariane semblait avoir toujours un sourire collé au visage mais Decastel comprenait qu'elle cachait beaucoup ce qu'elle ressentait et peut être que cette cicatrice concernant ce Jet n'était pas aussi refermée qu'elle le pensait, ce que Timothy trouvait parfaitement normal pour arrière. La rousse était une aventurière, elle sautait à pieds joints dans les premières opportunités qu'on lui présentait sans se poser plus de questions que cela alors qu'il y avait toujours des conséquences à ses actes, aussi désespérés fussent-ils. Tim ne voulait pas lui en demander plus pour cette raison, hors de question de rouvrir ladite blessure quand elle avait essayé de faire tant de chemin pour en guérir, aller de l'avant et trouver le bonheur. A la place, il était beaucoup plus drôle de parler de lui, de son parcours des plus chaotiques, le principal intéressé s'attendant très certainement à des moqueries de la part de sa cadette. Il n'avait rien vécu, Tim, il apprenait tout depuis un an et c'était quelque chose qui lui faisait peur, même s'il ne le montrait pas toujours. Ou en tout cas le moins possible parce qu'il restait tout de même un des garçons les plus sensibles possibles. "Deal." C'était trop tard pourtant, il avait rigolé au début avec la brosse à cheveux et l'accoutrement horrible dont elle s'était affublée pour l'occasion mais Timothy s'était tout de suite calmée maintenant qu'ils avaient abordé des sujets beaucoup plus sérieux et qui nécessitaient toute son attention. "Un vrai de vrai. J'ai commencé après le lycée et j'y suis resté jusqu'à l'été dernier donc tu vois, les cimetières, c'est mon domaine d'expertise." Il n'en avait pas honte, même s'il devrait très certainement car ce n'était pas commun pour un garçon de son âge de travailler dans ce genre d'endroits mais c'était ce qui lui avait sauvé la vie, ni plus ni moins. "Je veux bien me sortir de ça mais... J'ai jamais vu un seul fantôme, ma pauvre. Jamais, jamais! C'est juste un mythe ridicule pour que les gens viennent pas au cimetière mais ça arrange beaucoup ceux qui y bossent, cela dit." Il souriait, heureux de ses années passées là-bas, même s'il savait qu'il n'y retournerait pas. Plus question de se cacher. "Du coup, tu vas me donner un gage, c'est ça?" Il n'avait pas donné satisfaction à Ariane mais là encore, Tim semblait donner peu de satisfaction aux gens en règle générale, trop honnête pour son propre bien. |
| | | | (#)Mar 7 Avr 2020 - 15:30 | |
| Ok, j'avoue, les yeux brillants dans l'attente qu'il me relate ses histoires toutes plus glauques les unes que les autres étaient absolument prévisibles. Pourtant c'est pas pour ça que je les camoufle, c'est pas pour ça que je chasse le sourire sur mes lèvres non plus, la gamine avant la veille de Noël qui vit par procuration, c'est moi. "Un vrai de vrai. J'ai commencé après le lycée et j'y suis resté jusqu'à l'été dernier donc tu vois, les cimetières, c'est mon domaine d'expertise." oh que j'aurais collé, si on avait été au lycée ensemble. Oh que j'aurais été la soeur louche qui aurait été scotchée à ses baskets en permanence à scruter ses moindre faits et gestes et à me cacher de la plus impolie des façons derrière des tombes pour fumer des clopes à me croire en pleine communion avec Satan. Ari la weirdo.
"Je veux bien me sortir de ça mais... J'ai jamais vu un seul fantôme, ma pauvre. Jamais, jamais! C'est juste un mythe ridicule pour que les gens viennent pas au cimetière mais ça arrange beaucoup ceux qui y bossent, cela dit." « Bouuuhhhhhhhh. » je le hue, j'étire la blague et le sourire avec, mais je comprends aussi. Il veut pas en parler et ça leur appartient, je lui aurais pas donné d'exit plan si ça avait pas été l'option qui me semblait être la meilleure pour lui, pour eux en ce moment. "Du coup, tu vas me donner un gage, c'est ça?" j'ai pas du tout envie de me faire chier à me mettre le nez dans leurs affaires et je doute absolument pas qu'elle l'aime autant que lui l'aime, mais c'est à eux de se le faire, pas à moi. Pas ma place. « Nope, je te laisse t'en sortir pour cette fois-là. »
Ma place, plutôt, elle est attitré et réclamée à la seconde où on entend des pleurs provenant de la chambre des jumeaux, et que je les reconnaitrais entre mille parce que ceux de Willow sont agressants à mes oreilles, tandis que ceux de Gab sont comme une douce mélodie. « Lui par contre, il te lâchera pas si tu y vas pas. » ça, c'est Gab, c'est lui tout craché qu'on entend en train de se réveiller. « Tu veux que j'y aille avec toi? » que je puisse l'admirer un peu plus mon filleul, et ignorer l'autre tout autant. |
| | | | (#)Mar 7 Avr 2020 - 16:18 | |
| Elle était si volcanique sa soeur, si loin de sa douceur légendaire mais Tim trouvait qu'ils se complétaient plutôt bien. Lui n'arrivait pas toujours à gérer sa timidité et elle, sa restreinte, comme quoi ils étaient faits pour se rencontrer. Decastel avait montré en tout cas qu'il était bien plus heureux depuis qu'Ariane avait fait une entrée magistrale dans sa piètre existence. Jusque là, il ne savait pas tellement comment considérer sa famille, son patronyme, ses souvenirs mais l'existence de la rousse avait tout remis en perspective car il n'était plus seul pour affronter les douleurs du passé, pour parler de ce père qui avait ruiné plusieurs vies juste pour satisfaire la sienne. Égoïste notoire, un homme qui ne méritait pas le respect de la part de ses deux progénitures abandonnées sur le bas côté qui ne s'en sortaient pas si mal dans la vie, l'un et l'autre. En tout cas, le brun laissa sa cadette le huer ce qui le fit rougir plus que de raison, s'autorisant à respirer de manière plus légère dès l'instant où Ariane lui indiqua qu'elle lui offrait un passe-droit pour cette fois. Les hurlements de Gabriel le sauvèrent in extremis d'une situation embarrassante mais on pouvait aussi aisément constater que Tim était usé de se battre contre son fils qui refusait de dormir plus de vingt minutes d'affilée. "Je te le ramène, t'es de corvée de biberon va. Comme t'as l'air heureuse de l'entendre, je veux qu tu l'entendes bien dans tes bras, ton filleul chéri." Tim se releva et marcha en direction de la chambre où le bébé hurlait à la mort. Willow dormait encore, on se demandait comment mais Decastel s'empara du petit garçon pour revenir au salon et proposer à Ariane de le porter pendant qu'il allait préparer l'attirail pour la nourriture. "Faut que tu t'entraînes pour le jour où tu me fais un neveu, hein!" Il revint une petite minute plus tard avec un biberon chaud, un bavoir et un sourire jusqu'aux oreilles de faire subir ce genre de supplices à Ariane. Pas si doux que cela, le grand frère. |
| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 3:33 | |
| "Je te le ramène, t'es de corvée de biberon va. Comme t'as l'air heureuse de l'entendre, je veux qu tu l'entendes bien dans tes bras, ton filleul chéri." et j'éclate de rire parce qu'il y a rien d'autre à faire vraiment. Autant passer du temps avec Tim devient de plus en plus fun et facile au fil de la complicité qu'on se crée tous les deux, autant quand il ajoute Gab à l'équation mon monde entier fait enfin sens. C'est con et jamais j'aurai honte de l'avouer, mais je l'aime plus que qui que ce soit d'autre (et même moi-même, ce qui est un gros statement avouez) son fils.
Et le voilà, le démon, qui revient avec le visage rougi et les yeux pareil d'avoir trop pleuré. "Faut que tu t'entraînes pour le jour où tu me fais un neveu, hein!" « Ouais, non, t'inquiètes c'est pas au programme. » que je réponds du tac au tac, mes bras se tendant vers le démon qui n'a pas encore la moindre dent pour que mon frère me le file sans traîner.
J'expliquerai pas, pas tout de suite du moins, que je veux pas avoir d'enfants. J'expliquerai pas non plus les raisons du pourquoi, quand y'a la réponse toute belle, tout décrite, toute claire dans mon journal, celui qui traîne sur la table. Je lui dirai un jour que l'ex dont on ne doit pas prononcer le nom est en cause sans le savoir, que les dommages collatéraux ont pas juste été physiques. Il saura, éventuellement, quand j'aurai le courage d'assumer entièrement une relation que j'ai entretenue à mal quand j'avais à peine 15 ans et qui a apporté avec elle des répercussions et des séquelles qui traînent encore 15 ans plus tard.
Mais pour le moment, je joue la lâche, je joue la marraine, je joue à celle qui noie son nez et ses remords et ses regrets dans une nuque qui sent le vieux lait, le sommeil entrecoupé et la poudre pour bébé d'un gamin que j'aimerai éternellement comme s'il était le mien.
Dernière édition par Ariane Parker le Ven 1 Mai 2020 - 19:14, édité 2 fois |
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